[L'Aurys] La Cabine (Sevelian ~ Valentine)

Comme pratiquement tous les soirs, le couple s'était couché tard. Quelques ébats les avaient liés dans les draps de soie blanche, avant qu'ils ne consentent à aller s'endormir.

Et aprés quelques heures à peine, l'aube était là, dardant ses premiers rayons, qui vinrent peu à peu inonder de soleil la cabine privée des Night. Sur l'Aurys, la vie commençait déjà à s'activer. Les membres d'équipage briquaient le pont, vérifiaient les canons, le voilage... Les esclaves du bord, quant à eux, s'occupaient de la cuisine, des cabines. Toutes et tous s'affairaient, tandis que la belle Valentine s'éveillait, pour aller se lover tendrement contre son aimé, qui lui dormait toujours, imperturbable. Le visage de Sevelian était calme, impassible, et son tose nu se soulevait tranquillement au rythme de sa respiration.

L'homme profitait du sommeil avec volupté. Ses ébats avec Valentine étaient toujours sportifs, et surtout passionnés. Et puis cette histoire d'héritier le minait autant qu'elle. Pourquoi diable n'arrivaient il pas à donner un enfant à sa compagne ? En était il incapable ? Plusieurs dizaines d'années qu'ils tentaient, toujours sans succès. Et ces pensées broyaient longuement Sevelian aprés que lui et sa femme avaient fini de s'enlacer, l'empêchant de dormir. Presque chaque nuit, cela le torturait, lui rendait le sommeil difficile. Alors, lorsqu'il arrivait finalement à rejoindre Morphée et ses bras, il en profitait aussi longuement que possible.

Les mouvements pourtant légers et graciles de Valentine finirent toutefois par le tirer du sommeil. Il ouvrit lentement les yeux, comme à son habitude, et son regard d'un bleu azur profond se posa sur le plafond. Il soupira, et lorsqu'il réalisa que sa compagne était contre lui, il renforçât son étreinte sur elle, écartant quelques une des mêches couleur d'ébène de la belle, avant de déposer un baiser rapide sur les lèvres. Il la dévisagea quelques instants. Ce qu'elle était belle, vraiment... A chaque fois qu'il posait son regard sur elle, il se rapellait pourquoi il en était tombé amoureux, le premier jour.
D'une voix basse, il la salua.

- Bonjour, vous...

Un nouveau sourire, un autre baiser. Il n'ajouta rien de plus, la pressant à nouveau contre lui. Sevelian aimait profiter de ces moments d'intimité avec son épouse. Miradelphia et les conspirations l'entourant pourraient bien attendre. Aujourd'hui, comme toujours, ils devraient oeuvrer à leurs idéaux. Mais le matin, dans les draps de soie de leur nid d'amour, ils prenaient leur temps. Le Temps... A la différence de tous, ils l'avaient avec eux, et pouvaient donc en profiter.

- Tu as bien dormi ?

Comme à chaque fois, il posa une main délicate juste au dessus du bas-ventre de son aimée. Comme il aurait aimer y sentir les coups d'un enfant...

Valentine le regarda poser sa main sur son ventre et à la triste expression qui peignit ses traits magnifiques, elle devina sans peine à quoi il pensait. Un soupir de la belle lui fit écho et comme pour se faire pardonner, elle l'embrassa tendrement. Puis, s'installant de nouveau entre ses bras, elle dodelina de la tête avec un sourire éphémère :

- J'ai assurément bien dormi. Toujours lorsque je suis dans tes bras d'ailleurs...

Le regard de Valentine se voila brièvement et un nouveau soupir lui échappa.

- Toutefois, je me dois de reconnaître que certaines choses me tracassent, tout comme elles doivent te tracasser aussi. Mais nous en avons déjà tellement parlé...

