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| D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile | |
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Agrarald Dolbarg'Ma
Nain
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| Sujet: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Lun 1 Avr 2013 - 13:39 | |
| Les chariots avançaient péniblement, les flancs battus par les vents de Favrius. Trente-cinq jours s’étaient déjà écoulés depuis que les caravaniers avaient quitté la sécurité des cavernes du nord. Malgré les pluies d’automne, le voyage s’était avéré plus facile que les Nains ne l’avaient craint. Le début de la nouvelle saison avait été clément dans les montagnes et les premières neiges se faisaient toujours attendre. Les Nains n’avaient pas affronté plus grand péril qu’un modeste groupe de VerteGueules qu’il avait été aisé de disperser. Hommes et bêtes étaient depuis longtemps accoutumés aux dangers de pareil périple. Ils connaissaient si bien la route entre la Perle du Nord et le Bouclier de Kirgan qu’ils ne se laissaient plus piéger par les virages traitres et les pentes escarpées qui en jalonnaient le parcours. Six ans déjà que les colons d’Almia venaient régulièrement s’approvisionner auprès des greniers de Thanor. Mais ce voyage était différent de tous ceux qui l’avaient précédé. Au milieu des biens extraits des ruines d’Almia, et que les Nains espéraient échanger contre des provisions, se trouvait leur guide : Agrarald Dolbarg’Ma. Le Haut-Prêtre de Mogar avait jugé qu’il était temps pour les cités naines de se rapprocher. Le temps de la Colère de Mogar était loin derrière eux et Agrarald espérait que les années avaient apaisé la haine et refermé les douleurs nées du Voile.
Au détour d’un virage de la piste, le conducteur du charriot de tête se redressa. Tenant les rênes de sa main gauche, il pressa l’épaule du passager qui paressait sur le siège à côté. Désignant le paysage qui s’offrait à eux, il dit :
- Dolbarg’Ma, réveillez-vous. Nous arrivons. Voici les berges de l’Azril-varn. - Ainsi donc ce voyage touche à son terme, grommela Agrarald après s’être étiré. Posant ses mains sur ses reins et s’étirant derechef, il ajouta : Je crois que si j’avais dû passer une journée de plus à supporter tous les cahots de cette route, mon vieux corps ne l’aurait pas supporté. Adressant un clin d’œil au Nain qui était à son côté, le Mogariste ajouta avec sérieux cette fois : Enfin, nous voici sur les contreforts de Thanor. J’ose espérer que ce voyage nous amènera plus de simples victuailles.
Sous les yeux du vieux Nain s’étirait les rives du Lac d’argent. Sous le pâle soleil de ce début d’automne, l’onde était pareille à du mercure. Ca et là quelques bancs de brume ajoutaient une aura mystique à la vision qui se déployait devant le Mogariste. Les rives du lac étaient bordées de larges champs de céréales tandis que se devinaient le long des falaises d’Arkan de vastes forêts de conifères. Au loin, des mouettes annonçaient le fjord de Boren et l’embouchure de l’océan d’Eris. Pour peu qu’Agrarald plissât les yeux, il avait l’impression de distinguer les premiers mats des vaisseaux de Thanor ainsi que les hauts murs du port. Soufflant sur ses doigts gourds pour y ramener un peu de chaleur, le vieux Nain ajouta pour lui-même :
- Puissent les Cinq veiller sur nous aujourd’hui et inspirer nos paroles. L’avenir de Petit Peuple pourrait bien se décider aujourd’hui. * * * Les chariots firent halte près des portes de la cité. Comme ils en avaient l’habitude depuis le temps que duraient ses échanges, les caravaniers d’Almia dételèrent leurs poneys et commencèrent à relever les bâches qui avaient protégé les biens extraits des flancs de la Perle du Nord. Alors que les gardes de la Porte s’apprêtaient à sortir pour inspecter le contenu des chariots, le chef de l’expédition se racla la gorge et dit :
- Vemu na hurun ganat*. Faites savoir au Haut-Conseil de Thanor qu’un hôte de marque se tient à leur porte et qu’il désire entrer dans votre bien heureuse cité. Agrarald Dolbarg’Ma, Haut-Prêtre de Mogar, Uzbad* d’Almia, demande l’autorisation de pénétrer en vos murs.
Se disant, Agrarald descendit du chariot et fit quelques pas en direction des portes de la cité. Il s’arrêta à quelques mètres du premier des gardes et lui adressa un sourire bienveillant. Ensuite, il croisa simplement les mains sur le sceptre symbole de sa fonction et attendit de voir l’accueil qu’on lui réservait. Vemu na hurun ganat = Salutation et Portez vous bien. Uzbad = Seigneur / roi / guide |
| | | Valya Brisétoile²
Nain
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Ven 5 Avr 2013 - 1:42 | |
| Dans l’Est de Thanor s’étirait le quartier des Temples, et parmi eux la vaste bâtisse du culte de Mogar dominait encore ; mais ses flèches étaient rompues, et à son fronton dépoli les inscriptions avaient été brisées par les Nains. A l’intérieur de ce sanctuaire presque désert la plupart des jours, à peine parcouru encore par quelques acolytes et de maigres poignées de fidèles, aujourd’hui pourtant, une petite foule sa massait entre les battants éboulés de la double porte. Quelques soldats de la Garde tentaient d’endiguer la marée des Nains, mais c’était peine perdue : les curieux se pressaient et débordaient devant l’enceinte du temple, interpelés par le triste malheur survenu un instant plus tôt. Du plafond à demi-défait une lourde pierre avait chu ; ses fragments reposaient à présent épars sur le sol de roche, à côté d’un enfant Nain baignant dans le sang.
Par toutes les montagnes ! Ecartez-vous.
La forte voix de Valya Brisétoile dominait le chaos de la foule, et lorsque parut la Capitaine de la Garde, sa crinière blonde rehaussant un visage aiguisé à la serpe, on se tassa et se retira contre les murs. Secondée par quatre des soldats de Thanor, Valya franchit l’enceinte du temple en ruines et vint à la rencontre des cultistes. Ils étaient là, une dizaine encore, certains arborant les emblèmes de leur clergé, parfois écornés ou délavés. Derrière eux, la statue du dieu guerrier paraissait mutilée, maintenant que le temps avait fait tomber sa main enserrant un lourd marteau.
Que s’est-il passé ? interrogea Valya sans détour.
L’enfant a voulu s’approcher de la statue du Père, mais un bloc s’est détaché du plafond. Le temple est vieux, nous ne pouvions prévoir...
Celui qui avait parlé devait être le plus sage des prêtres assemblés là, comme sa barbe était la plus blanche. A n’en pas douter, il avait dû connaître le sanctuaire au temps de la grandeur de Mogar. Son cœur de Nain devait se serrer à voir la déchéance de la bâtisse, vétuste au point de se rompre au passage d’un enfant. Valya inclina la tête devant le vénérable prêtre en signe de respect, avant de reprendre, le regard tourné vers le côté :
Qui est l’enfant ?
Hai, fils de Heri.
Les yeux de la Capitaine s’arrondirent, comme elle dévisageait le petit Nain étendu à quelques pas de là. Avec ce front barré de sang, Valya n’avait su le reconnaître : mais c’était bien le jeune Hai. Fils de Heri, lequel était mort en portant secours aux rescapés de Kirgan ; sa mère, Dwria, servait à présent dans les éclaireurs de Thanor. Ils étaient tous des Brisétoiles. Valya marcha jusqu’au petit corps, et s’agenouilla doucement à ses côtés ; alors qu’elle repoussait la barbe rougie qui commençait à envahir les tempes de l’enfant, la Capitaine murmura avec tendresse :
Ce n’est rien, Hai, les prêtres guérisseurs préparent déjà un onguent pour toi.
Les lèvres du jeune Nain tremblèrent, mais déjà il ne pouvait plus les articuler. La pierre avait violemment perforé son crâne, et des gerbes rouges recouvraient les dalles irrégulières alentour. Du sang et d’autres matières corporelles s’écoulaient tristement de sa tête, là où le Nain ne pouvait heureusement les apercevoir. Pour qui avait connu les agonies de la guerre, comme Valya les avait trop souvent vues, une œillade sur le crâne était sans appel : il n’y avait plus d’espoir pour le rejeton des Brisétoiles. D’une main la Capitaine saisit un poignard à sa ceinture, et elle se pencha plus près du jeune visage moite de sueur. La Naine n’avait pas une belle figure, mais ses traits étaient réconfortants, comme on aimerait en trouver à son chevet de malade. Un sourire étira doucement les lèvres de Valya, tandis que le couteau se plaçait sur la poitrine pleine de hoquets de l’enfant :
Tu n’as pas eu peur, Hai, tu es un vrai Brisétoile à présent.
Alors la lame pénétra doucement le torse de Hai, où elle trouva sans peine le chemin du cœur ; une nouvelle cascade de sang vint rougir les mains de Valya, comme elle extirpait le couteau de la poitrine de l’enfant. C’était fini et Hai était mort. Au moins la Capitaine lui aurait épargné un cortège de souffrances.
Alentour la foule, et la garde, s’étaient tues. Valya se releva et fit face au clergé du temple, élevant haut le couteau rougi du sang de l’enfant.
Nains de Mogar ! Vous avez laissé votre temple s’effondrer, et aujourd’hui Hai, fils de Heri, y a été tué par les pierres. Les Brisétoiles vous jugent responsables, et ils ne laisseront pas l’affront impuni.
La Naine cracha par terre pour tout défi, alors que dans sa main jaillissait son maillet de guerre. Thanor avait depuis plusieurs années renoué avec les règles d’honneur des clans, aussi Valya laverait-elle le nom des Brisétoiles à l’ancienne mode.
Une tête pour une tête. Désignez votre champion, prêtres de Mogar.
Face au clergé affaibli que constituaient ces quelques vieilles barbes blanchies, la jeunesse et la force de Valya ne laissaient déjà planer aucun doute sur l’issue d’un combat. Ce serait une exécution : mais telles étaient les austères coutumes des clans dans Thanor. La Capitaine présenta le manche du poignard ensanglanté aux cultistes, et attendit que le plus brave d’entre eux ose s’en emparer et lui livrer un combat selon les vieux rituels.
Pourtant on ne connut jamais l’issue de l’affrontement, car un messager de la Garde fit à cet instant irruption dans le temple en ruines, fendant la foule. Il vint saluer la Capitaine et délivra sans attendre son compte-rendu :
Les veilleurs rapportent que la caravane d’Almia est à la porte de l’Est, et cette fois-ci, Agrarald Dolbarg’Ma, du culte de Mogar, mène les marchands. L’Uzbad demande audience auprès d’un émissaire du Conseil de Thanor.
Agrarald d’Almia ? Voilà un Haut-Prêtre de Mogar qui choisissait son heure pour apparaître. Valya considéra un instant encore les acolytes qui lui faisaient face, intimidés qu’ils étaient à savoir que le ponte de leur culte serait bientôt accueilli dans les murs de Thanor ; certains tiraient déjà sur leurs atours défraîchis. Enfin la Capitaine déclara d’une voix qui ne souffrirait la contestation :
Nains du temple de Mogar ! Je renonce pour l’heure à percevoir le dû de mon clan. Considérez-vous tous en dette d’une vie auprès des Brisétoiles ; un tribut que je réclamerai sous deux jours dans la forme que mes pairs trouveront juste, que ce soit le sang, l’or, ou toute autre richesse.
Ayant édicté cela, Valya laissa retomber le couteau et tourna les talons. Guidée par le messager, et secondée par ses quatre gardes, elle parvint en quelques minutes à la porte de l’Est. Le quartier des Temples, toujours baigné dans l’ombre dominante du sanctuaire en ruines, avait été laissé derrière eux : au-delà des faubourgs marchands, c’était maintenant l’épaisse et haute muraille de Thanor qui découpait sa silhouette contre le ciel d’automne. Sans même gravir jusqu’au chemin de ronde pour juger de la caravane d’Almia, Valya fit ouvrir les portes de la cité : jamais des Nains amis ne devraient se voir refuser la protection de Thanor, encore moins lorsqu’un Uzbud marchait à leur tête.
On amena les carrioles dans l’enceinte de la cité. Les intendants de la Garde de Thanor firent leur office et inscrivirent à leur registre les denrées en provenance d’Almia, tandis que les marchands de la ville disposaient sur leurs trépieds de lourdes balances de cuivre. De nombreuses provisions avaient été apprêtées pour la Perle du Nord, déjà on les présentait aux Nains de la caravane. Valya laissa les négociants à leurs pesées, et alla saluer celui qui se faisait appeler leur Haut-Prêtre.
Salutations, Agrarald Dolbarg’Ma, Uzbad d’Almia. Le Conseil de Thanor s’honore de ta visite et moi, Valya Brisétoile de la Garde, espère que tu n’as traversé les territoires sauvages que pour apporter la paix.
Almia était une cité distante pour Thanor, mais importante, comme les Nains qui y combattaient tentaient d’enrayer la propagation des Gobelins. Erigé à l’autre extrémité des montagnes, le Bouclier de Kirgan soutenait de loin en loin l’effort de reconquête en fournissant à Almia les vivres qui leur faisaient défaut. Dans ces temps troublés, c’était une alliance maigre mais précieuse ; et Valya espérait qu’Agrarald ne venait pas lui signifier la mort de leurs accords.
L’uzbad n’avait pas eu le temps de répondre, que la Capitaine reprit la parole. Face à ce primat du culte de Mogar, les lois d’honneur des clans liaient la jeune Capitaine : elle éleva le bras et présenta le couteau au Haut-Prêtre. Le sang de Hai n’avait pas achevé de sécher le long du fer et il y perlait encore.
