Mes Hommages | Alanya & Desmond

Un héraut accompagné d'une petite troupe d'hommes de la Dame du Val ne tardèrent pas à arriver au sein de la Baronnie d'Alonna. Il délivra ainsi les présents de la Comtesse et Baronne et adressa cette lettre en particulier à la Dame de Broissieux. Une autre missive fut conjointement transmise au Baron rendant aussi ses hommages.

Blanche d’Ancenis, Grande Dame du Val, Comtesse de Velteroc et Baronne de Hautval,

A sa Seigneuries et son Honneur, Alanya de Broissieux, baronne d'Alonna, Dame de Broissieux,


MaDame, nous vous exprimons non sans joie nos plus grands respects, hommages et vous félicitons de votre ascension à vous et votre époux. Sachez que nous aurions bien aimé nous rendre jusqu’à vos belles contrées, cependant il nous en est impossible actuellement. Vous n’êtes pas sans savoir la position délicate qui nous incombe à cause de la mesnie d’Olysséa. De plus, notre cher époux est malade et chaque jour, nous prions et veillons sur lui afin qu’il retrouve sa vigueur d’antan. Croyez-le cher amie, nous le regrettons sincèrement. Nous ne vous cachons pas que nous vous envions de pouvoir garder votre époux aussi longtemps. Néera semble capricieuse avec les hommes peuplant notre vie et elle laisse sa sœur Tyra nous les arracher. Nous en venons parfois à nous demander si les Dieux ne nous ont pas maudits. Enfin là n’est pas le motif de notre missive.

Nous attendons avec impatience la prochaine grande nouvelle vous concernant comme la venue d’un héritier. Au départ, je ne me sentais pas faite pour être mère puis j’ai découvert les joies mais aussi les souffrances que sont de donner la vie. En effet, j’ai perdu deux enfants et je prie pour que cela ne vous arrive jamais.

Nous vous enjoignons cinq tonneaux de Hautval et cinq tonneaux de Carruw, en espérant que vous apprécierez le vin de notre beau pays ainsi que deux amphores complètes de notre miel. Nous  escomptons que cela vous plaira.

Nous tenons aussi à vous mettre en garde pour votre plus grand bien car nous ne désirons pas qu’il vous arrive à vous et votre époux quoique ce soit. Nous vous conseillons de tenir à l’œil le Baron d’Etherna qui, sachez-le, par pure égoïsme et profit personnel à préférer devenir parjure. En effet, ce dernier a rompu ses vœux auprès de notre sœur, Madeleyne d’Ancenis, la Marquise d’Odélian car la couronne l’en a sommé si il désirait avoir Oësgard, pourtant ma bien aimée cadette n’avait en rien des allures d’ennemi puisqu’elle a elle-aussi prêtée hommage au Roy. Cependant, le Baron a préféré se monter déloyal pour un appât de gain que représentait Oësgard dont l’héritier devait devenir l’époux de ma fille ainée, Alcyne, princesse de sang. Face à cette infamie, nous vous conseillons la plus grande prudence. Si un homme est capable d’une telle trahison une fois, nous pensons qu’il n’hésiterait pas à recommencer afin de parvenir à ses fins. Comme déjà mentionné, nous n’aimerions pas qu’il vous arrive quoique ce soit car nous pensons que si le Baron d’Etherna vous a aidé, ce n’est pas par altruisme mais sans doute dans un but précis. Nous n’aimerions pas voir d’ « autres victimes » de ses méfaits.

Nous savons que vous et votre époux sont des personnes intelligentes et que ce genre de fourberies jamais ne vous éclaboussera mais par précaution nous avons préféré vous prévenir.

Sachez que vous êtes les bienvenus en Hautval et Velteroc. Nous serions honorée de pouvoir, une fois l’orage passé pour nous, venir visiter vos contrées réputées pour de nombreuses ressources et surtout ses vestiges du passé. En effet, la Bataille d’Alonna est célèbre et nous avons déjà lu des ouvrages traitant de la bravoure des péninsulaires à repousser ses infâmes sombres.


Que les Cinq veillent sur vous et les vôtres.

Mes amitiés, Blanche d’Ancenis, Grande Dame du Val, Comtesse de Velteroc et Baronne de Hautval.

