Vous avez été marié comme moi ; la monstruosité peut prendre bien des formes

Début de la première ennéade de favriüs 18 : XI.
Dans la campagne langecine, non loin d’Arosque.

Chiard fut bien vite quittée par un Théodoric pressé d’accomplir son serment et content de remarquer que l’épée posée contre le mur extérieur du monastère était toujours la sienne et que son oncle ne s’était, cette fois, pas trompé. En même temps il s’était lancé dans cette quête dès que les armuriers du palais lui avaient présenté sa nouvelle arme et rien qu’au fourreau il fut difficile pour Galyn de se tromper, lui qui ne s’enorgueillissait d’avoir aucune décoration si ce n’était le symbole d’Othar. Le fourreau de son neveu, quant à lui, était décoré de vents d’argent stylisés courant de la bouterolle jusqu’à la chappe autour desquels étaient apposé le cuir qui recouvrait l’armature de bois. Les vents qui s’enroulaient autour du fourreau finissaient par arriver à la garde de l’épée qui prenaient la forme et la couleur de nuages grâce à son or blanc tandis qu’au-dessus, la poignée en bois était recouverte de lanières de cuir teintes en blanc et bleu ; la pièce maîtresse était le pommeau : un dragon d’or qui reposait sur la poignée, aux ailes déployées lui donnant une forme qu’on pourrait apparenter sans mal à un calice ailé.

Pour ce qui était de la lame, il n’était malheureusement pas possible de juger de sa qualité artistique tant que son propriétaire ne dégaine mais pendant ce temps, celui-ci accrochait encore son arme à son flanc tandis qu’on apprêtait les chevaux nécessaire à leur voyage. Théodoric demanda à prier avec ses compagnons avant de s’en aller une bonne fois pour toute, et s’ils ne le désiraient pas il le ferait seul, et enfin lorsque tout le monde fut prêts leur aventure put commencer en direction d’Arosque. Discutant de tout et n’importe quoi durant le trajet toutefois le jeune homme préféra ne pas passer par Langehack et se montra discret à Brevise, préférant éviter de demander l’hospitalité à Uthar de Brevise ou ses représentants, il lui semblait que le seigneur des lieux résidait actuellement à la cour langecine, payant sans problème les frais engendrés par ses compagnons d’aventure à la place. Descendant au sud ils suivirent des chemins, traversant des villages, jusqu’à arriver en vue de la forêt dans laquelle le bailli et son cortège avaient disparus. Longeant la lisière du bois le lieu de la disparition se dévoila bientôt à eux et avec ceci, quatre hommes aux accoutrements bien différents les uns des autres.

Ses traits tirés d’inquiétude avaient dû être bien visibles puisque dès qu’elle avait remis les pieds dans l’apothicairerie, Célestin ne s’était pas gêné pour lui faire remarquer qu’elle avait une mine soudainement bien affreuse. Pas sans s’être empressé de lui préparer un breuvage chaud qui l’apaiserait. Pendant qu’elle avait siroté son thé et qu’elle lui avait fait part de sa nouvelle quête, Célestin lui avait même préparé son sac d’herbaliste pour elle, tout en tentant de lui donner plus d’assurance. Si Prêtre Lambert avait proposé son nom, c’est qu’il jugeait qu’elle était prête à retourner sur les routes malgré le doute qui l’avait soudainement secouée. Zofia avait souri et s’était senti un peu mieux; comme elle ignorait combien de temps elle partait, son herbaliste favori allait sûrement lui manquer. Après une dernière accolade avec son ami, elle s’était ensuite dirigée vers sa chambre pour se préparer pour le voyage et ensuite, vers les écuries pour harnacher sa jument.

Ayant enfilé son armure, mais se rappelant ce que Prêtre Lambert lui avait dit à propos de sa lame, elle l’avait donc attaché à sa selle, là où une couverture cachait une partie du pommeau. C’est plus discret ainsi que si elle la porte à la ceinture et parce que sa gorge s’était bien trop serrée d’angoisse à l’idée de ne pas l’avoir au moins avec elle; le traumatisme d’être sans défense est encore bien cuisant chez la prêtresse. Elle a cru que ce n’était que du passé, mais voilà que pendant sa prière à Néera en compagnie de Théodoric, ça l’avait frappé; et si ce qui s’est passé lors de son premier pèlerinage se reproduisait? Elle qui avait été si sûre d’elle lorsqu’on lui a proposé cette mission, la voilà prise d’un doute quant à ses propres capacités. Même si la situation est bien différente et qu’elle est accompagnée de deux chevaliers. Dès qu’ils avaient quitté l’île et touché la terre principale, la prêtresse avait senti Crin blanc pressé le pas, les oreilles pointées vers l’avant et visiblement contente de revenir sur les routes. Cela avait tout de suite redonné le sourire à la prêtresse et une petite dose de courage.

