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 [Terminé] Souffler un peu, mais pas trop.

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T'sisra Do'ath
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MessageSujet: [Terminé] Souffler un peu, mais pas trop.   [Terminé] Souffler un peu, mais pas trop. I_icon_minitimeMer 22 Fév 2017 - 1:33

Automne, Panahos, deuxième ennéade de Favriüs, an neuf, onzième cycle.


Les premières lueurs de l'aube perçaient au travers des branchages touffus de la forêt qui se teintait lentement d'une couleur orangée en cette saison, et pourtant aucun des rayons solaires ne réchauffaient les voyageurs endormis près d'un feu de camp qui n'était déjà plus qu'un tas de cendres depuis la veille. La fraîcheur de l'automne et l'humidité matinale régnaient sans partage sur les bois nains.
Le marchand, qui contre toute attente avait su se rendre utile lors du périple du groupe au travers des wandres, rejoignait le camp de fortune, quelques branches mortes sous un bras et un lapin dans la main. Il avait bien changé depuis son départ de Krahof, le poids qu'il avait en trop s'était transformé en muscle, sa flemmardise en volonté, et son manque d'assurance en courage. Même sa propre mère ne le reconnaîtrait pas, surtout qu'il avait troqué ses atours onéreux pour du cuir tanné et abîmé, mais bien plus pratique, et sa barbe longue et sale, en plus des petites cicatrices encore fraîches qui lézardaient sa joue, lui donnait un air patibulaire.
Il déposa son lapin et les branchages, entreprenant d'allumer le feu.

_ Il serait peut-être temps de se réveiller ! Clama-t-il aux dormeurs en agençant les rameaux.

Les ronflements réguliers de Garrick furent la seule réponse qu'il pu obtenir. Maugréant, et délaissant son affaire, il s'approcha du ronfleur pour le secouer.

_ Debout la dedans. Eh, mon vieux, c'est le matin !

Lui n'avait pas tant changé que ça, mis à part une barbe qui lui arrivait désormais jusqu'au sternum. « Mh... J'arrive... » grommelait-il les yeux clos, encore à moitié endormi.

_ Pas trop tôt ! Je te laisse t'occuper du feu, j'ai une envie de chier à m'en rompre l'intestin !

_ Foutredieu Dagobert, mais garde ça pour toi , d'bon matin... Bougonna l'ancien soldat en s'asseyant, avant se frotter les yeux.

Comme chaque jour, aux premières lueurs, le marchand allait couler un bronze, car rien ne lui semblait plus agréable que de déféquer sous les rayons d'un soleil levant. C'était devenu son petit plaisir à lui durant ces dernières ennéades. Et comme d'habitude, c'est Garrick qui s'occupait du déjeuner, tandis que les deux jeunes finissaient leur nuit. Le petit groupe avait finit par se régler comme horloge, les tours de gardes et les tâches quotidiennes devenues, par la force des choses, des habitudes. Et malgré leurs caractères et origines disparates, un véritable lien avait vu le jour au sein de la troupe. Il faut dire que traverser la moitié des wandres à pieds avait été loin d'être une randonnée forestière entre amis. Ils en avaient bavé sec, tantôt proies, tantôt chasseurs, esquintés, malades et fatigués, embourbés dans les marais, agressés par les vents frigorifiant descendus du Nord quand ce n'était pas par la faune ou flore... Douloureuse expérience.


◈ ◈ ◈



Le fumet du lapin cuit à la broche tira Gallen de son sommeil. Ce gamin était devenu un homme dans le pire endroit qu'un Péninsulaire puisse connaître. Il était le dernier survivant des mercenaires engagés par Dagobert il y a déjà quelques ennéades. Et ces quelques ennéades lui paraissaient des années. Il avait renforcé son armure avec ce qu'il avait pu récupérer des cadavres de ses anciens camarades, ou trouvé ci et là sur le chemin tortueux qu'ils avaient tous emprunté.

_ Est-ce que je rêve encore ou c'est bien un lapin ? S'enquit-il, comme s'il n'en n'avait jamais vu auparavant.

