Repli stratégique ou comment ne pas aider l'ennemi.

1er jour de la 9ème ennéade de l’an 8

Des nouvelles, il y en avait eu beaucoup en cette journée. Cela avait été un véritable défilé d'émissaires et d'éclaireurs, à croire que le temps s'était figé et que d'un seul coup, il s'était remit en marche. De plus, elles étaient toutes mauvaises, à croire qu'une malédiction venait de s'abattre. Jérôme avait parcouru les documents et écouté les comptes rendus et il était d'humeur sombre, comme c'était devenu l'habitude depuis un temps certain qui s'étendait en longueur et allait contre son tempérament d'origine. Il convoqua donc l'officier de plus haut grade de la compagnie royale maintenant que son capitaine était parti suite à la tentative d’assassinat. Le baron avait également convié le comte d'Aretria bien entendu, ainsi que Guillaume son frère et les nobles les plus important. Il tournait en rond dans sa tente en attendant que tout le monde arrive puis lorsque ce fut le cas, il déposa les courriers sur la table stratégique

"Messieurs, l'heure est sombre..."

Il marqua un temps d'arrêt afin d'appuyer ce qu'il allait dire

"Un émissaire vient d'arriver du sud. Odélian s'est levé contre la régente et celle-ci à été prise en otage. Il y a des négociations en cours avec le sénéchal, le sieur Aèdan de Vercombe pour sa libération."

Il n'en savait actuellement pas plus mais c'était un mauvais coup pour Jérôme qui avait été obligé de rompre son serment envers Odélian et son amie la marquise. Il se doutait qu'elle ne devait pas avoir apprécié la chose, surtout après un courrier reçu du marquisat. Il voulait bien s'expliquer mais les événements s'étaient précipités et il avait remit cela à plus tard. Il serait plus compliqué de le faire maintenant.

"Vous savez tous que le marquis de Serramire nous voit comme des félons, le spoliant de ses terres. L'ambassade envoyée en la personne de Duncan du Lys à échoué et j'attendais de savoir comment rencontrer Aymeric de Brochant pour lui faire comprendre que notre cause était la même et qu'il n'était pas la question de lui soutirer des terres. Toutefois, aujourd'hui, il est à considérer comme notre ennemi même si la Sgarde se trouve encore entre nous."

C'était déjà pas mal mais il y avait encore pire, si c'était possible

"Enfin, un éclaireur est revenu du nord et il indique qu'un ost drow est entré en Sgarde. Ce que je craignais est arrivé, cette terre est depuis trop longtemps en conflit et elle ne peut plus faire office de bouclier pour la péninsule tant qu'elle continuera dans la lignée actuelle."

Maintenant, les décisions qu'il avait prise de son côté allaient être dévoilée devant tout le monde et ce n'était sans doute pas pour plaire à tous. Jérôme était toutefois inflexible, surtout suite à l'entrevue avec les émissaires envoyés par ses adversaires

"La compagnie royale repartira pour Diantra aussi vite que possible afin de voir s'ils peuvent faire quelque chose pour aider la dame régente; Je doute qu'ils n'arrivent à temps mais il faut essayer. Quand à nous, nous nous replierons sur Nulhadon, Erbay et Adelagny"

Il y a eu un sursaut de paroles et des grondements, les hommes voulant en découdre contre les sombres. Jérôme attendit un peu que le calme revienne et il leva la main pour demander le silence

"Je vous comprend, moi aussi j'aimerais porter mon épée contre ce peuple honni mais voyons les choses clairement. Aujourd'hui, la Sgarde se veut indépendante, elle a rejeté toutes les demandes faites et ils ont été jusqu'à envoyer des hommes m'insulter en face. S'ils veulent être indépendant, et bien qu'ils demandent à leur roi la protection qu'il leur doit selon le serment fait. Lorsqu'ils comprendront que seul et avec un dirigeant incapable de faire son devoir de suzerain, ils ne peuvent pas s'en sortir, peut être alors qu'ils reviendront à de meilleurs sentiments envers la couronne. De plus, je ne vois pas pourquoi risquer la vie de nos hommes pour aider des gens qui nous méprises alors qu'ils seront peut être précieux dans les jours à venir. Les murs des cités ainsi que le manque de pont devrait nous tenir éloigné des conflits, surtout que c'est à l'opposé de notre position."

