Nom/Prénom : Aelric Tau'riel
Âge/Date de naissance : Âge réel ; 151 ans. Âge apparent ; 23 ans
Sexe : Masculin
Race : Elfe Sylvain
Faction : Aucune
Alignement : Chaotique-bon
Métier : Cavalier / Mercenaire
Classe d'arme : Corps à corps (épées longues) / Magie (Vent)
Possession/Équipement : Aelric est équipé d'une armure de cuir légère protégeant son torse et ses épaules, d'où part une cape bleue marine frappée aux emblèmes de sa famille. Il n'a pas de casque mais son armure à la particularité d'intégrer une capuche noire (indépendante de sa cape).
Une cotte de mailles s'ajoutant à une tunique de lin est dissimulée sous son armure et descends à mi-cuisse, toujours recouverte, par un pantalon noir cette fois-ci.
Il porte en outre une paire de botte en cuir lui montant presque aux genoux.
Lorsqu'il était encore neuf, cet équipement n'aurait pas dépareillé sur un quelconque membre de la noblesse guerrière Daranovarienne. Aujourd'hui, et bien qu'il conserve une partie de sa gloire d'antan, la poussière et la boue qui le macule reflète l'errance de son porteur.
Une paire d'épées longues, seuls objets en parfait état en sa possession, est ceinte à sa ceinture, accompagnée d'une dague et d'une gourde.
Il possède également une jument à la robe couleur crème et à la crinière noire de jais, répondant au nom d'Alleïn.
Description physique : Le jeune Sylve, faisant honneur à son peuple, est d'un physique appréciable. Relativement grand pour son ethnie (1m90), une musculature fine lui donne une attitude élancée et assurée. Ses yeux francs brillent d'un éclat dorée et sa peau couleur bronze se marie avec ses cheveux aubrun. S'il n'était pas aussi pouilleux et désargenté, nul doute qu'il attirerait de nombreuses prétendantes.
Description mentale : Bien qu'issu d'une lignée de nobliaux respectable, et ayant reçu une éducation en adéquation avec son rang, ce spécimen a choisi de rejeter les codifications auxquelles sont soumis ses pairs. Il bâtit ses propres règles, nourri par ses expériences et sujettes à changement. Effectivement, grand adorateur de la forêt et de la Déesse Elenwë , il considère que la vie est une évolution permanente, que rien ne reste figé dans la roche et qu'à l'instar d'une herbe, il sera amené à pousser, à changer de direction au grès des circonstances.
Suivant cette philosophie, il s'adapte assez facilement aux rencontres et aux cultures ; Très curieux de nature, il aime se retrouver face à l'inconnu.
Un trait de caractère est toutefois immuable chez lui ; Comme tout bon Elfe, il éprouve et démontre d'un grand respect pour la Forêt, pouvant aller jusqu'à mourir pour la défendre. On peut dire que le seul seigneur auquel il accepte de se soumettre est la nature elle-même. Il peut rester des journées entières prostré entre les arbres à laisser leur Symphonie s'imprégner en lui.
Confronté au combat, il se battra avec technicité et calme, mais s'il se retrouve acculé laissera place à une sauvagerie animale. Ceci est dû au traumatisme de sa blessure "d'enfance", mais aussi de son rapport très profond avec la nature, qui prend le pas à ces moments-ci.
"Danse de l'Air" est le nom qu'il a donné à sa technique de combat, basée sur des enchaînements vifs conjuguant agilité et force. Son objectif est de submerger la défense d'un adversaire avec une furie de coups déchaînée par ses deux épées, alliant également coups de pieds et magie (Cette dernière s'il ne se trouve pas au contact, requérant une concentration pouvant lui faire défaut au corps à corps).
Capacités magiques :
Lorsqu'il habitait encore dans la cité Elfe Wirskeïnfyl, l'érudit chargé des lui enseigner les arcanes a abandonné l'éducation du jeune Sylve au bout de quelques années ; Bien qu'assidu, l'élève n'était tout simplement pas doué.
La théorie ne lui posait aucun soucis, mais lorsqu'il s'agissait de pratiquer, seule la magie de l'air résonnait en lui. Même ainsi il ne parvenait en général qu'à produire une légère brise, ou à s’ébouriffer les cheveux. (La seule occurrence où il parvint à créer quelque chose de plus conséquent fut lorsqu'il atteint ses soixante-quinze ans ; âge où son enseignant cessa de lui donner des cours. Effectivement l'élève faillit propulser son maître par la fenêtre ce qui donna lieu à de légères frictions).
