A défaut du pardon, laisse venir l'oubli. | Sickert

La jolie serveuse du Hibou Bleu emporta la bouteille d’eau de vie vide de la table de Rhys après lui en avoir apporté une autre. Elle était grande, élancée, et ses cheveux d’ébène encadraient un visage rond aux yeux noisette. Rhys la regarda s’éloigner, avant de reporter son attention sur ce qui comptait vraiment : la liqueur dans son godet. Il l’aurait bien mélangée à de l’ale, mais celle du Hibou Bleu était immonde, même si le but n’était pas vraiment d’avoir une boisson plus agréable à descendre. L'eau de vie n'était guère meilleure, mais au moins elle ferait effet bien plus vite. Assis à une table au coin de la salle, il la porte d’entrée et l’entièreté de la salle en vue. L’endroit était presque vide, quelques bourrus silencieux çà et là, un vieillard au comptoir, et lui. Tant mieux, le bruit n’aidait pas le mal de tête.

Il s’était réveillé en fin d’après-midi dans un bordel de la périphérie de Langehack, sans la moindre idée de comment il était arrivé là, et avec la gueule de bois du Cycle. Ses souvenirs de la veille s’arrêtaient au moment où il avait décidé de quitter les funérailles d’Oschide, de colère et de tristesse, mais surtout parce qu’il ne voulait pas qu’Orianne le voie ainsi. Il aurait pourtant tant aimé serrer sa petite sœur dans ses bras, lui dire qu’elle était plus belle encore que lorsqu’il était parti et la taquiner parce qu’il n’était pas encore oncle… Leur père, cependant, l’aurait probablement fait arrêter sur le champ. Rhys pouvait comprendre : après tout, il avait tenté de le tuer… Il n’aurait, malgré tout, pas voulu causer de tumulte au dernier hommage d’Oschide. Oh, lui pouvait bien pourrir dans l’au-delà, mais sa famille méritait mieux que cela. Et puis, il pouvait se débrouiller pour voir sa sœur un instant avant qu’elle ne reparte pour Blanval. Eylin saurait la retrouver.

Il avait décidé qu’il ne pouvait pas décemment se présenter chez Castielle dans cet état et que, de toute façon, le meilleur remède contre une gueule de bois, c’était plus d’alcool. Il aurait voulu quelque chose de plus… intense, mais il n’avait aucune idée de comment se procurer la moindre substance à Langehack. Il se doutait bien qu’il devait y avoir des cercles ou cela était possible, mais ce n’était pas vraiment le genre de questions que l’on posait. Alors de l’eau de vie ferait l’affaire. Et plus tard dans la nuit, il irait se trouver de la compagnie peu chère. Il n’avait jamais su gérer le deuil autrement qu’en célébrant la vie à sa manière, par la baise, la drogue et la vinasse.

Il se demanda ce qu’Oschide penserait de tout cela, puis se rappela que c’était à cause de lui et de sa lâcheté qu’il était là, et le chassa de son esprit en le maudissant. Jamais il n’aurait cru son ami capable de lui faire un tel coup. Mettre fin à sa vie, alors qu’ils avaient tant de projets encore inachevés. Alors qu’il avait une famille. Tout abandonner ainsi, prendre la voie de la facilité… Et entraîner le reste de la famille avec lui dans sa chute. Rhys se tenait éloigné de la politique péninsulaire, mais il avait été difficile, même en Estrevent, d’ignorer l’ascension d’Arichis d’Anoszia, et sa déchéance. Quelle détestable décision Oschide avait-il prise. Quel immonde connard.

Rhys tiqua en se rendant compte qu’il n’avait pas réussi à chasser l’homme de ses pensées. Probablement parce qu’il n’était pas encore assez ivre. Ouais, c'était sans doute ça. Il vida son godet, puis une deuxième fois, d’un trait. Il pourrait boire directement à la bouteille, mais il n’était pas encore assez saoûl pour cela non plus. Et puis les présents dans la taverne le regarderaient surement de travers s’il le faisait. Pas que cela lui importe, il allait quitter l’endroit sous peu quoi qu’il arrive.

Oh puis merde.