Pendant le court voyage jusqu’aux frontières d’Arosque, Zofia avait tenté d’en savoir un peu plus sur les deux chevaliers l’accompagnant, voulant partir sur une bonne base avec ses nouveaux compagnons de voyage. C’est qu’elle n’a pas tout à fait l’habitude de voyager avec ce genre d’individus. La plupart du temps, elle est avec ses comparses soignants et herbalistes. Passant plusieurs villages que la prêtresse connaissait déjà comme le fond de sa poche, elle n’avait pas tellement porté attention à son environnement, continuant de meubler la conversation et caressant parfois l’encolure de sa jument. C’est plutôt arrivé dans la forêt que Zofia parle moins, comprenant qu’ils arrivent bientôt sur les lieux qui les intéressent. Ils s’arrêtent devant quatre individus, que Zofia salue d’un sourire aimable. Elle se tourne ensuite vers Théodoric, attendant patiemment qu’il les annonce.

Comme convenu, Andran avait pu recouvrer son armure, son destrier, son bouclier et son heaume avant de quitter Chiard aux côtés des deux “locaux” devenus ses compagnons. Il s'agissait bien de la première fois qu'une visite aussi hasardeuse dans un lieu monastique s'achevait par une quête s'annonçant difficile, longue à tout le moins. Leur première destination se situait assez loin, alors même qu'il ne s'agissait que du début. Mais, s'il ne craignait pas d'affronter rustres, drows, prédateurs ou encore dragons, le chevalier ne cessait de s'interroger sur ses compagnons. Étaient-ils courageux ? Peureux ? Bienveillants ? Crétins ? Taciturnes ? Ou tout simplement extraordinairement doués ? Ce n'étaient pas des questions qu'il se posait, d'ordinaire, lui qui voyageait avec ses frères d'armes qu'il côtoyait depuis si longtemps. Espérait-il que tout se déroule correctement.

Ils partagèrent une prière avant le départ, même si d'autres seront sûrement nécessaires par la suite car les Dieux seuls savent ce qui les attend. Theodoric les mena vers Arosque, ville d'origine de la regrettée Haute-Prêtresse de Néera déduisit Andran, dans le Duché de Langehack. Si ce dernier connaissait les grandes villes du Sud, telles Langehack justement, Soltariel ou encore Sybrondil, il n'avait pas la moindre idée de ce à quoi ressemblaient leurs cités vassales respectives, petites ou grandes. Pour l'instant, force était de constater que l'entente entre les deux nobles et la prêtresse se fondait sur de bonnes bases. Non pas que la franche camaraderie et les tapes sur les cuisses étaient de mises (et heureusement), mais une certaine sympathie et un respect mutuel étaient notables. Les relations Nord-Sud n'avaient pas toujours été ainsi.

Le voyage fut parsemé d'environnements différents : villes, villages, forêts, plaines… Rien de bien exceptionnel, finalement, dans une contrée, certes lointaine à bien des égards, mais si proche également. Quoi de mieux qu'un bon voyage pour profiter du retour du printemps et pour découvrir de nouveaux endroits ? Encore faudrait-il que cela soit possible, car il était venu pour une raison précise. Lorsqu'ils arrivèrent tous à l'endroit dans lequel le bailli et son escorte ont disparu, Andran fronça immédiatement les sourcils, le regard scrutateur figé sur les quatre personnages déjà présents.

« Qui sont-ils ? » demanda le chevalier en chuchotant à ses compagnons, les yeux toujours rivés sur les inconnus. Ils n'allaient tout de même pas d'ores et déjà se battre, si ?

En cette année, l’hiver n’avait épargné aucune contrée, qu’elle soit nordique ou située bien plus au sud du monde connu. Et le printemps se faisant encore attendre, les vents froids en profitaient pour hurler et balayer les landes langecines, faisait ployer les arbres et grincer leurs branches, abîmant les herbes et gelant la terre.

À la lisière du bois enlaçant Arosque d’une étreinte protectrice, l’on distinguait aisément la fumée s’élever d’un petit campement composé de quatre tentes de toiles. Car si l’heure n’était pourtant pas à la dégustation du repas, deux hommes en armes s’affairaient à griller du lard au-dessus des flammes. Un troisième, portant sa main au-dessus des yeux afin de les protéger des rayons du soleil, observait les trois cavaliers approcher. Ce dernier n’avait rien de l’apparence d’un milicien, et pourtant l'épée ceinte à sa taille ainsi que l’arc dans son dos et le carquois sanglé au bas des reins, trahissaient des compétences certaines dans l'art de manier les armes.

D’un geste de la main, il intima aux nouveaux arrivants de s’arrêter. Jetant un œil aux deux miliciens, il sembla marmonner quelques mots à leur attention dans sa barbe poivre et sel, et l'un deux bougres se redressa aussitôt pour aller tirer les pans de l’une de tente.

