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| Le réveil du marié [Jérôme] | |
| | Auteur | Message |
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Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Le réveil du marié [Jérôme] Mer 9 Nov 2016 - 14:35 | |
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Neuvième année du onzième cycle Sixième ennéade de Favriüs Le deuxième jour...
La fière cité baronniale était encore toute pimpante des célébrations de la veille ; les noces du baron Jérôme de Clairssac, ainsi que de son frère Guillaume, avec deux nobles dames de la noblesse serramiroise avaient été fêtées avec tout le faste qu'impliquait le rapprochement d'Etherna et de Serramire. Malgré la fin de l'été, le ciel était bleu ; le soleil, moins violent qu'au cours des mois précédents, brillait doucement sur les toits, alors que se dissipait la chaleur des rues. A Etherna, le monde continuait de bouger ; artisans et colporteurs s'affairaient à profiter de la cohue générée par l'événement pour faire de bonnes affaires, si bien que des charretiers encombraient les rues de marchandises ; le temple où l'on officiait la veille était à présent envahi de fidèles venus s'en remettre à la sagesse des prêtres néerites. Devant les petits hôtels particuliers et les tavernes réquisitionnées par les visiteurs de marque, les portefaix attendaient leurs maîtres en prenant des airs de matamore, s'invectivant les uns les autres, rejouant entre eux les querelles qui parfois opposaient les maisons qu'ils servaient. Parmi les grands, certains étaient déjà sur le départ ; d'autres s'attarderaient encore un peu, profitant de la présence d'un parent ou d'un ami, ou du confort de leur logis temporaire, ou de la douceur de cette journée d'automne. Ou de l'occasion d'avancer ses pions sur l'échiquier politique, ainsi qu'il en allait chaque fois qu'un événement réunissait au même endroit des hommes et des femmes de pouvoir.
Roderik, on le sait, n'était pas de ces intrigants ; aussi n'est-ce que par pure politesse que le comte d'Arétria se présenta vers midi au château, sans autre arrière-pensée que celle de saluer le baron avant de regagner ses pénates. Jérôme ayant été fort sollicité la veille, Roderik n'avait pas fait l'effort de le prendre à partie le jour-même ; il s'était d'ailleurs montré fort effacé, se contentant d'assister aux noces en spectateur discret. Cela étant, la décence impose de féliciter l'heureux marié, à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'un personnage important. Telle était la raison qui l'amenait, vêtu d'un élégant pourpoint à crevés rouge et armé de tout ce qu'il pouvait encore rassembler de bonne humeur. Espérons qu'il aura pour sa dame autant de goût que pour les batailles, songeait Roderik alors qu'il attendait à l'entrée. Il se demanda alors si le baron était déjà levé. Si la nuit de noces du baron s'était prolongée jusque dans la matinée, il se pouvait qu'il arrive au mauvais moment. Il doit encore roupiller de ses exploits d'hier soir, mais nous verrons bien.
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| | | Jérôme de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: Le réveil du marié [Jérôme] Mar 15 Nov 2016 - 7:40 | |
| Lorsque le Comte se présenta à l'entrée, il ne fut pas reçu immédiatement. Après un temps de patience, il fut accueillit par Adrien de la Rocheclaire en personne. L'intendant d'Etherna lui demanda de le suivre et il l'emmena dans un salon prévu pour recevoir ce genre d'invité. Un peu bourru alors que ce n'était pas son caractère naturel, il s'excusa pour l'attente, invoquant, avec d'autres mots, tout le bordel qu'un événement de ce genre apportait pour sa condition. En effet, le nombre de nobles logés au château était important, sans parler de tous ceux qui séjournaient en ville et qui ne manquerait pas de revenir afin de courtiser ou féliciter une nouvelle fois le Baron, son frère ou encore Maélyne ou Aline. Vu l'heure tardive ou les festivités avaient cessées, nombre de personnalités dormaient encore à cette heure mais d'autres étaient déjà réveillé et quand bien même, c'était l'effervescence au château, les serviteurs couraient dans tous les sens pour préparer le réveil de leurs maitres ou pour satisfaire leurs exigences. Le Comte put d'ailleurs se rendre compte de cela en voyant le nombre de personnes qui déambulaient dans les couloirs. On installa le Comte d'Aretria dans le salon composé modestement d'un côté, d'un canapé, de deux fauteuils, d'une petite table entre le tout et de l'autre côté, d'un bureau avec des chaises. Une cheminée ou un doux feu ronflait malgré le temps clément de la baronnie.
Adrien s'excusa, abandonnant Roderik après qu'un serviteur ait apporté de quoi se sustenter et s'abreuver. Un temps s'écoula encore avant que la porte ne s'ouvre mais contre toute attente, ce fut le frère cadet du Baron qui fit son entrée. Guillaume était plus rigide que son ainé, aussi il était parfaitement vêtu, peigné (ce qui n'était jamais le cas du Baron avec ses cheveux rebelles). Toutefois, l'on pouvait deviner qu'il était contrarié par quelque chose. En effet, la veille, le pauvre avait beaucoup bu afin de noyer l'amertume qu'il avait pensé enfuit au plus profond et il ne se souvenait même plus de ce qu'il s'était passé la nuit dernière à partir d'une certaine heure ou il avait dépassé ses limites de buveur. Jérôme arrivait sous peu mais il était déjà occupé depuis un moment par quelques affaires qui ne pouvaient, bien entendu, pas attendre ou être réglé par un autre. Guillaume était régent d'Etherna en l'absence de son frère et même si celui-ci était présent actuellement, lorsqu'il avait apprit la visite du Comte, il avait décidé de le rencontrer, les deux terres étant voisines. Le cadet des Clairssac, contrairement à Jérôme qui s'en moquait, savait parfaitement que le Comte ne faisait normalement pas parti des invités. Il l'avait clairement vu la veille aux festivités, ce qui avait soulevé sa curiosité. Ayant donc toujours mal aux cheveux, il salua avec respect son interlocuteur avant de s'assoir lourdement sur un fauteuil proche du Comte
"Bonjour votre grandeur, je sais que vous attendiez mon frère mais celui-ci est retenu pour l'instant. Il ne devrait pas tarder à arriver mais comme cela fait déjà un long moment que vous attendez, je suis venu afin de converser avec vous et faciliter l'attente"
Guillaume ne savait pas du tout l'aventure qui avait lié Maélyne, sa nouvelle épouse et le Comte, ce n'était donc pas du tout pour le défier qu'il était présent. Il était surtout curieux et encore plus aux vus des évènements récent qui entouraient le marquisat de Sainte-Berhilde
"C'est un plaisir que de vous revoir, nous nous sommes perdu de vu après Amblère. Que devenez vous, votre grandeur ?"
