vieilles connaissances et veille de tournois | Jérôme

7e jour de la Première ennéade de Karfias
En l'an 9 du XIe Cycle

La foire battait son plein. Sa sœur et sa mère courraient les salons et les promenades en compagnies d'autres nobles tandis qu'elle essayait de voir ceux qu'elle n'avait put croisé depuis des ennéades à cause de la guerre. Un homme en particulier s'était révélé difficile à trouver, mais elle espérait bien avoir trouver un moment ou il ne serait pas pressé par une foule de questions et d'obligations.

… Et cette occasion lui avait été offerte de façon totalement inattendue. La veille du tournois, les écuries fourmillaient. Des palefreniers aux petits soins surveillaient et dorlotaient les bêtes, autant pour qu'elles soient en pleine forme que pour éviter toute tentative de triche. Les chevaliers étaient nombreux à venir s'enquérir de l'état de leur destrier. Le sortir quelques heures. Pour certains d'entre eux, leur cheval semblait être un prolongement de leur propre corps. Combien de ceux là devaient leur vie à ce frère d'arme totalement dévoué ? La question restait entière.

C'est en toute innocence que Cécilie, sa sœur Colombe et leurs trois plus fidèles suivants s'étaient rendues en terrain miné pour équiper quelques montures et chevaucher une heure ou deux autour du lac. Cécilie attendait avec Rose à quelques pas de l'entrée en attendant que sa sœur et leurs accompagnateurs aient fini de fixer tout le harnachement nécessaire sur les pauvres bêtes. Elle était en train de repasser dans sa tête ce qui lui restait à faire avant le soir lorsque la voix de Rose l'avait interpellé.

« Ma Demoiselle, Son Honneur Jérôme de Clairssac arrive par ici. »

La jeune musicienne se redressa et fit quelques pas en avant pour être plus visible dans la cour qui bordait les boxes. Le regard baissé, les cheveux tressés et recouverts d'un voile bleu sombre en prévision de la balade et en signe de deuil, elle se savait les traits tirés par le manque de sommeil et les nombreuses épreuves qu'elle avait vécu durant ces deux derniers mois. Ils aurait sûrement eut bien des choses à se raconter et le simple sujet du retour en Missède méritait d'être évoqué de vive voix. Mais elle ne fit pas un geste vers Rose ni ne lui demanda d'aller vers lui. Elle ne voulait pas l'interrompre s'il n'était pas disposé.

Tout se précipitait à une vitesse folle et Jérôme se demandait s'il parviendrait un jour à faire ce qui lui semblait prioritaire et important. Depuis la fin de la guerre d'Oësgard, il était devenu régent mais il avait d'abord dû se rendre sur la tombe de sa mère, récemment décédée, puis il avait mit en place la régence d'Etherna au profit de son frère et donné le fief d'Hiviène à sa soeur Mathilde. Le mariage entre Maélyne et son cadet avait été entériné mais la terrible tragédie qu'elle avait subit remettrait peut être en cause cela. Il faudrait qu'il s'assure qu'elle était toujours d'accord pour cette union. Le tournoi mis en place était une bonne chose afin de réunir la noblesse et de s'entretenir suite aux événements mais il tombait assez mal pour le baron qui aurait voulu s'occuper d'Oësgard rapidement.

C'était donc pensif que Jérôme se dirigeait vers les écuries afin de s'assurer que son destrier se portait bien, que l'on s'occupait de lui comme il le fallait. Peut être, si on ne l’embêtait pas, qu'il le sortirait afin de le faire trotter un peu. En entrant, il ne rata pas de voir qu'il n'était pas seul et qu'il n'y avait pas que des palefrenier. Il ne lui fallu pas longtemps pour reconnaitre Rose puis dans la foulée, Cécilie. Il avait correspondu avec la dame, sa conseillère et il savait qu'elle avait décidé d'aider sa cousine, Maélyne sur sa demande. Il devait s'entretenir avec elle afin de savoir de quoi serait fait l'avenir mais le temps lui manquait cruellement et il savait qu'elle n'hésiterait pas à lui écrire en cas d'urgence. Il n'avait pas eut écho de ce qui l'avait touché, celle-ci s'étant détachée de lui. Un grand sourire aux lèvres donc, inconscient des soucis qui étaient tombées sur elle, il s'approcha

"Bonjour Cécilie, bonjour Rose, comment allez vous ?"

Il salua également les gens qui les accompagnaient mais qu'il ne connaissait pas. Cela faisait longtemps qu'il ne l'appelait plus dame de Laval, sauf en cas  de rencontre officielle, ce qui n'était pas le cas dans une écurie.

"Je suis bien content de vous croiser, il faudrait vraiment que l'on trouve le temps de parler, nous avons beaucoup de choses à nous dire, je pense"

Spoiler:

Cécilie sourit en entendant la vois de Jérôme. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu l'occasion de le croiser et même si leurs liens n'étaient pas aussi traditionnels que beaucoup d'autres, elle aimait à le considéré comme un ami.

« Un peu mieux chaque jour, heureusement. » répondit-elle en souriant. « Et vous ? Vous semblez être terriblement prit ces derniers temps. J'ai put voir Mathilde mais vous semblez glissez par les portes ouvertes comme un courant d'air. J'ai peur que vous finissiez par vous tuer au travail. »

Elle riait à demi lorsqu'elle avança d'un pas vers son interlocuteur, sortant de l'ombre de Rose qui reprit son attitude discrète.

