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| Dérobe-moi [Finn] | |
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| Sujet: Dérobe-moi [Finn] Sam 23 Juil 2016 - 20:09 | |
| DANSE XVIII – DÉROBE-MOI. “Face au théâtre de la cruauté Chante, danse, mais les yeux fermés Jouir de les ouvrir Mourir sans souvenir
Liv fixait les remparts de la ville. On était en train d’allumer les torches qui encadraient la porte du quartier du Voile. La nuit tombait. Liv était exténué. Il restait planté, là, devant la grande porte, impassible, sujet à un balancement d’avant en arrière presque imperceptible. Son dos était courbé, ses bras pendants, et il avait l’air hagard. Ses longs cheveux couvraient en partie son visage. Ils étaient gras, chargés de bave et couverts de poussière. Il déglutissait difficilement. La dernière traite jusqu’à la cité du nord de l’Ithri’Vaan avait fini de l’achever. On ne lui avait laissé aucun répit. Il ne se rappelait pas avoir arrêté de marcher. Liv savait qu’on cherchait à le faire plier, à le rendre malléable, mais dans quel but, il n’en avait aucune idée. Quelques heures plus tôt, il avait appris que le temple d’Arcam se trouvait à Naelis ; des passants qui discutaient de la perte du Miroir d’Arcam, une relique. Le haut-prêtre avait convoqué les prêtres des régions environnantes en conclave. Liv ne se souvenait plus du reste de la conversation. Son état de carence avancé lui ôtait toute capacité de concentration. Il savait néanmoins que le temple était là où il était mené, comme un condamné au gibet.
Un grognement émergea derrière lui. Il s’était arrêté trop longtemps et il ne pensait pas avoir la force de remettre un pied devant l’autre. Chaque seconde qui passait, le grondement se faisait plus pressant dans son dos. Il était conscient que s’il ne se remettait pas en marche, le cabot allait lui chiquer les mollets ; ils étaient déjà couverts de sang séché. Il se pencha en avant mais ses pieds ne décollèrent pas du sol. Ses genoux s’étaient bloqués. Il se vautra au sol de tout son long. La nuit tomba plus lourdement pour Liv. L’air marin de la cité portuaire s’éloigna. Il se sentait dériver. Il dansait, tournait à en s’en décrocher la tête. La danse était la seule fuite qu’il connaissait. Depuis tout petit, elle était son seul moyen de survivre. Il ne dansait pas seul. Tournant avec lui, un homme auquel il était incapable d’accrocher un visage. Il pouvait en déceler certains traits sans jamais rendre compte d’un tout. Pour autant, il en était sûr, l’homme lui ressemblait sauvagement et se riait de lui.
L’eau eut un effet électrique. Liv était trempé, allongé devant la porte du Voile. Il roula sur son dos et vit un vieil homme penché au-dessus de lui. Il tenait un seau dans ses mains. « T’avais l’air d’avoir grand-soif. » dit l’homme avec un sourire fin. Liv se tourna sur le côté et lapa goulument une flaque d’eau qui s’était formée dans une sillon du sol. La terre grinçait sous ses dents. « Y en a d’autre, mon garçon. De le moins sale. » reprit l’étranger en lui tendant un bol d’eau. Liv ne se fit pas prier. L’eau dévalait dans sa gorge et lui faisait mal. En partie rassasié, il resta allongé sans avoir les forces de faire le moindre mouvement. Seuls ses yeux vrillaient dans tous les sens. Le vieil homme portait une tunique simple de couleur jaune et s’appuyait sur un bâton en le regardant. A ses côtés, se trouvait un âne à l’allure franchement pas aimable et au regard trop malin pour son espèce. L’animal était attaché à un charreton. Liv avait beau tourner son regard dans tous les sens, il ne voyait pas le chien. Peut-être parce qu’il récupérait un peu et que son pouvoir de concentration revenait légèrement, il se rendit compte que le vieil homme lui parlait. « Ils vont bientôt fermer la porte, tu sais. Et tu devras utiliser celle qui ouvre sur la caserne. À ta place je me dépêcherais de rentrer. Ils sont plus regardants la nuit, surtout avec ceux de ton genre. » Liv n’avait que très peu d’intérêt pour son apparence physique et l’hygiène était une activité qu’il pratiquait lorsqu’il s’ennuyait ; il s’ennuyait rarement. Malgré cela, il pouvait imaginer la dégaine dont il faisait étalage présentement. Au-delà de la saleté, il sentait ses bas arrivés au milieu de ses genoux. Le vieil homme dû se rendre compte de l’incommodité du danseur car il l’aida à remonter son pantalon. Liv lui agrippa le bras, haletant. « Le chien ? » murmura-t-il d’une voix éraillée. Liv jura avoir vu une lueur dans le regard bleu du vieillard. « Le chien ? Pas vu de chien moi, répondit-il avant de se tourner vers l’âne. Lola ? Un chien ? » L’âne ne bougea pas un cil. Le vieillard se retourna vers Liv et fit non de la tête. Le danseur essaya de se redresser sans grand succès. « On va t’aider. » dit le vieillard. « Ça ne sera pas nécessaire. » répondit une autre voix.
Des pas se rapprochèrent. Liv se retrouva debout avec l’aide du vieil homme. Cinq individus vinrent vers eux. Chacune de leur simple tunique était décorée d’une lyre au niveau de la poitrine. « Le Temple accueillera volontiers ce jeune homme pour la nuit. » reprit un des hommes. Deux autres attrapèrent Liv par la taille et passèrent ses bras au-dessus de leurs épaules. Liv échangea un dernier regard avec le vieil homme. « Puisse Arcam veiller sur toi, mon garçon. » dit ce dernier en souriant. « Et l’air marin de Naelis, te requinquer. » ajouta-t-il avec un clin d’œil. Liv aurait voulu le remercier, lui dire au revoir, ou non : le supplier de ne pas les laisser l’emmener, mais il n’en eut pas la force. Et quand bien même il l’aurait eue, il savait qu’il n’en aurait pas été capable. Ils passèrent la porte. Le quartier du Voile était le plus pauvre de Naelis. Un moment, Liv cru se retrouver dans les faubourgs de Thaar. Deux prêtres l’aidaient à marcher, un autre ouvrait la marche à travers les petites rues tandis que les deux restants tenaient les miséreux à distance. Les deux hommes qui l’épaulaient semblait être très mal à l’aise, comme réticents à le toucher ; Liv mit ça sur le compte de son odeur corporelle. Ils semblaient se diriger vers un bâtiment relativement imposant par rapport aux taudis qui le jouxtaient. Le temple d’Arcam se dégageait des bouges infâmes qui constituaient le quartier du Voile. Il était en dur, imposant, cubique et d’aspect sobre. Ils passèrent devant les marches qui menaient à l’imposante porte d’entrée, ouverte et illuminée de nombreuses torches, puis firent le tour pour rentrer par une petite porte dérobée. Des couloirs fins, des escaliers en colimaçon, une porte, deux portes, encore des escaliers étroits – de toute évidence le temple était construit en profondeur – et Liv fut déposé dans une petite chambre avec une paillasse et une chaise. Des cinq individus, il n’en restait plus que trois. Ils le fixaient tous depuis l’encadrement de la porte. Liv se tourna vers eux et posa ses yeux verts sur chacun d’entre eux. Ils étaient mal à l’aise. Lorsqu’ils se retirèrent, après n’avoir rien dit, le danseur cru voir l’un deux s’incliner légèrement vers l’avant. La porte se ferma. Plus tard, on lui apporta à manger et à boire. Personne ne lui adressa la parole, personne ne vint le voir.