- Messires, cavaliers en approche. Folquet s’en est allé quérir de leurs intentions. Souffla-t-il au comptable et son hôte, ce drôle appelé Titus, avant de laisser retomber le pan de toile et retourner auprès de son camarade.

Entre temps, ledit Folquet, partit à la rencontre des voyageurs. Une main sur le pommeau de son épée, le chasseur avait un air serein sur le visage. Un faciès dont les rides reflétaient l’expérience des quatre décennies passées à courir la lande.

- Messi… Commença-t-il en s’interrompant alors que son regard passait sur la femme en armure. Amis voyageurs, quel bon vent vous amène ?

Folquet continua d’approcher, son œil aguerrit attiré par la richesse des possessions des certains des cavaliers, surtout celui dont le fourreau d’arme valait plus que sa propre demeure.

- Ces routes sont dangereuses Messire. Nous autres, fit-il en désignant le campement, tentons en vain de tirer le vrai de la rumeur. Hélas, nos avancées sont maigres et le danger rôde toujours, à n'en point douter. Je vous conseille de rallier Arosque avant la tombée de la nuit, hâtez-vous bonnes gens !

Sa main droite s’était portée sur la poignée de son arme en voyant le petit groupe d’hommes sur le chemin. D’ordinaire ce n’était pas dans son habitude mais cette route était réputée peu sûre ces temps-ci et ignorant complétement la nature de la menace, mieux valait se méfier de tout. Toutefois il fallait admettre qu’ils n’avaient pas vraiment l’air de préparer une embuscade ou même pour être agressif, si c’était le cas il y avait fort à parier que l’arc se trouvât dans les mains de son possesseur, alors la main d’épée du jeune chevalier retourna attrapa les rênes de sa monture pour l’arrêter comme demandé. Puis il lança un regard au nordien, c’est que ces hommes-là avaient le sang chaud, chose nécessaire dans leurs contrés gelées et désolées, et il n’était pas question de faire couler le sang si ce n’était pas nécessaire. Il l’écouta d’une oreille attentive, les explications étaient intéressantes.

« Merci de votre conseil mon brave. » D’un coup de ses éperons Théodoric fit avancer son destrier au pas pour se rapprocher de l’archer qui ne semblait pas rechigner à user de l’épée. « Nous ne cherchons pas à aller jusqu’à Arosque mais bien, comme vous, à démêler le vrai du faux. » D’un petit coup de ses éperons dans les flancs de son destrier, le jeune homme fit avancer celui-ci au pas pour se rapprocher. « Et je gage que, comme nous, vous aurez besoin de toute l’aide disponible ainsi je vous propose de nous entraider dans cette lourde tâche qu’est celle de la recherche de la vérité. Voici Andran de Straggen… » il se retourna sur sa selle pour désigner l’intéressé dont il ne se souvenait pas s’il avait une particule ou non dans son nom avant de montrer la prêtresse avant de revenir faire face à son interlocuteur. « Et voici mère Zofia. Quant à moi, je me nomme Théodoric, qu’en est-il de vous et de vos compagnons ? »

Et en parlant desdits compagnons, le chevalier leva les yeux vers le petit campement pour mieux les regarder.

D'expérience, Andran aurait affirmé que ces hommes n'étaient pas des bandits, ni des miliciens. Ils paraissaient trop propres, plus soigneux, et surtout bien plus expérimentés et polis pour cela. Ils étaient soit mercenaires, soit soldats. Dans les deux cas, cela supposerait que le seigneur des lieux voulait que justice soit faite, car on ne s'attaque pas à ses agents impunément, et surtout lorsque l'impôt est en cause. Puis, la théorie intérieure du chevalier sembla se confirmer à l'écoute de la politesse et du vocabulaire de ces messieurs, même si les apparences pouvaient être trompeuses. Theodoric prit les devants, lui qui connaissait certainement mieux la région et les coutumes de cette région que le nordien.

« Andran Straggen, et non “de Straggen”, suffira en ce qui me concerne. » corrigea ce dernier, lorsque Theodoric fit les présentations. Il se passa bien de se montrer tatillon en exigeant le titre de “Sire” ou “Ser” car, vu son accoutrement, maigres étaient les chances qu'il ne soit pas un noble. « Cela n'en est pas moins un plaisir de rencontrer des visages amicaux en ces lieux supposés si hostiles. »

Andran avait accompagné son intervention d'une très légère révérence amicale de la tête et d'un sourire guère plus expressif. Autant espérer que ce soit une maladresse plus qu'un oubli, ou alors ce jeune homme avait d'étranges problèmes de mémoire… ou de respect, si ce n'est les deux. Pour l'heure, peu importait. Il était vain de se donner en spectacle, surtout si les quatre compagnons étaient bel et bien des bandits, ce qu'il valait mieux ne pas exclure. Il s'agissait certainement de la raison pour laquelle Theodoric les questionna. Ce n'est pas pour autant qu'il fallait en oublier ses manières.

