[temple de Tesso - Naïm] Visite nocturne

Le silence régnait en maître dans le temple, depuis longtemps les novices avaient regagnés leurs cellules et soufflés leurs chandelles. Les prêtres, qui avaient continué à discuter un peu plus longtemps étaient allé se coucher eux aussi même si certains devaient être en train de lire. Les yeux gonflés par la fatigue, le haut prêtre était penché sur un tas de documents disparates, des missives soignées couvertes de la poussière d’un long voyage, des mots griffonnés à la hâte sur du vélin de très basse qualité mais aussi les parchemins si particuliers des scribes publics. Il avait perdu le compte des heures qu’il venait de passer à rattraper son retard sur ce courrier qui lui était réservé, il s’agissait des documents que ni Naristän, ni même Jorknel n’avaient le droit de lire à sa place. Les auteurs de ses messages étaient passés par des moyens que lui seul connaissait pour lui transmettre ces information et il était hors de question qu’il laisse à quiconque l’accès à cette mine de renseignements à l’état brut. Même s’il devait passer des heures à ne conserver que les informations les plus intéressantes et à les recouper afin d’éliminer les mensonges, il fallait qu’il soit le seul à y avoir accès pour conserver cet avantage sur ceux qui tôt ou tard tenteraient de prendre sa place. Il avait passé des siècles à manipuler des drows, des humains et même des elfes de tous horizons pour se créer un réseau d’informateurs rarement égalé et il savait que Jorknel en possédait un quasi similaire mais heureusement pour Komen, il pouvait manipuler à sa guise certains informateurs que son second se pensait loyaux.

Il déposa le plateau contenant le repas auquel il avait à peine touché au sol afin de ménager encore plus de place sur son bureau pour trier plus facilement les documents. Pendant encore quelques minutes il tria les documents puis il s’étira avant de se lever. Il se saisit de la pile de documents qu’il avait jugés comme étant sans importance ou complètement mensongers, et les jeta dans le brûloir magnifiquement ouvragé qu’il réservait à cet effet.  Il y mit le feu et apprécia la chaleur dégagée pendant quelques secondes avant de retourner derrière son bureau, bien décidé à analyser plus en détail la petite dizaine de documents qu’il avait jugé comme importants. Avec le trône laissé officiellement vacant, il avait un sujet de prédilection mais malheureusement les informations à ce propos se faisaient rares.

Il relisait la missive d’un aubergiste jurant avoir entendu des officiers parler de prendre la place de leur supérieur.  C’était assez intéressant mais il doutait de la véracité des faits relatés, peu de sombres seraient assez stupides pour parler d’une chose aussi grave  à portée de voix de plusieurs témoins. Il s’apprêtait à la faire brûler lorsqu’il fût soudainement interrompu, quelqu’un venait de troubler les ombres du couloir qui menait à son appartement auxquelles son ombre, qu’il avait détachée de son corps, s'était mêlée. Il s’empressa de fourrer les documents restants dans une niche prévue à cet effet dans le mur, il referma la porte de pierre puis il projeta une illusion qui empêcherait quiconque ne disposant pas d’un sens magique aiguisé de distinguer les jointures.

Il se rassit derrière son bureau, se tenant prêt à recevoir le prêtre ou le novice qui venait le déranger. Mais, à cause de l’heure avancée,  il se dit que quelque chose clochait peut être et se prépara à recourir à la magie de Tesso, juste au cas où…

L'heure était tardive et les ombres présentes au Puy sortaient de leurs couvents pour se mêler à la pénombre et aux tourments. La lame noire de la maison des assassins sortait d'un long somme qui s'était interrompu presque soudainement, comme si son petit doigt lui avait soufflé que quelque chose se tramait au sein de la cité sombre. Sa chambre et ses appartements étaient devenus aussi obscurs que son âme, qui suivait un chemin de plus en plus périlleux à travers la longue ascension jusqu'au pouvoir. De longues et profondes cernes soulignaient son regard perçant. La faim lui tiraillant l'estomac, il s'empressa de rejoindre sa chambre froide personnelle où se trouvaient des restes de bêtes sauvages qu'il avait lui-même disséqué pour s'en faire des morceaux de viande fraîche et ne prenant même pas la peine de les faire cuire, il les dévora goulûment. En sortant de là, un large filet de sang dégoulinait de sa bouche mais il n'en fit cure, se contentant de mettre sa longue cape noire et de s'engouffrer dans le long couloir sinueux menant aux niveaux intermédiaires.

