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| L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes | |
| | Auteur | Message |
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Aymeric de Brochant
Humain
Nombre de messages : 714 Âge : 33 Date d'inscription : 22/02/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 35 ans Taille : 6 pieds Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Ven 11 Mar 2016 - 15:01 | |
| 5ème jour de la 4ère énéade de Verimios, 8ème année du 11ème cycle. Le surlendemain de la victoire avait commencé par un tenace vent du Nord, qui soufflait sur le campement allié depuis maintenant plusieurs heures, dissipant les panaches de fumée émanant d'Amblère. Le marquis, observant cela, se figura la fin du deuil - cette trêve déguisée - toute proche, et décida de payer à son vassal, le Maréchal, une visite. C'est qu'on le disait alité, meurtri dans son élan guerrier le soir de l'assaut. Aymeric, quant à lui, entretenait de nombreux griefs à l'encontre de cet homme ; pourtant, il concevait toujours une mince sympathie pour celui qui, de mois de mois, avait œuvré à sa perte, tout en s'en dédisant. Il était naturel que l'entrevue fut de nature politique. Jérôme, après avoir perdu le soutient de la Régente, s'était trouvé un protecteur de substitution en la personne du marquis d'Odelian. Ce faisant, et après que ce dernier le lui eut accordé sa bénédiction dans la conquête de l'Oesgardie, Aymeric se retrouvait à nouveau face à un conflit potentiel avec son si turbulent vassal. Si de prime abord, le marquis avait envisagé de saisir l'occasion de cette guerre pour embastiller le rival, il considérait désormais la négociation avec un intérêt, peut-être par lassitude des combats, ou par rejet d'une action si déshonorable. Il se fit ainsi tout naturellement annoncé au chevet du Maréchal, qu'il rencontra après avoir poussé les lourdes tentures aux couleurs blanche et rouge. Comme il l'avait pressenti, Aymeric découvrit un baron alité, entouré de médicastres. Jérôme offrait à la vue de tous les stigmates de son curieux combat au sein de la piétaille, chose singulière s'il en est. En effet, à la différence du marquis, qui de toute la bataille n'avait crotté ses poulaines une seule fois, le baron d'Etherna s'était appliqué à mener la lutte comme un simple piéton. Il se disait qu'il s'était battu comme un lion - son état, au demeurant, semblait confirmer la chose. "Je suis fort aise de vous savoir sain et sauf, cher ami : la rumeur de vos exploits a envahi le camp, et je craignais de vous retrouver plus mort que vif. Était-ce vrai ? Le trépas de Jérôme, assurément, aurait mis un coup d'arrêt à l'avancée ethernienne dans les marches. Qui sait ? Peut-être aurait-elle également fait renoncer le marquis d'Odelian à ses lubies ? Par égard à vos blessures, je serais toutefois bref, et je prie que vous me pardonniez ce laconisme. Êtes-vous toujours résolu à la conquête de l'Oesgardie, Jérôme ?" |
| | | Jérôme de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Ven 11 Mar 2016 - 16:43 | |
| A la suite de la bataille d'Amblère, lorsque tout fut terminé et que les hommes retournaient au campement, Jérôme tomba inconscient. Il avait perdu pas mal de sang et ses blessures n'étaient pas bénignes non plus. La mort était le lot du soldat et bien qu'un certain respect soit donnés à l'encontre des hommes tombés, le fait d'être en vie amène les soldats à se congratuler et à faire la fête plutôt qu'à se recueillir. Pourtant, tous eurent un sentiment de perte en voyant leur baron porté jusqu'à sa tente. L'on s'inclina devant celui qui s'était battu aussi vaillamment et au sein de la troupe. L'inquiétude était perceptible et des prières furent faites à Néera pour le sauver et à Tyra pour ne pas le prendre dans son royaume. On allongea le baron dans sa tente et des soigneurs furent dépêchés sur place. Les prêtres d'Othar ne furent pas en reste et ceux qui utilisaient la magie de la vie se mirent au chevet de Jérôme. Les plaies furent refermées et l'on obligea le baron à boire malgré son inconscience puis la patience fut de mise. Une journée, puis deux passèrent sans qu'il ne reprenne connaissance jusqu'au soir de celle-ci. Enfin il rouvrit les yeux, voyant le visage de son frère, Guillaume, en premier. Il faisait chaud à l'intérieur, des feux avaient été allumé pour éloigner le mal. Le baron demanda demandé ce qu'il s'était passé après son évanouissement, combien de temps il avait été alité et ce qu'il en était de la situation extérieure. Lorsqu'on lui eut tout expliqué, il se recoucha et se rendormit, il était faible et il devait récupérer. Toutefois, la nouvelle de son réveil fut donnée et la fête battait son plein dans la campement, la soldatesque étant heureuse de la victoire et du réveil de leur seigneur de guerre. Il ne faisait plus de doute qu'il était béni des dieux, ou du moins de Néera pour avoir survécu à cela.
Le troisième jour, Jérôme était plus vaillant mais il devait garder le lit car trop faible encore pour tenir debout trop longtemps sans avoir un vertige. Il mangeait avec vigueur et on lui versait du vin pour le ragaillardir. Il demandait des explications et donnait des instructions à tout le monde mais on le préservait quand même. Aymeric de Brochant était un homme important et il aurait été de mauvais genre de ne pas le laissait voir le baron qui était son vassal pour Froissart. Il fut donc amené jusqu'au baron avant qu'on ait pu le prévenir et c'est donc alité que le marquis vit Jérôme pour la première fois depuis la bataille d'Amblère. Jérôme se redressa immédiatement, torse nu et bandé malgré les soins magiques qu'il avait reçu, s'asseyant au bord de son lit. Après un compliment sur la bataille, le marquis n'y alla pas par quatre chemins, ce qui amena une quinte de toux au baron qui ne s'y attendait pas
"Bonjour messire, il semble que Tyra n'ait pas voulu de moi dans son royaume, je lui en suis reconnaissant. Dès demain, je pourrais recommencer comme avant, sans aucune séquelle."
Que lui dire concernant sa dernière question, Jérôme pensait que la situation était claire mais il semblait que non. D'autant plus que les décisions n'étaient plus entre ses mains
"Vous pouvez m'épargner, je ne suis pas à l'article de la mort et il semble que la question soit d'importance. Prenez un siège et le temps qu'il faudra"
Jérôme se leva et s'installa sur une chaise de campement en même temps que le marquis, une autre se trouvant face à lui
"Qu'entendez vous par continuer la conquête de l'Oesgardie ? je vous ai tout dit lors de notre dernière rencontre. Un territoire indépendant n'est pas viable et c'est le pourquoi de ma démarche. Il semble qu'il ne reste plus grand chose à conquérir de ce pays, si ce n'est sa capitale. Une question qui me tracasse est plutôt de savoir quel futur vous voyez pour la Sgarde ? et surtout pour notre avenir commun ? Je n'oublie pas qu'une commise est prise à l'encontre de mes terres de Froissart et j'ai l'impression que notre différend n'est pas réglé. Dites moi ce que vous voulez et voyons ce qui peut être fait."
