Au milieu des ruines

5ème jour de la 4ème énnéade de Barkios, 8ème année du 11ème cycle

De la fière et puissante tour de l’Arcanum, autrefois bastion du valeureux ordre de mages au service du roi de Diantra, il ne restait qu’un chicot noirci, vestige pourrissant de la folie d’un régent ayant voulu jouer avec des forces qui le dépassaient. L’explosion titanesque résultante d’un rituel mal exécuté avait littéralement vaporisé les étages supérieurs, et seule la base de la structure tenait encore debout par miracle. Sous un certain éclairage, la tour rappelait une souche de chêne noircie par le feu, ce qui aux yeux du drow correspondait assez bien à son opinion globale du niveau des mages humains. Ces fous auraient dû éviter d’invoquer ainsi un art qu’ils ne comprenaient ni ne maitrisaient, mais pouvait-on en vouloir à ces frêles créatures qui devaient en quelques décennies apprendre ce qu’un drow acquérait en plusieurs siècles ?

Deux gardes se trouvaient en base de la tour, nonchalamment appuyés sur leur lance et une expression d’ennui profond sur leurs visages mal rasés. L’Arcanum constituait une sorte de planque pour les soldats, car en dehors des rares mages survivants qui tentaient péniblement de réunir ce qu’il restait des anciens artefacts, plus personne n’y venait. Les rares salles non effondrées ne tenaient que par des murs branlants, et tous s’accordaient à dire qu’un jour même ces pans de mur s’effondreraient. La populace tenait d’ailleurs le lieu pour maudit et préférait garder ses distances, les pillards n’osaient que rarement s’en approcher avant de finalement choisir une cible plus aisée que ce tas de ruines, comme par exemple les opulentes maisons des bourgeois. Aussi, lorsque deux silhouettes s’avancèrent vers eux, les gardes crurent d’abord qu’il s’agissait de la relève, avant que la réalité ne les rattrape et que peur ne glace leurs entrailles.

Les silhouettes ressemblaient à des gardes, ils en portaient l’uniforme, tenaient épées et boucliers, mais là s’arrêtait tout lien avec l’humanité. Faites d’ombres pures, ces infâmes parodies de guerriers créés par une magie noire que les deux malheureux n’osaient même pas imaginer s’avançaient avec la froide détermination des créatures arrachées de leur plan d’existence pour servir les desseins d’un autre. Dégainant leurs lames malgré la peur qui leur nouait les entrailles, les humains chargèrent, imités par leurs doubles maléfiques. Les lames d’acier et d’ombres tintèrent dans le silence de la nuit, arrachant des étincelles qui giclèrent sur les pavés. Piètres bretteuses, les créatures d’ombres compensaient par une absence de fatigue et une étonnante résistance, les coups les plus violents ne les ébranlant quasiment pas. Au moment où le premier garde tombait, le second réussit à passer sous la garde de son adversaire pour lui transpercer la poitrine. A la grande horreur de l’humain, la créature ne tomba pas, un coup normalement mortel ne lui arrachant qu’une grimace de douleur et l’obligeant à reculer maladroitement en titubant. Le garde ignorant que seule la magie pouvait définitivement détruire ces monstruosités, il succomba bientôt sous les coups de deux ennemis. Alors que la mort se refermait sur lui, il entendit ces mots, prononcés d’une voix presque gênée :

Oui, je sais, ces créatures sont un peu tape-à-l’œil, mais je voulais moi aussi ma garde d’honneur. Vous me comprenez, n’est-ce pas ?

Renvoyant ses serviteurs dans leur dimension d’origine, l’archimage entra dans les ruines de la tour. Ce lieu l’intriguait, et il comptait bien profiter du chaos qui régnait en ville suite au changement de pouvoir pour y fouiller à son aise. Sans doute aurait-il dû penser à cacher les cadavres des gardes, mais Haldren avait parfois un côté distrait pour ce qu’il considérait comme des détails mineurs.

Un bruit étrange venait de se répercuter contres les murs éventrés du quartier arcanique. De la magie sans doute. Une résurgence, une répercutions de sorts anciens ayants altérés l'atmosphère en le chargeant de magie ? Peut être. Où alors quelqu'un venait d'effectuer un sort en ces lieux. Interrompant ses rêveries de promeneur solitaire, Nimmio ne put s'empêcher de s'avancer dans la direction d'où venait ce vent étrange. Un tel acte ressemblait a de la témérité, mais quelque chose poussait le Duc à avancer malgré les avertissements de son instinct qui lui disait de convoquer les mages de Diantra au lieu d'avancer seul.

Dépassant les décombres d'un atelier magique, il crut entrevoir une silhouette au croisement de la ruelle suivante. Élancée et gracile dans ses mouvements, il ne s'agissait sans doute pas d'un humain de constitution normale et sans doute pas un humain du tout. Dégainant son épée, le Duc du médian sentit monter en lui le pouvoir de son dieu, irriguant son corps d'une vigueur surnaturelle et développant ses sens au delà des capacités humaines.