Agrarald, tu es d’Almia et non de Thanor, aussi tu es libéré des coutumes de la rétribution. Un enfant Brisétoile est mort aujourd’hui par l’imprévoyance de ton culte, et les usages de mon clan réclament leur tribut aux servants de Mogar. Ta sagesse a fait ta renommée jusqu’à ces murs : alors, parle, je t’écoute. Aujourd’hui n’est pas un jour pour qu’un de tes prêtres vienne mourir sous mes coups. |
| | | Agrarald Dolbarg'Ma
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Sam 6 Avr 2013 - 18:46 | |
| Agrarald avait suivi les gardes lorsque ces derniers étaient venus prévenir les caravaniers que la cité de Thanor leur accordait l’hospitalité. Il avait entendu la jeune Valya Brisétoile, capitaine de la Garde, le questionner à propos de paix. A présent, il observait sans mot dire le couteau qui se dressait entre eux deux. La lame en était encore empoissée d’un sang rouge et épais qui gouttait entre les deux Nains. Déjà il avait imprimé sa marque sur la pierre aux pieds de la Capitaine de la Garde. Ses mains toujours croisées sur le sceptre symbole de sa charge, Agrarald attendit que le silence se fit autour du couple qu’il formait avec Valya. La capitaine avait en effet précédée la venue d’un groupe d’une vingtaine d’individus qui, du moins Agrarald l’imaginait ainsi, l’avaient suivie depuis le temple. Ces derniers avaient les traits marqués par la colère et l’indignation. Et tous avaient désormais le regard rivé sur le Haut-Prêtre de Mogar. L’espace d’une seconde, il sembla au vieux Nain que l’époque du Voile était revenue le hanter. Devant ses yeux ambrés dansaient les lueurs d’anciennes insultes et malédictions qu’il avait dû endurer alors que les tunnels de Kirgan étaient encore dévorés par les flammes. Reprenant ses esprits, le Mogariste hocha gravement la tête. D’une voix forte et assurée, il dit :
- Je viens en effet porteur de Paix. Les caravaniers qui m’ont escorté depuis la lointaine Almia ne transportent rien de moins que nos plus belles trouvailles extirpées des griffes des Râkhas. Ayant prononcé ce mot maudit, il cracha au sol prenant bien soin de le faire sans toucher le sang qui avait coulé entre lui et son interlocutrice. Il reprit ensuite : Ainsi en va-t-il depuis maintenant plus de six ans entre l’Ancienne Perle du Nord et le Bouclier de Kirgan sans que l’une ou l’autre partie ait eu à se plaindre de pareilles rencontres. Puisse le Père veiller à ce qu’il en soit toujours ainsi.
Ce disant, Agrarald esquissa le symbole du Père, poing droit fermé venant frapper la paume de la main gauche levée à hauteur des yeux. Délibérément, il laissa choir son sceptre au sol. Lorsque l’acier qui surmontait la hampe de chêne vint frapper le sol, il résonna avec force sur le sol pavé de Thanor. Sans prendre la peine de ramasser le symbole de sa charge, Agrarald écarta largement ses mains, offrant sa poitrine à la pointe du couteau que tenait la jeune Capitaine. Il demeura ainsi durant de longues secondes afin que tous les témoins de la scène ne manquâssent pas une miette du spectacle. Enfin, il croisa ses mains sur sa poitrine et reprit :
- Je suis en effet, l’Uzbad d’Almia. Mais je suis avant tout le Haut-Prêtre de Mogar et, à ce titre, il m’incombe de répondre de tous les crimes dont on accuse les serviteurs du Père. Si l’imprévoyance des miens a bel et bien coûté la vie d’un innocent, alors j’en répondrai personnellement devant le Haut-Conseil de Thanor. Et si le Conseil, dans sa sagesse est convaincu de la culpabilité des miens, l'ancienne loi des clans s’appliquera. J’en fais le serment devant Mogar. Après une courte pause, Agrarald ajouta : Mais, afin de juger de la responsabilité des miens, je souhaiterais que l’on me mène au lieu où git l’enfant.
Ayant ainsi parlé, Agrarald s’agenouilla pour récupérer son sceptre. Ce faisant, il trempa son index dans le sang qui avait perlé du couteau. Avec dextérité, il traça une rune de Mogar sur la paume de sa main gauche et l’écacha. Tandis qu’une petite flamme naissait dans le creux da sa main, il prononça les paroles rituelles avant de souffler la flammèche :
- Toi qui as trouvé la mort, puisses-tu retourner au Père. Que le souvenir de cette flamme te guide dans l’obscurité de Tari et qu’ainsi Mogar demeure à tes côtés dans le royaume des ombres. |
| | | Valya Brisétoile²
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Dim 7 Avr 2013 - 4:16 | |
| La voix du Haut-Prêtre était profonde et chaude, et ses paroles se montraient pleines de sagesse. Valya demeura face à l’Uzbad, la pointe du couteau tournée vers lui, tandis qu’Agrarald ouvrait largement les bras et offrait sa poitrine battante. La Capitaine ne songea ni à frapper le torse offert à la revanche des Brisétoiles, ni à cracher pour défier le Haut-Prêtre. Elle demeura silencieuse, et admira la figure placide mais grave de l’Uzbad, pendant que derrière eux la petite foule grondait. Quel nouveau tour de Mogar était-ce à présent ? songeaient les Nains frondeurs. Vers ceux-là, Valya se retourna et elle proclama :
Jusqu’à ce que les Brisétoiles décident de la rétribution pour le sang de Hai, Agrarald Dolbarg’Ma est sous la protection de mon clan. Qui lève la main sur lui, brise les lois sacrées de l’honneur, et ne mérite pas que Thanor le protège derrière ses remparts une journée de plus.
Puis la Capitaine revint sur le Haut-Prêtre, et comme elle lui faisait face, ses yeux avaient peine à voir la tristesse qui avait labouré les traits de l’almien. Les années depuis la colère de Mogar avaient dû être terribles, mais lorsque l’Uzbad franchissait enfin les portes de Thanor, voilà que les Nains grognaient à nouveau et réclamaient sa tête. Pour ces guerriers de l’Est qui luttaient pied à pied contre les Gobelins, Valya eut honte à savoir ses propres frères et ses sœurs retranchés à l’abri du haut rempart du Bouclier.
Comme la petite foule maugréait encore dix pas derrière les deux Nains, la Capitaine se pencha en avant et, une main passée sur l’épaule du Haut-Prêtre, elle murmura dans le creux de son oreille :
Si ce n’était pour les usages des clans, j’aurais voulu t’accueillir avec un festin, et des rires et des chants plutôt que ces cris de colère. La coutume est ingrate : les Brisétoiles réclament leur tribut et oublient que sans le Père, les portes de Thanor seraient depuis longtemps tombées. La fureur de mon clan n’est pas la mienne.
De sa main droite, Valya présenta au Haut-Prêtre son court maillet de guerre, robuste et forgé du meilleur acier Nain. C’était avec cette masse qu’elle avait tenu les murailles de la cité, et tous les clans lui devaient la vie d’un frère, d’un fils ou d’un père. Sur la tête de l’arme s’étalait largement l’emblème de Mogar, comme le maillet avait couru au travers des générations pour échoir à la Capitaine.
Ta sagesse est grande, Agrarald, poursuivit Valya, et après un instant de réflexion, elle ajouta : Si grande que peut-être, le sang d’aucun des serviteurs du Père ne devra couler aujourd’hui. Aussi, je n’aurai pas besoin de cette arme.
La Capitaine s’écarta alors du Haut-Prêtre, et marcha vers les marchands de Thanor qui négociaient déjà les trésors de la Perle du Nord. Les larges balances de cuivre avaient été dressées, et sur leurs plateaux en équilibre, on mesurait le paiement qu’Almia recevrait pour ses richesses. Valya avança le marteau frappé du sigle de Mogar et le déposa sur l’instrument des négociants, augmentant sensiblement la masse des vivres qui reviendrait aux Nains de l’Est. Aux regards interrogateurs des marchands, la Capitaine répondit qu’elle pourvoirait à la différence.
Viens, Agrarald, Uzbad d’Almia, accompagne-moi, déclara Valya en se retournant : nous allons au Temple.
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| | | Agrarald Dolbarg'Ma
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Jeu 11 Avr 2013 - 13:24 | |
| Tandis que Valya l’entrainait à sa suite en direction du temple, Agrarald resserra sa pelisse en peau d’ours autour de ses épaules. Pour sa première visite à Thanor depuis de trop nombreuses années, le Haut-Prêtre de Mogar avait délaissé l’armure qui était sienne depuis que les siens avaient entrepris la reconquête d’Almia. Afin de ne pas inquiéter les habitants de Thanor, il s’était contenté de se vêtir d’habits simples aux couleurs de son ordre. Sur des chausses brunes, il avait passé une tunique de lin teintée d’azur et resserrée à la taille par une ceinture frappée de la rune de Mogar. Cette tenue, pour appropriée et modeste qu’elle fût, ne le réchauffait guère. Aussi Agrarald n’aurait su dire si les frissons qu’il avait ressentis s’expliquaient par la fraicheur des vents de Favrius, fréquents si près de l’Océan d’Eris, ou par l’hostilité que les habitants de la cité manifestaient à son encontre. Visiblement, les cicatrices de la Colère de Mogar ne s’étaient toujours pas refermées si loin dans le Sud. Quoiqu’il en soit, la proximité de la Capitaine de la Garde réchauffait quelque peu le cœur du vieux Nain. Les paroles apaisantes de la jeune femme, le geste qu’elle avait eu en faveur des caravaniers d’Almia et le fait qu’elle l’ait pris sous la protection de son clan contribuaient à la lui rendre éminemment sympathique. En outre, ses yeux et son visage ouvert avaient immédiatement séduit le vieux Nain. A son bras, il avait le sentiment de retrouver une amie perdue de vue depuis de trop nombreuses années. Tandis qu’ils cheminaient côte à côte, Agrarald observait les rues qui s’ouvraient devant eux, attentif aux merveilles qui y étaient exposées. Le moins qu’il pouvait dire était que Thanor était bien différente d’Almia. Et contrairement à ce qu’un observateur extérieur aurait pu croire, la différence fondamentale entre les deux cités n’était pas que l’une étendait ses racines profondément sous la terre alors que l’autre s’épanouissait sous les cieux. Non, au fur et à mesure que le Bouclier de Kirgan s’offrait au regard d’Agrarald, le Haut-Prêtre se rendait compte qu’Almia ne méritait pas pour l’heure qu’on la qualifiât de cité. Contrairement à Thanor, l’architecture de la Perle du Nord n’était rien de plus qu’un lointain écho de sa splendeur passée. Pas d’arches majestueuses sous lesquelles les pas des marcheurs résonnaient longuement avant de se perdre au loin. Disparues les allées de colonnades sur lesquelles se dressaient fièrement les visages des Anciens. Envolées les façades sculptées des échoppes et des tavernes qui faisaient la fierté de Thanor. Réduites en poussières les fresques où se racontaient les origines des clans. Avec un pincement au cœur, Agrarald prit conscience pour la première fois qu’il était peut-être trop tard pour que la cité qu’il chérissait de toute son âme renaquît de ses cendres. Mais tandis qu’il ruminait ses sombres pensées, Valya et lui croisèrent un groupe d’ancêtres qui demeuraient pour l’heure assis sur un banc de marbre, protégés du vent par une statue de Tari. Alors qu’Agrarald croisait leurs regards et inclinait machinalement la tête dans leur direction, il eut la surprise de voir l’un des ses vénérables vieillards se redresser. Avec des gestes lents et solennels, le Nain le salua selon l’antique voie, frappant son poing droit sur la paume de sa main gauche. Ce simple geste, aussi anodin eût-il pu sembler à d’autres, soulagea le Haut-Prêtre d’un énorme poids. Ainsi, tout n’était pas perdu. Certains vénéraient encore les anciennes coutumes et se souvenaient de l’importance du Père. Ce fut donc le cœur plus léger qu’il pénétra dans le quartier des temples. * * * Sis à l’est de Thanor, le quartier des temples s’organisait autour d’une vaste esplanade pavée de larges dalles gravées en l’honneur des Dieux. Aux quatre coins de la place avait été érigés les temples des divinités principales de la société naine. Ainsi trouvait-on les temples des deux grandes déesses au nord de la place, Briessa au nord-ouest et Néra au nord-est. Venait ensuite le temple d’Arcam au sud-est. De moindre taille que les autres, il n’en était pas moins admirablement sculpté. En été, ses larges vitraux laissaient pénétrer chaleur et lumière au cœur du sanctuaire, invitant les fidèles à venir y puiser réconfort et joie. Mais comme pour rappeler que rien n’est éternel sur cette terre, le bonheur moins que tout autre chose, se dressait au sud-ouest l’imposant et sombre temple de Tari. Ses murs avaient été érigés en basalte noir et, certains jours d’automne, on avait l’impression que les murs se mettaient à pleurer pour les âmes des Nains tombés loin de chez eux. Enfin, au centre de l’esplanade, en plein cœur du quartier, entouré des chapelles des divinités mineures, se trouvait le temple de Mogar. Avant le Voile, il avait été l’un des plus beaux bâtiments de la cité. Ses murs de granit et de marbre étaient tout à la fois résistants et d’une beauté à couper le souffle. Ils avaient été sculptés avec soin et minutie. Pour peu qu’un observateur eût pris le temps d’en faire le tour complet, il eût pu apprendre tout ou presque de l’histoire de la Nanie, tant l’histoire du Père était liée à celle du Petit Peuple. De hautes flèches, taillées pour ressembler à des marteaux portant des runes de protection, se déployaient en direction des cieux. En hommage à l’Aveugle vigilant et en mémoire de sa réclusion au cœur des Montagnes, les hautes façades du temple étaient dépourvues d’ouvertures à l’exception des larges doubles portes de chêne scpulté. Si bien qu’en pénétrant au cœur du sanctuaire, les fidèles avaient le sentiment de retrouver le cœur des monts ancestraux. Mais, en dépit de l’absence d’ouvertures, le temple de Mogar n’avait jamais été un lieu triste et froid. La présence de Mogar, père du feu, était visible partout : d’immenses braseros de cuivres pendaient du plafond au bout de lourdes chaînes, des bougies brûlaient partout, illuminant tout d’une douce lueur. Des bancs de pierres attendaient les fidèles qui venaient écouter les prêches des prêtres ou simplement se recueillir devant les fresques retraçant les exploits guerriers des Nains. Enfin, surplombant le maître autel, une immense statue du Père veillait sur les fidèles. Aujourd’hui, le temple de Mogar n’était plus que l’ombre de lui-même. Agrarald observa le sanctuaire de longues minutes avant d’oser y pénétrer. Les fresques qui en avait fait la fierté avaient presque toutes étaient détruites. On n’y distinguait plus que quelques figures éparses et impossibles à reconnaitre. Les flèches étaient à demi effondrées. Triste amas de débris laissé là où elles avaient chu. Jusqu’aux portes qui pendaient misérablement sur leurs gonds tordus. A l’intérieur, une fois que les badauds se pressant près des portes eurent laissé le passage au Haut-Prêtre, le choc fut pire encore pour le vieux Nain : les braseros avaient été jetés au sol et n’étaient plus emplis que de cendres froides. Des pans de murs entiers s’étaient écroulés et les gravas n’avaient même pas été sortis du temple. La statue de Mogar avait perdu son marteau et le visage du Dieu avait été martelé, donnant au sévère visage du Père un air grotesque et pitoyable. Longtemps, Agrarald demeura silencieux. A pas lents, il remonta l’allée et s’agenouilla aux côtés de la dépouille du jeune enfant. Lorsqu’il se releva, tous purent voir les sillons que ses larmes avaient laissés sur son visage buriné. Sans mots dire, il laissa son regard s’appesantir sur chacun des acolytes qui étaient demeurés dans le temple. Un à un, ils baissèrent la tête et se perdirent dans la contemplation de leurs pieds. Ses pas résonnant tristement dans le sanctuaire en ruine, Agrarald vint se placer à la place qui de tout temps avait toujours été réservée aux prêtres présidant à l’office : près du maître autel, juste sous la statue de Mogar. D’un mouvement sec, il fit claquer le bout ferré de son sceptre sur les dalles de marbre. Après avoir une dernière fois laissé planer son regard sur l’assistance, il prit la parole. Sa voix reflétait une infinie tristesse ainsi qu’une grande lassitude.