Jérôme se sentait vidé après la victoire contre les drows. Il s'était gonflé de sa haine et de son envie de revanche sur ce peuple et maintenant qu'il avait atteint cet objectif, il ne savait plus trop quoi faire. Le marquis le ramenait brusquement à la réalité de la politique et pourtant il savait que Jérôme avait les mains liées par Gaston, ce qui faisait enrager le baron qui ne voulait plus de conflit et juste servir ses suzerains comme il le devait. |
| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Ven 11 Mar 2016 - 18:20 | |
| S'installant confortablement, si tant est qu'on puisse tirer quelque confort d'un siège de campagne, le marquis écouta attentivement son vassal, sa bonhommie subséquente à sa victoire n'ayant pas désertée son visage. Cependant, la lamente du baron vint progressivement le troubler : Jérôme se figurait-il encore une opposition entre lui et le seigneur de Brochant ? Lors de leur dernière entrevue en privé, à Serramire, Aymeric pensait alors pourtant avoir tiré au clair toutes les mésententes, toutes les intrigues. Il affectait désormais par conséquent un air peiné.
"Bon ami, vos paroles me causent une tristesse certaine. Ne vous ais-je pas assuré tantôt de mon pardon ? Ou bien est-ce seule la commise de vos fiefs qui vous préoccupe ? Je vous ai pourtant assuré de leur bien portance, et de ma volonté de lever la commise une fois notre réconciliation rendue publique."
Il y avait une certaine ironie à voir ainsi cet homme reprocher la défiance de son vassal, quand il s'était retrouvé lui même, quelques semaines tantôt, à souhaiter ardemment la perte de celui-ci. Pourtant, Aymeric s'était résolu, une fois la victoire acquise à Amblère, de ne point exposer ses griefs envers le baron d'Etherna ; encore moins envers le marquis d'Odelian. Peut-être par lassitude des combats, notre héros désirait remiser son glaive, pour se réserver exclusivement à l'usage de la plume.
"Mais, la Damedieu soit louée, celle-ci est imminente! lança-t-il, affectant de nouveau sa bonhommie. Apprenez ceci, cher ami : j'ai obtenu des oesgardiens qu'ils se rendent! Le Primat a accepté que Godfroy Falkenberg renonce à sa couronne, et me rende l'hommage. Le comprenez vous ? Cela signifie la fin de la guerre! Plus personne ici, ni vous, ni moi, ni le marquis d'Odelian, n'a désormais de raison de se battre : j'entends accepter la reddition des rebelles, et dans une énéade, nous festoieront dans les murs d'Oesgard!"
Une pareille nouvelle signifiait également, et surtout, la fin des prétentions de Gaston à la suzeraineté de l'oesgardie, et de fait, privait Jérôme du titre de comte qu'il avait ambitionné, cherchant des soutient dans la moitié de la péninsule pour y arriver. Mais le maréchal n'avait-il pas justifié son entrée en guerre par l'impérieux besoin de remettre les marches dans le droit chemin ? Depuis le début de sa campagne, Jérôme avait avancé son absence d'ambition personnelle comme un étendard. Ce revirement, de fait, était l'ultime épreuve pour la bonne foi du baron d'Etherna, et Aymeric feignant une joie sincère, jubilait en vérité mauvaisement, trop heureux de confronter l'ambition de son vassal à ses propres convictions.
"N'est-ce pas merveilleux ?", lança-t-il tout sourire.
De la réponse du baron, Aymeric apprendrait enfin ce qu'il avait toujours brûlé de savoir : Jérôme était-il véritablement un homme de vertu, au parcours semé de choix malheureux, ou un ambitieux drapé dans une peau d'agnelet ?
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| | | Jérôme de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Dim 13 Mar 2016 - 8:39 | |
| Aymeric réconforta Jérôme dans un premier temps et le vide s'accentua en même temps que le soulagement. Bien que n'appréciant pas la guerre, se pouvait il que celle-ci l'ai prise sous son emprise ? qu'il trouve dans celle-ci quelque chose qu'il n'a nul part ailleurs ? En effet; oublier la politique si dévastatrice et commander à des hommes qui vous suivez partout était grisant. La rançon de la gloire que les victoires vous apportent et la beauté d'un mouvement collectif convergeant vers un même but était magnifique. Bien entendu, la discipline était indispensable mais Jérôme avait réussit avec Etherna et les victoires s'étaient succédé. Il y avait la peine de ceux qui mouraient au combat mais la joie refaisait toujours surface parmi les vainqueurs qui s'étaient couverts de gloire. La guerre était il devenu une drogue pour le baron ? il n'y avait pas que cela qui expliquait ce vide, il y avait aussi le but atteint et la question de savoir ce qui viendrait ensuite. Il était toutefois soulagé d'avoir entendu le marquis confirmé qu'il n'y avait plus de différend entre eux deux et que la conversation à Serramire avait porté ses fruits. Il fit un sourire qui n'atteignit pas ses yeux, il était sincère et en même temps pas réjouit
"Vous me voyez ravis, j'avais cru que vous me teniez rancune, c'est une bonne chose que notre réconciliation"
Jérôme appréciait le marquis, il était totu ce qu'il n'était pas, un brillant politicien et quelqu'un qui saurait parlementer avec les requins des pays voisins. Le baron était plus un suiveur et un bras droit, quelqu'un sur qui on pouvait compter, malgré sa défection envers Odélian qui l'avait marqué beaucoup plus profondément qu'on pourrait le penser.
Aymeric annonça ses tractations avec le primat et la renonciation du neveu de Goar au trône, ainsi la guerre était terminé, c'en était fini de cette campagne. C'était une bonne chose et Jérôme ne vit pas le piège que le marquis lui tendait. Heureusement pour lui, le baron n'était pas l'homme qu'on dépeignait. Un ogre, seigneur de guerre assoiffé de conquêtes, gonflé d'orgueil et ambitieux jusqu'à vouloir balayer tout le monde dvant lui. S'il avait été cet homme, pourquoi aurait il négocié avec Aymeric à Serramire alors qu'il avait prit la ville, que Vermilias allait tomber et qu'il n'avait pas encore demandé l'appui de son suzerain, qu'il n'aurait peut être pas eu mais bon. Ambitieux, ce mot ne faisait pas parti du caractère du baron et celui-ci avait toujours œuvré pour un but plus grand, un but qu'il n'avait malheureusement pas atteint lorsqu'on voyait la situation de la péninsule, lui qui voulait la réunir. Pourtant, il avait soulevé Serramire et le marquisat était enfin stable après tant de temps, Alonna et Oësgard allait revenir dans le giron du marquisat et ce nord uni n'était étrangement pas si éloigné que cela. Au final il avait atteint une partie de ses objectifs. Pourtant il y avait quelques interrogations, non pour lui et son titre mais pour les autres, l'altruiste qu'il était ne pouvait pas lâcher ses valeureux vassaux ou se taire et laisser un nouveau conflit se déclarer etre Odélian et Serramire, ce qui déchirerait le nord
"Tout ça pour ça ?"
Un début qui n'augurait rien de bon vu la piège qui lui était tendu mais la suite désamorça cela, du moins Aymeric déciderait de l’honnêteté de son vassal
"Ne vous m'éprenez pas, je suis très content qu'une issue soit trouvée mais je vois quelques détails que votre vivacité d'esprit écartera sans doute aisément. Pensez vous que quelqu'un qui fut roi va se contenter du titre de comte ? Oësgard a toujours été indiscipliné et indépendantiste, êtes vous certain qu'en laissant l'ancien roi à cette place, il ne va pas vouloir récupérer son ancien pouvoir et que la terre ne se retournera pas de nouveau dès qu'elle en aura les moyens ?"
Bon certes, vu son état, il faudrait du temps avant qu'il se remette mais c'était cette volonté indépendantiste qui avait amené Jérôme à demandé à diriger le comté et non une envie d'agrandissement.