Il ne s'expliquait cette soudaine balade nocturne, ni le fait qu'il avait l'air de savoir exactement où aller. Sortant à peine de son sommeil il murmurait dans sa barbe des paroles qui n'avaient aucun sens, mais dont un mot revenait sans cesse : "tuer". Peut-être ses membres étaient-ils engourdis et avait-il besoin de trancher la gorge d'un esclave comme d'un vulgaire mouton, ou bien il sentait un danger peser sur lui... Ou encore une envie pressante de bouleverser la hiérarchie, de briser la monotonie ambiante, de brûler chaque être qu'il croiserait et de faire de Puy d'Elda un immense brasier se propageant dans le monde entier. Ses poings se crispèrent et la cadence de ses pas augmenta, jusqu'à devenir de longues foulées qui l'approchaient comme une furie du temple de Tesso. Perdait-il la raison ? Arrivé sur place il chargea la porte qui s'ouvrit à la volée, et fit face au haut-prêtre de Tesso, à moitié essoufflé, les yeux exorbités, un filet de sang coulant sur son menton et une dague pointé dans sa direction...

" J'ai vu dans mon sommeil, religieux ! Qu'est-ce que tu complotes ? PARLE ! "

Malgré des années d’entrainement pour arriver a garder la parfaite maîtrise de son visage et des émotions qu’il y laisse apparaître, le grand prêtre ne peut s’empêcher de hausser les sourcils devant l’intrus qui vient de faire irruption dans son bureau. En quelques instants il l’analyse de la tête aux pieds essayant de récolter le maximum d’informations utiles. Le sombre semble épuisé, l’expression de son visage, le sang et les cernes font pensé à une sorte de drogue puissante ou de poison. A moins que le bougre ne soit tout simplement dément, difficile à dire juste avec les quelques éléments en sa possession. Il est tenté de mettre la main sur le pommeau de sa dague mais ne le fait pas, son agresseur pourrait prendre ça comme une menace et passer a l’attaque avant qu’il ne puisse esquiver. Il décide rapidement que le calme et les mouvements lents sont les bonnes méthodes à adopter. Lentement il joint ses doigts devant son visage et analyse les implications de la question du forcené.


*** Mais de quoi parle-t-il ? Comme si je ne complotais qu’une seule chose… Il s’est trompé de temple ou quoi? ***


Il se demanda si il avait récemment laissé filtrer des informations volontairement, mais rien ne lui vint à l’esprit. Il décida d’être plus ou moins sincère pour une fois.


" A qui ai-je l’honneur? " Demanda t’il calmement.


" Dans tous les cas il va falloir être un peu plus précis, vous êtes ici dans la maison de Tesso, mensonges et complots sont légions dans ces murs. L’inverse serait tout à fait étonnant. "


Si son interlocuteur avait eu une vision ce pouvait être une hallucination induite par la drogue mais il y avait d’autres hypothèses.


*** Et si Tesso l’avait envoyé à moi pour m’aider, ou bien que je l’aide... ***


" Parle-moi de cette vision ... "

Il n’y croyait pas vraiment mais Tesso était un dieu facétieux et il était possible qu’il ai mit ce drow sur son chemin pour tester la dévotion de son plus fidèle serviteur. Tout en écoutant la réponse de l’intrus, le cerveau de Komen battait la campagne, imaginant la façon dont il pouvait se servir de cette situation à son avantage. Le fait qu’il soit parvenu jusqu’à son bureau, sans être inquiété outre mesure et sans donner l’alerte, prouvait qu’il avait certaines compétences qui pouvaient lui être utile. Dans tous les cas le temps jouait en sa faveur, le bruit qu’il avait fait en pénétrant dans la pièce ne tarderait pas d’éveiller la curiosité des prêtres dont les cellules étaient proche.

Si le haut-prêtre à ce moment avait pensé que le nouveau venu était un fou allié tout droit sorti des souterrains de Puy c'eut été tout à fait justifié. A vrai dire, Naïm en cet instant n'inspirait aucune confiance, au mieux de la crainte, mais guère une menace sérieuse vu son état de folie, certes passagère mais le rendant plus vulnérable que jamais. Les yeux exorbités, la main tenant la dague tremblante, le sang du repas à peine séché sur les lèvres, on aurait dit qu'il avait vu Teiweon poindre à son chevet. Pourtant c'était mal le connaitre que de penser que cet état de transe l'accompagnerait plus de quelques minutes. Déjà lorsque la voix calme et appliquée du prêtre s'éleva au fond de la salle, les battements du coeur du brave ralentirent, ses mains se décrispèrent. Le regard inhabituellement écarquillé cligna et contempla les alentours pour revenir sur Komen.

Il inclina la tête comme pour s'excuser de cette intrusion forcée, rangea sa dague sous sa cape et fixa son interlocuteur.

" Je suis Naïm Arjah. " se contenta t-il de souffler, plus calmement, comme pour apaiser les esprits.

