Moult échanges exotiques. [Azhar]

Au nord de Thaar, située sur l’un des bras de l’Oliya se trouva Baaz’Hima, la cité aux mille et un plaisirs. Voilà la nouvelle destination de la belle. Alors qu’elle voyageait à cheval, Eïnad s’y rendait pour rencontrer Azhar Tahwi Salougan, un prince-marchand de Thaar et seigneur. La fête ou l’amusement n’était pas au menu ce qui arracha une humeur de chien à la rouquine. La semi s’y rendait surtout pour négocier un éventuel échange commercial.  Se trouvant devant l’immense muraille de pierre abritant de grandes portes taillées dans le métal, Eïnad pensa à son entretien. Elle était néanmoins contente d’arriver enfin à destination et se rendait directement à la demeure du prince.

La cité était magnifique et le fleuve qui la traversant apportait une certaine fraicheur à l’atmosphère. Mais la semi n’était pas là pour le tourisme. Devant le palais, elle s’annonça.

Malheureusement le Prince avait d’autres occupations et ne pouvait la recevoir tout de suite ce qui eut pour effet d’énerver la semi. On lui proposa toutefois de se rafraichir dans le hammam se trouvant non loin du palais. Une maigre consolation mais elle fera avec.

Redirigée vers un coin privée, à sa demande, dénudée de sa robe et de sa coiffe aux nombreuses plumes et bijoux, ses cheveux couleur de feu lui tombait jusqu’aux épaules lui donnant ainsi un air plus sauvage. Un premier contact avec l’eau l’a fit frissonner. Après tout ce voyage l’avait réellement épuisé, elle qui avait l’habitude qu’on la porte. Sans attendre plus longtemps, la belle pénétra dans le bassin principal, le plus profond.

L’eau était à température idéale et la belle se laissa flotter. Elle plongea alors complètement, immergeant son visage. Remontant les marches, ses cheveux vinrent se coller à sa peau. Dorénavant rafraichie elle souhaitait qu’on s’occupe d’elle.

Un esclave vint à sa rencontre, ils étaient facilement reconnaissable au collier de cuir qu’ils portaient. Il s’approcha d’elle alors qu’Eïnad était assise sur une table à massages. Un sourire vint se dessiner sur son visage. Décidément, elle avait toujours une idée derrière la tête.

Il lui demanda ce qu’elle attendait de sa présence, la semi lui rendit un simple rire. D’un geste simple, Eïnad lui ordonna de fermer la porte et de revenir auprès d’elle. La suite appartenait dorénavant aux quatre murs qui composaient la pièce.  Chacun pouvait imaginer ce qu’il voulait.

Plus d’une heure passa et on retrouva la belle rouquine dans la salle du trône où elle attendait patiemment après le prince.

Pas d’arrivée en grande pompe pour la fille du prince de Geresh, pas comme pour Amshet. Azhar ne l’attendait pas pour l’après-midi, lorsqu’un esclave vint le déranger au sérail pour lui annoncer sa venue, il le congédia d’un mouvement de la main et demanda à la faire patienter. Il était Prince de Baaz’Hima, descendant des Salougan après tout, le monde pouvait l’attendre. Allongé sur sa royale couche, avec sa royale épouse au dessus de lui, ils partageaient une royale discussion.

« Tu la connais ? »
« Qui ça ? »
« Eïnad'Alin Akar'Demlir, l’héritière de Geresh. »
« La fille du prince Armlach, oui je l’ai déjà croisé à quelques reprises. »
« Et … ? »
« Et oui, elle est mignonne bien que sans trop de poitrine si tu veux tout savoir. Vile séducteur ! » La prime-épouse sourit, et son époux l’embrassa avant de rire à son tour.

Ils butinèrent encore quelques dizaines de minutes puis chacun d’eux alla retrouver ses appartements pour se préparer à réceptionner la princesse. Azhar s’habilla d’une longue robe brodée or et carmin, aux manches amples, une ceinture sertie de pierre encadrée sa taille et ses mains étaient chargées de rubis, d’émeraudes ou d’ambre. Sa première femme se faufila à l’intérieur d’une robe bordeaux aux voiles multiples et à la transparence suggestive. Ensemble ils pénétrèrent la salle du trône.