"Vous savez que la terre a été élevé au rang de comté et que le titre m'a été donné par la couronne. Je renoncerais à ce titre sans soucis puisque l'ancienne baronnie à retrouvé son suzerain légitime, toutefois permettez moi de vous demander deux choses ? La première concerne les terres du sud acquises par mes hommes et des titres que je leur ai donné, qu'en sera t il ? la seconde concerne le serment que Gaston m'a demandé. Je ne connais pas les fins qui sont les siennes, il n'a pas voulu m'en parler. Si vous le souhaitez, je vous accompagnerais pour lui annoncer que je renonce au titre de comte d'Oësgard et j'espère que vous trouverez à vous entendre.
Jérôme s'inquiétait toujours pour ses hommes, plus que pour lui. Ils le savaient et c'est pour celui qu'ils lui rendaient leur fidélité, tout comme la soldatesque qui savait, lorsque le baron dirigeait, qu'il cherchait toujours à économiser les pertes le plus possible. Les victoires successives et la gloire (et le pillage) qui les couvrait les soudaient à sa cause. Gaston était maintenant une épine dans le pied du marquis et un frein à cette réconciliation mais Jérôme espérait que les deux hommes trouveraient à s'entendre. Il ne voulait pas crier victoire trop vite alors que cette confrontation entre les deux marquis tracerait le futur proche du nord. |
| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Dim 13 Mar 2016 - 23:23 | |
| "Soit, Jérôme, je prends congé de vous. Puisse la nuit vous apporter le repos."Elle n'en apporta guère au marquis. Ce dernier, laissant aussitôt le blessé, prit sans attendre la direction de son campement, où il fit réunir ses capitaines et ses bannerets. "Laissez moi m'occuper de Serramire", aurait dit Gaston, quelques semaines plus tôt. Ce soir là, c'était Aymeric qui annonça sa ferme intention de prendre non pas le taureau, mais bien le bélier par les cornes. À sa mesnie, il exposa sans attendre un plan fort savant : convaincre le marquis d'Odelian de renoncer à son entreprise en Oesgard, ou tout bonnement donner l'assaut sur son camp, et s'emparer de lui. Il avait fallu deux jours aux hommes pour passer d'une alliance totale contre l'ennemi noirelfique à l'état d'une guerre intestine. Le naturel, dirait-on. Ainsi, Aymeric rassembla ses troupes, sous couvert de grandes messes, et aux conjurés, il ordonna la chose suivante : d'aborder un brassard noir, en signe de deuil. Le soir venu, mais tous l'ignoraient encore, c'est à ce signe que l'on distinguerait les assaillants des ennemis. Au retour de l'office, le marquis planifia l'action avec les siens : si la négociation échouait, on ferait passer le goût du pain d'Odelian à son marquis. À l'heure du loup, Aymeric fit seller sa monture, et gagna bien vite, en compagnie d'une coterie réduite à la plus simple politesse, le camp de son voisin Gaston. Il ne devrait en revenir que bien longtemps après, épuisé après une nuit agitée, semée d'altercations. 6ème jour de la 4ère énéade de Verimios, 8ème année du 11ème cycle. Il ne nous appartient pas de dire si le réveil du maréchal fut agréable. Fut-il troublé dans son sommeil par les bruits venant des camps voisins ? À l'évidence, les cris poussés depuis la tente d'Odelian avaient du tirer quelques hommes de leur repos. Peut-être s'en doutait-il, peut-être l'ignorait-il, mais pour le baron d'Etherna, cette nuit - tandis qu'il dormait du sommeil des braves - avait été le théâtre d'évènements cruciaux. "Bien le bonjour Jérôme, j'espère ne pas vous avoir fait tirer du lit, lança un marquis au ton enjoué, par contraste avec son visage marqué. La Damedieu soit louée! Nos problèmes sont résolus!", annonça-t-il d'un air badin. Il déclarait cela comme s'il s'était agit d'une guigne, et pourtant, quel n'avait pas été son labeur pour obtenir ce résultat! Mettant lui même la main à la pâte, Aymeric avait ponctué sa nuit de passes d'armes avec le marquis d'Odelian. La lutte avait tiré en longueur, jusqu'aux premières lueurs du jour, quand l'un d'entre eux faiblit enfin, et se rendit. Notre héros avait manié son arme fétiche avec panache tout le soir durant, et de la formidable joute qu'il opposa au plus jeune des Berdevins, on tirerait assurément quelque rapsode. Finalement, poussant son adversaire dans ses derniers retranchements, Aymeric, à force de volonté avait arraché la victoire. "Apprenez, cher ami, que le marquis d'Odelian a renoncé à ses prétentions sur l'Oesgardie. Il prendra la route vers ses pénates aujourd'hui même, tandis que moi et mes hommes nous rendront vers la cité d'Oësgard dans quelques jours, pour y recevoir l'hommage des Falkenberg."Aymeric, certain que les royalistes chercheraient un moyen de se dérober à leurs engagements, avait en effet décidé de ne guère s'attarder plus longtemps sous les murs amblérois. C'est pour cette raison qu'il s'était résolu, la veille, à de pareilles extrémités ; le marquis d'Odelian eut-il résisté jusqu'au bout, que l'affrontement aurait certainement changé de terrain. "Je me figurais qu'en raison de votre état, il serait inconvenant que vous suiviez le marquis. J'entends, une fois l'Oesgardie acquise, regagner mes terres. M'accompagneriez vous ? Froissart, je gage, est tout autant votre demeure qu'Etherna." |
| | | Jérôme de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Lun 14 Mar 2016 - 9:35 | |
| Le marquis ne répondit pas aux questions de Jérôme, prenant prétexte de sa blessure et du repos qu'il devait prendre. Le baron était frustré, mais il prit sur lui. Il eut l'autorisation des médecins de faire comme bon lui semblait sans trop forcer, point d'entrainement durant encore quelques jours. De toute façon, il n'avait plus l'idée à cela pour le moment, il cherchait à savoir ce que le vide qu'il ressentait pouvait signifier, lui qui avait toujours été très actif et qui n'avait jamais eu ce sentiment. Il parcourut son campement, saluant les soldats qui souriaient en voyant leur seigneur en bonne santé. La joie de servir un homme de son charisme et qui n'avait jamais perdu était une bénédiction en soit pour ces vaillants soldats. Nul doute qu'ils le suivraient jusqu'au fin fond du royaume de Tyra s'il le leur demandait.
La nuit arriva et il dormit comme un bébé, la fatigue accumulée continuant de le submerger lorsqu'il se couchait dans son lit, même s'il était de fortune. Le lendemain, à son réveil, on l'avisa qu'il y avait eu un échange houleux sous la tente du marquis d'Odélian. Un serviteur passa juste avant le marquis de Serramire, expliquant au baron que Gaston renonçait au serment de Jérôme sur la Sgarde, qu'il laissait tout pouvoir à Aymeric pour décider et qu'il rentrait sur ses terres. Le message était bref et explicite, mais le baron n'eut pas le temps de réfléchir plus avant, car le marquis de Serramire faisait son entrée dans sa tente. cette fois, Jérôme n'était pas dans son lit, mais bien levé et habillé, vêtu d'une cotte en cuir, plus souple que la maille, son épée à son côté. Il salua Aymeric avec les égards qui lui étaient dûs
"Non, je me porte à merveille et j'ai l'accord des médecins pour ne plus garder le lit."
Il se frappa le ventre des deux mains pour marquer sa solidité et sa forme du moment. Il écouta le marquis lui expliquer la suite du programme et son accord avec Odélian la journée s'annonçait radieuse maintenant que tous les obstacles étaient balayés. Pourtant, la politique était impitoyable et un premier dilemme se posait à Jérôme qui voyait l'un de ses suzerains partir précipitamment et l'autre lui demander de le suivre. Aymeric avait raison concernant Froissart et Gaston de lui avait pas demandé de revenir avec lui, le choix était donc vite fait, mais il y avait encore deux petites ombres, dont l'une sérieuse et qui empêchait que tout soit parfait.