La jeune femme se laissa aller contre lui, songeuse, son beau visage se contractant légèrement, ce qui lui donna un air plus sévère. Un héritier. Un descendant. Voilà quel problème épineux venait jeter une ombre maudite sur le couple, qui s'acharnait pourtant à enfanter depuis bien longtemps. Mais si le temps était leur allié à certains égards, il semblait se jouer des deux amants et ricaner face à leur échec. Mais Valentine n'était pas de celles qui abandonnent. Sa détermination et son ambition l'avaient hissée au sommet de la pyramide et elle ne comptait pas en retomber. Elle ne souffrirait pas un échec, préférant s'attarder à l'accomplissement d'une tâche pour y goûter le succès, met divin dont elle ne se lassait pas.

- Nous allons avoir beaucoup à faire aujourd'hui... murmura-t-elle en plongeant son regard brillant dans celui de Sevelian.

Ses mains glissèrent doucement contre son torse nu et elle déposa quelques baisers sur son épaule et dans son cou. Elle l'embrassa une dernière fois, goûtant inlassablement ses lèvres pleines, et s'extirpa des draps.

- Par quoi allons-nous commencer, mon cher ? Quel roi veux-tu visiter, quelle terre veux-tu fouler ?

Elle se pencha vers lui, en appui sur le lit, lui adressant un sourire.

- Le monde sera bientôt nôtre, habituons-nous à l'arpenter comme nous arpentons l'Aurys...

Oui, elle avait eu un sommeil paisible, et il fût heureux de l'apprendre. Sevelian lui rendit son bref mais franc sourire, avant qu'il ne voit s'obscurcir les traits de sa belle moitié.
Elle évoqua leur souci majeur, toutefois sans le nommer. Tant mieux. Ce sujet leur faisait mal à tout les deux, et ils se gardaient d'en parler, même si cela était parfois inévitable. Aucun sujet n'était tabou entre eux. Pas de secrets entre les amants les plus âgés qui soient. Sevelian entreprit tout de même de lui faire oublier, du moins pour un temps, le délicat problème.

- Oui, nous en avons assez parlé pour le moment. Inutile de nous meurtrir au réveil. Et qui sait ? Cette fois sera peut-être la bonne ?

Il la laissa se blottir contre lui, et son visage se ferma légèrement, pour acceuilir l'expression qu'il reservait habituellement au reste du monde. Sauf peut-être à Sö, lorsque les deux hommes partaient dans des conversations longues, certains soirs. Aborder ce sujet douloureux allait le mettre enrogne pour la journée. Dommage pour ceux qui auraient à supporter le maitre Night. Il soupira, et laissa Valentine déposer quelques doux baisers sur sa peau, avant que les lèvres pulpeuse de femme ne se posent sur les siennes.
Puis elle sortit de la couche, aprés quelques murmures. Aprés un long baiser, elle lui demanda ce qu'il voulait faire aujourd'hui.

Il ne répondit pas de suite, admirant les courbes parfaites du corps de son épouse. En lui pointait un soupçon de désir, mais il n'en montra rien. Il était rare qu'il soit actif au réveil, et elle le savait. Mais d'ici a quelques heures, les choses auraient changées du tout au tout.
Sevelian s'étira, puis répondit à la demande.

- Nous allons commencer par quelques ablutions, et un petit déjeuner. Les rois et autres souverains patienteront donc. Le soleil vient à peine de se lever, la journée va être longue. Alors point de précipitation, Valentine. Nous conquierons une fois présentable et le ventre plein.

Il lui sourit doucement, avant de lui même sortir des draps, pour passer derrière elle et passer ses bras autour de la taille de la femme sculpturale.

- Je t'offre le monde, mon aimée. Offre moi ta patience et tes caresses en retour.

L'homme déposa un long baiser appliqué sur le cou de la femme qu'il chérissait, puis se sépara de la douce étreinte à regrets. Il allât vers une armoire de chêne massif, en sortit une robe de chambre légère en soie bleue, qui rapellait le grand manteau de cuir qu'il ne quittait pas. Il se saisit d'un second vêtement similaire, et en couvrit les épaules de Valentine avec un air protecteur.

- Couvre toi, et fais venir Hyna. A toi de juger si la journée commencera par un bain, où par un repas.

Hyna, l'une des esclaves du bord, jeune demoiselle d'environ quatorze printemps, aimable au possible et particulièrement appréciée de Valentine.
Dame Night ferait donc venir sa favorite, qui s'occuperait d'une partie de la matinée de ses maitres.