Une grande salle à quatre dômes, et aux larges vitraux. Sur la grande estrade, se trouvait les deux trônes. On racontait qu’ils étaient faits dans de l’or pur, et qu’ils ne représentaient que le quinzième de la fortune des Salougan. Au pied des trônes, toujours sur l’estrade, de gros coussins parsemés les tapis finement tissés où des dragons s’entrelaçaient avec des phénix et une myriade de créatures fantastiques. Sur chacun des coussins aux couleurs de l’arc-en-ciel, des dignitaires de la ville et des hommes et femmes « partenaires » du prince étaient assis. Un héraut tapa trois fois de sa perche le sol lorsque le couple royal entra dans la pièce, tous se levèrent pour les accueillir et ne se rassirent qu’après eux.

On fit entrer la princesse de Geresh quelques minutes plus tard. L’épouse croisa le regard entendu d’Azhar et lui sourit, devinant exactement ce qui lui traversait l’esprit. Assis sur son trône, impérieux, il parla.

« Je te salue Eïnad'Alin Akar'Demlir, soit la bienvenue chez moi. »

Un collier doré entourait son cou pâle. Celui-ci ne servait pas seulement à décorer son corps mais également à tenir le tissu qui s’est harmonieusement répartit jusqu’au sol. Laissant que peu de décolleté tout en affichant un dos complètement nu. La soie de couleur ambre retombait à la limite de ses fesses. Ses bras, également nus de tissu était cependant à moitié recouvert de bracelets. Ses cheveux étaient magnifiquement coiffés en un chignon complexe qui laissait place à une coiffe couvert de plumes.

Sublime tel un joyau, elle s’avança lorsqu’un héraut l’annonça se retrouvant devant deux imposants trônes en or. Chaque siège était occupé par le Prince ainsi que sa prime-épouse. Alors qu’elle posa son regard sur la Dame, un sourire n’acquit sur ses lèvres. La semi se remémorait de bons moments passés en sa compagnie.

Il ne fallut pas longtemps pour que le Prince daigne lui adresser la parole, lui qui s’était permis de la faire attendre. Si cela ne tenait qu’à elle, Eïnad serait déjà repartie… Mais elle représentait surtout son père, et devait malheureusement montrer bonne figure.

« Je te remercie pour ton accueil, Prince Azhar Tahwi Salougan, seigneur de Baaz’Hima. Je suis bien heureuse de me retrouver ici et vos thermes méritent leurs réputations. »

Après avoir posé les yeux sur le Prince, elle détourna son regard sur sa compagne.

« Nous nous revoyons enfin. Vous êtes de toute beauté et votre parfum m’enivre les sens, ma chère. »

Lors d’une précédente réception, ces deux femmes eurent des échanges bien plus qu’amicaux, mais Eïnad ne s’y attardera pas. Ne souhaitant pas éventuellement vexé le Prince, ou pire, lui donner l’envie de butiner en compagnie d’elles.

« Je suis venue te voir… » Commença-t-elle alors qu’elle s’était mise à marcher lentement. « Car père souhaiterait élargir son réseau commercial de sa production de sel. » Continua-t-elle avant de lever sa main droite, faisant signe à ses esclaves d’avancer.

Ils amenèrent un gros coffre contenant de multiples cadeaux. Un autre homme les rejoint alors qu’il avait sur ses épaules un magnifique serpent doré arborant des taches blanches. Il était d’une taille non négligeable et plutôt farouche. Celui-ci fut posé à terre, aux pieds du Prince. Il se roula alors en boulle avant de s’élever d’un bon mètre cinquante du sol. Ses yeux reptiliens virent croiser ceux de la belle et celui-ci en resta comme figé.

« Voici quelques présents. Nous te fournissons également un sac de notre sel, que tu puisses goûter son exceptionnelle qualité. » Continua-t-elle lorsque tous les présents furent donnés.