C'est alors que l'ennemi frappa de toute l'étendue de son pouvoir, abattant une sphère sombre sur le jeune et frêle seigneur. Mais les réflexes surhumains de ce derniers devaient lui sauver la vie. Percevant le danger du coin de l'oeil, ce dernier venait d'effectuer une roulade avec une dextérité d'ordinaire impossible a un être normalement constitué, avant d'effectuer, dans la foulée, un salto avant pour esquiver la seconde salve.

Les deux attaques détruisirent respectivement un pan de mur et la poutre de soutènement des vestiges d'une échoppe magique qui s'effondra complètement dans une gerbe d'explosion étrange. Si d'aventure il avait été touché, il ne serrait pas resté grand chose du Duc. Mais Nimmio n'était pas un homme ordinaire et son adversaire venait de s'en rendre compte.

Une troisième boule partit alors de l'adversaire dont la position n'était pas tout à fait certaine, mais avant même qu'elle ne parcourt la moitié de la distance qui la séparait de sa cible, elle fut interceptée par une boule de feu, déclenchant une déflagration colossale dont le rayon dépassait largement celui des deux premières boules sombres.

Darius sortit alors de la ruelle voisine, psalmodiant et gesticulant comme a son habitude en de pareille situations. Nul doute que lui aussi avait été attiré par les variations magiques qu'il avait ressenti... Où alors étais-ce ce lien étrange qui l'unissait à Nimmio et qui lui avait fait présentir le danger auquel son maitre faisait face.

Levant son marteau don la couleur avait virée au pourpre, il pointa ce dernier dans la direction de son ennemis et se mit a le bombarder de boules de feu de petite taille, cherchant visiblement à forcer son adversaire à s'abriter.

Nimmio, partez d'ici ! Ce type est dangereux et votre vie est bien trop importante pour la risquer de la sorte !

L’archimage avançait prudemment au milieu des ruines de l’Arcanum, ses sens aux aguets de la moindre fluctuation magique qui aurait pu lui annoncer la présence d’un artefact d’une puissance titanesque, donc digne de lui. Soudain… oui… il sentait quelque chose… excité comme une puce, Haldren s’avança vers un vieux coffre moisi qu’il ouvrit, révélant au milieu des toiles d’araignée et des crottes de rats un vieux livre. Un traité de nécromancie peut-être ? Ou mieux, un de ces ouvrages perdus dans la chute de Nisétis ! Pareil à un gamin face à ses cadeaux de Noël, le drow prit le livre et en lut le titre :

Cent recettes à base de gobelin, traité culinaire de Margrel Cuillère-de-Bronze, cuisinier nain ? Foutue détection magique de merde !

Rageant contre son epic fail, l’archimage jeta violemment au sol le traité de cuisine. Sa colère s’expliquait d’autant mieux que la viande de gobelin a un gout de vase assez prononcé. Aucun intérêt en cuisine, sauf parfois avec des sauces piquantes ou des oignons nouveaux. Alors qu’il passait en revue l’entièreté de son long catalogue de jurons pour décrire son état d'esprit, le drow sentit une présence non loin de lui. Encore furieux de sa trouvaille ridicule, Haldren ne passa pas par la case « négociation et diplomatie » et activa directement celle nommée « destruction et cataclysme », dont le charme résidait moins dans la subtilité que dans l’efficacité.

Pivotant sur lui-même, il projeta un orbe d’ombres sur le nouveau venu, lequel l’esquiva avec une souplesse assez surprenante. Le deuxième orbe qui suivit la première n’eut pas plus de succès, l’inconnu effectuant un magnifique salto pour se mettre à l’abri. Les restes de mur et les poutres de soutènement qui réceptionnèrent les attaques se virent réduites en poussière, fragilisant encore un peu plus les ruines de l’Arcanum. A ce rythme-là, l’ensemble du bâtiment allait finir par s’effondrer, mais un dément en colère ne prend que rarement en compte ce genre de détails mineurs. Armant un troisième tir, Haldren visa là où il pensait que se situait son adversaire, mais le tir fut intercepté par une boule de feu, déclenchant une formidable explosion au point d’impact des deux sortilèges.

Qui ose… ? rugit l’archimage, avant de voir une silhouette massive se joindre au combat. Armé d’un marteau de guerre, le nouveau venu incanta et lança une myriade de petites boules de feu sur le drow tout en hurlant à un dénommé « Nimmio » de fuir. Nimmio ? Nimmio ? Mais, ce n’était pas le nom du gusse qui régnait à Diantra ces temps-ci ? Un drôle de zigomar, manchot du bras mais pas des burnes, et qui venait de mettre une sérieuse pâtée aux anciens maîtres de la capitale. Tout en invoquant un bouclier pour se protéger des boules de feu du prêtre de Mogar, Haldren décida qu’un peu de politesse s’avérait nécessaire pour montrer que les drows savaient eux aussi se tenir en société.

Nimmio de Velteroc, je suppose ? Enchanté, votre Altesse, c’est un plaisir et un honneur de vous rencontrer.