Valentine couvrit d'un regard brûlant le corps de son époux lorsqu'il abandonna leur couche pour la rejoindre. Il était si magnifique qu'elle se sentit émue devant sa beauté, que ni le temps, ni le monde n'avaient jamais pu flétrir. Elle accueillit l'étreinte protectrice de Sevelian avec un soupir heureux, savourant son contact.

- Je t'offre le monde, mon aimée. Offre moi ta patience et tes caresses en retour.

Valentine eut un sourire sincère à ces paroles et se tourna pour lui faire face, ceignant sa taille de ses bras.

- Voyons, il y a bien longtemps que je t'offre mes caresses. Quant à ma patience, elle t'est acquise depuis le jour où tu as posé les yeux sur moi. Tu m'offres un monde, je t'offre ma vie.

Elle estimait que Sevelian valait bien plus que cela mais hélas, la chose qu'elle désirait le plus au monde lui offrir leur était désespérément refusé. Elle ne pouvait donc que lui offrir son coeur pour l'éternité... Et aussi sa vie, son âme et son corps... La jeune femme observa son époux lorsqu'il s'éloigna pour récupérer une robe de chambre, puis une autre qu'il déposa avec douceur sur ses épaules fines. Elle murmura un remerciement d'un sourire, laissant son regard errer sur le corps fort bien sculpté de son amant.

- Couvre toi, et fais venir Hyna. A toi de juger si la journée commencera par un bain, où par un repas

La jeune femme dodelina de la tête, passant une main lassive dans ses longs cheveux légèrement bouclés. Elle eut une moue enfantine, puis ses traits reprirent une expression plus détachée, plus sévère, lui conférant le masque de froideur qu'elle offrait généralement au monde. De sa démarche noble et gracieuse, elle s'éloigna vers la salle de bain.

- Un bain, décida-t-elle avec un sourire malicieux.

Après s'être assurée être décente, elle donna ses ordres afin que Hyna lui prépare un bain brûlant, pendant que d'autres se chargeaient de préparer un somptueux petit déjeuner, à elle et à son époux. Un repas copieux et divin, qui accueillerait le couple une fois prêt. Valentine revint dans la chambre, passa devant son compagnon, lui volant un baiser, sa main s'attardant tout à fait involontairement sur lui...

- Si tu veux aller prendre ton petit-déjeuner, n'hésite pas. Je compte me prélasser un peu dans ce bain que tu m'as fait miroiter et qui maintenant, me fait bien envie.

Sans attendre la réponse de Sevelian, la belle se glissa dans la salle de bain, où la jeune Hyna s'activait pour elle. Déjà, les baquets d'eau fumante remplissaient la pièce de volutes de vapeur et de délicieuses odeurs parfumées saturaient l'air. Les minutes s'écoulèrent lorsque Hyna s'inclina enfin devant sa maîtresse, puis quitta les lieux, laissant les deux compagnons ensemble. Valentine se délesta du vêtement donné par Sevelian, le laissant tomber à ses pieds, puis entra lentement dans la grande baignoire, s'enfonçant avec un réel plaisir dans l'eau chaude. Elle adressa un regard à son mari, se détendant contre la paroi froide.

- Mon aimé, si tu as faim, ne m'attend pas. Je te rejoindrai dans un moment.

La rose s'était glissée dans la baignoire, baignée par les volutes de vapeur dégagés par l'eau brûlante. Déja quelques délicats relents parfumés envahirent la petite pièce, attenante à la chambre où se trouvait le lit des Night.
Hyna s'était éclipsée, saluant ses maîtres d'un geste poli, et d'un sourire. Avant qu'elle ne file, Sevelian lui donna l'autorisation d'aller chiper quelques fruits dans les cuisines du navire. La petite le faisait déjà par jeu, mais au moins, si le cuisinier lui tombait dessus, elle pouvait s'assurer de la couverture offerte par son maitre. Hyna souriat donc plus largement, avant de filer. Une autre prendrait le relais si les maitres nécéssitaient quoique ce soit.