Nul besoin d'en dire plus tant son nom était connu malgré son rôle invisible au sein des murs d'Elda. Il examina le temple quelques instants. La présence de Tesso se faisait ressentir ici plus qu'ailleurs. Ce dieu était trompeur et calculateur. Un lien avec Naïm ? A première vue non. Quoi que l'ambition du sombre s'était accrue en peu de temps, il était devenu la lame noire de la Dothka et une des personnes les plus influentes de Puy. Au même titre que l'un de ses congénères qui visait le trône. Il était normal qu'à un moment, les complots, la traîtrise et la duperie seraient de mise. Est-ce son long sommeil qui l'avait fait cogiter sur son avenir, et sur les moyens qu'il emploierait pour grimper l'échelon ultime ?

" J'ai eu... une vision. " continua t-il en prenant place à quelques mètres de Komen, sur le fauteuil qui lui faisait face.

" Pardonnez mon intrusion grand prêtre, je ne suis pas certain de savoir ce qui m'a conduit en ces lieux, mais je ne peux plus faire marche arrière. Je suis venu m'entretenir avec vous. Je n'ai que trop rarement prier Tesso Uns'aa Ulnen, je le confesse, mais comme lui je ne suis que fumée aux yeux des regards faibles. "

Ayant retrouvé tous ses moyens, et paraissant plus sûr que jamais, il croisa les bras et son regard fixe ne quitta pas Komen une seconde.

" Je suis une ombre qui recouvre la Cité, qui grandit, nourrie par l'ambition. Je veux le pouvoir et la puissance, je veux m'asseoir sur le trône, à n'importe quel prix. Teiweon elle-même sait que je donnerais mon âme pour y parvenir. J'ai prouvé à Uriz ma force. Mais j'ai besoin d'un soutien en ces lieux où les rats complotent, car ce domaine ne m'est que trop peu connu... M'aideras-tu, haut-prêtre de Tesso, Komen Al’stalkën ? Seras-tu cette marche qui me mènera à la victoire, et à la renaissance de notre peuple ? "

Ayant retrouvé la parfaite maîtrise habituelle de son visage, le haut prêtre ne laissa rien paraître du léger soulagement qu’il ressenti lorsque l’intrus se décida à se calmer un peu. Il sût qu’il avait fait le bon choix en restant calme et posé, un autre comportement aurait pu faire dégénérer la situation rapidement. Et même s’il avait confiance en sa magie, on n’était jamais à l’abri de plus fort et plus rapide que soi. Il n’avait aucune envie de périr aussi bêtement, d’ailleurs il n’avait aucune envie de mourir du tout, mais il savait que c’était inévitable, et qu’à cause de son rang, ce ne serait pas une mort accidentelle ou naturelle. Il se détendit un peu plus en voyant l’arme disparaître, il prit soin de se souvenir de l’endroit précis où devait se trouver le fourreau. En cas de nouvelle crise il faudrait peut être qu’il intervienne et s’il pouvait empêcher le sombre de dégainer ça lui sauverait peut être la vie. Il avait entraîné son esprit à remarquer ce genre de chose et c’était devenu un réflexe chez lui. Quand il croisait quelqu’un de nouveau il commençait en général par essayer de voir ou de deviner l’emplacement d’une arme, puis a cerner une faiblesse à exploiter en cas de problème. Son interlocuteur semblait parfaitement valide malgré le sang qui avait séché au coin de ses lèvres, cela intrigua Komen mais il ne se laissa pas déconcentrer.

A l’annonce du nom de son visiteur, il se mit à farfouiller rageusement dans sa mémoire bien ordonnée. Ce nom lui disait quelque chose, c’était certain et si son interlocuteur pensait que ça suffisait comme présentation, c’était qu’il était censé le connaître. Mais Komen connaissait énormément de nom et il avait été obligé de se forcer à un certain cheminement mnémotechnique pour ne rien oublier. Il hocha la tête à l’intention du sombre en face de lui et l’invita d’un geste à s'asseoir, comme s’il avait compris de qui il s’agissait mais en réalité il lui fallut encore un instant pour se souvenir…

*** La lame noire de la Dothka … *** Il s’efforça de rester impassible pendant que l’assassin s’asseyait.

Naïm avait raison de penser qu’il connaîtrait son identité, beaucoup la connaissaient même si il avait entendu des choses tout a fait farfelues à son sujet. Une chose était certaines, c’était un sombre dangereux… Que ce soit physiquement, après tout c’était un assassin et il faisait bien son métier, ou mentalement, à cause de son ambition et de sa tendance à la rébellion. Alors qu’il s’apprêtait à relâcher totalement sa concentration qui lui permettrait de faire appel à la magie, il renonça et préféra parer à toute éventualité. Il était en présence d’un homme mortellement redoutable, ce n’était certainement pas le moment d’être trop sûr de soit. Il l’écoutait parler mais son esprit ne pouvait s’empêcher d’émettre milles et une hypothèse.