Le ciel étit dégagé. Rien ne semblait faire de l'ombre à l'astre. Pas de conccurent en ce printemps. Il faisait quand même frais en Alonna, mais qu'importe, le soleil réchauffait les coeurs et faisait fleurir les jardins. Je n'avais aucune obligation aujourd'hui, si ce n'était prendre du temps pour moi. Les derniers temps, je n'avais pas eu l'occasion de me balader sans que cela sois pour une raison politique. Il n'était pas tout à fait midi lorsque je quittais mes appartements, suivit par une de mes dames de compagnie. Elle était charmante, avec des cheveux blonds, peu commun dans nos contrées. D'ailleurs, son filet de voix cristallin laisser entendre un léger accent de la Penninsule du sud. Je n'avais jamais osé demandé d'où provenait ce son mélodieux. Dans les couloirs, les visages affichaient des sourires simples et une joie propre à la gaieté d'un hiver passé. Il est vrai que cela était plaisant de ne plus subir la grisaille, la pluie et même la neige. Bientôt les températures s'adouciraient et il ferait bon vivre. D'un pas léger, je traversais l'aile est avant de sortir dans la cour où de nombreuses plantes avaient éclos. C'était un régale pour les yeux. Les pétales se teintaient de rouge, d'or, d'orange, de rose, parfois de blanc et d'autres encore semblaient marbrés. Toutes plus magnifiques les unes que les autres. Je m'installais sur le petit banc de pierre, y invitant Ingrid. Elle aussi semblait bénéficiaire des attraits du printemps. "N'est-ce pas splendide ma Dame? Je ne crois pas les avoir vu aussi fleuris depuis longtemps". Je souriais de bon coeur. Elle était jeune et fraiche, avait bon gout et surtout, savait quand se retirer. "Tu as raison Ingrid, ces plantes sont merveilleuses. Et elles sentent bons, jusqu'à l'intérieur du chateau. Voilà qui ne va pas arranger la maladie de printemps d'on souffre notre marmiton". Elle se mit à rire. Elle était vraiment belle, et bientôt, elle serait en âge de se marier. Sans nul doute elle trouverait quelqu'un très vite, à même d'occuper la place de mari. "Les dieux ne l'ont pas gâtés". J'acquiessais d'un mouvement de tête. Les dieux. Savait-elle ce que j'en pensais? Non, sinon elle n'aurait même pas mentionné leur existence. A vrai dire, je ne portais plus d'attrait à une religion grassouillette qui n'apporte d'aide qu'aux pieux donneurs quand tout leur sourit. Le but de la croyance n'est-elle pas de trouver une solution aux questions insolubles?
Le clairon sonna, me tirant de mes pensées. Nous n'attendions personne. Ingrid se releva d'un bond, l'insoucience se lisait sur ses traits encore enfantin. Elle saisit mes mains, le sourire aux lèvres. "Ma Dame, nous avons des visiteurs! Vous n'avez rien dit lorsque je vous ai préparé, sinon j'aurais sortit vos plus beaux atours!". Elle semblait excitée à l'idée de voir de nouvelles personnes. Ma jeunesse me manquait parfois. "Ingrid, calme toi. Je n'avais pas la moindre idée que l'on nous visiterait. D'autant plus que le baron est partit à la chasse aujourd'hui". Je me levais quand même et pris la direction du castel, suivis de la galopante dame de compagnie. Un hérault vient à notre encontre et m'enquit de la situation. "Le Hautval vous à envoyé quelques présents, ainsi qu'une lettre". Il me l'a tendit sans attendre. "Bien. Que les personnes chargés du transport se reposent. Ingrid, charge toi de leur offrir à tous une chambre et un bon repas. Je m'en vais dans mes appartements. Faites leur savoir que la Baronne leur souhaite un agréable séjour en Alonna". "Bien ma Dame". Elle partit en vitesse avec le hérault. Que pouvait contenir cette lettre? Et pourquoi tant de petites attentions? Il n'était pas commun qu'une famille aussi noble nous envoie quelconque cadeau ou billet. J'ouvrais la porte en bois donnant sur ma chambre. Un grand lit trônait face à l'âtre. Près de la fenêtre ouverte où les rayons illuminait la pièce, un bureau de bonne facture était disposé. Je m'y installai sans attendre, ouvrant avec douceur le cachet. Un bruissement d'aile coupa ma lecture et je levais la tête en souriant. Oeilnoir m'observai avec curiosité. C'était un faucon pélerin que j'avais depuis quelques années déjà. L'emblème de notre famille, avait dit mon oncle. Je caressais son plumage avant de me saisir de ma plume et d'un papier.