L'homme regarda sa femme se prélasser dans l'eau, telle une nymphe issue de l'ondée. Superbe tableau qui s'ouvrait à lui. Valentine, femme extrèmement séduisante en toutes circonstances était tout bonnement irrésistible par moments, et son bain était l'un de ces moments. Sevelian se délecta du spectacle, qui éveilla tout à fait ses sens.

- Je n'ai pas spécialement faim, du moins, pas de nourriture.

Il affichât un léger sourire en coin avant de se débarasser lui aussi du vêtement d'intérieur en soie qu'il avait enfilé.
Ainsi nu, il s'appuya négligemment dans l'encadrement de la porte de la salle d'eau, regardant sa femme s'éponger avec sensualité.

- Tu sais pourquoi je n'ai jamais voulu changer cette baignoire ?

Avant qu'elle ne puisse répondre, il pénétra à son tour dans l'eau, s'asseyant dans la baignoire, et l'attirant contre lui, la fit s'allonger tout contre son homme. Ainsi collés l'un à l'autre, il acheva sa phrase.

-... Parce que nous sommes obligés de nous rapprocher une fois tous deux à l'intérieur.

C'était un faux prétexte, ils le savaient tout les deux. Même dans une baignoire grande comme un lac, ils auraient prétendu être obligés de se retrouver l'un contre l'autre.
Aprés quelques minutes où ils se calinèrent, ils finirent par s'asperger d'eau, comme des enfants. Puis alors qu'il la laissait lui savonner tranquillement le torse, il bascula la tête en arrière, regardant le plafond en parlant.

- Il va être temps de s'investir plus, Valentine. Je crois que certains ont tendance à occulter notre présence, et cela commence à bien faire. Il va falloir récolter les fruits que nous avons patiemment semé ces dernières années.

Sevelian passât la main dans ses cheveux avant de continuer.

- J'ai fais mander Sö hier soir. Il nous rejoindra dès son réveil. Nous allons faire un point concret. Il est temps que Miradelphia se souvienne du nom des Night.

Valentine embrassa du regard le corps nu de son compagnon, épaulé dans l'embrasure de la porte. Elle se mordit discrètement la joue en sentant poindre un désir à peine réfréné, puis lui sourit lorsqu'il lui demanda pourquoi il n'avait pas fait changer la baignoire. Certes, elle en avait une idée... Sevelian se joignit alors à elle et, l'attirant contre lui, lui donna la réponse, venant confirmer ses propres pensées. Elle eut un rire, léger, éphémère, puis s'efforça de reprendre son sérieux. Ils profitèrent ensemble de ces instants de tranquillité, se complaisant dans ce bain brûlant, si proches l'un de l'autre. La jeune femme, avec plaisir, entreprit de savonner la chair tendre de son époux, caressant son torse en alliant douceur et fermeté, l'imprégnant des parfums fruités dont ils étaient entourés.

Quelques secondes de silence s'écoulèrent, dans la tendresse, puis Sevelian reprit la parole, d'une voix plus grave, signe de gravité et de sérieux. Il fallait en effet songer à reprendre leurs affaires en main. Valentine, attentive, l'écouta sans cesser son oeuvre, se régalant du spectacle merveilleux qu'il lui offrait dans sa nudité. Elle hocha machinalement la tête à ses dires, consciente qu'il avait raison, comme toujours. Elle leva alors ses yeux bleu-vert, accrochant son regard, plongeant dans l'azur profond de ses prunelles, accentuant la pression de ses mains contre son torse.

- Sevel... Miradelphia se souviendra davantage de nos actes que de notre nom, mais les peuples eux, n'oublieront jamais ton nom... Nous avons déjà laissé une empreinte indélébile dans l'histoire de ce monde mais je crois aussi qu'il est temps de nous rappeler au bon souvenir des rois...

Elle s'approcha lentement de lui, toujours plus près, mêlant son souffle au sien avec un soupçon de sévérité au fond du regard, cette lueur qui en effrayait certains mais que son mari connaissait si bien.

- Tu sais que je te suivrai n'importe où, n'importe quand.