Il s’envoya le reste de la bouteille par le goulot.

Trouver Rhys n'est pas une mince affaire. D'abord parce qu'il peut être n'importe où, mais surtout parce que Sick n’est surtout pas à jeun. Pourquoi le serait il ? Pour retrouver un homme ivre, mieux vaut être ivre également non ? En même temps, si le mercenaire indépendant est pas mal ivre, il ne sait pas si Rhys s’est posé quelque part pour dormir, ou cuver, où s'il compte remettre ça toute la nuit. Pour l'ancien pirate, c'est facile, ce sera toute la nuit et peut-être même les prochaines nuit et même le jour. Il a cinq jours de voyages, non ? Il aura bien le temps de se remettre en état avant d'atteindre Diantra. Et si la veille il avait certes quelque chose à engourdir, à savoir son petit coeur malmené, ce soir il voulait carrément le noyer. Avec de la chance, l'alcool fort allait en plus le désinfecter. Mais il n'a jamais craint cru à la chance, excepté celle qu'on prend quand on sait très bien que c'est une connerie. Comme ce soir.


Il aurait dû sagement rester chez Castielle et ne sortir que lorsqu'il s'était certain que Rhys ne rentrerait pas. Juste pour le ramener, à moitié… Non, Rhys ne faisait pas les choses à moitié… complètement saoul. Il ne fait pas encore noir lorsqu’il se dit qu'il n'a absolument aucune idée où il pourrait être. Enfin, non, il peut être partout, ce qui ne l'aide pas. Mais tout de même, il ne doit pas être allé bien loin entre ce matin très tôt et maintenant. Quelques heures à peine… il débute ses recherches là où il l'a vu pour la dernière fois. Il s'attendait à le chercher des heures, mais la chance semble être avec lui. Ou alors Rhys n'a pas fait beaucoup de chemin seul depuis la dernière fois où il l'a vu.


Le Hibou Bleu. Il y ont passé quelque heures… enfin, difficile de parler d’heures ou pas… quelques bouteilles serait plus juste… serait-il déjà de retour ? En début de soirée ? C’est une chance à prendre et de toute manière, il a l’impression de recommencer à penser clairement et comme ses pensées sont pas très intéressantes, il préfère les noyer, elles aussi. Il entre snas vraiment faire trop attention et avant même de se diriger vers la serveuse ou même se choisir une table, il voit Rhys dans un coin. Quel heureux hasard ! Ah non, c’est vrai, il le cherchait. Il l’a trouvé. Sa quête actuelle est achevée. Reste plus qu’à noyer le poisson. De toute évidence, Rhys est de merveilleuse humeur, il boit directement au goulot. Quelle soif ! Il le comprend. En fait, il boit au godet que depuis qu’il est à terre. Les vieux réflexes reviennent si facilement.


Sans se soucier qu’il soit invité ou non à sa table, après tout, il s’en fiche pas mal, le mercenaire rejoint l’autre mercenaire et se laisse tomber sur un chaise, juste devant Rhys, avant de se relever et de littéralement lui chiper la bouteille sous le nez.


- C’est ton tour de payer, dit-il avant de s’expédier une grande gorgée de l’alcool corrosif, avec beaucoup moins d’hésitation que Rhys à boire au goulot en public. T’as prit de l’avance, lui reproche-t-il en se laissant tomber sur sa chaise. Il remplit le godet que Rhys a délaissé et lui cède la bouteille. La prochaine est pour moi, dit-il avec un sourire qui n’a rien de sobre. Une gorgée. Alors, ou t’as passé la nuit ? Enfin, la matinée… non, la journée. Il est tard, explique-t-il.

Rhys ne remarqua Sickert qu’au moment où celui-ci se laissait tomber sur la chaise devant lui. C’est-à-dire trop tard. Pas qu’il ait la moindre idée de ce qu’il aurait fait s’il l’avait vu venir plus tôt, remarque, trop d’alcool… Mais il aurait fait quelque chose. Sans doute. À la place, il regarde son ami, compagnon d’infortune et ancien colocataire voler sa bouteille, sans réaction à part un léger sourire. Force était de reconnaître que Sickert avait un don pour le retrouver, même quand il voulait être seul. C’était déjà le cas à Thaar, et ça n’avait pas changé, même dans une ville qu’il ne connaissait pas. Enfin, Rhys supposait que Sickert ne connaissait pas Langehack… Quoi qu’il en soit, il admirait la capacité de son ami à ne pas le lâcher quand il savait qu’il avait besoin de soutien, même quand Rhys refusait de se l’admettre. Et il appréciait. Même s’il ne lui dirait jamais.

