Hanegard Kastelord
Ancien
Nombre de messages : 2168 Date d'inscription : 22/10/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans Taille : 1m90 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Abdication Ven 15 Fév 2013 - 11:49 | |
| En ce premier jour de l’automne, toute la noblesse d’Alonna se trouvait réunie dans la salle du conseil de la citadelle. Si les seigneurs et les châtelains jouaient souvent un important rôle politique dans les affaires de la baronnie, il était rare que tous se trouvent présents en même temps. Mais ma convocation insistait sur l’extrême importance de leur venue et je n’étais pas connu comme quelqu’un ayant tendance à utiliser inutilement l’hyperbole dans ses missives. De Kreskan à Lodiaker, de Wacune à Rodem, tous mes vassaux en état de se déplacer attendaient avec une impatience presque palpable que je leur explique les raisons de cette réunion. Messeigneurs, je vous ai réuni ce jour afin de vous informer d’affaires graves touchant à l’avenir de la baronnie. Voici près d’une décennie que feu le roi Trystan me nomma régent d’Alonna. Cette terre n’était alors que le chien rampant de Serramire qui l’avait entrainé dans sa disgrâce suite à la guerre menée par le duc Merwyn Séraphin contre Oësgard. Affaiblie, divisée et sans honneur, Alonna n’était plus que l’ombre de sa puissance passée lorsque les osts drows se brisaient sous ses remparts. Aujourd’hui, je regarde la décennie écoulée et je peux m’estimer satisfait du chemin parcouru. Pour l’instant, chacun semblait se demander où je désirais les emmener. Si tous se souvenaient des heures sombres de la fin du dixième cycle, il devait leur paraître étonnant de me voir me lancer dans un rappel historique. Toutefois, je désirais justifier la décision que j’allais leur annoncer et pour cela il me fallait en expliquer les causes. Politiquement, la baronnie d’Alonna est aujourd’hui indépendante de toute vassalité et nul ne peut prétendre nous dicter nos actions. Alors qu’il y a dix ans nous étions en train de guerroyer contre Oësgard, nous sommes désormais l’allié du baron Norman d’Uberwald. Et si les elfes se sont repliés dans leurs forêts, le seigneur Glenn Hereon de Naelis est devenu pour nous un ami sûr. Économiquement, nous avons retrouvé la prospérité grâce à ces années de paix et ce malgré le Voile. Nos foires attirent de nombreux marchands et les paysans ne redoutent plus la famine de l’hiver. Lante et Naelis sont devenus des partenaires commerciaux grâce à qui Alonna n’est plus dépendante des riches baronnies du médian et du sud. Même sans avoir à les regarder, je devinais que mes vassaux s’interrogeaient encore sur l’intérêt de rappeler les succès de ces dernières années. Tout habitués à la politique byzantine en vigueur parmi les hautes sphères de l’État qu’ils soient, personne à ce stade ne devait réussir à deviner mon raisonnement et l’endroit vers lequel je les amenai. Peut-être s’imaginaient-ils que les compliments dont je faisais preuve envers moi-même préparaient l’annonce d’une marque de reconnaissance, telle l’érection d’une immense statue à mon effigie ? Si telles était leurs pensées, ils me connaissaient encore bien mal. Vous savez tous qu’en récompense de mes services, feu le roi Trystan me nomma baron d’Alonna peu avant la venue des Dieux en ce monde. J’acceptais à l’époque cette marque de reconnaissance du suzerain car elle me permettait de consolider et de légitimer les réformes engagées. Pour autant, je n’ai jamais désiré le pouvoir ni le fardeau qu’il implique. Je suis las des querelles et des mesquines ambitions des puissants du royaume. Mes pairs ne rêvent que guerre et conflit, ignorants du prix à payer pour eux et pour leur peuple. Je connais la guerre pour l’avoir trop vécue, ma lame a servi bien des seigneurs dans le passé et je me suis souvent tenu au soir d’une bataille sur un champ couvert de morts. Une lueur de compréhension perçait dans le regard de mes vassaux. Désormais, quasiment tous avaient compris quelle serait la suite. Si aucune de mes paroles ne l’annonçait encore ouvertement, ils étaient trop versés dans les arcanes du pouvoir pour ne pas comprendre l’objectif de mon discours. Je poursuivis afin d’éviter toute interruption intempestive. J’ai pourtant réussi à trouver un lieu de paix où je peux vivre auprès des miens : la forteresse de Val-Néera (*). Les travaux de reconstruction ont été achevés et je l’ai érigé en seigneurie dont dépendent les villages alentours. J’ai publié ce jour un édit me conférant en apanage cette seigneurie. Le roi Trystan m’avait confié la difficile mission de relever la baronnie d’Alonna… cette mission est accomplie, et je peux désormais me retirer du devant de la scène sans craindre pour l’avenir de cette terre qui m’est devenue chère. En ce jour et devant vous, j’abdique donc de ma charge de baron et je remets mes prérogatives entre les mains du conseil qui aura la charge de nommer mon successeur. S’y attendre est une chose, se l’entendre dire en est une autre. La foudre tombant au milieu de la salle n’aurait pas créé plus d’effets, et tous les nobles en restèrent un instant bouche bée. Des chuchotements se firent entendre, de plus en plus bruyants au fur et à mesure que chacun devait élever la voix pour réussir à se faire entendre. Les mains croisées sous le men ton, je laissais faire, peu désireux de me mêler des conséquences de cette abdication. Pendant dix ans je les avais guidés, les aidant à remonter la pente, à eux désormais de me prouver qu’ils en étaient dignes. Lorsque le calme revint, ce fut Arcam Stakr, seigneur de Wintertfall, qui prit la parole. Seigneur, nous comprenons et respectons votre décision. Mais qui sait combien de semaines ou de mois il nous faudra avant d’arriver à un compromis et décider d’un nouveau maître pour Alonna ? L’instabilité politique que cela engendrera pourrait causer de graves troubles civils, aussi je pense parler au nom de tous en vous demandant de bien vouloir continuer à gérer les affaires en attendant. La vraie noblesse parlait de la bouche du vieux chevalier, et je ne pus m’empêcher de penser que Néera devait porter un regard bienveillant sur Alonna pour qu’y fleurissent de tels hommes d’honneur. Ainsi donc il existait encore dans ce royaume déchiré par l’ambition et la trahison des lieux où l’honneur voulait dire quelque chose, et je me réjouissais que mes terres en fassent partie. Les autres seigneurs présents approuvèrent tous du chef, soit qu’ils adhèrent réellement au discours de Stakr, soit qu’ils ne désirent pas passer pour des opportunistes avides en cette heure décisive. Très bien, j’accepte. Je régenterai donc ce conseil jusqu’à ce que vous ayez désigné un nouveau baron puis je me retirerai sur mes terres à Val-Néera.Me levant, je saluais mes anciens vassaux et quittait la salle, ne désirant pas interagir dans les luttes de pouvoir qui allaient s’enclencher. Alors que la porte se refermait derrière moi, je savais que déjà les rumeurs de mon départ se répandaient à travers la citadelle et que les intrigues politiques s’apprêtaient à aller bon train. Mais tout cela ne me concernait plus…(*) Val-Néera est une ancienne forteresse découverte par Hanegard et Jena dans ce rp. Elle est située géographiquement à l’Est de la cité de Jersada, entre la forêt et le confluent (cf. carte dans le bg « géopolitique d’Alonna »). |
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