Langehack, palais ducal, 2 eme ennéade de Bàrkios, An 9.
Vilsteir d'Olside se diriger d'un pas rapide, sourire aux lèvres, vers le bureau de la duchesse. Il frappa énergiquement a la porte, n'attendant point une invitation a entrée pour pénétrer dans les appartements ducales. Méliane, assise devant sa table de travail, plume en main et monceau de vélins devant elle, releva la tête l'air étonné de le voir ainsi débarquer sans en être pour autant offusquée. " Que me vaut cette agitation matinale mon cher sénéchal ? " Il se pressa jusqu'a elle, s'emparant de l'une de ses mains et accrochant son regard au sien. " Il est mort votre altesse. Le marquis de Sainte Berthilde a enfin rencontré la justice divine. " D'abord il ne reçut comme réponse qu'un regard écarquillé, puis finalement la dame laissa échappée un long soupire. " Comment ? " Murmura t'elle simplement. " Emporté par la maladie d'après la missive de mon espion au palais Berthildois. " Un hochement de tête presque imperceptible. " Je ne saurais me réjouir de sa mort alors qu'il laisse derrière lui femme et enfants, mes les cieux ne sauraient me tenir rigueur de ne point pleurer sa perte. "
Elle dégagea sa main de celle de son vieil ami, puis s'empara d'un nouveau parchemin pour y coucher quelques mots, ce message la serait court, un petit plaisir personnel, un juste retour des choses. Le prochain serait bien plus long. Tandis qu'elle écrivait, elle reprit d'une voix claire et sans émotions apparentes. " Vous allez vous rendre a Sainte Berthilde sire d'Olside, je vous demanderais d'y accomplir des choses que je me refuse a confier a un simple messager ... " Puis elle avait continuée d'écrire, sachant pertinemment que l'homme ne s'opposerait pas a sa volonté et il ne le fit pas. Le lendemain il partait pour le marquisat ennemi sous le couvert de l'anonymat, avec pour seule compagnie sa monture.
Sainte Berthilde. Fin 4 eme ennéade de Bàrkios, An 9.
Visteir d'Olside était seul et c'était mieux ainsi, si bien qu'il se permit de cracher au sol, en ce lieu ou reposerait éternellement le marquis. " Un emmerdeur jusqu'au bout voila ce que vous avez été, m’ôtant même le plaisir de prendre moi même votre vie. " Prononça le sénéchal dans un murmure, tandis qu'il déposait un petit rouleau. Il n'avait pas la curiosité de le dérouler pour lire son contenu, sa duchesse l'avait écrit devant lui et c'est avec plaisir qu'il se remémora ses mots.
Le sénéchal reparti, non sans s'offrir le luxe de siffloter. L'air avait beau être froid, la journée lui paraissait prodigieusement magnifique. Malgré le fait qu'il l'aurait bien passé a maudire la dépouille du marquis, ce n'était la que son premier arrêt et il ne comptait pas faillir aux souhaits de sa duchesse. Il fut rapidement a sa deuxième destination, une grande place devant le palais, ou il y'a plusieurs Enneades l'on avait brulé une pauvre malheureuse. Il n'y'avait plus de traces de cela, mais pourtant l'air opaque de la journée semblait encore maudit de par l'acte effroyable qui avait été commit en ce lieu. Vilsteir ouvrit tout grand le réceptacle en bois laquer qu'il tenait précieusement entre ses mains et lentement tout en murmurant des mots pleins de douceur, il laissa s'écouler sur le sol son contenu. De la poudre dorée. Du sable d'Ydril. " Douce fleur de Velmoné, recevez les mots de Méliane. Puisse ce sable s'envoler aux quatre vents, s'en retournant jusqu'a son lieu de naissance et puisse t'il vous escorter avec lui afin que votre âme puisse s'en retourner a son foyer. Méliane veillera sur votre famille comme vous avez tenté de le faire douce enfant. Partez en paix et puissent les dieux vous guider dans votre nouvelle demeure. " Après un petit temps de recueillement, il posa une fleur sur le sable puis s'en retourna se délester de la boite en bois pour se rendre en un autre lieu.
Guère éloigné, il ne lui fallut que quelques pas pour s'y arriver. Une grande tour lui faisait face. Il leva son regard vers les fenêtres, le visage fermé, s'efforçant de ne point repenser aux derniers instants de son duc, qui quelques ennéades plus tôt avait sauté de l'une d'entre elle. Il s'agenouilla sur le sol. Soupira profondément puis les yeux fermés il murmura. " Vous lui manquez mon ami. Elle est forte, elle survie, elle a deja eut a survivre a plus de choses que quiconque ne devrait le faire en une vie, mais chaque instant sans vous lui cause une cruelle douleur. Je suis peut être le seul a savoir le percevoir en son regard, mais vous lui manquez infiniment. Pourquoi a t'il fallut que vous rendiez les armes ? Vous qui aviez tout. Une femme aimante, une couronne, une famille, la jeunesse .. Tout. Vous avez tout sacrifié pour délester votre esprit de ses tourments tandis que nous autres ne pouvons guère faire autrement que continuer a nous battre. " Il posa ses paumes sur le sol puis dit encore avant de se relever: " Puissiez vous avoir trouver le chemin jusqu’à un monde meilleur, mais si jamais votre esprit voguait encore parmi nous alors tournez votre regard vers Langehack, envoyez tout l'amour qui a été votre vers Méliane, les dieux savent combien elle en a besoin. Aurevoir mon ami. " Il alla ensuite quérir un vélin dans l'une des sacoches qui reposaient sur son cheval, se préparant a sa dernière escale avant que ne s'en vienne l'heure du départ.
Cette fois le rouleau était a destination du palais et portait le sceau ducal. Il le fit remettre a qui de droit, toujours dans la discrétion, s'assurant qu'il avait été reçu et bien lu avant de quitter Sainte Berthilde comme il était venu, avec l'espoir qu'un jour la duchesse elle même puisse venir se recueillir en ce lieu qui lui avait été synonyme de tant de souffrances.