« Depuis combien de temps enquêtez-vous sur ces lieux pour essayer de démêler le vrai du faux ? » surenchérit le chevalier sur celle du jeune Theodoric.

Zofia détaille les hommes en face d’elle. Elle ne sent effectivement pas d’aura agressive émanant des inconnus, même si la prêtresse a bien remarqué les armes et l’équipement des messieurs. Sir Straggen se penche vers eux, leur demandant qui sont-ils et Zofia hausse les épaules, aussi peu informé que lui. La prêtresse reste tout de même un peu plus à l’arrière et son sourire s’agrandit lorsque l’homme à l’arc s’arrête dans la foulée de ses mots en la remarquant. Accoutumée à ce genre de réaction lorsqu’on la voit avec l’armure, elle ne relève pas et serre les talons, faisant avancer Crin blanc pour qu’elle se poste non loin de ses compagnons. La main au pommeau, mais calme, un homme s’adresse à eux pour leur faire savoir que les routes ne sont pas sûres et leur explique qu’ils tentent vainement d’élucider ce mystère qui coure et fauche des vies sur les routes du coin. Zofia incline la tête avec politesse lorsque Sir Théodoric les présentent et son regard portent immédiatement sur le petit campement. Ils ne semblent pas beaucoup, mais vu leur équipement bien entretenu, la prêtresse ne doute pas de leur capacité à la lame ou au tir.

Après que Sir Théodoric leur ai proposé leur aide, le chevalier Straggen pose ensuite une question plutôt importante. En effet, s’ils tentent d’enquêter sur ce danger qui rôde peut-être peuvent-ils partager quelques pistes? Quant à Zofia, ce sont plutôt le type de blessures et d’attaques qui l’intéressent. Est-ce bel et bien des nécromants malgré le bras retrouvé? Ou seulement des créatures dangereuses. Habituée d’être sur les routes pour soigner, la prêtresse sait différencier plusieurs types de morsures d’une blessure causée par le tranchant d’une arme. Peut-être que ce groupe d’hommes a pu voir un des cadavres. Si cadavres il y a eu...Ils ne savent toujours pas si ce sont bel et bien des voleurs de Souffle. Elle regarde la forêt, plutôt sombre malgré le jour et se lance pour une question aussi, pesant ses mots pour ne pas demander d’emblée d’inspecter un cadavre. Ça ne fait pas tellement bonne impression :

-J’imagine que vous avez fait déjà fait un ratissage des lieux. Lors de vos recherches avez-vous trouvé quelques indices pouvant tous nous éclairer un tant soit peu sur la nature des attaques?

-Pas la moindre.

La voix s'élève de sous les tentures bien avant qu'une silhouette n'apparaisse enfin. Alors qu'il se tenait là depuis le début, il n'a pas vraiment écouté ce qu'il se disait au-dehors. L'esprit plongé dans ses réflexions, l'homme a tendance à oublier ce qui l'entoure. Cependant, une voix connue l'a tiré de ses songes. C'est elle qui le pousse maintenant à se montrer au lieu d'attendre qu'ils ne le rejoignent à l'intérieur alors qu'il a vaguement compris qu'ils sont là pour la même raison que lui.
Natael est vêtu d'une manière qui jette le doute quant à ses origines. La facture de ses vêtements laisse entendre qu'il a des moyens mais difficile de savoir s'il est effectivement noble ou simple bourgeois. Et c'est un peu le but recherché. De part son éducation, il aurait de toute façon du mal à se faire passer pour un va-nu-pieds... Cependant, il n'a jamais caché son identité au groupe avec lequel il voyage et, si la prêtresse a certainement un doute sur le nom qu'il arbore en ce jour, il le dissipe rapidement en lui adressant un sourire amical et en s'inclinant dans sa direction.

-Mère Zofia. Je suis heureux de vous revoir. Quoi que je préfèrerai presque le contexte de nos précédentes retrouvailles.

Ce n'est pas un secret : le jeune noble a détesté son anniversaire auquel elle a été conviée... parmi bien trop d'autres convives. Seule sa famille et elle étaient là pour lui ce jour-là. Les autres ont utilisé cette occasion comme un prétexte, rien de plus. Autrement, pourquoi se rendrait-on à une fête donnée en l'honneur d'un homme impopulaire et sans pouvoirs ? Mais entre cet évènement déplaisant et le mystère qui entoure la disparition d'un groupe entier -et, accessoirement, d'un paquet d'or-, il serait prêt à retourner observer les courbettes et les sourires faux de tous ceux qui lui ont souhaité un bon anniversaire sans le penser une seule seconde.
Natael se tourne ensuite vers la deuxième silhouette qu'il reconnaît dans ce groupe. Même sans lui avoir jamais parlé, il sait qui est Théodoric pour avoir fréquenté quelques fois la cour ou les nobles de Langehack et, aussi, pour avoir déjà rencontré son père. La ressemblance est d'autant plus frappante pour un vitaliste mais, cela, nul ne le sait hormis Zofia. Le jeune d'Orman s'incline respectueusement devant le fils du Marquis. Loin de lui l'idée de faire le lèche-botte, ce ne serait pas son genre, mais il y avait un minimum de convention à observer et, même s'il est franc à outrance et plutôt distant, il a reçu une éducation digne de son rang.