- Peuple de Thanor, clan Brisétoile, un enfant, l’un des vôtres, gît dans ce temple. Vous accusez le clergé de mon ordre d’être responsable de sa mort. D’un ample geste du bras, Agrarald les désigna à la foule réunie. Observez-les, ils sont tous là… Neuf Nains faisant face à des milliers. S’accordant une courte pause, Agrarald désigna de son sceptre la lumière qui pénétrait par la porte brisée. D’une voix sourde, il poursuivit : Pour parvenir jusqu’à ce lieu, j’ai traversé votre cité. J’ai été émerveillé par ce que j’y ai vu. Elle est construite en bonnes et belles pierres. Solides et magnifiques sont vos demeures. Richement décorées vos façades. Mon cœur s’est serré devant cette vision. Aucun d’entre vous n’ignore que je suis d’Almia à présent. Je vis en plein cœur d’une cité ravagée. Mes frères almiens et moi-même luttons jour après jour pour reconquérir les pierres de notre cité, les arracher aux griffes des Râkhas.
Agrarald se tut et ferma les yeux. Baissant la tête, il prit quelques secondes pour lui avant de reprendre d’une voix réduite à un murmure.
- Mais jamais nous n’avons laissé un temple à l’abandon pour qu’il devienne pareille ruine. Ce n’est pas le Père que vous punissez en agissant de la sorte ! Vous insultez Lirgan et tous ceux de vos pères qui ont œuvré pour ériger ses murs ! Je répondrai de tous les crimes dont vous accuserez ses neuf Nains. J’en répondrai par l’or, le feu, l’acier ou le sang si vous le jugez nécessaire. Mais en mon âme, je ne pense pas que les responsables de la mort de cet enfant soient à chercher auprès des miens. Regardez en vos cœurs, habitants du Bouclier. Voyez ce que vous deviez protéger.
Ayant ainsi parlé, Agrarald fit à nouveau résonner son sceptre sur le sol de pierre. Traçant des runes de feu dans la poussière qui maculait le maître autel, il lança deux langues de feu en direction des braseros jetés au sol. Des cendres naquirent de hautes et belles flammes qui jetèrent une lumière crue sur la décrépitude du temple. |
| | | Valya Brisétoile²
Nain
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Dim 14 Avr 2013 - 3:00 | |
| Voici qui n’est pas digne de Thanor.
Valya avait quitté le sillage d’Agrarald, elle arpentait maintenant les pierres éboulées du Temple tandis que lui allait au maître autel. Ses bottes de la Garde piétinaient la poussière, les débris et la crasse, mêlés par les années de négligence. Quelqu'un avait rejeté son devoir pour que le sanctuaire soit tombé en un tel état de ruines. Valya était Capitaine de la Garde de Thanor depuis de longues années à présent, sa vie et son sang avaient été placés à la défense des murailles de la cité. Avec les plus braves des Nains, elle devait veiller à ce que le Bouclier de Kirgan résiste et ne chute pas : de nombreux clans avaient perdus des fils pour protéger ces remparts. Mais découvrir que, derrière les portes veillées par la Garde, la cité s’effondrait d’elle-même, Valya en concevait une grande colère. Que le culte de Mogar ait été trop faible, ou que Thanor tout entière ait méprisé les affres du temps sur la pierre, cela serait tranché aujourd’hui, et avec le renfort du sage Agrarald. Mais pour l’heure Valya, elle qui avait offert aux balances de cuivre son lourd marteau frappé du sigle de Mogar, sentait une profonde tristesse l'envahir : les Nains n’avaient ni sauvé ni anéanti ce Temple, ils avaient laissé le lichen noyauter ses parois irrésistiblement. La Capitaine ne combattait pas pour préserver une cité de lâches.
Alors la voix du Haut-Prêtre enroulé dans sa petite pelisse s’éleva, à peine un murmure, et vint envelopper toute l’assistance soudain muette. Et comme il parlait, les braseros se rallumèrent soudain, jetant leurs lueurs chaudes sur des murs décrépis et des piliers blafards. Les flammes vinrent aussi lécher le petit corps de Hai, fils de Heri, et dorer le sang rouge qui n’avait cessé de couler hors de son front fracturé. A voir quelques mouches entamer leur danse autour de la dépouille, Valya lança ces mots aux gardes :
Enveloppez et apprêtez le corps, j’irai moi-même le porter à Dwria, sa mère, lorsque tout sera fini.
Les Nains alentours avaient tous fait silence : les paroles d’Agrarald étaient terriblement dures à leurs oreilles, et quelques-uns baissaient les yeux. La Capitaine sentait la tristesse et la fureur se mêler dans son propre cœur, et elle répondit d’une voix lasse mais douce :
Haut-Prêtre Agrarald, j’ai maintenu mes hommages au Père, même lorsque sa colère nous a frappés. A l’inverse d’autres, je n’ai pas dégrafé ses insignes lorsqu’ils ornaient mes armes, et toujours lorsque nous courions à la bataille, j’ai confié la vie des miens à son regard. Les Brisétoiles n’ont pas fauté et ils réclameront leur tribut pour la mort de Hai.
Les yeux de la Capitaine balayaient l’intérieur du Temple : ils couraient depuis les prêtres âgés de Mogar, presqu’apeurés, et venaient sur la masse honteuse des Nains de Thanor.
Que notre rétribution soit à aller chercher auprès des fidèles du Père, ou bien de Thanor et ses Nains négligents, j’irai. Les Brisétoiles n’ont qu’une parole.
Le ton de la Capitaine s’était fait plus dur, comme son regard revenait sur le Haut-Prêtre dressé derrière le maître autel :
Tes accusations contre Thanor dépassent mon clan, Agrarald, Uzbad d’Almia. C’est à un Nain plus sage que moi de trancher cette question. Nous irons trouver Alaric Œil-Tempête.
D’un geste Valya invita le Haut-Prêtre à l’accompagner à nouveau, tandis qu’elle rassemblait une escorte pour l’émissaire d’Almia. Ils quittèrent le Temple et allèrent trouver le Seigneur des runes de Thanor. |
| | | Agrarald Dolbarg'Ma
Nain
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Dim 14 Avr 2013 - 10:12 | |
| Agrarald entendait jusqu'à la respiration des Nains qui observaient la scène. Le temple bien que plus rempli qu'il ne l'avait été depuis de longues années était aussi silencieux qu'un tombeau. Et tandis que le regard du vieux prêtre balayait la scène et s’appesantissait sur le cadavre du jeune garçon et les pierres branlantes, Agrarald comprit que c'était bien là où il se trouvait : dans un tombeau. Il entendit les paroles de Valya et y répondit par un hochement de tête. Et lorsque la jeune femme lui proposa de l'amener voir un certain Alaric Oeil-Tempête, Agrarald lui emboita le pas. Mais avant qu'ils ne quittent le temple et ne se perdent dans la cité, le Haut-Prêtre de Mogar lui glissa à l'oreille :
- Capitaine, ne vous méprenez pas sur mes intentions. Je ne cherche pas à me dérober vis-à-vis des engagements que j'ai pris envers les Brisétoiles. Je ne cherche même pas à excuser les miens. Ils auraient dû faire quelque chose pour ce temple ou avoir le courage de s'en référer à d'autres. Mogar n'aime pas l'inactivité. Pressant le pas pour se maintenir à hauteur de la jeune femme, il poursuivit : Mais j'ai parlé avec mon coeur tout à l'heure car je crois vraiment que la cité toute entière est pour quelque chose dans le malheur qui vous frappe. Quoiqu'il en soit, soyez assurée que j’honorerai cette dette, fut-ce par mon propre sang.
Ayant prononcé ces ultimes paroles dans un murmure destiné aux seules oreilles de Valya, Agrarald s'enveloppa dans sa cape et suivit sans plus rien ajouter son guide dans les rues de Thanor. |
| | | Alaric Œil-Tempête
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Lun 15 Avr 2013 - 21:42 | |
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Il s'essuya le front d'un revers de la main et trempa la spalières qu'il venait d'enchanter. Même si d'autres runistes auraient rit à l'emploi de ce terme pour une telle oeuvre. Une simple protection contre la rouille, contre l'usure, n'est pas un enchantement, auraient-ils sans doute raillé. Mais Alaric savait qu'une armure de qualité était un atout précieux pour un soldat, que lorsque son armure ne se briserait pas par l'usure, que quand son armure bloquerait un carreau lors d'une longue campagne aussi sanglante qu'humide, il considérerait ces quelques runes comme le meilleur des enchantements existant sur Miradelphia.
C'était dans cet esprit là qu'Alaric forgeait des artéfacts quand il en avait le temps. Il ne désirait pas créer des armes surpuissantes ou des oeuvres de complexité dignes de Yaron lui-même. Il voulait seulement que celui qui en aurait l'usage puisse un jour être satisfait. Et satisfait de voir sa vie sauve plutôt que de contempler un pouvoir destructeur. C'était toujours ainsi qu'il avait procédé, même dans ses plus grande création, la qualité et la longévité plutôt que l’opulence et le spectaculaire.
Il jeta sans ménagement la pièce de l'armure avec les autres. Celles-là n'iraient pas à Sardar, oh non. Celles-là seraient pour Thanor. Il était plus que temps que le travail des Nains servent avant tout à eux-mêmes plutôt qu'à ces rats, ces parasites de Soltari. Les caisses étaient bien remplies, bien que la suffisance de la cité ne soit pas encore assurée, Alaric avait bon espoir qu'elle le deviendrait en renouant avec une des deux cité restante de la Nanie. Et si l'avenir n'allait pas dans ce sens, ils étaient certainement assez forts désormais pour arracher au Râkhas quelques terrains de chasse et les sécuriser suffisamment pour que les terres actuellement impossibles à exploiter le deviennent.
Cependant, ce genre de décision appartenait encore à l'assemblée des Clans. Aussi, il se détourna de son enclume, abandonnant là ses pensées pour se diriger vers une alcôve dans le mur de pierre nue où trônait un seau d'eau clair qu'il retourna sans autre cérémonie sur sa tête. Sentant l'eau dégouliner le long de son torse et de son dos nus sous son grand tablier de cuir et enlever ainsi une bonne partie de la crasse et de la sueur. Il y avait encore fort à faire pour devenir présentable, mais c'était un début.
Il s'assit sur un banc de pierre au dessous de l'alcôve et écouta les échos du hall des forges. Le hall était constitué d'une succession de forges, chacune reliée à la suivante par une porte dans les murs et par le grand couloir en arrière où circulait les charrettes emplies de bois, d'acier, de charbon ou des pièces fraîchement forgée. Celui-ci était lui-même accolé au rempart du fort. Surélevé de près de trois mettre par rapport aux forges, les cargaisons étaient chargées par d'astucieuses machines à poulies qui ne nécessitaient que trois nains.
Pour ce qui était des barres d'acier, il était déchargé dans un conduit creuser dans un des murs latéraux et rejoignait ainsi une réserve accessible pour deux forges. Il en était de même pour le bois ou le charbon sur le deuxième mur. Le mur qui retenait la terre et évitait qu'elle ne s'affaisse sous le poids des convois servait de mur de fond aux forges et était orné d'un escalier permettant aux forgerons d'aller vers leur fourneau et leur enclume. la disposition des lieu rendait la chaleur y régnant étouffante. Mais elle permettait tout de même de fabriquer une grande quantité de pièces en un temps réduit et de les acheminer en droite ligne vers le port, la rue principale qui y menait étant une prolongation du couloir où circulaient les convois. Cette configuration aurait eu de quoi confondre en regard du système clanique qui avait été réinstallé dans la cité, mais à l'époque où les castes étaient encore en place, la question ne se posait pas et elle devenait d'une logique imparable.
Il se releva saisit son marteau, devenu son compagnon de toujours depuis la destruction de Kirgan et remonta vers le couloir. Il marcha ensuite en direction d'une poterne qui menait à la tour des runes de Thanor. Une bâtisse à la structure si complexe et si délicate que si on excluait le temple de Mogar, elle demeurait encore en travaux sept ans après sa destruction partielle. Arrivé au pied des marches, non loin de l'arcade qui formait l'entrée du Hall des Forges, Alaric s'arrêta, avisant une troupe en arme qui approchait de lui.
Fronçant les sourcils, il se tourna vers elle, son améthyste capta dans le même mouvement un rayon de soleil donnant naissance à un bref éclat de lumière violette sur la poitrine du Seigneur des Runes. Appuyant ses mains sur la tête de kharoghan et fit face aux visiteur, le visage peu amène. Mais il fallait bien avouer que depuis Kirgan, il n'avait plus jamais vraiment connu la joie. En son for intérieur, Alaric pressentit la venue de nouveaux ennuis...
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| | | Valya Brisétoile²
Nain
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Lun 22 Avr 2013 - 16:33 | |
| Tu es un Nain à l’esprit sage, Agrarald, Uzbald d’Almia, et ensemble, nous apaiserons la colère de mon clan et de cette foule.
Escortés comme le dictait la coutume, la Capitaine et le Haut-Prêtre quittèrent le quartier des Temples, et ses grondements frondeurs, pour rejoindre la tour des runes d’Alaric Œil-Tempête. A n’en pas douter, de nombreux regards les accompagnèrent comme ils traversaient la cité : voilà un long moment, même de mémoire de Nain, qu’on n’avait plus vu une compagnie si étrange s’associer dans la ville. Comme lorsque Agrarald avait procédé depuis la grande porte de l’Est jusqu’au sanctuaire de Mogar, on l'observa, et beaucoup de Nains avaient oublié jusqu’à la dignité des prophètes du Père. Quelques anciens de Kirgan, maintenant regroupés à Thanor en clans disparates et bigarrés, crachèrent sur le passage du Prêtre, mais un regard implacable de Valya les fit ravaler leur salive ; et lorsque des Nains frappés du blason des clans guerriers, parfois, des Rougehaches, voyaient cheminer le fidèle de Mogar, eux le saluaient.
