Sous le regard des antiques dieux. [Johann]

Il y avait bien des années qu'il n'était plus venu arpenter ses ruines, et ses pensées adressèrent une prière sans réelle destinataire pour que les choses ne se passent pas comme la précédente. A cheval, ce dernier tenu et guidé par un jeune demi-drow qu'il avait engagé pour le conduire, sa cécité demeurant un problème qu'il ne pouvait contourner lorsqu'il s'agissait de parcourir de grandes distances. Ses souvenirs se ravivèrent devant la situation, et il se revoyait il y a près de deux siècles, pénétrant dans une Nisetis d'où s'échappait de nombreux nuages de fumées, dévorés par les maux et les rats, vaincue et brisée pour ne plus jamais se relever. Savoir que l’événement n'était qu'une demi-victoire, le coup de grâce porté à un vieux lion qui avait perdu ses crocs et griffes ne réduisait en rien l'intensité de son souvenir.

Plusieurs minutes s'écoulèrent durant lesquelles ils circulèrent sur ce qui dut être une grande et large voie extrêmement empruntée avant qu'il ne s'adresse à son jeune compagnon.

« Nous continuerons à pied à partir d'ici. »

Et les deux hommes démontèrent avant que le jeune homme ne prenne les rênes des deux montures, marchant aux côtés du Gardien qui n'en était pas un à ses yeux. Le jeune garçon était intéressé par l'histoire et le passé, une soif de connaissance qu'appréciait le sombre, si bien qu'il lui avait proposé un marché... En échange de ses yeux pour le guider, il lui offrirait une part de son savoir. Durant le trajet, déjà, il lui avait raconté quelques histoires, sur les Dieux-Dragons et les Nisétiens, quelques récits de batailles d'un temps si loin pour un individu si jeune.

« Nous allons nous rendre vers le cœur de la ville... Là-bas, nous y trouverons temples, palais et bibliothèque. Même si les drows y ont mené des fouilles récentes, que le sable et le vent dévorent cette cité, nous y trouverons certainement quelque chose que tu pourras rapporter et étudier. »

Le jeune homme acquiesça et curieusement, après avoir donné une orientation au Gardien se contenta de le suivre, confiant qu'il était en la connaissance des lieux, malgré sa cécité. Mais tandis qu'ils approchaient de leur destination, une chose apparut à la perception du Premier Feu, une chose qui n'était pas à sa place, ici. De sa taille, il put déduire qu'il s'agissait d'un cheval, mais par ici, on ne trouve pas un tel animal sans cavalier proche. Pourtant, il tint sa langue, très vite, le gamin lui ferait part de cette curiosité, et il agirait en conséquence à ce moment là.

Quand l'observation fut faite, il s'adressa une nouvelle fois à son compagnon.

« Trouve une petite ruelle où cacher les chevaux, ensuite, nous irons voir dans ce temple. »

Les montures laissées finalement dans un bâtiment proche, l'épée à la taille, ce qui ne manquait pas de faire naître des interrogations demeurées muettes à l'esprit du garçon et une lanterne à bougie dans les mains du jeune homme, ils pénétrèrent dans le temple, décidés à trouver le propriétaire du cheval.
A mesure qu'ils avançaient, le Gardien finit par déceler le cavalier tout en abaissant comme à son habitude son propre écho dans les perceptions magiques, et ses pas se firent plus lents, plus silencieux, et son compagnon fit de même, jusqu'à ce qu'il décide de l'arrêter.

« Eteint cette lanterne et trouve un coin suffisamment sombre pour t'y cacher, je vais aller voir ce dont il s'agit. » dans un chuchotement certes, mais avec suffisamment d'autorité pour que le garçon n'émette de doute quand à la capacité du premier feu à « voir », et s’exécuta.

Ust'Chath reprit sa marche, désormais percevant les lueurs de la chaleur que dégageait le visiteur inconnu. A l'approche même, il avança avec suffisamment d'assurance pour dissimuler son handicap. Et quand il se considéra assez proche, ayant pénétré l'immense salle de l'autel, décida de rompre la discrétion de son approche.

« Hé là, qui êtes-vous et que faites-vous là ? »

Il avait opté pour le parler des hommes, quoique la prononciation était très clairement marquée par des sonorités sombres. Si il s'était exercé à parler l'elfique comme un elfe, l'humain était une langue qu'il parlait depuis trop peu de temps pour espérer un tel miracle. Il avait choisit de ne pas être trop agressif, ne posant même pas une main sur le manche de son épée... Il était préparé, bien entendu, mais pour l'heure, il lui fallait savoir ce qui se cachait derrière cette lueur.

Vestiges d'une civilisation ancienne vénérant des grandes bestioles à écailles, ou alors dirigées par celles-ci, ou bien quelque chose du genre avec une sombre histoire de dragonniers qui... Enfin bref, c'était juste des ruines ! Des restes d'habitations, des tas de cailloux, du métal rouillé, des vieilles poutres calcinées le tout en train d'être engloutis par la morsure du temps.
Oh, oui elle avait déjà visité cette charmante petite ville, et même rencontré ses habitants. Bon d'accord, pas réellement eux, mais plutôt leurs spectres, accompagnés de quelques touristes de passages tels que de joyeux cadavres ambulants. Enfin, elle était maintenant beaucoup plus charmante que sa précédente visite. De quoi faire froid dans le dos non ? Autant dire que ça pouvait couper l'envie à n'importe qui de revenir ici !

Mais qu'est-ce qui avait bien pu la motiver à se ramener dans ce trou paumé après ce qu'elle y avait vécu ?

Peut-être l'histoire ? Autant dire qu'elle n'était pas vraiment passionnée de ce genre de choses, vu le temps qu'elle avait mit pour apprendre à lire et à écrire le langage actuel des hommes et que certains maniaques du clan avaient essayé de lui apprendre le Nisetien sans grand véritable succès malgré l'aide avancée de la dragonne d'Or, bah ouais cette satanée bestiole pensait toujours à son bien pour la cultiver un maximum !
La culture ? C'est comme la confiture, moins on en a et plus on l'étale ! Et Joh n'aimait pas vraiment la confiture... Donc la culture ! Enfin, il fallait plutôt dire qu'elle n'aimait pas ce qu'on lui imposait... Mais c'était du pareil au même !

Mais revenons en au principal : comprendre...

Qu'elle était l'origine de tout ça ? Elle n'avait jamais su le pourquoi du comment certains se retrouvaient dans cet état de "Dragonnier" et il restait peut-être quelque chose. Des fresques représentant des anciens rites, des vieux grimoires bouffés par le temps. En bref tout et n'importe quoi qui pouvait lui être utile à comprendre ce qu'elle était et mis à part les explications religieuses, il n'y avait rien du tout qu'elle puisse tirer des anciens du clan et de leurs connaissances... C'était sûrement bien trop ancien pour que de simples hommes ne puissent s'en souvenir.

Voilà pourquoi elle était là.

Comprendre son rôle, son avenir et le passé de ceux qui l'avaient précédé, et c'était pour celà qu'elle trainait dans cette cité déserte depuis quelques jours. Dans l'espoir de trouver quelque chose au petit bonheur la chance. Mais rien, la ville avait été pillée, pillée et encore pillée. Tout ce qu'il y restait était quelques fresques et rien de plus... Peut-être qu'il y avait un quelconque passage secret qui trainait ? Les temples étaient parfaits pour ça, surtout en période de guerre, les prêtres n'avaient pas dût s'éterniser pour dissimuler ce qu'ils avaient de plus précieux avant l'arrivée des troupes de pillage, et c'était ce genre de caches qu'elle tentait de découvrir : Un autel à déplacer, une pierre d'un mur ou alors à la base d'un pillier. Tout avait pu servir et c'était chercher une aiguille dans une meule de foin, mais pourquoi pas ? Un petit passage d'air, une lumière, ou simplement un endroit ou la poussière pouvait tomber à l'aide d'un courant d'air, c'était ça qu'elle cherchait dans cette obscurité, à l'aide d'une torche. Mais chaque expédition avait son lot de mauvaises rencontres !

Et quelles mauvaises rencontres ! Heureusement que son sixième sens avait une très bonne "vue" pour l'avertir d'un danger potentiel, mais son origine restait inconnue. Puis des bruits, rien de bien important, mais de quoi troubler le silence des lieux. Deux personnes, peut-être plus ? Sûrement plus, les gens normaux ne s'aventuraient jamais seuls dans ces endroits désertiques et sauvages.

Joh étouffa donc sa torche sans autre forme de procès, avant de se dissimuler dans l'obscurité, derrière un des nombreux piliers qui ne s'était pas effondré sous le poids des ages. Et maintenant il s'agissait d'attendre... S'ils avaient trouvé sa monture il faudrait la récupérer, mais aussi éviter des personnes qui n'ignoraient rien de sa présence.

Des mots venaient de se faire entendre, dans sa langue avec un accent drowique plus que prononcé, des mots qui ne laissaient rien transparaitre de bon et que l'adrénaline commençait à soutenir par les vieux souvenir qu'ils apportaient avec eux et donc une haine quasi viscérale du soldat envers son ennemi le plus redoutable.
Lui répondre ? Et puis quoi encore ! Elle ne savait que trop ce que les drows faisaient à leurs prisonniers et ces chiens étaient tous pareils ! Enfin... Plutôt "Presque pareil", après tout ils avaient eux aussi droit au doute sur les intentions et leur manière d'être ! Quoi qu'il en soit elle n'était pas encore assez téméraire pour se laisser attraper et le découvrir !

Les issues possibles... Utiliser l'obscurité était impossible, il avait donc l'avantage du terrain, heureusement qu'un peu de lumière passait pour permettre de distinguer les formes. Un combat singulier ? Elle avait ses chances en extérieur s'il s'agissait d'un drow du puy, mais il y avait toujours des éléments qu'il fallait prendre en compte comme la magie, ou simplement ceux avec qui il était venu, car il n'était certainement pas seul.

Elle n'avait pas encore dégainé ni même bougé d'un iota, la torche suffirait amplement comme première arme dans le pire des cas. Et le plan avait été décidé : Attendre et observer, le laisser passer et se faufiler derrière lui sans être vue soit pour atteindre la sortie et les perdre dans le dédale des ruines, soit tenter sa chance autrement, et c'était plus cet autrement qui lui plaisait pour le moment. A moins qu'un élément extérieur vienne contrarier ces plans. Après tout, elle l'avait immédiatement désigné comme hostile. Et puis ces mots étaient peut-être juste là pour tester la présence d'une personne, et si pas de réponses il partirait. Tout simplement.

Rien de plus que le silence pour lui répondre, mais son regard demeurait fixé sur cette lueur dont il n'était certain que de la présence. Classiquement peut-être, se taire et se dissimuler aurait été une solution, encore qu'avec une monture exposée au dehors, il apparaissait évident que quelqu'un était là, mais le Gardien avait des moyens qui n'avaient rien de commun.
Ne lui restait à présent qu'à trouver le moyen de pousser à la faute sans trop se découvrir, non pas qu'il craigne qui que ce soit, mais le moindre bruit de la présence du Premier Feu était autant de sabotage de sa volonté d'échapper aux attentions afin de surprendre mieux encore.