Ses mains dansant un savant ballet, l’archimage lança deux sorts à la suite sans même relâcher son bouclier, ce qui en terme de santé mentale est totalement déconseillé, tant la surabondance d’activité cérébrale que cela induit peut vous griller le cerveau comme une saucisse sur un feu de camp. Mais Haldren n’en était plus à de telles considérations, tant il courrait joyeusement au bord du précipice de la folie depuis qu’il avait tenté de voler l’essence divine de Kyriä. L’un des guerriers d’ombre utilisé un peu plus tôt apparu devant le Duc, épée au poing et prêt au combat. Simultanément, un épais mur d’ombre apparut devant Darius et se projeta à toute vitesse vers lui. Invoquant la puissance de son dieu, le colosse brisa l’attaque d’un violent coup de marteau, mais la sueur qui coulait sur son visage et sa respiration saccadée révélaient combien l’effort lui avait couté.

Il est cheaté, ce type ! râla Darius

Profitant de la fatigue du prêtre et de l’obligation pour le Duc de ferrailler contre le guerrier d’ombre, Haldren entama une nouvelle incantation, bien décidé à ne pas laisser la moindre seconde de repos à ses adversaires. Entre ses mains les dimensions se déchirèrent, créant un vortex qui donnait sur un univers empli d’ombres, une vision de folie et de chaos qu’aucun mortel ne devrait avoir à contempler. Suant lui aussi à grosses gouttes, les mâchoires serrées sous l’effort qui drainait son énergie, le drow agrandit peu à peu le portail entre les mondes, bien décidé à y projeter les deux humains qui le défiaient. Il ne restait plus que quelques secondes avant que le sortilège ne soit achevé, scellant le destin du Duc et de son ami...

Nakor avait rendu une visite éclair à la petite garce de Soltariel. Il avait laissé un souvenir aussi glaçant que possible à la reine du sud puis avait quitté les lieux avec un message à transmettre et aussi très certainement un message clairement transmis. Le Magistère n'avait pas prit le risque de repartir en usant de la transformation éclair, en effet cette manipulation arcanique demandait un niveau de puissance déployé, très élevé et une maitrise totale. La moindre erreur, le moindre manque dans le construct de magie et on disait adieu à Miradelphia. Il préféra utiliser le tapis volant, quel fantastique moyen de transport. On traverse les distances sans se fatiguer les jambes, en ligne droite, sans subir les détours et les aléas géographiques. On a en plus la barbe au vent, ce qui chatouille formidablement, les oiseaux vous accompagnent, se posent sur votre chapeau, discutent avec vous. ON NE VOIT PAS LE TEMPS PASSER! Se disant qu'il était grand temps de prendre un peu de repos après tout ça, afin d'arriver à Diantra en pleine forme, il se posa au sud de la chaine d'Avoshe, entre Neris et Berdes, en effet les contreforts rocheux permettent de trouver des petites cavernes où l'on peut rester bien tranquille, sans craindre une quelconque visite, attaque et diverses joyeuseries de ce genre. Il put donc se concentrer et méditer afin de se remplir d'énergie et penser un peu à tout ce qui venait de se passer, tous ces événements qui le remettaient une fois de plus au cœur des situations géopolitiques houleuses de Miradelphia. Les heures passèrent et une fois totalement requinqué, il termina sa traversée. Il pouvait rejoindre Diantra en un peu moins d'une journée, s'il s'autorisait illégalement à dépasser les limites de vitesses imposées entre Ancenis et Missède. Il arriva donc enfin et sans encombre dans l'ancienne cité mère de la Péninsule, ancienne car désormais on ne savait pas vraiment ce que deviendrait la Péninsule, qui y régnait, depuis où, sur qui et dans quel but. Nakor soutenait personnellement Nimmio contre Kahina l'usurpatrice. Il se posa à quelques lieux de la cité, alors que le soleil se levait tranquillement et termina la route à pied, afin de restaurer définitivement ses forces magiques. Il devait apporter son message à Nimmio mais en arrivant proche des quartiers dévastés de l'Arcanum il sentit une étrange force se mettre en branle. Une force qu'il avait déjà senti, qu'il avait déjà combattu, ou accompagné

"Est-ce seulement possible que?"

Puis Nakor se précipita dans la direction de l'émergence du pouvoir noir. Pouvoir qui fut rejoins par un autre, puis qui s'amplifia. Un combat de mage dans la cité de Nimmio? Quelle était donc cette folie pure, surtout aux pieds de la tour de l'Arcanum où sa propre folie avait emporté Aetius dans son désir de maitriser des forces qu’il n’appréhendait même pas. Ni lui ni ses mages d'ailleurs, tous aussi orgueilleux qu'il était possible de l'être. Il arriva sur les lieux en dépassant un grand mur encore debout par simple miracle de construction, un vortex sombre et plein de maléfice s'ouvrait et aspirait ...

"Nimmio?"

Nakor n'attendit pas une seule seconde, il reconnut l'archimage des ombres qui lui faisait face, ce sombre fou, qui avait failli le tuer dans les antiques cavernes de Kirgan sans le faire exprès. Il fallait faire quelque chose pour empêcher le nouveau Duc suprême de la Péninsule d'être engloutit à jamais. Pointant de son bâton Nisétien, Haldren Baenfere afin de diriger son flux de magie, il déclencha son contrôle de la terre en disant tout haut, comme pour facilité l'activation de son sortilège afin de ne pas perdre une seule milliseconde, la vie de Nimmio et Darius était en jeu

"Noyau de rotation terrestre!"