Après ce regrettable incident, Aelric décida de laisser la magie de côté pour se consacrer exclusivement à l'entraînement martial.
Ce n'est qu'après de nombreuses années passées en forêt que l'Elfe se permit de revenir vers les énergies élémentaires.
Là où en cité il ne faisait que rencontrer échec sur échec, la proximité avec la vie végétale et animale semblait accroître sa perception et sa compréhension du flux des forces qui forment la magie.
Pour lui, les dieux et la magie ne forment qu'un avec la forêt ; La magie provient de la nature et les dieux plus que les créateurs, sont la création. Dans cette pensée il se rapproche des Noss.
Même s'il vénère ou fait une prière à tel ou tel dieu, il s'agit pour lui plus d'un ensemble globalement représenté par Elenwë. Il lui incombe donc de défendre à tout prix la vie sous toutes ses formes.
Aidé par les enseignements de sa jeunesse et plus tard par sa mère, redoutable Mage, il utilise une magie du vent rudimentaire mais efficace au combat, qu'il invoque à l'aide de phrases clés (pensées où prononcées) lui servant de focaliseurs. Aelric use principalement de sa maîtrise des arcanes pour projeter des lames de vent à l'aide de ses lames.
Bien que puissantes, elles servent surtout à déstabiliser ses opposants, à les surprendre ou à les étourdir temporairement.
"Elenwë, reconnais ton serviteur, punis le fautif ; Charge, gronde, enfle et frappe !"
Il est capable bien sûr de se servir de cette puissance différemment, pour assourdir ses ennemis dans un grand cri par exemple. Pour autant son niveau est loin d'être suffisamment élevé pour utiliser le potentiel destructeur de l'Air, aussi il se concentre pour générer des ouvertures dans la garde de sa cible.
Aelric étant encore un jeune elfe et n'ayant maîtrisé cet élément que récemment, il ne se permet pas encore de créer de nouveaux sorts. Il connaît l'instabilité de la magie et l'approche avec respect. Sa compréhension des arcanes est encore très viscérale, bien qu'on lui ai enseigné les bases ; Il a tenté de structurer ses connaissances et son ressenti pour stabiliser l'utilisation qu'il fait de la magie.
Histoire :
L'humus, encore humide de la rosée à l'aube, luit dans la pâleur du jour naissant. La canopée laisse filtrer entre ses doigts fins et entrelacés, de minces rais d'une lumière éthérée et froide. Ils arrosent le sol, tel des piliers lumineux s'ancrant dans la terre. Les conifères s'élèvent tout autour, autant de colonnes soutenant la voûte de la forêt.
L'odeur des rocs moussus, du lichen qui s'enroule autour des troncs, des fleurs sauvages et des plantes grasses se mêle pour ne former qu'une fragrance unie.
Au centre d'une clairière, assis en tailleur sur un bloc de pierre isolé, ses oreilles frémissent. L'Elfe jusqu'alors aussi immobile que son trône, ouvre soudainement des yeux en amande couleur d'or. Son être se tend, attentif. Le temps passe, et son écoulement transforme la lumière sépulcrale qui se mue, devenant plus franche.
D'entre deux bosquets émerge en premier le mufle et les bois imposants, puis l'avant du corps d'un grand cerf. La bête se fige, à l'instar de l'Elfe. Puis son œil d'un noir profond se fixe sur l'être qui l'observe tout autant.
De longues secondes s'écoulent ainsi ; L'un comme l'autre restent figés. La scène aurait pu durer pour l'éternité, semble-t-il, mais cessa à l'instant où Aelric perçu une dissonance dans l'air. Un plainte lointaine vola jusqu'à l'ouïe acéré du Sylvain.
D'un mouvement commun, les deux créatures se mirent à courir.
Désolé frère, j'aurais aimé parler avec toi plus longtemps, mais quelque chose ne tourne pas rond. Aelric adressa son salut silencieux au cervidé qui disparaissait déjà dans la pénombre d'un bois plus dense.