Il demeura là, semblant scruter l'obscurité, durant plusieurs minutes, sans plus mot dire, et bien rapidement, une solution au problème se présenta, l'évidence même d'ailleurs. La monture. Voila une parfaite carotte pour leurrer l'inconnu, le faire sortir de son silence et de sa cachette, dans le cas contraire, il gagnerait un cheval, et l'inconnu une situation propice à la mort dans les terres stériles. Le tout était de demeurer le plus prudent possible, se préparer à combattre, par exemple. Quelle meilleure façon de faire la connaissance d'une nouvelle personne, finalement ?

« Soit, puisqu'il n'y a personne, ce cheval est mien. »

Et sur ses mots, patientant quelques secondes, offrant une chance à l'inconnu de se manifester, il tourna les talons pour se retirer, demeurant toutefois alerte à la moindre réaction. Et grand bien lui prit de le faire, car à quelques pas seulement de quitter la pièce, l'individu s'anima, fondant dans son dos avant de se jeter sur lui, assénant un violent coup de torche au visage. Le Premier Feu encaissa le choc, attrapant et jetant avec force et violence Johann sur le côté par réflexe avant de tituber quelques instants, légèrement désorienté. Si sa peau n'eut pas à subir de brûlure, si les cendres qui vinrent se loger dans ses yeux n'aggravèrent pas sa cécité, il dut en remercier les bienfaits du Père. Un tel coup porté en d'autres situations se serait chèrement payé.

Il avait prit quelques risques inconsidérés, par jeu... Mais quel intérêt avait la vie, le combat si l'on était imbattable, intouchable ? Il avait sa propre réponse.

Il se massa la joue touchée quelques instants avant d'en revenir à Johann malgré une douleur toujours présente.

« Quelle lâcheté, Ssussun... »

Tandis qu'il tirait son épée au clair, de multiples petits foyers naquirent tout autour d'eux, illuminant tout au moins partiellement la pièce. Il recula de quelques pas, lui faisant toujours face. Si un combat devait avoir lieu, il désirait offrir des conditions digne d'un tel événement, ne pas jouir de l'avantage d'une nyctalopie face à son absence chez son adversaire.

« Je te laisse encore une chance, ssussun, qui es-tu et que fais-tu là ? »

Il devait réellement chercher les ennuis, ou à rencontrer les personnes qui osaient s'aventurer en ces lieux.... Ces fichus drows étaient-ils tous aussi sûrs d'eux ? Comme s'il allait s'approprier sa jument aussi facilement ! Déjà, celle-ci ne se laisserait pas faire et ne risquait pas de se laisser voler ainsi, quelle brave bête, sans oublier Joh qui ferait chèrement regretter son acte au malotru. Et quoi de mieux qu'une torche encore brûlante à travers le visage pour lui en faire passer l'envie ?

Et oui, une torche fraichement étouffée pouvait être une arme redoutable avec un coup porté en plein visage. Tout d'abord le choc, qui avait de quoi sonner un être humain normalement constitué, additionné à ceci l'effet de la brûlures et des cendres qui aveuglerait par la douleur la pauvre victime qui ne s'en relèverait pas de si tôt en y perdant la moitié de son visage et peut-être un oeil. Autant dire que c'était une méthode radicale pour mettre hors combat sans véritablement tuer !

Elle attendit donc qu'il tente de quitter la pièce, tant qu'il était loin de son escorte elle pourrait en profiter pour l'envoyer au pays des cauchemars. mais bien évidemment, l'assaut n'eut pas réellement l'effet escompté, sauf peut-être le premier avec le choc. mais le reste... Une protection face à la châleur ? Elle aurait sa réponse bien vite alors que celui-ci dégainait en éclairant la pièce tout autour d'eux avec des foyers magiques. Oh, bien sûr, Joh ne se fit pas prier pour lacher la torche devenue inutile pour sa lame qui serait beaucoup plus efficace pour lui arracher la tête et lui faire passer l'envie de jouer. Enfin, non sans un petit "et merde" quasi chuchoté pour elle même. Ce type empestait assez fort la magie pour la faire crâmer en un claquement de doigt, et pour le moment... Il semblait vouloir jouer avec sa proie, et elle était cette proie.

Observer son adversaire... Mage de haut niveau, spécialisé dans la magie du feu. Drow mâle, visiblement assez agé et donc avec beaucoup trop d'expérience à l'épée. Seul avantage qu'elle avait ? Il était aveugle, et encore, selon comment il manipulait la magie, il pouvait peut-être s'en servir pour la détecter ou simplement pouvait-il encore distinguer queque chose. Jauger sa force ? Elle en savait déjà suffisamment. Fuir était inutile, combattre ne donnerait certainement pas de bon résultats. Il fallait juste gagner du temps pour l'arrivée du renfort ou simplement gagner son droit de vivre d'une manière ou d'une autre.

Enfin, un drow qui osait parler de lâcheté... Après les avoir vu faire au combat, le sens de l'honneur semblait prendre des vacances quand bon lui semblait.

"Il faut toujours utiliser les mêmes armes que son adversaire, et je n'ai jamais vu un drow ne pas faire preuve de lâcheté. Et d'ailleurs, vous posez les questions mais que fait un voleur de cheval ici ?"

Elle prenait néanmoins la peine de se déplacer de manière irrégulière pendant qu'elle parlait. S'il cherchait à la repérer au son de sa voix, il fallait lui causer quelques difficultés. Les quelques secondes de silences qui suivirent s'accompagnèrent d'une attaque latérale de la droite vers la gauche au niveau des épaules. Un coup standard avec peu de force digne d'un débutant dans le maniement de l'épée, presque faite pour être parée. Enfin, avec un peu de réflexion et après le coup de torche il était plus que clair qu'il était là pour ça. jauger, sans s'épuiser. Après impact la lame se retirerait immédiatement, de manière à ne pas rester en contact avec le fameux mage. Elle le testait, c'était maintenant clair

"Je savais les drows adeptes de carnages, mais pas de vieilles pierres. A moins que l'on ne revienne sur les lieux de ses carnages pour le bon plaisir et le tourisme ?"

Elle continuait les déplacements, pour lui tourner autour, restant suffisamment proche pour lancer une attaque s'il faisait un mouvement suspect pour invoquer un sort plus dangereux.

Sa voix, comme rocailleuse, ne laissait rien transparaitre, elle était calme et posée, un peu comme si les mots n'étaient que secondaires, une diversion pour occuper les sens de son adversaire. Ce qu'il pouvait en déduire assez facilement ? Qu'elle l'avait usée à force de s'en servir, peut-être à mener des hommes, et qu'elle avait déjà affronté des drows.

« Ai-je fait preuve de lâcheté contre toi, Ssussun ? Je t'offre de la lumière pour voir, je me présente face à toi et je n'use pas de la magie qui écourterait la rencontre... Il n'y a ici que toi qui te cachait, que toi pour attaquer sournoisement et frapper dans le dos. »

Elle pouvait toujours le nier, ou se trouver une excuse, les faits étaient là, elle avait agit lâchement, lui non. Mais il ne la jugerait pas davantage, ses mots ne se voulaient qu'une déchirure dans ce voile derrière elle se cachait pour justifier son acte, prétendant ne faire qu'user des mêmes armes. Qu'elle l'admette ou non ensuite ne regardait que sa propre conscience et la façon dont elle se regarderait dans une glace.

« Et je ne suis pas un voleur de chevaux, juste quelqu'un qui sait sur quel fil tirer pour faire réagir. Gardes donc ta monture, elle n'a plus d'utilité à mes yeux et la mienne me suffit. »

Et ces mots furent accompagnés d'un léger sourire qui ne se voulait pas moqueur. Il n'était pas venu ici pour se battre et depuis quelques années, ne trouvait plus d'intérêt à tuer juste pour tuer, il fallait un motif pour qu'il en vienne là, que ce soit une provocation trop appuyée, un défi lancé ou une guerre déclenchée, mais il se voulait le plus détaché du comportement qu'on offrait volontiers aux sombres.
Elle ne répondit rien, semblait le jauger, ce qui apparaissait normal, et tandis qu'elle se déplacait de manière irrégulière, sans doute cherchant à le perdre, considérant sa cécité. Puis elle frappa une première fois, un coup qu'il para sans la moindre difficulté, mais au vue de la force et de la manière, ça n'était qu'une nouvelle façon de jauger les forces en présence, ce que lui ne faisait pas, il avait suffisamment de solution pour échapper à un combat comme celui-ci, même si il venait à commettre des erreurs d'appréciations au corps à corps.
Ses seuls gestes à part cette parade ne consistait qu'en de légers pas pour tourner sur lui-même afin de maintenir cette lueur dans son champ de vision, il ne voulait surtout pas la perdre de vue, ni au son.

Elle se lança dans une nouvelle démonstration de ce qu'il avait déjà constaté chez les humains... Ils s'attachaient à l'idée qu'ils n'ignoraient rien, que du peu qu'ils aient pu voir, ils pouvaient tout savoir, tout connaître d'une race dont ils n'avaient vu que les guerriers au combat.

« Dis-moi, Ssussun... Je savais les péninsulaires adeptes de guerres, de fratricides et nombreux, mais j'ignorais que vous vous intéressiez à autres choses. Un attrait pour un lieu désolé, ou le plaisir de visiter ? »

Là, il se moquait ouvertement d'elle. La mettant face à la même réduction qu'elle le faisait, en espérant qu'elle en déduise une petite leçon, on ne connaît pas une civilisation quand on a vu que ses guerriers. Non pas qu'il veuille provoquer la moindre entente, au contraire, il n'aspirait qu'à voir ce monde consumé dans un conflit, mais qu'un drow fasse progresser l'esprit étroit des hommes, sachant ce qu'ils pensaient, se serait amusant.

« Réponds d'abord à mes questions et je te dirais ce que je fais ici. Je sais être généreux, mais j'ai déjà beaucoup offert sans rien recevoir que des coups en retour. »

Il ne désirait pas se battre, mais si c'était ce qu'elle désirait, il lui offrirait satisfaction. Mais il était curieux de savoir ce qu'une humaine qui n'était pas Nakor venait faire à Nisetis.

L'honneur et la lacheté n'étaient que des visions des choses, des visions qu'elle pouvait qualifier de dépassées avec les évènements qu'elle avait vu. Ses ennemis, actuels ou passés n'en avaient pas et les battre à la loyale était quelque chose d'impossible, il fallait donc improviser. Et puis quand l'on n'a plus grand chose à défendre mis à part sa propre vie après avoir tout perdu certaines choses disparaissaient pour laisser place à d'autres.

Enfin, il ne la connaissait pas et faisait juste que lui renvoyer la balle dans ce duel qui était surtout oral. Qu'attendait-il pour la frapper, la brûler, ou quoi que ce soit d'autre ? Si c'était là son petit jeu pervers, il ne fallait pas lui donner ce qu'il voulait immédiatement. De plus il semblait jouer avec sa cécité, ses déplacements et sa parade étaient ceux de quelqu'un qui gardait une bonne partie de sa vue. Une attaque directe serait provoquer une véritable riposte ce qui ne vaudrait rien de bon, mais s'il était joueur, il attaquerait avec son épée, et c'était là qu'il faudrait contre-attaquer.

Duel qu'il menait bien d'ailleurs, il avait bien compris le fonctionnement des hommes. De toute manière il n'y avait pas grand chose à comprendre, certains d'entre eux ne valaient pas mieux qu'une troupe de Drow et pouvaient même être pire niveau cruauté. Ce qui tira d'ailleurs un petit sourire à Joh, il ne lui apprenait rien.