Et sur un cercle d'un mètre de rayon, au centre duquel se trouvait Haldren, la terre se fissura, se mit à tourner et se souleva dans les airs, pour déstabiliser le mage noir et briser son sortilège afin de faire disparaitre le vortex qui s'effondrerait sur lui même. Pendant que le drow était envoyé en l'air, ou s'envoyait en l'air d'un point de vu externe, Nakor s'avança en venant se mettre devant Nimmio tel l'ultime guerrier voulant protéger noblement un homme qui faisait partie de ses proches.

"Je crois que j'arrive à point Nimmio. Dites moi si je me trompe mais vous avez autant que moi l'habitude de vous faire des ennemis puissants! Comment diable se fait-il qu'il soit là celui là?"

Puis tournant très rapidement la tête, il demanda

"Darius? Tout va bien?"

Il plongea ensuite son regard dans celui de l'archimage des ombres qui venait de se relever et n'attendit pas

"Que vient faire ici Haldren Baenfere, si loin de ses terres de prédilections maudites?"

Puis se préparant au pire, il activa tous ses pouvoirs, fit monter ses forces d'archimage afin de pouvoir enchainer sort sur sort, si jamais il devait répondre à des attaques infernales du fou furieux qui se trouvait en face. N'ayant que des éléments à sa disposition, il pouvait assurer la protection de Nimmio et Darius avec la terre, attaquer avec des lames et des murs de vent, un éclair bien senti, de l'eau en pleine figure histoire de lui faire prendre une douche froide ... enfin bref, l'esprit de Nakor entrait en ébullition histoire de ne pas avoir à réfléchir trop en avant si les ombres commençaient à se déchainer sur la zone. Quoi qu'avec Haldren, on pouvait justement s'attendre à tout et surtout à n’importe quoi!

Totalement concentré sur son incantation, Haldren ne remarqua même pas le nouveau venu. Maintenir ouverte une faille entre le monde réel et les Ombres demandait une débauche d’énergie assez obscène, et une attention de tous les instants pour éviter une catastrophe. Voilà pourquoi il lui est pardonné la surprise lorsque la terre se souleva autour de lui, l’envoyant valser dans les airs. Le vortex, soudainement privé de toute cohérence par l’interruption, se résorba, l’univers n’aimant guère ce type de portails violant avec ardeur les lois fondamentales de la physique. Roulant au sol comme une poupée de chiffon, le mage noir lâcha une épouvantable bordée d’injures qui aurait fait pâlir un sergent de corps de garde.

Se relevant, Haldren se trouva face à une sorte de vieille chouette déplumée, un humain tout fripé à la longue barbe grise et au chapeau pointu. L’inconnu brandissait un bâton d’où irradiait une puissante magie et semblait vouloir l’empêcher de passer. Tout cela sans compter qu’ils se trouvaient dans des ruines d’une ancienne capitale au glorieux passé, bizarrement il y avait comme un air de déjà-vu.

Gandalf ?

Comprenant qu’il se trompait d’univers, Haldren effectua le recalibrage son logiciel de reconnaissance faciale, passant en revue les possibilités. Voyons voir, il s’agissait d’un humain, ce qui limitait à quelques millions de possibilités, moitié moins si on acceptait comme hypothèse qu’il s’agisse probablement d’un homme. Qui plus est, le vieux hibou semblait le connaître, puisqu’il l’appelait par son nom. Peut-être ce vieillard était-il le gardien des lieux et lui en voulait-il de ne pas avoir pris de ticket pour la visite ? Ou alors il venait pour lui proposer un séjour en club de vacances spécial troisième âge, auquel cas ses prospectus manquaient clairement leur cible. Haussant les épaules, Haldren se dit que tuer le nouveau venu pourrait simplifier les choses. La violence gratuite manque de subtilité mais dispose du charme de la simplicité.

Deux murs d’ombres apparurent, de part et d’autres du petit groupe d’humains, et se refermèrent avec violence, telles les mains d’un géant écrasant des moustiques. Mais à nouveau, le vieillard bloqua l’attaque en invoquant à lui des barrières de roches, à la grande surprise du drow qui n’arrivait pas à croire que son adversaire lui tenait tête. En riposte, une lame de vent jaillit et vint s’écraser sur le bouclier d’Haldren. Avec un petit regard appréciateur, l’archimage regarda le mur de pierres de taille derrière lui, tranché net par la puissance du sortilège. Oui, pas de doute, ce gaillard à la barbiche fournie n’était pas un novice, il allait falloir mettre la dose pour lui briser la biscotte !

Tu as eu grand tort de t’opposer à moi, Obi-W… euh, vieillard inconnu à la barbe mal taillée et aux rides prononcées !

Merde, encore un fail cross-univers évité de justesse ! Haldren se nota distraitement d’y faire plus attention à l’avenir, les régulateurs de la réalité allaient finir par râler s’il continuait à mélanger les contextes. Encore heureux qu’il soit resté dans de l’épique, s’il avait commencé à parler de bisounours ou de petits poneys, les humains l’auraient vraiment pris pour une quiche.