Sa course l'emmena d'entre les arbres à émerger sur le lit asséché d'une rivière parsemé de rochers imposants. Bondissant de l'un à l'autre, il s'élança, hâtif. il s'approchait, il le sentait.
Il s'engagea sur un sentier poussiéreux, cerné par les ronces. Aussi agile fut-il, l'une d'entre elles balaya sa joue, donnant naissance à un sillon d'où s'échappèrent des perles pourpres. Il n'en eut cure. Il était arrivé.
Un, deux, trois... et un quatrième en retrait. Que pouvent-ils bien faire ici ? La réponse parut évidente à la vue du filet agité de soubresauts qu'encerclait les quatre hommes. Ils étaient armés de piques et d'arcs, menaçant la forme qui s'agitait dans le filet.
Des braconniers ? Mais que font-ils aussi avant dans nos terres ? Comment même ont-ils pu arriver si loin ?
Peu importait, finalement. Ce qui comptait était de les arrêter. D'un geste ample et avec un cri rauque, Aelric dégaina et se jeta sur l'homme le plus proche de lui ; Son épée s'enfonça jusqu'à la garde, le coup partant de l'épaule gauche pour finir à la hanche du côté opposée.
Le pauvre homme n'avait même pas eu le temps de se mettre en garde, mais ses compagnons étaient remis de leur stupeur et se mirent en arc de cercle autour de l'elfe qui adopta une posture défensive. Son regard passait frénétiquement de l'un à l'autre.
Les trois braconniers restants n'étaient pas à proprement parler effrayant. Il paraissaient épuisés par la chasse, relativement chétifs et leurs armes étaient manifestement de leur confection.
- « Merde ! C'est un putain d'elfe ! »
- « Rien à foutre de qui c'est, il a tué Joseph ! ON LUI MEULE SA FACE ! »
Ils se jetèrent sur lui dans une charge désordonnée. Même s'ils étaient en surnombre, il était presque trop aisé de les esquiver. Sa lame fusa après qu'une pique l'ait raté d'un bon pied, et un second homme s'écroula à genoux, ses mains serrées sur sa gorge dans un effort désespéré pour retenir le flot de sang qui s'en échappait.
Comment ont-ils pu parvenir jusqu'ici ? Ça reste un mystère... Les deux ultimes compagnons hésitaient maintenant. La peur s'étalait clairement sur leurs visages. De simples paysans affamés qui tentent de survivre. Sûrement de revendre une créature rare à leur seigneur. Je comprends, humains, mais il est de mon devoir de vous stopper.
- « Partez. Tout de suite. Ne revenez jamais. » Assuré dès lors d'avoir l'avantage, Aelric s'était redressé de toute sa stature pour prononcer ces mots. Un regard assassin assombrit son visage. Pourtant les deux hommes ne paraissaient nullement impressionnés. L'un s'autorisa même un sourire, fixant un point situé légèrement au dessus de l'épaule de l'Elfe.
Il n'eut pas le temps d'esquiver, comprenant trop tard. La lance s'enfonça dans son flanc, ressortant ensanglantée de son abdomen. Dans un hoquet de surprise, Aelric tomba à genoux. Un cinquième homme ? Crétin ! Tu t'es fait avoir comme un bleu !
L'homme apparut dans son champ de vision, ramassant au passage l'épée de l'Elfe qui l'avait lâché pour agripper la lance qui le traversait de part en part. Un filet de sang coula de sa bouche pour se déposer au sol.
- « On va là où on veux. Toi par contre... » L'homme n'acheva pas sa phrase, s'apprêtant plutôt à achever l'Elfe blessé avec sa propre épée.
Les nerfs du corps svelte du Sylve ne parvinrent pas à retranscrire l'information de la douleur à son cerveau ; Il était encore sous le choc, et c'est hébété, incapable de former une pensée cohérente et encore moins d'éviter le coup fatal, qu'il leva les yeux vers le fil luisant d'une lame – sa lame – montant haut dans le ciel.
L'homme allait finir son œuvre macabre, il allait abattre l'épée et la dernière chose qu'Aelric verrait serait l'éclair cru de l'acier fondant sur son cou... Ce n'était qu'une question de secondes, encore moins, de l'ordre d'un battement de cil.