"Certains s'intéressent aussi aux femmes, à la bouffe et à l'alcool, d'autres aux vieux cailloux et ce qu'ils peuvent raconter. Après tout ici il n'y a rien d'autre"

S'il voulait des réponses claires, il pouvait repasser. Ses objectifs resteraient complètement inavoués ! Bah oui, elle n'allait pas lui dire que le peuple qui vivait là était celui dont les dirigeants se rapprochaient le plus de sa condition actuelle, que les gros lézards n'étaient pas disparus et que ceux qui avaient mené l'attaque ultime avaient encore du boulot en péninsule.

"Et puis, la générosité peut s'arrêter a une mort lente et douloureuse dès que j'aurais parlé. Et en empestant la magie de cette manière vous n'aurez pas trop de mal à le faire."

Elle avait arrêté de lui tourner autour, mais n'avais pas pour autant baissé sa garde. Il n'aurait pas sa confiance avant longtemps et la faire rentrer son arme en présence d'un mage... Sa magie était beaucoup plus dangereuse que son épée. Et puis il ne fallait pas oublier que les présentations n'étaient pas faites !

"Et puis, vous m'avez trouvé un petit nom, je dois vous appeler comment ? Ceux que j'ai en bouche n'ont rien de bien flatteur."

Et ces mots n'étaient jamais doux à entendre ni à apprécier, ceux qui étaient passés par là n'avaient jamais pu dire le contraire.

« Et sais-tu l'histoire que racontent ces pierres, ou les découvres-tu à l'instant ? »

Même si ça n'apporterait rien, qui sait, finirait-elle par lui offrir quelques éléments supplémentaires, des pistes pour comprendre ce qu'une humaine, une guerrière, venait faire à Nisetis.

« Une mort lente et douloureuse... Mais peut-être n'ai-je pas l'intention de te tuer, n'y trouvant aucun intérêt... A moins que tu ne sois quelqu'un d'important, de puissant et d'influent dont la disparition pèserait lourdement aux Humains. C'est le cas ? »

Il en doutait, quoique... Nakor, quand il était encore conseiller de l'ancien roi venait ici, alors pourquoi pas un autre, tout était possible finalement. Mais tout de même, c'était peu probable, Nakor pouvait se déplacer rapidement du fait de sa magie, mais elle, si elle apparaissait à ses sens comme étrange, il ne ressentait aucun signe de la moindre similitude.

« Puisque tu as décidé de te nommer ainsi que je te perçois, fais donc de même pour moi, ou pas du tout, à ta guise, ainsi, nous serons sur un pied d'égalité. »

Il n'attendait aucune flatterie, surtout pas, mais tout de même, il était curieux de savoir, cela lui permettrait d'en apprendre un peu plus, au moins sur la façon dont elle percevait précisément un drow, le considérant – et c'est logique – comme un semblable à tout autre.

« Même si je doute que tu y répondes, je m'interroge sur une chose, Ssussun. A quel résultat crois-tu parvenir en ne déliant pas, ne serait-ce qu'un peu, ta langue ? Tu penses gagner du temps et obtenir un soutien inattendu et inespéré qui débarquerait soudainement, et tu mises tout, même ta propre vie sur une telle idée ? »

Il haussa un sourcil, avant d'ajouter.

« C'est un pari sacrément risqué, tu ne crois pas ? »

Et avant qu'elle n'ait pu répondre, comme si la chose était parfaitement rhétorique, une petite réflexion sur le chemin qu'elle prenait, il ajouta le plus tranquillement du monde.

« Considères ce qui suit comme une victoire si cela te chante... Mais je vais me montrer une nouvelle fois généreux. Je te laisse encore une chance, la dernière, d'au moins me dire ce que tu es venue cherchée à Nisetis, si tu refuses de répondre, c'est que tu ne souhaites réellement pas faire d'effort pour installer le moindre dialogue, et dans ce cas, je renoncerais, et toi, tu cesseras d'être. »

Et en guise d'avertissement, les différents foyers s'élevèrent, formant des boules qui se mirent à graviter autour de Johann.

« Je n'avais pas l'intention de me battre ou de te tuer, mais puisque tu sembles insister pour qu'on emprunte cette voie, je m'incline. Fais ton choix, et mets sur la balance ta vie et les quelques mots que je réclame de toi, et décides de ce qui a le plus d'importance car tu perdras l'un des deux. »

Il avait été sincère dans toute sa phrase, jusqu'au fait qu'il n'avait aucune intention de la tuer, et c'était le cas après tout. Il avait passé le stade où les humains le débectait tant qu'il n'en supportait pas la proximité. Mais celle-ci ne lui laissait pas le choix de menacer pour essayer de débloquer ce qui apparaissait comme une impasse.

Quelqu'un d'important en péninsule ? Elle ? On pouvait dire que oui à une époque. Mais maintenant c'était une toute autre histoire que le sombre n'avait pas besoin de connaitre. Enfin, il fallait le laisser se faire ses propres idées !

Elle le laisserait parler, et il en avait des choses à dire pour un drow ! Un peu trop bavard même, se faisant lui même un dialogue. oui, elle avait de quoi faire avec son fameux renfort, s'il arrivait à temps. Il n'y aurait qu'à l'aplatir ou l'ensevelir sous une tonne de gravats et on n'entendrait plus jamais parler de lui. Enfin, fallait-il encore gagner du temps. Donc oui, elle était prête à y parier sa vie aux vues de ce qui arrivait.

Pari risqué en effet, mais qui pouvait fonctionner si son "nouvel ami" était joueur. Sauf que visiblement il ne l'était pas tant que ça. Enfin, c'était sans véritablement compter sur la magie de cet invité qui n'était pas le bienvenu, et elle pu le remarquer avec les foyers qui devinrent des boules de feu, flottent autour d'elle.

"Détruire, détruire et encore détruire. Vous ne savez faire que ça ! Après avoir anéantis la civilisation avec vos armées vous êtes devenus le gardien de ce tombeau pour faire frire tous les visiteurs qui essayent de comprendre ce qu'il y avait ici avant que vous ne passiez tout détruire ? Ce qu'ils pourraient y découvrir vous effraie tant que ça ?"

Oh, elle savait juste que les drows étaient responsable de la destruction de la cité, avec le nom du général qui avait mené l'assaut bien que les écrits historiques manquaient, il était toujours bon de connaitre les plans d'attaques ayant déjà fait leurs preuves et elle était loin de se douter que le responsable était devant elle. Le ton quant à lui était plutôt... Accusateur. Oh non, elle ne perdait pas son sang froid, même si elle avait plus ou moins plié face à la menace en répondant indirectement.

Il était toujours d'une certaine façon plaisant de découvrir la manière dont était perçu les sombres aux yeux des autres races, et celle-ci était conforme à ce qu'il s'attendait à entendre, mais il y avait pourtant une anomalie qui lui apparut et qui ne manqua pas de lui faire froncer les sourcils.
C'était cette accusation, ce quelque chose qui s'exprimait au sujet de Nisetis, de sa destruction et de son implication – et pour le coup, elle n'avait franchement pas tord – dans ce supposé drame. Qu'une descendante d'une quelconque tribus autrefois appartenant à la civilisation nisetienne exprime un tel sentiment à son sujet n'aurait pas été surprenant, mais venant d'une péninsulaire, c'était une grande première.
Ainsi lui imposait-elle une nouvelle énigme, et il écartait d'office le fait qu'elle ait pu être une historienne ou quelques professions du même genre, des éléments n'allaient pas en ce sens, et puis, il n'y aurait pas eu cette accusation, pas sur ce ton tout du moins, elle l'aurait énoncé comme un fait, détachée.

La seule chose positive là-dedans, c'est qu'à présent, il connaissait le motif de sa présence, le souci, c'est qu'elle avait fait germé plus de questions que de réponses, et la curiosité l'invitait à tenter d'en apprendre le plus possible sur ce cas étrange mais malheureusement peu bavard... Il lui faudrait profiter de quelques inattentions pour grappiller des éléments.
Dans tout les cas, et puisqu'elle lui avait finalement répondu, il considéra qu'elle avait rempli sa part du marché, et puisqu'elle n'était pas venue pour piller ces ruines, elle vivrait. Les petits foyers cessèrent de graviter autour de Johann, se rejoignirent et diminuèrent d'intensité dans la paume de la main du Gardien avant de s'évanouir lorsqu'il refermait la main. Il ne croyait nullement que ce geste apaiserait la demoiselle, ça serait une agréable surprise, mais une surprise quand même.

« Comme tu peux le voir, Ssussun, je sais également épargner et tenir parole. »

C'était dit avec amusement, en réponse à son affirmation des plus précipités. Mais puisqu'elle était là pour l'histoire, il pouvait librement laisser s'échapper quelques brides de son savoir.

« Que sais-tu donc de cette histoire ? Mais la plus intéressante des questions n'est pas celle-ci, aurais-tu tenu le même discours accusateur à l'égard des nisetiens si ils étaient sortis vainqueur et avaient anéantis les drows ? En somme, est-ce l'acte de destruction que tu condamnes, où est-ce la haine viscérale des sombres qui s'exprime ? »

Se serait réellement intéressant... L'une des réponses forcerait plus ou moins, si elle était sincère, la jeune femme à remettre en cause toutes les guerres et la responsabilité des uns et des autres, égales, sauf peut-être en ce qui concerne les Elfes qui, il devait l'admettre, n'était pas férus de destruction. L'autre démonterait fatalement toute la valeur de l'accusation, à supposer qu'elle en ait eu une.

« Mais je vais tout de même te répondre. Non, je ne suis pas un monstre hantant ces ruines pour détruire le moindre visiteur, je n'apprécie simplement pas que mes visites soient dérangés par des pillards. Quant à ce qu'il y a à y découvrir... Non, rien d'effrayant. Si des découvertes ici pouvaient offrir aux drows de nouveaux adversaires de la valeur des nisétiens, l'avenir n'en serait que plus passionnant et plaisant. »

Et dans cette dernière phrase se trouvait, même dans l'intonation, tout le plaisir qu'il trouverait dans un combat contre un ennemi digne de ce nom. Elle ne savait sans doute pas le sentiment qui animait le Gardien vis à vis de Nisétis. Son regret de n'être pas né un millénaire plus tôt pour croiser le fer avec cet empire à son âge d'or. Elle n'y voyait qu'un destructeur, après tout.

Il avait finit par ranger son artillerie, sans pour autant ranger son épée, c'était déjà un premier pas. Elle n'allait pas finir en friture pour le moment mais l'arrivée de renfort était toujours dans les projets. Il était dangereux et sa parole ne valait pas grand chose. Pour combien de temps allait-il la tenir ? Quelques minutes ? Quelques heures ? Ou bien indéfiniment ? Joh n'avait qu'une parole, mais lui ?

"Tenir parole, mais pour combien de temps ?"

La question était évidemment rhétorique, elle en connaissait certainement déjà la réponse, néanmoins le drow continua avec sa philosophie sur les vainqueurs de la guerre, s'ils avaient été les nisetiens et que ceux-ci aient détruits les drows avant certainement de s'attaquer au reste de la péninsule ou simplement de s'isoler. Personne ne pouvait savoir ce qui se serait produit.

"Seuls les vainqueurs écrivent l'histoire, et avec des "Si" on met le Puy en bouteille." Elle fit une pause. "Sur ce coup là ce sont les drows qui ont écrit l'histoire, ou plutôt l'ont effacée, ce n'est pas comme ça que d'autres prendront la relève pour se venger."