"Je vous accompagnerais avec plaisir jusqu'à Oësgard pour voir la magnifique citadelle que tout le monde craint. Par contre, puisque vous m'avez dit que la reddition était actée, permettez que je renvoie une partie de ma troupe. En effet, vous savez le prix que coûte une campagne et les champs n'attendent pas. Une autre question, qu'en est-il d'Alonna ? Je suis ravi que nous ayons trouvé un accord et je vous suis reconnaissant de votre pardon, mais je pense que vous devez savoir que la baronnie a déclaré la guerre à Etherna et qu'ils comptent m'attaquer si des etherniens restent sur ces terres."
Jérôme ne savait pas si le marquis était au courant, mais maintenant c'était fait. Cela permettait aussi de ramener en tête le fait que la baronnie d'Alonna n'était pas fiable et que ses seigneurs n'en faisaient qu'à leur tête. Les défections successives de la baronne jouait en faveur de Jérôme et celle de Duncan appuyait lourdement cette réalité. Quand au retour d'une partie des troupes, cela permettrait de ramener des paysans aux champs, de diminuer le coût et aussi de rentrer aux côtés d'Odélian. Guillaume ferait partie des gens à repartir et il tâterait le terrain avec Gaston de ce qu'il s'était passé pour changer si brusquement d'avis, même si cela arrangeait Jérôme. |
| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Mer 16 Mar 2016 - 21:04 | |
| Aymeric avait espéré que un vassal compréhensif : celui-ci était allé au delà de ses espérances. Jérôme, dont le mince espoir d'obtenir ce singulier titre de comte d'Oesgard, ne pouvait compter que sur l'appui du marquis d'Odelian. Lorsqu'il apprit la nouvelle, c'est à peine si on le vit réagir, encore moins protester. Passant du coq à l'âne, le baron oublia totalement les ambitions qui l'avaient mené à la guerre des mois durant, pour se passionner des comptes de campagnes et autre broutille. Un revirement singulier, qui confirma au marquis la nature innocente, presque ingénue, de son vassal. Dire qu'il se l'était figuré conspirateur patenté, là où l'homme ne semblait désormais avoir été qu'un pantin amorphe du benjamin des Berdevins. À moins que ce ne fut encore une ruse...
Cependant, Aymeric décida, peut-être le regretterait-il, d'accorder à nouveau sa confiance au seigneur de Clairssac, et quand ce dernier, fort inquiet, vint à exposer les turpitudes qu'il avait eut avec son rival, et ancien conseiller, Aymeric réagit sans attendre, d'un haussement d'épaule : Tranquillisez vous, Jérôme. Duncan est un chien qui aboie mais ne mord pas ; lui même est venu m'annoncer ce besoin impérieux de serments et de guerre jurée. Mais je vous l'ai dit : mon pardon, ainsi que mon amitié, vous est à nouveau acquise. Duncan, mon vassal, marcherait-il contre vous, si vous vous trouvez à mes côtés, selon mon souhait le plus expresse ? Fadaises que tout cela."
Espérant avoir dissipé les doutes de son vassal, Aymeric enfonça le clou : "Qui plus est, le baron et sa dame s'en retourneront sur leurs terres sous peu : dès demain, en vérité. Aussi il est naturel que vos gens, et ceux du marquis d'Odelian, voyagent ensemble. Dès lors, vos ostes seront populeuses, et intouchables. Elles contrôleront de par leur seule présence l'agitation des gens d'Alonna, qui sur le chemin du retour pourraient s'éprendre de pillerie. Êtes vous rassuré ?
Quant à moi, j'entends reprendre la route au plus vite également, que vos gens se tiennent donc prêts au départ."
Trois jours plus tard, laissant la bourgade d'Amblère seule dans sa désolation fumante, les armées serramiroises levèrent le camp, prenant la route d'Oesgard. Voila près d'une énéade que la ville avait été libérée, et le bruit de cette victoire, comme un roulement sourd, avait précédé l'ost. Plus la distance se creusait entre eux et la cité des Falkenberg, plus les hommes, regagnant une contrée qui n'avait eut à souffrir du joug noirelfique, pénétraient un monde qui leur semblait fastueux - si tant est que puisse l'être l'Oesgardie. Et auréolé des lauriers du vainqueur, Aymeric achevait là un véritable exploit : être le premier serramirois à traverser quelque village sans qu'un local ne crachât à ses pieds. Sensas.
Chemin faisant, Aymeric, qui mûrissait quelque projet, s'entretenait chaque jour, en selle, avec le maréchal, le plus souvent sur des badineries. Cherchait-il à consolider, ou à tout bonnement retrouver une amitié que des mois de campagne dans des camps opposé avait jeté à bas ? Ou doutait-il encore de la fiabilité de son vassal retrouvé ? Qu'importe : à chaque discussion, c'était un seigneur affable, courtois et plein d'esprit - l'espérait-il - qui se présentait devant Jérôme. Et l'on causait faits d'armes, nobles lignées ; l'on se racontait des récits de siècles passés, du temps des grands rois Phiiram, ou quelque autre histoire aujourd'hui révolue.
Et cependant l'on approchait de la cité d'Oesgard, où devait se jouer l'épilogue de cette longue campagne. Lorsqu'on lui annonça que la ville serait atteinte le lendemain, Aymeric fit sonner la halte, et l'on dressa le camp. Il dépêcha une enseigne qui le précéderait devant le Primat, et le camp fut monté aussitôt. C'était, depuis quelques jours, la même routine, et bientôt, le marquis fut confortablement installé sous sa grand'tente, véritablement devenue sa demeure à plein temps. C'est sous celle-ci qu'il fait mander son vassal, Jérôme, pour le diner.
Quand Jérôme arriva, il put découvrir son suzerain non pas seul, mais en petit comité. On avait dressé une table sommaire, faite d'une seule planche, et, au bout de celle-ci, accompagnée d'une gouvernante, soupait en silence une jeune enfant. À l'autre bout, deux hommes s'entretenaient : l'un était nul autre qu'Aymeric, le seigneur des lieux, et le second, reconnaissable entre mille par des pourpoints semés de brocards, son chapel coiffé d'une plume d'autruche, le maître de la richissime guilde des merciers, et grand échevin de l'Hasseroyale, Etienne, surnommé tout bas le tueur de noble, Mare-Sel.
"Ah, Jérôme, joignez nous! lança le marquis à l'adresse du denier venu, et, après que chacun se fût présenté, reprit :Demain nous atteindrons Oesgard, et rencontrerons le Primat. Alors nous échangerons au sujet de grandes chartes amenées à régir l'Oesgardie, puis nous fianceront seulement Godfroy et Ansleubane. Le jeune baron me rendra alors l'hommage, et nous festoierons." Le résumé, lapidaire, plut tant au bourgeois qu'il y leva son rouge, lui qui par le passé avait été plutôt habitué à le faire couler.
"Une question reste cependant sans réponse : à qui devraient revenir les forts du Sud de l'Alette, que vos gens tiennent en ce moment même. Qu'en pensez vous, Jérôme ?"