Pourtant, cet instant parut s'allonger, se distordre dans une réalité où le temps serait une mélasse dans laquelle chaque mouvement s'étirerait jusqu'à l'infini sans jamais pouvoir cesser. En ce moment précis la hampe qui sectionnait ses boyaux, son sang qui fuyait de sa bouche pour dégoutter de son menton, la dureté du sol rocailleux compressant la peau de ses genoux ; Ces sensations semblaient si lointaines, si abstraites...
C'est comme si son esprit, déconnecté de son corps dans ce fragment de seconde, s'ouvrait à de toutes autres perceptions. Il vit, pour la première fois, chaque détails de l'espace qui lui faisait face. Un peintre qui aurait passé cent ans à œuvrer sur cette image n'aurait pu parvenir à rendre avec autant de clairvoyance ce qu'Aelric contemplait.
Il ne faisait pas que voir. Pour la première fois, et peut-être la dernière de sa vie, il comprit pourquoi les anciens appelaient Symphonie la Force qui liait les arbres entre eux. Il entendait réellement le chant de la forêt. Ça n'était pas un son à proprement parler, ni une mélodie comme on pouvait l'imaginer ; C'était un ensemble, un tout frisant la perfection, toujours sur le fil du rasoir, toujours en équilibre entre mort et vie.
Elle transparaissait dans la lutte incessante des végétaux pour accéder à l'énergie radiante du soleil, elle se répandait par les champignons souterrains, formant un réseau d'informations nourrissant toute la forêt ; Elle était présente dans l'air qui caressait les innombrables feuilles d'un grand chêne le surplombant.
Tout lui était offert. Il avait la vision du monde tel qu'il était, et son cœur s'emplit d'une sérénité à l'égal de la plénitude qu'il ressentait en cet instant. Au sein de ce bout isolé de temps, la mort ne signifiait pas grand-chose, car il sentait déjà les vers grouillant sous le sol qui se repaîtraient de ses fluides ; Il perçut la meute de loups, encore lointaine, qui le dévorerait.
De la vie à la vie ; La mort de l'individu n'était que le passage nécessaire à la sauvegarde de l'ensemble.
Bien sûr, il savait déjà tout cela, ou pensait le savoir ; Mais la théorie n'était rien comparée à l'expérience.
L'histoire de sa vie aurait pu stopper ici, à quatre-vingt quinze ans, tué par une bande de pauvres hères. Mais le destin avait choisi de suivre un autre cours.
S'il n'avait pas perdu connaissance, il aurait vu la tête de son bourreau remplacée par un immense poing de roc, ses agresseurs hurler de terreur avant d'être balayés, fauchés comme des blés par de colossaux bras faits de pierre.
Le Golem avait fait son office, éliminant la menace qui planait sur son territoire.
Le calme s'installa de nouveau, les oiseaux purent reprendre leurs échanges sifflants et le massif gardien de roche reprit sa veille silencieuse, s'éloignant d'un pas lent et pesant, laissant le carnage derrière lui.
...
Dans ses songes enfiévrés, Aelric affrontait de nouveau le groupe de braconnier qui tenaient dans leur filet un serpent au corps sans fin. Cette fois-ci, lorsqu'il s'élança sur le premier homme, son épée s'enfonça comme dans du miel : Le corps de sa cible devint changeant, fondit sur place pour se transformer en une hideuse hydre à trois têtes.
L'Elfe tenta de les couper, mais son arme avait disparue, laissant place à une branche. En l'observant, stupéfait, il se rendit compte que son bras était couvert de mousse ; Une orchidée florissait à l'endroit où aurait dû se trouver son coude.
Son corps entier n'était qu'un grand arbre parsemé de fleurs et envahi de lierre. Il essaya de crier, mais seul le vent se fit entendre. Le vent qui l'appelait vers la cime de ses plus hautes branches, qui secouait son tronc, le faisant ployer, le déracinant.
Le tumulte de l'air le fit tanguer de plus en plus violemment, menaçant de le souffler à l'autre bout de la terre. Sa panique était totale ; Il tenta désespérément de s'accrocher au sol, de se recroqueviller vers la surface, balayée par une trombe à la force toujours grandissante.
Sa lutte parut sans fin. Il combattit le déversement invisible qui s'écrasait sur lui avec férocité, luttant pendant des heures.