En effet, les deux hommes se trouvaient en Oësgard durant la guerre contre les sombres et ils avaient partagé cette aventure bien que dans des camps voisins. Déjà, depuis, Roderik était devenu Comte, ce n'était pas rien. L'ascension avait été fulgurante et étonnante, bien qu'il avait été évident qu'il était l'un des leader de l'armée durant le campagne et qu'il avait acquit le respect des troupes arétanes.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Le réveil du marié [Jérôme] Mar 15 Nov 2016 - 9:57 | |
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Avachi dans un fauteuil du salon, tapotant nerveusement l'accoudoir du bout des doigts, Roderik attendait, plongé dans un profond ennui. Il noyait son impatience dans la contemplation du feu quand une voix s'éleva ; distraitement, il leva la tête. Son regard se figea aussitôt lorsqu'il reconnut Guillaume de Clairssac, le frère cadet du baron, qui désormais assumait la gouvernance d'Etherna chaque fois que son aîné partait régenter les terres inhospitalières d'Oësgardie. Guillaume de Clairssac... L'homme avait été de tous les combats de son frère Jérôme, et Roderik l'avait rencontré à plusieurs reprises sans jamais vraiment faire attention à lui ; il faisait en quelque sorte partie des meubles, appuyant toutes les combines de son frère - ce qui menait Roderik à penser qu'il n'était pas plus politiquement habile que ne l'était le baron d'Etherna. Que le bonhomme pèse davantage sur le plan politique laissait Roderik de marbre ; cela étant, Guillaume de Clairssac ne l'indifférait plus, pour une raison toute personnelle : depuis la veille, il était l'époux de Maélyne de Lourmel. Pour le meilleur ou pour le pire...
Pendant un bref instant, Roderik se plut à imaginer sa tête au bout d'une pique. Puis il eut la vision fugace de Maélyne dans une chambre à coucher obscure, courbée, nue et gémissante sous les assauts de cet enfoiré de blondinet. Cela ne fit que renforcer chez Roderik ce désir d'étrangler le jeune marié. Tu vas voir si je vais te faciliter l'attente, moi, fumier. Il voulait mettre ses mains autour de sa gorge et serrer de toutes ses forces, jusqu'à voir ses yeux s'injecter de sang et son cou prendre une teinte violacée. Ah ! Quel sentiment terrible était la jalousie ! Il savait qu'assister à ce mariage ne lui serait pas facile, mais il n'imaginait pas à quel point. Il s'était persuadé que Maélyne serait malheureuse avec son mari, qu'elle ne l'aimerait pas, et qu'elle se raccrocherait à leurs souvenirs pour supporter son morne quotidien ; égoïstement, il avait espéré tout ça, pour flatter son orgueil. La veille, pourtant, il s'en était voulu d'espérer ces choses, il s'en était voulu de son égoïsme ; peu après la cérémonie, une servante lui avait porté un billet secret provenant de la dame, quelques mots qui laissaient entendre qu'elle ne l'avait pas oublié ; quelques mots à peine, mais qui représentaient tout ce qu'il pouvait encore espérer d'elle. Il en avait été transporté de joie sur le moment, mais la nuit avait passé, et ces quelques mots ne lui suffisaient plus ; il se demandait, maintenant, si Maélyne l'aimerait toujours lorsque les ennéades, les mois, les années défileraient ; il se demandait si elle n'était pas déjà attachée à son nouveau mari. Après tout, le cadet Clairssac était un homme avenant, il avait ce physique qui font se pâmer les jeunes filles, et aussi ce regard ténébreux qu'ont les grands personnages sur les tableaux. Roderik se demandait, maintenant, si Maélyne ne préférerait pas son mari à son ancien amant. Je le tuerai, se promit-il, sur ma vie, je le tuerai.
Le moment était mal choisi pour ça, cependant ; et si Roderik laissait libre-cours à ses instincts meurtriers dans ce salon, de bien mauvaises langues seraient capables de lui reprocher d'avoir gâché les noces.
- Fé... licitations, parvint à articuler Roderik, qui avait l'impression de s'écorcher la bouche à chaque syllabe. Je suis venu vous... féliciter. Vous ainsi que le baron.
Heureusement qu'il était censé être malade ; on mettrait son élocution approximative sur le compte de sa prétendue mauvaise santé. L'excuse était commode. Néanmoins Roderik se redressa un peu dans son siège, essayant d'adopter une posture un peu plus droite, plus sûre. Malade ou pas, il ne voulait pas se sentir inférieur au cadet Clairssac. Ta femme m'aime plus qu'elle ne t'aimera jamais, pensa-t-il, et il aurait voulu lui cracher cette vérité en pleine face.
- J'avoue m'être senti en plus grande forme, mais je ne voulais pas que mon état m'empêche d'assister à la cérémonie, dit-il en toute mauvaise foi. Je n'ai pas consacré de temps à mes voisins jusqu'à présent, mais... vous savez que ce mois dernier, à Sainte-Berthilde, a été mouvementé, dit-il, grimaçant comme à chaque fois qu'il repensait à ce début de mois de Favriüs. Enfin, ce qui compte, c'est, hum, que la... vie continue.