Ses deux compagnons répondirent par un sourire, le genre qui s'étire jusqu'aux oreilles et qui vous en fait mal aux joues. En effet, cela faisait bien trop longtemps qu'aucun d'entre eux n'avait eu le plaisir de goûter à autre chose que des racines et ou des viandes aussi délicieuses que celles d'un animal inoffensif.

_ Pour une fois que le repas n'a pas essayé de nous bouffer... Plaisanta Garrick en frappant dans ses mains, tandis que le marchand se mettait à rire.

Gallen s'en allait réveiller T'sisra, encore roulée en boule sous la fourrure d'ours qui lui faisait office de couverture, quand le plus filou des trois intervint :

_ Eh, eh, eho... Le lapin n'est pas gros, et je crois qu'on à tous faim. Vous êtes pas d'accord ?

Garrick se contenta d'hausser les épaules en regardant en direction de la daedhel qui dormait à poings fermés. C'était d'ailleurs la première fois depuis des lustres qu'elle ne se réveillait pas aux aurores, sans doute que le Lorn la rassurait assez pour ne sortir de sa torpeur.

Le blondinet secoua la tête, désapprouvant ses camarades, l'arcaniste l'avait sorti d'un sacré pétrin lorsqu'il avait faillit rester dans les wandres pour de bon. Et bien que drow, il lui devait malgré tout une fière chandelle. Étrange relation que c'était pour lui, qui avait subit l'invasion du Nord de la Péninsule par ces sombres enfoirés.

_ T'sisra, soufflait-il en lui secouant l'épaule, T'sisra, réveille toi.

Que c'était harassant... Elle dormait si bien, qu'elle n'en sentait plus le bout de ses pieds. En revanche, elle se sentait reposée, enfin ! Une sensation qu'elle n'avait plus connue depuis... Qu'elle avait dû quitter le Puy dans la précipitation.

_ Bonjour « Pisse-rat » ! On t'attendait pour déjeuner ! S'exclama le marchand avec un sourire aussi faux que ses bagues.

_ Votre humour est toujours aussi décapant Dagobert, lâcha-t-elle en s'asseyant, visiblement encore prise dans les brumes du sommeil, et toujours aussi fin.

La boutade fit sourire tout le monde, même la sombre. Puis ce fût l'éclat de rire, non que l'humour du marchand soit si délectable, mais tous étaient heureux de pouvoir dire que les périls de leur voyage se trouvaient enfin derrière eux. Le groupe de survivants entreprit un déjeuner frugal, racines et lapin. Mais un lapin tout de même ! Et ceci dans la bonne humeur et la discussion animée. D'ailleurs le débat du jour concernait la direction à prendre, ainsi que l'endroit où ils se trouvaient approximativement. En effet, traverser la frontière ne fut pas non plus la chose la simple à faire. Les nains bâtissaient un mur, et pas un petit. Ils avaient dû trouver un endroit où celui-ci n'était pas encore  totalement érigé, ni même partiellement. Et cet obstacle avait forcé les voyageurs à bifurquer vers l'Ouest et s'enfoncer dans les marais qui bordent la frontière naine, avant de pouvoir entrer, à la faveur de la nuit, en Zagazorn.

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Dernière édition par T'sisra Do'ath le Sam 4 Mar 2017 - 5:46, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] Souffler un peu, mais pas trop.   [Terminé] Souffler un peu, mais pas trop. I_icon_minitimeJeu 23 Fév 2017 - 1:57

Automne, Tahiro, deuxième ennéade de Favriüs, an neuf, onzième cycle.


Ils avaient marché vers l'Ouest, en bifurquant légèrement vers le Nord au fil de leur avancée, à cause du terrain difficile, et de leur volonté à éviter les sentiers. La discrétion ne rend jamais la tâche aisée, et encore moins lorsque la forêt elle-même semble s'employer à poser sur votre route collines brisées et fourrés denses, rocailles glissantes et ravines abruptes. Le Lörn n'était pas aussi idyllique qu'on aurait pu le croire, bien qu'il reste un véritable paradis à côté des wandres.
D'une part, votre repas n'essaye pas de vous arracher la colonne vertébrale avec les dents pour vous sucer la moelle épinière, et d'autre part, il y fait plus agréable que dans les vastes étendues marécageuses et quasiment impraticables des terres sauvages.
Après cinq bon jours de marche et d'exploration, ils avaient finit par tomber sur une masure délabrée.