Dans une guerre seulement il y avait seulement les vainqueurs qui imposaient leur vision de cette fameuse guerre, et pour les soldats des deux camps, le méchant c'est celui d'en face et même si parfois le motif d'attaque était bancale ou pire encore il était rarement gratuit comme les attaques des drows qu'elle avait vécu. Après il n'avait rien à lui apprendre sur les hommes, c'était la raison pour laquelle elle avait quitté la péninsule et ça, ça ne le regardait pas.

Enfin, s'il ne désirait pas se battre pour le moment alors autant ranger les armes et essayer une trêve. Au moins pour le moment. De toute manières aux vues du niveau magique de celui-ci l'affronter seule et de cette manière était juste suicidaire, il aurait fallut un bon arbalétrier embusqué pour lui empaler la gorge ou le cœur, donc autant éviter l'affrontement de la manière la plus inattendue qu'il soit.

Son arme changea de main, la lame passant le long de son avant bras gauche, non loin du fourreau. Dans cette position elle pouvait aisément se défendre en cas de refus, ou rengainer. Puis elle tendit sa main droite vers le drow. Signe, qui avant de rentrer dans les mœurs signifiait qu'il n'y aurait pas utilisation d'armes dans cette rencontre, en gros "Je ne suis pas hostile", enfin... Si seulement il en comprenait la signification.

"Je vous propose une trêve, vous ne voulez pas vous battre, moi non plus."

Oh, ça, c'était pas forcément vrai. Elle n'avait envie que d'une seule chose c'était lui arracher la tête à main nue comme s'il s'agissait d'un bouchon d'une bouteille de champagne.

"Joh." Dit-elle simplement pour se présenter.

Qu'espérait-elle à en demander plus encore ? Des accords datés et signés, précisément la durée du cesser le feu ? Ne pouvait-elle, ne devait-elle pas s'estimer suffisamment chanceuse de bénéficier de cette opportunité et éviter d'exiger encore davantage à celui qui faisait déjà bien des efforts ?

« Pourquoi ne te contentes-tu pas de ce que je t'offre ? »

Il enchaina immédiatement par une réponse qui déplairait certainement à l'humaine, mais il lui appartiendrait de trop en faire une nouvelle fois, et de saisir la leçon qui découle de son acharnement à toujours avoir cette appétit sans fin.

« Cela demeurera jusqu'à ce que tu me donnes une raison de revenir en arrière, et tu devras t'en satisfaire.»

Et à ses yeux, ce sujet était clos, qu'elle y revienne, qu'elle insiste et exige encore et elle perdrait tout le gain jusqu'à lors obtenu.

La réponse qu'elle fournit à sa question fut finalement décevante puisqu'elle se fuyait littéralement. Au final, plutôt qu'une chose qui aurait été intéressante ou normal selon le choix, il eut droit à une réponse pitoyablement neutre, ou se voulant l'être en tout cas... Ennuyeux, en somme. Mais il ne comptait pas la laisser là, qu'elle cesse d'être lâche et assume ses pensées !

« C'est trop simple de répondre cela, trop impersonnel, dénué du moindre intérêt et de la moindre implication... Tu as tenu un discours accusateur, tu avais rompu avec la neutralité que tu prétends invoquer, assumes le jusqu'au bout. »

Mais il doutait d'avoir finalement la moindre réponse, elle n'était que fuite depuis le début, et il doutait que cela change réellement.

« Et tu continues de rompre avec cette neutralité en affirmant que les drows ont effacé l'histoire plutôt qu'en l'écrivant, comme si ces derniers étaient bien plus mauvais, monstrueux que vous autres, les humains. Dans chaque conflit, il y a un vainqueur et un vaincu, le prix de leur défaite a été la ruine de leur civilisation, qu'y a t-il de choquant, de différent là-dedans ? »

Oh, elle trouverait peut-être de soi-disant différence aussi creuse que le crâne d'un gobelin, rien de percutant, rien qui puisse donner la moindre valeur à son propos, en définitive, car l'histoire était écrite... Juste ignoré de certains.
Il en resta là, et elle proposa une trêve, mais il perçu ce qu'elle taisait et un léger sourire se dessina avant qu'il ne le fasse disparaître tout aussi vite qu'il était apparut. Le cœur de l'humaine était plus franc que sa langue, il avouait ouvertement sa haine des sombres et les désirs qui en découlent. Rien de surprenant, mais c'était une preuve du manque de sincérité.
Toutefois, quand il discerna ses gestes, il comprit et consentit à feindre l'adhésion, serrant la main de l'humaine, en signe de paix. Du moins, d'une trêve de circonstance. Pour l'heure en tout cas, il ne désirait pas encore faire apparaître le gamin qui l'accompagnait, se méfiant encore de la femme. Mais ça viendrait, tôt ou tard.

« Ust'Chath. »

Avec l'aide de son dragon, elle comprendrait certainement que c'était un surnom, cela voulant littéralement dire Premier Feu. Et sur ces présentations finalement, il décida de poursuivre, non pour l'ennuyer, mais pour tendre une main secourable.

« Alors, Joh, quelles réponses es-tu venue cherché ? Je peux t'aider, j'ai longtemps étudié cette cité et cette culture... Certainement pas pour les mêmes raisons que toi, car j'avais a cœur de connaître l'ennemi que j'allais combattre, surtout celui-ci, si respecté par ceux qui l'ont affronté. »

Oh, il cherchait à la faire réfléchir avec sa philosophie de comptoir ? Et bien ça ne marchait pas. De tout temps et de ce qu'elle avait vu, les drows avaient été ceux qui attaquaient en premier. Elle n'avait certes pas plusieurs siècles comme celui en face d'elle, mais elle les avait déjà combattu, elle savait ce qu'il s'était passé à Ellyrion, mais pas la source du conflit à Nisetis, ce qui au final n'était pas son problème. Elle n'était pas là pour les venger, elle ne les connaissait pas.

"La différence est qu'à chaque occasion dont j'ai été témoin, ce sont vos armées qui ont attaqué en premier. Massacrant tout sur votre passage et n'hésitant pas à relever les morts et de profaner leur dépouille. Vous savez certainement de quelle bataille je parle ? Ca n'a que quelques années."

Oh, il ne devait pas y être, sinon il aurait eut le bonheur de passer sous les sabots de ses cavaliers. A moins qu'il faisait partis de ceux qui avaient fuit... Enfin, plutôt comme leurs chefs, s'il avait combattu ici, il n'avait pas du rester simple troufion s'il avait été un soldat.

"Je n'ai qu'une parole, la vengeance de ces morts là attendra un autre jour." dit-elle en lâchant la main.

Elle n'avait jamais réellement touché de drows, les morts du bout du pied ne comptaient pas. Serrer une main d'un sombre par contre c'était sa première fois, et finalement il n'y avait rien de bien différent que celle du premier venu. Et même s'il s'était présenté sous un faux nom, ou alors un nom de scène ce n'était pas bien grave, mis à part lui tirer un sourire "Ust-Chath" soit "Ouste le Chat !" il miaulait aussi ? C'est la traduction de la dragonne qui eut pour effet de la calmer. Premier feu ? Visiblement il avait un assez bon égo sur son niveau en magie.

"Je suppose que je n'aurai pas le vrai nom, "premier feu" " Elle évita de prononcer le surnom donner dans la langue du drow, pour éviter d'en rire, ou alors peut-être que parler le langage des sombres la rebutait. "Mais puisque vous avez pris la peine de les étudier, ce sont plus les chiffres qui m'intéressent : Combien de troupes disposaient-ils face à combien des vôtres ? Mais surtout, combien de leurs... choses ?"

Elle n'avait pas prononcé le mot "dragon" mais elle savait qu'ils avaient existé chez eux par Arnhild. A savoir s'il ne s'agissait pas seulement de mythologie. C'était le moment de le savoir ! Elle avait d'ailleurs hésité à la prononciation du dernier mot. Elle savait ce qu'elle cherchait à découvrir, et ça le drow pouvait clairement le sentir. Quant à ses motivations c'était autre chose.

« Hum... Tu dois parler d'Alonna, la déchéance de cet idiot de Kaherith, et dans la prononciation de ce nom, tout le mépris du monde, les autres campagnes n'ayant pas eu la même ampleur, pour l'heure tout du moins... »

Alonna... La plus récente défaite des drows, et l'une des choses qui avait motivé le Gardien à donner un petit coup de pouce à l'effondrement de cette alliance et à se réjouir du sort des nains. Mais une telle unité ne se reproduirait plus, seuls les idéalistes comme Nakor était encore assez bête pour le croire.

« Mais c'est parce que ton regard ne porte pas assez loin. Ce sont les hommes qui ont frappé les premiers, nous privant de nos bois quand nos ancêtres n'étaient encore que des elfes. Mais il est vrai que depuis, nous avons eu le plus souvent l'initiative, mais c'est certainement les différences culturelles et les divisions de tes nobles qui font la différence. Qu'un objectif soit déterminé, et tous les Osts Sombres feront l'unité sans avoir à négocier les uns avec les autres. Je ne crois pas que les choses soient si simples en Péninsule. »

C'était là l'un des plus grands avantages des sombres, compensant leur désavantage tant numérique que dans sa capacité à reconstituer ses rangs. Elle lui posa ensuite des questions précises sur le conflit avec Nisetis. Mais des chiffres précis, il n'en avait pas. Il y avait eu tant de guerres, de batailles, de campagne, s'étalant sur une si grande période, même pour un drow, il était inconcevable, inutile même de tenir un chiffrage précis d'un tel conflit.

« Je ne connais pas les chiffres exacts... Tu sais, le conflit qui nous opposa à Nisetis s'étala sur près de 3000 ans, avec ses périodes de combats et celles de paix pour remettre sur pieds des troupes en vue des combats suivants. Des centaines de milliers d'hommes moururent, tant d'un côté que de l'autre. Quant aux choses... Tu parles des dragons, leurs divinités ? »

Il était étrange qu'elle insiste plus particulièrement sur eux, quoique cela expliquerait en partie sa présence dans un temple. Mais cela ne répondait pas au pourquoi cette attention portée à cette race de prétendues divinités depuis longtemps éteinte.

« C'est pour eux que tu es ici ? Pour ces créatures ? Ils ont disparu, à mon grand regret, même avant que je naisse, j'aurais tant aimé en affronter un et le défier même sur son propre domaine. »

Peut-être Johann y verrait là une arrogance démesurée, ne serait-ce que dans l'idée de défier les dragons dans les cieux, mais après tout, il avait lui-même goûté à l'extase d'un vol. Mais il décida de faire une chose, finalement, face à une guerrière, et une qui avait commandé des hommes. Il lui accorda, considérant que de toute façon, ça ne pèserait pas dans son souci de discrétion, de décliner son identité.

« Je vais te donner mon vrai nom, mais entre guerrier, tu me donneras le tien, ainsi que ton rang, qui n'est pas celui d'un simple troufion, ta voix me hurle que tu as commandé. Je suis Tebirahc Zaurahel, anciennement Obok Senger d'Thalack, Haut Seigneur de Guerre dans ta langue, commandant le Premier Ost. Héros de Guerre du Dixième Cycle et désormais le Premier Feu et Vaisseau du Dieu de la Guerre. »

Mais il ne formula aucun de ses « titres » avec arrogance, leur énoncé suffisait à marquer la grandeur de ces derniers, chacun d'eux amplement mérité, aucun le fruit d'une volonté de faire pompeux pour donner une impression. Johann découvrait, peut-être avec horreur, celui qu'elle avait réellement face à elle, et que son surnom n'avait rien à voir avec l’ego.