A parvenir devant la porte de la tour des runes, la petite troupe avisa qu’Alaric revenait des forges. C’était un Nain puissant, craint pour son courroux, aimé pour sa sagesse, et entre ses mains musculeuses il portait le kharoghan. L’Œil-Tempête avait pour renom d’être le plus avisé des Nains à l’intérieur des murs de Thanor, et lorsque Valya laissa son regard errer sur le profil digne d’Agrarald, elle se prit à espérer qu’Alaric ferait honneur à sa réputation : si l’Uzbad d’Almia avait risqué un si grand périple pour venir saluer les Nains de l’Ouest, ce ne devait pas être pour ne trouver que déraison et violence.
Vemu na hurun ganat, Alaric Œil-Tempête.
Valya s’inclina devant l’aîné ; depuis ces quelques années, et la dislocation du système de castes, l’étiquette avait repris sur la vie de Thanor une emprise irrépressible.
Un Brisétoile est mort aujourd’hui dans le Temple en ruines de Mogar, et mon clan exige rétribution. Mais comme j’allais réclamer notre tribut de sang aux Prêtres, l’Uzbad d’Almia a pointé que c’était la négligence des Nains de Thanor qui avait coûté la vie de Hai. La sagesse d’Agrarald Dolbarg’Ma est grande, et je respecte les paroles du Haut-Prêtre du Père ; aussi je demande au Haut-Conseil d’éclairer le jugement de mon clan dans cette affaire.
La Brisétoile était Capitaine de la garde, plus habile à défendre une citadelle qu’à interroger la sagesse des coutumes. A son esprit militaire, ce dilemme sonnait comme un rappel à la prospère Thanor que d’autres Nains vivaient encore au-dehors de ses murs ; la cité avait longtemps été isolée, ses coutumes se trouvaient trop raidies, et voilà qu’un Almien et un Mogariste venait les bousculer. Il faudrait assurément une grande sagesse pour concilier l’Est et l’Ouest de cet ancien Royaume maintenant tombé. Mais pour Alaric, qui portait le double de l’âge de Valya, son esprit sage devait déjà discerner les lointaines répercussions de cet accident ; à ses yeux devaient apparaître des conséquences qui restaient hors d’atteinte de la robuste Brisétoile. Aussi la Capitaine laissa-t-elle le vieux Nain réfléchir en paix, et elle adressa à l’escorte des messages pour les quatre autre Conseillers de Thanor :
Que le Conseil se réunisse ; nous allons lui soumettre l’affaire à l’instant.
Les salutations d’usage échangées, Valya ouvrit la voie pour Alaric et Agrarald, et mena la troupe jusque dans les entrailles de Thanor. C’était dans la ville creusée à même la montagne, loin dans les anciennes fondations de la cité, que siégeait le Conseil. Lorsqu’ils parvinrent tous à la grande porte, les torchères avaient été allumées dans la salle, signe que le reste du Conseil les attendait déjà. La pièce était une rotonde de marbre gris, bâtie pour assurer l’égalité des membres : une table en demi-lune rassemblait les six sièges, et devant elle se tenait une dalle polie par les pas, sur laquelle se tenaient les demandeurs. A la suite d’Alaric, qui devait pénétrer le premier dans la salle, Valya entra à son tour ; l’atmosphère était fraîche dans la cavité, et les torchères éclairaient d’une douce lueur l’endroit. Lorsque le Conseil se fut apprêté, la Capitaine rappela d’une voix claire les faits, puis elle déclara :
Le Clan Brisétoile s’honorerait d’entendre la sagesse du Conseil, afin de l’éclairer dans son jugement de rétribution.
Alors Valya fit un pas de côté, afin de laisser s’exprimer Agrarald face au Haut-Conseil. Mais elle ne retourna pas s’asseoir, comme son clan était engagé dans l’affaire. D’un simple sourire, la Capitaine encouragea l’Uzbad à parler avec autant de mesure qu’il en avait prouvée dans l’enceinte du Temple.
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| | | Agrarald Dolbarg'Ma
Nain
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Sam 27 Avr 2013 - 13:56 | |
| Agrarald s’éclaircit la gorge avant d’incliner la tête à l’attention des membres du Haut-Conseil de Thanor. Lorsqu’il releva les yeux, il prit une courte inspiration et se lança.
- Hauts-Conseillers, ainsi que la Capitaine de la Garde vient de vous l’expliquer, un jeune membre de son clan a trouvé la mort dans le temple de Mogar ce matin. Il s’agit-là assurément d’une triste histoire et d’un funeste présage. En prenant la route il y a déjà plus d’un mois, je n’imaginais pas que notre première rencontre se déroulerait sous pareils auspices. Agrarald fit une courte pause et lissa sa barbe. Avant de nous entretenir au sujet des affaires qui m’ont amené dans votre belle cité, je crois important de tirer cette affaire au clair. Une dette a été contractée, elle doit être réglée.
Agrarald avait conscience de parler de façon quelque peu grandiloquente mais les lieux semblaient se prêter à pareil ton. Silencieux désormais, il prit le temps d’observer les visages des cinq conseillers. Valya les avait présentés sitôt qu’ils avaient pénétré dans la salle du Conseil, mais il s’était alors s’agit d’une présentation purement formelle. Agrarald aurait aimé en apprendre davantage sur eux. Néanmoins, il lui fallait se rendre à l’évidence et se contenter des informations qu’il avait en sa possession. Tandis que lui-même se tenait debout sous les regards inquisiteurs du Conseil, le Haut-Prêtre de Mogar cherchait à percevoir les pensées de ses juges. Au centre de la table de marbre blanc taillée en demi-lune, siégeant avec prestance, se tenait celui que Valya lui avait présenté sous le nom d’Alaric Œil-de-Tempête. A sa gauche se tenaient Tarja Main-de-Jade au regard d’émeraude ainsi que Morek Tête-de-Fer. Ce dernier jetait un regard froid sur la personne d’Agrarald. Directement à la droite d’Alaric venait Olfar Veinebronze qui souriait tristement au Haut-Prêtre de Mogar. Venaient enfin Haldin Barbedrue et le siège vacant qu’occupait habituellement Valya. Durant de longues secondes, Agrarald demeura silencieux. Le calme de la salle du Conseil n’était troublé que le crépitement des feux qui éclairaient la scène. Puis, croisant ses mains sur son sceptre, le vieux prêtre de Mogar se racla la gorge. De sa voix sourde et rocailleuse, il dit :
- Je sais que depuis le Voile, le clergé de Mogar n’est pas tenu en haute estime par beaucoup de nos compatriotes. Marquant une courte pause et balayant l’air de sa main gauche comme pour éluder cet aspect de la question, il poursuivit : Mais je doute que le moment soit bien choisi pour aborder ce sujet. Tout ce que je sais en revanche, c’est qu’il ne serait pas juste, membres du Haut-Conseil de Thanor, de faire reposer sur neuf Nains la faute de tous. Après un court silence, Agrarald reprit : Oui, le temple de Mogar n’est plus qu’une ruine, je n’en disconviens pas. Mais demandez-vous qui en sont les responsables ? Les fidèles de Mogar ou ceux qui se sont détournés de lui ? Ceux qui le servent quotidiennement dans un temple qui menace de s’écrouler sur eux ; ou tous les autres qui n’y ont pas mis les pieds depuis des années et oublient les offrandes dues au Père ?
Ayant ainsi parlé, Agrarald prit le temps de respirer et laissa au Conseil le loisir d’assimiler ce qu’il venait de dire. Tout en reprenant son souffle, il jaugea ses interlocuteurs et chercha à deviner quelles pouvaient bien être les conséquences de ses paroles. Le visage d’Alaric demeurait impassible et Agrarald n’aurait su dire ce que le vieux Nain pensait de lui. Tarja et Olfar semblaient plutôt enclins à lui accorder le bénéfice du doute. Morek quant à lui ne desserrait pas les dents et lançait à Agrarald des regards ou le mépris le disputait à la colère. Venait enfin Haldin Barbedrue qui demeurait une vivante énigme aux yeux du Haut-Prêtre de Mogar. Sans se départir de son calme, Agrarald poursuivit sa plaidoirie.
- N’allez pas croire pour autant que je dispense mes acolytes de toute responsabilité dans les évènements qui endeuillent le clan Brisétoile et votre cité. Ils auraient dû faire leur possible pour ranimer la foi de Mogar au cœur de votre cité. Ils auraient dû se battre pour obtenir des fonds suffisants et remettre le sanctuaire en état. Ils auraient dû, enfin, avoir le courage de m’avertir de l’état déplorable dans lequel était votre temple. Aussi, pour toutes ces raisons, ils sont coupables vis-à-vis du Père. Agrarald frappa de son sceptre le sol de la salle du Conseil comme pour donner plus de poids à sa condamnation. Mais alors que l’écho ne s’était pas encore totalement dissipé, il conclut par un murmure : Mais pour ce qui est de la mort de l’enfant, ils ne portent pas plus de responsabilité qu’aucun d’entre vous, habitants de Thanor.
Ayant ainsi parlé, Agrarald se tût enfin et croisa ses bras sur sa poitrine. Il attendait d’entendre ce que le Conseil avait à lui répondre. Secrètement, il espérait que cette affaire ne viendrait pas jeter une ombre sur ses relations avec le Conseil. Mogar savait qu’Almia avait terriblement besoin du soutien de Thanor. |
| | | Entité
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Sam 27 Avr 2013 - 18:04 | |
| Le silence suivit les paroles d'Agrarald, chaque conseiller observant avec attention le héraut de Mogar. Cela faisait bien longtemps qu'ils n'avaient plus eu affaire à un représentant du Père, et voici que se tenait à présent devant eux rien de moins que son haut-prêtre.
Morek fut le premier à élever la voix : « Et pourquoi les habitants de Thanor se soucieraient-ils de restaurer la maison d'un dieu qui les a trahi ? Un dieu qui les a fait périr par centaines et par milliers ? Qui s'est détourné de ses propres enfants ? Nous n'avons pas oublié les offrandes envers le père, Dolbarg'Ma. Nous les lui refusons en toute conscience. » Le ton de l'ingénieur en chef était calme, mais dur et inflexible.
« Il est vrai que vous pouvez difficilement reprocher à nos frères et sœurs d'avoir délaissé le temple, Uzbad » intervint Olfar. « Ils sont nombreux à avoir souffert durant la Malenuit, et ne placent plus leur confiance dans le Père désormais. La confiance, vous savez, est un bien comme un autre. Mais il ne suffit pas de l'obtenir, il faut aussi la conserver. Mogar a perdu celle de ses enfants au moment même où il décida d'abattre sur eux sa colère injustifiée. » Le conseiller esquissa un faible sourire, et tenta de se montrer plus conciliant. « Cela dit je ne pense pas que vous devez être tenu responsable de l'incident d'aujourd'hui, au contraire. Votre réputation est celle d'un nain droit et honorable. Je suis certain que si vous aviez été parmi nous ces dernières années, jamais le temple ne se serait retrouvé dans cet état déplorable. De même, les prêtres qui officient au sein de la cité font tout leur possible pour l'entretenir et le réparer, nous en sommes bien conscient. Il serait injuste de leur en attribuer la faute. »
Là dessus, Morek reprit la parole : « Néanmoins ce bâtiment est devenu dangereux, cela est indéniable. Si les adeptes de Mogar ne parviennent pas à y remédier, alors peut-être vaudrait-il mieux en interdire l'accès désormais, pour la sûreté de tous... »
Aucun des conseillers ne répondit à ces mots. Soit étaient-ils trop gênés vis-à-vis du haut-prêtre pour avancer quoi que ce soit, soit ne voyaient-ils simplement rien à redire à la proposition de l'ingénieur en chef. Aussi le silence emplit-il de nouveau la salle. Main-de-jade, qui n'avait pas lâché du regard les deux nains faisant face au conseil depuis leur arrivée, demanda finalement : « Et vous, Valya ? Vous représentez les Brisétoile dans cette affaire, mais vous n'en faites pas moins parti de ce conseil. J'aimerais entendre votre avis sur la chose... Pensez vous qu'Agrarald Dolbarg'Ma ici présent, ou l'un des adeptes du dieu maudit, soit d'une quelconque manière responsable de la mort du jeune Hai ? Ou bien s'est-il lui même condamné en pénétrant dans ce lieu ? »
Les yeux de Tarja brillaient de mystère et son visage était impassible, fixant celui de Valya dans l'attente d'une réponse. La question était épineuse. Si les mogarites étaient jugés responsables de l'accident, alors on leur demanderait réparation pour la vie perdue. D'un autre côté, si l'on estimait que l’état du temple était indépendant de leur volonté, ce dernier risquait d'être fermé (ou pire, détruit !) pour éviter de nouvelles tragédies. Cependant, la capitaine de la garde connaissait assez bien Main-de-jade pour savoir que bien souvent, il y avait plus de deux réponses à ses questions... _________________ Ombre fugace Maître de ton destin -Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D. Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/ |
| | | Valya Brisétoile²
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Mar 30 Avr 2013 - 23:57 | |
| Valya s’était écartée pour laisser parler Agrarald, elle avait écouté avec respect le discours de l’Uzbad, et trois mots avaient ébranlé les remparts de son esprit : un funeste présage. Et si c’avait été plus que le hasard ou la malchance qui s’étaient abattus sur le crâne du jeune Hai des Brisétoiles ? La Capitaine demeura longuement muette alors que s’élevaient et retombaient les remarques et les reproches du Haut-Conseil. La question posée par Tarja arracha la guerrière à l’examen de ses doutes, les paroles toujours insaisissables de Main-de-Jade appelaient une réponse habile.
Morek n’honore pas Mogar car ce n’est pas la fonction d’un Maître-Ingénieur, et les prodiges de la guerre ne lui seraient d’aucun secours. De même, je ne rends mes hommages ni à Girdon ni à Yaron : parmi les héros ancestraux de notre peuple, la dévotion des Brisétoiles ne va qu’au Combattant, Ikthor. Voyez à mon cou, il n’y a au bout de cette chaîne que le sigle de Lirgan que révère ma lignée, vous n’y trouverez pas un symbole pour chacun de nos dieux.