Mais c'était sans espoir... La dernière de ses racines se détacha et il se retrouva perdu, balloté dans les cieux, perdant tout repère de haut et de bas.
Il abandonna, défait par un ennemi au flot intarissable. Et alors même qu'il lâchait enfin prise et acceptait sa défaite, le vent se fit soudainement plus doux. L'air qu'il avait jusqu'à présent repoussé, put enfin s'infiltrer dans son écorce, s'insuffler dans sa sève, courir avec fraîcheur sur toute l'immensité de son être. Il se sentit renaître, revigoré. Et c'est accompagné d'une nouvelle énergie, aussi douce qu'une caresse mais plus implacable que le fer, qu'il se posa de nouveau au sol.
Il s'y ancra de nouveau.
Ses racines plongeaient de plus en plus profondément, il les sentait descendre dans la terre meuble et humide, contourner le granit et le quartz qui peuplaient les souterrains.
La chute était vertigineuse, il s'enfonçait désormais à travers les âges, voyant son père et son père avant lui, la main sur la garde de leurs épées, prostrés ; il tenta de les appeler mais ils étaient immobiles, comme des statues figés dans une attente éternelle. Il continua à descendre, et la chaleur se fit de plus en plus étouffante, insupportable ; Il se rapprochait, il était proche du but. Et cette proximité le terrifia.
Qu'allait-il rencontrer ? Qu'y avait-il à la fin de cette descente infernale ? Soudain le sol se déroba. Une vague de chaleur le frappa, si intense qu'il sentit sa peau fondre instantanément. Il se tenait au-dessus d'un fleuve de magma bouillonnant, crépitant et vers lequel il continuait de descendre.
Son corps se désagrégeait, il n'était qu'à quelques mètres maintenant. Il était irrémédiablement transi par la peur, et en même temps savait que c'était son objectif, qu'il se devait de toucher du doigt la surface brûlante de la rivière de feu.
Au moment où il l'atteint, il hurla. Son flanc lui faisait aussi mal que si une pointe de métal chauffée à blanc venait d'y être enfoncée. Incapable de supporter cette ordalie plus longtemps, il ouvrit les yeux.
...
Soudainement il se tenait dans une large pièce apparemment vide. D'une fenêtre située derrière lui provenait la lumière fantomatique de la Lune. Seul son lit en était inondé, le reste était plongé dans la pénombre.
Son flanc pulsait d'une douleur sourde, avec une telle insistance qu'il dû l'agripper d'une main et mordre dans son autre poing pour ne pas crier.
Sa literie était détrempée par la sueur, et un autre liquide qu'il ne parvint pas à identifier. Je me serais pissé dessus ? Il y aurait de quoi.
En regardant ses mains, encore tremblantes, à la lumière Lunaire, il s'aperçut que toutes deux étaient couvertes de sang. L'une il l'avait mordu, mais l'autre ?
Son regard s'abaissa lentement jusqu'à découvrir sur la droite de son ventre, une plaie à moitié refermée d'où s'écoulait son sang. Des points de suture aux trois-quart arrachés en faisait le tour. Il avait dû rouvrir la blessure durant son délire.
Mais comment me suis-je blessé ? La scène lui revint lentement, étonnamment le rêve lui paraissait bien plus réel et il eu du mal à séparer les deux, confondant parfois certains moments. Il était encore fébrile et fiévreux.
Il tenta de se lever mais son corps le lui interdit. Déjà la fatigue le réclamait, ses paupières étaient bien trop lourdes, malgré l'urgence de sa blessure. Il dormit de nouveau, d'un sommeil sans songes cette fois-ci.
...
Le lendemain - où était-ce le surlendemain ? - son réveil fut moins tumultueux. Une vague de lumière matinale lui parvenait de la fenêtre. Cette fois-ci il parvint à voir distinctement la chambre dans laquelle il se trouvait. Il fut étonné et rassuré de réaliser qu'il s'agissait de la sienne, dans l'Arbre-Maison familial.