Alanya de Broissieux, Dame de Broissieux et Baronne d'Alonna.
A Blanche d'Ancenis, Grande Dame du Val, Dame de Veltroc et Baronne de Hautval, amie d'Alonna.

Ma chère Blanche,
Votre lettre m'a touché tant par les intensions que par les présents que vous nous avez offerts. Je ne sais comment vous remerciez pour cela. Le baron et moi même sommes désolés que vous ne puissiez pas faire le déplacement. Il aurait été plaisant de vous recevoir en Alonna, et sachez que lorsque votre mari le pourra, vous serez les bienvenus. De plus, si vous souhaitiez vous rendre quelques jours pour prendre du repossans votre mari le baron, nous nous ferons joie de vous montrez les merveilles de nos contrées, afin, je l'espère, vous faire oublier quelques peu le malheur qui vous touche de près. Recevez, ma Dame, nos plus chers voeux de rétablissement ainsi que tout notre soutien.
Pour revenir sur vos propos, il n'est pas encore d'actualité la venue d'un héritier en Alonna malheureusement. Nous avons eu bien trop de soucis ces dernières années, et notre préoccupation était le peuple. Peut être que le baron me donnera cette chance un jour, mais il n'en ai pas encore question. De vous à moi, il n'a même pas encore abordé le sujet avec moi-même.

Je ne peux que vous remercier pour les mêts délicats que vous nous offrait. Nous n'avons pas la chance d'avoir une météo assez clémente pour pouvoir faire pousser de la vigne à votre instar, cependant, cela ne nous empêche pas d'apprécier les crus de votre belle région, bien qu'il ne m'est jamais été donné de la visiter. Je trouve d'ailleurs cela bien dommage, on m'en a dit la splendeur plus d'une fois.
Toujours est-il que nous vous faisons parvenir à l'heure qu'il est quelques étoffes de la plus grande de nos manufactures. Des soieries et des broderies qui, je l'espère, ravira les yeux de votre mari ainsi que les votre. Sachez que je les ai choisis expressement pour vous. Avec cela, je vous joint quelques ouvrages personnels. J'ai cru comprendre que vous aimiez l'histoire, aussi, voici un livre relatant l'histoire de notre région. Il n'en existe que quelques manuscrits, aussi, je sais qu'il sera entre de bonne main.

Ensuite, j'en viens à votre mis en garde. Il est fort aimable de votre part de partager votre expérience avec notre voisin, le baron d'Oesgard. Cependant, sachez mon amie qu'il nous a fort aidé lors de la guerre civile en notre belle Alonna et que, même si nous ne portons aucune amitié mutuelle -ne le connaissant que peu- nous ne pouvons nier son implication dans le devenir de notre famille. Nous lui en sommes plus que reconnaissant, aussi, une paix a été entendu entre nos deux contrées, même si son comportement envers votre cadette me désole. Vous lui transmettrez mon amitié. J'espère que cette entente cordiale n'entâchera pas nos liens.

J'espère avoir de vos nouvelles très bientôt.
Avec toute notre sympathie,

Alanya de Broisiseux.

Le Chancelier de la Maisonnée se présenta en fin d’heure du dîner dans les quartiers du château de Roc. Savourant un succulent rôti de bœuf en sauce avec ses patates en mousseline et ses croquants de légumes de saison. Les billes cérulées se levèrent vers l’homme d’âge mur suivi d’une ribambelle de serviteurs lui annonçant les présents du couple baronnial d’Alonna et la lettre l’accompagnant. Elle l’invita à lui lire et un jeune garçon, sans doute assistant ouvrit la missive qu’on commença à lui décliner. Elle proposa aux divers domestiques de se désaltérer d’une coupe de vin et du rôti restant à la fin de leur besogne. Les sourcils s’arquèrent un instant aux premiers mots avant de se détendre acquiesçant ci et là aux propos. Blanche se redressa tandis que les étoffes annoncées dans le courrier lui étaient présenté et l’une des matriarches des bonnes vint se saisir du beau tissu pour le glisser au niveau du buste de la baronne en louant toute la merveilleuse qualité du lin, de la soie, etc. Les ouvrages furent accueillis ensuite avec un certain intérêt, découvrant déjà les enluminures et la qualité du parchemin tout comme sa couverture. Parfait. Elle fit signifier qu’on lui fasse demander un de ses scribes après le repas pour rédiger la réponse. En attendant, ils savoureraient les restes du repas de la Comtesse.