-Monseigneur. Je devrais être surpris de vous voir vous pencher sur cette affaire en personne mais il est vrai qu'elle est aussi intrigante qu'inquiétante.

Il pose enfin son regard sur le second chevalier avant de revenir sur le jeune homme à l'épée si coûteuse. Non pas qu'il ne lui porte pas d'intérêt mais il ne peut pas se concentrer sur mille choses à la fois. Alors il se contente d'écouter les réactions des deux protagonistes de son air un peu dur malgré la politesse dont il vient de faire preuve.

Folquet écoutait les voyageurs tout en détaillant leurs accoutrements d’un regard dont lui seul avait le secret. Ce regard qui vous déshabille le Souffle, cerne vos intentions, vos faiblesses et vos forces. Le regard d’un prédateur, maître en son milieu naturel. Cependant, un fin sourire finit par s’étirer sur son visage, bien caché derrière sa barbe fournie, mais trahit par ses rides alors plissées.
Et lorsqu’il s’apprêtait à prendre la parole, l’un de ses compagnons intervint. Le chasseur fit un pas de côté, coulant un regard à son comparse. Sans un mot, il accorda un discret signe de la main à l’intention des deux hommes de la milice. Nul besoin de s’inquiéter outre mesure.

- A la bonne heure… Des renforts. Des amis qui plus est. Lança-t-il alors que ses mires passaient de la prêtresse au mage. Mettez donc pied à terre, si le climat et la région ne sont pas accueillants, notre feu lui, l’est.

Et il se mit à marcher en direction des tentes, tandis que le comptable pointait enfin le bout de son nez à l’extérieur. L’homme n’avait rien d’un combattant, pour ainsi dire, il ne portait même pas d’arme. Sentant l’atmosphère s'apaiser, son large sourire s’accompagna d’un soupir de soulagement.

- Quant à nos pistes, j’aurais aimé pouvoir vous en donner. Même des froides. Malheureusement, nous n’avons que les racontars des gens du coin et les billevesées des soulards. J’aime autant vous dire que certaines de ces rumeurs auraient pu vous être contées par un âne… Souffla le trappeur en chassant de la main le souvenir de tout ce temps perdu, avant de désigner le comptable de la main. Benito. Désignant ensuite les trois cavaliers de l’autre main. Du renfort.

Maigres présentations, mais elles étaient faites. Il s'installa auprès du feu, qu’il alimenta de quelques brindilles, alors Benito offrait un signe de tête à la cavalerie. Et si la joie n’était pas l’émotion la plus marquée sur son visage, en son for intérieur Folquet s’en trouvait lui aussi bien heureux. Enfin des renforts, des gens d’armes, et montés !

- Vos montures seront bien utiles. Nous pourrons couvrir plus de terrain et vérifier les dires d’un plus grand nombre de personnes. Pour ma part, je comptais partir pour la bicoque de l’herboriste plus au Nord. Mais vous… Vous pourriez atteindre la ferme du vieux Mino avant la tombée de la nuit. Il désigna l’Ouest de la main. Tout droit dans cette direction, coupez à travers les plaines. Vous tomberez sur une colline avec un arbre noirci et à moitié brisé, paraîtrait qu’il a pris la foudre le mois dernier. Enfin, de là, vous apercevrez la ferme, vous pourrez pas la manquer. J’ai entendu dire que son bétail en a pris un coup récemment, et que ça n’avait rien à voir avec une attaque de loups. Qu'est-ce que vous en dites ?

Théodoric serra les dents lorsqu’Andran le reprit, il avait connu des gens se montrant plus délicats avec ce genre de choses. Laissant ses compagnons prendre la parole, il s’attendait à ce qu’on leur réponde directement et pas à ce que quelqu’un d’autre s’éloigne du camp trouvé sur le chemin pour venir leur parler. Il s’attendit encore moins à ce que quelqu’un le reconnaisse, ou du moins sembla le reconnaître, et il resta muet pendant quelques instants.