*** Est-il ici pour me tuer? Pourquoi attendrait-il ? Il en avait presque l’occasion…

A moins qu’il veuille déjouer le complot dont il a parlé tout a l’heure mais je n’en connais aucun qui ne le touche directement... ***

L’assassin poursuivait ses explications qui invalidèrent les théories du haut prêtre. Il voulait simplement de l’aide pour se hisser sur le trône, voilà qui l’intéressait au plus haut point. Restait à savoir ce qu’il allait répondre, un refus franc et direct était à écarter, contrarier ce genre de sombre pouvait se révéler néfaste pour la santé. Dans tous les cas il fallait qu’il saisisse cette occasion, trop belle pour qu’on la gâche.

" Prendre le trône hein? " Un léger sourire voila son visage.


" Tu ne fais pas dans la demi mesure toi… Mais j’aime les drows ambitieux, du moment qu’ils sont assez intelligents pour ne pas se laissés aveugler par ce sentiment. "


Il semblait tout à fait décontracté, ils étaient sur son terrain de prédilection, les complots, trahisons et autres mensonges.


" J’ai trois petites question néanmoins…


Es-tu seul pour atteindre ce but ? " Il leva un doigt.


" Comment comptais tu t’y prendre avant de venir me trouver ? " Un autre doigt se dressa.


" Qu’es-tu prêt a offrir pour mon soutien? " Un dernier doigt monta puis sa main vint rejoindre l’autre sous son menton.

Il aurait pu se contenter de lui assurer son soutien inconditionnel puis choisir plus tard de le trahir ou de l’aider en fonction des forces en présence et de la situation. Mais tout portait à croire que Tesso avait guidé la lame noire jusqu’à lui. Peut être voulait-il qu’il le guide dès le départ afin de maximiser ses chances de succès.

Komen sembla réfléchir quelques instants et creuser dans sa mémoire lorsqu'il entendit le nom de Naïm Arjah. Il est possible que certaines personnes n'aient eu vent de lui, même lorsqu'il était un homme de main connu pour son entêtement et ses coups de gueule au sein de la cité, mais un haut prêtre se devait de connaitre l'identité de la lame noire qui, d'un coup dans l'obscurité, pouvait faire s'achever une vie aussi vite qu'elle n'avait commencée. Elle semblait courte désormais pour les opposants au sombre Arjah. Mais lui-même à vrai dire n'était guère intéressé par une longue et paisible existence. En effet, notre prétendant au poste de Barra préférait vivre l'instant, s'immiscer dans les ombres et tuer, s'élever, sentir l'adrénaline lui parcourir les veines tandis qu'il enfonçait sa lame et ses ongles dans la gorge de sa victime.

Naïm restait focalisé sur le haut prêtre, le dévisageant et semblant le jauger du regard. Comme s'il calculait les chances qu'il avait de réussir son entreprise avec ce représentant d'une discrète et fugace divinité. Mais Ô combien utile et importante à ce stade. A Puy d'Elda il était rare que les amitiés et les alliances survivent au-delà du court terme. Quelques siècles tout au plus. Mais Naïm ne se projetait pas trop loin par crainte de se noyer dans ses projets, il préférait effectuer un coup après l'autre, exécuter son plan et le réussir avant de penser au prochain. L'ambition était un chemin trop sinueux pour pouvoir le prédire et il était aisé de courir à sa perte. L'assassin préférait marcher efficacement et sans imprévu, même si son côté impulsif pouvait lui jouer des tours. Sa voix s'éleva à nouveau, coupant court aux éventuels doutes de son interlocuteur.

" Vous, les haut religieux, êtes les seules personnes respectées et écoutées. Vous avez une emprise sur ce peuple, pas besoin de puissance, votre parole suffit. Je me suis forgé seul et ma force m'a emmené jusqu'ici. Pour grimper plus haut, j'aurais besoin de la sagesse et l'éloquence d'un prêtre. Si je souhaite que tu t'allie à moi c'est que tu connais mieux  que quiconque la ruse et le mensonge. Je deviendrai Barra dans un premier temps et si tu me suis jusqu'au trône, je t'élèverai plus haut que n'importe quel religieux... Tu guideras le peuple avec moi, et ta vérité sera la sienne. "

Il s'empara à nouveau de sa dague au manche argenté et la fit tourner avec son index droit, inséré dans le trou en bas du manche. Il savait faire preuve d'éloquence, et par ses paroles il prouvait au haut prêtre qu'il était loin d'être un simple assassin sans cervelle. Il l'écouta énumérer ses questions en levant les doigts, puis répondit sans ciller.

" Es-tu seul pour atteindre ce but ? "


" Comment comptais tu t’y prendre avant de venir me trouver ? "


" Qu’es-tu prêt a offrir pour mon soutien? "

" Je suis avec toi désormais. J'ai cherché à faire des alliances mais toutes se sont révélées inutiles et sans lendemain. Je t'offrirais ce que tu désires le plus, grand prêtre... "

Il marqua un silence, contempla son vis-a-vis et lui posa la question.