Elle l'embrassa langoureusement, l'eau ruisselant encore sur leurs corps, prenant doucement son visage entre ses mains graciles. Quand elle se détacha, un sourire presque cruel s'était glissé sur ses lèvres.

- Miradelphia sera bientôt à nos pieds... La guerre qui gangrène ses terres poursuit son oeuvre et nous, nous sommes l'espoir du renouveau...

Sa bouche dansa contre la sienne un moment avant qu'elle ne daigne reculer, libérant Sevelian de son étreinte. Elle était si heureuse en sa compagnie... Quand elle le voyait, ses ambitions gagnaient en ampleur et sa volonté de vaincre l'épineux problème qui rongeait leur couple s'en trouvait découplée également.

Comme a chaque fois, elle avait parlé avec franchise et justesse. C'était aussi pour cela qu'il l'aimait si fort. Valentine avait toujours les bons mots, et savait lui exposer les choses mieux que nul autre. Aprés quelques frivolités, elle s'était écartée de lui. Sevelian la fixa, puis entreprit à son tour de laver le corps de sa femme.
Ses mains tenant le savons glissèrent donc sur les formes généreuses de son aimée, enduisant sa peau d'une légère couche propre et parfumée. Et tandis qu'il officiait, sa voix monta à nouveau dans la salle de bain.

- Miradelphia n'est pas nôtre, c'est nous qui lui appartenons. Et nous devons la débarasser des insectes barbares qui la souillent.

Son ton s'était fait dur, comme à chaque évocation des dit insectes. Pourtant, Sevelian en appréciait certains. Ce fait était rare, mais était confirmé. Il n'y avait qu'a regarder le bord de l'Aurys. Les membres de l'équipage et les esclaves y étaient bien traités, sans parler des enfants, curieusement nombreux.
Le couple les tiraient des divers orphelinats, sans distinctions de race. Les Night offraient aux jeunes Miradelphiens une éducation, un savoir vivre. Aprés tout, il sera l'avenir de ce monde qu'aimait tant le couple si particulier.

Et il n'y avait pas que les enfants. Que dire de Sö, qui avait depuis longtemps les bonnes grâces du couple ? Sevelian ne partageait pas son temps avec d'autres personnes que sa précieuse femme et son homme de confiance, preuve d'un certain attachement envers ce dernier.
L'homme lavait consencieusement le buste de sa superbe amante, appliquant de plus en plus ses caresses, une lueur intéréssée dans les yeux.

- Le petit-déjeuner attendra, je crois....

Il s'approchât d'elle, et alors qu'il allait entamer quelques douceurs préliminaires à divers ébats, trois coups retentirent à la porte de la cabine, arrêtant l'action de Sevelian, qui darda un regard furieux sur le battant de bois. Sa voix s'éleva, grondante.

- Quoi ?

- Maitre, pardonnez moi... Ce....C'est Lune...

Night soupira. Il savait que la petite demoiselle ne dérangerait pas ses maitres pour rien. Il ne répondit pas, et embrassa une nouvelle fois sa moitié avant de sortir du bain.

- Il n'y a pas que le petit-déjeuner qui devra attendre, je crois.

L'homme se saisit de son vêtement de soie bleue, et en couvrit son corps avant de refermer le paravant élégamment décoré qui cachait la salle de bain à la vue de tous. Ceci fait, il allât ouvrir à la petite fille aux cheveux clairs. Lune, l'une des "disciples" favorites de Sö. La pauvre semblait ne pas savoir où se mettre. Sevelian passât une main dans ses cheveux, comme pour la rassurer. Timidement, la demoiselle sourit au maitre du bord, avant de délivrer son message.

Sevelian laissa se dessiner un sourire en coin à l'entente de ce dernier.

- Trés bien. Fais lui savoir que je l'attends ici. Allez, file.

Il regardât Lune s'éloigner. Décidément, Sö ne changeait pas. Depuis quand le valet se faisait savoir au maitre qu'il daignait être disponible ? Ce fait amusa Sevelian. Il n'aurait toléré cela chez nul autre que son valet.
L'homme rentra dans la cabine, refermant la porte avec soin. Il s'adressât à Valentine.