Le lendemain matin, ou ce que Liv supposa être le lendemain matin car il n’avait aucun moyen de savoir l’heure du jour, le danseur fut réveillé par un regard. Un regard pesant qu’il sentit jusque dans son sommeil. Se retournant vivement sur sa paillasse, il vit un homme assis sur l’unique chaise de la pièce. Il portait une tunique rouge, finement brodé, un lyre dorée tissée sur la poitrine. Il était vieux mais bien entretenu. Sa barbe était parfaitement taillée en pointe. Liv se leva et le prêtre fit de même. Ils se toisaient l’un l’autre, mais d’une hauteur différente car Liv était bien plus grand que le vieil homme. « Je suis Carmin, haut-prêtre d’Arcam. » dit le vieil homme. Sa voix était suave, trop suave pour son âge. « Liv » répondit Liv. Il n’avait aucune idée de la nature de leur interaction présente. Était-il prisonnier ? Invité ? Attendu ? Ou pas. Liv ne semblait pas pour autant malaise. Il était résigné. Ses derniers jours lui avaient fait accepter sa condition – bien qu’il n’ait qu’une très vague idée de ce en quoi consistait sa condition. « Ta dernière danse a voyagé jusqu’à nos oreilles. » dit le haut-prêtre. Liv se raidit mais resta silencieux. Le danseur était d’un naturel jacasseur ; il blablatait souvent pour garder le contrôle de la situation. Là, il ne la contrôlait pas, il ne contrôlait plus rien et le silence semblait être un choix approprié ; quoi que difficile à tenir. « J’suis l’meilleur danseur des faubourgs de Thaar. Lug se débrouille bien mais il a pas d’équilibre. Et Sahr ne tourne pas assez vite. Je danse mieux. Y a pas à chier. Je peux danser pour vous si vous voulez. Vous avez de quoi me payer ? J’ai mon propre flûtiau aussi. Mais j’peux chanter si vous préférez. J’connais des tas d’chansons. J’en connais pas de religieuses mais j’peux chanter la prière des Cinq s’vous voulez. - Que sais-tu d’Arcam ? demanda le prêtre. - L’un des Cinq, répondit Liv. Le Barde. - Que sais-tu d’autre ? » renchérit le vieil homme en se rapprochant du danseur. Liv déglutit difficilement. Il s’était fait piéger. Pourquoi avait-il fallu qu’il parle des Cinq… Il secoua la tête de gauche à droite et baissa les yeux. Carmin lui écarta les cheveux du visage et lui caressa la joue d’un revers de main craintif, comme une main qu’on approche doucement du feu. « Incroyable, murmura-t-il pour lui. Tu lui ressembles tellement. »
Le départ de Carmin avait été suivi par l’arrivée de deux autres prêtres, plus jeunes, qui le transportèrent dans une autre pièce ou un grand bac d’au tiède avait été entreposé. Les deux prêtres le dessapèrent et s’attelèrent à le laver. Liv trouva le processus franchement long. Chaque pli de son corps se devait d’être nettoyer sans ménagement. Un excès de zèle, selon le jeune homme, comme si c’était sain d’être aussi propre. L’eau du bac dut être changée six fois jusqu’à ce qu’elle restât enfin claire. Les cheveux de Liv nécessitèrent le renfort d’un troisième prêtre qui passa plusieurs heures à les démêler, les laver et les peigner. Le tout dans un silence le plus total, ce qui dérangea le plus le jeune danseur. Il avait bien essayé d’entamer une discussion lorsque l’un des prêtres lui nettoyait les parties mais rien n’y fit ; le silence était de mise. Liv se demanda s’ils n’étaient pas autorisés à lui parler. Mais plutôt que de se triturer l’esprit outre mesure, il tenta de se relaxer et se laissa faire. Ce ne fut pas chose facile, ce semblant de confort le mettait mal à l’aise.
Le bain devait bien avoir eu lieu il y a deux jours et Liv se trouvait toujours retenu dans sa chambre. Il avait essayé de prendre la poudre d’escampette mais il avait remarqué que quelqu’un était toujours derrière sa porte. Le haut-prêtre Carmin lui rendit plusieurs fois visite. Visites au cours desquelles il lui parla d’Arcam, du Voile, du Miroir et des Cinq. Les leçons devinrent de plus en plus complexes mais Liv essaya de retenir un maximum d’information. Il arriva à la conclusion que cela ne pouvait que l’aider à comprendre ce qu’il lui était arrivé. Ce qu’il lui était arrivé, c’était bien quelque chose que lui et le prêtre n’avaient jamais abordé. Liv ne savait pas quelles questions posées et Carmin restait évasif sur tout ce qui avait trait à la situation précise du jeune danseur. D’autres prêtres se relayèrent pour lui donner des leçons de lecture mais Liv n’éprouvait que très peu d’intérêt à cet égard. Ce fut néanmoins avant une de ces lectures que Liv entendit deux prêtres discuter derrière la porte. Ils parlèrent d’Arcam et de son incarnation nouvelle ; ils parlaient de la perte du Miroir ; et de l’Avatar d’Arcam.
Il fallut une autre énnéade pour qu’il soit appelé à quitter sa chambre. On était venu le laver une nouvelle fois. Il fut surpris de la blancheur de sa peau maintenant que toute la crasse l’avait abandonné. On lui avait apporté des nouveaux bas. Ils étaient amples et très colorés avec des prédominances bleus, rouges et jaunes. Une garniture de tissus divers qui lui était ceinte à la taille par plusieurs cordes dorées. Son buste était laissé nu mais on lui avait passé un long collier autour du cou auquel était attachée une plaque sur laquelle était gravée une lyre dans un miroir. Dans ses cheveux avait était tressée une multitude de longs rubans de couleurs. Liv était particulièrement mal à l’aise et le silence de ces apprêteurs ne l’aida en rien. Il quitta finalement sa chambre avec un entourage de prêtres. Au fur et à mesure qu’ils remontaient les escaliers et passaient des portes, on pouvait entendre des chants religieux résonner avec force entre les murs du temple. Ils marchèrent rapidement. Ils avaient tellement raclé la corne de la plante de ses pieds qu’il pouvait sentir la froideur des pierres au sol. Portes après portes, couloirs après couloirs. La procession avançait sur un rythme soutenu. Les chants se rapprochaient. Et puis sans qu’il n’ait eu le temps de réfléchir, Liv se retrouva au milieu d’une salle gigantesque ; la salle principale du temple. Des vingtaines de prêtres étaient assis au sol en tailleur tandis que Carmin s’apprêtait à monter en chaire. Les chants s’étaient subitement arrêtés. Liv sentit tous les yeux rivés sur lui. « Arcam nous pousse au renouveau, psalmodia le haut-prêtre. IL inspire le changement et nous enjoint à ne pas nous complaire dans l’ordre établi. Arcam est le créateur de nouveaux horizons. IL nous enseigne à nous détacher de l’inessentiel et à aller de l’avant. La perte du Miroir n’était pas une sanction à l’encontre de notre temple mais une opportunité, un nouvel éveil. Notre temple a perdu le Miroir d’Arcam. Mais dans sa finesse d’esprit, le Barde nous a envoyé… son Avatar. » Liv se rendit compte qu’on parlait de lui. Un silence s’installa au cours duquel il se demanda s’il était supposé dire ou faire quelque chose. Il se sentait particulièrement ridicule dans cet accoutrement face à tous ses prêtres qui le regardaient. « Faites-nous grâce d’une danse. » ordonna Carmin. Liv se tourna vers lui, le regard interdit. Il n’avait aucune envie que la scène des faubourgs se reproduisent. L’idée même que tous ces prêtres puissent soudainement se mettre à poil et se frotter les uns aux autres lui donna même la nausée. Il scruta la salle à la recherche d’un point de fuite. Carmin se racla la gorge et lui lança un regard torve. Pour sortir par la grande porte principale, il devrait passer à travers l’assemblée de prêtres. Il comptait sur le fait qu’ils avaient tous peur de le toucher pour pouvoir s’échapper.
Et puis, un premier coup de tambour retentit. Liv fit un tour sur lui-même pour voir d’où le bruit venait. La peur monta sur son visage et s’y installa durablement lorsque son regard croisa le chien errant de Thaar tapi dans un coin de la salle. Un deuxième coup de tambour. Personne d’autre ne réagissait au bruit. Un troisième. Puis un autre et un autre. La cadence s’accélérait. Les maux de tête. Le tambour résonna de plus en plus vite, de plus en plus fort. IL était là. IL faisait sa place. Liv n’avait plus le choix. Son pied droit glissa légèrement sur le sol, puis sa jambe gauche s’éleva dans les airs. Il allait danser. Il n’y pouvait rien. Ses yeux se fermèrent. Son corps long et vigoureux entra en transe. Sa bouche, entre chaque murmure, émit des sons qu’on aurait dit sortis des entrailles de la terre. Il n’osa pas rouvrir les yeux mais il sentait déjà des mouvements ambigus et des bruits égrillards parmi son audience. Des faubourgs de Thaar, au temple de Naelis, le théâtre d’Arcam était immuable.
