Lorsque Druvan s'en mêle. | Privé

Durant la nuit, après avoir attendu Maélyne devant sa porte, Thenala s’en allait vers ses propres appartements, se trouvant dans une aile adjacente à celle qu’occupait Maélyne. Sur son chemin, les flammes des torches se faisaient de plus en plus petites. Il était l’heure de rentrer, avant d’être complètement submergée par l’obscurité de la nuit qui était déjà bien entamée. Alors qu’il lui restait plus que quelques mètres à parcourir, elle vit un homme en armure s’approcher, la main sur la paume de son épée. Thenala, par reflexe, surtout après les évènements de Lourmel, se figea, incapable de faire un pas de plus. L’homme s’approchait de plus en plus, montrant aucun signe de sympathie. Il n’arrêta pas sa course et se dirigea droit vers la rouquine, toujours paralysée. Soudain, dans un élan de courage, elle s’arma bien vite d’une torche à moitié éteinte et se montra menaçante. Mais l’homme ne broncha puis, s’avançant toujours. Puis, à sa hauteur, la jeune femme se mit à agiter son arme factice, fermant les yeux. Puis, lorsqu’elle les ouvrit à nouveau, l’homme venait de lui passer à travers le corps, comme s’il ne possédait aucune chaire, comme si ce n’était qu’un simple fantôme.

Jamais elle n’eut aussi peur, même à Lourmel. Qui était-il donc ? Que faisait-il là ? Et surtout, était-ce réellement un fantôme ou bien… ?

« C’est une illusion. » Entendit elle alors venant d’on ne sait où. La voix était plutôt mystérieuse mais fortement mélodieuse. « Plutôt réaliste n’est-ce pas ? »

Thenala se tourna plusieurs fois sur elle-même avant de répondre un léger : « Oui, très réaliste. Qui êtes-vous et où êtes-vous ? » Eut elle à peine le temps de se retourner qu’un homme encapuchonné se trouvait devant elle, si proche d’elle… La jeune femme voulait crier, surtout par surprise, mais celui-ci vint placer l’une de ses mains devant sa bouche. « Ne criez pas, je ne vous veux aucun mal. » Elle se calma, non sans savoir pourquoi elle lui faisait confiance.

« Que voulez-vous ? »
« Je suis venu réclamer mon paiement… Auprès de votre chère et tendre cousine, Maélyne maiiiis… Figurez-vous qu’elle a perdu la mémoire, vous étiez au courant ? M’fin, pas que ça m’dérange, au fond je m’en fou, je me retrouve surtout couillonné de plusieurs dizaines de belles petites piécettes. »
« Vous connaissez Maélyne ? Elle vous doit de l’argent ? Pourquoi ? »
« Disons que je fais de l’art et qu’elle fait appel à moi de temps à autre. »
« Quel genre d’art ? Dîtes-moi tout. »

Il vint approcher ses lèvres de son oreille et lui révéla ses véritables fonctions.

« Eh bien… Soit. Il est vrai que Maélyne a perdu la mémoire, mais je peux vous dédommager, si cela vous sied. »
« Vous devenez enfin intéressante. » Dit il en avançant l’une de ses mains, attendant son dû.
« Mais avant… Je vous demanderais de me dire ce que, ma cousine… A bien pu vous demander comme service. »
« Enfin voyons… Je ne peux révéler ce genre de choses, c’est en gardant ma langue que je garde mes clients. »
« Maélyne ne sait plus qui vous êtes, alors soit vous parlez et je vous paie ce qu’elle vous doit, soit je ne vous retiens pas. »
« Mais c’est qu’elle a du caractère cette petite ! Bon très bien très bien… Elle m’a simplement demandé d’aller vérifier une rumeur, en Arétria, concernant le comte. »
« Quelle rumeur ? »
« Celle de son mariage bien évidemment ! »
« Pourquoi Maélyne s’intéresserait au mariage du futur comte ? »
« Allons, allons… réfléchissez un peu. Ne l’a-t-il pas contacté récemment d’ailleurs ? Et n'était elle pas enceinte durant les évènements de Lourmel? »

Elle resta sans voix, comment pouvait-il savoir tout cela ?

« Oh… » Se permit elle avant de se mettre à réfléchir. « Il lui a fixé un rendez-vous, auquel il n’est pas venu selon les dires de Maélyne, pourquoi ? Tout ceci est bizarre… Soit ! Vous savez quoi ? Je vous engage. »
« Payez moi déjà ce que votre cousine me doit. »
« Je vous paierais le tout une fois que vous aurez accompli ce que je vous demanderais. Suivez le comte, soyez discret et rapportez moi tous ses moindres faits et gestes. »
« Savez-vous ce que je risque en faisant cela ? Non parce que bon… ce n’est pas comme si on se trouvait dans un palais remplit de nobles qui ont chacun leurs propres gardes… A la base je suis juste venu réclamer mon dû. »
« Réussissez et je vous paierais le triple, échouez et faites que votre langue se lie. »
« Mais dites-moi ma p’tite Dame… Comment un maître de l’illusion peut-il échouer ? »
Elle n’eut pas le temps de répondre que l’homme à qui elle parlait depuis le début s’évaporait. Une illusion de plus, pendant que Druvan s’en allait à sa nouvelle tâche.