Sur la gorge de Valya, au rythme auquel son souffle soulevait sa poitrine, chacun pouvait apercevoir l’éclat d’un pendentif de Lirgan, héritage de sa famille. La Briétoile reprit :
Exception faite de Tari, qui a accueilli tant d’entre les miens, les Grands Temples de Thanor seraient foudroyés aujourd’hui même que les Brisétoiles ne verseraient pas une seule pépite d’or pour les rebâtir ; les clans guerriers ne plient pas le genou devant les génies de l’air, ou les bêtes de la forêt. Aussi il est injuste que Thanor tout entière ait à payer le prix du Temple de la Guerre ; même s’il est le Père.
La tirade avait été longue, bien plus qu’à l’habitude pour Valya : la Capitaine avait coutume de n’édicter que des ordres brefs et concis. Mais c’était là le style du Conseil dont les membres aimaient le grand verbiage. De plus, énonçant cela, Valya portait un rude coup à Agrarald, et il serait indigne de s’opposer à un Nain tel que le fier Uzbad sans se justifier avec précision.
Mais le doute, introduit par les premières paroles du Haut-Prêtre, n’en poursuivait pas moins son chemin dans l’esprit de Valya. D’une voix plus douce, presque hésitante, et tout à fait inhabituelle pour la guerrière, elle reprit devant le Conseil et l’Almien :
Chaque clan à Thanor doit honorer ses dieux comme ses coutumes le commandent. Le Temple de Rodmin est richement pourvu car les Mâchepierres sont de grands bâtisseurs, et ils honorent celui qui rend leur burin agile. Alors à Thanor, lorsque les murs du sanctuaire de Mogar menacent de se rompre, c’est la charge des clans guerriers de les maintenir debout.
Un vaste silence gêné aurait pu tomber suite aux dernières paroles de Valya, si celle-ci n’avait aussitôt enchaîné : elle connaissait les conséquences de ce qu’elle déclarait. Voilà où avait abouti ce doute né de longues minutes plus tôt.
De nombreux clans aident à tenir les remparts de notre cité, mais deux sont particulièrement renommés pour le dévouement de leurs guerriers : les Rougehaches, et ma propre lignée, les Brisétoiles.
Lorsque Valya se tourna vers Agrarald qui s’était tu, et que ses yeux trouvèrent ceux de l’Uzbad, la voix du Capitaine était étranglée et réduite à un mince filet, une plainte que nul ne lui connaissait alors :
Agrarald, il n’y a pas de hasard à ce que le Nain tué aujourd’hui par la déchéance du Temple de Mogar, soit un Brisétoile, n’est-ce pas ?
- Spoiler:
Prochain post : Agrarald !
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| | | Agrarald Dolbarg'Ma
Nain
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Ven 3 Mai 2013 - 10:07 | |
| Agrarald observa la jeune Naine qui lui faisait face et venait de l’interroger. Sa voix était réduite à un mince filet, son visage était défait et dans ses yeux se reflétait un sentiment avec lequel le Haut-Prêtre de Mogar n’était que trop familier : la crainte d’avoir déçu son dieu. Il était difficile de voir en cette frêle Naine celle qui l’avait accueilli quelques heures plus tôt aux portes de Thanor. Lentement, comme s’il obéissait à un rituel ancien, Agrarald tendit son bras droit et saisit celui de la jeune Capitaine. Tenant son avant-bras, il le pressa ainsi que se saluaient les Guerriers, fidèles adorateurs du Père. Alors seulement il répondit.
- Je ne suis pas omniscient, mon enfant. Et beaucoup de choses m’échappent encore. Pour être honnête, souvent il m’arrive de penser que jamais je ne comprendrai vraiment les motivations de mon dieu. Ce disant, Agrarald esquissa le signe de Mogar avant de reprendre : Néanmoins, je pense que tu dis vrai. Ce n’est probablement pas un hasard si Haï, puisse-t-il désormais trouver la paix auprès de Tari, a été frappé dans le temple de Mogar. Le Père cherche sûrement à faire comprendre quelque chose aux clans guerriers de Thanor.
Tandis qu’il parlait, les yeux d’Agrarald étaient demeurés rivés à ceux de Valya. Si ses paroles avaient été prononcées à haute et intelligible voix à l’attention du Conseil tout entier, elles étaient en réalité destinées aux seules oreilles de la Capitaine. Serrant une dernière fois le bras de la jeune Naine, Agrarald se détourna finalement et fit à nouveau face au Conseil.
- Il arrive parfois, Haut-Conseillers de Thanor, que la sagesse surgisse là où on ne l’attendrait pas, dit Agrarald en désignant Valya. Assurément Thanor est une grande cité si les capitaines de la Garde s’y montrent plus sages que les Sages eux-mêmes. Quoiqu’il en soit, Valya Brisétoile parle vrai : bien que le culte du Père concerne tous les Nains, n’en déplaise à certains, dit Agrarald en jetant un regard en coin à Morek, il incombe principalement aux clans guerrier de l’honorer. Les prêtres, quelque dieu qu’ils servent, ne sont que les premiers des serviteurs divins. Les Nains au complet doivent rendre compte aux dieux. Durant une seconde, les yeux d’Agrarald semblèrent se voiler lorsqu’il ajouta : C’est en tout cas le message que j’ai retenu de la Colère de Mogar. Et ceux qui s’interrogent encore sur les raisons de la MaleNuit et de la Colère de Mogar peuvent venir visiter Almia. Alors ils comprendront.
Sur ces dernières paroles, Agrarald se tut et laissa aux Haut-Conseillers de Thanor le soin de démêler ses propos. |
| | | Alaric Œil-Tempête
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Lun 6 Mai 2013 - 21:42 | |
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Alaric salua le Haut-Prêtre comme il se devait.1 Il avait beau ne pas être un fervent croyant et avoir quelques rapports pour le moins particuliers envers le Père des Batailles, les traditions avaient la vie dure. Et cela était d'autant plus vrai qu'il avait agit ainsi toute sa vie. Pourtant, outre les politesses de rigueur, il n'avait pas dit un mot de plus. Recevoir l'Uzbad d'Almia était un grand honneur, recevoir le Haut-Prêtre Mogarite lui plaisait moins. Étrangement, lorsqu'il avait reconnu Valya, vu les restes de sang sur sa main et aperçu celui qui lui faisait compagnie, il avait deviner qu'ils allaient au devant d'un problème pour le moins complexe. Mais il se tut et attendit que la Brisétoile explique la raison de sa venue.
Un Brisétoile est mort aujourd’hui dans le Temple en ruines de Mogar, et mon clan exige rétribution. Mais comme j’allais réclamer notre tribut de sang aux Prêtres, l’Uzbad d’Almia a pointé que c’était la négligence des Nains de Thanor qui avait coûté la vie de Hai. La sagesse d’Agrarald Dolbarg’Ma est grande, et je respecte les paroles du Haut-Prêtre du Père ; aussi je demande au Haut-Conseil d’éclairer le jugement de mon clan dans cette affaire.
De grave problème assurément, en temps normal, il aurait pu régler une affaire de l'ordre du religieux seul, se contentant de jouer les médiateurs entre les deux parties. Ce genre de politique marchait très bien et évitait au Haut-Conseil de devoir se réunir constamment. Mais dans le cas présent, la présence d'Agrarald Dolbarg'Ma empêchait tout raccourci vers la facilité et la simplicité. Cette affaire dépassait sa seule autorité et il était certain qu'il devrait en décider ensemble.
"C'est assurément ce qu'il devra en être, Valya. Cependant, je ne suis nullement en disposition pour tenir conseil. Voudrais-tu bien amener le Haut-Prêtre à la salle du Conseil? Je vous y rejoindrai au plus vite et nous pourrons tenir séance."²
Il les laissa peu après être entrer par la poterne et se dirigea vers ses appartements d'un pas rapide. A la fin d'une volée de marche particulièrement ardue, il pesta et jura du nom de tous les dieux contre ses jambes qui lui rappelaient de plus en plus que Briessa était égale et impartiale pour tous et qu'il n'échappait pas à la règle.
Il finit par arrivé dans ses appartements. Il traversa un salon richement orné qui servait à l'accueil de visiteur particulier mais n'y accorda aucune importance et passa d'emblée dans une chambre toute simple aux murs nus dont le seul ornement consistait en une longue suite de runes qui faisait le tour de la pièce à hauteur des yeux et un ruban semblable qui entourait les deux petite ouverture fermée d'un volet en métal qui lui servait de fenêtres. Sans se départir de sa calme efficacité, il lança son tablier sur le simple lit double en chêne et se précipita vers une bassine remplie d'eau galcée pour arranger rapidement son apparence. Il n'était pas particulièrement à cheval sur l'hygiène, mais il évitait de se présenter au Haut-Conseil avec encore de la suie sur le visage.
Il ouvrit ensuite son armoire et enfila une toge violette, attrapa au passage sa ceinture et la boucla. Se saisissant de son indéfectible marteau, il remit son améthyste au devant sa toge et reprit le chemin de la salle du Conseil. Il maudit d'ailleurs une fois de plus ces satanés escaliers qui le faisaient non seulement souffrir à la montée, mais également et surtout à la descente.
Finalement, il arriva près de la porte qui donnait derrière la salle du Conseil. Cette porte était celle qu'on pourrait qualifier de service, c'était par là que les domestiques pouvaient apporter rafraîchissement ou collation lors des long conclave, le reste du temps, elle ne servait qu'aux Haut-Conseillers pour ne pas devoir emprunter le couloir principal. Cela pouvait sembler étrange, mais ne pas avoir qu'une seule porte semblait nécessaire et pour leur convenance et pour leur sécurité.
Là, il entendit que la séance avait déjà commencé, ce qui ne lui plut guère. Mais il s'abstint cependant d'entrer et laissa la porte entre ouverte pour écouter ce que le Haut-Prêtre avait à dire. Toujours bien huilée, elle ne le trahis pas. C'était une chose que l'on commence sans lui, c'en était une autre qu'il interrompe un invité. Finalement, il se décida à pénétrer dans la pièce circulaire.
"Pardonnez mon retard, mais mes jambes semblent ne plus avoir la vigueur d'antan. Ou les miens la patience d'autre fois... Haldin, peux-tu me permettre de rattraper mon retard dans cette affaire? Qu'ai-je manqué?"
Mais il ne s'attarda pas plus avant sur des considération si puéril. Calmement il vint s'asseoir tout en écoutant les quelques mots de l'ancien éleveur de chèvre. Il avait acquis toute la confiance du Seigneur des Runes par son humilité et son sens du devoir et des responsabilité. Son coté conciliant n'était pas en reste et était toujours apprécié d'Alaric. Une fois qu'il eut fini, il observa une pause pour prendre le temps de peser les informations qu'on lui avait données en les mettant en parallèle avec les dire de l'Uzbad.
"J'entends bien ton point de vue, Agrarald Dolbarg'ma. Et pourtant, je me dois de refuser que nous parlions de théologie à cette table. Nous savons tous fort bien que les esprits s'échauffent dans leur tentative de débattre de ce qu'il est juste ou non de croire. Et pour éviter que ce genre de conflit ne vienne entacher notre entente, et ainsi nuire à notre labeur et au bien de Thanor, nous n'abordons pas ce sujet.
Mais, il est vrai qu'au delà du débât religieux, le problème de la ruine du temple demeure. Message du Père, facétie de Lirgan ou simple hasard, je crains fort que nous n'en découvriront pas plus en en discutant de longues heures. Cela dit, le problème de la ruine du temple est bien un sujet sur lequel nous pouvons, et aurions certainement déjà dû nous pencher. Tu comprendras, j'en suis sûr, Agrarald, que notre volonté d'éviter des dissensions internes évitables a eu l'effet pervers et non voulu de nous aveugler quant au destin du lieu.
De tout temps, les prêtres se sont occupés de leurs propres lieux de culte sans le secours de quiconque. Bien que les dons et les offrandes, en bien ou en main d'oeuvre, les y aient aidé, aucun roi n'a jamais édicté la réparation d'un temple dépendant d'un clergé. Et c'est dans cette habitude, je pense, que nous avons demeuré. Et le culte de Mogar n'a semble-t-il plus les même ressource qu'avant, ce qui est assez compréhensible.
Mais trêve d'esquive et de parade. La question réelle est bien de savoir ce que nous devons faire du temple. Et cela passe, je le crains, avant le sort du petit Kaï, Valya. Nous ne pouvons rester sans rien faire alors que l'on nous apporte la preuve de la dangerosité du lieu. Et peut-être qu'Agrarald pourra nous éclairer de sa sagesse renommée en cette décision.
Qu'en pense le Haut-Conseil?"
Ce fut le moment que choisit le Kashok, son Drake pour sortir d'entre les pans de sa toge. Il songea alors qu'il devrait à l'avenir de l'envoyer lui ou son jumeau dans la salle du Haut-Conseil lorsqu'il aurait à nouveau un empêchement. Il caressa du doigt la tête du Drake qui s'était hissé jusqu'à l'accoudoir de son siège de pierre. C'est ainsi qu'Alaric attendit patiemment une réponse des membres de cette assemblée.
- HRP:
1Oui du coup, ça remonte à loin, mais je ne peux pas faire autrement. ²Technique spéciale pour justifier mon absence de post Je pense que c'est à toi Kiran
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| | | Entité
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Sam 18 Mai 2013 - 13:04 | |
| Les conseillers échangèrent quelques regards. Alaric n'avait pas l'habitude de se montrer aussi verbeux lors de ses prises de parole. Mais bien que les mots du seigneur des runes aient apporté un éclairage nouveau sur les faits, le problème restait le même. Les nains s'appesantirent quelques instants dans leurs pensées, jusqu'à ce que Haldin finisse par prendre la parole. Le Barbedrue n'avait pas prit part à la discussion jusque là, si ce n'était pour résumer les échanges lors de l'arrivée d'Alaric.
« En ces circonstances, il est clair que notre devoir est de protéger les habitants de la cité de tout nouvel accident de ce genre. Le temple représente un danger, nous en avons à présent la preuve. Il devra donc être fermé, pour garantir la sécurité de tous... »
Les autres conseillers approuvèrent ses paroles par des hochements de tête. Même s'il ne s'exprimait pas souvent, Haldin était très écouté parmi ses pairs. Agrarald dut sentir à cet instant que le temple de Thanor n'y couperait pas, le jugement du conseil étant irrévocable. Mais le nain au crin noir n'avait pas terminé.
« … du moins, tant qu'il reste dans son état actuel. Si, par hasard, certains décidaient de le reconstruire et d'en refaire un endroit sûr, alors il n'y aurait plus de raison d'en interdire l'accès, n'est-ce pas ? » La question s'adressait à tous, mais le petit sourire complice qu'affichait Haldin en la posant, lui, semblait destiné au haut-prêtre.
