[Front sud]Levons nos étendards [Pv Delyn]

Le capitaine scrutait le ciel avec un regard de mépris. La pluie était tombée en abondance sur leur campement depuis des ennéades et celui-ci restait encore et toujours une immense fosse à boue glissante et dégueulasse qui empêchait quiconque de courir sous peine de se vautrer littéralement dans le merdier. En plus de ce temps moisi, son attitude n’avait pas beaucoup évolué depuis le conseil qui avait été réuni quelques ennéades plus tôt. Aucune solution n’avait été véritablement trouvée, son hostilité envers les noss ne s’était pas estompée et le probable retour du capitaine Aranos s’était avéré aussi faux que tout le reste.

Reprendre Eraïson en attaque conjointe avec les Noss n’était clairement pas la meilleure solution, mais elle avait au moins le mérite d’être la plus plausible vue l’état actuel de l’armée royale qui n’avait de royale que son nom et les insignes sur ses étendards. A force de recruter à tout va depuis toutes ces années de conflit, le niveau avait chuté et les vétérans se faisaient de plus en plus rare, lui-même pouvait le confirmer. Trop de jeunots impétueux souhaitaient prendre la direction des opérations et cela ne sentait pas bon du tout.

Agacé par la certitude qu’ils fonçaient tous droit dans le mur, le capitaine cracha par terre et gueula sur l’une des recrues qui manqua de se vautrer dans la boue. Cela faisait déjà un long moment qu’il attendait là, sans rien faire d’autre que de pester contre le temps et ses soldats, il était temps que le capitaine de la cavalo se ramène enfin maugréa-t-il. Mais comme d’habitude, la cavalerie arrivait toujours avec brin de retard, suffisant pour vous faire perdre une compagnie entière. Malgré cela, il devait reconnaître que leur capitaine était compétent dans ce qu’il faisait.

Justement, le capitaine Delyndil arriva avec quelques cavaliers derrière lui. A côté d’eux, ses soldats ressemblaient à des mendiants encrottés des pieds à la tête. Une fois de plus, la distinction entre l’infanterie et la cavalerie se révélait dans toute sa splendeur. Elrendil lui adressa alors un geste de la main pour le saluer, mais regarda le capitaine avec un air toujours aussi froid et nonchalant.

-Capitaine, je crois que nous avons certaines choses à nous dire, suivez-moi.

Sans attendre, l’officier à l’armure et aux cheveux complétement trempés entra dans la vaste tente qui avait servi pour le conseil et montra un siège de la main pour le proposer au capitaine Delyndil. Il prit place aussitôt et fixa l’autre officier et ses cavaliers avec une joie bien cachée.

-On ne va pas passer par quatre chemins pour dire ce qui est, mais la reprise d’Eraïson n’aura rien d’une partie de plaisir. Si vous avez des nouvelles à me renseigner, je suis tout ouïe, et si vous avez des idées pour l’élaboration de notre stratégie, je suis à votre écoute également. Cela fait bien trop longtemps que je ne suis pas sorti de ce camp...