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| | | Jérôme de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: Le réveil du marié [Jérôme] Lun 21 Nov 2016 - 7:42 | |
| Guillaume ne savait rien de la liaison entre le Comte et sa nouvelle épouse, dans le cas contraire, nul doute que la conversation se serait passée différemment. Prions d'ailleurs pour qu'il ne l'apprenne pas, ou qu'elle ait renoncé à lui au moment de contracter leur mariage, qu'il soit arrangé ou non. Guillaume avait des idées arrêtées sur certaines choses et tout ce qui touchait la religion en faisait partie. En noble accomplit, le cadet des Clairssac nota les deux hésitations lors des félicitations d'usage. Il rangea cela dans un compartiment de son cerveau sans savoir le pourquoi
"Je vous remercie et je ne doute pas que mon frère en fera autant dès qu'il sera la"
Le temps était passé à une vitesse fulgurante et il n'y avait, en effet, eut aucune interaction depuis le mariage désastreux qui s'était déroulé, en fait qui ne s'était pas déroulé, à Sainte-Berthilde. Depuis, beaucoup de monde avait pris leur distance avec le marquisat
"C'est un honneur que vous soyez venu. J'espère que vous n'avez pas pris ombrage de ne pas avoir été officiellement invité, nous ne voulions froisser personne avec l'état politique actuelle de la péninsule et nous préférions une cérémonie plus...intime. Malheureusement, les responsabilités de Jérôme et les nombreuses amitiés de mon épouse n'ont pas rendu la tâche facile. Nous sommes heureux que vous soyez venu tout de même, surtout après tout ce que nous avons traversé en Oësgard."
Guillaume avait marqué le fait que le Comte n'était pas invité, cherchant le moindre signe sur son visage pour en apprendre plus
"Votre marquisat est très mouvementé en effet, qu'en est il..."
Il n'eut pas le temps de terminer que la porte s'ouvrit, laissant entrer Jérôme d'un pas rapide
"Roderik, comment allez vous, quelle joie de vous voir."
Les mots ne sonnaient pas faux et le large sourire du Baron marquait toujours sa joie de s'être uni à l'être aimé
"Nous allions justement parler de la situation de Sainte-Berthilde"
A peine arrivé et déjà dans le grand bain, sans avoir le temps de prendre le temps de saluer le Comte comme il se devait
"Ah, la politique, déjà, on ne me laissera pas le temps de savourer. La dernière fois que nous avons parlé ensemble, c'était dans votre château, à Wenden, vous souvenez vous de notre conversation ? nous avons fait pas mal de chemin depuis. Félicitation pour votre nomination à la tête du Comté, je ne suis pas resté suffisamment longtemps au mariage du fils de Godfroy pour le faire alors. Quel bon vent vous amène à Etherna ?"
Bien qu'étant enjoué, Jérôme n'avait pas oublié leur dernière discussion. Celle-ci ne s'était pas terminée dans les meilleures conditions entre les deux hommes. Le Baron était partit avec une idée mi figue, mi raison dans le cas ou la situation se serait envenimée entre lui et le marquis de Serramire.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Le réveil du marié [Jérôme] Lun 21 Nov 2016 - 13:01 | |
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A dire vrai, Roderik n'avait franchement pas l'intention de parler de Sainte-Berthilde ni de tout ce qui avait trait à la diplomatie avec le cadet Clairssac. Il n'était venu que pour échanger des amabilités creuses, si bien qu'en ayant fait allusion au malheureux mariage de Louis de Saint-Aimé et d'Azénor d'Anoszia il craignait d'avoir commis une bourde, cette fameuse bourde qui vous condamne à subir une conversation que vous n'aviez aucune envie de lancer.
Par bonheur, Jérôme de Clairssac arrivait juste à point nommé. Visiblement enjoué, il avait la mine de celui qui vient de passer une bonne nuit ; intérieurement Roderik s'en réjouissait pour lui, car la Dame de Montvélin avait tout l'air d'une femme respectable et ne manquait pas de charme. Il adressa un aimable sourire au baron, et se trouva flatté de ce que ce dernier se souvienne de leur dernier tête-à-tête à Wenden - quand bien même ils s'étaient régulièrement croisés ensuite pendant le siège d'Amblère, ils n'avaient jamais eu d'autre occasion de bavarder seul à seul. De là, sans doute, venait le fait que Roderik peine encore à bien cerner le personnage. Il s'était longtemps méfié de l'homme et, comme beaucoup, il s'était figuré que le sire de Clairssac était un seigneur de guerre aux grandes ambitions. C'est que le baron avait, ces dernières années, porté ses osts sur nombre de champs de bataille, tentant d'asseoir son autorité sur nombre de domaines ; eussent-elles été couronnées d'un succès diplomatique, ses menées lui auraient taillé un principat à cheval sur Etherna, Serramire, Alonna et Oësgard. Il était aisé, dès lors, de l'imaginer en despote sanguinaire, le genre de voisin que l'on préférait s'éviter. Seulement voilà, l'homme n'avait pas la figure du tyran ; aimable et courtois, il avait protesté d'une étonnante désaffection pour la guerre, avait ployé le genou devant Aymeric de Brochant et s'était apparemment réconcilié avec Gaston d'Odélian. On eut dit qu'il cherchait sciemment à faire mentir toutes les idées reçues à son sujet. Roderik ne pouvait que se réjouir de voir ses craintes dissipées ; pour autant, Jérôme continuait de l'intriguer. Intérieurement, Roderik s'agaçait de sa proximité avec les crapules de Velteroc et du Langecin, dont certains représentants avaient même été conviés au mariage la veille. A Wenden, presque un an plus tôt, il avait voulu contraindre le baron à se choisir un camp, à dénoncer les odieuses exactions commises par le comte de Velteroc et ses alliés dans les domaines royaux. Il n'y était pas parvenu ; un an plus tard, il semblait bien que Clairssac n'ait toujours pas changé d'avis. Indifférent à l'état du royaume, il refusait de prendre parti et s'affichait volontiers avec n'importe qui ; il désire tellement se faire bien voir de tout le monde qu'il finira par n'être plus l'ami de personne, pensait tristement Roderik, car il ne souhaitait pas le malheur du sire de Clairssac, encore moins en un jour comme celui-ci. Mais tôt ou tard, un roi reprendrait le trône, et reprendrait de gré ou de force les domaines royaux volés par Velteroc et Langehack ; on punirait les traîtres, et ce jour-là, ceux qui auraient trop affiché leur amitié auprès d'eux verraient leur honneur terni d'une tâche indélébile.