La pièce avait été faite dans le bois même, de sorte à ce qu'il n'y ait pas d'angles ou de coins. Des ciselures formaient des courbes décoratives le long des murs. D'une manière générale, l'ensemble du mobilier provenait de l'arbre ; La table jaillissait du sol, ses pieds comme fusionnés, idem avec la chaise qui jouxtait le bureau, ses pieds ne faisant qu'un avec l'arbre ; Plus loin de multiples étages creusés dans le bois créaient une bibliothèque enfoncée dans le mur, et sur ses rayons étaient soigneusement agencés des ouvrages sur la faune et la flore, l'art de l'épée, les arts martiaux ou l'art, tout simplement. Quelques livres de magie, datant de l'époque où son père pensait encore qu'il pourrait y trouver sa voix, se situaient sur l'étage supérieur.
Pris d'une curiosité soudaine, l'Elfe réussit à se relever et à sortir du lit. Sa blessure le lançait toujours, mais elle avait été refermée et tant qu'il y faisait attention les tiraillements restaient supportables.
En traînant la patte il arriva jusqu'à l'étagère d'où il retira un volume sur les arcanes de feu, le premier qui lui tomba sous la main.
Il ne savait pas trop ce qu'il cherchait, mais en l'ouvrant il tomba directement sur une page qui faisait écho à son rêve.
"La Maîtrise du Vent, ou Fureur d'Elenwë"
- « Bien que délaissées et considérées par nombre de chercheurs comme une forme de magie mineure, les arcanes du vent n'en sont pas moins redoutables. Entre les bonnes mains, cette magie a demontré d'une efficacité foudroyante ; Aussi adaptable que l'eau et tranchant comme une hallebarde, le vent se prête à de nombreuses utilisations...» Aelric lisait à voix basse, ses yeux de bronze sautant de lignes en lignes. « Même ainsi il faut le considérer avec une extrême prudence. En effet, plus d'un Mage, confirmé ou néophyte, firent l'expérience à leur dépends de l'extrême instabilité de ce domaine... »
Sa lecture s'interrompit, coupée par le bruit de la porte pivotant sur ses gonds. Une haute, élégante silhouette se tenait dans l'encadrement de l'huis, tenant un plateau entre ses doigts fins.
Le père et le fils s'observèrent un long moment ainsi. « Fils. » Le plateau échappa des mains du vieux seigneur Elfe, répandant le contenu d'un bol sur le sol dans un bruit mat.
Il se précipita sur lui, l'ensserant dans une étreinte émue, et un peu trop violente. Aelric eut l'impression de subir le coup de lance une seconde fois, et se plia dans un spasme.
- « Oh dieux, excuses-moi je n'ai pas pensé.. » Le jeune Sylve reprit consistance assez rapidement, l'élancement passé.
- « Ce n'est rien, ne vous inquiétez pas. Je ne pourrais être plus heureux de revoir votre visage, père. » L'antique seigneur acquiesça avec un sourire maladroit. Même si c'était un Elfe bon et juste, l'expression de ses sentiments n'avait jamais été son point fort. Le simple fait qu'il l'ai tutoyé plus tôt était un événement en soi.
- « Felindé a été la première à percevoir le péril ; C'est à elle que nous devons ta vie. Elle m'a prévenu avoir reçu une vision alors qu'elle pratiquait, et sans elle nous n'aurions pu retrouver ton corps dans les temps. » Aelric envoya une prière de gratitude envers sa mère. Elle avait toujours été particulièrement douée avec la magie, mais cela relevait du miracle.
- « Depuis combien de temps suis-je.. » Son père le coupa avec un sourire plus assuré cette fois-ci. Les traces du doute et de la peur qui l'avait taraudé ces derniers jours étaient encore visibles sur son visage, mais s'effaçaient à vue d'oeil.
- « Plus de trois semaines ! Nous étions vraiment inquiets. Toute la famille s'est réunie pour nous soutenir durant cette période. Ils seront soulagés d'apprendre que mon fils est de nouveau sur pieds. Mais racontes-moi, qu'est-il arrivé ? »
Aelric dû raconter son histoire plus de fois qu'il ne saurait le compter. À sa sœur et sa mère, à ses oncles et tantes venus de la cité, à ceux venus des Noss ; Sa famille était particulière, même chez les elfes.