- C’est d’jà fait, lui répondit-il. Et puis t’peux parler, crapule, t’es d’jà bien entamé aussi.

Il s’envoya son godet avant de le tendre à Sickert pour qu’il le resserve avec un clin d’œil complice. Il sentait l’alcool lui monter à la tête. Ça allait taper fort, demain matin… Et il n’était pas sûr de parvenir à s’exprimer parfaitement, là tout de suite.

- Je sais pas trop. ‘Me suis réveillé dans un bordel quelque part à la préphi.. priphé.. Pérphi… Auuuuu bord d’la ville, quequ’part par là. Avant ça… Chais pas. Mais vu le… la… l’immensité d’la gueule de boy s’matin, j’pense que j’ai dû passer par ici avant. OU !, s’exclama-t-il, pointant mollement du doigt vers le plafond, comme s’il avait eu une molle épiphanie. Ou… par une aut’ taverne.

Hah, trop facile. Aucun problème d’élocution, qui ne savait pas qu’il s’était déjà envoyé une bouteille ne l’aurait jamais deviné. Vraiment, des doutes infondés. Rhys n’avait jamais eu de soucis à dissimuler son ébriété, quel qu’en soit le niveau d’intensité. C’était d’ailleurs l’une de ses fiertés.

- D’ailleurs, ça m’fait penser... ajouta-t-il, un œil mi-clos et le geste peu assuré, avant d’avaler le contenu de son godet.

Là. Le geste franc, l’expression confiante. Vraiment, c’était beaucoup trop simple. Il ne comprenait pas comment d’autres pouvaient paraître si clairement ivres, quand il suffisait de se comporter comme si on ne l’était pas.

- Pis toi ? demanda-t-il, ayant déjà oublié qu’il avait débuté une phrase à peine un instant avant et ne l’avait jamais finie. Ou c’est qu’t’as été p’r être comme ça murgé alors que… Il jette un coup d’œil à l’une des fenêtres. Le ciel commence à se peindre dans les tons orangés du coucher de soleil. Alors qu’c’est encore même pas l’soir encore ?

Car non seulement il savait parfaitement dissimuler les signes de son ébriété, mais il avait le regard, et surtout le flair, pour la repérer chez les autres. Et grands Dieux que Sickert empestait l’alcool. Un aveugle du NEZ l’aurait remarqué, imaginez.

♪ Let’s get this party started ♪

Ah, Rhys ne semble pas furieux. Contrairement à certaines fois à Thaar. Il sourit presque lorsqu’il lui vole la bouteille, ce qui en d’autre temps l’aurait contrarié. Il est soit de meilleure humeur que la veille, soit il est au-delà de tout ça. Il est peut-être seulement complètement ivre. Déjà bien entamé ? Évidemment et il compte l’être bien davantage. La nuit n’est même pas tombée. La nuit dernière, il avait suivi Rhys et en avait profité. Cette nuit serait différente.

- Wais.

Il remplit à nouveau le godet de Rhys avec plaisir. Rhys raconte ce qu’il a fait, ou du moins ce qu’il croit avoir fait durant la dernière nuit… journée et Sick se dit que de toute évidence, il a été très sage. Trop vieux pour ces conneries, peut-être ? Va savoir. Mais ouais, Rhys a probablement passé le reste de la nuit où il a cru le voir la dernière fois. Sick ricane.

- Et tu connais l’meilleur remède contre ça, dit-il en tendant la bouteille à Rhys. Lutter du mal contre le mal. Et c’tait pas une autre t’averne, c’tait d’autres tavernes. Plusieurs, précise-t-il parce qu’il en a quelques bribes encore plutôt claires, tandis qu’à d’autres moments… pas du tout.