« Vous dîtes vrai... sir ? »

Sa voix était légèrement remontée comme pour poser une question mais ce n’en était que la moitié d’une. S’il avait l’impression de l’avoir déjà vu quelque part il lui était impossible de mettre un nom sur cette tête blonde qui semblait être de quelques années son aîné. Mais son regard se porta bien vite sur l’homme qui les avait accueillis lorsque ce dernier prit la parole. Au lieu de mettre pied à terre tout de suite, le jeune chevalier préféra avancer à cheval jusqu’au camp pour ensuite en descendre, la traine de son manteau frôlait la neige. Lorsque ses pieds touchèrent le sol, ou du moins le poids de son armure le firent s’enfoncer dans la neige jusqu’au sol gelé, il grimaça avant de se démener pour retourner sur le tapis de neige. S’il ne détestait pas particulièrement le froid, Théodoric avait beaucoup plus de mal à supporter la neige qui recouvrait de son manteau blanc tout ce qui était bon et le fait que le blanc soit l’une des couleurs de la Bienveillante n’était qu’un bien maigre réconfort ; les milles couleurs des maisons langecines et de la nature qui entouraient les grandes villes de la région étaient ternies ou disparaissaient complétement et il était bien plus difficile de se déplacer, sans compter que les gens avaient tendance à boire davantage pour se réchauffer. Mais là n’était pas la question alors plutôt que de vocaliser son mécontentement à propos du temps, il préféra écouter la réponse du chasseur.

« C’est souvent le cas des rumeurs. A croire que certains s’amusent à en créer pour rendre la situation plus confuse qu’elle ne l’est déjà. »

Théodoric hocha la tête pour saluer Benito après avoir flatté l’encolure de sa monture. Il l’amena plus proche du feu, l’attirant par la bride avant de la lâcher pour mettre ses mains, emmitouflées dans d’épais gants fourrées, proche dudit feu après s’être accroupis devant. Lorsque l’archer reprit la parole, Théodoric fit la moue un instant. Il s’était attendu à directement trouver quelque chose à combattre pour en ramener la tête et tenir sa parole, s’il avait su qu’ils auraient à chercher, et ce sans certitude de trouver quoi que ce soit, il n’aurait pas pris son destrier mais un coursier. Il jeta un rapide coup d’œil à l’animal qui ne semblait pas s’en faire outre mesure.

« C’est un début. » Plongeant à nouveau son regard dans les flammes, une question s’immiscer dans les pensées de Théodoric. « Dites-moi, mon brave, est-ce que le mal que nous poursuivons s’en prends d’ordinaire au bétail ou bien qu’aux hommes ? Les bêtes du vieux Mino ont peut-être été la victime d’un leomenis ou d’une arraignée géante qui se seraient éloignés de leur territoire à cause de la chose que nous poursuivons. »

Andran ne connaissait pas ce personnage qui joua son entrée d'une manière presque théâtrale mais qui connaissait visiblement ses deux compagnons, quel que soit leur lien. Il s'agissait sûrement d'une bonne nouvelle, quant à la confiance, ou au moins au crédit qu'il était possible de lui accorder. Dans tous les cas, mieux valait se réjouir d'avoir vu juste sur ces rencontres. Rare étaient ceux qui se montraient chaleureux et bienveillants si proche d'une scène de crime, effrayante qui plus est. Reste à savoir si cela était sincère ou un simple jeu pour dépouiller le groupe. Pour cette seule raison, le chevalier ne relâchait pas sa vigilance.

Si Andran s'étonna de ce commentaire sur le climat, qui était loin d'être froid ou glacial comparé à ses habitudes nordiennes, il imita Theodoric en posant pied à terre, bien qu'il resta debout, très légèrement éloigné du feu. Sa cape virevoltant au gré du vent, il écouta, les bras croisés sur sa poitrine et tenant la bride de son destrier, ce que les inconnus avaient bien à raconter… soit pas grand chose d'utiles, malheureusement. Cela devenait une bien mauvaise habitude pour tout ceux qui semblaient déjà s'être penché sur cette affaire. Des bandits n'étaient que rarement aussi doués pour cacher leurs traces d'une aussi bonne manière, et les animaux ne s'embêtaient pas de ce genre de détail. Le commentaire du jeune noble sur les rumeurs le fit plisser un œil. Et si, effectivement, quelqu'un cherchait à rendre la situation plus incompréhensible ? Croire que cela n'était pas courant était une erreur. De nombreux nobles ayant joué au Jeu pouvaient certainement en témoigner. La société humaine voulait parfois que l'on s'attache plus aux rumeurs qu'aux faits et aux réalités. Fort heureusement, cela ne semblait être le cas de personne autour de ce feu de camp.

« Ou elles se sont tout simplement faites voler ou empoisonner. » ajouta Andran à l'hypothèse de Théodoric. « Un bailli qui disparait avec l'argent qu'il collectait, un fermier dont on sabote les bêtes alors qu'elles sont destinées à nourrir villes ou villages… De quoi gêner “quelques” personnes pour commencer. »

Un vaste projet serait à l'œuvre dans ce cas, alors qu'il s'agirait de dommages collatéraux si l'hypothèse de Theodoric était la bonne. Avec le recul, l'un n'empêchait pas l'autre, mais le mal pourchassé serait alors plus grand et puissant qu'Andran n'aurait pu l'imaginer. Ce dernier pivota la tête pour plonger son regard vers le Nord, scrutant le ciel avant de se re-concentrer sur le feu et le groupe.