« Je souhaitais vous féliciter de vive voix », affirma Roderik, renouant avec une affabilité qui lui avait manqué la veille. « Puisse la bénédiction de Néera rendre votre mariage fécond, mon cher, et que la baronne d'Etherna vous donne bientôt un enfant - un enfant mâle, pour la gloire de votre maison. » Il s'était bien gardé de formuler le même souhait pour Guillaume et Maélyne ; c'est que Roderik n'en appelait pas aux dieux à la légère lorsqu'il prononçait de tels voeux, et il aurait craint qu'on ne l'exauce. « Vous accompagnera-t-elle en Oësgardie ? Composer avec les relents xénophobes d'une noblesse aussi tapageuse ne doit pas être de tout repos. »
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| | | Jérôme de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: Le réveil du marié [Jérôme] Jeu 24 Nov 2016 - 16:04 | |
| Roderik de Wenden, désormais Comte d'Aretria, un homme qui s'était hissé par sa compétence et un mariage des plus intéressant. Le chemin entre lui et Jérôme avait été long dernièrement bien qu'entrecoupé. Entre la campagne lancée contre Alonna, puis Oësgard avec feu le Comte Wenceslas, puis son retour à Aretria pour revenir mais cette fois non plus pour épauler le Baron mais au sein d'une coalition qui semblait plus suivre le Marquis. Roderik avait survécu à plusieurs Comte et cela à une rapidité qui faisait qu'il était maintenant au sommet de sa terre tout en étant encore jeune. Son charisme l'avait aidé à conserver l'intégrité des troupes arétans lors de la guerre contre les sombres suite au décès du dernier Comte. Pour sa part, Jérôme ne savait pas dans quelle catégorie classer cet homme. Leur dernière rencontre ne les avait pas lié d'amitié mais il paraissait que sur un champ de bataille, des liens se créait. Encore aurait il fallu qu'ils combattent ensemble, ce qui n'était pas le cas puisqu'ils se trouvaient aux deux opposés du champ de bataille, et vu le nombre de protagonistes, autant dire qu'ils étaient au bout du monde. Enfin, du moins, l'homme n'était pas un ennemi pour le moment et Jérôme était de très bonne humeur, on l'avait comprit. Cela faisait bien longtemps que l'enjouement habituel du Baron l'avait quitté et c'était un baume au cœur pour ceux qui le connaissaient que de le revoir dans cet état. Jérôme savait que sa nouvelle épouse avait été invité par Maélyne et il s'était demandé, lors du banquet, où elle se trouvait. Le Baron prit le Comte par les épaules, un sourire toujours pendu à ses lèvres
"Je vous remercie et je suis content que vous ayez pu venir. Puisse Néera vous entendre et nous aider à être heureux. Mais dites moi, nous n'avons pas eu la chance de voir la Comtesse, j'espère que tout va bien et qu'elle n'est pas souffrante ?"
Jérôme avait aussi le chic pour mettre les pieds dans le plat et le Roderik lui avait tendu une perche à cet instant
"A moins qu'un heureux évènement soit en route du côté d'Aretria et que la Déesse ait décidé de vous accorder la joie de la paternité ?"
Guillaume était toujours la et il était désespéré de voir son frère détourner la conversation alors qu'il avait expliqué que le cas de Sainte-Berthilde était sur le tapis. Mais pouvait il en vouloir à son ainé qui transpirait de bonheur. C'est Jérôme qui continua, confirmant les dires sur sa volubilité
"Aline m'accompagnera en effet, je la veux prêt de moi à chaque instant, du moins tant que cela est possible. Je ne compte pas la laisser dans un château loin de moi."
Il n'y avait la aucune allusion au fait que l'épouse de Roderik n'était pas présente, c'était juste que Jérôme ne se voyait pas vivre sans sa femme à ses côtés, sauf bien entendu si c'était trop dangereux pour elle ou si elle n'était pas en état de voyager avec lui.
"La noblesse d'Oësgard à été décimée en majeure partie, je ne compte plus les fiefs n'ayant plus de seigneur à leur tête, toute la famille ayant péri avec toutes les guerres qui ont ravagé le baronnie. Toutefois, celle restante n'est pas évidente à rallier, je vous l'accorde. Mais nous travaillons tous dans l'interêt d'Oësgard et nous sommes suffisamment sage pour dépasser nos petites querelles"
C'était bien évidemment un mensonge, Hasseroi faisant tout pour saper l'autorité du régent et gagner des partisans, bien que tout se fasse en sous main. Heureusement, le sud de la baronnie, ayant à sa tête des étherniens, lui était acquise, en grande partie vu le massacre qu'avait orchestré Wanceslas justement et Jérôme. L'est était un no man's land avec l'invasion drow et le nord avec Krahof appartenait à son cousin, donc tout allait bien de ce côté. C4était l'ouest qui faisait donc barrage à l'unité
"La populace se terre dans leurs maisons, apeurée par ce qu'ils ont vécu et dans l'attente de ce qu'il va survenir"
Tant qu'on le laissait cultiver ses terres tranquillement, le paysan n'était jamais trop un soucis, tant que les taxes ne l'étranglaient pas et qu'il n'y avait pas de famine, ce qui pouvait malheureusement arriver dans la baronnie cet hiver. Le banditisme était très présent, tout comme les derniers vestige de l'ost sombre, ça empêchait la population de se rebeller, la crainte pesant toujours sur eux. Et puis ils se demandaient quel serait le prochain seigneur à partir en guerre. Enfin, vu le nombre réduit de seigneurs pouvant le faire après tous les conflits qui étaient survenus, il faudrait du temps, ou une coalition très forte avant de pouvoir faire quelque chose. Guillaume profita d'un petit silence pour intervenir
"Et vous, votre grandeur, comment ça se passe à Aretria ? avec la mort de deux Comtes en si peu de temps et votre accession récente, est ce que tout va bien pour vous ? En tant que voisin, nous pouvons nous aider mutuellement si besoin"
Il n'en avait pas encore parlé mais le nettoyage d'Etherna était en cours. L'on avait relevé une recrudescence d'activité de la part des armées de Sainte-Berthilde à la frontière avec Etherna. L'on avait même relevé quelque fois, sans pouvoir apporté la preuve qu'elles avaient franchie la frontière, ce qui n'était pas du gout du régent. Cela ne concernait sans doute pas le Comte mais il faisait partie du marquisat et peut être qu'il aurait des informations, ou qu'il pourrait rapporter que l'on était pas dupe.