- Sö nous fais savoir qu'il arrive, Princesse.

Valentine acquiesça gravement aux dires de son époux. Il avait à son tour entreprit de laver son corps, avec une douceur qui fit frémir la jeune femme. Elle se laissa aller à ses mains expertes, avec un soupir satisfait. Ce faisant, ses pensées divaguèrent, vagabondant au gré de ses réflexions. Leur projet pour Miradelphia, l'enfant qu'ils n'arrivaient pas à avoir, ceux qu'ils récupéraient à droite et à gauche et qui se retrouvaient à bord de l'Aurys, Sö - leur fidèle homme de confiance - et la journée qui se profilait. Après un long moment de détente, Valentine se retourna, juste à temps pour percevoir une lueur étrange dans le regard de son époux. Une lueur familière qui lui donna un sourire tandis qu'il annonçait que le petit-déjeuner attendrait. La jeune femme l'entoura de ses bras mais au moment où elle s'apprêtait à l'embrasser, ils furent interrompus.

Valentine soupira et relâcha son emprise sur Sevelian, s'adossant contre la paroi avec une mauvaise humeur évidente. Elle reçut le baiser de son mari et le laissa quitter la baignoire pour se porter à la rencontre de l'importun. Comme il l'avait si bien dit, il n'y aurait pas que le petit-déjeuner qui attendrait. Croisant les bras, Valentine renversa sa tête en arrière, fixant le plafond d'un air pensif. Quelques minutes s'écoulèrent avec le retour de Sevelian dans la petite pièce.

- Sö nous fais savoir qu'il arrive, Princesse.

Valentine tourna les yeux vers son compagnon, et daigna enfin quitter son bain, à regret. Elle enjamba le rebord de la baignoire et attrapa une serviette éponge pour s'essuyer. Sans pudeur, elle s'éloigna ensuite dans la chambre, nue, et farfouilla dans son armoire pour trouver quelques vêtements.

"Depuis quand Sö se fait-il ainsi annoncer ? C'est curieux de sa part mais néanmoins appréciable..."

Le ton était plus froid qu'elle ne l'aurait voulu, mais le fait d'avoir été interrompue dans ses moments d'intimité avec Sevelian l'avait irritée. De fait, son humeur serait mitigée tout au long de la journée. Avec grâce, la jeune femme s'habilla, sans rien ajouter. Elle se peigna et coiffa ses cheveux, assise devant le miroir, puis appliqua une touche de maquillage avant de revenir vers son époux, l'air sévère.

"Bien... Je suis prête à le recevoir. Doit-il venir ici ou devons-nous le rejoindre ?"

Ses yeux, sans qu'elle puisse se contrôler, parcoururent le visage de Sevelian, admirant sa beauté. Elle aimait par ailleurs le charisme qu'il dégageait, et sa force de caractère qui la fascinait depuis toujours. Qu'il lui tardait de voir un enfant lui ressembler trait pour trait. Son enfant. Leur enfant. Le digne descendant de son père...

Visiblement, madame Night était contrariée. Pour ceux qui auraient la mauvaise idée de l'insupporter durant la journée, l'acceuil serait rude, froid. Sevelian sourit à cette pensée, et la regarda s'apprêter. Elle passât quelques vêtements élégants qui fuselaient son agréable silhouette, puis s'accorda une légère touche de maquillage, à peine plus qu'il n'en fallait. Mise en valeur superbement, sans toutefois que cela soit trop. Sans compter le soin qu'elle apporta à sa coiffure pourtant rapide.

Ainsi prête, elle se préparait à recevoir sa visite telle la plus parfaite des dame du monde. Night, lui, ne s'habilla pas. Il n'aimait pas se vêtir sans avoir terminer son bain, et n'aimait pas se presser. De plus, la simple robe de chambre de soie bleue suffisait à couvrir le maitre de l'Aurys et à le rendre présentable. Et puis ce n'était que Sö, diable ! Le valet n'allait tout de même pas se formaliser de la tenue de son maitre ? Déjà que De Mestèbe les sortaient du bain à un moment plutôt interessant, il n'aurait pas vraiment intêret à faire la fine bouche.

