Un avenir radieux [Osh]

L’entretien tant attendu avait finalement lieu. Les deux ducs, Nimmio de Velteroc et Oschide d’Anoszia s’étaient donné rendez-vous dans les appartements du premier. Dans la cité entière flottait les bannières des nombreuses familles faisant partie de ce que l’on appelait déjà « le Royaume du Médian ». De cet entretien dépendrait l’avenir que certains grands hommes s’étaient imaginés. En cette fin de la cinquième ennéade, les cartes allaient enfin être posées avec l’espoir que ce royaume puisse enfin exister. Tranquillement, la petite troupe langecines composé du duc et de ses principaux conseillers défilèrent dans les rues, sous les regards des passants qui ne virent certainement rien d’inhabituel à ce petit événement.

Le duc de Langehack se fit annoncer tandis que Nimmio de Velteroc s’apprêtait à le recevoir en privé dans les appartements qu’il s’était fait depuis son arrivée dans la capitale. Ainsi, les deux hommes se saluèrent l’un et l’autre et prirent place chacun à une extrémité de la grande table.Nimmio paraissait des plus fatigués et ne semblait pas avoir dormi depuis plusieurs jours. néanmoins, c'est une ferme résolution et une certaine sérénité qui se lisait dans son regard. Son Altesse de Langehack commença par prendre la parole.

Je suis heureux de pouvoir enfin vous parler en privé. Ces dernières ennéades ont été particulièrement rudes vis-à-vis de tous les problèmes à régler. J’aimerais à présent faire le point sur la situation de Diantra, des terres royales, et sur notre intérêt commun à repartir sur de nouvelles bases. Mais avant, je souhaiterais vous soumettre une idée qui a sûrement dû germer en vous. En tant que duc de Langehack, je suis prêt à ployer le genou devant vous afin que vous deveniez Roi du Médian. Votre victoire à Christabel a fait de vous l’homme fort du Médian, ce titre vous revient et je le conçois parfaitement. Si je ne puis me targuer d’avoir eu à mon tour une victoire éclatante telle que la vôtre, je puis néanmoins vous garantir tout mon soutien quant à la formation de ce nouveau royaume, tant sur le plan matériel que financier comme vous devez le savoir. De ce fait, vous deviendriez roi, et votre épouse reine. Si vous acceptez cela, je vous soumettrais cependant plusieurs points. Nous vous avons envoyé des hommes suite à votre victoire de Christabel, ainsi que tout notre soutien depuis. Malgré quelques problèmes de communications, nous pouvons tout de même nous féliciter d’avoir investi Diantra ensemble, et ce, sans avoir besoin de faire le moindre siège. Il faut au moins reconnaître que l’ancien chancelier nous a épargné cela. Maintenant, mes demandes sont simples et vous sembleront sûrement dérisoires par rapport à tout ce que vous avez gagné. J’aimerais néanmoins que vous acceptiez de faire de l’aînée de votre épouse, Alcyn de Hautval, votre héritière. En sachant que vous ne romprez pas totalement avec l’héritage des Fiirams, nous parviendrons à garder suffisamment de légitimité auprès de la noblesse des terres royales encore attachées à la dynastie royale. De cette façon, nous ne romprons pas avec le passé sans que cela nuise à votre règne.

Malgré la fatigue qui se lisait clairement sur son visage, le Duc du Médian écoutait attentivement les paroles de son allié et, il l'espérait, désormais ami. Oshild voyait les choses sous le même angle que lui et cela le confortait dans son opinion. Le jeune Duc de Langehck avait comprit bien des choses sur le fonctionnement et l'état du royaume, ce qui lui faisait dire que sa décision à venir était des plus justifiée.

Et bien mon ami, je dois vous féliciter pour votre clairvoyance. Je pense que vos propositions sont recevables. J'ai bien peur que le royaume tel que nous l'avons connu ait cessé d'exister lors de la proclamation de Soltariel. Comme me l'a conseillé l'Archimage Nakor, il me revient de prendre désormais toute la mesure et la responsabilité de mes actes en portant sur mes épaules le fardeau qu'est cette couronne. Mais cela revient à créer un nouveau Royaume, le Royaume des deux Médians, liant Langehack et l'Eraçon ainsi que les terres diantraises. Je dois naturellement discuter de cela avec ma femme avant de vous apporter une réponse définitive, mais sauf refus catégorique de sa part, vous pouvez considérer cela comme acté. Pour ce qui est de reconnaître Alcyn comme ma fille, cela serrait possible, mais en vertu de la loi salique le Trône reviendra néanmoins, à ma mort, à mon fils Alexandre. Alcyn héritera de Hautval selon les souhaits de sa mère et deviendra une princesse de sang royale.


Oshild reprit alors.