Dernière édition par Livanek le Dim 25 Sep 2016 - 18:35, édité 2 fois |
| | | Finnegan Sidhe
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Dim 24 Juil 2016 - 16:05 | |
| [Murmure] [Barbaque] --> En provenance de...Même les yeux fermés, on perçoit la lumière… Il faisait sombre dans le temple, parce qu’il est toujours trop couteux d’illuminer les temples… - Fait noir…- C’est ça, la spiritualité. Et puis les religieux sont tous de petits salauds qui n’aiment pas tant qu’on voit ce qu’ils trafiquent.- C’est toi qui parle de petit salaud?- Allons, moi j’ai de l’envergure…Quelqu’un à l’autre bout de la salle avait entrouvert la porte… La petite porte de côté. Ça chuchotait de ce côté-là, mais qui aurait porté attention à ce qui se passait là quand un haut prêtre présentait l’avatar de leur dieu… Il y eu un braiement pour faire dresser l’oreille du chien, puis la porte se referma. Un instant plus tard… Cette fois, la lumière inonda le temple. Parce que c’est la grande porte de cérémonie qui s’ouvrit sur la haute silhouette de Barbaque. Les deux battants à la fois. Dans le rai de lumière, on le distinguait à peine… Derrière-lui, un adolescent semblait chercher à le retenir, à réfréner son manque de discrétion. Et en background, un vieil homme cherchait à calmer une ânesse. - Excusez-moi??? EXCUSEZ-MOI????? HEY!!!! Fit l’intrus qui ne s’excusait en fait pas du tout. Il gueulait assez fort pour couvrir le tambour. Oui… Vous là, là-bas… Il eut un geste ample du bras. Avec les grelots, les rubans et tout le tintouin… On aimerait vous parler un moment… Enfin, pas moi… Lui… Livanek ne les connaissait pas. Jamais vu… Le malotru qui venait d’interrompre la danse cérémonielle était un grand gaillard, sec, malingre, l’air vicieux. Son acolyte était un adolescent pâle qui avait l’air à la fois terriblement mal à l’aise et vraiment contrarié. Quant à l’homme et l’âne, c’était ceux-là qui l’avait secouru et abreuvé lorsqu’il était arrivé dans la cité. Il les avait vraisemblablement mené à lui. |
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Dim 24 Juil 2016 - 19:08 | |
| La lumière du jour frappa le dos de Liv. Il s’immobilisa après quelques pas de danse seulement. Du coin de l’œil, il vit quelques prêtres réajuster leurs tuniques. Leurs visages étaient encore empreints d’une lascivité manifeste. Puis son regard glissa vers Carmin. Il transpirait de fureur. Un beuglement survint de l’entrebâillement de la grande porte. L’écho rendit les paroles prononcées presque incompréhensibles. Liv se retourna finalement en direction de l’entrée. Tous les prêtres s’étaient relevés mais sa grandeur de taille lui permettait tout de même de distinguer nettement les fauteurs de désordre. Un concert très épais de braiement d’ânesse remonta jusqu’à lui. Liv reconnut deux des quatre individus. La vue du vieil homme et de l’animal ne manqua pas de réconforter le jeune danseur. Il laissa échapper un grand signe de la main en leur direction ce qui lui valut quelques regards obliques.
Liv réalisa finalement que les importuns, notamment le grand luron, avaient leur attention rivée sur lui. Ce qu’ils lui voulaient, il n’en avait aucune idée, néanmoins leur détermination apparente laissait le danseur perplexe. « EMMENEZ L’AVATAR ! » s’écria soudainement le haut-prêtre. Liv se raidit. Trois prêtres se tournèrent vers lui et s’approchèrent plus doucement que l’ordre qu’ils avaient reçu ne le sous-entendait. Ils n’étaient toujours pas à l’aise avec le fait de le toucher. Ils avaient écarté les bras comme s’ils essayaient vainement d’orienter un poulet déjanté vers le poulailler. Liv leva les yeux au ciel. Il s’apprêta à obtempérer lorsqu’un mouvement de foule émergea parmi l’assemblée des prêtres. Le chien errant de Thaar disparut aussitôt dans la pénombre.
Le vieil homme n’avait pas hésité. Il fallait créer de la pagaille. Sa main pesante et rude s’éleva dans les airs et dans un SVOUUUCH rapide et clair vint s’abattre sur la croupe de l’ânesse. Un HIIII-HAAAN claironnant annonça la charge. L’ânesse déboula dans le temple plein pot, renversant Finn et Barbaque au passage. Les prêtres les plus proches de l’entrée n’eurent d’autre choix que de se jeter sur les côtés pour l’éviter. « VAS-Y, LOLA ! VAS-Y ! » s’écria le vieil homme en frappant le sol du pied. « Montre-leur, ma belle. A gauchhhe ! Et à drooooiite ! » Lola dispersait la foule de prêtres dans sa course effrénée. Son braiement, exalté par l’écho ambiant, avait quelque chose d’infernal. On courait pour l’éviter. Ceux qui trébuchaient se faisaient marcher dessus. D’autres prenaient leurs jambes à leur cou et désertaient le temple.
Liv profita de la distraction des trois prêtres pour piquer un sprint vers la grande porte du temple. « L’AVATAAAR ! » s’écria Carmin du haut de sa tribune. « SAUVEZ L’AVATAR ! » Sauver l’Avatar ? se gaussa Liv intérieurement. La bonne blague. C’est lui qui se sauvait. Au revoir, les déjantés. Dans sa course, son champ de vision fut subitement obstrué sur sa gauche. Lola déboulait et l’heurta de plein fouet. Tout l’air de ses poumons fut expectoré d’un coup d’un seul. Le danseur eut cependant le reflexe de s’agripper à l’animal au moment de la collision et ce fut donc dans une position des plus inconfortables et qui mettait gravement en danger ses attributs masculins que l’Avatar d’Arcam dévala les marches du Temple, à dos d’âne.
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| | | Finnegan Sidhe
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Mer 27 Juil 2016 - 22:21 | |
| Il l’avait fait exprès. Cet âne avait agi délibérément. Et quand Murmure pensait ‘Âne’, elle ne pensait pas à Lola…
Murmure fit un brusque écart, à la fois parce qu’il connaissait la bête de longue date et parce qu’il était vif. Barbaque eut moins de chance. N’étant pas avertis qu’il avait affaire à plus vicieux que lui, et fût lourdement fauché par l’animal. À sa défense, il était encore en convalescence. En théorie. Parce qu’il était difficile de savoir exactement comment Barbaque se remettait de ses blessures. Secouru par Murmure, il se releva juste à temps pour voir Lola repasser en sens inverse, chargée de l’enrubanné. Un regard en arrière lui appris qu’ils n’étaient pas les seuls à avoir de l’intérêt pour le danseur.
Une bonne vingtaine de prêtre belliqueux s’acheminaient dans leur direction d’un pas lourd de noir présages. Barbaque ne se perdit pas en vaines analyses : d’une bonne poussée dans le dos, il propulsa Murmure à l’extérieur, referma la porte et cherchant autour de lui quelque chose pour la bloquer, jeta son dévolu sur le grand bourdon que portait le vieux.
- Permettez? L’exclusivité, il n’y a que ça!
Barbaque leva le genou, rompit le bâton en deux et en coinça les éclisses sous les portes, les assujettissant de quelques coup de botte.
- J’espère que vous n’y teniez pas trop… Barbaque fit volte-face. Murmure essayait déjà de rattraper l’âne… Ah oui? Bon et bien Murmure vous dédommagera… Ne restons pas là!
Murmure s’efforçait de ne pas se laisser distancer. Au-delà de la discrétion, un bon éclaireur possède le talent de progresser rapidement sur n’importe quel terrain. Il était beaucoup plus à l’aise en rase campagne mais s’adaptait rapidement à la ville. Parce que les temples sont habituellement entourés de large place où s’assemble les foules et les marchés. Il contourna un étalage, sauta par-dessus quelques mannes et se perdit dans un nuage de plume soulevé par le passage de Lola et quelques poules hystériques. Il escalada un amoncellement de cageau et fit un tour d’horizon… |
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Jeu 28 Juil 2016 - 0:53 | |
| Son bâton rompu, Karzan souleva le bas de sa tunique et descendit les marches du temple derrière Barbaque. « Ne m’attendez pas, mon brave. Je serai juste derrière vous. » dit-il en faisait signe au mercenaire de se dépêcher. Il avait dans l’idée de planter Barbaque et se glissa donc subrepticement dans la tourbe du quartier du Voile. Il en connaissait chacune de ses ruelles et de fait avait pris une direction opposée à celle que Finn avait choisie ; le vieil homme avait un avantage sur elle, il savait où Lola se dirigeait. Du quartier du Voile, il arriva dans le quartier de l’Aigle après avoir contourné la bibliothèque. Pour un homme de son âge, il ne manquait pas d'allant. Il passa ensuite la porte du Trident et se retrouva sur les quais où il se noya une nouvelle fois dans la foule de marins et marchands. Karzan marchait de nouveau avec un bâton, sorti de nulle part, et qui ne souffrait d’aucune différence avec celui que Barbaque avait cassé. Des quais, il descendit sur le chemin côtier en direction du nord et atteignit une plage isolée après quelques minutes de marche.