À la base des Sylves farouches, son grand-père émigra avec une partie des siens pour la cité, s'installant dans l'Arbre-Maison, à quelques encablures de la ville. Il s'illustra dans de nombreuses batailles au service de la famille Wirskeïnfyl. Lors d'une escarmouche, il eut le malheur de recevoir une blessure mortelle, et c'est sur son lit de mort qu'il reçu son titre de noblesse, que son père pérennisa en se l'appropriant après lui aussi avoir démontré ses qualités de meneur et de combattant. Tout le monde désormais, attendait que le fils soit à la hauteur de ses ainés, et récupère à son tour cette place prestigieuse, mais rien n'était moins sûr.
Tout un pan des Tau'riel est donc étroitement liée aux Taledhels, tandis qu'une grande partie est restée fidèle aux préceptes Ornedhels. Aelric fut donc élevée à cheval entre deux mondes plus différents que similaires. Aussi, bien qu'il ait toujours désiré honorer ses ancêtres, une partie de lui n'échappe pas à ses racines, plus proches de la nature. Les jeux de pouvoirs et les intrigues politiques, loin de lui échapper, l'ont toujours redoutablement ennuyé.
Que faire, père ? Je redoute de vous décevoir et à la fois mon cœur n'aspire qu'à la liberté du couvert des arbres. Avez-vous connu le même tourment, fût un temps ? Où suis-je seul condamné à errer entre deux univers ? Aelric n'osa pas amener le sujet sur la table. Le temps était à la célébration, et faire naître un tel débat ne ferait que ruiner la joie de chacun.
Les fêtes furent grandioses. Même si l'opulence du temps de son aïeul avait grandement épuisé la richesse des Tau'riel de Wirskeïnfyl, leurs cousins des Noss n'avait pas lésiné sur les présents, les victuailles et les spectacles. Une de ses cousines fit pousser de grandes lianes et un parterre de marguerites, créant une salle de bal en pleine nature.
Les plus Sylves de cette famille disparate s'y donnèrent à cœur joie, dansant jusqu'à l'aube sans signe d'épuisement. Certains Tau'riel de la ville eurent même l'audace de les y rejoindre ; Bien que ce fut sa vie que l'on fêtait, Aelric comprit que c'était aussi pour beaucoup l'occasion de retisser des liens depuis trop longtemps distendus.
La fête était encore à son paroxysme lorsque sa mère, Felindé, vint le prendre à part. Comme à son habitude, elle conservait son sérieux. Quel dommage. Elle qui est si belle, pourquoi ne pas se risquer à sourire ?
- « Aelric. » Elle lui parla tout en l'emmenant à l'écart de la foule. « Maelchor à dû te parler de la vision que j'ai eu de toi ? » Le jeune Elfe se rappela de ce que lui avait dit son père. Il opina du chef.
- « Je n'ai pas été totalement sincère avec ton père. J'ai... Bien vu un danger te menacer, mais ce n'est pas tout. » Elle s'arrêta, sondant les yeux de son fils comme pour chercher à y déceler quelque secret. « Ce que j'ai vu avant tout, c'est la Déesse fendant la terre de son souffle, projetant un grand chêne hors du temps, puis je vis la flamme rendue liquide, la pierre devenue brasier... Est-ce que cela te parles ? » Il y eut une longue pause.
- « Oui. Je l'ai vu en songes. Qu'est-ce que cela peut bien signifier ? » Felindé se détendit à ces mots.
- « Qu'il est enfin temps, pour toi... Nous en discuterons dans d'autres circonstances. » Elle parut réfléchir un instant, puis dit d'un ton solennel : « Je suis heureuse que tu te portes bien. » Ce fut tout.
Dieux, pourquoi est-ce que tout est si compliqué lorsqu'il s'agit du cœur dans cette famille ?
...
Les années qui suivirent furent douces pour l'Elfe. S'entraînant toujours à l'épée et servant dans l'armée en sa qualité de cavalier; Sa mère le prit sous sa tutelle pendant un temps, lui faisant revoir les bases de la magie, l'amenant progressivement à monter les paliers vers la maîtrise d'Air. Elle était persuadée que sa vision et le rêve était loin d'être anodins, et qu'il fallait que son fils accède à cette magie.
Elle pensait même que c’était crucial. Pourquoi ? Elle ne le révéla jamais.
Lorsqu'elle le pensa prêt, il poursuivit son enseignement seul, qui porta ses fruits au bout de décennies de patientes tentatives.