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| | | Roderik de Wenden
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| Sujet: Re: Le réveil du marié [Jérôme] Jeu 24 Nov 2016 - 17:18 | |
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Roderik se redressa légèrement dans son fauteuil. Le baron, en relevant l'absence de la comtesse d'Arétria, avait suscité chez lui une gêne imperceptible ; il hésita un bref instant, avant de répondre sur un ton égal :
« Oh, la comtesse se porte comme un charme, c'est plutôt... ma propre santé qui m'a joué des tours ces derniers temps. Iselda, elle... ne voulait pas que nous fassions le déplacement tant que je ne serais pas complètement remis, vous voyez, elle ne trouvait pas ça prudent. Mais bon ! En toute franchise, Jérôme, après avoir gardé le lit pendant trois ennéades, je dois dire que j'en avais plein les, hem, hum », il toussota, « plein les bottes. Bref ! Nous nous sommes querellés là-dessus, et je suis finalement parti sans elle. Une dispute toute bête, vous voyez, mais j'imagine que d'ici peu de temps, vous saurez vous aussi ce que c'est. Ah, les femmes ! »
Et il sourit, pour mieux masquer l'étendue de son gros mensonge. La vérité était toute autre : il n'arrivait pas d'Arétria, mais de Merval. Il avait quitté Arétria trois ennéades plus tôt en toute discrétion, et répandu la rumeur de sa maladie pour qu'on le pense cloué au lit ; le temps de descendre par bateau dans le sud en longeant les côtes, pour rencontrer le Chancelier dans le plus grand secret et obtenir certaines réponses. Au moins, la fatigue accumulée pendant le voyage, couplée au mal de mer, s'accordait parfaitement avec la prétendue maladie dont il était censé souffrir - et dont il devait miraculeusement guérir.
Il écouta avec intérêt le récit que lui fit le baron sur l'état de l'Oësgardie. Un sacré merdier, concluait Roderik en son for intérieur, et il souhaitait bien du courage à Jérôme pour se dépatouiller avec ça ; ce n'était certainement pas lui qui aurait souhaité s'y coller, d'autant plus qu'il était fermement décidé à ne jamais remettre les pieds dans ce pays. C'est que les comtes d'Arétria qui s'y étaient aventurés avaient tendance à y périr un peu trop vite, et Roderik ne tenait pas à mettre à l'épreuve cette malédiction maintenant qu'il en était un. Du reste, il était plutôt pessimiste quant à ce qui attendait Jérôme là-bas. Il se donne bien du mal pour un peuple qui lui crache au visage, et qui prendra les armes contre lui sitôt qu'il ne souffrira plus de la faim et de la maladie. Roderik savait ce que c'était, que d'être le suzerain d'un peuple fier et insolent ; il savait ce que c'était que de régner sur une terre où les moeurs sont violentes, où les hommes préfèrent bien souvent régler leurs conflits par le sang et le feu plutôt que d'en appeler à la justice de leur comte. Il avait au moins l'avantage d'être arétan ; Jérôme, lui, n'était pas sgardien.
Il fut tiré de ses pensées par le cadet Clairssac, qu'il essayait pourtant d'ignorer depuis que Jérôme s'était joint à eux ; l'autre jeune marié s'enquérait de la situation en Arétria. Qu'est-ce que ça peut lui foutre, l'état d'Arétria ? Je lui demande le prix du pain à Seram, moi, à ce bêllatre sans cervelle ? « Les esprits s'échauffent un peu ces temps-ci. L'effet des dernières chaleurs avant l'hiver, j'imagine. C'est courant. Au cours des prochaines ennéades, je mènerai probablement des troupes dans la malelande pour disperser les bandes armées qui y sévissent. »
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| | | Jérôme de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: Le réveil du marié [Jérôme] Ven 25 Nov 2016 - 14:31 | |
| Cela semblait étrange pour Guillaume que le Comte se soit déplacé tout seul alors que son épouse se portait à merveille, et cela même s'ils s'étaient disputés, au vu de l'importance de la cérémonie. D'autant plus que sa soeur avait été invité et qu'elle n'était pas la non plus. Il y avait anguille sous roche mais il ne savait pas quoi et comme Jérôme était dans un état second avec son mariage, lui ne voyait absolument rien. Il n'était pas temps de le reprendre alors qu'ils n'étaient pas seuls
"Vous avez été souffrant, avec tous les voyages que j'ai entrepris dernièrement, je ne suis pas au courant de tout. Enfin, si vous allez mieux, c'est le principal. Je comprends parfaitement votre besoin de bouger, l'immobilisme n'est pas quelque chose que j'apprécie, vous l'aurez remarqué et les circonstances s'y prêtaient bien."
Heureusement car vu le nombre hallucinant de lieux qu'avait parcouru le Baron depuis le printemps, s'il n'avait pas aimé voyager, cela aurait été un véritable calvaire. Jérôme posa sa main sur le bras du Comte pour lui prouver sa sincérité.
"Je pense que s'il n'y a pas de disputes dans un couple, c'est anormal, et puis il y a les réconciliations"
Jérôme fit un clin d’œil au Comte qui voulait dire ce qu'il pensait
"Mais j'espère qu'Aline et moi ne nous disputerons pas rapidement. Pour le moment, nous sommes en harmonie mais ne dit on pas que le début, dans un mariage, tout est beau ? je souhaite que nous réussissions à surmonter les difficultés qui ne manqueront pas de se mettre sur notre chemin."