Liv avait envie de vomir. La colonne vertébrale de l’équidé roulait dans son entre-jambe et massait ses parties intimes à lui en donner la nausée. Lola n’avait pas arrêté de galoper depuis qu’ils avaient quitté le temple. Elle s’autorisait même parfois quelques bonds pour enjamber un trou sur le chemin, ce qui faisait maugréer l’Avatar à chaque fois. Il n’osait pas lâcher prise et mettre fin à cette course effrénée ; d’une, il avait peur de la chute, de deux, il n’avait aucune idée de qui était à ses trousses. Tant que l’ânesse galopait, il était déterminé à l’utiliser à son avantage. Il n’osait pas bouger de peur de perdre l’équilibre. Mais il releva légèrement la tête pour se rendre compte qu’ils avaient quitté la cité et gambadaient maintenant à travers des chemins de cambrousse. Ce fut lorsqu’il se demandait s’ils allaient aller comme ça pendant encore longtemps qu’il se retrouva avec des branchages plein la bouche. De toute évidence, Lola avait décidé de couper à travers des fourrés sans grande considération pour l’hurluberlu sur son dos. Liv nota un changement de terrain ; l’ânesse trottinait maintenant sur du sable. Le ressac de l’eau se fit entendre. Finalement l’animal s’immobilisa et Liv se laissa glisser au sol non sans une certaine lourdeur indicative de son état d’épuisement. Ses cuisses étaient en feu. Il cracha des feuilles et du sable et se retourna sur son dos. Le charreton du vieil homme qui l’avait aidé aux portes de la cité était à côté de lui.
Liv gémissait en se relevant. Il voulu s’appuyer sur Lola mais l’ânesse s’écarta. « Bête de boucherie. » grommela Liv pour lui-même. Il fut à peine debout que quelque chose bondit de la charrette en produisant un cri strident « HIIIIIIIIIIIIIIII!! » et le plaqua dans le sable. Une nouvelle bouchée de plage pour le danseur. « Faut vraiment que ça s’arrête » dit-il en crachant de nouveau. Il ouvrit les yeux sur une figure qui lui pétrifia les os. La jeune fille ne devait pas avoir plus de douze ans. Ses cheveux longs étaient noirs de jais et ses yeux d’un bleu si pâle que Liv crut d’abord qu’elle était aveugle. Le contraste de son air si déterminé sur un visage si jeune laissa le danseur penaud. « Qui es-tu ? » demanda-t-elle en pressant le coupe-papier qu’elle tenait dans sa main gauche contre la gorge du jeune homme. « … Liv ? » répondit le danseur sans trop de conviction. « Pourquoi tu voulais du mal à Lola ? » « J’te demande pardon ?! » s’énerva Liv. « Qu’est-ce que tu lui veux ? » renchérit la fillette. Le ridicule de la situation n’échappa pas à Liv ; pour lui qui était très grand et relativement fort, se retrouver plaqué au sol par une biquette haute de trois pommes… « … Je… Je suis… euh » « L’Avatar d’Arcam. Laisse-le respirer, Zem. » Karzan accourait. Sans outre préoccupation pour Liv, il monta directement les trois marches de la petite charrette et sembla y chercher quelque chose. Lorsqu’il en redescendit, Zem aidait Liv à se relever et Finn venait de les rejoindre. « Un Avatar ? » demanda Zem à Karzan. « J'croyais qu'ils n'existaient que dans les légendes. » Se faisant, elle sortit un petit calepin et entreprit d'y griffonner une note. Le fait qu'elle sache écrire impressionna Liv. Puis, le remettant dans une de ses poches: « Avatar d'Arcam? Est-ce que je vais mourir, Karzan? » demanda-t-elle d'une voix prodigieusement monotone pour quelqu'un qui parlait de sa propre mort.
Liv ne savait pas s'il devait répondre lui-même à la question de la fillette. Quoi répondre? Il n'en avait aucune idée. Ces derniers semaines le faisaient néanmoins douter que le Barde ne sanctionne aucun houspillage à son encontre. Il avait été poussé à quitter son petit monde de Thaar, pourchassé et torturé par un chien errant et capturé par un groupe de prêtre qui ne lui avait pas laissé voir la lumière du jour pendant plus d'une énnéade. Non, elle n'allait sûrement pas mourir pour l'avoir rudoyé un peu. Il semblait néanmoins que Karzan s'apprêtait à lui répondre lorsque Finn les rejoignit. Il resta finalement silencieux et posa son regard délié sur l'éclaireur.
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Ven 29 Juil 2016 - 1:21 | |
| - Tout le monde meurt… C’est inévitable… fit l’adolescent très pragmatique.
Murmure était essoufflé. Qu’importe. Personne ne pouvait le comprendre, aucun son ne franchissant ses lèvres. Pourtant Murmure n’avait jamais perdu l’habitude de parler. Depuis qu’il avait perdu sa voix, il était devenu un bavard impénitent. Pourquoi faire preuve de retenue? D’une certaine manière, la malédiction qui l’avait frappé l’avait libéré.
Les yeux fixé sur l’avatar, Finn contourna la gamine pour joindre l’avatar. Il n’avait pas fini d’en baver celui-là. La lame qu’il lui appliqua sur la gorge, contre la carotide, était une lame vulgaire. Un pele-patate, une petite chose usuelle, bien aiguisé, que l’éclaireur tenait roulé dans l’ourlet de son pantalon, sous sa ceinture.
- UN INSTANT! Murmure? Pas de précipitation! Soit aimable avec le monsieur, Fit Barbaque qui les rejoignait en titubant. Et vous, je vous déconseille de négliger de prendre cette arme au sérieux, ils m’ont presque tué avec, ça fait très mal, je vous assure…
Barbaque prit appui sur ses genoux des deux mains, penché vers l’avant, aspirant l’air à grande goulée alors qu’il observait ceux qui se trouvait là. Il eut un sourire crispée pour la gamine et pointa le vieux d’un doigts accusateur...
- Vous, vous il va falloir que vous m’expliquez comment vous avez fait ça…
Barbaque se rapprocha de son éclaireur sur lequel il avait toute autorité.
- Barbaque… Se présenta-t-il au jeune homme. Lieutenant de la compagnie de mercenaire de DuSaule… Et mon éclaireur, Murmure… Il lui mit la main au collet d’une poigne qui enserrait les vertèbres d’une manière qui laissait peu de doute sur ses talents particulier. Ça va, je le tiens…
- …….-… .. .. . … .. ……..! - Tu vois bien qu’il ne l’a pas… - … .’……., .. …. .. ….. …! - Peut-être mais il va falloir qu’il collabore… Barbaque le secoua presque tendrement. Hein que tu vas collaborer? On est entre amis… Et tu vois, le gamin pense que tu as quelque chose qui lui appartient… - .. …. ..’.. .’.! - Quelque chose qui a été volé à Thaar par une de tes connaissances.
Il lui parlait d’une manière familière, rassurante, comme un bon ami, inspirant la confiance…
- Lug? Suggéra-t-il.
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Ven 29 Juil 2016 - 20:27 | |
| Liv soupira lorsqu’une nouvelle lame vint caresser sa gorge. Il commençait à s’y habituer. Il commençait également à penser que la vie des faubourgs de Thaar était peut-être plus paisible que celle qu’il menait depuis qu’il avait quitté son trou natal ; plus misérable, sans aucun doute, mais plus prévisible aussi ; la misère avait quelque chose de confortable lorsqu’elle faisait partie du quotidien. Une once de regret et de nostalgie pointa en lui ; un sentiment d’impéritie. Il leva les yeux au ciel comme s’il y cherchait quelque chose. Ses pensées étaient tournées vers le Barde. IL devait bien s’amuser à le regarder se faire malmener de la sorte. Les paroles du reste du groupe semblèrent lointaines. Même lorsqu’il fut agrippé par Barbaque, son regard ne cessa de s’abîmer dans les nuages. Pourquoi ? se demandait-il. Quel était le but de tout ça ? Pourquoi l’avoir soutiré à son monde ? Quels étaient les desseins du Barde ? Il revint à lui lorsqu’il entendit le nom de Lug. Il ramena son regard vers le mercenaire puis le posa sur Finn. L’éclaireur était pâle, d’apparence fragile, à peine assez grand pour atteindre la gorge de l’Avatar sur la pointe des pieds. « Lug ? Son flutiau ? » demanda Liv perplexe en sortant doucement le seul objet que contenaient ses poches : une flûte grossière qui ressemblait plutôt à un sifflet. « Je croyais que Lug l’avait volé à Sanzine qui l’avait volé à Sahr. Ça doit être Sahr votre voleur alors. » Il s’apprêtait à rendre le flutiau à l’éclaireur lorsqu’une image lui assaillit l’esprit. « Oh ! Le cerceau ? C’est ça que vous cherchez. » Le regard de Liv se perdit de nouveau.