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| | | Jérôme de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Ven 18 Mar 2016 - 12:16 | |
| Les troupes d'Etherna repartirent en même temps que celle d'Odélian, côte à côte, Gaston à la tête de son ost et Guillaume pour celle de la baronnie. Trois cents hommes de la garde personnelle de Jérôme restèrent à ses côtés ainsi que les trois cents, enfin moins après la bataille, qui étaient venus de ses fiefs de Froissart. Le baron avait laissé des recommandations à son frère et des conseils au marquis qui n'était pas de la meilleure humeur. Ce n'était plus en tant que baron qu'il était aux côtés d'Aymeric, malgré sa garde éthernienne, mais bien le vassal de Froissart et des terres de Serramire. Etonnement, le voyage fut plaisant, le marquis étant bien plus agréable suite à ses triomphes. Les deux hommes voyagèrent ensemble presque tout le chemin et le baron fit tout pour être agréable malgré la perte de sa mère et son envie pressante de partir voir Aline. La discussion portait sur tout et sur rien, le baron étant particulièrement instruit pour tout ce qui se rapportait aux faits militaires, duels et batailles passées. La tension, du moins pour le marquis, paraissait n'avoir jamais existé et le lien qu'ils avaient débutés lors de leur première rencontre dans une campagne serramiroise semblait être renoué. Jérôme ne savait pas si c'était la réalité ou un leurre politique, mais outre ses soucis familiaux, il devait s'avouer que tout avait une saveur plus agréable depuis la fin de ses différends politiques. La réconciliation avec Gaston et Aymeric était douce et c'était à lui de monter que la confiance renouvelée de ses suzerains n'était pas une erreur qu'ils regretteraient.
La halte fut donnée, le lendemain l'on entrerait dans la citadelle tellement redoutée et une nouvelle page de l'histoire s'écrirait de la main du marquis de Serramire, celui qui avait perdu à la première bataille, mais remporté le tout à la fin de la guerre, tout semblait lui sourire. Il avait récupéré la suzeraineté sur Alonna et Oësgard alors que cela faisait plusieurs années que ce n'était pas le cas. Il avait gagné au discours de la politique contre le marquis voisin et il avait récupéré un fief qu'il pensait en rébellion, tout cela sans la moindre effusion de sang entre humains, un défi d'envergure dont peu de gens auraient misé sur cet épilogue.
Le campement fut dressé, chaque châtellenie se réunissant même si la bannière était celle de Serramire. Jérôme se tenait au milieu de ses vassaux et soldats quand on vint lui dire que le marquis le mandait sous sa tente. Il se hâta de rejoindre son suzerain et en entrant, il regarda les personnes présentes. Il se demanda qui était la jeune fille qui mangeait déjà, par contre il reconnu l'autre d'après les descriptions et les emblèmes qu'il portait. Le baron salua tout le monde et rejoignit Aymeric qui l'appelait. Le marquis expliqua succinctement la suite, parlant de baron et non de comte, mais c'était la suite qui l'interpella alors qu'on lui demandait son avis. En tant que vassal, il devait donner le conseil à son suzerain, mais il eut un doute sur le fait qu'on lui tendait un piège ou non
"Ma foi, l'on ne peut pas que constater que la noblesse et encore plus la haute noblesse oësgardienne à terriblement souffert et qu'elle est des plus amoindrie. Je ne dis point cela pour offenser, mais en prenant les faits qui se sont malheureusement succédés, à savoir les successives guerres civiles, la peste, la chevauchée du feu roi Goar et les prises de Haurse-Porc, Amblère et Nebelheim par les sombres"
Jérôme avait volontairement omit de parler des prises par Etherna et Aretria qui avaient fait couler pas mal de sang. L'on était ici pour parler réconciliation et paix, non pour attiser les rancœurs.
"Partant de ce constat, il n'est pas ridicule de dire qu'un peu de sang frais ne ferait pas de mal. Les hommes mis en place sont des gens compétents et qui savent diriger une terre. Je pense que l'on pourrait leur laisser le titre gagné. bien entendu, ils feraient serment à Godfroy pour ces fiefs, que le pays retrouve son unité."
Jérôme ne savait pas si laisser des etherniens à la tête des châteaux serait bien perçu, mais son discours n'était pas faux. De même il appréciait récompenser les hommes qui le servaient et leur retirer ce qu'ils avaient eu ne serait pas sans rancœurs, ce qui n'amènerait pas à une unité plus forte qu'une baronnie, une unité du nord, une utopie qu'il avait embrassée même s'il avait échoué. Aujourd'hui, il n'y croyait plus, mais ce n'était pas pour autant qu'il jouerait contre. |
| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Mer 23 Mar 2016 - 17:33 | |
| Une fois de plus, Jérôme démontrait son dénuement total de cautèle. L'homme avait porté le feu au devant des murs oesgardiens, pris leurs châteaux, passé l'occupant au fil de l'épée, distribué les placettes à ses fidèles comme s'il avait été lui même seigneur des lieux, et parlait aujourd'hui de "sang frais". Auquel faisait-il allusion ? Celui des nouveaux-venus s'apprêtant à gangréner des terres lointaines par le seul droit de la force ? Ou celui des précédents seigneurs envoyés ad patres sans autre forme de procès ? "Jérôme, ces terres que vous avez partagé ce sont points les vôtres, et les oesgardiens en tireront de nombreux griefs..."
Il n'y a guère plus belliqueux, plus mauvais qu'un homme d'oesgardie, et malgré les guerres, malgré les disettes, le peuple de la baronnie n'oublierait pas un pareil affront. C'était pour la même raison que toute les deux ou trois générations de seigneur, on assistait à une rébellion contre le suzerain serramirois. Cela avait été Siegfried, cela avait été Baudoin, cela avait été Goar. Cela en serait encore, assurément, mais cette prochaine fois verrait la chose suivante : une oesgardie morcelée en diverses obédiences, autant de freins à la rébellion. Par un pragmatisme aux antipodes de la naïveté montrée par Clairssac, Aymeric concevait cependant les mêmes idées que ce dernier. "C'est pourquoi j'accepte votre demande, et ferais en sorte que le baron reconnaisse la propriété des vôtres sur les villes de Nulhadon, Erbay et Adelagny."
Le marquis se leva, avant de reprendre, doctement : "Nebelheim reviendra à la maison de Raisse, votre protégé, et Krahof sera rendue aux Mizar, vos cousins. Les villes d'Hasseroi, d'Andelheim et de Dormmel vivront sous la grande-charte que monsieur Mare-Sel et les échevins de la cachematte ont entrepris d'écrire. Le marchand afficha un air ravi, et le château de Haurse-Porc, ou du moins ce qu'il en reste, j'entends le céder aux gens qui se font appeler la Fraternité au Calice."
Ce partage, Aymeric l'avait envisagé de longue date : il trahissait l'intention de museler le baron d'Oesgard, et à l'évidence, ce dernier en concevrait une rancune certaine. Cependant, la guerre avait affaibli plus que tout autre le parti Falkenberg, et hormis les murs de sa citadelle, il n'était guère plus de rempart pour cette coterie. Eut-il rencontré une résistance d'Odelian ou d'Etherna, Aymeric se serait résolu à lâcher la bride de son futur vassal, et exiger moins de lui. Désormais certain de ses alliances, il entendait mettre au pas son voisin rebelle, dont les ressources arrivaient désormais à épuisement.
"Jérôme, j'ai longtemps douté de vos intentions : désormais, cette pensée me semble fort lointaine. Si vous avez pris les armes, et si l'on vous a mis si aisément si le chemin de la guerre, c'est parce que vous espériez que le glaive pouvait purger le Nord de ses maux. Vous vous êtes fourvoyé dans vos alliances, et dans vos conseillers, mais je vous offre une chance de rédemption : sous mon égide l'Oesgardie aurabesoin d'être fermement tenue, et j'espérais que vous fussiez cette poigne, jusqu'à ce que le jeune Godfroy soit en âge. L'acceptez vous ?"