Waip, Rhys était plus avancé que lui. Sans doute qu’il n’a pas été autrement de la nuit. Il se recule sur sa chaise, prenant appui sur le dossier et soulevant les pattes avant dans un équilibre précaire. Rhys semble avoir une idée, ou du moins une réflexion et Sickert attends la suite, mais rien ne vient, jusqu’à ce qu’il lui demande ce que lui a fait. Sickert pouffe de rire.

- J’t’ais avec toi hier. Et pis je t’ai perdu. Je suis rentré. J’ai peut-être dormi… Il se souvient vaguement s’être affalé sur le lit offert par Castielle. Il semble pensif un moment. La réserve de Castielle est impressionnante. Et de qualité, dit-il en regardant la bouteille qu’il tient avec une sorte de mépris. Mais bon, c’est pas si mal tout compte fait, semble-t-il se dire puisqu’il en boit une autre gorgée. Faudra que je pense à les lui remplacer… dit-il en se frottant la nuque. Et après, j’suis sorti. Et j’t’ai trouvé… j’t’ai cherché… dans quelques tavernes… et quelques bouteilles… sauf dans une… il semble hésiter. Dis, on s’est fait des... copains, hier ? interroge-t-il en prononçant le mot copains comme si ça n’avait rien de copains.

Rhys vida encore une fois son godet et se resservit pendant que Sickert raconte sa-- leur -- soirée. Il n’avait pas souvenir d’avoir passé la moindre minute avec son ami la veille… Remarque, il n’avait aucun souvenir de la veille, donc ce n’était pas impossible. Et puis Sickert était bien moins ivre que lui, sans compter qu’il n’avait aucune raison de mentir, donc c’était probablement vrai. Ce qui amena Rhys à constater, non sans satisfaction, que son ami n’avait fait aucune mention de son état. Seule conclusion logique : sa supercherie marchait à merveille. Sickert, le GRAND Sickert, n’y voyait que du feu.
Et toc.

- P’usieurs tavernes hm? Et on est allés là ou y’avait du mo--

Minute.

MINUTE.

Castielle avait des réserves? Comme qui dit… une cave ?! Comme qui dit… Alcool gratuit à volonté ?! Mais… Mais que faisaient-ils dehors bon sang ?! A payer trop cher de la liqueur toute pourrie, dans une taverne miteuse des bas-fonds ou seuls venaient les vieillards et les clodos, alors qu’ils pourraient profiter au calme dans un litéral petit palais du meilleur alcool de ce coté de l’Eris, et surtout, SURTOUT, pour pas un rond, chez Castielle?!

Rhys se leva d’un bond vif mais peut être un rien chancelant, les yeux fixés sur Sickert dans une expression sévère, mélange de “Et tu m’as rien dit ?!” et de “Mais qu’est-ce qu’on attend bordel?!”, persuadé qu’il avait énoncé tout ça à voix haute dans ce qui avait été une envolée lyrique passionnée, et confus par l’expression de son ami qui le dévisageait, amusé.

Et puis la réalisation le heurta. Chez Castielle. Là où Eylin était. Là où Thomas était. Là où Castielle était. Là où il serait reçu par des regards désapprobateurs et des expressions sévères. Le dernier endroit sur ce satané continent où il voulait qu’on le voie dans cet état. Le seul endroit où sa présence ferait activement du mal à Thomas et à Castielle…

Merde.

Il se rassit mollement, le coeur lourd, avec une pensée déçue pour tout ce vin de qualité, tellement près mais pourtant tellement loin…

Déception qui se désintégra comme une feuille de vieux parchemin dans un brasier à la seconde ou il vida à nouveau un godet, comme si l’alcool brûlant et râpeux qui coulait dans sa gorge emportait avec lui le goût amer du dépit. Il fixa à nouveau Sickert.