Il se rappelait avoir emprunté l’objet à Lug avant de quitter Thaar. Il se rappelait aussi l’avoir sur lui en chemin. Et puis, plus rien. Il était incapable de dire ce qu’il en était advenu. Une concentration forcenée se dessinait sur son visage. Le voyage jusqu’à Naelis avait été si éprouvant que tout lui semblait flou. La soif, la faim, la torture à laquelle il avait assujetti ; toutes ces conditions avaient atrophié ses souvenirs. Un tel traumatisme lui barrait accès à sa mémoire. « Je… Je ne me… » murmura-t-il. Il releva les yeux vers Finn mais son regard s’accrocha au-delà de l’éclaireur. En arrière-plan, se trouvait une tâche noire qui maculait le sable de la place. Une souillure ténébreuse qui se redressa lorsque Liv la reconnue. Le chien errant des faubourgs l’avait retrouvé. La bête qui l’avait trainé, littéralement, de Thaar jusqu’à Naelis était de nouveau là. Il y avait quelque chose de malsain qui l’entourait. Son regard pensait trop. Chacun de ses mouvements était chargé d’une aura ineffable et pourtant si familière aux yeux du danseur. Des goutes de sueur suintèrent du front de Liv. Il eut soudainement très froid. Il crut entendre un bruit de tambour. Sa vision se brouillait et seuls les yeux de la bête demeurèrent clairs et pénétrants. Il se rappelait de sa dernière tentative de fuite lorsqu’ils étaient à mis chemin entre les deux cités de l’Ithri’Vaan. Le chien l’avait rattrapé sans mal. Liv s’était d'abord défendu autant qu’il le pouvait à coups de poing et de pied. Les crocs de la bête ne lui laissait aucune chance. Il se rappelait avoir attrapé le cerceau de métal et l’avoir utilisé pour frapper l’animal sur la tête. Le tambour s’accentuait. Ses souvenirs se dissipaient. IL était là. IL intervenait. Liv s’évanouit sans aucun signe avant-coureur.
Karzan écarta les mercenaires et vint s’agenouiller auprès de l’Avatar. « De toute évidence, si vous voulez des réponses, vous allez devoir attendre. » dit-il en s’adressant à Barbaque et Finn. « La mémoire est une chose fragile. Zem ? » La fillette s’approchait doucement du chien errant. Ses pas glissaient sur le sable. Que comptait-elle faire ? « Zem ! » renchérit le vieil homme. Elle fit demi-tour et sauta dans la charrette. Elle en ressortit quelques secondes plus tard avec un bocal qu’elle donna à Karzan. Le vieil homme humecta les lèvres du danseur avec le liquide rougeâtre que le bocal contenait. « Je vais préparer à manger. Il va avoir besoin de repos. Allongeons-le dans la charrette. » Une fois le corps inconscient de l'Avatar calé à l'arrière du charreton, la petite Zem se planta devant les mercenaires. « Si vous comptez manger avec nous, vous allez devoir m’aider à trouver du bois. » dit-elle sur un ton péremptoire.
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Dim 31 Juil 2016 - 19:43 | |
| - Le cerceau? Oui, voilà, on parle de la même chose. - .. .’.. …! - Mais non… Je n’ai jamais tué quelqu’un par accident… Barbaque laissa le jeune glisser au sol. Si j’avais voulu le tuer, je lui aurait écraser la trachée, pas les vertèbres… T’as jamais su faire la différence.
Murmure avait toujours fait la différence. Barbaque ne l’aurait pas tué. Il la préférait en vie. C’est ça qui était le plus inquiétant.
Pendant que le lieutenant se montrait étonnamment secourable en emportant le danseur dans la roulotte, Finn s’intéressa au chien. Le sorcier n’avait pas laissé la petite fille s’en approcher. L’animal avait l’air inquiétant, lui aussi, mais pas de la même manière. Barbaque était vicieu. Le chien ne cachait pas sa nature profonde. Finn le fixa du regard un long moment, sans un geste, le défiant du regard de se rapprocher.
- Trouver du bois? Pas de problème. MURMURE? Gagne ta pitance, aide la petite…
L’adolescent ne pris pas la peine de rouspéter. Le rapport de force avait déjà été établit. Il emboita le pas à la gamine et marchant à ses côtés, ramassa autant de bois sec qu’il le pouvait. Ses lèvres s’agitaient en silence. Personne ne pouvait entendre ce qu’il avait à dire. Toute cette histoire avait assez durée. Il était temps de rentrer dans les Wandres. Sick n’avait peut-être pas renoncé à la tuer mais il courrait après une autre sorte de gibier. Oui, retrouver sa couronne, se débarrasser de Barbaque, et rentrer d’exil. Enfin… peut-être que se débarasser de Barbaque pouvait attendre… Parce que Daoine Ingrid vivait toujours jusqu’à preuve du contraire. Et Finn avait déjà goûté à ses maléfices. Il ne la prenait pas à la légère.
L’éclaireur rejoignit la gamine et lui fit signe : ramasse le bois, je vais le porter… Il s’appropria sa récolte qu’il joignit à la sienne et attendit de voir si elle pouvait le comprendre…
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Lun 1 Aoû 2016 - 17:05 | |
| Liv était toujours dans les vapes. Karzan plumait deux volailles. Et Lola vaquait à ses occupations. Le crépuscule ne tarderait pas à s’affaler. Le danseur, dans toute son inconscience, était très actif : parcouru de tremblements, une respiration saccadée, dégoulinant de sueur. De toute évidence, ses songes n’étaient pas de tout repos. Karzan lui jetait des coups d’œil de temps à autre, et le réajustait au sein de la charrette lorsqu’à force de trop bouger l'Avatar manquait d’en glisser. « Je ne sais pas ce que vous lui voulez, mais vous risquez bien de ne jamais l’avoir. Ce jeune garçon est sérieusement dérangé. » dit le vieil homme à l’égard de Barbaque. Les poulets plumés, il commença de les graisser allègrement.
Zem et Finn s’étaient éloignés du groupe pour aller ramasser du bois flotté que la mère olienne avait drossé sur la plage. La fillette n’avait de cesse de lorgner l’éclaireur du coin de l’œil. Il semblait perturbé. Zem arriva près d’un amoncellement de bois blancs et fins. « Il va falloir en ramasser beaucoup. Ils brûleront vite. » Finn essayait de gagner son attention. Zem le fixa de ses petites prunelles si pâles. Elle ramassa autant de bois qu’elle le pouvait et le laissa tomber dans les bras de l’éclaireur, puis en empila encore et encore. Finalement, lorsque Finn eut des fagots jusqu’au front, elle se tourna vers lui. « Tu sais, Karzan vient des Wandres aussi. Et il y retourne. » dit-elle avant d’enlever quelques branchages de la charge de Finn afin de pouvoir nettement voir ses lèvres. Zem était une liseuse ; elle savait tout lire: les livres, les cartes, et les gens.
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Mar 9 Aoû 2016 - 1:21 | |
| - Dérangé? Releva Barbaque, incrédule… Oh, ça nous changera un peu… fit-il d’un ton dégoulinant de sarcasme.
Une jeune femme muette qui se fait passer pour un adolescent et qui jacasse toute la journée en silence. Une enfant au regard dérangeant beaucoup trop intense. Un chien tout droit sorti des enfers… Un vieux… Et on sait que les vieux sont les pires… Ils ont de l’expérience et celui-là, Finn l’avait qualifié de ‘tout équipé’.
Mais Barbaque connaissait l’adversité, la défaite… Il n’avait pourtant jamais été abattu. Les seuls qui avaient vraiment failli avoir sa peau, c’était Finn et Sickert… Finn en particulier. Et ça l’amusait beaucoup… Il se fichait de la couronne. Il n’accordait de valeur qu’aux armes qui peuvent faire la différence sur un champ de bataille.
Pendant ce temps, Murmure se taisait, écarquillant de grands yeux sur la fillette. Ils étaient rares, ceux qui pouvaient lire sur ses lèvres. Si rare que Finn ne se méfiait plus. Murmure bredouilla quelque chose et se repris :
- Je ne peux pas rentrer, je suis en exil…
Il y avait 3 conditions à son exil : la couronne, Daoine Ingrid et le maléfice.