Le Duc avait réussi à repousser le guerrier d’ombre qui se recroquevillait plaintivement dans un coin, serrant la large blessure sur son flanc faite par la lame de l’humain. La chassant dans son plan d’origine, Haldren décida de changer de tactique. Forcer ses mignons à combattre avec des simulacres d’épée ne manquait pas de panache, mais sa totale inculture dans le domaine de l’escrime l’empêchait de leur apprendre à bien manier leurs lames. Cette fois, lorsque l’archimage venu du Puy lança son sortilège, ce n’est pas un, ni deux, mais une horde entière de créatures d’ombres qui apparut peu à peu dans la pièce. Ayant remplacé la qualité par la quantité, ces êtres issues de l’ignoble magie noire étaient plus basiques, pâles copies à peines ébauchées des humains. On aurait en vain cherché des détails sans en trouver, le seul endroit réellement net de leurs corps était leurs griffes, longues et dangereusement aiguisées. Sur un ordre de leur maître, la horde infernale se rua à l’assaut.

Le drow, fou au possible interpella Nakor à l'aide d'un mot qu'il ne connaissait guère mais qu'il n'aima pas, mais alors pas du tout. Car au milieu du brouhaha et des arcanes magiques aux effluves virulentes, le Magistère entendit

"Grand elfe?"

Comment pouvait-on oser dénommer ainsi le vieux sorcier à la barbe blanche. Un scandale politique était en train de se mettre en place. Nakor allait d'ailleurs répondre avec une flopé de jurons qui auraient fait dresser les poils sur la tête d'un marin en goguette quand deux murs d'ombres menaçant apparurent. Ni une ni deux, le maître du Firmament, fit joindre ses mains, paumes ouvertes dans un violent choc et dressa autour de lui-même, de Nimmio et de Darius qui venait de les rejoindre, trois puissants et épais murs de roche. Une belle explosion souleva toute la poussière possible, laissant au vieux timbré l'occasion de riposter. Libérant ses mains et fouettant l'air avec courroux, il balança en direction de son ennemi du moment une lame de vent concentré, assez fortement pressurisé pour découper un corps en deux sans faire d'éclaboussure. Mais le démon avait dressé un bouclier arcanique autour de lui.

"Peste soit de toi, satané ... "

Mais déjà l'autre répondait encore, quel audace. Il faisait usage d'un nouveau mot inconnu, sans doute de la langue drow. Pourtant Nakor avait travaillé dur pour apprendre auprès d'Yshahinn, les mots et la grammaire du Puy. Mais il termina par une insulte qui mit le feu au sang déjà en ébullition de sorcier humain.

"Ma barbe mal taillé? Non mais vous avez vu la perruque hideuse que vous avez sur la tronche?"

Oubliant un peu que chaque seconde comptait, Nakor perdit du temps, temps utilisé à bon escient par Haldren pour convoquer une horde monstrueuse faite de crocs et de griffes, en plus d'ombres dangereuses. Elles étaient un peu plus petites que les autres, sans doute plus faibles puisqu'en grand nombre. Très naïvement, l'archimage humain répondit aux ombres par le feu. Sans doute qu'un long cheminement intellectuel d'un très haut niveau de raisonnement avait mené Nakor à penser que les ombres disparaissaient à la lumière et qu'il pouvait faire de la lumière avec du feu. Parfait! Faisant tournoyer ses mains dans tous les sens afin de créer un déplacement d'air, il finit par faire claquer le majeur et le pouce de la main droite pour créer une étincelle et enflammer tout son construct de magie. Les créatures d'ombres furent entourées d'une gigantesque tornade de flamme. La température grimpa en flèche dans la zone de combat, les énergies magiques étaient à leur comble et Nakor ne pourrait sans doute pas maintenir une si haute dépense pendant encore longtemps. Puis jetant un œil vers Haldren qui préparait sans doute encore un mauvais coup, le Magistère décida d'employer les grands moyens, mêlant donc le contrôle de la terre à celui de la flamme, il déploya un sortilège de modification de structure. Les flammes devinrent de la lave en fusion qui écrasa les ombres infernales. D'un coup de la main gauche, une bonne grosse boule de lave en fusion partit en direction d'Haldren. Voilà qui allait un peu le calmer, alors que la tempête de flamme disparaissait et permettait à Darius et Nimmio de respirer un peu. Nakor était finalement subjugué de pouvoir trouver un adversaire à sa hauteur. Si la lave ne suffisait pas, il lui restait les éclairs en réserve, l'eau et enfin la glace!

Sujet: Re: Au milieu des ruines Mer 4 Mar 2015 - 12:19

Haldren devait admettre un point : l’humain était un adversaire redoutable, manipulant des pouvoirs largement supérieurs aux autres mages de sa race. Connaissait-il le point faible des créatures d’ombres invoquées par le drow ? Possible, car sa méthode pour s’en débarrasser ne manquait ni de style ni d’efficacité. Par contre, les bonnes manières se voyaient violées allégrement, telle une bergère rencontrant une bande de soudards suderons, car le vieux bonhomme osa s’en prendre à la sublime chevelure du drow. Les mots me manquent pour décrire l’infamie subie par Haldren à cet instant, tant l’attaque était basse et ignoble, d’une cruauté et d’une injustice qui devait en faire pleurer les Dieux eux-mêmes. Perruque hideuse ? Comment pouvait-on décemment nommer ainsi la douce et souple toison qui couvrait fièrement la tête de notre héros ?