" Qu'est-ce que tu désires le plus, Komen Al’stalkën ? "

Impénétrable, le haut prêtre continuait de réfléchir à ce qu’impliquaient cette visite et cette demande de soutien. Beaucoup de choses à venir pourraient être influencée par cette rencontre, que ce soit dans la vie des drows, du puy et surtout du temple. S’engager d’un seul côté était toujours risqué et jouer double pouvait conduire à l’achèvement prématuré de sa vie. Certes les prêtres étaient des drows respectés et écoutés mais il était évident que les prêtres des dieux secondaires l’étaient beaucoup moins que ceux d’Uriz et Teiwon. C’étaient une des choses qui agachaient le plus Komen, malgré tous les efforts qu’il déploierait il ne pourrait jamais changer ça. Ces dieux étaient bien trop ancrés dans les mentalités et dans les croyances de son peuple pour les minimiser. Mais il lui restait l’espoir de placer des amis à la tête de ces temples et d’ainsi prouver a tous que des autres dieux Tesso était le plus grand.

La réflexion de son visiteur l’amusa, si il pensait que le haut prêtre de Tesso n’avait qu’un discours a faire pour influencer l’opinion publique il se trompait lourdement. Jamais on ne verrait Komen sur une estrade en train de tenter de persuader les foules du bienfondé de son discours. Ce n’était pas du tout dans ses manières de faire, même si il n’aurait peut être pas été mauvais dans cet exercice. Il préférait amplement manipuler d’autres personnes pour tenter d’imposer ses idées, il trouvait la chose beaucoup plus jolie, beaucoup plus dans les façons de faire d’un fidèle de Tesso. Cependant il n’interrompit pas l’assassin, le laissant répondre à ses questions tout en réfléchissant.

*** Avoir un assassin de renom dans mon camp pourrait s’avérer plus qu’utile, l’avoir comme ennemi serait trop dangereux.
Le mieux serait de m’en servir puis de le sacrifier, mais sera-t-il assez naïf ? Ce serait dangereux aussi, je n’ai aucune envie de l’avoir a mes trousses.
A-t-il la carrure nécessaire ? ***

Les réponses de son interlocuteur ne l’avancèrent pas vraiment mais elles lui avaient permises de terminer sa réflexion et il savait désormais ce qu’il allait répondre et faire. Car oui, avec un fidèle de Tesso, ça pouvait être deux choses totalement différentes. Il décolla les mains et pris la parole.

" Ce que je veux vraiment ? " demanda t’il en souriant.
" Seul Tesso pourrait me le donner et je doute fort qu’il soit disposé a m’élever en égal. Mais de façon plus réaliste, tu pourrais peut être m’aider en effet, que ce soit en tant que Barra ou que Seigneur du Puy. "

De façon générale, Komen était quelqu’un d’assez prolifique au niveau des idées pour augmenter son influence et son pouvoir ainsi que ceux de son temple, mais souvent, il était bridé par le manque de moyens ou de soutiens. Même si avec le temps il était parvenu à se forger un réseau, il ne pouvait égaler la puissance meurtrière et la compétence des membres de la Dothka.

" Soit, je t’aiderais à obtenir ce que tu veux et tu m’aideras en retour. Comment comptes-tu procéder pour te débarrasser de ton supérieur et prendre sa place ? Tu as besoin des dons de Tesso pour y parvenir ? Qui te soutient dans la Dothka ? Même si tu deviens leur chef, tu risques de ne pas faire long feu si personne ne t’aide en interne. "

Il ne comptait pas dévoiler à son nouvel allié toutes ses cartes d’un coup, mais il possédait quelques contacts dans la Dothka dont un qu’il pouvait aisément manipuler. Il voulait voir ce qu’avait l’assassin en tête, ça lui permettrait de jauger l’esprit de Naïm, est-ce qu’il penserait à tous les détails qui pourraient empêcher son ascension ? Est-ce qu’il se ruerait dans le premier obstacle venu sans même chercher à l’éviter ?

Dieu secondaire ou pas, Naïm savait que s'il avait la faveur de Tesso, beaucoup de choses pourraient en découler. En ces temps de guerre, et alors que la cité s'affaiblissait au fur et à mesure que les bataillons drows partaient pour le front, en Anaëh, les opportunités étaient nombreuses, et les individus trop longtemps laissés de côté ou très peu considérés ne demandaient qu'à prendre leur revanche. Le mensonge et la duperie étaient monnaie courante dans les bas fonds d'Elda, mais elles pouvaient se révéler aussi incisives dans les hautes sphères à l'heure ou la hiérarchie était bouleversée et que rumeurs et spéculations envahissaient les couches nobles et populaires du Volcan. Les complots naissaient ici et là, des mouvements se faisaient ressentir, les religieux quittaient leurs temples pour rejoindre de mystérieuses réunions souterraines et planifier un coup d'état imminent.