Murmure fit volte face et revient rapidement vers Barbaque...
- On a un problème... La fille lit sur les lèvres. - Et alors? la rabroua le lieutenant ... Oh. Et elle sait quoi? - Je suis pas certaine... répondit vaguement l'éclaireur en laissant son chargement de bois tomber sur le sol.
Il était difficile de définir quel genre de rapport de force il existait entre ces deux-là. L’homme s’était présenté comme le lieutenant d’une compagnie de mercenaire accompagné de son éclaireur. Un adulte, versus un adolescent. Mais s’il était évident que c’était Barbaque qui donnait les ordres, on devinait confusément que c’était la volonté de Murmure qui primait. En outre, même si le lieutenant se montrait généralement brutal, il traitait l’éclaireur avec une certaine prudence. Comme s’il le savait capable de se défendre. Pourtant, l’éclaireur donnait l’impression de compter sur le lieutenant pour le défendre. Il restait toujours derrière lui, satisfait de rester dans son ombre. Murmure était une ombre qui s’insinuait partout, Barbaque ne savait que s’imposer.
Celui-ci fit un tour d’horizon pour vérifier que le vieux avait toujours le dos tourné et rafla la petite fille. La main sur la bouche, il l’entraina rapidement derrière les dunes.
- Réfléchit à ce que tu as dit et trouve moyen de me le répéter parce que je la tue en guise d’assurance! - Non! Tu ne peux pas! Fit Murmure en le contournant rapidement pour se placer devant lui, marchant à reculons. - Pourquoi pas? - C’est une enfant! - Ah oui? On l’a tous été… T’as vu où ça nous a mené? C’est parfois plus prudent de ne pas laisser grandir les enfants. - Tu ne peux pas faire ça! - Non? Je vais me gêner tiens! - Arrête, j’ai seulement divagué sur les Wandres, la couronne, Sick et moi… - T’as rien dit sur moi? - Seulement que tu pourrais être utile pour faire face à Daoine Ingrid.
Barbaque affermit sa prise et bouscula Murmure pour se frayer un chemin vers la plage.
- Ah je pourrais être utile? Il secoua la gamine. T’entends ça, morveuse? Elle dit que je pourrais être utile. Être utile, pas LUI être utile…
Murmure le suivit dans l’eau avec urgence et revint se placer devant lui, essayant de le freiner de son mieux.
- Elle a dit que le vieux était des Wandres et qu’il y retournait… annonça Murmure désireux de changer de sujet. - Ouais? Et alors? Je te rappelle que tu t’es engagé. Tu fais partie de la compagnie de DuSaule. Les Wandres, ne sont rien. Ce n’est plus chez toi. - J’ai déserté! On a déserté! - Non! Ton frère ne s’est jamais engagé et moi j’ai été enlevé. - Tu serais mort! - Ouais, mais vous m’avez quand même enlevé.
Barbaque était un vicieux. On ne se méfiait jamais assez de lui. La seule personne pour laquelle il s’était montré attentionné, c’était Castielle. Il s’en défendait toujours en disant que les elfes ne sont pas vraiment des personnes. Les enfants non plus d’autre part.
- Je vais la tuer, c’est plus sûr. - Non! Je veux les suivre!
Une flambée de rage anima soudainement l’homme, comme si sa colère n’avait que couvé jusqu’alors. Sa violence l’auréolait tout entier et elle ne menaçait plus seulement la gamine mais aussi Murmure.
- Alors explique-moi en quoi je peux encore t’être utile si tu as déjà ces deux-là?
Murmure resta immobile, comme tétanisé.
- Je t’assure que ce n’est pas le moment de faire le muet. gronda Barbaque d’un ton très bas. - Je n’ai pas confiance en eux, avoua-t-il… - Parce que tu as confiance en moi peut-être? Hurla Barbaque. - Oh oui. Je sais exactement de quoi tu es capable : du pire! Sauf que tu ne vas pas noyer cette gamine! Fit Murmure, le doigt impérieusement pointé sur l’enfant. Je ne te laisserai pas faire.
Il y eut un instant de flottement où Barbaque réalisa que Finnegan avait raison. Il était capable du pire. Pour tous ceux qui étaient extérieur à la compagnie de DuSaule, Barbaque était un salaud. Mais comme Sickert avant lui, Barbaque avait capitulé devant les désirs et les objections de Finnegan. Lui aussi. Cette prise de conscience, aussi dérangeante soit-elle, lui fit réaliser autre chose : Si Finn avait réussi cet exploit, elle pouvait parfaitement en réaliser d’autres. Et il comprit pourquoi on avait voulu se servir d’elle.
- Ne fais pas semblant de ne pas avoir compris!
Barbaque lâcha la gamine dans les vagues.
- Qu’est-ce que tu veux? Le sais-tu seulement? Qu’est-ce qui a de l’importance pour toi? Qu’est-ce qui en vaut la peine? Tu te caches en te faisant passer pour un gamin. Qu’est-ce que tu feras une fois là-bas? Tu t’es exilé pour empêcher une sorcière d’eau de se servir de ton clan à travers toi. Qu’est-ce qui a changé maintenant? Qu’est-ce qui est différent? Qu’est-ce qui te fait croire que tu peux maintenant venir à bout de ce démon? Aboya le lieutenant en étudiant sa réaction. Convainc moi, et réfléchit bien! Parce que ton frère n’est peut-être pas le seul que cette femme a lancé sur tes traces. Après tout, Sick a prouvé qu’il n’avait aucune intention de te tuer. - Tu vois bien que j’ai besoin de toi… plaida Finn avec un naturel désarmant. |
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Mar 16 Aoû 2016 - 0:14 | |
| Raflée par les bras de Barbaque, Zem fit la morte. Elle n’en était pas à sa première fois. C’était d’ailleurs parce qu’elle avait le don de se faire enlever tous les quatre matins qu’elle avait pu voir du pays. Rien de mieux qu’un kidnapping pour produire une nouvelle carte. Son absence de résistance en était devenue un réflexe. Elle ne devait sa survie à rien d’autre qu’à la docilité avec laquelle elle se faisait balloter de droite à gauche au gré de ses ravisseurs. D'ailleurs, alors qu’ils se dirigeaient vers l’eau, Zem essaya de se rappeler la dernière fois où elle avait atterri dans un lieu de son propre choix ; échec cuisant. Elle était condamnée à être une suiveuse ; jusqu’à ce que la personne qu’elle suivait n’ait plus d’autre choix que de la suivre ; avant qu’elle ne se laisse suivre quelqu’un d’autre, encore. Au bord de l’eau, les bras ballants, la jeune fille zieutait Finn de son regard laiteux. Même si son attention semblait être rivée sur l’éclaireur, c’était vers Barbaque que tous ses sens étaient dirigés. L’acidité de la peau calleuse du creux de sa main, sa respiration emportée qui caressait le haut de sa tête et venait chatouiller son cou, son ventre qui bedonnait par intermittence dans son dos, son bras qui la maintenait contre lui ; et ses petites mains, à elle, qui, sans qu’il ne s’en rende compte, remontaient pour examiner chaque imperfection de sa chair. Elle le dépouillait.
Dans sa chute, Zem inspira profondément. L’eau était froide. Une vague lui tamponna l’épaule. Il fallait qu’elle remonte à la surface : elle ne pouvait se permettre de perdre une seconde de leur conversation. Elle toussa, repoussa ses longs cheveux noirs de ses deux mains et cligna des yeux en direction des mercenaires. En penchant la tête légèrement sur le côté, on eût cru qu’elle demandait : je peux sortir de l’eau ? Une nouvelle vague menaçait de lui faire boire la tasse. Elle se releva et essora ses cheveux comme l’on essore un linge mouillé. « Le dîner est prêt. » sourit-elle avant de retourner auprès de la charrette. Ses vêtements égouttaient une trace humide sur son passage. Elle sortit un morceau de papier trempé d’une de ses poches. Son écriture y était illisible. Tant pis, se dit-elle en le refourguant dans le pli de ses robes, elle n’en aurait plus besoin de toute façon.