Mais la venue de Sö était nécéssaire. Un point devait être fait sur les affaires du couple à travers les terres Miradelphiennes. Et pas que les affaires les plus... Courantes. Les intrigues qui se nouaient devaient à présent servir les intêrets de ceux qui y avaient pris part depuis l'ombre. Le couple de richissimes mécènes n'était pas stupide. Ils ne devaient pas se précipiter, et choisir le terrain avec soin. Et c'est là que le fidèle Sö interviendrait.

Sevelian commença tout de même à préparer ses habits en attendant celui qu'il avait fait appelé, et pensif, n'entendit pas la remarque de Valentine sur l'annonce de Sö. Il répondit à peine lorsqu'elle lui dit qu'elle était prête.
Alors qu'il se dirigeait vers elle pour déposer un baiser sur le front de sa bien-aimée, trois coups retentirent sur la porte de bois. L'homme grommella. Décidement, le sort avait décidé de lui gâcher la journée. Mais il reconnût bien vite la marque théatrâle de Sö, et se calma légèrement.
Pourtant, son ton était froid lorsqu'il prononça ces quelques mots.

- Entre donc.



[Je crois qu'il serait plus logique que Sö prenne le prochain post, Valentine, si tu n'y voit pas d'inconvénients ^^]

Les premiers instants qui suivirent l'entrée en scène du fidèle Sö, Valentine déambula gracieusement dans la cabine, une main sur sa taille fine, l'autre montée vers son visage, peinant sa mâchoire de deux doigts songeurs. Ses sourcils arqués lui donnaient un air plus sévère que d'habitude, et la froideur de son regard envoûtant témoignait de son humeur... Peu à peu, alors que Sö poursuivait son discours quant à la situation en Miradelphia et dans les divers royaumes, Valentine Night ralentit, jusqu'à s'immobiliser. Elle darda un regard d'acier sur lui, et hocha machinalement la tête.

"Tu excelles à notre service", déclara-t-elle d'une voix sévère. "Tu travailles avec beaucoup de zèle et je ne regrette décidément pas de t'avoir.. engagé."

La jeune femme garda le silence un moment, méditant à présent tout ce qui lui avait été rapporté. Elle avait déjà connaissance de certains événements amenés plus ou moins traitreusement par la guerre, mais tout cela n'avait pas encore servi directement l'intérêt des Night. Toutefois, nul doute que le couple ne tarderait plus à sortir de l'ombre pour prendre part à l'oeuvre de destruction, du moins à leur façon, soit en tirant les ficelles.

Valentine s'approcha de son mari, déposant un baiser sur ses lèvres, une expression impassible figeant ses traits délicats. Bien qu'elle fût capable d'initiatives et qu'elle aimât prendre part aux actes déterminants, elle s'en remettait corps et âme à Sevelian. D'une main, elle effleura son beau visage et lui adressa un sourire que lui seul put voir, avant qu'il ne disparaisse, effacé par le masque austère qui peignait ses traits.

"Je pense qu'il est temps pour nous d'entrer dans la danse mais je te laisse libre de l'initiative. Nous devons avant tout penser, réfléchir, et décider ensuite. Tôt ou tard, nous aurons à visiter les souverains de Miradelphia."

Valentine se détacha de son compagnon et reporta de nouveau son attention sur Sö, l'étudiant d'un oeil critique. Mais elle ne put que lui reconnaître son élégance, son charisme, ses grandes qualités, qui le rendaient totalement indispensable et surtout irremplaçable aux yeux de la jeune femme. Valentine Night n'était pas de celles qu'on approche facilement, mais plus encore, il n'était pas facile de gagner sa sympathie. Quant à son estime et à sa confiance, "ardu" était un terme bien trop faible pour qualifier les possibilités de voir se réaliser pareil miracle. Mais Sö avait réussi... Il avait relever le défi et remporter cette victoire... La jeune femme le considéra avec un sourire en coin et recula de quelques pas, laissant ainsi suggérer que Sevelian allait prendre le relai pour faire entendre ce qu'il avait à dire suite aux nouvelles données par l'humain.