_ Ah ! Quel pied ! On devrait pouvoir passer une nuit au sec ! Eh ! Venez voir ! Scandait l'aventureux marchand qui bombait déjà le torse, comme un fier explorateur devant la découverte du siècle.

_ On arrive ! Lui répondit aussitôt Garrick.

La maison était en piteux état, mais ses alentours restaient coquets, et fleuris. Le toit était en bon état, enfin bon... Meilleur que les murs en tout cas, et il garantissait une étanchéité certaine à première vue.
Alors les trois traînards finirent par débarquer à la suite de Dagobert, mais ils ne semblaient pas aussi enchantés que lui.

_ Pourquoi est-ce que vous tirez des tronches de six pieds de long ? Sans déconner...

_ Les fleurs sont bien entretenues, l'herbe est coupée devant la maison, et la cheminée fume encore très légèrement. Constatait T'sisra en désignant la direction de la maison.

_ Et alors ? Demanda-t-il incrédule.

_ Tu t'es pas dit que la maison était habitée des fois ?

Il y eu comme un blanc, silence gênant où chacun observait le blanc des yeux de l'autre sans révéler, du moins à voix haute, le fond de sa pensée, avant que Dagobert ne réitère sa question avec un fin sourire « Et alors ? ».
Ils se regardèrent tous à nouveau, et cette fois-ci ce fut au tour de Gallen d'intervenir sur un ton hésitant « Euh... Vous trouvez pas que ça ressemble vachement aux baraques de chez nous ça ? De péninsule je veux dire. »

_ T'y connais quelque chose en architecture naine toi ? Demanda le marchand avec un air méprisant.

_ Non... Pas vraiment...

_ Eh bah pourquoi tu l'ouvres ?

_ Ce n'est pas le moment de se chamailler...

Retentit alors une légère mélodie gutturale qui coupa court à toute discussion « Kal'dal'duul... A'gh a drakaaguun ghac ! » Et c'est dans un nouveau silence que le groupe contemplait la petite créature immonde avait stoppé sa chansonnette comme sa traversée du jardinet devant la bâtisse.
Verdâtre et habillée de haillons, le ridicule petit gobelin lâcha le panier qu'il tenait en mains, avant de filer droit vers la porte du rez de chaussée et l'ouvrir, pour ensuite grimper les escaliers sur le coté droit, et s'enfermer dans la pièce du dessus.

« Booon ! Ça s'est pas si mal passé que ça ! » Commenta Dagobert avec sourire forcé sur le visage, jusqu'à ce que quatre cris stridents retentissent depuis l'intérieur de de la masure, qui leur semblait de moins en moins chaleureuse. Et il ajouta un simple, mais convenable « Merde. ».
La créature, ou les créatures qui ne faisaient qu'une, sortait de la grange d'un pas lent et saccadé. Un corps quasi squelettique à la peau grisâtre et tendue comme une voile de bateau, et des articulations saillantes qui menaçaient de déchirer cette fine enveloppe à tout moment... Et surtout quatre foutes têtes posées n'importe comment sur un buste, et muni de trois paires de bras !
Le sang ne fit qu'un tour chez les intrus, le ton était donné, et le propriétaire des lieux ne recevait pas aujourd'hui. Gallen en avait déjà les mains tremblantes, le souvenir de sa rencontre avec le Coven du Lavhen était encore douloureux, et ravivait des blessures qui avaient marqué tant son corps que son esprit. Garrick regardait T'sisra avec un air désespéré, il ne voulait pas revivre ça une fois de plus. En revanche Dagobert fut le premier agir ! C'est avec courage qu'il fuit le danger transcendé d'une célérité à en faire pâlir un étalon pur sang ! Sidérant.

_ Ne paniquez pas. C'est l'oeuvre d'un mage de la vie, elle reste puissante, mais lente. Restez dans son angle mort...

_ Mais quel angle mort ?! S’exclama l'ancien soldat en désignant les quatre têtes.

_ Certes, lui concéda-t-elle en dégainant sa longue lame, en tout les cas, ce n'est pas le genre d'engeance vivace et rapide, ni même intelligente. C'est une goule, et donc pas le plus dangereux des nécrophages que nous aurions pu rencontrer.