Aretria ne semblait pas avoir été épargné par les brigands ou conflits d’intérêts que les nobles ne pouvaient s'empêcher d'avoir entre voisins
"Gageons que l'hiver sera notre salut et nous apportera l'aide et la tranquilité dont nous avons besoin. Du moins concernant nos adversaires. Je crains, pour la population d'Oësgard, un hiver des plus compliqué"
La baronnie avait été pillé et les champs ravagés par les guerres successives, il n'y aurait clairement pas suffisamment de nourriture pour toute la population, même si celle-ci avait fondu en nombre. Le Baron devait d'ailleurs demander l'aide du marquis, s'il pouvait leur fournir des vivres afin de surmonter ce premier hiver. Si l'année suivante était plus calme, de nouvelles récoltes pourraient alors être espérées
"Si vous le souhaitez, votre Grandeur, nous pouvons unir nos efforts et nos troupes pour lutter contre ce fléau, ce serait avec plaisir que nous vous aiderions. Je serais heureux de chevaucher à vos côtés de nouveaux"
Guillaume ne manquait pas une occasion, la frontière avait déjà été renforcé avec les territoires voisins d'Etherna, surtout aux vus des derniers évènements qui avaient marqué Sainte-Berthilde, ce qui faisait qu'e la baronnie semblait bien calme par rapport à la fin de la guerre. Judith avait demandé de nettoyer les chemins afin de faire de vrais routes et court-circuiter le sud pour la route vers la nanie. C'était chose faite, du moins en apparence, il restait encore des brigands dans les arrières du pays. Si le Comte permettait aux troupes d'Etherna de venir l'appuyer, cela permettrait de recueillir également de précieuses informations, que ce soit de viu ou en cotoyant les soldats arétans. Toutefois, Guillaume se doutait bien que sa demande serait rejetée. Eux même avaient refusé l'aide de Sainte6berthilde lorsque Judith l'avait proposé.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Le réveil du marié [Jérôme] Ven 25 Nov 2016 - 16:09 | |
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« Certainement pas », répliqua Roderik plus durement qu'il ne l'aurait fallu ; les mots étaient sortis d'eux-mêmes avec la soudaineté d'un coup de tonnerre. Si la proposition du seigneur de Seram n'était rien de plus qu'un gage de bonne volonté et de courtoisie, elle n'était pas pour plaire au comte d'Arétria, qui n'avait aucune envie de voir celui-là s'accrocher à ses basques. Mais oui, bien sûr, allons courir ensemble dans la lande comme deux amis d'enfance, et amenez donc votre femme tant que vous y êtes, qu'on la chevauche à tour de rôle ! Il n'avait aucune envie de voir des ethernans venir fureter dans les affaires de son comté, et certainement pas celui-là. Il s'efforça de se dérider un peu, car son agressivité soudaine ne manquerait pas d'étonner les deux hommes. « Pardonnez ma brusquerie. La fatigue. » Elle a bon dos, la fatigue. « N'ayez crainte, je sais ramener l'ordre sur mes terres. Il y a peu de temps que je suis comte, mais je connais la malelande : les bandits y sont comme le gel des premiers jours d'hiver : on les chasse chaque année, mais la belle saison ne dure jamais, car ils finissent toujours par revenir. Ainsi vont les choses. » Comment pourrait-il en être autrement, d'ailleurs ? Le crime n'était pas une chose que l'on pouvait juguler ; les esprits étaient bien trop vifs, et la violence facile. Ce n'étaient pas les occasions qui manquaient pour jeter les démunis sur la voie du brigandage ; il suffisait d'une mauvaise récolte ou de n'importe quelle calamité pour vous livrer à vous-même, et la vie dans les communautés ouvrait la voie à toutes les turpitudes ; que vous vous vengiez de quelque mauvais voisin, que vous commettiez un vol pour nourrir vos enfants et s'abattait sur vous la proscription. Mais les proscrits n'étaient pas seulement les miséreux ; c'étaient aussi des reîtres endurcis par les épreuves du sang, ayant servi quelque seigneur dans ses faides et ses guerres privées. Lorsque l'on a mené une vie d'errance et tenu l'épée pendant un an, ce n'est pas pour la ranger et prendre une faux ; on a goûté la liqueur de l'infamie, on veut la boire jusqu'à la lie. Et puis, la malelande était immense, et les villages isolés ne manquaient pas ; rares étaient les communautés privilégiées vivant sous l'ombre protectrice d'un rempart digne de ce nom. Voilà pourquoi l'essentiel du peuple arétan s'était établi dans le nord du pays, plus à même de leur assurer un semblant de sécurité. Les autres, eh bien... excepté dans les fiefs frontaliers, tels Wenden à l'est ou Sternburg au sud, ceux-là devaient attendre que le comte se décide, une fois l'an, à venir chasser les maraudeurs. Quand le comte n'avait rien d'autre à faire. « Enfin, cela me donne l'occasion de faire un tour de mes domaines, et d'y tenir mon tribunal itinérant. Nombre de mes gens n'ont encore jamais vu leur nouveau suzerain. »
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| | | Jérôme de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: Le réveil du marié [Jérôme] Lun 28 Nov 2016 - 14:59 | |
| Comme Guillaume le pensait, le Comte s'empressa de rejeter la proposition. Il était évident que personne n'aimait qu'on vienne voir ce qu'il se passe chez soit sauf à être de véritables amis, ce qui n'était pas le cas à cet instant présent. Jérôme remarqua également cette froideur dur qu'exprima Roderik, ce qui l'étonna, mais il n'en montra rien
"La fatigue, oui je comprends. Guillaume a un talent pour débusquer la vermine, je ne doute pas qu'il aurait été utile, tout comme regrouper nos forces mais je comprends"
Tout le monde avait compris que c'était un refus catégorique mais il fallait arrondir les angles suite à cette "saute d'humeur"
"Je ne doute pas un instant de votre maitrise sur votre Comté, vous le connaissez depuis fort longtemps et vous avez mené les troupes arétanes de main de maitre à Amblère. Les brigands sont comme une sangsue dont on arrive pas à se débarrasser. C'est un véritable fléau qui se renouvelle tout le temps, nous ne pouvons qu'essayer de les pourchasser et éradiquer assez rapidement pour éviter qu'ils ne fassent trop de dégâts ou que leur groupe ne grandisse pour s'attaquer à plus forte prise"