« Et toi, qui es-tu, Joh ? »

Bon, au moins il remettait la bataille, même s'il n'y avait pas participé, et aux vues de la prononciation du nom de celui qui l'avait menée côté drow, autant dire que celui-ci n'était pas apprécié. Après tout, après ce qui s'était passé en fuyant en abandonnant ses hommes, il ne méritait pas mieux. Qu'un troufion déserte passait encore, mais pour un général qui avait des personnes qui comptaient sur lui... Enfin, quoi qu'il en soit les sombres devaient être des créatures assez... Rancunières, peut-être même autant que Joh. Quoique une rancune sur des milliers d'années, c'était peut-être pas son genre, sa vengeance étant certainement consommée avant.

Bref, enfin le sujet intéressant, mais aucunes réponses... Les dragons et dragonniers n'avaient pas été présents lors des derniers combats, certainement tous anéantis ou ayant fuit les champs de bataille avant l'anéantissement de leur société. Il ne lui apporterait donc aucune réponse à ce sujet, mais l'avantage était au moins qu'il n'en avait jamais vu.

"Je suppose que tu ne serai plus là pour en parler si ce souhait d'en affronter un aurait été réalisé." Finalement elle avait décidé de le tutoyer à son tour, après tout si cette forme de "respect" n'était pas présente dans un sens, pourquoi elle le serait dans les deux ?

Ces choses n'auraient fait qu'une bouchée de ce drow. Ceux présents à l'époque devaient plus être habitués aux combats que les jeunes dragons d'aujourd'hui. Il ne devait même pas avoir idée de la taille de ces créatures, sans oublier les autres pouvoirs de celles-ci.

Enfin... Il finit par se présenter correctement, ce n'était pas vraiment ce a quoi elle s'attendait, mais presque. Elle avait vu juste dans un sens, un commandant d'un ost drow mais aussi un de ces fous qui se prenaient pour la réincarnation d'un des dieux, et pour celui-ci c'était le psychopathe qui avait foutu le dawa sur l'ile ou elle avait été trainée de force par la psychopathe qu'il avait cherché à provoquer, certainement pour la tuer. Ou alors ils s'étaient très bien entendus entre malades mentaux de la même espèce... Enfin, ça c'était ce qu'elle avait pensé et qui avait faillit sortir, mais retenu au dernier moment par l'esprit du Dragon d'or. Enfin, dans tout ça, elle ne s'était pas présentée, on va dire que ca faisait beaucoup à digérer. Elle se débarrassait d'une folle pour se retrouver avec son camarade de jeu. Le destin devait s'acharner un peu trop sur elle en ce moment.

Dans tous les cas il avait bien compris ce qu'elle avait été. Après tout sa voix avait subit tous les mauvais traitement possibles à l'armée, entre les ordres criés sur les champs de bataille au milieu des incendies et une voix un tant soit peu fragile il n'en avait pas fallut plus pour la briser.

"Qui je suis ? Johann Reihart. Ce que je suis maintenant n'a que peu d'importance."

Ce qu'elle était actuellement en fait ne le regardait pas vraiment, après tout elle n'allait pas lui dire qu'elle était liée à un dragon. Mais bon, ce qui semblait plus l'intéresser était le côté carrière militaire.

"Ce que j'ai été... J'ai commandé la Cavalerie Royale, l'Ordre de la Rose Noire, en servant sous les ordres du roi Trystan jusqu'à la mort de celui-ci assassiné par son très cher cousin qui m'a décrétée traitre à la couronne après que j'ai essayé de lui faire perdre la tête, il doit encore rager de mon évasion. Je ne me suis jamais appropriée le titre de "héros de guerres", ce titre revient aux hommes qui ont mis en applications les plans de batailles et su les adapter au front. Mais si tu es réellement l'avatar du dieu de la guerre, je n'ai pas besoin de te dire à quelles bataille j'ai participé."

Ouh, la vilaine pique, autant dire que Joh montrait par là qu'elle n'était pas une croyante fervente qui allait s'agenouiller devant lui parce qu'il se décrétait le vaisseau du dieu de la guerre.

"Et je suis ici pour confirmer quelques unes des informations que je possède, et qui pourraient valoir très cher."

Oh, le prix des infos ne serait certainement pas bien élevé, juste une tête qui devrait tomber, s'il voulait l'avoir et l'exploiter. Bien entendu, rien ne garantissait qu'elle serait parfaitement exacte, tout en jouant à un petit jeu dangereux. Mais quand l'on détient une information et que l'on souhaite la vendre, c'est toujours risqué.

Sujet: Re: Sous le regard des antiques dieux. [Johann] Mer 5 Sep 2012 - 9:19

Il ignora les remarques et les piques à ses yeux vaines. Si elle voulait le tester, contester son titre, soit, qu'elle doute, ça ne le servirait que mieux, voilà une personne qui ne dira ni n'affirmera à quiconque qu'elle a croisé le Gardien à Nisetis, y laissant une piste fraîche.
Elle se présenta également, et cela le fit sourire, non d'amusant, mais d'intérêt. Le nom ne lui disait pas grand chose, son intérêt pour les humains étant réduit jusqu'à maintenant, il se permit tout de même une réponse à un léger détail, une différence dans la définition du héros de guerre.

« Le titre de héros de guerre est décerné par les hommes à ceux qui ont su, à de nombreuses reprises, susciter l'admiration, que ce soit dans le commandement ou au combat. »

Ainsi mettait-il à mal la possible pensée d'un titre attribué par arrogance et mégalomanie. Il l'était devenu, au regard de ses hommes, et des sombres, non au sien. Lui n'avait comme joie que de satisfaire pleinement son père et les critères stricts et élevés des Zaurahel.
Mais il en revint au sujet le plus important, les dragons, et cette femme en savait plus, et elle le montrait, trop pour que ce soit sage de sa part, et il comptait bien le lui montrer.

« Au contraire, c'est ce que tu es aujourd'hui qui est intéressant. »

Tout du moins, c'était l'évolution et le parcours très étrange qu'elle semblait mener. Sa carrière militaire était peut-être passionnant, bien qu'il ne se voyait pas réellement s'informer plus que cela à ce sujet, que ce soit auprès d'humains qu'auprès de Mogar, mais c'était surtout sa présence ici et sa fixation finalement soudaine sur un sujet des plus curieux.

« Vois-tu, Ssussun, » Elle avait beau s'être présentée, il ne cesserait pas d'utiliser ce qualificatif qui, après tout, n'avait rien d'insultant et qui était plus pratique pour lui. « il est des bruits qui courent, des murmures qui attisent la curiosité d'érudits et de mages, attirant leurs regards sur ces ruines. D'eux, un tel intérêt, une telle fixation n'est pas surprenante, il en a toujours été ainsi et de fait, on se s'y attarde pas. »

Et il en avait croisé, de tels hommes.

« Par contre, une personne comme toi... C'est tout de même plus étrange, plus singulier, tant et si bien qu'on se doit d'y offrir une attention toute particulière. Qu'est-ce qui pousse un soldat à chercher seul des réponses de ce qui ne paraît pour l'heure que comme des récits d'ivrognes. On s'attend plutôt à voir paraître ce genre de personnage plus tard, lorsqu'une rumeur est confirmée par les érudits, et que soudain, la convoitise de certains puissants, ou se considérant comme tel, pour un tel trésor les amène à monter une troupe en vue de l'obtenir. »

Et nul doute qu'il y en aurait, des expéditions, si les dragons réapparaissaient clairement. De telles créatures fabuleuses, tant de puissance, et le prestige qui irait avec. Beaucoup investiront dans le désir de posséder le leur.

« Je vais te dire... Ce que tu m'amènes à penser, c'est que les dragons n'ont pas disparu et que tu as vu l'un de ces survivants ou descendants, qu'importe, et qu'à présent, libérer de tes obligations militaires, tu cherches à mieux comprendre de ce que tu as vu. »

Puis, une telle affirmation n'était pas si improbable. Les dragons ont beau avoir disparu du paysage, il n'a jamais existé de preuve qu'ils s'étaient éteint. Il avait toujours nourrit l'espoir qu'ayant subit de lourdes pertes, ils s'étaient repliés en d'autres confins, et qu'un jour ou l'autre, ils reparaîtraient, pour un motif ou simplement pour réaffirmer leurs dominations sur des cieux aujourd'hui partagé par de nombreuses créatures.

« Tu devrais te montrer plus prudente... Des personnes bien plus cupides que moi existent, et si ils venaient à te rencontrer, à t'écouter, ils pourraient émettre les mêmes doutes que moi à ton encontre, et ils tenteront de t'arracher de force ce que tu sais si le prix que tu proposes leur paraît trop élever.
Fort heureusement pour toi, je n'ai ni l'intention de te torturer, pas plus qu'il ne me viendra à l'esprit de dire à quiconque que je t'ai rencontré, que nous avons discuté et que j'ai cru comprendre que tu en savais plus que tu ne le devrais sur le sujet. »

Et sur cela, il était parfaitement sincère. Il n'avait aucune raison, aucun motif d'aucune sorte, à faire naître une telle rumeur, la quête de ces réponses ne le concernait nullement, même si il désirait savoir, pour lui-même.

« Je ne suis plus le sombre qui, domptant et montant une wyvern, aurait désiré croiser la route d'un dragon pour l'affronter et démontrer qu'il était le seul seigneur dans les cieux. Combattre un dragon ne fait plus parti, pour l'heure, de mes désirs, même si, à n'en pas douter, ce serait un affrontement des plus plaisants tant il serait tendu. »

Toujours ce goût du défi... Cette volonté de tirer du plaisir d'un combat assurément délicat et complexe. Quel intérêt trouver dans un duel, sinon dans le challenge qu'il peut représenter ? Et il espérait la rassurer sur ses intentions, et sur l'usage qu'il ferait d'informations, à savoir rien, si ce n'est de satisfaire sa seule curiosité.

Sujet: Re: Sous le regard des antiques dieux. [Johann] Dim 9 Sep 2012 - 23:22

Ce qu'elle était aujourd'hui qui est intéressant ? Et bien, il lui en fallait peu... Considérée comme une traitre à la couronne qu'elle avait sauvagement défendu avec les moyens du bord n'avait rien de bien intéressant, sauf peut-être pour une hypothétique prime sur sa tête qui lui rapporterait quelques souverains dont il n'avait certainement rien à secouer. Enfin, c'était plutôt autre chose qui l'intéressait, et ça avait un lien avec ce qu'elle cherchait.

Il devait surveiller ces ruines de près pour surveiller l’avancée du peu de fouilles qu'il y avait eut sur place. Être suffisamment renseigné sur ce qu'il y avait eut ici et pouvoir faire les rapprochements qu'il fallait. Certes, voir un soldat et pas n'importe lequel rechercher de telles choses c'est qu'il devait y avoir un élément de concret dans tout ce qu'il cherchait. Allaient-ils se regarder dans le blanc des yeux les prochains jours ? Aucun des deux n'avait fait un mouvement depuis que les armes avaient été rangées.

"Connaissant mon identité, tu sais clairement les informations que je peux détenir. Mon prix est juste une tête à faire tomber, tête qui tombera au cours de la bataille, sauf si ce lâche s'enfuit avant. Et si personne ne s'y intéresse, autant chercher ses propres armes."