Le blondin dégaina ses deux lames, et commençait déjà à avancer lentement vers la créature. Il avait cette haine au fond du regard qui lui donnait une assurance trop prononcée. La plus petite de ses lames lui servait à parer, tandis que la plus grande à attaquer. Son expérience wandraise l'avait poussé à opter pour un style plus polyvalent et atypique, et il faisait la paire avec T'sira qui maniait cette étrange lame peu commune aussi longue qu'impressionnante. Le seul qui restait fidèle aux traditions guerrières communément enseignées dans l'armée, c'était bien le vieux Garrick.

La bataille s'engageait, les combattants toisaient un ennemi, qui lui, ne savait pas par qui commencer son repas, chacune des têtes souhaitant aller dans une direction. Et c'est l'ancien soldat qui ouvrit le bal dans taillade aussi rapide qu'imprécise, permettant à la goule lui saisir le poignet, puis l'épaule et d'approcher une mâchoire claquante de sa gorge. Le jeune blond réagit aussitôt en coupant l'un des bras de la créature, qui attrapa dès lors Garrick avec l'un de ses autres bras... Et le pauvre bougre, terrifié, en avait lâché son épée, il luttait pour tenir éloigné un visage décharné aux yeux fou qui n'avait que l'envie de lui arracher la langue avec les dents.
La daedhel entreprit d'embrocher la créature dans le dos, qui ne broncha pas un instant et l'accueillie même à bras ouverts, pour l’enserrer aux épaules d'une étreinte muée d'intentions mortelles. Faisant face à la tête arrière de la créature, elle n'eut d'autre choix de lâcher le manche de son arme, qui tenait dans le poitrail de la bête, pour tenir éloigné du sien cet autre visage affamé.

_ Bordel de pompe à cul ! S'époumonait Garrick. Faites que'qu'chose i' va m'becter la gueule !

Aussitôt dit, aussitôt fait, Gallen lâcha son épée courte, saisissant la grande à deux mains, pour l'abattre à la verticale entre les têtes de la goule, et l'enfoncer jusqu'aux poumons tout en broyant clavicules et côtes.

_ Tire Garrick ! Tire ! Hurlait T'sisra dans l'effort.

Les chairs se déchiraient, les articulations sautaient dans un concert morbide, ses prises titanesques signaient sa fin, alors que les deux autres tiraient sur ses bras, déchirant le nécrophage sous les coups de lame répétés du jeune mercenaire, dont le regard fou était plus terrifiant que celui de n'importe laquelle de ces quatre têtes.
Répandu en tripes et organes pourrissant, en lambeaux de peaux et en morceaux de corps, l'ennemi était mort. Une fois encore.

_ Bon sang de bois ! Bon sang de bois ! Scandait Garrick en reculant, piétinant les intestins de la goule.

Gallen fila ramasser son épée courte, toujours sur la défensive, suant à grosses gouttes. Sa hargne et sa force avaient surpris T'sisra qui restait coite, tandis qu'elle aussi penchait pour ramasser son arme.
Tous trois se regardèrent, l'air non pas sérieux, mais soulagé, marqués d'un rictus nerveux. L'attention se tourna vers l'étage de la maison.

_ Le nécromant n'est jamais bien loin de sa création.

_ Et s'il y a d'autres non-morts ? S'enquit Gallen en scrutant l’intérieur du rez-de-chaussée avec méfiance.

_ On est loin du travail le plus exemplaire qui soit, j'ai comme une certaine réserve quant aux capacités de notre nécromancien.

_ Et si on se barrait plutôt ?

_ Et laisser une personne capable de ce genre de chose dans la nature ?

_ Si on m'avait dit que les noirauds avaient une morale. Rétorqua-t-il sèchement.

Bien que la poudre n'existe pas dans ces contrées, la daedhel ne se priva pas de fusiller du regard son compagnon.

_ On combat la magie, par la magie. Je monte. Dit-elle d'un air déterminé en rengainant sa lame.

_ Je surveille les alentours.

_ Je reste sur tes talons T'sisra.

_ Allons-y.