Jérôme avait débuté la chasse à Etherna avec Guillaume avant de le laisser libre de mener les éthernans. Puis il avait recommencé à Oësgard où la tâche est nettement plus compliquée, d'autant qu'il essaie de ramener dans le droit chemin la majorité des déserteurs ou bandes de grand chemin afin de grossir l'armée rapidement et en évitant de perdre celle existante en les chassant. Son charisme de guerrier et stratège accomplit et invaincu aidait dans une commune mesure, Oësgard reconnaissant le loi du plus fort. Ces derniers temps, ils n'avaient d'ailleurs connu que cela
"Il est en effet temps que vos gens sachent à quoi ressemble leur nouveau Comte"
C'était relatif, ceux qui avaient la chance de pouvoir se rendre sur le trajet le verrait mais bon nombre de personne de la peuplade ne le verrait sans doute jamais, habitant dans des lieux trop reculés
"Si vous souhaitez rester un peu à Etherna afin de vous reposer, n'hésitez pas et si vous le souhaitez, nous pouvons trouver un appartement au château. Si j'avais su que vous alliez venir, cela aurait été prévu dès le début"
Une façon pour Guillaume de garder l'oeil sur le Comte, sans savoir qu'il invitait le loup dans la bergerie vis à vis de sa nouvelle épouse. Il se doutait aussi que cette offre serait refusé comme la précédente mais cela permettait de faire montre de bonnes intentions. Le cadet aurait bien aimé parler politique mais il semblait que Roderik évite ce sujet comme la peste, au grand étonnement du régent, sauf si bien sur il y avait une gène ou un problème particulier. Cela le mettait sur ses gardes, il sentait qu'il y avait quelque chose qui clochait, et pour commencer sa présence sans son épouse, ni sa soeur.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Le réveil du marié [Jérôme] Mar 6 Déc 2016 - 14:21 | |
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Roderik considéra un moment la proposition, presque tenté d'accepter ; non seulement parce qu'il aurait aimé prendre un peu de repos, mais aussi et surtout parce qu'il aurait pu imposer sa présence à Maélyne. Il se voyait déjà hanter les couloirs du château, dîner à la table du baron et de son frère en échangeant avec Maélyne des regards chargés de sous-entendus ; et il se représenta la gêne de la lourmelloise chaque fois que ses beaux yeux bleu pâle rencontreraient les siens. Il s'imagina l'entraîner par une porte dérobée, pour lui avouer combien elle continuait à hanter ses pensées jour et nuit ; là, elle se serait à nouveau donnée à lui dans l'intimité d'une chambre du château, faisant fi du risque qu'on les surprenne. Ensemble, ils auraient vécu un dernier moment d'amour, avant qu'elle ne s'en aille à Seram pour y vivre sa nouvelle vie... Mais au bout du compte, elle lui échapperait une fois de plus. La fin ne pouvait être heureuse.
Il se ressaisit, et chassa ses illusions car il savait que rien n'en sortirait de bon. Il avait prévu de regagner Arétria sans tarder et il s'y tiendrait ; il avait des choses à faire, des choses qui ne pouvaient attendre, et devant-lesquelles ses mièvreries galantes devraient nécessairement s'effacer. Il s'éclarcit bruyamment la gorge, comme pour faire oublier son embarras et le moment de silence qui avait suivi la proposition ; puis, avec un air d'excuse, lança :
« Je ne puis rester, mais je vous remercie de l'avoir proposé. N'ayez crainte, c'est moi qui vous ai pris de court : j'aurais dû annoncer ma visite. Vous, hem... ne manquerez pas de saluer vos... épouses. » Puis, le regard oscillant entre l'aîné et le cadet Clairssac, il ajouta, un peu hésitant : « Il va de soi que vous êtes l'un comme l'autre les bienvenus sur mes domaines, aussi souvent que vous le souhaiterez. Ma... douce et tendre Iselda sera probablement ravie de rencontrer Maél... hem, Dame Aline et Dame Maélyne. » Surtout Dame Maélyne, pour ma part. « Il ne me reste qu'à vous souhaiter bonne chance, Jérôme. L'Oësgardie est un défi, mais vous saurez rendre son éclat à ce pays de sauvages. Permettez que je ne vous embrasse pas ; je ne voudrais pas vous refiler mes miasmes. »
D'un signe de tête amical, il salua le baron et son frère, et fit mine de s'en aller.
Puis, avec l'air de celui qui vient de se rappeler d'un truc qu'il avait oublié, s'écria : « Tenez, avant que j'oublie. Hunoald ! Hunoaaaald ! » Le pas d'une paire de bottes résonna un moment dans le couloir, et un marmot haut comme trois pommes apparut à la porte du salon. Roderik lui fit signe d'entrer, sans penser à consulter ses hôtes. Le gosse approcha ; de près, il apparut quelque peu plus âgé, mais c'est d'une voix fluette qu'il demanda : « Mon seigneur ? - Chante-la donc encore une fois, gamin. - Ici, mon seigneur ? Vous êtes sûr ? - Ici ou ailleurs, qu'est-ce que ça change. Chante, je t'ai dit. »
Le môme ne discuta pas et obéit. Et les murs du salon résonnèrent bientôt d'un bien curieux chant :
Entendez-vous l'histoire de Goar le Hutin Dans les bas-fonds d'Amblère il nâquit ce vaurien Contemplant les marches du nord de ses yeux bovins Sa folie érigea rêve d'un royaume sgardien. Ainsi vint Goar le Fol et de bon matin Jetant ses ennemis en pâture à ses chiens Par l'épée pourfendit le Terrible d'une seule main Et imposa son pouvoir par tous les moyens. Mais courte victoire n'épargna son destin Et dans l'Aduram devait périr Roy de Rien.
« Sus à l'ennemi ! » rugit le Lion à pleine gueule Au son du tambour, ignorant qu'il cousait son linceul Mais ses tripes au pays des ténèbres ne tinrent Quand de toutes parts les sombres survinrent
« Sus à l'ennemi ! » disait le Lion, « me battrai oeil pour oeil » Avant de tailler dans la pierre son propre cercueil Oh ! Froid comme la mort et bleu comme sa peur Il endura enfin son dernier malheur Quand la gorge percée d'un cimeterre, il l'entrevit Cet ennemi qui dans son fondement s'introduisit
« Sus à l'ennemi ! » disait le Lion, « combattrons du matin à la brune » Mais les siens décimés dans la terre prennent racine « Sus à l'ennemi ! » disait le Lion, « et plutôt deux fois qu'une » Ne croyant si bien dire, car de sa chair l'ennemi fit rapine
Mais comme il nourrit les vers le Roy à Vil-Trogne Et qu'à l'ombre du trône le lionceau son oncle déplore Les sombres jusqu'à Amblère portèrent son odeur de charogne Et le sang coula encore et encore.