A présent, j’aimerais que nous parlions de l’avenir des terres royales. Après mûre réflexion, il apparaît très logique que nous ne pouvons nous permettre de partager ces terres comme des simples parts de gâteaux. Et ce, pour plusieurs raisons : Tout d’abord, les seigneurs des terres royales ne sont pas nos vassaux directs, et leur soumettre notre autorité en leur imposant de rentrer dans l’Eraçon ou dans le Langecins ne ferait que creuser un peu plus les dissensions. Deuxièmement, les terres royales pourraient très bien constituer un nouveau duché indépendant, dirigé par un des anciens seigneurs royaux. Cela nous permettrait d’éviter un découpage trop hâtif des frontières millénaires. Alors laissons aux anciennes terres royales la possibilité de s’organiser et ils vous en seront reconnaissants et vous serviront sans problèmes.

Je penses précisément comme vous sur le sujet. Le tout est de trouver un allié suffisamment fiable et capable de créer un certain consensus afin de gouverner ces terres nouvellement acquises. Pensez-vous à quelqu'un en particulier pour gouverner ces territoires et nous apporter du même coup le soutien des seigneurs des ex terres royales ?

Concernant la constitution d’un nouveau conseil royal, j’ai également quelques points à vous soumettre. Je souhaite devenir le nouveau chancelier du royaume, et je vous propose de donner le titre de Connétable à mon vassal, Théobald de la Courcelle, baron de Missède qui sera bientôt fait Comte lorsque nous aurons fini d’écrire la constitution du grand-duché de Langehack. Suite à l’incursion drow en sgardie, j’envisage d’octroyer un contingent d’hommes au seigneur de la Courcelle pour qu’il puisse aider les seigneurs du nord et améliorer nos relations.


J'ai encore mieux à vous proposer cher ami. Plutôt que d'un chancelier, j'aurais besoin d'un Premier Ministre... D'un homme capable de mener le royaume lorsque ma santé ne me le permet pas. Car mon état ne vous a pas échappé. J'ai besoin de repos et de me retirer du monde le temps d'écouter ce que je dois écouter... J'avais également à dessin de confier la charge de Grand magistère à Nakor, afin qu'il rebâtisse l'Arcanum et forme les mages qui nous seront nécessaires à la paix du Royaume. Je compte également nommer Hanegard chancelier du royaume. Il sera ma bouche et mes oreilles lors des conseils où je ne pourrais me rendre et un de vos premiers conseillers pour la conduite du royaume. Vous verrez que ses conseils sont toujours avisés et honnêtes.

J’aimerais également vous proposer le seigneur d’Apreplaine, Niklaus d’Altenberg, comme nouveau Surintendant des finances. Suite à un entretien que j’ai eu avec sa personne, le baron d’Apreplaine m’a fait part d’une analyse très riche et détaillée quant à la situation des terres royales, et m’a soumis des conseils que vous trouverez certainement judicieux. Ce Niklaus est l’homme qu’il nous faut pour la gestion de notre futur Royaume, vous en jugerez sans aucun doute par vous-même lorsque vous le rencontrerez. Peut-être serrait-il d'ailleurs tout indiqué pour diriger le nouveau duché des terres royales.

Les rapports que j'ai eu au sujet de cet homme corroborent vos dires mon ami. Aussi suis-je enclin à penser que votre proposition est la bonne. De plus, introduire un diantrais au sein du conseil royal sera vu comme un signal fort en direction de toute la péninsule. De même, le faire Duc d'Apreplaine nous iderait à fédérr les seigneurs qui nous voyaient jusqu'ici comme les fossoyeurs du royaumes, avides de richesse et de pouvoir. Un sage a dit un jour, tes ennemis les plus résolus d'hier, peuvent devenir tes alliés les plus fiables de demain... Peut-être nous apportera-t-il donc ce qui nous manque. Son intronisation  sera le signe d'un ralliement des seigneurs locaux à notre cause et à notre vision du Royaume. Il s'agit là d'une chose dont nous avons grand besoin.

A la place de notre grand Amiral, j’ai celui qui a le plus de qualités pour ce poste. Il s’agit du seigneur Henri de Montecale, ancien capitaine Soltaar passé sous mes ordres après avoir été exilé. En tant que vice-amiral, il a gagné une première bataille navale contre la flotte pharétane. Ses qualifications feront de lui votre principal conseiller quant au développement d’une nouvelle flotte royale qui pourra concurrencer celle de Soltariel. Pour ce faire, j’ai pensé à lui donner la seigneurie de Béranthe qui est vacante depuis la mort de son seigneur à Christabel.

Je pense en effet que nous avons grand besoin d'un nouvel Amiral... Surtout s'il connaît la flotte soltarienne, ses navires et ses stratégies. Il n'en sera que plus efficace si jamais nous sommes amenés à croiser le fer avec eux sur les mer. Je ne vois donc aucune raison de m'opposer à votre proposition.