Blanche d’Ancenis, Grande Dame du Val, Comtesse de Velteroc et Baronne de Hautval,

A sa Seigneuries et son Honneur, Alanya de Broissieux, baronne d'Alonna, Dame de Broissieux,

Dans un premier temps, nous vous remercions pour ces merveilleux présents, mon goût pour les ouvrages est devenu une véritable passion. Nous avons fait immédiatement demander nos couturiers et couturières de réfléchir à un moyen de mettre en valeur vos agréables étoffes et nous espérons un jour vous montrer le chef d’œuvre de nos artistes.
Je serais ravie de pouvoir visiter vos contrées mais pour l’instant, je préfère rester au chevet de mon époux. De plus, la mésentente entre les Maisons Hautval-Velteroc et celle de Sainte-Berthilde fait qu’il est assez difficile de se rendre en vos terres en toute sécurité. Que Tyra entende vos vœux et décide de laisser en paix mon époux tout comme sa sœur, Néera.
Sauf votre respect, votre Honneur, même si les temps sont durs, prenez le temps pour ces choses-là, j’entends par là, un enfant. Vous pourriez si votre époux est un bon amant, en retirez mille plaisirs. Sans compter que ces moments-là permettent de se détendre. Mais peut-être suis-je trop familière. Certainement même.
Nous tenions aussi à vous offrir notre hospitalité si l’envie vous prenait de visiter nos deux beaux pays. Sachez que le Seigneur Hanegard Kastelord est devenu vassal de notre époux et donc notre vassal, je suis certaine qu’il serait ravi de vous recevoir. Sa femme est merveilleusement belle et ses enfants sont si attachants. Je qualifierais même la Famille Kastelord comme modèle de vertu et plus encore en raison de leur origine. En effet, les nobles péninsulaires ont tendance à maitriser les bourgeois anoblis ayant cette fâcheuse idée de pureté de sang. Je trouve cela si… présomptueux. L’honorabilité d’un homme ou d’une femme ne vient en rien de son rang ou son statut. Certains nobles sont même parfois de la pire engeance, croyez en mon expérience.

Pour ce qui est du baron d’Etherna qui a vendu son âme à la Vipère Olysséenne, vous êtes prévenus et nous espérons que votre règne sera long et prospère. Je transmettrais mes amitiés à ma tendre Madeleyne -qui même si elle est ma cadette parait beaucoup plus mature que son ainée- lorsque je serais en mesure de la voir, depuis qu’elle est devenue marquise et que son époux est mort, la distance qui nous sépare est parfois difficile à supporter et nous ne la voyons pas aussi souvent que nous l’aimerions.

Que les Cinq veillent sur vous et les vôtres.

Mes amitiés, Blanche d’Ancenis, Grande Dame du Val, Comtesse de Velteroc et Baronne de Hautval.

Je posais ma plume, et le soleil se levait sur mon deuxième jour Ydrilote. "Recevez cette missive au plus vite, chère Blanche. Votre amitié me réconforterait de la solitude qui m’étreins toujours plus". Je coulais le sceau des Broissieux et confiais la lettre à l'esclave à la peau d'or pour qu'il la mène à la roukerie. Le vol des oiseaux étaient toujours plus rapide que la cavalcade d'un messager. "Elmyr, avant de disposer, fais porter ceci au maitre de la roukerie. Dis lui que c'est une missive pour le couple de Hautval et que j'attends de lui un envoie immédiat". Je regardais l'esclave dans les yeux, tendant le papier scellé, faisant comprendre l'importance de sa mission. Je n'avais aucun doute sur la simplicité de son esprit, pour autant, je préférais m'assurer qu'il exécuterait mes ordres sans broncher. C'est le genre de mission que j'aurais volontier accordé à Ingrid, bien que sa curiosité m'aurait agacé. Pourtant, elle n'était pas à mes côtés et alors que le beau jeune homme s'en allait vers la porte, je le retenais une fois encore: "Attends. Tu feras parvenir celle là à Alonna. Elle est d'autant plus urgente que l'autre. Puis-je compter sur toi?". Le garçon me regarda, un peu abasourdi. Peut-être se demandait-il pourquoi ne lui avais-je pas donné d'emblée la deuxième missive, mais qu'importe. Si le maitre s’apercevait du sceau brisé, il viendrait sans nul doute m'en informer. Oui ma Dame. Et il disposa.