Lorsque Zem revint auprès de Karzan, une serviette sèche l’attendait à côté de lui. Il ne dit pas un mot, ne lui adressa pas même un regard. Ses yeux s’abîmaient dans l’horizon alors qu’il fumait sa pipe. Ayant terminé de se sécher, elle lâcha un « Satisfait ? » dans un murmure qui ne semblait être adressé à personne. Karzan retourna les patates douces. Lorsque les mercenaires les rejoignirent, Zem descendait de la charrette où Liv végétait toujours. Elle portait dans ses bras quelques assiettes en bois qu’elle tendit à Karzan. Le vieil homme, toujours silencieux, entreprit de servir tout le monde. « Des patates, Benedicte ? » demanda Zem en tendant une assiette vers Barbaque. Karzan se raidit.
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Jeu 18 Aoû 2016 - 1:23 | |
| Le lieutenant ne se préoccupait pas du tout de la gamine. Les enfants sont de la chair à canon. Les plus débrouillards sont des éclaireurs. Ils n’ont aucune autre utilité. En outre, il était réellement décidé à la tuer. Oh, Barbaque n’était pas exactement un tueur, mais il ne s’arrêtait pas à ce genre de détails. Barbaque était un salopard. Il n’était pas aimable. Il n’exerçait pas un boulot où les gens aimable ont de l’avenir. Mais Murmure lui avait donné une cible : lui.
Besoin de lui? Pour la protéger d’eux?? Barbaque en oublia de noyer Zem et fixait sur Finn un regard horrifiant. On y lisait tout à la fois l’avidité, la rage et l’espoir. L’éclaireur était tendu, alarmé, conscient qu’il jouait à un jeu dangereux, en équilibre.
Zem passa entre eux, annonçant le diner et désamorçant la situation.
Barbaque rentra le premier, suivit peu après de Murmure : trempé, chiffonné, d’un pas trainant.
Sickert lui manquait. Sick et Barb n’était pas très différent mais Sick était son frère et il lui était redevable. Puis Sick ne tuait pas les enfants. Pas vrai? Surement pas. N’est-ce pas? Peut-être que si. Peut-être bien que si? Mais il lui laisserait une chance de filer, non? Mais si! Bien sûr que si. Sans doute… Finn se laissa tomber aussi loin que possible du lieutenant, l’air maussade, et s’intéressa à la nourriture. L’éclaireur mange en dernier. S’il reste quelque chose. Sick s’assurait toujours qu’il reste quelque chose. Ce n’était pas le genre de scrupule qui étouffait Barbaque. Finn se taisait de cette manière qui en disait long.
Zem, elle, fit l’erreur de ne pas se taire.
Benedicte bondit, bouscula Finn qui tenta de l’intercepter, et saisie la gamine à la gorge pour la soulever de terre.
- NON! Aboya le lieutenant, tu ne te mêles pas de ça.
Finn ayant trébuché dans le feu, évita les braises et tomba littéralement sur les genoux du vieux.
- Je suis certain d’une chose, c’est que ce nom, tu ne l’as pas lu sur les ses lèvres. Alors explique-moi rapidement comment tu l’as appris?
Sickert courrait la gueuse… Rhys était un beau bretteur mais un irresponsable. Barbaque ne lui aurait pas confié ni une elfe, ni un chien. Et puis Murmure s’était engagé. D’une façon tordu, parce qu’il ne se sentait pas responsable, il se réservait le droit de lui en faire baver. La hiérarchie. Et la plus simple explication de ce hasard improbable, est qu’il n’avait rien d’innocent.
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Ven 19 Aoû 2016 - 23:57 | |
| Zem perdit pied ; arrachée du sol comme une jolie fleur cueillie sans réserve par Barbaque. Il l’étouffait. Elle ne se débattait pas. Ses yeux pâles semblaient s’agrandir, le blanc gagnant en contenance tandis que la modeste pointe de bleu se durcissait, dardait la brute et se raffinait à chaque seconde ; dur, ce bleu était dur comme de la pierre. Les deux petites mains de la jeune fille vinrent se porter doucement sur celles de Barbaque, s’y posant comme une caresse, s’y accrochant finalement comme des serres. Ses paupières tombèrent.
Karzan prit peur. Après avoir repoussé Finn au sol, il se leva doucement pour faire face au mercenaire. « C’est moi qui le lui ai dit. Nous nous sommes déjà rencontrés. En Oësgardie. Vous vous souvenez ? C’était la fin de la guerre et votre compagnie fuyait la peste. Je ne vous ai pas oubliés. » Le vieil homme était calme. Son apathie en était même troublante. Voulait-il la mort de la fillette? Se sentait-il concerné? Quelle relation entretenaient-il avec Zem? De toute évidence, il ne comptait pas s'interposer physiquement ou à travers quelqu'autre moyen à sa disposition pour mettre fin à cette querelle. Il avait néanmoins parlé. Mais personne dans son bon sens ne viendrait à croire un sorcier des marais...
Toujours aux prises de Baraque, Zem rouvrit légèrement les yeux et glissa un regard en direction de Karzan ; il n’avait rien d’un remerciement mais disait plutôt que son mensonge avait tardé à arriver et qu’elle s’en rappellera.
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Dim 21 Aoû 2016 - 16:22 | |
| - Je me souviens, vieillard… Et j’entend que tu me mens.
Mentir à Benedicte était la pire chose à faire. Il posa la gamine par terre mais ne la libéra pas, affermissant se prise sur ses vêtements.
- Ceux qui s’engagent dans la compagnie de DuSaule ne le font pas pour une saison mais pour le reste de leur existence. Ils laissent tout derrière eux, y compris leur identité et se choisissent un nom de mercenaire. Personne ne connait mon nom véritable.
De la violence courrait sous la peau de Benedicte. Il en était tout confit. Elle courrait sous sa peau, dans son sang, tissée dans son âme et jamais harnaché. Benedicte ne contrôlait pas sa violence, il était fait de violence, c’était sa nature profonde. Et pourtant elle ne prenait pas toute la place. Il y avait également quelque chose. De l’avidité, de l’espoir, et de l’inquiétude. Benedicte était profondément inquiet. Parce que sa violence n’altérait pas du tout son jugement.
Le lieutenant reporta son attention sur Zem.
- Tu vois cet homme? Fit-il en la secouant encore un peu. Il ne te sauvera pas. Ne compte jamais sur les autres pour te tirer d’un mauvais pas. Répond-moi. Ccomment tu as appris mon nom?
Finn restait par terre, sans intervenir, parce que Barbaque avait raison. Daoine Ingrid était mauvaise perdante; la défaite est un inconvénient qui n’arrive qu’aux autres. Elle ne lâcherait pas si facilement le morceau. Sick n’avait pas l’intention de la tuer. Enfin, il lui en voulait pour Ange, mais il ne le ferait pas pour contenter leur mère. Peut-être aurait-il hésité au début, mais plus maintenant. Et il ne la ramènerait pas.
- Benedicte, ma mère ignore que je suis avec toi. Si elle me cherche effectivement c’est Sickert qu’elle cherche.
Finn avait une voix feutrée, presque un chuchotement. Une voix encore jeune, certainement pas celle d’un adolescent. Elle parlait avec une intonation urgente, pressante, et son timbre sous le clair de lune restait empreint de magie. On aurait cru que sa voix venait d’ailleurs. Barbaque sursauta. C’était la deuxième fois seulement qu’il entendait Finn parler. Jamais Finn ne dévoilait les limites du maléfice qui l’accablait
- Elle pourrait avoir trouvé Sickert. - Sick lui est encore beaucoup trop utile. Et puis Sick t’aurais désigné par Barbaque. - Ils sont liés à l’homme qui t’a dérobé ton bien. Un homme dont il est impossible de tirer des renseignements parce qu’il a été terrassé par un subit et très opportun accès de folie. La gamine sait mon nom. Le vieux me ment. Et ils t’offrent, par un heureux hasard ce que tu désires le plus.
Elle ne lui permettrait pas de faire du mal à Zem. Ni au vieillard.
- Tu veux rentrer dans les Wandres? Soit. Il tendit la main vers elle. Un geste dont il n’avait pas l’habitude. Alors viens, je t’y emmènerai. Si tu as besoin de moi, tu n’as pas besoin d’eux.