En vérité, c'était un moyen de mettre en lui et l'Oesgardie une saine distance. Tel qu'il l'envisageait, le baron d'Etherna serait l'exutoire aux avanies locales. Ainsi, l'ire des marches se reporterait sur cet homme, ce conquérant étranger, et non sur le suzerain serramirois. C'était, en outre, un moyen d'occuper à peu de frais le remuant vassal, qui pris dans les remugles septentrionaux, en oublierait assurément ses amitiés suderones, et resterait à portée de main du marquis. Et si le brave seigneur de Clairssac venait à trépasser aux mains de quelque régionaliste trop zélé, ma foi, ne serait-il pas mort en œuvrant ce pourquoi il avait tant combattu ? La sacro-sainte grandeur du Nord ?
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| | | Jérôme de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Jeu 24 Mar 2016 - 12:11 | |
| La première répartie du marquis fut de tancer le baron en lui rappelant qu'il n'était pas seigneur des lieux. Celui-ci le savait puisqu'il avait abandonné le titre donné par édit royal quelques jours auparavant. Il fallait par contre comprendre qu'il était venu au départ avec ce fameux titre de comte et qu'il aurait été amené à être ce fameux seigneur. La confusion avait surtout été du fait que le marquis pensait que l'on voulait le spolier alors que Jérôme aurait fait le serment obligatoire à Serramire. Aujourd'hui tout cela était caduque et les décisions de la veille pouvaient se montrer malvenue. Jérôme était profondément altruiste envers ceux qui lui étaient fidèles et cela lui aurait coûté de devoir leur reprendre ce qu'il leur avait donné. Aymeric dirigeait tout cela de main de maître et la suite fut surprenante. Sa finesse politique était indéniable, même si Jérôme n'en perçu que la moitié, il prenait les décisions pour cette terre alors qu'il n'en était pas le seigneur non plus, mais il avait remporté la partie et il pouvait se permettre aujourd'hui de dicter ses envies avant même d'avoir reçu le serment du dirigeant officiel. Une victoire éclatante qui était celle du marquis qui avait récupéré la suzeraineté sur Alonna et Oësgard sans les affronter. Il faudrait envoyer des espions auprès du marquis, pour avoir des informations, mais surtout pour connaitre sa façon de penser et apprendre et devenir moins naïf. Alors, certes, Jérôme avait beaucoup apprit ces derniers mois, malheureusement à son détriment. Il aurait pu tout avoir, mais un coup du sort avait changé la donne et il aurait alors pu tout perdre. Aujourd'hui il jouait au funambule sur une corde très fine et il devait tout faire pour ne pas chuter. Alors, observer, apprendre et baisser la tête était le meilleur parti du moment pour le baron d'Etherna.
Jérôme écoutait le marquis avec étonnement lorsqu'il donna son approbation sur les terres acquises, encore plus quand il entendit que Krahof serait rendu à son cousin avant même qu'il n'en fasse la demande. Aymeric était un homme déroutant et il était difficile de suivre le fil de sa pensée. Toutefois, Jérôme avait bien compri que le pays serait bien amoindrit, morcelé de la sorte. Il faudrait sans cesse chercher des compromis entre les différentes parties. La fin tomba brutalement sur les épaules du baron qui ne comprit pas immédiatement. Le marquis expliqua qu'il avait longtemps eu un doute sur son vassal et il pointa du doigt ses maladresses et ses erreurs, le baron prit un air contrit. Mais pourtant, avait il bien entendu Aymeric lui proposer la régence ? Tout le monde savait que l'héritier était jeune, mais il ne comprenait pas pourquoi, après lui avoir reprit le titre, il lui offrait maintenant de la diriger. Puis quelques pièces se mirent en place, sans doute le marquis l'avait il testé et jugé lors de leur entretien sous sa tente ou encore sur la route. Alors, Jérôme avait il remporté la partie ou du moins une étape et la confiance du marquis lui était elle de nouveau acquise ? Cela semblait être le cas. Après avoir ouvert la bouche béatement, pas trop longtemps heureusement, Jérôme inclina la tête en remerciement
"Monsieur le marquis, je me suis fourvoyé, c'est indéniable, j'ai été dupé et indéniablement mal conseillé, mais les fautes sont les miennes, il est trop facile de les rejeter sur d'autres. Je vais œuvrer pour m'amender et retrouver ma véritable personnalité, trouver la voie qui effacera mes erreurs."
Avouer ses fautes n'étaient pas une mince affaire, mais les faits étaient là et il devrait travailler dur pour retrouver l'honneur qui était le sien et prouver sa valeur et sa fidélité.
"C'est un grand honneur que vous me faites en me proposant la régence. J'accepte votre proposition, je vous promets que tous mes efforts seront tournés sur la tâche que vous me confiez. Je ne vous décevrais pas."
Il regarda ensuite vers Mare-Sel
"Monsieur, vu l'ampleur que vous prenez, j'espère que nous parviendrons à travailler main dans la main afin de faire de ce pays ce qu'il aurait toujours dû être"
Par ces mots, Jérôme voulait parler des lettres de noblesse qui étaient les siennes et sa puissance d'autrefois, mais aussi son statut de vassal de Serramire. En marchant de concert, le nord avait de grandes possibilités, en s'affrontant, ils n'étaient plus grands chose. Puis revenant au marquis
"Et que comptez-vous faire de l'actuel régent ?"
Déjà mille questions mais celle-ci était d'importance car il s'agissait de la famille du seigneur en place et il faudrait sans nul doute leur faire avaler la pilule. |
| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Jeu 24 Mar 2016 - 16:40 | |
| "Imbert le vieux restera Primat d'Oesgard. Il siégera au conseil de la baronnie, et à ses côtés demeurera également Flourens, le bâtard de Kahark, qui a été fait connétable. Amblère sera rendue aux Falkenberg ; quant aux titres de Flourens, ma foi, il devra renoncer à Nulhadon. La Dross, si tant est qu'il puisse s'y rendre, restera toutefois sienne."
Le marquis avait été grandement blessé par la défection de celui qu'il avait estimé alors comme un ami, voila pourquoi il avait préféré le baron d'Etherna au jeune chevalier de Kahark. Pourtant, il eut été bien sot de chasser complètement le parti Falkenberg d'Oesgardie. La révolte n'en aurait grondé que de plus belle. En maintenant ceux-ci, tout en les entourant de garde-fou, Aymeric espérait que la baronnie se tiendrait coi pour plusieurs années.
"Monsieur Mare-Sel sera fait argentier, et il veillera aux intérêts de la baronnie avec toute la probité qu'on lui connait." Il était difficile de dire si la phrase était un compliment ou une mise en garde. L'échevin de l'hasseroyale était connu pour être un fieffé salopard. À l'évidence, Jérôme se trouverait entouré d'ennemis et de rivaux. Puisse ce panier de crabe être pour lui un baptême du feu. "J'ai confiance en votre habileté, Jérôme, entama-t-il, et j'entends bien vous donner les armes pour réussir."
Il s'arrêta un instant, singeant la réflexion. Si aujourd'hui, il avait pris sa décision, Aymeric avait à l'évidence longuement hésité avant de la formuler. Il s'était initialement figuré l'Oesgardie comme un piège mortel dans lequel les intrigues étoufferaient Jérôme, jubilant de la manière dont il aurait ainsi ourdi la perte de ce trop remuant vassal. Finalement, c'était un choix plus magnanime qui s'était profilé.