« Parmi tous les clans qui vivent dans la cité, il est vrai que les Brisétoile et les Rougehache n'ont pas tout à fait abandonné le Père. Peut-être trouveras-tu des alliés là-bàs, Agrarald. Mais ne te réjouis pas trop vite. Il te faudra beaucoup d'aide pour reconstruire le temple, et il n'est pas dit que tous sont prêt à l'apporter. Écoute bien mes mots à présent : si Mogar veut retrouver une place chez les habitants de Thanor, alors il lui faudra la mériter. Qu'il prouve à ses enfants qu'il est encore digne d'être suivi par eux, et peut-être ceux-ci décideront-ils de lui faire à nouveau confiance... »
Sur ce, le conseiller s'assit de nouveau en arrière dans son siège. Il ne parlerait plus pendant le reste de la discussion et se contenterait, comme à son habitude, d'observer.
« De sages paroles en vérité » ajouta la maître joaillière. Tarja semblait satisfaite de la tournure des événements. On ne pouvait pas en dire autant pour Morek, mais celui-ci ne daigna pas exprimer son désaccord autrement que par son habituel air renfrogné.
« Puisque cette affaire est réglée, peut-être pourrions nous en venir au véritable motif de votre visite » poursuivit Main-de-jade en s'adressant au haut-prêtre. Comme à son habitude, la naine semblait toujours avoir un coup d'avance dans la discussion. « Les caravaniers qui viennent ici pour approvisionner Almia ne nous donnent que peu de nouvelles de l'expédition partie reconquérir la perle du nord. Nous savons cependant que les peaux-vertes vous mènent la vie dure, et que votre colonie peine à se maintenir... Pourtant, Agrarald, vous n'en avez pas moins quitté vos frères et sœurs afin de vous rendre chez nous. A moins que je ne me trompe, le motif d'un tel voyage doit être d'importance... » _________________ Ombre fugace Maître de ton destin -Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D. Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/ |
| | | Agrarald Dolbarg'Ma
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Sam 1 Juin 2013 - 15:33 | |
| Agrarald esquissa un pâle sourire en direction d’Haldin et, d’un hochement de tête, le remercia pour la décision qu’il venait de prendre. Serrant ses mains sur son sceptre, le vieux Nain adressa aussi une silencieuse prière au Père. Mogar ne pouvait que se réjouir de voir que son culte n’avait pas disparu des terres du sud et que certains parmi ses enfants excusaient, ou à tout le moins pardonnaient, ses actes. A l’avenir, et si les clans guerriers unissaient leurs efforts, les Nains de Thanor pourraient peut-être retrouver un lieu de culte digne du Père des Batailles. Il serait alors temps de revenir et d’expliquer au peuple de cette cité les vérités qui étaient apparues au Haut-Prêtre lors de sa longue marche en direction du Nord : Mogar n’avait agi ainsi qu’il l’avait fait que pour renforcer le peuple nain, le forcer à retourner sur la voie qu’il n’aurait jamais dû quitter. Mais pour l’heure, Agrarald n’avait ni le temps ni le loisir de prêcher plus avant la bonne parole devant les membres du Conseil. D’autres sujets requéraient son attention, au premier rang desquels la mise en place d’une alliance entre les cités de Thanor et d’Almia. Inclinant une nouvelle fois la tête en direction des Nains qui lui faisaient face, Agrarald organisa ses pensées avant de prendre la parole. Ses premiers mots furent à l’attention de la capitaine de la Garde.
- Le jugement que les estimés membres du Haut-Conseil de Thanor viennent de rendre me satisfait et me semble empli de sagesse. Si Valya du clan des Brisétoile n’y trouve rien à redire et se soumet à la volonté du Haut-Conseil, je serai honoré d’agir de même. Ayant ainsi parlé, Agrarald reporta son attention sur Tarja Main-de-Jade. La conseillère Main-de-Jade, parle vrai. Depuis six ans que nous avons entrepris la reconquête de la Perle du Nord, il ne s’est pas passé une seule journée sans que nous ayons à combattre les Gobelins. Ces satanés VerteGueules se montrent plus intrépides et mieux organisés que dans nos pires souvenirs. Ils luttent pied à pied et n’abandonnent qu’à contre cœur des positions stratégiques. Ils ont même appris à utiliser nos armes de siège et n’ont pas hésité à les retourner contre nous.
A ce stade de son récit, le Haut-Prêtre de Mogar marqua une pause. Il prit le temps d’observer la réaction des Nains qui lui faisaient face ; cherchant dans leurs regards ceux qui seraient les plus susceptibles de partager ses craintes et son angoisse. Ses grosses mains, toujours posées sur son sceptre, attestaient de la violence des combats que les Almiens avaient menés. Ses ongles étaient courts et abimés comme ceux d’un guerrier. Des cicatrices courraient sur ses phalanges et racontaient les assauts acharnés que le vieux Nain avait repoussés. Ses paumes étaient recouvertes de cals, là où la poignée de son marteau de guerre avait imprimé sa marque. Jusqu’à ses doigts qui, maintes fois brisés, témoignaient du prix que les Almiens payaient sous la terre ancestrale des Nains. Agrarald prit une longue inspiration et choisir de jouer cartes sur table.
- Je pourrais me tenir ce jour devant vous et vous raconter nos succès. Je pourrais ici et maintenant vous régaler de nos hauts-faits. Mais je n’en ferai rien. La vérité, mes frères, c’est que nous payons chèrement nos victoires dans les montagnes du Nord. Pour l’heure, les miens à force de courage et d’abnégation tiennent coûte que coûte… mais j’ignore si nous pourrons continuer longtemps ainsi. Nous avons repoussé un assaut d’envergure il y a quelques semaines, mais cela n’a pas été sans mal. Agrarald reprit sa respiration avant de poursuivre. Si je suis venu vous trouver aujourd’hui, c’est au nom des miens et de la cause que nous défendons. Almia a plus que jamais besoin d’alliés. Toute l’aide que vous pourrez nous apporter serait la plus que bienvenue. |
| | | Valya Brisétoile²
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Jeu 6 Juin 2013 - 10:34 | |
| A l’énoncé de la réponse d’Agrarald, la Brisétoile avait gardé un long silence songeur. Maintenant enfin, ses traits s’animaient de nouveau, mais avec peine. Lorsqu’elle entendit les paroles du Conseil, Valya se contenta d’un bref hochement de tête et à l’adresse de tous, elle souffla :
Mon clan s’honore de la sagesse démontrée par ce Conseil, vers Haldin et Tarja, puis se tournant en direction du Haut-Prêtre : ainsi que par l’Uzbad. Hai recevra les honneurs mortuaires selon le rite du Père.
De vastes interrogations planaient encore dans l’esprit confus de la Capitaine, devant ses yeux revenait sans cesse la structure fantomatique du Temple du Père, rendu en ruines par la négligence et l’impiété des Brisétoiles. Ces questions étaient de foi et de fidélité, à l’esprit de la soldate elles étaient obscures. Un doute pressant lui martelait l’esprit : aurait-elle pu empêcher la mort d’un enfant ? Pas plus Valya qu’Agrarald n’avaient de réponse certaine à cela. Au moins la Capitaine veillerait-elle à ce que Hai n’ait pas rendu l’âme en vain.
... mais j’ignore si nous pourrons continuer longtemps ainsi.
Les pensées de Valya furent brutalement éclaircies par les nécessités de l’instant : à nouveau on parlait défense, renforts, et alliances. La Capitaine contempla longuement l’Uzbad sous son jour jusqu’alors ignoré par elle : non plus le maître des cultes, mais le chef de guerre. Les paumes endurcies d’Agrarald se crispaient comme il parlait des Gobelins, et les longues cicatrices de ses phalanges viraient au blanc laiteux. Valya reconnut à l’instant ces doigts rognés et abîmés, entaillés de coupures minces et profondes, laissées par les griffes des bêtes vertes. Dans la salle confinée du Conseil, il n’y avait que leurs mains à tout deux pour s’orner d’autant de ces amas de balafres. Une fois encore, la Brisétoile en conçut un grand respect pour le Nain venu de l’Est.
Lorsque celui-ci eut achevé son plaidoyer pour une aide secourable, la Capitaine reprit la parole, de sa voix redevenue sûre et profonde :
Tous les défenseurs de Thanor mesurent les grâces qu’ils doivent rendre à Almia et ses guerriers. Parfois les Gobelins poussent suffisamment vers l’Ouest pour atteindre nos contrées, et nous livrons de rudes batailles pour les mettre en déroute ; mais si les hordes vertes sont encore maigres dans nos parages, c’est dû à ce que les Nains de l’Est les tiennent hors d’haleine jour après jour. Même ainsi soulagés des deux tiers du fardeau, mes soldats peinent à garder les routes environnantes : Thanor serait enclavée dans la guerre, si Almia ne maintenait pas ces bêtes affairées au loin.
La Capitaine inclina le chef devant l’Uzbad, en signe de remerciement. Une maigre consolation, sûrement, pour celui qui voyait chaque jour périr d’autres frères et sœurs, mais Valya pouvait-elle véritablement plus pour Agrarald ? Peut-être.
Aujourd’hui mon clan a perdu beaucoup, reprit la Brisétoile. Un de nos fils est mort, et le Père semble nous juger trop éloignés de la voie qu’il commande pour ceux qui combattent. Mes frères et sœurs doivent-ils raffermir leurs coutumes, rebâtir le Temple et vivre à l’Almienne ? Nous ne savons pas. Et nous ne saurons pas, tant qu’aucun des nôtres n’aura pénétré dans la Perle du Nord, et vu comment certains Nains honorent encore les exigences de Mogar. Aussi, j’irai parler aux anciens de mon clan, et je soumettrai que quelques Brisétoiles aillent découvrir comment nos frères mènent leur guerre à l’Est, sous la montagne.
La mort de Hai, et le renoncement par Valya à une quelconque rétribution, voilà qui allait plonger les Brisétoiles dans la tourmente et le doute. Combien redoubleraient de ferveur au Temple de Mogar, ou combien jureraient d’ébouler les dernières pierres encore intactes ? Il fallait que le clan aille quérir ses réponses ailleurs, hors des remparts, et traverser des contrées délaissées depuis six ans.
Les yeux de Valya passèrent rapidement sur Agrarald, sans lire la réaction peinte sur son visage. Puis la Capitaine considéra les membres du Conseil, et particulièrement Alaric, le plus sage d’entre tous.
Voilà comment le clan des Brisétoiles répond à la supplique de l’Uzbad : nous irons juger de la valeur des guerriers fidèles au Père. Si à présent, Thanor tout entière souhaite soutenir l’effort d’Almia, mes frères et mes sœurs seront heureux de doubler notre propre étendard de la bannière de la cité, et porter à l’Est la parole et le secours du Conseil.
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| | | Alaric Œil-Tempête
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Jeu 4 Juil 2013 - 16:02 | |
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Alaric caressa distraitement la tête d'un de ses deux Drake tout en écoutant Haldin. Il était fort satisfait de la tournure de sa phrase et d'en voir l'approbation. Cela ne réglait pas vraiment le problème, loin de là. Mais au moins, ce ne serait plus au Haut-Conseil de l'arbitrer. Et en cela, il y avait une touche d'intelligence, parce qu'il leur serait bien plus aisé de régler l'affaire de manière plus officieuse et donc de faire moins de remous dans la cité. De plus, il recentrait la discussion sur une partie autrement plus intéressante et moins délicate que le domaine de la théologie. Les nouvelles que le Haut-Prêtre donnait d'Almia étaient loin d'être aussi satisfaisante. Elle faisait craindre au Haut-Conseiller que les peaux-vertes n'en viennent à devenir une menace également importante pour Thanor. Il était de notoriété publique que les Gobelins se reproduisaient au Nord et que leurs forces se massaient. Et l'absence d'attaque n'en était que plus inquiétante. Au moins il y avait d'escarmouches, au plus leur ennemi verrait sa croissance forcir. Il ne restait plus qu'à espérer qu'ils ne se trouveraient pas un ou plusieurs chefs assez charismatique que pour unifier une partie de leurs armées et faire cesser leurs probables guerres intestines. Si en plus ils commençaient à utiliser les armes de l'ancienne Nanie... Et puis, ce fut au tour de Valya de prendre la parole. On entrait là dans son domaine: la guerre. Il était vrai qu'Almia distrayait les hordes vertes. Mais qu'était-il advenu de celles qui avaient certainement dérivé vers Kirgan? Mais la réponse de la Brisétoile n'était pas une réponse de conseiller, c'était plutôt une réponse d'un clan. Aussi Alaric estima que le temps de réagir était venu. Il se redressa et s'éclaircit la gorge avant de prendre la parole. "Les nouvelles que tu nous rapportes là sont bien alarmante, Agrarald. Et je dois dire que la menace Verte obscurci mes songes depuis longtemps. Il est vrai que nous subissons des pressions, et je te crois plus que volontiers quand tu parles des assauts terribles sur la Perle du Nord. Et pourtant, je n'ai de cesse de m'interroger à leur sujet... Où sont-ils? Où sont les hordes qui ravagèrent le nord? Si nous n'avons pas eu la force de les repousser à l'époque, comment se fait-il qu'ainsi dépeuplés nous puissions leur résister? Pour moi, je crains que le nord ne nous réserve encore de bien sinistres surprises. Le Voile mettra du temps à quitter la Nanie." Il ponctua ses mots par une légère pause pour accentuer la lourdeur et la gravité de leur sens. Mais, lorsqu'il reprit la parole ce n'était plus pour parler de sombres présages mais pour reprendre sur le présent. Il était assurément temps que quelqu'un, autre que les Almiens, se soucie du sort d'Almia. "Mais les suppositions de mauvais augures ne réglerons pas ton problème... Notre problème. Valya parle avec son coeur quand elle dit qu'elle est prête à offrir le sang de son clan pour aider nos frère. Bien que ses paroles appartiennent plus au domaine de son clan qu'à celui du Haut-Conseil, je ne les pense pas moins fondée. Je pense parler au nom du conseil en disant qu'il n'est pas question que nous abandonnions Almia au Kobolds. Dites-nous Agrarald, de quoi auriez vous besoin pour défendre la Perle du Nord? Je ne peux peut-être pas vous promettre tout ce que vous demanderez, mais je peux en tout cas vous affirmer que Thanor ne restera pas sourde à votre appel." Sur ces mots, il promena son regard noir sur le Haut-Conseil. Il redoutait désormais que l'un d'entre eux ne trouve un quelconque prétexte pour s'opposer à ses dires. Et en même temps, il comptait bien par ce regard les dissuader en leur faisant bien comprendre qu'il savait ce qu'il disait. Il avait conscience de la situation de Thanor. Il connaissait l'état de leur force et savait que, malgré l'augmentation vertigineuse de leur production ses derniers temps, ils étaient loin d'être confortablement lotis aussi bien en matière d'équipement que de richesse. Et cependant, il n'ignorerait pas l'appel d'un frère. =et il ne l'ignorerait jamais.