Perruque hideuse ? Perruque hideuse ? Quand on a les cheveux qui ressemblent à un nid d’oiseaux affligés de coliques, on évite de donner des leçons, Môôôsieur ! Et je ne parle même pas de votre tenue qui pourrait tout au plus servir de chiffons pour nettoyer les latrines !

Le drow avait hurlé en humain, changeant de langue pour être mieux compris. Il allait lâcher un sourire méprisant pour humilier son adversaire vaincu par tant de verve lorsqu’il vit lui foncer dessus une boule de lave en fusion.

Et merde…

Bien qu’à nouveau le bouclier d’ombre ait encaissé l’attaque, Haldren n’en fut pas moins projeté violemment en arrière à travers un mur, se retrouvant sous un tas de briques et de moellons. Encore heureux que son sortilège l’ait recouvert comme une seconde peau, sinon le drow ne s’en serait pas sorti sans blessures lourdes. Se relevant péniblement, il fusilla du regard son adversaire, bien décidé à lui faire payer ce vol plané assez infamant et en tout point indigne de son rang quasi-divin qu’il s’auto-attribuait. Une vague d’ombres jaillit de son corps, propulsant les débris dans toutes directions alentours, et c’est un Haldren bouillonnant de rage qui repassa le mur à travers Nakor l’avait projeté pour rentrer de nouveaux dans les ruines de la Tour.

A cet instant, le bâtiment qui se voyait torturé par les sortilèges échangés entre les deux archimages se rappela soudain au bon souvenir de tous. Un craquement inquiétant se fit entendre dans la poutre maitresse de la pièce où ils se trouvaient, tandis que de plusieurs endroits de la charpente une poudre de bois et de poussière commençait à tomber. L’Arcanum, déjà très endommagé par le rituel qui avait emporté l’ancien régent du Royaume, ne pouvait pas résister à ce qu’il venait de subir.

Haldren eut alors cette phrase sublime :

Euh… on se casse ?

Sujet: Re: Au milieu des ruines Mer 4 Mar 2015 - 21:08

La boule de lave en fusion était partie fort, au moment même où le rat archimagique sombre osa prendre la parole. Et là, très précisément à ce moment là, alors même que l'onde de choc entre les deux magies projetait le drow droit dans un mur pour soulever son lot de poussières et de vieilles moisissures accumulées, Nakor ouvrit des yeux si grands qu'ils auraient pu choir de leurs orbites organiques. D'abord une tension dans les muscles, puis un léger tremblement. Des tremblements qui devinrent des secousses pendant qu'Haldren se relevait. Ne pouvant plus se retenir, Nakor hurla de sa voix de stentor, en saisissant de sa main libre un bout de sa barbe. Il tira dessus dans tous les sens en envoyant

"Quoi?????? Moi un oiseau niché des latrines en robe! Mais comment ooooooooosez-vous espèce de balais à chiotte, pet venteux de prêtresse vierge de Néera, furoncle de sorcière des marais, satané .... hooooooo bon sang!"

Les trois derniers mots furent prononcés après l'horrible bruit de cassure, le bâtiment tout entier, celui qui restait difficilement debout depuis les folies de l'Arcanum, était en train de lâcher. Qu'allait-on encore dire sur le vieil homme? Il était déjà accusé du meurtre de Trystan, de forniquer avec des succubes, d'aspirer la vie des jeunes enfants, d'avoir aussi tué Aetius d'Ivrey ... et maintenant on allait aussi rajouter qu'il avait rasé l'Arcanum pour prendre sa revanche sur les anciens mages qui voyaient d'un mauvais œil la présence du vieux fou à droite du roi. Retenant la bordée d'injure qu'il allait envoyer à la face hideuse d'Haldren qui était uniquement la cause de tout ça, il fallait réagir avant de se faire écraser. Il était trop tard pour déployer la force suffisante pour retenir les gravats en train de tomber. Il n'y avait plus qu'une seule solution. Ce fut alors à son tour de dire

"Et merde ..."

Puis balayant l'air autour de lui par trois grands et lents moulinets, il donna enfin un coup sec vers la gauche. Une colossale impulsion venteuse frappa donc de plein fouet, Darius, Nimmio et Nakor pour les envoyer valdinguer assez loin du point de chute. C'était le seul moyen de survivre à l'écrasement proche. En même temps qu'il activa son sortilège, il poussa un long râle de souffrance tout en s'envolant sous l'impact du choc. Les trois pauvres hères partirent comme des poupées de cire, à moins que ce ne soit plutôt des poupées de son, Nakor les avait projeté dans une grande rue bien vide, histoire d'éviter de se réceptionner sur une pique qui vous transpercerait le ventre, ou de se recevoir, tête la première sur un rocher saillant. Non, ils allaient juste bien rouler sur des pavés. D'ailleurs le Magistère roula à ne plus savoir où donner de la tête, tout en poussant par ci, par là, quelques cris de douleurs. Lorsque les cavalcades cessèrent enfin, Nakor était sur le dos, arqué au possible en attendant que le dernier flux de douleur se dissipe dans son vieux dos infernal, les mains plaquées sur les reins

"Hoooooo mais par tous les dieux de ce maudit ciel damné!!!!!Ca fait maaaaaaaal."