Les proies devenaient chasseurs. Ils grimpèrent lentement les marches, pour aller se poster de chaque coté de l'entrée de l'étage. T'sisra désigna la porte et mima un bref coup de pied, comme si elle envoyait une caillasse balader. Le jeune homme acquiesça et fit à face à la porte. Il compta avec les doigts : Un... Deux... Trois... Et il envoya un coup de pied si violent que la serrure fut arraché du chambranle lorsque la porte s'ouvrit à la volée.


La daedhel s'engouffra dans la demeure, les mains à mi hauteur pour y découvrir, confortablement assis derrière son bureau, un humain aux cheveux bruns et soyeux, et la mâchoire carrée ornée d'un bouc bien entretenu. Il se dressa sur ses deux jambes, surpris. Il était grand, vraiment très grand. Une sacré carrure pour un bon mètre quatre vingt dix, un grand gaillard qui passa de la surprise à la colère et enfin au doute en l'espace d'une seconde et demi.

_ Mortyrä ! Une sombre !

La sombre en question traversait déjà la pièce d'un pas leste, tandis que le mage referma la main sur pendentif argenté, en dépassant son bureau, allant à la rencontre de son agresseuse. Il envoya une main droit sur elle, qui fut attrapée au vol. Les deux arcanistes bandaient leur volonté. Gallen était sur le pas de la porte et regardait la scène avec des yeux ronds.

_ Lassrinnus illingen. Souffla la nécromancienne avec un air mauvais.

Un quart de seconde plus rapide, et les doigts du mage s'arquèrent vers l'arrière, brisés, ses phalanges se disloquèrent dans un craquement sourd, puis le poignet et les os de l'avant bras, qui retomba aussi mou qu'un ventre de poivrot.
Il hurla de douleur et hoqueta vaguement une phrase intelligible. « Je suis Abel le Fielleux ! Sale puterelle de noiraude ! » avait-il clamé, en se jetant à corps perdu sur la voyageuse en dégainant sa dague de sa main valide.
Prise au dépourvue, et face à la carrure imposante de cet Abel, T'sisra termina les quatre fers en l'air, et récolta en prime une longue estafilade à l'avant bras, qu'elle avait dressé face au danger, afin d'éviter une blessure mortelle. Gallen en profita pour lui venir en aide et envoyer un coup de latte dans le faciès du saligaud, qui bascula à son tour vers l'arrière, avant d'attraper son amie par les épaules pour la remettre debout.

_ Vous m'aurez pas comme ça ! Enflures !

Le nécromancien tendait une main tremblante vers un Gallen qui se plia en deux, crispé de douleur et incapable de crier.

_ Je vais te broyer les poumons ! Beugla-t-il dans un rire dément, assis le dos contre le pied de son bureau.

Face au spectacle morbide qui s’annonçait la noirelfe rassembla, dopée d'une haine viscérale, une volonté meurtrière sans précédent, et entama une série de gestes fluides avec les mains, et psalmodiant à toute vitesse. Abel fut interrompu dans son sort, au grand soulagement de Gallen, qui empli ses poumons d'air d'une traite comme un nouveau né à peine sorti du ventre de sa mère. Le nécromant fut alors secoué tremblements.

_ Gallen ! Gallen !

La drow se traînait vers son compagnon de route.

_ Ça... Ça va... Hoquetait-il tout tremblotant. Que.. Que.. Qu'est-ce qu'il a ? Demanda-t-il interloqué en voyant leur ennemi convulser.

T'sisra finit par se redresser, s'approcha du mort en sursis, et posa doucement son index sur le front de ce dernier en s’accroupissant.

_ Son sang remonte jusque dans sa tête, pour ne plus redescendre. Commenta-t-elle en observant la peur dans les yeux de sa victime. Et il va souffrir, comme il n'a jamais souffert.

Abel était secoué de tremblements de plus en plus violents, tout en jouissant d'une mobilité de moins en moins ample, à croire que son corps ne lui obéissait plus et que la paralysie le prenait. Il toussait son sang dans un gargouillis misérable, et en soufflait par le nez comme on se mouche. Ses tympans éclatèrent sous la pression sanguine, et ses yeux pleuraient des larmes écarlates. Les veines de son front semblaient prêtes à éclater, lorsqu'il arrêta tout simplement de trembler. Il avait souffert comme il n'en avait jamais eu l'occasion.