« Visiblement, la ferme de ce vieux Mino est notre seule piste, pour peu qu'il ne nous accueille pas à grands coups de fourche… » ou qu'il soit encore en vie pour nous témoigner de quoi que ce soit… bien qu'il réserva cette possibilité pour lui, et pour lui-seul.

Les lèvres de Zofia s’étirent dès qu’une voix qu’elle reconnaît tinte à ses oreilles. Natael! Il est vrai que le contexte actuel n’a rien de chaleureux, mais de le voir ici lui fait du bien. Pas qu’elle n’a pas confiance en les capacités de Sir Théodoric et de Sir Straggen, loin de là, mais de voir un visage qui lui est familier la rassure. Elle s’empresse de descendre de sa jument et bride en main, elle s’approche plus près de son ami, sans réelle difficulté. Se mouvoir avec son armure lui est plus facile qu’avec ses robes, qui s’alourdissent lorsqu’elles sont détrempées par la neige. Crin blanc soulève ses sabots avec hâte, sans doute attirée par la chaleur du feu crépitant et invitant. En d’autres circonstances elle aurait serré Natael dans ses bras, mais ils ne sont pas seuls et la prêtresse n’a pas spécialement envie qu’on les juge. Leur amitié fait déjà hausser quelques sourcils de questions. Elle se contente de lui prendre amicalement et brièvement la main entre les siennes, tout sourire aux lèvres :

-Le plaisir est partagé Sir. J’espère que vous avez fait un bon voyage. Votre présence est plus que bienvenue puisque nous aurons sans doute besoin de toute l’aide qu’il nous faut pour résoudre cette affaire.

L’homme à l’arc les invitent ensuite à se réchauffer autour du feu, une invitation que Zofia accepte sans rouspéter. Elle va donc rejoindre Sir Théodoric près des flammes et tends les mains vers la chaleur. Elle jette ensuite un coup d’œil à ses sacoches de voyage encore accroché à la selle de sa jument; elle sait exactement ce qui pourrait les réchauffer, mais avant qu’elle ne puisse proposer du thé, les questions et réponses fusent. La prêtresse tends donc l’oreille, étudiant les dires de tous. S’il y a bien une chose qu’elle a apprise, c’est de ne pas nécessairement écarter les rumeurs. Parfois, un grain de vérité peut s’y cacher. On leur propose ensuite de se rendre à une ferme, là où un fermier a perdu beaucoup de bétails. Sir Straggen et Sir Théodoric émettent des théories plutôt plausibles vu la situation. Elle lève ensuite les yeux à la remarque du chevalier Straggen, décidément méfiant :

-Pas si nous venons en amis.

En général, les gens se sentent rassurés lorsqu’ils voient l’insigne de la Bienveillante sur elle, mais il est vrai que pour des chevaliers, cela peut être un tout autre dénouement.

Theodoric ne semble pas se souvenir de lui et le noble ne s'en montre nullement vexé. Il lui en faut beaucoup pour être blessé, surtout face à un homme qu'il ne connaît que de nom et de visage. Cependant, il vaut mieux lui rafraîchir la mémoire afin qu'il le resitue au milieu de tous les arbres généalogiques qu'il a dû apprendre par cœur, tout comme lui.

-Natael d'Orman, Monseigneur. Troisième fils de Renard d'Orman et cousin direct de Gaël de Laval. La dernière fois que nos chemins ce sont croisés, c'était lors de l'audience que j'ai demandé à votre père pour avoir sa bénédiction en vue de mon mariage.

Il n'y a pas de fierté dans l'attitude du jeune homme en disant cela. Il ne fait que resituer son interlocuteur et rien de plus. Cependant, son regard est rapidement attiré par Zofia qui se rapproche de lui et ses iris se tintent d'un éclat différent tandis qu'un coin de ses lèvres se rehausse. Il n'est pas surprenant que leurs parents croient qu'ils ont des sentiments l'un pour l'autre. Certes, elle est la seule à ne pas être de sa famille et à connaître son secret mais cela n'explique peut-être pas entièrement cette amitié si profonde et si soudaine qui les unit.
Les doigts de Natael se referment sur ceux de la prêtresse et il porte l'une de ses mains à son visage dans un baise-main conventionnel où ses lèvres n'effleurent même pas la peau de la demoiselle. Elle n'est pas noble mais il la traite malgré tout avec égards.

-Je crois que vous m'accordez beaucoup trop de crédits. Puis il plissa les yeux, tournant légèrement la tête sur le côté pour lui adresser un regard en coin. Ou c'est que vous avez quelque chose à me demander... ?

Tout Langehack sait que Natael d'Orman est un bon à rien. Etant tout autant originaire de Chiard que lui, elle ne peut l'ignorer. Cependant, ses derniers mots ne sont qu'une plaisanterie qui n'appelle nulle réponse. Il sait très bien qu'elle aide elle espère de lui. Une aide que personne d'autre ne peut attendre et qu'il sait exercer à l'insu des non initiés en magie. Elle est donc la seule ici à pouvoir le démasquer et elle est déjà au courant...
Alors que le groupe est orienté vers le feu de camp, il retient une brève seconde son amie pour lui glisser quelques mots à voix basse.