Roulant sur le ventre, afin de pouvoir s'aider de ses petits bras pour se rétablir, il continua de pousser quelques râles, avant de tenter de se redresser, en forçant autant que possible sur ses jambes et ses bras comme la vieille baderne qu'il était. Retrouvant enfin une position verticale, quoi qu'encore un peu courbé, il s'épousseta comme il pouvait, tout en jetant un regard noir autour de lui, une vilaine moue sur le visage. L'Arcanum était tombé. Et c'est là qu'il le vit! Haldren à la perruque folle. Il avait échappé à la ruine de l'ancienne tour de magie de la capitale mais ses oreilles n'allaient pas s'en remettre de si tôt

"Tu es content de toi maudit perruquier? Regarde donc ce que tu as fais, tu as détruit la tour de l'Arcanum! Non mais tu te rends compte, misérable cul de bas-fosse, et le pire, c'est que cela va encore me tomber dessus! Merde à la fin, je commence à en avoir marre moi! Vil pesteux, mégère du Puy, sorcier de jeu de carte, bouquetin des montagnes grises, paysanne séquestrée, rat des cavernes, trompette discordante ... houuuuuuuuuuuuuuuu!"

Oui, ça on pouvait en être sur, Nakor était énervé.

Sujet: Re: Au milieu des ruines Jeu 5 Mar 2015 - 10:14

Tandis que l’archimage humain utilisait les forces élémentaires pour se propulser, ainsi que ses compagnons, jusqu’à l’extérieur des ruines qui s’effondraient, le drow opta pour une méthode bien plus élégante et qui évitait de se voir balayer comme un vulgaire fétu de paille. Un sourire orgueilleux aux lèvres, il lança son jet de dé de charisme tout en se téléportant, ricanant déjà à l’idée que les humains allaient se retrouver recouverts de poussière et de terre alors que lui serait impeccable et élégant. Malheureusement, les sorts de téléportations réservent parfois de petites surprises, et si le drow avait mieux repérer les alentours de l’Arcanum avant d’y pénétrer, il aurait constaté qu’un gros tas de fumier se trouvait juste à côté de la sortie.

Oups…

Lorsque l’archimage acheva sa téléportation, il se retrouva littéralement dans la merde jusqu’aux genoux. La grimace de dépit qui se peignit sur son visage fut fort heureusement perdue pour tout le monde, sauf pour une poule noctambule qui picorait dans le tas de fumier à la recherche de quelques insectes. Le gallinacé regarda Haldren de ses yeux ronds et stupides, l’air de se demander s’il s’agissait d’un gros insecte. Décidant finalement que non, elle tourna le dos au drow, lâcha une fiente, et repartit d’un pas nonchalant. Pour le côté classieux, il faudra repasser !

C’est donc un drow quelque peu déconfit et penaud qui rejoignit les trois humains tandis que les derniers pans de murs de l’Arcanum s’effondraient bruyamment. Se voir ignorer par une poule l’avait tant dépité que sa colère s’était évanoui, et il encaissa beaucoup plus calmement la tirade furieuse de Nakor. Son cerveau ayant débrayé la vitesse colère pour passer sur celle de la méditation, il lui répondit d’un ton docte et quasi-professoral :

Je ne suis pas sûr que détruire soit un terme approprié, puisqu’il implique le passage d’un état stable et ordonné à une masse chaotique où règne l’entropie. Or cette tour se trouvait déjà fort abimé avant mon arrivée. D’ailleurs, qui vous prouve que ce sont mes sortilèges qui ont déclenché l’effondrement ? Il pourrait s’agir des termites.

Ce disant, le drow sortit une flasque à whisky de ses habits et s’en envoya une franche goulée avant de reprendre.

Vous n’avez pas idée des dégâts que peuvent causer ces petites bêtes. Je me souviens d’un mage du C’nros que j’ai connu il y a longtemps, Krosh « une-seule-guibole » A’asheek, qui avait perdu une jambe lors d’une bataille contre les elfes et avait décidé de se fabriquer une prothèse enchantée bardée de sortilèges défensifs. Il y a passé des mois, partant d’une base en chêne entourée de cercles de métal, et il fallait admettre que c’était du beau travail. Malheureusement, il ignorait que des termites s’étaient mis dans le bois, et aucun de ses sortilèges ne visait ces nuisibles invisibles. Sa belle prothèse a fini totalement rongée.

Le drow était encore vaguement conscient que les trois humains appartenaient à la catégorie des ennemis, mais lorsqu’il partait sur des récits de ce genre, le reste du monde cessait provisoirement d’exister. Se descendant une nouvelle gorgée de whisky, il tendit poliment la flasque à Nakor.

Vous en voulez ?

Les trois humains le regardaient avec des yeux ronds, surtout Nimmio et Darius qui n’avaient pas l’habitude des manières un peu détonantes des archimages. Nul n’atteint une telle maitrise de l’art magique sans impacter violemment sa santé mentale, côtoyer ces maîtres des arcanes oblige donc à revoir au niveau cérébral les notions de logique et de bon sens.