Sa chanson terminée, le gosse croisa les bras et attendit sagement. Roderik, se tournant vers Jérôme, lança :
« Je l'ai entendue lors du tournoi de Serramire. D'après le petit, c'est un chant populaire dans les régions qui étaient hostiles aux Falkenberg. Il en existe de nombreuses variantes, et tout le monde n'est pas d'accord sur le titre : pour certains, elle s'intitule « La mort du Lion », quand d'autres l'appellent carrément « le Roy des Cons ». Amusante, n'est-ce pas, la façon dont les bardes nous dépeignent ; la différence entre le héros et le tyran raté est, parfois... bien peu de choses. » Puis, avec un sourire énigmatique, il ajouta : « j'ignore ce que les trouvères diront du nouveau maître d'Oësgard dans dix ou vingt ans, Jérôme : mais ne sous-estimez pas la tâche qui vous attend, ou vous pourriez à votre tour faire l'objet d'une mauvaise chanson. »
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| | | Jérôme de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: Le réveil du marié [Jérôme] Mer 7 Déc 2016 - 14:54 | |
| Etait ce une menace ou un conseil, Jérôme n'aurait su le dire mais il avait bien écouté le chant de l'enfant. Si Roderik s'informait un peu, ce dont il ne doutait pas, il saurait que des chants circulaient déjà sur le Baron d'Etherna et qu'elles étaient, pour la plupart, élogieuse. Jérôme avait payé lui même, conscient de l'impact des troubadours sur la populace, afin que les bardes relatent ses exploits guerriers. Ce n'était pas le de la vanité comme cela aurait pu paraitre, c'était juste de la lucidité et, disons le, de la propagande. Il espérait ainsi amadouer un peu ce peuple si farouche et le faire accepter comme régent. Et quoi de plus qu'un parcours victorieux sur plusieurs campagnes militaires lorsque l'on parle à un peuple guerrier. Les histoires d'élu divin ou d’invincibilité n'étaient pas venue seules, même si certaines ne venaient pas de sa demande. Après tout, les faits étaient la et l'imagination n'a pas toujours besoin d'être stimulé pour forger des sagas
"Je pends bonne note de votre invitation, je ne doute pas que nos épouses seront ravis de rencontrer la votre ou encore votre sœur. Il nous reste malheureusement beaucoup de choses à faire avant de trouver le temps, je ne doute pas un instant que vous comprenez"
Jérôme avait apprécié Aretria même si la terre n'était pas des plus amicale. Toutefois, bien que ne remettant aucunement en doute l'honneur du Comte, il n'avait pas l'intention de voyager vers les terres du marquisat de Sainte-Berthilde sans une bonne raison aux vus des derniers événements. L'excuse de tout ce qu'il y avait à faire tombait à pic
"Les bardes ont l'oreille du peuple, il n'est jamais bon de faire l'objet de leurs quolibets. Je vous rassure que je ne sous-estime pas du tout le défi que l'oësgardie représente. Je ferais mon possible pour être à la hauteur de la tâche même si celle-ci s'avère immense. J'ai espoir que leurs multiples querelles fratricides et la dernière invasion sombre aient calmé leurs ardeurs"
Jérôme était également en train de repeuplé le pays, surtout l'est et le sud, avec des fermiers venus d'Etherna. Des gens qui avaient perdu leurs terres et qui ne verraient pas d'objection à être gouvernés par Jérôme en attendant la majorité du baron. De même que des gens qui n'étaient pas aussi belliqueux que les Oêsgardiens. Vu la pénurie de main d'oeuvre avec le nombre ahurissant de morts, il y avait bon nombre de fermes désertées. |
| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Le réveil du marié [Jérôme] Jeu 8 Déc 2016 - 8:24 | |
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Jérôme l'avait-il pris pour une menace ? Si oui, il ne le montra guère ; il n'avait de toute façon rien à craindre de Roderik, qui ne lorgnait ni sur Etherna, ni sur l'Oësgardie, et dont les projets immédiats étaient ailleurs. Le comte voulait seulement s'assurer que son cher voisin mesure bien la difficulté de sa tâche, et celui-ci lui assura qu'il en était ainsi. Il hésita un bref instant à lui conseiller de ne pas trop se reposer sur ses lauriers, car l'état de grâce dont il profitait depuis les départs des sombres ne durerait pas, et que tout peuple a besoin d'un ennemi : si Jérôme n'orientait pas leurs regards vers un nouvel antagoniste qu'ils puissent haïr, ses gens pourraient tôt ou tard retourner leur colère contre lui. Pour garder la main sur son peuple, un chef a besoin d'un bouc-émissaire ; il en avait toujours été ainsi. Cela, Roderik hésita à le dire à Jérôme, mais il n'en fit rien ; il n'en fit rien, car il avait suffisamment abusé de la courtoisie de son hôte, et que le baron n'apprécierait sans doute pas qu'un homme qui était tout récemment encore un simple vavasseur se permette de lui dicter sa conduite.
« Dans ce cas, il ne me reste plus qu'à vous renouveler, une nouvelle fois, tous mes voeux de bonheur et de réussite. Baron Jérôme. Messire Guillaume. Mes respects. »
Sur ces mots Roderik prit congé de ses hôtes, le barde sur ses talons, et s'en alla regagner l'auberge du Cul qui Brille où l'attendaient ses hommes et d'où il lèverait le camp dans l'heure. Une légère brise l'accueillit au-dehors ; le vent éclipsait doucement les dernières chaleurs de l'automne, et de petits nuages pâles se formaient autour d'un soleil encore vivace. Les temps changeaient, et bien des choses allaient encore changer au cours des prochaines ennéades. Roderik se demanda s'il remettrait un jour les pieds à Etherna ; il se demanda s'il reverrait Maélyne. Il sentit comme une boule de douleur remonter dans sa gorge, mais refusa de laisser éclater son chagrin ; son visage se ferma, et son regard se durcit ; il avait cette expression qu'avait autrefois son père Ganelon, les rares fois où Roderik et Aliénor, enfants, s'étaient aventurés à le questionner sur leur mère. Il serait imperméable à l'émotion, car les hommes comme lui n'avaient pas le temps pour cela, et qu'un vieux proverbe malelandois affirmait qu' « un arétan qui pleure est une arétane. »
Il avait hâte de retrouver ses domaines.
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