Naïm en savait quelque chose, il avait lui-même pris part à une réunion orchestrée par Serzin peu de temps auparavant, mais après mûre réflexion et analyse il savait désormais qu'il ne pouvait compter que sur lui-même et sur les ombres qui le suivaient, infaillibles et inévitables. Et il ne voulait laisser quelqu'un d'autre décider à sa place de son avenir. Il prenait les choses en main et choisissait ses alliés lui-même, selon son ressenti, ses songes, et en l’occurrence ce soir, une vision pour le moins inhabituelle qui l'avait conduit jusqu'ici... Il n'avait plus qu'à tenter d'en tirer le plus de bénéfice possible. Mais avant ça ...

" Mes deux plus loyaux serviteurs sont ici même. Tu ne t'en es peut-être pas rendu compte, mais ils m'ont rejoint très vite, très discrètement, et leurs yeux t'observent. " déclara t-il, soucieux de mettre un terme à sa protection temporaire.

Levant les yeux au-dessus de Komen, émit un léger sifflement. Deux silhouettes sortirent alors de l'obscurité dans le dos du haut prêtre, firent le tour du bureau du prêtre et vinrent se positionner aux côtés de leur supérieur. Leur visage était recouvert d'un foulard et d'un capuchon, seul leur regard orangé était visible. Ils étaient deux des dix membres de la Venorik Kyorl, la Garde Silencieuse du Barra, faisant parti de l'élite, plus discrets que les ombres. En toute circonstance Naïm pouvait compter sur ces deux-là pour couvrir ses arrières, ou servir d'éclaireur et supprimer la menace. Éliminer une cible n'avait jamais été aussi facile, il ne se salissait même plus les mains à présent. A part quand ça lui manquait... Toujours est-il que les choses lui semblaient sous contrôle et il ne se sentait plus obligé d'avoir deux pairs d'yeux supplémentaires posées sur le haut prêtre.

" Je t'accorde ma confiance. Puisses-tu m'accorder la tienne et celle de ton Dieu en retour. " fit-il en direction de Komen en s'inclinant brièvement.

Il se leva de son fauteuil, sa main vint se poser sur l'épaule des deux vétérans tour à tour, signe pour eux que tout était en ordre, puis ils quittèrent la salle silencieusement, comme s'ils n'avaient jamais été présents. Ils étaient les deux espions infiltrés de la lame noire et lui rapportaient chaque geste de Bahei'Laskross. Ce dernier s'éteignait petit à petit et le coup de grâce ne tarderait pas à venir. Naïm effectua quelques pas dans une direction, puis dans l'autre, passant de l'ombre à la lumière, du silence à la parole, et laissant les questions et propositions de son interlocuteur se balader dans les lueurs tardives avant de trouver oreille et réponse. Lorsque la voix s'éleva on n'aurait su dire si Naïm se trouvait d'un côté ou de l'autre de la pièce, à cet étage ou à un autre, la voix semblant provenir du sol même.

" La Qu'ellar d'veldrin, quand elle m'a accueilli en son sein, m'a donné le pouvoir d'ôter la vie à quiconque. Ce n'est que par crainte que l'on n'ose attaquer Bahei'Laskross. La crainte de s'en prendre au plus puissant représentant des Ombres et d'en payer les conséquences. "

En effet, le Barra était la plus haute autorité de la Dothka et nul doute que ses compétences en étaient le reflet. Il n'était pas là par hasard. Mais un Velg'larn ne reculait devant aucune difficulté pour mener à bien sa mission, c'était bien connu.

" Je n'ai que deux options : la mort de mon ennemi ou la mienne. "

Il sortit de la pénombre et proposa son plan et ses directives.

" Les membres de la Venorik Kyorl sont choisis par le Barra, ils constituent sa meilleure unité et son dernier rempart. Sans eux il est vulnérable, et je suis capable de l'abattre de front. Je sais comment entrer en contact avec eux, par le biais d'un intermédiaire. Un espion des Ombres se faisant passer pour un esclave. J'aurais besoin d'un stratagème de Tesso pour éloigner les hommes de Laskross et lui porter le coup fatal.

Qu'en penses-tu ? "

Le haut prêtre resta de marbre lorsque les ombres se révélèrent, il savait que quelqu’un avait pénétré dans son bureau mais n’avait pas détecté l’autre. Son ombre, toujours mêlée à celles du couloir, l’avait immédiatement alerté lorsqu’elle avait senti quelqu’un pénétrer dans le bureau. Il avait choisi de ne pas réagir ouvertement afin d’étudier le comportement de ce nouvel intrus. Il avait rappelé son ombre auprès de lui et s’était préparé à plonger la pièce dans une obscurité totale en cas d’agression. Il s’en voulu de ne pas avoir remarqué le deuxième intrus, c’était une erreur grave qui aurait bien pu signifier sa fin. Il se jura qu’on ne l’y reprendrait plus, mais il savait au fond de lui que tôt ou tard il laisserait une autre faille du genre. Par mesure de précaution, il envoya son ombre explorer les ombres de la pièce, il n’avait pas envie d’une nouvelle surprise du genre.