Gallen n'en revenait pas, et cette fois-ci, il trouvait T'sisra réellement effrayante. Il ne bougeait plus et restait assis là, silencieux et désemparé. Ils se regardèrent une bonne minute, avant que Garrick ne fasse irruption, et ne découvre la scène du nécromant nageant dans la mare de sang qui avait coulé par tous les orifices de sa tête.

_ Oh foutredieu... Lâcha-t-il en détournant le regard.


_ Le Maître Fielleux est mort ! Hahaha !

Les regards se tournèrent vers le gobelin qui tâtait le macchabée du bout du doigt.

_ Rhuulaakogaan liiiibre ! S'exclama-t-il tout sourire, dévoilant ses petites dents pointues et sales. Toi attrape bouteille là haut !

_ Vermine gobeline... Il est attardé celui-ci ou bien ?

Tous étaient interloqués, ils ne savaient pas sur quoi porter leur attention. T'sisra se dressa sur ses jambes et haussa les épaules, en s'attardant sur l'étagère désignée. Il y avait des dizaines de bocaux, renfermant des choses toutes plus ragoutantes que les autres. Entre les bocaux d'yeux qui semblaient humanoïdes à première vue, les batraciens crevés barbotant dans l'alcool, les organes de toutes sortes et les... Parties génitales masculines de... Quelqu'un ?
Gallen et Garrick s'étaient approchés pour observer, ils n'en croyaient pas leur yeux. A tel point qu'il en avait oublié le gobelin qui tapait du pied, ainsi que le mage canné à leurs pieds. Étrange comportement pour ce genre de créature par ailleurs, à moins d'avoir été habituée à l'homme depuis des années. Et cela soulevait nombre de questions sur sa condition, ainsi que sa relation avec feu Abel le Fielleux, nécromancien déraisonné et siphonné du bocal de son état. N'avait-il pas entreposé sa propre cervelle sur cette étagère ? Non. En revanche il y avait cette bouteille estampillée « Tenir hors de portée du Gobelin ». La jeune drow referma ses doigts dessus. Le gobelin se mit à pétiller de joie, et lâcha un pet foireux alors qu'il entamait une danse sous l’excitation.

_ Ouvre ! Ouvre ! Ouvre ! Chantonnait-il gaiement, sautillant dans la flaque de sang.

_ Je l'ouvre, je l'ouvre. Lui répondit la sombre, en débouchant avec une extrême précaution la bouteille.


S'en suivit un nouveau silence, pas de ceux qui gênait, plutôt de ceux qui attendait quelque chose. Et le gobelin aussi attendait, et son sourire s'effaçait au fur et à mesure.

_ Rhuulaakogaan sent pas différence. Constata-t-il avec un air perplexe.

_ Par Tyra, qu'est-ce qu'il raconte ? S'interrogeait Gallen en lorgnant sur l'immondice verdâtre.

_ Des conneries si tu veux mon avis... Affirma Garrick en soupirant.

_ La Maître à enfermé liberté à Rhuulaakogaan dans bouteille !

_ Aha ha ! C'est trop drôle !

Et ce fût l'éclat de rire général, au pied d'un cadavre qui nageait dans une flaque de sang. Que la nervosité peut jouer des tours. Sorti de son contexte on aurait pu les prendre pour des fous furieux. En tous les cas, le gobelin riait jaune lui.

_ La... Liberté ne se sent pas. Mh ? Maintenant que la bouteille est ouverte et bien...

_ Tu peux faire ce que tu veux.

Ni une ni deux, le gobelin ramassa un bâton et sorti de la maison, sans même un au revoir. Et ce sous le regard désabusé des trois compères.

_ Il va me falloir au moins deux jours pour me remettre de ce qui est en train de se passer.

_ Au moins. Souligna le barbu.

_ Eh... Regardez-ça, et dites moi que je rêve.

Ils se tournèrent vers Gallen, qui se tenait sous une autre étagère, désignant un bocal contenant visiblement un alcool, puisque rangé à coté des tords boyaux et des pinards, et... L’impensable !