Ou comment se laver les mains concernant les informations et le prix à payer, qui au final était tout simple, mais il était temps de retourner un peu la situation, il avait peut-être les moyens de pressions par sa foutue magie et se mettre en avant par ses titres, ce n'était pas ça qui allait l'impressionner.

"Mais c'est bien beau de me demander ce que je fais ici, mais je peux très bien te retourner la question. Un sombre qui vient tout seul, ou plutôt avec un guide, dans ce secteur. Les drows ont peut-être fait main basse sur cette région à une époque, mais les locaux ne semblent pas vraiment les porter dans leur cœur, et il faut certainement une bonne raison pour venir par ici. Puisqu'on parle de chasse à la chimère, tu ne chasserai pas la même chose par hasard ?"

Noyer le poisson pouvait parfois être très difficile, enfin... Pas tant que ça, il suffisait d'être face à une personne peu suspicieuse. Le tout était d'enrober le mensonge de vérité, et c'était ce qu'elle avait fait, le mensonge était la véritable raison de sa venue ici et ce qu'elle était, la vérité était la teneur des informations pour l'invasion ainsi que la chasse à la chimère. Ensuite, retourner la situation en sortant du cercle infernal de l'interrogatoire. Un Drow quasi aveugle venant seul était impossible, son guide, ou encore son escorte ne devait pas être bien loin.

"Donc, et toi, qui es-tu maintenant ?"

Le jeu dangereux, mais elle avait plus ou moins répondu a ses questions, c'était à son tour.

Sujet: Re: Sous le regard des antiques dieux. [Johann] Mar 11 Sep 2012 - 16:31

« Et voilà que soudainement, l'on change de sujet et on détourne la conversation des dragons... »

Et là-dessus, il décida de s'asseoir sur un petit tas de gravats qu'il trouva à tâtons derrière lui après quelques pas en arrière, pour ne pas perdre celle qui demeurait une lâche en puissance à ses yeux, son coup en traître n'ayant pas encore totalement disparu, une douleur persistant pour l'heure.

« Toutefois, prenons cette initiative comme une réponse défensive à une réflexion qui touche de trop près les vérités que tu caches, je ne crois pas en être si loin. »

Il avait purement et simplement ignoré ce qui concernait le supposé rapprochement qu'il aurait du faire entre l'identité, qui, si elle l'éclairait légèrement, ne lui offrait pas plus d'élément, tant il s'était désintéressé des humains jusqu'à il y a très peu de temps, sans disposer des renseignements que le Puy devait posséder. Et c'est ce même intérêt inexistant qu'il offrit au prix, une tête, car désormais, il considérait la chose inutile... Il y avait un regain d'intérêt assez soudain sur les dragons, et ça ne pouvait avoir comme motif qu'une réapparition, d'une façon ou d'une autre, plus encore chez les humains, dont la disparition datait d'une éternité à leurs yeux.

« En effet, tu peux retourner la question. »

Et il lui répondrait, car à vrai dire, il ne possédait aucun secret à ce sujet, si ce n'est la présence, qu'il dévoilerait bientôt, du jeune sang-mêlé caché quelque part dans l'édifice, et Johann lui avait offert le parfait prétexte à le garder dissimulé. Tout le reste, sa propre présence, il pouvait bien le révéler, cela n'aurait aucune importance, aucune influence sur l'avenir.
Toutefois, une chose le titilla... Elle avait parlé de locaux, mais de qui parlait-elle ? Il n'y avait plus de vie à Nisetis, à l'exception de Nakor qu'il savait posséder une cahute quelque part, mais s'y désintéressant totalement.

« Mais d'une part, je ne sais pas de quels locaux tu parles, et qui qu'ils soient, tu ne saurais imaginer combien leurs sentiments à l'égard des drows m'indiffèrent... C'est un faible, que dis-je, insignifiant prix à payer lorsqu'on est le vainqueur. »

On méprisait autant qu'on pouvait craindre les drows partout où ils étaient passés, au sein de chacun des peuples qui les ont affronté. Devaient-ils dès lors souffrir de ne pas être apprécier ou aimer ? Les drows avaient leur réponse à cette question.

« Quant au « qui es-tu maintenant », je t'ai déjà répondu, n'as-tu pas écouté ? »

Et il termina par l'essentiel, le motif de sa présence, et il allait dire la vérité, qu'elle conçoive ces choses là possible, ou non, ou qu'elle l'accepte, aussi « grotesque » qu'elle puisse considérer son motif sans calcul.

« Mais tu voulais savoir ce que je venais faire ici... Non, ce ne sont pas les dragons, dont l'absence ou le retour me laisse dans l'ensemble indifférent qui m'amène ici, mais la nostalgie. »

Et là-dessus, il se releva.

« C'est ici que j'ai gravi la dernière des marches de mon ascension hiérarchique, c'est ici que j'ai eu l'honneur de mettre un terme définitif à une guerre qui s'étala sur plus de deux cycles et demi, la plus marquante de l'histoire drow, à ce jour, et c'est également ici que je suis devenu le digne héritier de mon père, en lui succédant.
Parcourir ces ruines m'évoquent autant les récits de bataille de mes ancêtres que ma propre victoire. »

En disant cela, il avait fait quelques pas, non sans perdre un seul instant la lueur qu'était l'humaine de son champ de vision, il fallait être prudent avec elle.

« Mais ce n'est pas tout... En effet, il y a un guide, un jeune sang-mêlé qui ne sortira pas de sa cachette, puisqu'il serait incapable de se défendre, et que toi, tu as démontré une lâcheté suffisante pour me suggérer que tu attaquerais un adversaire désarmé et sans la moindre expérience du combat.»

Et sur ces mots, il lui adressa un sourire.

« Satisfaite ? Ou bien déçue que la diversion ne dure pas davantage ? Alors, où as-tu vu ce dragon, Johann ? »

Elle avait fait aveu de faiblesse en ayant la langue trop pendue et en détournant trop brusquement la conversation quand il évoqua cette rencontre pour qu'il la laisse souffler, le répit ne serait que de courte durée.

Sujet: Re: Sous le regard des antiques dieux. [Johann] Jeu 20 Sep 2012 - 3:18

Il était vraiment têtu celui-là. Si elle ne voulait pas lui donner l'information, ce n'était pas en insistant qu'il l'aurait. Et encore, fallait-il qu'elle possède cette fameuse information ! Enfin... Ca, c'était ce qu'elle aurait aimé qu'il croit, qu'elle ne la possédait pas. En effet, elle était la mieux placée pour dire ou elle avait vu un dragon, pas plus tard que la veille. M'enfin, il se disait avoir des connaissances sur les lieux, mais au final il en ignorait l'actualité... Les locaux ? Et bien il serait heureux de les rencontrer un jour ! Même une péninsulaire en connaissait leur existence. Bon, bien entendu c'était lors de sa première visite en ces terres "mortes" au sens propre du terme, elle s'était renseignée sur la région, et elle ne risquait pas de lui faire un cours de géographie politique de celle-ci. Ce n'était pas son travail !

Puis son discours sur la nostalgie, les batailles et son orgueil de victoire. Ecoeurant... D'autres généraux étaient ainsi. Au moins les soldats étaient plus simples et même s'il leur arrivait de se vanter, c'était parce qu'ils avaient risqué leurs vies respectives par la sueur et le sang versé et leur seule victoire était d'être rentrés en vie à la maison.

"La victoire est un bien grand mot pour un bain de sang. Il n'y a jamais de véritable vainqueur dans une guerre."

Les drows ne devaient pas se préoccuper des familles de ceux qui étaient morts dans leurs rangs. Joh l'avait fait à une époque, et ca n'avait rien de facile d'annoncer de si mauvaises nouvelles "Votre mari/fils est mort en héros au champs d'honneur". Mais que valait le terme héros pour un mort ? Rien. Il n'y avait pas d'honneur ni d’héroïsme à mourir.

Puis revint la "lâcheté" terme plutôt mal adapté pour une personne portant une arme, ce qui voulait dire "prêt au combat" peu importe les circonstances, surtout après avoir provoqué.

"Quand on est armé il faut accepter d'être prêt au combat en toute circonstance, surtout quand on provoque. Et cette arme que je vois, ce n'est certainement pas une canne pour aveugle. Ce que tu appelles lâcheté, je l'ai appris auprès de ceux de ta race qui eux par contre n'ont pas hésité à massacrer des civils, je n'ai jamais tué ni fait massacrer de personnes désarmées, contrairement à certains."

Si une victoire s'était terminée sur un résultat pareil, alors une fois la cité tombée, la suite à du être un véritable génocide, et ceux qui n'avaient pu fuir la ville s'étaient retrouvés massacrés comme l'intégralité des défenseurs.

"Mais le massacre de civils, j'y pense, ca n'a pas du se produire ici puisque cette idée semble t’écœurer ?"

Question purement rhétorique, bien entendu. Il avait été victorieux suite à un carnage et un massacre de populations civiles. Tant mieux pour lui qu'il en soit fier, heureusement Joh n'avait fait que défendre et jamais envahis, lui épargnant ce poids sur la conscience. Vouloir débattre sur la guerre avec celui qui se prétendait avatar du dieu de la guerre ? Bah bien sûr ! Quelle merveilleuse idée ! Après tout un militaire qui finit par détester la guerre alors que c'était son métier avant de le perdre suite à une défaite.

"Alors, combien de civils non armés, assez pour pencher dans la balance ?"

Elle avait volontairement éludé la dernière question, il était clair qu'elle ne répondrait pas.

Sujet: Re: Sous le regard des antiques dieux. [Johann] Ven 21 Sep 2012 - 8:22

De nouveau, il l'écouta sans répondre, n'offrant comme première impression que des sourires plus ou moins amusés, retenant une hilarité qui le gagnait à mesure qu'elle débitait ses mots. Et pourtant, toutes ces choses étaient si tristes, ennuyeuses sur certains aspects, mais il lui fallait admettre que sa tentative misérable de ramener tous les défauts aux sombres, comme si jamais, dans sa vie, elle n'avait vu d'hommes commettre de telles horreurs, effaçait finalement l'ennuie pour l'amuser.

Il doutait du fait qu'elle croyait réellement en tout cela... Voila une guerrière qui, comme la plupart des humains, n'assume pas et n'embrasse pas réellement la violence qui gronde en eux et s'exprime en quelques occasions, tâchant de se mentir par une pseudo-morale parfaitement hypocrite. Elle n'échapperait pas à ce sentiment, il savait ce qui existe dans les cœurs d'un combattant, et toute cette manœuvre n'était que le reflet d'une tentative de se persuader plus que de décrire une réalité.

Et que dire de cette tentative, non content de détourner la conversation, et de lui répondre finalement que oui, elle avait vu un dragon mais ne voulait pas en parler, de le condamner, lui, juger par cette hypocrisie... Elle avait de l'humour.

« Comme il doit être ennuyeux d'être soldat dans la Péninsule ! »

Et c'était peu dire... Mais on ne le restait pas longtemps, en même temps, se devait jouer... On peut se permettre des choses sachant qu'une vingtaine d'année doit nous séparer du trépas. C'était sans doute ça.

« Mais tu sais, nous sommes entre nous, tu n'es pas contrainte de débiter ce mensonge grossier, de prétendre à une morale ou à un raisonnement pacifiste dont nous n'ignorons rien de l'absurdité, si vain face à la réalité des cœurs. »

Comment dire gentiment qu'elle mentait, qu'il n'y croyait pas un mot. Mais il décida de développer sa pensée.