"L'Oesgardie est aujourd'hui un pays de géhenne, et seule la tutelle bienveillante de Serramire, dont j'espère que vous serez la main ferme, pourra mettre fin à ces années d'incurie. C'est pourquoi je souhaite faire de vous mon sénéchal. Nul ici ne saurait contester votre habileté aux armes, et jusqu'à présent, votre tort a toujours été de les pointer dans la mauvaise direction. Je gage qu'en guidant votre glaive, le succès vous serait prompt. L'acceptez vous ?"
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| | | Jérôme de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Dim 27 Mar 2016 - 7:16 | |
| Flourens, voila un nom qui revenait sur la tapis et que Jérôme avait apprit à se méfier. L'homme était à ses côté à Serramire et la dernière fois qu'il l'avait vu, il était partit chercher du renfort pour l'aider dans son entreprise et après avoir reçu le commandement de la cavalier. En effet, il se trouvait que c'était un ami cher de Guillaume. Et puis plus de nouvelles avant d'avoir la surprise, et quelle surprise, de le retrouver mais dans le camp d'Oësgard et contre Jérôme. guillaume avait été déçu il ne l'avait pas caché mais il voulait connaitre les raisons, il lui gardait toutefois son amitié malgré cet écart. Le baron aurait pu lui cracher à la figure mais lui même n'avait il pas tourné à le dos à Odélian alors qu'il adorait le marquisat. Il aurait donc été présomptueux de le juger sans lui avoir laissé le bénéfice du doute et une explication.
Le marquis jouait finement la partie, Jérôme constatait qu'il morcelait l'ancienne baronnie, atténuant l'effet d'une révolte future des seigneurs. Ainsi partagé, il serait bien difficile d'avoir une alliance entre des hommes qui n'étaient pas enclin à s'apprécier, du moins dans un premier temps. Ce dernier devrait faire son effet mais de l'eau aurait coulé sous les ponts. Encore une promotion pour Mare-Sel qui aurait une tâche bien ardue que celle des finances vu l'état dans lequel la terre se trouvait. Il serait fort occupé lui aussi et le temps manquerait pour ourdir des complots mais il ne fallait jamais sous-estimer les hommes et Jérôme ne devrait jamais relâcher sa garde.
Aymeric proposa finalement à Jérôme de devenir le sénéchal du marquisat, voila une offre qui jouait en faveur d'une réconciliation annoncée à tous et non un accord couvert de mépris. Jérôme ouvrit de grands yeux, écartant les pièges diaboliques que ses adversaires pourraient lui tendre. Cette fois, il était convaincu que le marquis l'avait vraiment pardonné, comme il l'avait déjà dit à plusieurs reprises C'était un soulagement que d'avoir un ennemi, ou du moins quelqu'un qui se défiait. Il était indéniable que Jérôme était un bon stratège et un fin stratège, ses victoires répétées l'attestait et des balades chantaient ses louanges. Aymeric avait fait mouche en indiquant qu'il n'avait pas pris les bonnes décisions, ni les bons partis ces derniers temps. D'abord sans voix, Jérôme se reprit rapidement pour saluer bien fort Aymeric
"Sire, je ne sais quoi dire, je ne m'y attendais pas. Ce serait un grand honneur" il se répétait mais c'était les mots adéquats "J'accepte, j'accepte, je crains toutefois d'être fort pris avec l'oësgardie et de ne pas avoir le temps nécessaire. Si je vous comprends bien, Serramire aidera le pays à se relever ? toute aide ne sera pas superflue vu la situation critique dans laquelle il doit se trouver. Le travail sera long et périlleux mais uni, nous y parviendrons."
Jérôme avait pensé qu'Oësgard devrait se débrouiller seul, chaque voisin devant panser ses plaies suite à cette guerre. Si Serramire, le grand suzerain, aidait, ce serait un poids inestimable. Cela aiderait sans doute aussi à apaiser les rancœurs.
"Uni, le nord retrouvera la place qui est la sienne et les autres devront compter avec pour les décisions futurs. Monsieur le marquis, vous êtes en train de réussir le rêve que je n'ai su réaliser. J'avoue que j'ai abandonné cette idée."
Certaines nouvelles du sud et du median étaient inquiétantes, il semblait que, pendant que les nordiques guerroyaient pour leur sécurité, les autres n'avaient pas chaumé. |
| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Mar 29 Mar 2016 - 15:28 | |
| Au regard qu'il lui jetait, Aymeric comprit aisément que monsieur Mare-Sel demeurait bien troublé par toute cette effusion de générosité. Pouvait l'en blâmer ? Il avait vu Aymeric s'en aller guerroyer contre les puysards, alors que le baron d'Etherna était encore son ennemi. Désormais, il trouvait les deux hommes en train de se congratuler mutuellement, et observait le marquis faire preuve d'une générosité bien suspecte à l'encontre d'un homme qui l'avait défié durant plusieurs mois.
Ce n'était du reste pas le premier homme à exprimer ses doutes quant à la fiabilité de Monsieur de Clairsac, et nombreux avaient été les chevaliers serramirois à maintenir leur demande pour défier le baron en duel. La rancœur, parmi les familiers du marquis, restait intacte envers cet homme qui était avant tout perçu comme un traitre à son bienfaiteur. Aymeric, qui n'était pas sot, redoutait cette rancœur qui, si elle n'était étouffée, pourrait des années plus tard lui causer quelque trouble. S'il souhaitait retrouver l'amitié du baron d'Etherna, il devait avant tout conserver celle des siens.
Approchant Jérôme, le marquis lui posa alors une main paternelle sur l'épaule, avant de parler, d'un ton débonnaire. "Allons, bon ami. Ne cédez pas aux facilités de la formule. Un rêve, dites-vous ? Ce rêve, sachez-le, n'est que mon devoir. Je n'ai, en vérité, de raison de vivre, sinon la prospérité des marches. En retour, je n'exige qu'une seule chose : la fidélité."
Après s'être montré magnanime tout du long, Aymeric espérait que son interlocuteur fut suffisamment attendri. Il lui avait offert plus que tout autre ne l'aurait fait, là où il aurait pu - aurait du, selon certains - tout lui prendre. Si le marquis avait accordé son pardon à Jérôme, il entendait toutefois s'assurer que ce dernier ne commette plus de faux pas à l'avenir. C'était le nécessaire pour qu'il ne perde la face devant ses autres vassaux, qui n'auraient manqué de jalouser cette générosité, si elle n'était accompagnée d'exigences. Et comme on dit, la confiance n'exclut pas le contrôle.