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Mar 30 Aoû 2016 - 1:01 | |
| Il avait tort. Tellement tort, pensa Zem alors que sa tête balançait sur ses épaules avec chaque secousse que lui distribuait Barbaque. C’est elle qui avait sauvé Karzan. C’est elle qui lui avait montré le chemin. C’est elle, aussi, qui avait payé le prix. Car ce n’était pas gratuit de suivre les traces. Pas ce genre de traces. Surtout quand elles appartenaient à un moins que rien d’orphelin de Thaar. C’était difficile ; autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Elle en avait presque perdu la vue. Et sans tous ses efforts, Karzan ne l’aurait pas retrouvé, ni lui, ni elle. Parce que Barbaque se trompait aussi par rapport à Liv. Il n’avait rien volé. Pas vraiment. Alors Zem eut recours à tout le calme qu’elle pouvait rassembler en elle pour ne pas asséner un coup de pieds dans les côtes du vieillard ; tout ce qu’il avait eu à faire c’était de confectionner un mensonge infaillible ; quelque chose qui la mettrait hors de danger, elle ; parce que si la mort rôdait, qu’il ne compte pas trop longtemps sur son silence. La douleur, elle savait l’endurer, mais elle avait bien trop de projets pour pouvoir souffrir une fin inopinée. Alors, elle prit les choses en main, littéralement, s’agrippant encore une fois aux poignets du mercenaire. « Chaque fois que je te touche… » murmura-t-elle d’une voix doucereuse, son regard remontant progressivement vers le visage de Barbaque. « … je feuillette un peu plus les pages de ton existence. Celles d’hier et, parfois, celles de demain. »
Karzan, quant à lui, n’avait cessé de fixer Finn depuis que l'éclaireur avait parlé ; il avait d’ailleurs une tendance incessante à lorgner de son côté quoi qu’il arrive. Ce ne fut que la réflexion de Barbaque sur les Wandres qui le ramena finalement à lui. « Vous vous trompez, lieutenant. Vous aurez besoin de nous. On n’entre pas dans les Wandres comme dans un moulin. C’est une région impitoyable et qui a bien changé ces dernières années. » Le vieil homme finit par reprendre le cours de son diner avant de se tourner de nouveau vers Finnegan. « Dites-nous en plus sur l’objet que vous cherchez et peut-être pourrions-nous vous aider à le retrouver. »
Le diner terminé, la nuit tombée, le sommeil gagna la petite troupe. Karzan réajusta Liv une dernière fois dans la charrette ; l’Avatar ne s’était toujours pas réveillé bien que les tremblements semblaient l’avoir enfin quitté. Zem eut un sommeil léger que même le ressac de la mer ne sut rendre profond. Le matin suivant, la première levée, elle monta dans la charrette à la recherche de quelques œufs de perdrix pour le petit-déjeuner, et peut-être qu'il leur restait quelques patates douces. L'intérieur de la charrette était relativement bien organisé malgré l'étroitesse de l'espace. Chaque chose avait sa place et pourtant elle n'arrivait pas à mettre la main sur ces œufs. Remuant chaque recoin, tournant et se retournant, elle sursauta d’un coup d’un seul, frappée par une réalisation soudaine. Son regard tomba à ses pieds. Quelques secondes plus tard, elle se précipita à l’extérieur, vers Karzan, qui était toujours endormi sur sa paillasse. « L’Avatar ! » s’écria-t-elle. « Il a disparu. » En examinant les alentours, Zem aperçu le chien sauvage de la veille. Sa tête émergeait des fourrés qui longeaient la plage. Elle aurait juré que l’animal lui avait souri avant de disparaître.
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| | | Finnegan Sidhe
Humain
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Mar 6 Sep 2016 - 2:57 | |
| Benedicte prit le temps d’intégrer ce que la gamine lui promettait mais ne fit pas un geste pour l’empêcher de le toucher. Il rapprocha son visage du sien et lui demanda d’un ton de défi :
- Et quand tu vois mon avenir, tu vois ton sang sur mes mains? Parce que tu peux assimiler tout mon passé s’il te plait de le faire, mais l’un ne va pas sans l’autre… Si tu en dévoile quelque chose, je me chargerai de t’enseigner la discrétion.
Les prédictions de Benedicte se réalisaient habituellement. Il se chargeait de faire en sorte qu’elles se réalisent.
- Benedicte? La seule chose que tu lui enseignes présentement, c’est que la seule manière dont tu saches à t’imposer à une enfant c’est par la force.
Sans se soucier des actes du lieutenant, Finn répondit au vieux.
- Ça n’a qu’une valeur symbolique… Il lui répugnait d’utiliser ce mot-là, elle en utilisa un autre : c’est un genre de coiffe en métal. C’est fait pour ressembler à un enchevêtrement de racine autour de quelques cailloux. L’acier est ébréché.
La description était suffisante pour en reconnaitre l’objet mais pas pour comprendre ce que c’était. Pas pour quelqu’un qui ne vient pas des Wandres. La coiffe d’un chef de clan… Sauf que Finnegan n’est pas un chef de clan. C’est une jeune femme exilée qui se fait passer pour un gamin et dont la tête est mise à prix. Un contrat privé, pour une affaire privée.
- Qu’est-ce qui a changé dans les Wandres? - Et comment saurait-il ce qui a changé depuis que tu es partie, à moins qu’il sache exactement depuis quand, d’où et pourquoi?
Benedicte avait raison. Finn s’en rendait compte… Mais le vieux ne semblait pas particulièrement agressif et ses mensonges n’était pas très subtils… En outre, elle savait, elle, qu’il faisait la cuisine. Répondre à ses questions de manière évasive lui permettait de gagner du temps et d’attendre l’heure du diner. Elle échangea un regard avec Barbaque et haussa les épaules. De toute manière, il faudrait attendre que l’autre se réveille.
- ........! ……..-…! .. …… … … .’….. … .’… …. .. ….. …
Le mercenaire grogna quelque chose et se retourna dans son couchage… Finn lui tomba dessus et lui laboura le dos d’une avalanche de taloche.
-……..! - Quoi! - .’…… … …..! - Et alors? T’es un pisteur, cherche-le toi-même. Il n’est certainement pas loin… Moi je tue les gens… Si tu veux le tuer ensuite, tu me feras signe… Quand tu l’auras trouvé.
Finn se releva et d’un grand coup de pied, l’ensevelit d’une bordée de sable et de gravillon. Cet acte de rébellion fut salué d’un ricanement méchant. S’en prendre à Benedicte n’arrangeait jamais les choses.
Murmure fit rapidement le tour du campement à la recherche de trace. De traces humaines... et mû par une subite inspiration de traces canines.
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| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Dim 25 Sep 2016 - 18:33 | |
| Karzan s’était rendormi presque immédiatement. Zem regarda le vieil homme d’un air grave ; certaines choses commençaient à tomber sous le sens. Le vent tournait, elle le sentait, mais sa propre place dans le cours des évènements lui était encore illisible. Elle s’apprêtait à fourrager les côtes du vieil homme d’un grand coup de pied mais, au même moment, Finn eut un geste similaire avec Barbaque. Elle ne pu s’empêcher de reluquer l’éclaireur, une envie de le lire l’assaillit subitement. Finn fit finalement le tour du campement et Zem trottina en direction des fourrés où elle avait entraperçu le chien quelques minutes plus tôt. La bête avait disparu mais son sourire s’était attardé dans l’esprit de la fillette. Quelqu’un se jouait d’elle, d’eux.
Zem rejoignit Finn sur la plage. « Il faut retrouver Liv si tu veux retrouver ta couronne. » Elle prit la main de Finn, sans ambages, et entraina l’éclaireur à travers les buissons qui bordaient la plage. Nul doute que l’Avatar devait se trouver en ville.
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| | | Finnegan Sidhe
Humain
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| Sujet: Re: Dérobe-moi [Finn] Lun 26 Sep 2016 - 0:31 | |
| Barbaque n’était pas le lieutenant… Et une partie du problème venait de là. Il ne la laisserait pas rentrer d’exil. Son intérêt n’était pas là et il ferait valoir ceux de la compagnie.
Finn retira sa main sans même se dissimuler.
- Non. Ne fais pas ça… Ça m’appartient.
L’éclaireur regarda autour de lui, redressa la tête dans la brise, et entraina la gamine dans les buissons. Il s’accroupit et dessina dans le sable.
- Le vieux avec l’âne… Il nous retrouvera, n’est-ce pas? Peu importe où on sera?
Inutile de chercher à s’assurer qu’il laissera le lieutenant en plan. S’il y avait une chose que Barbaque n’était pas, c’était un pisteur. Rapidement dans le sable, Finn traça un plan.
- On ira par là… et on dissimulera nos traces, bien mais mal… Parce que ce n’est certainement pas là qu’il est allé… Et ensuite on ira en ville… Et cette fois on fera bien les choses… Mais rapidement… Parce qu’il n’est pas idiot et il a le chic pour me retrouver. Tu comprends?
Murmure attendit son assentiment et de la main l’éclaireur effaça le plan. Juste avant de se mettre en route, Murmure hésita, indécis, et son regard tomba sur la gamine. Oui, c’était la bonne décision. Elle la poussa en avant. |
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