Je n’ai nulle autre demande à vous faire concernant la constitution du conseil royal. Tout autre homme de vos connaissances sera bien évidemment la bienvenue et nous travaillerons ensemble dans un objectif commun au nom de votre majesté. Passons maintenant si vous le voulez bien aux premiers points que je vous ai énoncé précédemment. Il vous faut dès maintenant prendre des mesures concernant Diantra et les terres royales, sinon, vous vous retrouverez avec une révolte sur les bras et aucune armée ne saura y remédier. Il ne vous ait certainement pas inconnu que les pillages dans les terres sont devenus monnaie courante. La forte hausse de la mendicité au sein de la ville est également un problème qu’il nous faut régler expressément sous peine de voir apparaître une véritable épidémie. J’ai donc pris soin de rouvrir les Maison Dieu, avec les conseils du seigneur d’Apreplaine, afin de pouvoir encadrer les mendiants. Ceux qui seront aptes au travail partiront dans les campagnes afin de remplacer les 6000 hommes inféodés morts à Christabel. De ce fait, nous devrons recourir à un rationnement de la nourriture que vous devrez approuver et auquel il vous sera possible d’y mettre un terme lorsque tout sera rentré dans l’ordre.

Il s'agit là d'une bonne initiative. Éviter une révolte généralisée est un premier pas si nous voulons nous montrer dignes de notre nouvelle mission. Je ne trouve rien à redire si ce n'est de continuer dans cette voie. Je rajouterais que la constitution d'une nouvelle garde royale est également d'une grande importance. Je comptes à ce titre la réorganiser autour de ma Garde velterienne. Cette dernière prendra ses quartiers à Diantra même et sera composée de 2000 hommes d'élite, entraînés par mes meilleurs maîtres d'armes et équipés de l'excellent acier Velterien. Elle sera ouverte aux cadets des familles et donnera a chacun la chance de faire ses preuves.  Sa mission sera d'assurer le contrôle et la défense du palais royal et de la Ville de Diantra, mission pour laquelle elle sera secondée par la garnison de la ville.

En tant que nouveau Grand Argentier du Royaume, le baron d’Apreplaine aura pour tâche de rétablir les attributions régaliennes en établissant de nouvelles ordonnances royales qui substitueront les anciennes. En quelques ennéades, il nous sera ainsi possible de rétablir et de réguler notre propre frappe de monnaie afin d’éviter toutes les fraudes qui gangrènent les terres royales. Je dois également vous avertir, et le seigneur d’Altenberg vous l’expliquerait sûrement mieux que moi, mais nous ne pouvons nous permettre d’envisager de nouvelles conquêtes qui comprendraient l’appui des terres royales. Avant cela, il nous faut d’abord rétablir une administration sans faille avec des hommes compétents.

Il est évident que le temps des conquêtes est révolu. Nous devons évidement rétablir un système fonctionnel et toute notre énergie doit être déployée en ce sens.  C'est pour cela que j'essaye d'éviter l'escalade avec Soltariel tant que nous n'avons pas remis le royaume en scelle.

En ce qui concerne la politique extérieure. L’établissement du Grand Soltaar n’est pas à prendre à la légère et vous pouvez déjà savoir que j’en fais une affaire personnelle. Si l’estréventine décide de nous frapper, nous serons en mesure de riposter, vous pouvez me croire. Mais je doute qu'elle ne le fasse. En effet, l'instabilité politique de son territoire l'empêche de bouger. Si elle attaque, elle verra une révolte des seigneurs peux décidés à mourir pour elle. Non, elle a besoin de nous comme épouvantail afin de maintenir ses terres unies.

Par rapport au nord de la Péninsule, je pense que vous êtes beaucoup plus aux faits que moi-même. J’ai tout de même bon espoir de trouver en la reconquête de la Sgardie avec le soutien de nos troupes, une échappatoire concernant toutes les querelles des nordistes. Je me suis battu aux côtés de Jérôme de Clairssac lorsque j’étais encore capitaine dans l’armée royale et j’aimerais continuer à lui offrir mon soutient dans la mesure du possible.


Jérôme est un ami et un allié, même s'il a cette fâcheuse tendance à se retrouver du mauvais côté de l'échiquier. Il s'agit là d'un homme de bien et d'un grand général. Je pense que nous pouvons lui faire confiance et je vous accorde donc mon soutien pour lui apporter votre aide. Quant-à Soltariel, ma conviction est qu'ils ne nous frapperont pas. S'ils avaient voulu le faire, ils l'auraient du lorsque la surprise aurait encore pu leur donner l'avantage. Désormais, une guerre larvée permet à l'estreventine de détourner les regards de ses seigneurs vers nous plutôt que vers sa légitimité chancelante. Nous attaquer, c'est prendre le risque de développer le mécontentement chez elle... elle ne peut en réalité pas sortir de ses frontières pour l'heure et se contentera de nous utiliser comme épouvantails afin d'apeurer ses ennemis et de fédérer ses vassaux.

Enfin, il est inutile de vous rappeler tout mon soutien à votre égard. Si nous réussissons à remettre sur pied le royaume, il nous sera possible d’envisager de nouvelles perspectives quant à l’élargissement de nos frontières. Mais avant d’en arriver là, il vous faudra tout d’abord prendre des décisions pour réussir à faire en sorte que l’on vous considère comme un roi.

En effet cher ami, il va dors et déjà nous falloir organiser un couronnement digne de ce nom et à même d'imposer le respect à ceux qui en contesteraient la légitimité. Une missive partira donc prochainement, co-signée par l'ensemble de nos alliés et invitant les seigneurs de la péninsule à se rendre à Diantra afin d'y négocier leur rattachement au nouveau royaume qui se crée.