-Quant à mon voyage, nous en parlerons plus tard si tu veux bien.

Elle n'est pas sans savoir que, peu de temps après son anniversaire, il est parti à la recherche des deux jeunes femmes auxquels il était fiancé. Cela fait déjà plus d'un mois. Et il en a des choses à raconter... Cependant, il faudrait attendre un moment plus propice à la discussion.
D'un geste, Natael invite Zofia à prendre les devants pour rejoindre le feu, avant de lui emboîter le pas. Il croise les bras en écoutant Folquet leur parler de la ferme de Mino puis les nouveaux venus s'interroger et donner leur avis.

-Malheureusement, toutes les théories sont possibles pour le moment. Nous n'avons véritablement aucune piste qui valide l'une ou l'autre des hypothèses que nous avons pu imaginer ou même de celles auxquelles nous n'avons pas encore songé. Quant à votre sécurité face aux fermiers, je crois pouvoir dire qu'elle est déjà toute assurée. Messire Thoedoric n'a qu'à décliner son identité pour apaiser toute tentative malveillante de leur part. Sans compter que ce genre de personne est en générale plutôt pieuse.

Il incline la tête en direction de Zofia. Si son titre de prêtresse ne l'a pas totalement protégée face à des brigands des rues, il n'en serait pas de même devant un fermier en colère ou apeuré. Le mal peut-il s'emparer d'une servante de la DameDieu ? Ce n'est pas ce que le culte laisse à penser en tout cas.

Folquet frappa dans ses mains après l'intervention de son comparse. Enfin ils allaient pouvoir couvrir plus de terrain et ne pas laisser refroidir leurs maigres pistes ! L’idée lui arracha difficilement un sourire, cependant bien caché sous sa barbe hirsute, aussi se permit-il une nouvelle sortie.

- Emballé, c’est pesé. Nous pourrions nous retrouver ici même dans deux jours. Le chasseur marqua une pause, son regard passant sur les montures de leurs nouveaux alliés. Mais si vous trouvez une piste, suivez-là. Je saurai vous retrouver.

Le vieux baroudeur commença à s’éloigner du campement, en direction du Nord, et ce fut sans un regard vers l’arrière qu’il lança un dernier conseil à la troupaille.

- Raisonnez simple, évitez les théories farfelues et restez prudents ! Y a pas de honte à battre en retraite en cas d'pépin !

- - -

Quant aux autres, ne leur restaient plus qu’à filer droit pour la ferme du « vieux Mino ». Suivre les indications que leur avait données Folquet se révélerait être un jeu d’enfant. Et puis… L’hiver ayant recouvert la lande de son manteau blanc, trouver un vieil arbre noirci et esseulé sur une colline ne saurait être trop difficile.

Et pourtant, bien qu’ils n’aient souffert d’aucun détour inutile, le trajet leur pris le reste de la journée. L’astre diurne déclinait et la luminosité faiblissait lorsqu’enfin la bâtisse du fermier fut atteinte. La troupe fut accueillie par un jeune garçon, trop jeune pour être le fils du « vieux » Mino, certainement un petit-fils, et il n’en fallut pas beaucoup pour qu’il s’en retrouvât impressionné par les étrangers montés sur leurs destriers. Ainsi guida-t-il la troupe au travers les pâturages enneigés jusqu’au maître des lieux, arguant que son grand-père cherchait l’une de ses vaches disparues.

- Par les cinq p’tiot ! Qu’est-ce qu’i’ m’ramène jusque dans l’champ ? Beugla un très vieil homme sortant du bosquet.

- Sont là pour le vache, papé ! Sont v’nus aider !

- Eh ! ‘tait temps ! Am’nez-vous par ici ! S’époumona-t-il en observant son petit-fils commencer à courir. Bon sang, pas toi p’tiot ! Rent’ voir mamé à la maison !

Mino s’enfonça alors dans le bosquet marquant la limite de sa propriété, à quelques mètres tout au plus. S’arrêtant au pied d’un arbre dont la neige autour se trouvait être tachée de rouge, il observait la cime.
Là-haut, dans les branchages pendaient viscères et boyaux et surtout… Empalée sur la plus haute des branches, une vache dont le corps avait été dévoré à moitié… Sa chair n’était plus que lambeaux, ses yeux ne semblaient plus être dans leurs orbites et malgré sa gueule ouverte aucune langue ne pendait.

- Dites voir, c’est qu’i’ vont pouvoir m’y expliquer ça ces gens d’armes ? C’est qu’l’a troisième qu’j’y égare dans l’ennéade, mais bien la seule qu’j’ai r’trouvée ! Pis j’ai jamais vu une chose pareille, j’vous l’dis ! Jamais !