Il est collector, celui-là, marmonna d’ailleurs le prêtre de Mogar.

Sujet: Re: Au milieu des ruines Jeu 5 Mar 2015 - 19:43

Il fallait bien avouer que, la tension qui était à son comble, retomba tout aussi rapidement. Un spectateur attentif aurait même pu percevoir que le chapeau pointu turlututu de Nakor s'affaissa légèrement quand Haldren commença à discourir tout en se rapprochant, recouvert à moitié de fumier. Il mettait en place une rhétorique vocabulariale insolente mais qui méritait d'être soulevé. Le Magistère s'intéressa alors de prés à ce qui disait Haldren, suivant le raisonnement jusqu'à son terme. Et alors, il emboita le pas de l'archimage drow et ils marchèrent dans la petite ruelle encore encombrée de poussière. Une flasque tendu qui fut immédiatement accepté

"Ho, avec plaisir mon cher."

Il avala une bonne rasade avant de la lui rendre, puis continua, en appréciant

"Huuum, excellent on sent une tourbe voluptueuse en arrière plan ... mais dites moi, vous me parlez de prothèse. Je m'y intéresse de prés ... il faut dire que j'ai un ami proche, le pauvre diable, il s'est fait engloutir le bout du bras par un monstre des profondeurs. Vous auriez dû voir ça, moi même je ne l'ai pas vu! C'est dire!"

Petit rire de circonstance

"Enfin bref, j'imagine que du bois de santal aurait permis d'empêcher le problème de votre connaissance? Pensez-vous que l'on puisse créer une prothèse organoleptique cependant? Je dois bien avouer que l'art drow, sur ce point, est sans aucun doute en avance sur nos connaissances. Mon problème principal est le lien entre la prothèse minérale et l'ensemble du corps d'origine ... un sortilège peut-il y palier? Cela poserait un problème de source d'énergie ... ai-je oublié de vous dire que cette prothèse serait utilisée pour un non mage? Je sais, je sais, ce serait gâché, mais la prouesse magique est là ne trouvez-vous pas?"

Puis arrivant aux abords du quartier de l'Arcanum, sur une place plutôt large et déserte, Nakor attendit les quelques réponses d'Haldren, en gardant en tête une très simple idée : remercier vivement l'archimage et lui dire au revoir. Cela lui donnerait sans doute l'envie de s'en aller vraiment, ce qui mettrait fin à la destruction de Diantra et sauverait accessoirement la vie de Nimmio, Darius et bien d'autres. !

Sujet: Re: Au milieu des ruines Mar 10 Mar 2015 - 11:30

Désormais calmé, l’archimage drow écoutait avec intérêt son confrère humain, ayant apparemment oublié qu’il venait d’essayer de le tuer en détruisant au passage ce qu’il restait de l’Arcanum. Mais Haldren aimait se concentrer sur ce qu’il faisait, aussi le mode multitâche ne lui convenait que rarement. De plus, le vieux hibou lui parlait d’un sujet fort intéressant, à savoir les prothèses magiques, or le drow se révélait incapable de résister à une discussion académique de ce type.

Oui, vous avez tout à fait raison, relier la prothèse au corps est relativement compliqué. Krosh avait quelque peu triché en utilisant un sortilège de nécromancie d’animation post-mortem. Mais au lieu de viser un corps, il avait visé sa prothèse. Toutefois, si votre ami n’est pas mage lui-même, cette méthode ne fonctionnerait pas. Hmm… laissez-moi réfléchir.

Les deux mages se baladaient désormais tranquillement dans Diantra, tels des amis en goguette. Pour un peu, on aurait pu croire qu’ils allaient se finir dans un bar avant d’aller voir les filles !

Pour la source d’énergie, je vous conseille d’utiliser une gemme imprégnée. Certes, c’est cher et malaisé à obtenir, mais je suppose que votre ami a les moyens. Pour ce qui est de le relier à la prothèse… hmm… il faudrait… oui, je pense voir comment… il faudrait passer par un rituel de contrôle mental qui serait implanté par le magicien dans l’esprit de votre ami. Après tout, l’art existe en chacun, bien que peu sachent l’utiliser. Il faudrait donc une incantation dévoyée afin que le « lanceur » paraisse être votre ami, ce qui lui permettrait de commander à sa prothèse sans même comprendre comment le rituel fonctionne.

Comme si un éclair venait de le frapper, Haldren écarquilla les yeux, eut un grand sourire et reprit :

Mais ça y est, je vous reconnais ! Vous êtes Nakor, le maître de l’Aurore, en Ithri’Vaan ! Je trouve géniale votre idée d’y former des mages, il est ainsi possible de leur apprendre qu’ils sont mille fois supérieurs aux autres, et que toute forme de vie n’existe que pour les servir. Vraiment génial ! Écoutez, je dois filer mais promis, un de ces jours je passerai vous faire un petit coucou là-bas !

Sur cette promesse dont Nakor se serait sans doute passée, l’archimage drow se téléporta, laissant ces derniers mots flotter dans l’air.

Et mes salutations à votre dame !

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