- HRP:
Excusez moi pour le retard, mais j'ai eu un peu de mal à me remettre au RP après une si longue pause ^^" J'espère que tout va bien avec mon post, sinon, un MP et je change ce qui doit l'être
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| | | Agrarald Dolbarg'Ma
Nain
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Lun 29 Juil 2013 - 20:03 | |
| Agrarald s’inclina devant le Haut-Conseil. Il avait écouté avec attention les interventions de Valya et d’Alaric, retenant son souffle et priant Mogar sans oser y croire. Les paroles des deux Haut-Conseillers lui avaient pourtant redonné espoir : Almia n’était peut-être pas au-delà de toute reconquête. Lentement, le vieux Nain laissa son regard s’attarder sur chacun des membres du Conseil. Il espérait que ses yeux suffiraient à transmettre toute la gratitude qu’il éprouvait en cet instant. En effet, les mots seuls lui paraissaient trop peu de choses pour exprimer tout ce qu’il ressentait. Il aurait pourtant aimé les remercier pour l’espoir qu’ils offraient à sa cité. Il aurait voulu leur parler des sacrifices que les siens avaient consentis jour après jour pour tenir les Gobelins en respect. Il aurait pu leur vanter les mérites de Baltor et Derntor, ces deux frères qui avaient affronté un Holwerm pour venir en aide à une disparue. Il aurait pu leur raconter comment toute la colonie avait pris les armes pour repousser une fois de plus les Vertegeules dans les abîmes d’où ils n’auraient jamais dû sortir. Raconter dans cette salle aux fresques magnifiques comment le sang des Nains inondait les couloirs de la Nouvelle Almia, scellant un nouveau pacte entre leur colonie et le Père. Pourtant, il garda tout cela pour lui et se borna à sourire devant les Conseillers. Simplement, avant de prendre la parole, il se frappa la poitrine du poing et esquissa le symbole de Mogar devant l’assemblée.
- Vos offres me touchent plus que je ne saurais le dire. Se tournant en direction de Valya, il poursuivit : A vous, Valya, je dirais simplement que le clan Brisétoile est le plus que bienvenu dans les tunnels du Nord. Mes frères seront honorés de combattre au côté des guerriers de votre sang. Il me tarde que nos deux peuples unissent leurs efforts et, côte à côte, repoussent les Rakhas vers les abysses d’où ils n’auraient jamais dû sortir.
Après avoir ainsi parlé, il refit face aux membres du Conseil. Il laissa son regard errer sur chacun d’entre eux. Lentement il les observait pour savoir ce que chacun pensait. Seul Alaric s’était exprimé, les autres n’avaient pour l’heure rien dit. Agrarald prit le temps de remercier chacun des Conseiller par un bref hochement de tête. Lorsque ce fut fait, il s’éclaircit la voix et prit la parole de façon solennelle.
- Conseillers, je n’ai pas pour intention de vous alarmer par mes paroles. Bien au contraire. Pour être honnête, je ne pense pas que votre cité courre un réel danger dans l’immédiat. Nous tenons les murs de la Perle du Nord depuis sept longues années et avons affronté bien des assauts. Au fil des ans, nous avons considérablement affaibli les VerteGueules. Et je doute que les entrailles qui les abritent recèlent une force suffisante pour menacer les hautes murailles du Bouclier. Malheureusement les hommes et femmes d’Almia ne sont pas aussi bien lotis que la glorieuse cité de Thanor. Nos forces s’épuisent petit à petit dans cette lutte sans fin. Agrarald fit un pas en direction de la table des conseillers et les fixa tous avant de s’arrêter sur Alaric. Haut-Conseiller Alaric, je vous remercie de l’offre que vous me faites. Sachez dès à présent que toute l’aide que vous pourrez nous apporter, si minime soit-elle, sera grandement appréciée. Agrarald poursuivit à l’attention de tous les membres du Conseil. Il existe bien des façons pour Thanor de se porter au secours d’Almia. Bien sûr toutes les troupes dont vous pourriez vous passer seraient les plus que bienvenues dans le Nord. Nous saurions comment les utiliser contre les hordes gobelines qui nous menacent sans cesse. Mais il existe d’autres voies pour nos deux cités de s’allier. Nous manquons de presque tout dans la nouvelle Almia. Des forgerons et des mineurs pourraient assurément y trouver leur place. Des convois de vivres plus réguliers seraient un plus indéniable. Peut-être pourrions-nous envisager des échanges profitables à nos deux cités et ainsi fonder une véritable alliance. |
| | | Alaric Œil-Tempête
Nain
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Jeu 8 Aoû 2013 - 14:28 | |
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Il observa l'Uzbad d'Almia pendant sa déclaration. Celui-ci avait suscité une certaine curiosité dans le coeur d'Alaric. Il se demandait si, tout compte fait, Almia ne pourrait pas devenir un fer de lance capable de distraire et de drainer toute la rage des Rakhas. Si c'était le cas, Thanor pourrait pleinement se relever et des échanges avec Valek de Lante pourraient trouver un écho favorable. Les Cités naines se verraient à nouveau unies et pourrait doucement prospérer. Si il couplait judicieusement une aide à Almia avec un assaut sur le Nord, il pourrait également chasser la menace qui pesait sur les siens. Et avec un peu de chance... Une image de Kirgan brûlant se matérialisa dans son esprit et se superposa à celle-ci le reflet de sa gloire passée. Sans s'en rendre compte, Alaric et ses deux Drakes avaient une fois de plus connecté leurs esprits dans cette vision. Ils prouveraient leur force au Père des Bataille et démontrerait que le Voile était une erreur grossière. Tout devenait si clair, si proche. Mais le fantasme n'était pas assez fort que pour le départir de sa sagesse, il savait qu'il faudrait du temps. Avant de prendre la parole il lança un message à ces deux Drakes qui partir le transmettre de part et d'autre aux autres conseillers. Ils se raidirent imperceptiblement au contact des minuscules dragonides, certains acquiéscèrent d'autres transmirent une question. En quelques allée retour, le débat silencieux était clos et Alaric quitta son faux air songeur. Il commença à parler, rompant un silence étrange et lançant un regard appuyé aux conseillers, il exposa sa décision. Les détails se régleraient en privé. "Agrarald Dolbarg'Ma, nous entendons ton appel. Et je pense, si mes calculs sont exacte que nous pouvons faire quelque chose pour Almia dans l'immédiat et qu'il nous sera très probablement possible de faire mieux encore par la suite. Nous avons été attristé par la perte de la Perle du Nord. Pendant sept longues années toi et les tiens avez bravement tenu et reconquis cette gloire d'antan. Mais de la beauté, il ne reste plus que cendre et cela, nous ne pouvons le laisser ainsi.
Thanor a finalement pu se relever de la Chute de la Nanie, nos forges fonctionnent désormais pour nous autant que pour le commerce. Et nous partagerons ce bénéfice. Avec toi repartira une grande partie de ce que nous avions initialement forgé pour nous. Tu repartiras également avec le peu de vivre que nous avons en surplus, nous ne laisserons pas Almia seule face à un nouvel hiver.
Je ne suis pas apte à juger des forces nécessaires à la défense de notre cité, mais je ne doute pas que Valya saura en faire l'évaluation et dispenser avec sagesse ceux que nous pouvons nous permettre d'envoyer pour soutenir le Nord. Mais ceux-là n'arriveront que plus tard. Si le Haut Conseil peut disposer des stocks et des vivres, nous ne pouvons décider pour les Thanes. Aussi, il faudra attendre la réunion de leur conseil et leur jugement dans cette affaire. Mais je ne doute pas que nous puissions vous envoyer des renforts avant l'hiver.
Morek, vous pourrez également faire état de notre arsenal mécanique et de ce que nos ingénieurs auraient en réserve pour venir en aide à Almia. Ce que vous pourrez rassembler sera également soumis à l'approbation des Thanes. Je proposerai également lors de ce conseil de reprendre la communication avec Lantes, le nouveau roi semble plus enclin à partager notre vision que l'ancien. Ainsi, nous pourrons peut-être compter sur un appui supplémentaire dans cette guerre contre les Rakhas!" Et à ce mot, il cracha au pied de son siège comme ses deux compagnons venaient se reposer sur ses épaules. Les peux-vertes ne perdaient rien pour attendre, le premier coup était joué. Ils comprendraient qu'on ne violait pas les terres des nains sans en payer les conséquence. Alaric espéra juste qu'aucun trouble ne viendrait du Sud. Être pris dans un étaux maintenant leur serait fatal... "Mes amis, cette rencontre entre nos deux cités et ce conseil marque peut-être le premier réel espoir de notre peuple. Sans vouloir trop m'avancer, il est possible que de notre accord naisse le premier pas vers une nouvelle Nanie!" C'était la première fois que le nom de leur ancien royaume était conjugué au futur et Alaric fut heureux. Heureux d'avoir pu vivre assez longtemps pour initier la reconstruction de la gloire de son peuple. Mogar ne perdait rien pour attendre. Et bientôt, Kirgan leur ouvrirait à nouveau ses portes! Et il se perdit un instant dans ses fantasmes...
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| | | Entité
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Lun 12 Aoû 2013 - 16:22 | |
| Les autres conseillers acquiescèrent les paroles du seigneur des runes. Certains avec plus de bonne grâce que d'autres, mais au final tous avaient fini par se ranger derrière l'avis d'Alaric.
« Si personne n'y trouve rien à ajouter, je propose que nous levions cette séance » fit entendre Tarja. « Uzbad, nous nous ferons venir quelqu'un pour vous guider aux appartements qui seront les vôtres durant votre séjour parmi nous. Nous nous assurerons que vous n'y manquiez de rien. »
A ses côtés, Olfar se passa pensivement la main dans la barbe. « Il nous faut au plus vite convoquer l'assemblée des Thanes. Eux seuls ont le pouvoir de réellement ordonner une aide d'envergure pour Almia. Je pense que nous pourrions réussir à les rassembler d'ici une ennéade. »
Comme tout semblait avoir été dit, les membres du conseil se levèrent de leurs sièges de pierre. Pour la troisième et dernière fois, Haldin prit la parole. « Merci de votre venue, Agrarald Dolbarg'Ma. Soyez assurés que nous ferons ce qui est en notre pouvoir pour vous soutenir, vous et les vôtres. » Puis, plaçant son poing fermé contre son torse, il énonça la phrase rituelle « Tan menu selek lanun naman a kahak. » Et les autres nains reprirent ensemble son geste et ses mots. La séance était levée.
_______________ Huit jours plus tard...
La grande salle de l'assemblée était noyée dans le bruit, si bien que Alaric fut obligée une fois de plus de faire entendre sa voix pour ramener le silence. La séance durait depuis de nombreuses heures déjà, et la situation ne semblait pas avoir avancée d'un pouce. Peu à peu, l'amphithéâtre qui rassemblait les Thanes des quarante clans de Thanor retrouva une atmosphère un peu plus calme, et Olfar put reprendre là où il avait été interrompu.
« Je disais donc, mes frères, que ces accords doivent être vu comme un investissement dans le long terme. Je comprends vos inquiétudes, mais il vous faut réfléchir aux bénéfices que pourraient nous apporter une telle entreprise. Une fois Almia relevée, nous aurons un partenaire solide sur lequel nous appuyer, en commerce comme à la guerre. Cela ne vaut-il pas la peine d'un petit sacrifice aujourd'hui ? »
Alors que de nouvelles contestations et clameurs naissaient dans les rangs des Thanes, Ulisson du clan Gorgeroche se leva de son banc de pierre pour faire face à la table du haut-conseil installée au centre de l'amphithéâtre.
« Nous avons déjà des alliés commerciaux plus que valables, pourquoi nous en faudrait-il d'autres, aussi loin dans le nord qu'Almia qui plus est ? » commença le nain à l'épaisse barbe grise comme la pierre. « Les humains nous approvisionnent déjà avec tout ce qu'il nous manque en biens. Devons nous à présent les délaisser en faveur de cette petite colonie à l'autre bout des montagnes ? D'autant plus que c'est vous il me semble, Olfar, qui avez tout fait pour instaurer ces échanges... »
Tarja Main-de-jade répliqua aussitôt, fulminant de ses yeux verts le Thane récalcitrant. « Il ne s'agit pas que d'échanges commerciaux, Ulisson. Les humains sont des humains, et ne pourrons jamais remplacer ceux de notre propre peuple. Si nous voulons être fort, nous devons nous unir aux autres fils de la montagne. Et cela commence par aider ceux d'entre eux qui se trouvent dans le besoin. »
Karhak Brisétoile se leva à son tour pour faire écho aux paroles de la maître joaillière. « Nous avons tenu conseil, mon clan et moi. Les Brisétoile enverront des guerriers soutenir ceux du nord dans leur lute contre les peaux-vertes. Leur ténacité et leur courage doivent être honorés. » « Folie que cela ! » repartit le Gorgeroche, levant les yeux au ciel. « Nous avons nous même à peine assez de nains pour surveiller nos frontières et repousser les incursions constantes des gobelins et de ces sauvages des Wandres. Et tu voudrais en retirer d'avantage pour les envoyer dans un combat désespéré, pour des inconnus et des suivants du dieu maudit !? »
Des cris de soutien fusèrent tout autour, noyant la réplique du Thane Karhak. Le marteau d'Alaric frappa la table à plusieurs reprise tandis qu'il réclamait le silence.