" Messieurs… " Dit il avec un signe de tête à l’intention des assassins qui rejoignaient leur supérieur.

" J’apprécie. " Ajouta t’il en s’adressant a Naïm.

Il hésita quelques secondes à relâcher son contrôle sur les ombres environnantes, se retrouver ainsi a découvert ne lui plaisait pas du tout. Mais il ne pouvait pas se permettre d’offenser l’assassin qui parvenait peut être à détecter la magie. Il décida de prouver sa bonne foi mais il voulu y mettre les formes. Il se concentra sans le montrer, puis il leva lentement la main au dessus de sa tête et claqua des doigts. Les ombres de la pièce entière semblèrent entrer en ébullition et peu à peu des silhouettes de drows cauchemardesques se détachèrent pour aller mourir dans les flammes des bougies ou s’enfuir dans le couloir. Une fois qu’elles furent toutes parties, la pièce sembla un peu plus lumineuse, un peu moins étouffante. Il hésita encore un peu puis relâcha son emprise sur son ombre qui réintégra calmement sa place normale. Il ne le montra pas mais il était très satisfait de son petit effet, ça lui avait demandé effort supplémentaire qu’il estima tout à fait rentable. Il était hors de question de paraître faible ou vulnérable face à ce nouvel allié.

" Voilà pour ma confiance, je n’ai cependant pas la prétention de t’accorder celle de Tesso. Mais tu découvriras rapidement si tu as sa bénédiction. "

Il écouta ensuite les explications de l’assassin, se débarrasser du Barra ne serait pas une mince affaire et c’était vrai qu’elle se révèlerait presque impossible si sa garde rapprochée était présente. L’esprit tortueux du haut prêtre se mit en branle et il émit des dizaines de plans tout en les éliminant directement de sa liste à la moindre imperfection.

*** Pour éviter l’affrontement frontal on pourrait se contenter de l’empoisonner… Non il doit être préparé à cette éventualité et si le maître des poisons n’est pas dans la combine les chances sont nulles. Peut être justement se servir du spécialiste des toxiques contre son supérieur, mais il est peut être d’une fidélité sans faille et je ne crois pas avoir quoi que ce soit contre lui.
Ou un coup monté peut être ? Avec des enfants peut être… Non personne n’osera l’attaquer de front ni se fâcher avec lui.
Son idée semble être réalisable, il faut juste que je trouve de quoi attirer ses gardes loin de lui… Plus facile à dire qu’à faire. Puis il ne faut pas que ça nous retombe dessus une fois que le meurtre aura été effectué.
Voyons voir, de quels outils je dispose… Hum… Oui, je dois pouvoir le convaincre… Excellent…***

Il se demanda quelle part de son plan il devait révéler à son interlocuteur, il fallait qu’il donne l’impression d’être parfaitement honnête. Mais il ne voulait pas devenir inutile, il fallait que l’assassin continue d’avoir peur de lui.

" Il me faut trois jours, mais je pourrais le faire, il faudra qu’à la tombée de la nuit ton espion esclave apprenne qu’un groupe est en route pour assassiner le Barra. Je ferais en sorte qu’il y ait un tel groupe jeté en pâture à la Venorik Kyorl et qu’il soit assez important pour mobiliser la troupe entière. Pour plus de crédibilité ce groupe sera mené par un relativement haut placé de la Dothka. L’idéal serait qu’il ne soit pas pris vivant, tu aurais moyen de t’en assurer ? Quelqu’un dans la Venorik Kyorl qui pourrait garantir ça ? A toi de décider si tu veux revendiquer l’assassinat ou prendre la place de Barra en disant qu’il a été tué par un allié ce haut placé que tu retrouverais, par hasard, et qui serait malheureusement lui aussi tué dans le combat. Ca permettrait de se débarrasser de deux personnes qui auraient pu devenir une menace pour toi.

Qu’en dis-tu ?"

Cette solution présentait plusieurs avantages mais elle requérait une infinie minutie, le moindre grain de sable pourrait venir enrayer la belle mécanique que demanderait ce plan.

Si l'une des ombres de Naïm n'avaient pas été détectée par celle du haut prêtre, c'est qu'il était habitué à ce genre d'infiltration et peu de personnes, même dotées d'une magie élevée, pouvaient se vanter de maîtriser cet art mieux que la lame noire. Une fois l'obscurité apaisée, les deux assassins ayant pris congé et Komen ayant levé ses sortilèges de protection qui ne lui seraient plus utiles maintenant que la confiance était établie, Naïm s'étendit un peu plus sur le fauteuil tandis que ses doigts tapotaient l'accoudoir. Les yeux dorés scrutaient l'interlocuteur qui semblait réfléchir à un plan, voire plusieurs. Sélectionner le plus efficace ne semblait pas chose facile.