Cinquante années passèrent. Aelric s'affirma, décidant de quitter le berceau familial. Après une longue conversation avec son paternel, il lui fit comprendre que la vie des villes n'était pas faite pour lui. Ni celle des Noss, après tout. Il était un électron libre dans le paysage Elfique, et il était temps pour lui comme les siens de l'accepter.
Avec le temps et au fil de ses voyages dans l'Anaëh, il fut amené à vendre ses services pour protéger des caravanes marchandes à l'orée des bois, pour accompagner tel ou tel seigneur ou fils de noble en déplacement ; repousser des incursions ennemies ou servir de garde du corps pour le maître d'un quelconque village... Bref, ni Taledhel, ni Ornedhel, parfois plus protecteur que mercenaire, souvent l'inverse. Ce fut une vie d'errance assumée qui l'amena, à l'aube de sa cent-cinquante et unième année de vie, à s'aventurer aux abords d'un village de Sylves nomades.
Nombre le dévisagèrent, surpris de voir un pair peau-de-bronze vétu d'habits et portant des armes citadines. Mais la plupart s'affairaient, préparant le prochain déménagement.
Quelque chose clochait, néanmoins. Normalement Aelric aurait dû être intercepté par au moins un guetteur avant même d'apercevoir le village. Il voyait de nombreuses familles se séparer, se dire adieu, et ceux qui restaient portaient les armes traditionnelles Sylves, l'air grave et résolu.
Il perçut comme une dissonance dans la Symphonie, une note tendue, étouffée et brisée. Pris d'un néfaste pressentiment, Aelric s'adressa au premier Ornodhel venu. Depuis quelques temps il entendait de nouveau la mélodie qui surgissait d'entre les arbres, bien que jamais aussi puissamment que lorsqu'il se tint aux portes de la mort, il y à longtemps de cela.
Le Voile avait apporté son lot de misères, mais également son lot de merveilles.
-"Frère, explique-moi, que ses passes-t-il ? Pourquoi cet empressement ?" L'Elfe au teint basané lui jeta à peine un regard.
-"Qu'est-ce qui se passe, frère ? L'Anaëh appelle ses fils et filles à l'aide, voilà ce qui se passe." Voyant qu'Aelric demeurait interloqué, le Sylvain accepta de lui expliquer. "Les Sombres ont pris Ellyrion, puis Eraison ! La guerre est en marche et s'écrase sur nos terres. Comment peux-tu ne pas être au courant ?" Son regard se fit inquisiteur, remarquant l'équipement, inhabituel pour un Sylve, que portait son interlocuteur.
Aelric était abasourdi. Ellyrion et Eraison ? Comment ? C'est impossible ! Suis-je si sourd que je n'ai pu entendre la Symphonie me prévenir, bien que j'en ai le Don ? La suite s'imposait d'elle-même. Bien qu'il ne soit à sa place chez aucun de ses semblables, il était de son devoir de combattre à leur côté pour défendre l'Anaëh.
Protéger la forêt était son voeu le plus cher, le plus sacré. Il avait déjà servi dans l'armée avant de choisir cette vie de maraude, la cavalerie ne cracherait sûrement pas sur une recrue expérimentée.
Observant la carrure et l'allure martiale du jeune cavalier, l'Ornodhel ajouta ; "Des paires de bras supplémentaires seraient la bienvenue, où que vous vous rendiez."
-"Où je me rends ?" La certitude ne fit qu'enfler en lui. Plus qu'un devoir, c'était un besoin vital.Peut-être, père, aurais-je l'occasion de me couvrir de gloire comme vous jadis ? Sa gloire personnelle n'était que secondaire.
L'important était la forêt.
-"à la Guerre."
Comment trouves-tu le forum ? : Beau ! C'est en grande partie parce qu'il est si bien foutu que j'ai ramené ma fraise ici.
Je cherchais à trouver un nouveau forum après la mort du précédent, Feanor si ça dit quelque chose à quelqu'un, et j'avoue être assez surpris d'être tombé sur un forum avec autant de BG, de lieux et de détails... J'adore ! So far so good.
Comment as-tu connu le forum ? : Pour le trouver j'ai dû passer par Google UK, si c'est pas un comble ! J'avais abandonné l'idée de trouver un forum rp médieval fantastique digne de ce nom sur le web français et en cherchait un en anglais... On dirait que je vais rester sur de la bonne vieille langue de Molière !
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