« Ulisson dit juste. Nous ne savons pas qui sont ces gens. » La voix était celle de Mâron, du clan Forgeterre. « Malgré les paroles sages du Dolbarg'Ma, qui nous a présenté sa requête tout à l'heure sa requête, qui sait de quelle espèce sont fait ceux qui le suivent ? Tous les nains ne sont plus nos amis, ô Tarja Main-de-jade. Les clans sauvages des montagnes constituent une menace à peine moins grande que les gobelins, et nous avons déjà eu matière à nous méfier de Lante et de son soi-disant roi, ce dénomé Valek Cri-de-Runes. »
Tous savaient de quoi il était question. Le nouveau roi de la Nanie autoproclamé inquiétait à Thanor, et son passage sur les terres de la cité lors de son expédition à Kirgan moins d'un mois plus tôt avait failli déclencher une intervention armée. Mâron poursuivit. « Acceptons le : nous n'avons pas de biens dont nous pouvons nous séparer au profit d'Almia. Les guerriers nous manquent, les armes nous manquent, et les vivres aussi depuis que la Narag Khador a ravagé les troupeaux de galioths... »
« Ha ! Les vivres manquent, oui, mais pas au clan Forgeterre » s'écria une Athane aux longs cheveux couleur de nacre. « Voilà bien une plainte d'hypocrite... Dois-je te rappeler que grâce à vos précieuses cultures de frongol, vous êtes ceux qui souffrent le moins des pénuries de nourriture ? »
« Je n'ai que faire de tes reproches mesquins » gronda l'autre en retour. « Tu voudrais faire valoir à mon clan d'avoir été mieux préparer que le tien ? Nous au moins n'avons pas été de ceux qui se sont empressés de vendre toutes leurs bêtes dès qu'ils ont eu vent de la maladie, laissant le soin de compter les morts à d'autres... »
La figure de la naine s'empourpra, et ses yeux semblaient vouloir terrasser Mâron du regard. « Je ne te laisserai pas bafouer ainsi l'honneur de mon clan ! Nous avons toujours mené un commerce honnête, contrairement à ceux de ton espèce. Tu cherches à refuser l'aide à Almia dans le seul but de conserver ton monopole ! Mais je ne permettrai pas cette sournoiserie. Moi, Nirris du clan Sombrelune, je soutiens la demande de l'Uzbad Agrarald ! »
L'annonce fut suivie d'un concert de clameurs de toutes sortes, les Thanes se levant les uns après les autres pour invectiver leurs voisins avec véhémence. Cette fois, même la puissante voix d'Alaric ni les coups répétés du marteau de pierre ne parvinrent à reconquérir le silence. A la table du haut-conseil, Haldin soupira. « Les temps durs ont changé le cœur des nains. Ils sont bien trop tournés sur eux-mêmes et sur leurs petites querelles pour se soucier de leurs frères par delà les montagnes. Si parmi tous ceux-là il s'en trouveront pour venir en aide à Almia, peu le feront sans y voir là une opportunité de servir leurs propres intérêts. » Se tournant vers le haut-prêtre qui se tenait à ses côté, le nain au crin noir lui montra un regard à la fois triste et doux. « Ne leur en tient pas rigueur, Agrarald. La Malenuit a été sans pitié pour nous aussi, et elle a remplacé dans nombre d'esprits la solidarité par l'instinct de survie. Je crains que tant qu'ils ne vous feront pas confiance, les almiens auront du mal à trouver ici une aide réelle et désintéressée.»
- Note:
Tan menu selek lanun naman a kahak : Que le feu de ta forge brûle pour l'éternité
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| | | Valya Brisétoile²
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Lun 12 Aoû 2013 - 23:10 | |
| « Nains ! »
Vayla avait jeté son vaste bouclier sur la table, et de son lourd marteau elle avait heurté l’airain par trois fois. Un terrible tintement de gong roula sous les arcades de la grande-salle, comme l’assistance se retournait vers la Capitaine de Thanor. Le regard fier et fulminant de la Brisétoile acheva de réduire l’assemblée au silence, et à Karhak qui se levait pour prendre la parole, Valya lui dégaina son œillade la plus impérieuse. A présent les oreilles des Nains cessaient de bourdonner, et dans le silence pâteux qui était tombé sur la salle, la Capitaine prit la parole de son timbre inflexible :
Nains de Thanor ! Je tiens la muraille de votre cité depuis plus de six années, depuis que la Kirgan de feu Garmin est tombée. J’ai repoussé plus d’assauts et défié plus de clans sauvages que nombre d’entre vous. Tournez vos regards vers les remparts de Thanor, et voyez si vous y trouvez la moindre brèche.
Valya avait longtemps gardé le silence, elle qui était si taciturne : pourtant à présent elle parlait, et ses mots pleuvaient durement sur l’assemblée réunie ici. Elle avait vu l’accueil fait à Agrarald par les marchands prospères de la cité, et elle avait su qu’aucun guerrier jamais ne quitterait Thanor pour la Perle du Nord, si la Brisétoile ne faisait pas peser son marteau de guerre dans la balance. D’une voix forte, Vayla poursuivit :
Les clans guerriers, Rougehache et Gorgeroche, ceux-là connaissent ma valeur au combat. Et tous, vous m’avez fait confiance pour défendre les murs de Thanor, lorsque le grand conseil a été formé. Les montagnes sont saisies par la ruine ou le sang, pourtant dans notre cité les Nains vivent paisibles et quiets : j’ai honoré ma parole et tenu les remparts de Thanor intacts.
Ce que Valya déclarait là, tous le savaient : sous ses ordres, les murailles de la cité de l’Ouest avaient été sauvegardées, et les clans guerriers n’avaient pas ployé face aux Gobelins ni aux sauvages. Mais la Naine devait tenir à remémorer ses exploits à l’oreille attentive de ses frères et sœurs, et son ton était plus grave qu’à l’habitude. Déjà, comme elle parlait, sa main droite s’affairait sur son épaule gauche, tirant sur les lacets de sa cuirasse, et jouant à faire couler les nœuds.
Vous devez avoir foi dans le clan Brisétoile, qui enverra ses fils et ses filles dans les entrailles d’Almia, au secours de nos cousins de l’Est. Voici l’occasion décisive de relever un royaume sur la montagne. J’ai porté avec honneur votre confiance durant six années : accordez-la moi une fois encore.
Alors que Valya s’était tue, ses doigts se refermaient sur son épaulière gauche : délacée du reste de son armure, la plaque de fer était brandie à bout de bras par la Naine. Sur le métal dépoli par les chocs, se lisait encore le sceau gravé symbole de Thanor.
Si les Nains de Thanor n’ont pas la bravoure de secourir leurs frères d’Almia, alors cette cité n’est pas digne qu’on combatte et meure devant ses murs.
Valya jeta l’épaulière devant elle, qui alla claquer durement contre l’airain de son bouclier, posé à plat devant les Nains de Thanor. Alors la Capitaine retourna à son mutisme, et plongea ses yeux dans le regard de l’Uzbad d’Almia, attendant le verdict du conseil et de son peuple.
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| | | Entité
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Mar 20 Aoû 2013 - 9:41 | |
| Un silence pesant et gêné suivit l'intervention de Valya. Les réactions étaient à nouveau variées parmi les nains de l'assemblée. Certains opinaient du chef pour signifier leur accord. Dans leur regard se voyait qu'ils n'avaient pas été insensibles au mots de la Brisétoile. Mais bien d'autres visages affichaient des mines renfrognées et des sourcils froncés. Secouant la tête, ils s'entretenaient à voix basse avec leurs voisins en accompagnant leurs propos de vagues gestes indignés. Ulisson Gorgeroche faisait partie de ceux-là.
« Vos services en tant que capitaine de la garde sont irréprochables, il est vrai » fit le Thane. « Cependant, il n'est pas question ici de remporter une guerre ou de défendre notre cité contre des raids de peaux-vertes. Il s'agit de savoir si oui ou non nous pouvons nous permettre de sacrifier toute une partie de nos ressources afin de soutenir les efforts d'une petite poignée de nains situés à des lieues de notre propre territoire. Nul ne met en doute votre courage ou vos capacités martiales, conseillère, mais si tout le monde ici est sans doute prêt à se reposer sur vous quand il s'agit de protéger nos murs, il n'en va pas de même pour ce genre de questions... »
S'adressant cette fois à l'ensemble de l'assemblée, le chef du clan Gorgeroche reprit d'une voix forte « Ce n'est pas là une affaire de bravoure, mais simplement de bon sens. En ces temps difficiles, nul ne peut nous en vouloir de réfléchir à notre propre survie avant celle de nains inconnus de nous. Et, mes frères, si vous voulez mon avis, les souffrances des serviteurs de Mogar ne sont qu'un juste retour des choses. Après tout, n'est-ce pas leur propre dieu qui a amené sur eux cette misère ? A lui donc de les en délivrer, et non pas à nous ! »
Des cris d'approbations jaillirent un peu partout dans la salle, couvrant ceux, bien moins nombreux, de protestation. La haine du dieu maudit était encore férocement présente chez les thanorites, cela Ulisson ne l'avait pas oublié.
« Nous avons assez discuté » s'éleva une autre voix. « Cela fait des heures que nous débattons, et chacun a exprimé son point de vue. A moins que quelqu'un n'ait quelque chose à ajouter qui n'ait pas encore été dit, je propose de passer au vote. » Mâron Forgeterre se tourna vers la table du Conseil, dont la charge était de diriger cette étape, tandis que dans son dos se faisaient entendre l'approbation des autres nains. L'heure de la décision approchait.
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| | | Agrarald Dolbarg'Ma
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| Sujet: Re: D'anciennes alliances se renouent | PV- Valya Brisétoile Dim 25 Aoû 2013 - 18:42 | |
| Les Nains avaient parlé pendant de longues heures, échangeant parfois avec une violence à peine contenue leurs avis sous la voute de la cité. Les statues de marbre avaient rivé leurs yeux aveugles sur les Thanes et avaient écouté avec patience paroles et promesses. Les débats s’étaient faits dans le bruit et l’excitation. Venir en aide à Almia était une question qui divisait visiblement profondément les Anciens de Thanor. Dans la vaste salle qui accueillait l’assemblée des Thanes, la dernière question qui avait été posée résonnait encore à toutes les oreilles. L’instant était solennel. D’une seconde à l’autre, les destins de deux cités naines allaient se jouer. Ce fut ce moment entre tous qu’Agrarald choisit pour prendre la parole. Il était resté étonnement silencieux durant tout le débat. Il avait assisté sans réellement y prendre part aux altercations qui opposaient les Nains de Thanor. Même lorsque Valya avait jeté son bouclier pour ramener le silence et tenté d’exhorter les siens, il n’avait pas esquissé le moindre geste. Sinon un discret mouvement de tête pour remercier la jeune capitaine de ses efforts. Et à peine avait-il murmuré quelques mots à l’attention d’Haldin lorsque ce dernier s’était excusé de l’attitude des siens, justifiant leurs atermoiements par les affres de la Malenuit. A présent, le vieux prêtre venait de se lever. Il l’avait fait sans aucune hâte, ménageant ses articulations douloureuses après être resté si longtemps assis. Lentement, il avait remis un peu d’ordre dans ses cheveux et sa barbe rousse avant de prononcer ces paroles laconiques :
- Quelqu’un ici n’a pas encore pris la parole.
Sans se départir de son calme, Agrarald fit quelques pas en direction du centre de la salle afin de se placer au centre de l’unique rayon de lumière qui tombait par l’oculus de la salle. Tandis qu’il avançait, ses pas résonnaient dans l’immense salle. Mètre après mètre, ses semelles d’acier sonnaient clair sur les dalles de marbre. Ce son seul sembla suffire à ramener le silence dans l’assemblée. Lorsqu’il fut au centre de la salle, il s’arrêta et patienta, immobile, quelques secondes durant. Sitôt que les derniers murmures se furent tus, il se racla la gorge et prit une profonde inspiration.
- Pour ceux qui ne me connaitraient pas, je suis Agrarald Dolbarg’Ma, Haut-Prêtre de Mogar. Et tandis qu’il se présentait sous cette étiquette, un murmure outragé traversa l’Assemblée des Thanes. Sans se départir de son calme, le vieux prêtre poursuivit comme si de rien n’était. Mais si je suis devant vous ce jour, ce n’est pas en ma qualité de Haut-Prêtre. Non, c’est l’Uzbad d’Almia qui est venu vous parler. Le responsable d’une cité sœur dans laquelle vos frères meurent.
A ces mots, l’Assemblée sembla à nouveau traversée par un frisson d’excitation. Visiblement, les mots qu’avait choisis Agrarald n’étaient pas du goût de tout le monde.
- J’ai entendu et vu beaucoup de choses aujourd’hui. Assister à votre conseil a été pour moi très instructif. Perdu dans les montagnes du Nord, confronté sans arrêt aux Vertegueules, j’avais oublié les… méandres politiques d’une cité libérée de ces soucis.
Ces quelques mots, Agrarald, ce Nain qui avait présidé les offices de l’immense cathédrale de Kirgan devant des milliers de fidèles, les avait prononcés d’une voix froide et presque méprisante. Fin politique, il savait que céder à pareilles provocations était pure folie, mais il n’avait pas pu s’en empêcher. Ecouter les Thanes se plaindre et ergoter à propos de l’aide qu’il était venu quérir l’avait mis presque hors de lui. Pendant qu’il était en visite à Thanor, Mogar seul savait ce que les siens enduraient à Almia. Si les négociations devaient échouer, il devait le savoir au plus vite : ces sorts pourraient être le dernier rempart des siens si les Thanorites ne répondaient pas à son appel. Malgré les sentiments qui bouillonnaient en lui, il fit un effort pour se calmer. Il prit une nouvelle et profonde respiration et reprit d’une voix apaisée.
- Fiers Thanes de la cité de Thanor. Croyez bien que je comprends vos doutes et vos réserves. Et peut-être, si les rôles étaient inversés, réagirai-je de la même façon. Mais pour l’heure, ce sont mes frères qui meurent sous la terre pendant que vous vous inquiétez de vos frongols et de vos troupeaux de galioths. Agrarald se tut durant quelques secondes avant de reprendre : Mais vous oubliez que les richesses de notre peuple ne viennent pas de la terre labourée. Ce n’est que sous la dure roche des montagnes que vous trouverez les pierres précieuses et les métaux qui assureront votre richesse. Cela, une Almia libérée des Rakhas peut vous l’offrir si vous venez à son secours maintenant qu’elle est dans le besoin
Ayant ainsi parlé, Agrarald croisa les bras sur sa poitrine. Il inclina la tête à l’attention des membres du Conseil puis des Thanes avant de conclure :
- A présent, avant de vous laisser voter, j’ai une dernière requête dont je voudrais vous entrenir. J’ai bien noté vos craintes et je les comprends. Néanmoins peut-être serait-il bon qu’avant de donner un avis définitif et de condamner vos frères du Nord, vous retardiez votre vote et envoyiez des émissaires se rendre compte par eux-mêmes de ce que vivent les Almiens. Ces derniers pourraient m’accompagner lors de mon voyage de retour. Ils verraient et jugeraient en leurs âmes et consciences. Ainsi pourriez-vous forger votre opinion sur autre chose que les dires d’un vieux prêtre.
Ayant ainsi parlé, Agrarald se tut et, d’un pas calme, retrouva sa place dans l’espoir que sa voix aurait su se faire entendre par delà les clivages religieux. |
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