" Il me faut trois jours, mais je pourrais le faire, il faudra qu’à la tombée de la nuit ton espion esclave apprenne qu’un groupe est en route pour assassiner le Barra. Je ferais en sorte qu’il y ait un tel groupe jeté en pâture à la Venorik Kyorl et qu’il soit assez important pour mobiliser la troupe entière. "

" Pour ça, une bande de renégats fera l'affaire. Je connais un groupe de prisonniers qu'il serait facile de manipuler, des bâtards sans foi ni loi qui n'attendent que de s'échapper et trouver un coupable pour le faire payer. Le Barra sera ce coupable. "

" Pour plus de crédibilité ce groupe sera mené par un relativement haut placé de la Dothka. L’idéal serait qu’il ne soit pas pris vivant, tu aurais moyen de t’en assurer ? Quelqu’un dans la Venorik Kyorl qui pourrait garantir ça ? "

" Sandor, un Vel'glam vétéran, convoite le place de Laskross depuis des années. Il sera à la tête de cette offensive. Mes deux alliés de la Garde Silencieuse se chargeront de lui pendant que je porte le coup de grâce à Laskross. "

" A toi de décider si tu veux revendiquer l’assassinat ou prendre la place de Barra en disant qu’il a été tué par un allié ce haut placé que tu retrouverais, par hasard, et qui serait malheureusement lui aussi tué dans le combat. Ca permettrait de se débarrasser de deux personnes qui auraient pu devenir une menace pour toi.

Qu’en dis-tu ?"

" C'est un plan qui t'honore, Komen Al'stalkën. Je m'annoncerai comme le vengeur de Laskross et son nouvel héritier, en tant que lame noire sa place me revient. Je prierai Tesso pour qu'il m'accorde ses dons à ce moment là.

Si tout se déroule comme prévu tu seras richement récompensé par la Dothka. Restons dans l'ombre jusqu'à l'avènement de cette aube nouvelle. "

Naïm se leva, se saisit de sa dague et s'érafla la paume de la main droite, qui se mit à saigner, puis la tendit pour serrer celle du haut prêtre. Il ferma ensuite les yeux, et son corps se fit de plus en plus opaque, jusqu'à disparaître totalement. L'ombre au sol était toujours là, et glissa à travers la salle pour disparaître dans l'obscurité du couloir.
La mise en place du plan pouvait commencer.

Le plan semblait plaire à son interlocuteur, c’était une bonne chose. Certes il s’agissait d’un plan assez basique, mais au cours de sa carrière Komen avait compris que parfois les choses les plus simples étaient les efficaces si elles étaient bien exécutées. Certains des prêtres de Tesso se complaisaient dans des stratégies alambiquées, longues et couteuses a mettre en place, le Haut prêtre lui parvenait au même résultat avec moins de risques et avec beaucoup moins d’efforts. Bien sûr cette capacité n’était pas innée, cela faisait moins d’un cycle qu’il travaillait à la simplification de ses plans. Cette volonté de réduction de la complexité lui avait même parfois joué des tours mais il parvenait désormais à un équilibre quasi-parfait. Il avait aussi compris que la réussite de ce genre de mission résidait parfois dans les petits détails ce qui pouvait parfois le faire passer pour quelqu’un de ridiculement pointilleux.

" Il ne faut pas que ce soit toi qui parle à ces prisonniers, il y a trop de risques que l’un d’entre eux en réchappe, n’aille pas au combat, parle un peu trop entre l’évasion et le combat, ou même que quelqu’un vous voit ensembles. On ne sait jamais. Il vaut mieux que je m’en charge, Tesso garantira qu’on ne remonte pas jusqu’à moi, il me suffira du maximum d’informations possibles sur ces renégats."

Il n’aurait aucun mal à changer son apparence et à se faire passer pour un gardien de la prison. Ce serait même un jeu d’enfant pour lui, il coulerait quelques paroles mielleuses dans les oreilles de ces rebuts de la société avant de les lâcher sur le Barra, enfin c’est ce qu’ils croiraient.

" L’idéal serait aussi que ce soit moi qui parle a Sandor, je lui promettrait l’assistance du Temple du menteur pour s’emparer de la place de Barra. Je ne devrais pas avoir trop de mal à le convaincre. Il peut toujours crier que je l’ai trahi au moment de sa mort, personne ne s’étonnera et s’il le faisait nous pourrons toujours faire semblant d’être en froid. "

Il retint de justesse une expression de consternation devant le rituel de sang, comme si ça pouvait l’empêcher de trahir son nouvel allié si le besoin s’en faisait sentir… Mais il l’imita avec sa propre dague avant de le regarder disparaître dans la nuit. Ils savaient ce qu’ils avaient à faire.