« Et oui, nous avons même plus de chose à nous dire que vous l'imaginez, je pense... » et c'était un euphémisme. « Mais laissez moi vous présenter ma Soeur, Colombe. Colombe, je te présente Jérôme de Clairssac. »

La jeune fille de treize ans fit une gracieuse révérence qui semblait bien incongrue dans un endroit pareil. Sa frimousse, ses yeux bleus, ses cheveux auburn... Elle ressemblait follement à son aînée. Mais son expression joviale et rayonnante tranchait avec la douceur calme de Cécilie. Sa voix pimpante n'hésita pas un instant avant de laisser tomber :

« Alors c'est lui... »

Si Cécilie n'avait pas déjà été mille fois confronté au problème, elle aurait sans doute rougie de l'incorrection naïve de sa cadette, mais il en fallait beaucoup plus que cela pour la décontenancer désormais.

« Nous allions faire prendre un peu l'air à nos montures. J'ai commencer à apprendre au début du mois dernier et Maélyne m'a offert une jument pour m'encourager il y a quelques ennéades. Je me doit de m'en occuper avec attention. » expliqua-t-elle avec sérieux. « Si vous n'êtes pas disponible maintenant, nous pourrions nous voir ce soir... »


Un palefrenier salua rapidement les deux nombre, avertissant la demoiselle que les montures qu'elle avait demandé étaient prêtes. Cécilie le remercia sans pour autant se tourner vers lui, le dos droit, le regard baissé avant de finir à l'intention de Jérôme.

« Mais si vous voulez vous joindre à nous, ce sera avec plaisir. »

HRP:

Jérôme n'avait rien à faire de la cécité de la dame, sa douceur et sa compétence éclipsait son handicap et avec le voile qui dissimulait son visage, si l'on ne le savait pas, l'on ne s'en rendrait pas compte en ce moment. Le baron n'oubliait jamais pour autant, et souvent il la guidait lorsqu'ils étaient seuls ou du moins il savait qu'un mouvement ne suffisait pas mais il faisait tout cela naturellement, sans se formaliser, ni pitié, comme si c'était normal, il ne la voyait pas comme une handicapé du tout et elle avait su démontrer sa force. Toutefois, lorsqu'elle parla, un sourcil se dressa en entendant qu'elle allait mieux chaque jour. Cela avait il à voir avec ce qui avait touché Maélyne, ou avait elle un problème plus personnel, ou une maladie. Jérôme rit de bon cœur

"Un courant d'air, oui c'est ce qu'il se rapproche le mieux de mes déplacements ces derniers temps. Et maintenant, je suis fort pris, c'est indéniable. J'espère que votre santé va bien ? C'est certain que nous avons énormément de choses à nous dire, je ne sais même pas par ou commencer, alors je vous laisserais la primauté. Vous savez aussi que j'aurais toujours du temps pour vous, Cécilie et que ma porte sera toujours ouverte si vous devez me parler"

Une jeune fille s'approcha alors et il ne fallut pas longtemps pour savoir qu'elle faisait partie de la famille de Cécilie, elle se ressemblait. La dame la présenta comme sa soeur, celle-ci fit une réflexion mais Jérôme ne saisit pas tout de suite le lien avec les moments privés et privilégiés entre Cécilie et Jérôme et les ragots qui courraient. Toujours riant, cette fois devant la révérence, il se plia au jeu, prenant la main de la jeune fille pour lui faire un baise main

"Oui c'est bien moi, c'est un réel plaisir de faire votre connaissance, j'espère que ce que vous avez entendu sur moi et élogieux et non des mauvaises choses"

Jérôme se gratta la tête en riant. Cécilie annonça alors qu'elle avait apprise à monter à cheval et qu'elle allait faire une sortie

"J'aurais du vous apprendre bien plus tôt, si j'avais su que cela vous plairais. Les chevaux demandent en effet beaucoup d'attention, c'est un fait. Je me joindrais à vous avec plaisir, cela me changera les idées de ne pas être harcelé, une bonne compagnie me sera agréable."

Il se tourna vers Colombe lorsqu'il dit cela, histoire de ne pas la mettre de côté. Jérôme demanda à ce qu'on lui prépare sa monture. Il voulait le faire tout seul au début mais il avait changé d'avis, préférant rester avec Cécilie, colombe, rose et leurs suivants. Alors que l'on préparait son cheval, il aida personnellement les trois dames à monter, repoussant les palefreniers qui s'avançaient. Ce temps fut suffisant pour que sa monture soit apprêtée et il monta tout seul dessus

"Et bien nous voila tous prêt. Allons y, je vous suis, e ne sais même pas ou vous vouliez aller"

Il rit de nouveau, de bon cœur. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été si jovial et Cécilie dû s'en rendre compte, elle qui avait l'habitude de le vois plus taciturne depuis ces derniers mois. Tout était rentré dans l'ordre pour lui, ses deux suzerains étaient réconciliés avec lui et il avait même prit du poids politique, bien que moins que la promesse faite par la couronne.