Voila qui était dit, tout le monde connaissait les nouvelles tardives que Jérôme avait reçu et qui avaient surement déjà évolué dans un sens ou un autre. Il attendait les réactions

Jérôme avait noté l'absence du comte d'Aretria, il n'était plus secret qu'il était malade et que son état empirait et cela en devenait inquiétant. Jérôme et lui ne semblait pas s'apprécier mais ils faisaient pour l'instant route ensemble et le baron lui devait au moins des remerciements, même s'il se doutait que son soutien n'était pas non plus gratuit. Toutefois, il n'avait rien demandé alors qu'il aurait pu et c'était très généreux et amenait un respect, à défaut d'une amitié naissante. Sa maladie et son trépas, s'il advenait que Tyra le rappel à elle, pouvait avoir des conséquences fâcheuses sur leurs accords. Les hommes le représentants ne dirent rien et écoutèrent ce que le meneur de la troupe avait à dire.

Les seigneurs d'Etherna finirent par ne plus s'insurger de ne pas chevaucher contre les drows, ils comprirent la sagesse de leur suzerain et en effet, donner une leçon aux sgardiens en leur montrant leurs faiblesses, ne serait pas du luxe. Le frère d'Alanya ne dit rien et ses officiers en firent de même. Ceux d'Aretria prirent alors la parole et ce qu'ils dirent alors ne fut pas ce qu'il y avait de plus doux à l'oreille du baron.

Ils voulaient se retirer sur leurs terres et les dernières informations qu'ils avaient étaient encore pire que ce que Jérôme avait dit jusque la. Madeleyne et Arsinoé s'étaient alliées ? voila une affirmation étonnante et alarmante, surtout vu les propos que le capitaine Oschide d'Anoszia avait tenu jusque la. La régence avait elle trahit l'un de ses fidèles ? ce serait montrer aux autres seigneurs qu'elle n'avait aucune parole et ce serait surprenant, à moins qu'elle ait été forcé mais le résultat serait le même. Elle montrerait un signe de déloyauté et qu'il ne fallait pas lui faire confiance, surtout que c'était elle qui avait rompu son serment envers Odélian et non du fait du baron. Pire, Blanche et Hautval et Nimmio de Velteroc avaient apparemment défait l'ost réunit à Christabel et la régente s'était enfuit en Olyssea. Voila des nouvelles étonnantes.

Jérôme riait sous cape en fait. Bien que n'étant pas du bon côté et ne relevant pas le titre de félon que les hommes d'Aretria avaient donné au comte de Velteroc, il saluait son audace et sa réussite. Il appréciait cet homme et il était content pour lui, bien que cela ne l'arrangeait pas. Il avait d'ailleurs reçu un vélin de s part auquel il avait répondu et il n'avait plus de nouvelles depuis, il comprenait un peu mieux. De même que le baron n'avait pas apprécié la façon de procéder de la régente. Il s'était rangé à elle par défaut, pas par conviction et en faisant des sacrifices, comme par exemple son serment rompu.

Tout cela amenait une urgence et vu que le baron avait décidé de se replier, ils avaient donc décidé de rentrer chez eux. Il était utopique de vouloir les garder près de lui même s'il l'aurait voulu et il comprenait aussi leurs attentes. De même qu'ils l'avaient déjà bien aidé jusque la, il aurait été insultant de vouloir les retenir ou leur tenir rigueur. Jérôme les salua donc

"Je vous comprends. La situation n'est pas des plus reluisante et tout semble s'accélérer. Ne vous excusez pas et acceptez mes remerciements pour tout ce que vos valeureux guerriers ont accomplit jusque la. Chevauchez prestement et faites ce que vous avez à faire. Je prierais pour le comte et pour que notre entente perdure."

Jérôme marqua un bref silence avant de reprendre

"Prévenez les gens que vous croiserez de l'arrivez des drows, qu'ils se préparent à toute éventualité. Mais dites leur également la position qui est la mienne et qu'ils n'aillent pas au secours des sgardiens. Qu'ils me rejoignent plutôt afin que nous soyons prêt si les seigneurs reviennent à de meilleurs sentiments et me fassent serment."

En effet, Jérôme n'avait pas envie de spolier Aymeric mais il serait plus aisé de négocier s'il avait déjà une bonne partie des seigneurs sous sa coupe. Il n'avait aucun soucis à faire serment envers le marquis de Serramire mais il ne savait pas ce qu'il avait en tête.