« Mais si ce que tu dis, tu le penses... Alors pourquoi se battre ? Pourquoi s'être engagée dans l'armée, y avoir grimpé les échelons ? Nourrissais-tu l'espoir idiot de pouvoir apporter la paix en t'investissant ? Il n'y a pas de paix sans guerres ni bain de sang, seuls les idiots pensent que des mots suffisent à écraser l'ambition et l'appétit, et il y aura toujours des ambitieux, des gourmands, et tu as du le savoir bien avant d'être commandant, et pourtant, tu as continué. Curieux comportement de la part d'une pacifiste qu'un bain de sang écœure, alors que tu aurais pu échapper aux fronts. »

En somme, elle avait choisit la guerre, et elle pouvait prétendre à toutes les choses pour se donner bonne conscience, ça n'entaillerait même pas cette vérité... Elle avait prit le goût au combat, on ne poursuit pas dans cette voie sans ressentir l'excitation de la bataille, ni la joie d'une victoire et d'y avoir survécu, ou bien alors, on meurt vite.

Il en vint à la lâcheté, qu'elle n'aurait apprise que des drows, car il était évident que les humains ne massacraient pas de civils etc... N'est-ce pas ? Incapable d'horreur tant que les sombres n'en avaient pas fait la démonstration.

« Qui crois-tu convaincre en prétendant que jamais un homme n'a fait preuve d'un tel comportement, avant même que tu ne croises la route de ton premier drow ? Tu n'es franchement pas crédible, ma petite. »

Mais elle semblait ne pas comprendre qu'à deux poids, deux mesures. Il n'avait jamais parlé d'une interdiction de tuer des civils. Et elle allait comprendre que des nuances existent, que tout n'est pas d'une manière ou d'une autre, et que chaque situation avait le droit à un traitement différent.

« Je n'ai jamais dis que le massacre de civils m’écœurait... Se serait un trop grossier mensonge, surtout prononcé ici, où nous nous trouvons. Après tout, j'ai demandé aux cultes sombres de faire s'abattre ici tous les maux, que ce soit des maladies ou de la vermine, tandis que je bombardais et empêchais la fuite, neuf jours durant, avant de porter le coup de grâce.
Et je suis sûr que tu le sais, alors pourquoi aurais-je menti ? Contrairement à toi, jamais je ne cacherais ou renierais la violence qui m'habite, ni aucune de ses manifestations, chacune d'elle est une offrande faite à mes dieux. »

Elle savait des choses, et il ne lui apprendrait rien, car sinon, elle n'aurait pas posé ces questions, au pire, elle saurait à présent comment avait fini Nisetis, dans une lente agonie, une torture véritable.

« Mais avant que tu ne reprennes mes mots, sur le jeune garçon qui se cache... Deux poids, deux mesures... Il y a la manière pour un duel, et celle pour une guerre. Et ces deux choses sont extrêmement différentes... Une guerre n'est pas un terrain propice pour de la pitié, pas lorsqu'on est face à tant d'adversaires, il faut frapper aussi fort que possible pour les briser, d'une manière ou d'une autre et l'emporter, et dès lors, l'on ne peut exclure aucune méthode. »

Mais elle considérait peut-être les choses autrement... Mais qu'importe, elle saurait à présent comment lui fonctionnait. Qu'elle l'accepte ou non, qu'elle y ait à redire ou non ne changeait pas... Elle ne changera pas une façon de faire vieilles de plusieurs millénaires.

« Mais un duel est différent... Il y a moins d'enjeu et plus de place à un minimum de valeurs, qui n'existent d'ailleurs que pour préserver et permettre la passion et l'intérêt du combat. Si il existe un intérêt stratégique au massacre de civils, il n'en existe pas à tuer un homme désarmé et parfaitement incapable de se battre.
Je considère notre situation comme un duel, pour l'heure arrêter d'un commun accord... Mais si tu préfères nous considérer en guerre, c'est ton droit, mais il n'existera aucune trêve, aucun accord... L'absence de combat, chez les drows, n'existe que pour préparer le suivant, et pour ma part, j'y suis déjà prêt. »

Sujet: Re: Sous le regard des antiques dieux. [Johann] Jeu 4 Oct 2012 - 0:57

Oh, il ne l'avait pas compris, pas du tout, en fait ils n'étaient certainement pas faits pour se comprendre. Elle une pacifiste ? Elle devait être une des personnes les plus violente de la péninsule à toujours vouloir tout régler à coup de poings et autres joyeusetés du genre. Non, il n'avait clairement pas compris ce qu'elle essayait de lui faire comprendre. Enfin, après tout à quoi bon lui expliquer qu'un soldat n'allait pas piller ce qu'il défendait et se comporter comme l'attaquant ? Car oui après c'était inutile de défendre s'il n'y avait plus rien à protéger.

"Se battre pour protéger et non pas pour détruire. Voilà la différence entre ceux qui ne savent qu'attaquer et ceux qui savent aussi défendre. Il y a des exactions dans chaque guerre, mais pas de la part des défenseurs sur les populations qu'ils protègent."

Non mais, il croyait vraiment qu'elle avait pris part à des offensives sous le commandement du Roi Trystan ? Il était vraiment trop bon, et certainement trop ouvert à son peuple pour se permettre d'aller faire la guerre quelque part pour son désir personnel de pouvoir ! Il n'avait jamais été ainsi contrairement à ceux qui l'avait trahis et qui ne pensaient qu'à leur propre intérêt ! Et le royaume humain n'était tombé dans cette décrépitude qu'à cause d'eux !

Mais là n'était pas vraiment le sujet quand il aborda la méthode employée sur Nisetis. Même pas laisser fuir les civils qui n'avaient certainement pas demandé une telle guerre et un tel bain de sang. Ca c'était barbare et cruel comme méthode, ne laissant même pas une chance aux populations de se relever après une guerre. Un simple génocide méthodique et calculé et l'effet pouvait être autant dévastateur que l'inverse sur le moral des troupes s'ils avaient eut de bons officiers, et aux vues de leur résistance acharnée sur plusieurs siècles c'est qu'ils devaient être sacrément bons de générations en générations !

Puis vint le discours, la différence entre le duel et la guerre. Elle n'avait pas eut l'éducation du Noble, mais du paysan, puis du troufion pour monter en grade. Le fait de "duels" avec un minimum de valeur... Mouis, un combat pour sa vie restait un combat, peu importe les moyens mis en œuvres l'important était de vaincre. Elle n'avait jamais vu de combats "loyaux" et les joutes que les nobles se donnaient avec des armures trop lourdes, juste pour handicaper n'avaient rien de bien passionnant. Enfin... pour lui c'était un duel... Moui, s'il désirait appeler ceci ainsi. Ce n'était certainement pas la même chose pour quelqu'un qui ces derniers mois avait été plus habituée à défendre sa vie que son honneur perdu.

"Le véritable duel n'existe que dans la tête de ces nobles qui se donnent en spectacle lors de joutes publiques pour montrer leur richesse, et encore, c'est leur vision des choses. Il suffit de sortir de sa chambre dorée pour voir que les maraudeurs ne s'en préoccupent guère." Elle haussa les épaules. "Si tu veux parler stratégie, le massacre de civil à l'heure actuelle n'est pas vraiment au gout du jour pour cette pseudo-guerre. Dans un combat il n'y a qu'une chose qui compte : survivre en mettant hors de combat son adversaire par tous les moyens qu'il soit."

Ca signifiait dans le pire des cas, lui faire la peau. Après s'il rendait les armes ou était dans l'incapacité de se battre c'était tout aussi bien. Après on sentait bien qu'elle n'avait jamais connu le véritable duel, on n'apprends pas ca dans un corps d'armée, c'est inutile. On apprend à former les rangs et a tuer l'ennemi qu'il soit de face, ou de dos, blessé, ou pas. C'était sa vision faussée du duel, par la pratique.

"Si ton "guide" n'est pas une menace potentielle, alors il n'aura rien à craindre de moi." Et vu qu'il n'était pas armé c'était déjà du tout cuit.

Par contre ce drow là, toujours prêt au combat ? Comme Si Joh avait baissé sa garde quelques instants. Même s'il n'aurait aucun mal à la tuer, il fallait s'attendre à tout, rien que pour satisfaire leurs jeux pervers.

Sujet: Re: Sous le regard des antiques dieux. [Johann] Lun 8 Oct 2012 - 11:04

Un instant, il se posa des questions sur sa compréhension de l'humaine. Les mots avaient du sens, mais le tout s'assemblait en un ensemble maladroit et si il saisissait le fil conducteur, il ne trouvait aucun écho dans la réalité. La petite lueur se perdait-elle, à l'instar d'autres, dans des visions du monde onirique et idéalisé ? Décidément, les humains qu'il rencontrait étaient tous de curieux cas.

Elle énonçait des évidences, certes, mais qui n'amenait à rien... Un défenseur ne fait pas de tord à la population qu'il protège, c'est l'évidence même, et alors ? Cela signifiait-il que jamais il ne deviendrait un attaquant et commettrait ce qu'elle appelait des exactions ? Qu'un elfe lui ait dit cela, et il aurait accordé le point, mais venant d'une humaine, c'était tout autre chose.
La seule conclusion était qu'elle considérait un exemple particulier et personnel capable de servir de vérité générale, quelque chose dans ce goût là.

« Tu devrais éclaircir ton propos, Ssussun. Un défenseur un jour peut devenir un attaquant le lendemain... Et même en répondant cela, je ne comprends pas où tu veux en venir, ce que tu prétends affirmer ou prouver. »

Il ne savait pas si elle était capable elle-même de s'expliquer, ou si elle en avait la moindre envie... Elle devait être plus plaisante à affronter qu'à écouter, et c'était une idée qu'il lui faudrait creuser, certainement, avant de se séparer.
La réponse qu'elle fournit à son explication sur les différences qu'il considérait entre le duel et la guerre le conforta dans cette idée. A ses mots, elle confrontait et répondait seulement par la vision qu'en avait les nobles humains, tout du moins, de la manière dont elle voyait la chose. Oubliait-elle qu'elle discutait avec un drow ? Une autre culture, une autre tradition, une autre façon de concevoir les choses ? Était-ce de la bêtise ou bien l'arrogance des hommes à croire que leur façon de faire est reprise partout ou devrait l'être, en tout cas ?

« Tu ne peux pas être idiote à ce point... Quand même pas... »

Car même en considérant que la pratique lui était inconnue... Un esprit pouvait tout de même concevoir l'idée, pour l'avoir même désiré, d'un combat entre deux personnes, ne serait-ce que cela ? Elle ne concevait le combat qu'à travers le prisme barbare et sans règle véritable de la guerre et des escarmouches... C'était d'une tristesse.

« Les humains ont décidément des défauts impardonnables... Et toi, tu as une vision trop étroite, tu devrais vraiment ouvrir les yeux à autre chose que la Péninsule. Tu aurais beaucoup à y gagner, crois-moi. »

Mais il était nécessaire d'user d'autres choses que des mots, pour une leçon telle que celle qu'il imaginait donner. Elle ne croyait pas en le duel véritable, au delà de sa vision erronée de nobles paradant ? Alors il était temps de le pratiquer, et cela lui changerait du blabla, et des tours de magies.

« Mais trêve de bavardage, battons-nous, car il n'y a pas de meilleure façon d'enseigner cela, et tu verras qu'il n'y a pas d'histoire de parade et de richesse. »

Il posa son épée contre un mur, se défit de son manteau qu'il laissa négligemment tomber par terre avant de reprendre son épée en main et de faire face à l'humaine et de poursuivre.