- Des “copains” ? Comme qui dit “des gens qu’on voudrait éviter d’recroiser et qui sont probab’ement la raison pour laquelle on passe la soirée dans un coin paumé de la ville” ? -- Sans offense, hein !, lança-t-il au tavernier derrière le comptoire, qui lui répondit d’un haussement d’épaules. Il dévisagea son ami, l’expression sérieuse, les yeux plissés dans le silence complice de ceux qui savent que l’autre sait de quoi ils parlent. … ‘Cune foutue idée HAH! lança-t-il en éclatant d'un rire bref. J’t’ai dit, j’me rappelle de rien d’hier soir. Mais si on est passés par des tavernes bondées, s’fort probable que, même murgé au point d’pas m’rappeler, j’aie plumé deux trois idiots aux dés. Je dis pas que j’l’ai fait, hein, ‘tention. Mais s’pas impossible. S’même, en vrai, carrément probable.

Il se servit à nouveau, puis vida à nouveau son godet d’une traite.

- En fait vu qu’tu dis qu’on a pas mal changé d’taverne p’dant la soirée, y s’peut carrément qu’ce soit la raison.

Encore un remplissage de godet, mais cette fois sans le vider, comme si son instinct, pourtant enfoui sous les couches pelotonneuses de l’ivresse, réalisait qu’il valait peut-être mieux être le plus sobre possible s’il y avait des chances qu’ils aient des ennuis.

- P’quoi tu d’mandes ?

♪ Let’s get this party started ♪

- Du monde ? Ah ouais, pas de doutes. Y a toujours plein de monde le soir, dans ce genre d’endroit…

Sauf ici semble-t-il. Enfin, il n’est pas encore tout à fait tard, mais soudainement, Rhys fait une drôle de tête.

- Quoi ? Rhys fait vraiment une drôle de tête. Sickert pouffe de rire et prend une gorgée, puis fronce les sourcils. Mais quoi ?

Rhys est bizarre. Il semble presque désemparé… mais il ne sait pas trop. En même temps, vu la quantité d’alcool qu’a pu boire Rhys et sa stature, c’est encore étonnant qu’il ait un discours cohérent. C’est de toute évidence pas du frelaté de Meca. Enfin, cohérent, tout dépend. En fait, pour le moment, il est peut-être cohérent, mais Sickert ne sait pas du tout en quoi il pourrait être cohérent. Tout comme le fait qu’il soit ici en ce moment est cohérent pour lui… mais probablement pas pour Rhys. Mais il doute que Rhys pense à la cohérence d’un autre pour le moment.

Sickert doit avouer qu’il n’a que des souvenirs flous de la veille. Rhys a joué aux dés ? Il ne se souvient plus. Peut-être. Il n’a pas eu l’oeil sur Rhys toute la nuit. Il l’a perdu de vue à quelques reprises avant de le perdre pour de bon. C’est donc possible qu’il ait gagné aux dés… dans cet état ? Hum… oui, c’est possible. C’est vrai qu’à Thaar, il gagne souvent. Mais dans cet état ? Il semble que oui. Sick hoche la tête et prend une gorgée, la laissant lui brûler la langue et la gorge. Sickert avait fait quelques déductions durant sa recherche de Rhys. Que Rhys en ait plumés quelques uns aux dés donnait une bonne raison.

- Je suppose que t’as plus rien de tes gains d’hier ? Et tu sais pas combien t’as gagner, c’est ça ? Il a un reniflement à signification indéterminée. C’parce que j’ai vu les cinq même gars dans trois tavernes ce soir. J’ai pensé que c’t’ait ma faute, mais comme ils m’ont rien fait, je crois qu’ils me suivent. Mais j’sais pas si c’pour toi ou pour moi. Il prend une autre gorgée. Il semble plutôt tranquille, pas vraiment inquiété. Tu triches aux dés ?

Pas tout le temps, mais quand il est trop saoul pour gagner ? En même temps, que Rhys triche aux dés, Sick s’en fiche pas mal. Il essaie juste de savoir à quel point ils sont dans la merde si les types se sont fait dépouiller parce que Rhys a triché. Accessoirement, il ne peut pas non plus exclure que les types le suivent lui. Mais pourquoi ? Il croit bien que c’est sa première fois à Langehack… qui pourrait le connaître ? Et qui pourrait le connaître ici ? Et surtout, qui pourrait l’avoir reconnue ? Eh merde...