"Nombre des miens ont plaidé pour que je demande de vous, en contrepartie de ce que je vous ai offert, des gages de cette fidélité. Mon frère Evrard, qui ne jure que par le sang, m'a ainsi recommandé notre cousine Eusébie, pour que vous l'épousiez. Une alliance entre nos deux maisons scellerait ainsi notre amitié retrouvé. Le seigneur de Versmilia, quant à lui, a suggéré que vous me rendiez l'hommage lige. Voila qui assurerait votre fidélité aux yeux de tous, sans vous faire renoncer à vos obligations envers le marquis d'Odelian. Cela me semble être deux honnêtes propositions, qui m'éviteraient à devoir recourir aux otages."
|
| | | Jérôme de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Mer 30 Mar 2016 - 16:08 | |
| Un revirement de situation des plus inattendue et qui comblait le baron. Lui même n'avait pas vu la mine de leur acolyte d'Hasseroi, encore surpris de la tournure des événements. Nul doute que Néera avait posé sa main sur lui pour voir une fin si bénéfique alors que tous les augures lui auraient plutôt parlé de la ruine imminente qui serait la sienne. Aymeric était un homme avisé et même s'il avait tendu la main, il ne comptait pas la perdre à force de largesses et de mansuétudes à l'égard d'un homme que l'on avait mal jugé, certes, mais jugé tout de même comme déviant ces derniers temps. Jérôme savait tout cela et il avait à cœur de prouver sa loyauté, celle qu'il n'avait jamais voulu mettre en péril vis à vis du marquis de Serramire. Il travaillerait dur et il devait obtenir des résultats. Le marquis, donc, maintenant qu'il avait fait tant pour le baron et dont les vassaux fidèles ne verraient pas forcément d'un bon œil, amena ses conditions. Elles étaient doubles et d'une logique implacable, toutefois, l'une d'elles fit lourdement redescendre le baron sur terre, lui qui était sur un petit nuage. Comment refuser quelque chose à un homme qui venait de lui donner tout cela ? Heureusement pour lui, la seconde ne poserait pas de soucis, Gaston n'ayant pas demandé un serment ligue, il était donc libre de le rendre envers Aymeric. Cela ne se faisait pas à la légère mais bien que naïf, il savait qu'il ne pouvait pas couper à tous les inconvénients et gagner tous les bienfaits. La menace des otages n'avait d'ailleurs pas été lancé par plaisir
"Messire de Brochant, je comprends aisément les suspicions de vos proches à mon égard et les gages qui sont demandés, encore plus aux vus des largesses que vous me faites. Vous prêter l'hommage lige ne me pose aucun problème, il vous suffit de me dire où et quand et je le ferais avec plaisir"
Et pourtant, Aymeric ne faisait de Jérôme qu'un régent alors qu'Odélian avait fait de lui un baron. Il aurait été plus logique que ce soit envers Grégoire que ce serment ait été rendu. Mais il ne l'avait pas demandé, ni Gaston et le fait que le marquis de Serramire parle clairement des obligations envers Odélian qui seraient respectées soulagea le baron.
Par contre, la première demande avait amené une vive émotion de déchirement chez Jérôme, ce qui le confortait dans son idée et ses sentiments envers Aline de Montévlin. Le baron avait longuement discuté avec Jared, le frère de la demoiselle lorsqu'il l'avait retrouvé. Il lui avait annoncé ce qu'il s'était passé et son état et il lui avait dit de retourner la voir et s'occuper d'elle. Pourtant, il avait décidé de rester près de son seigneur et de faire son devoir. Nul doute qu'il savait également que le futur de sa châtellenie découlait de l'entente entre Aymeric et Jérôme. Ce dernier n'avait pas encore parlé de mariage ou de ses sentiments envers sa sœur, il le redoutait même à vrai dire, de peur qu'il ne le rejette. Mais l'idée était maintenant bien ancrée et malgré les déboires de la jeune dame, il la désirait. Il fallait donc jouer serrer
"Concernant la demande de votre frère, elle est légitime également, j'ai pourtant une requête à vous formuler. Il est compliqué pour moi d'en parler ainsi mais puisque nous en sommes la..."
Il marqua une pause afin de réunir ses idées et de formuler la chose de manière adéquate. De toute façon, il devait aussi avoir l'accord de son suzerain pour se marier mais il était étonnant de commencer par lui, et donc à l'envers, sans savoir si le frère et la dame étaient consentants...
"Voyez vous la châtellenie de Montévlin ? elle se situe dans les monts d'or. Jared de Montévlin en est le seigneur et il marchait à vos côtés lorsque vous êtes venus me retrouver. Il se trouve qu'il a une sœur que j'ai rencontré, celle-ci à ravis mon cœur et je ne pense qu'à elle."
Il se sentait bête de parler d'amour au marquis mais il fallait ce qu'il fallait
"J'aimerais l'épouser et vous comprendrez que cela m'empêche de m'engager envers votre cousine. Cela me lierait néanmoins à Serramire, la dame et son frère étant du marquisat. Je sais que j'ai besoin de votre accord pour cela et je vous le demande donc, me permettez vous de me marier avec la dame Aline de Montévlin ? Je vous avoue que les intéressés ne sont pas encore au courant mais je me dois de vous expliquer le refus concernant l'union que vous me proposez. Dans le cas ou ils refuseraient, alors j'accepterais la demande de votre frère, le cœur cédant le pas au devoir. J'espère que vous me comprenez et que cela ne vous froisse pas ?"
Voila un discours des plus surprenant et ridicule sans doute mais la tâche n'était pas aisée. |
| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes Jeu 31 Mar 2016 - 16:02 | |
| Avec une facilité déconcertante, le baron accéda à la demande d'Aymeric, l'assurant de son hommage, lige de surcroit. Voyant cela, le marquis se demanda s'il n'avait pas été trop généreux avec son vassal : il s'était attendu à ce que celui-ci n'hésite, ne se tortille, concevant la rancœur qu'en tirerait assurément son suzerain en Odelian. Pourtant, il n'en était rien, et Aymeric accueillit la réponse du baron avec une félicité certaine.
C'était avant que ce dernier ne mentionne le seigneur de Montévlin, Jared. Depuis l'incident deux mois plus tôt, le marquis avait tenu en une suspicion étroite ce mauvais vassal. Montévlin, au lieu de se ranger derrière Aymeric dans sa campagne, avait préféré offrir sa fidélité à Jérôme. Redoutant que ce dernier ne demande le pardon de son comparse, le marquis s’apprêtait à répondre par la négative, quand il entendit la demande - bien différente - de Jérôme. Ce dernier souhait tout bonnement recevoir la main d'Aline, la sœur du châtelain, pour laquelle il en penchait visiblement.
Il n'en fallait pas moins à Aymeric pour se réjouir, lui qui voyait ainsi son vassal s'enticher d'une danselette issue du fin fond des montagnes. Jérôme aurait pu aisément obtenir la main d'une dame pourvue de titres plus importants, ou au lignage plus noble. L'amour lui faisait reporter son choix sur une dame du cru, qui, toute éduquée qu'elle était, n'en demeurait pas moins la dernière des provinciales. En d'autres temps, le marquis avait suggéré à Jared de l'envoyer à la cour : la proposition, faite juste après que la volatilité du seigneur de Montévlin fut dévoilée, cachait mal la menace d'otage.
"Comment vous refuserais-je cela! Voila une bien heureuse nouvelle, Jérôme, et je vous offre non seulement mon accord, mais ma bénédiction."
Aymeric entendait détourner son vassal des pensées ambitieuses. Mais pour le détourner de l'amour des conquête, l'amour véritable n'était il pas meilleur encore ? Qui sait ? Bientôt le Maréchal qui avait fait trembler le Nord serait réduit à torcher des marmots. À cette seule pensée, le marquis, en un rictus, regretta de n'avoir offert le sénéchalât à cet homme, craignant que sa tendrerie n’entame son allant guerrier. Mais après tout, n'était-il pas normal que Jérôme, un jeune seigneur dans la fleur de l'âge, ne songe à compter fleurette ? C'était naturel, et cela ne devrait guère trop le détourner de ses obligations. C'est pour s'occuper de celles-ci qu'Aymeric, mettant fin à l'entrevue, répondit au baron avant de le congédier.
"Demain nous gagnerons Oesgard, et vous me rendrez l'hommage lige devant le baron Godfroy et de ses gens. Maintenant allez, Jérôme. Je gage que cette discussion vous aura ébaudi ; mais demain est un grand jour, tâchez d'être frais et dispos."
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| Sujet: Re: L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes | |
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| | | | L'homme qui murmurait à l'oreille des licornes | |
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