« J'apporte tout de même une précision, mais c'est à toi d'en donner le sens que tu voudras, car après tout, vous, les humains, n'êtes pas élevés et enclin à apprécier la passion du combat comme nous. Le but n'est pas de tuer et de détruire à n'importe quel prix, car alors, une victoire serait dénuée de saveur et d'enseignement.
N'utilise que ta lame et ton savoir-faire, éprouve ton talent et confronte le au mien, et prouve ainsi ta valeur, pas seulement à moi, mais à toi-même. Mais surtout, n'étouffe pas le plaisir que tu pourrais ressentir à te battre, non pour la survie, mais seulement pour te battre et vaincre.

Ou bien, vas t-en, terres toi et attends mon départ pour reprendre ta recherche, car nous n'aurions plus rien à nous dire. »

Acceptera-t-elle l'invitation à danser, ou bien fuira-t-elle ? Dans tout les cas, il s'apprêtait à user d'un seul artifice magique, nécessaire pour pleinement en profiter, et dès lors qu'il jugerait l'humaine en garde, il enflammerait légèrement la lame de cette dernière pour qu'elle apparaisse à son regard.

Sujet: Re: Sous le regard des antiques dieux. [Johann] Ven 2 Nov 2012 - 20:22

Fallait-il de l'ouverture d'esprit pour comprendre ou il voulait en venir ? Mais comment réclamer ceci à la pauvre Joh qui n'avait vu des Drows que leurs exactions, des elfes que du sauvage et des nains que des petits hommes barbus et poilus finissant des barils de bière dans les tavernes du coin ou broyant les os à coup de haches de bataille. En bref elle n'avait jamais quitté la péninsule, enfin si... Deux fois, et la première n'étant pas pour aller découvrir les autres cultures, mais pour se foutre dans la merde, la seconde était celle qu'elle vivait aujourd'hui.

Enfin... Elle parlait de son unique expérience et de ce qu'elle n'avait jamais fait et surtout ne ferait jamais, ce qui avait fait naitre une certaine incompréhension. Mais bon au final ce n'était pas la fin du monde, autant dire que les drows et les humains n'étaient pas réellement fait pour se comprendre autrement qu'en se foutant sur la tronche à grand renfort de cris, d'insultes et de métal tranchant, contondant et tout ce qui va avec les craquements des os et les éclaboussures de sang.

Enfin, ca ne servait plus à rien de répondre à ça. C'était une sorte de dialogue de sourd !

Enfin, il finit par "déterrer la hache de guerre" pour proposer ce qu'il appelait "un duel" non pas pour la survie mais pour le plaisir de se battre ? Une sorte de combat factice, ou les deux en sortiraient vivants... Un entrainement donc ? Car c'était au final la définition la plus proche qu'elle y connaissait, vaincre et se battre juste pour le plaisir en y apprenant de ses erreurs, vu que quand on y passe, c'est la dernière erreur que la personne pourrait faire. Enfin... Une chose restait obscure tout de même, alors qu'elle le regardait se mettre en place, quelque chose lui disait que même si elle refusait, il ne lui laisserait pas vraiment le choix, alors autant lui donner ce qu'il désirait et espérer s'en sortir indemne. Elle se mit donc en garde.

"Une question simple, dans tes "duels" on a le droit de se servir d'autre chose que de son épée ? Par là j'entends les poings, pieds et j'en passe."

Bah oui qu'était un combat à l'épée sans les beignes et autres coups qui l'accompagnaient ? Tout le corps était une arme, voire un prolongement de l'épée, et même si les coups n'avaient pas pour buts de tuer, ils affaiblissaient l'adversaire et augmentaient les chance de victoire.

(I'll survive !)

Sujet: Re: Sous le regard des antiques dieux. [Johann] Jeu 29 Nov 2012 - 13:30

« A ta guise. Il est un des miens qui usait de la magie du vent, un excellent adversaire mais aujourd’hui guère plus qu’un déchet qui respire et vit encore, malheureusement, alors poings, pieds… Peu importe. »
Lui-même en userait, du moins, essaierait.

Et le duel s’engagea. L’un comme l’autre semblait modérer ses coups et pour l’heure, ça n’était que de courtois échanges de coups que l’un comme l’autre ne peinait pas trop à parer ou éviter. Progressivement, ils accéléraient, et s’il percevait sur certaines frappes plus vives que les autres les limites dans la réaction de son adversaire, il en était de même pour lui.

Il ne se battait pas contre les humains, il ne savait pas grand-chose de leur façon d’être et de faire, l’épée à la main, il était habitué à ses semblables et aux elfes. Si ses sens amoindris, ses perceptions et sa science du combat lui permettait de comprendre et lire un modeste sombre, malgré ses faiblesses, un humain avait un caractère imprévisible fâcheux. Il remercia un instant, les Cinq même ne savent pas qui, que les choses eut tourné ainsi, autrement, l’usage de sa magie se serait montré nécessaire pour vaincre, ce qu’il eut regretté.

Et cette pensée, ce constat décevant dut paraître aux yeux de Johann. Voila qu’elle avait face à elle un monstre se montrant désormais plus timide et hésitant sur ses coups et ses gestes… Un monstre qui, si il n’eut pas de mal en temps normal, se montrait là plus vulnérable qu’il ne le fut depuis plus de sept siècles.

(Ce n’est pas grand-chose, et je m’en excuse, mais c’est pour débloquer *profite d’un moment sans trop de boulot, malheureusement*)

Il n'était guère très... Conciliant envers ses anciens "adversaires" même pour des duels "amicaux" qui ne pouvaient rien avoir d'amical au final en fonction de comment ils se terminaient, et les derniers mots montraient qu'il ne portait pas une certaine personne dans son cœur, ou alors c'était une manière plutôt crue de dire les choses et qui collait avec la culture du personnage.

Enfin, l'heure n'était plus aux bavardages avec les premiers échanges qui avaient tout de mesurés. Visiblement le Drow y allait au même rythme que son adversaire, peut-être pour éviter qu'elle n'essaye de lui trancher la tête en réflexe de défense après s'être sentie brutalement menacée pour une sorte "d'entrainement" alors que l'objectif n'était pas là. Cependant les échanges finirent par s'accélérer jusqu'à atteindre la limite des deux individus, poussant ceux-ci à varier les coups et surtout à adapter la force en fonction de ceux-ci afin d'offrir un duel un peu plus technique que des échanges basiques.

C'était aussi l'occasion de mesurer exactement la force d'un drow sans prendre trop de "risques". C'était la première fois qu'elle pouvait réellement le faire, habituellement un échange ne durant pas plus de quelques minutes en bataille à pied et encore pire à cheval dont le style était totalement différent.

Il était plus fort, voilà le premier constat qu'elle avait pu faire sans trop difficulté lors d'une des épreuves classique ou les deux lames restent à frotter l'une contre l'autre avec les deux combattants qui cherchent à se repousser pour briser la défense de l'autre, ce qui força Joh à repousser son adversaire à l'aide de son pied en prenant appuis sur l'aine de celui-ci, avec un coup modéré. C'est d'ailleurs à sa riposte ratée de peu qu'elle put par la même occasion tester la vitesse de celui-ci.
Autre chose se ressentait, il combattait à l'instinct et l'habitude, certainement à cause de sa pseudo cécité et qu'il n'avait jamais trop combattu contre des hommes, ou simplement contre des personnes faisant comme elle : des échanges brefs et imprévisibles, qui dès le premier essai eurent prouvé leur efficacité.

C'était le constat fait et il était clair que le drow en était conscient. Dans la situation actuelle elle avait toutes ses chances de lui détacher la tête du reste du corps. Oh, bien sur que l'idée était restée un petit moment, le drow pu d'ailleurs le ressentir sans trop de difficulté, que ce soit par ses pouvoirs de gardien ou simplement par certains coups portés qui étaient moins retenus que d'autres et qui exploitaient sa vulnérabilité. Cependant il pouvait remarquer qu'elle se rétractait toujours ensuite au lieu d'enchainer, reprenant une certaine distance, respirant un grand coup avant de reprendre plus calmement. Il ne fallait pas le sous estimer.

Oui, les vieux souvenirs de cette guérilla puis bataille sanglante contre les drows à Oesgard et Alonna étaient revenus et allaient influencer son envie de lui faire la peau, cependant le self control était au rendez-vous. Elle n'oubliait pas qu'il pouvait la faire griller.

"L'entrainement" continuait, passant de phases attaque à défense avec toujours ces coups moins retenus que les autres presque destinés à tuer. Ca pouvait presque s'appeler "se laisser prendre au jeu", petit jeu qui s'arrêterait certainement quand il y aurait un blessé.

Cela ne pouvait pas durer ainsi, il ne pouvait pas subir et constater que sa faiblesse et son trouble actuel paraissait même à son adversaire qui se montrait plus audacieux et dangereux. Et surtout, il ne pouvait reposer sa survie sur une confiance absente envers l’humaine ou sur une éventuelle apparition de dernier recours du Père.
Elle était douée, il devait l’admettre, du moins, considéra t-il les choses ainsi malgré une absence importante de référence humaine, il ne devait manquer de respect à un adversaire pour l’heure honorable.

Mais son orgueil concevait les choses autrement, il ne pouvait se laisser troubler et partir avec l’impression d’avoir été en dessous de l’humaine. Et ce n’était pas le fait qu’elle soit femme qui le dérangeait, puisque parmi les drows, une femme sait être aussi dangereuse, pire encore selon les situations, que les hommes… C’était son origine humaine qui suscitait le mépris de l’idée d’avoir ne serait-ce que fait jeu égal, même diminué par sa cécité.

Aussi, et se fut comme l’ouverture d’une seconde partie à ce duel, il décida d’aborder les choses autrement… Si jusqu’à lors, ses gestes étaient parfois instinctif mais surtout estimé selon ce qu’il pouvait percevoir et désireux de faire « proprement ». Désormais, il considéra avec moins de dédain la possibilité de produire des déchets, des frappes ratées, grossièrement ou non.
Il fallait briller, et surtout, il fallait surprendre, désorienter une adversaire qui, a ses frappes presque mortelles l’insultait presque. Il fallait inverser la tendance.

C’est ce qu’il fit, accélérant soudain l’allure, usant de frappes moins appuyées mais plus véloces et nombreuses. Et si une bonne moitié faisait choux blancs, pouvant apparaître risible aux yeux de l’humaine et le mettre en difficulté, celles qui allaient au but étaient d’une efficacité et d’une précision redoutable, mortelles si le combat n’eut pas été un duel « courtois ».
Il avait prit la résolution de ne plus s’attacher réellement à la réussite, il usait simplement, avec instinct, de ce qu’il avait apprit de son père et par lui-même, n’accordant plus d’importance à sa vue si diminuée, du moment qu’il avait son adversaire visible par ses perceptions propres.

Ainsi, si Johann put apprécier et profiter des nombreux déchets qu’il produisait, elle dut également faire face à un adversaire qui redoublait de hargne, mais surtout, qui libérait et lui fit apprécier son savoir faire et ses qualités d’épéiste, bien davantage que sa supériorité physique, dont elle avait émit des doutes en suggérant qu’il n’avait pour lui que sa magie.

Mais pour l’heure, il ne semblait que ni l’un, ni l’autre ne désirait blesser l’autre suffisamment sérieusement pour mettre fin au jeu.

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