[Terminé] Souffler un peu, mais pas trop. 362881meba38f55354f3217c3da23d2643118972


Et le mot de la fin fût un nouveau « Merde », mais de concert cette fois-ci.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Souffler un peu, mais pas trop.   [Terminé] Souffler un peu, mais pas trop. I_icon_minitimeMar 28 Fév 2017 - 22:27

Automne, Tahiro, deuxième ennéade de Favriüs, an neuf, onzième cycle.


Les trois compagnons étaient accroupis autour d'une table de bois massif, qu'ils avaient débarrassé pour y déposer la bouteille d'alcool contenant la fée. Le corps du nécromant n'était plus là, Garrick et Gallen l'avait balancé du haut du palier jusque dans les herbes folles en contrebas. Mais pour l'heure, l'attention de tous était accaparée par cette trouvaille aussi terrifiante qu'édifiante. Quel genre de salopard fallait-il être pour enfermer une créature vivante et pensante dans une bouteille après tout ?

_ I' parait qu'dans l'sud, on dit qu’libérer des trucs magiques de leur boutanche c't'une bonne chose. La bestiole accord’rait trois vœux. Lâcha l'ancien soldat de but en blanc.

Les regards incrédules se tournèrent vers Garrick, qui se contenta d'hausser les épaules et arquer les sourcils.

_ Et si elle est de mauvaise humeur quand elle sort ?

_ T'en connais beaucoup des gens qui étriperaient l’malheureux qui les sort d’leur merde ?

Gallen haussa les épaules à sont tour, tous deux se tournèrent vers T'sisra.

_ Tu t'y connais toi en trucs magiques, qu'est-ce que t'en penses ?

Et elle haussa les épaules. Une belle bande rigolos indécis, c’était bien de ça qu’ils avaient l'air.

_ Et ben nous voilà bien avancé ! Y en a pas un pour rattraper l'autre. Lâcha-t-il secoué d'un léger rire. Mais sans déconner, on voit bien que c'est une fée, comme dans les histoires, elle est p'tite, elle a des ailes, et se trimbale à poil. C’est dangereux ou pas ?

_ Tout ce que je puis dire... C'est que ces êtres sont originaires d'Anaëh, qu'il peuvent avoir jusqu'à plusieurs milliers d'années, et qu'aucun sorcier de notre monde n'a la maîtrise qu'elles ont de la magie.

Et le silence retomba. Effectivement, il ne vaudrait mieux pas que cette créature soit de mauvaise humeur, parce que si elle était capable de souffler la baraque et tous ceux qui s'y trouvent d'un claquement doigt, la libérer revenait à prendre un risque, et non des moindres. Et bon courage pour mettre un coup d'épée à une créature volante pas plus haute qu'une main !

_ Moi je vote pour qu'on la fasse sortir ! Finit par s'exclamer Gallen en se redressant, sûr et certain de lui.

_ Moi aussi. Bien que je craigne la réaction de tout ce qui vient d'Anaëh envers les drow, commença-t-elle en penchant la tête sur le coté, on ne peut décemment pas fermer les yeux.

_ Sur le coup... Je suis un peu frileux. Mais à deux contre un, je m'couche. Conclu-t-il en croisant les bras, peu confiant. En r'vanche, t'es sur d'être une puysarde toi ? Demanda-t-il railleur à la sombre.

_ Allez-vous me poser la question à chaque fois que le bon sens moral est mis à l'épreuve ? S'enquit-elle avec un sourire forcé.

_ Faut le temps d'm'habituer.

_ Bon alors ? On la sort de là ? Insista le blond.

Ils acquiescèrent en regardant Gallen. Et, pour changer, un nouveau silence s'abattit comme une chape de plomb sur les trois protagonistes. Visiblement, aucun d'eux ne sentait de libérer une créature dont les légendes et les mythes content une puissance magique inégalée, confirmée par la daedhel.

_ Ben... La magie combat la magie non ?

Le jeune blondinet n'avait guère envie de terminer comme le nécromant un peu plus tôt. A force de côtoyer T'sisra, il développait une crainte toujours plus significative à l'encontre de la magie.

_ J’sais pas qui a dit ça, mais c'est une sage parole ! Ricana le plus vieux des trois.

T'sisra riait jaune. Mais ils n'avaient pas tord, et la leçon à retenir, c'était d'apprendre à la boucler de temps en temps.

_ N'est-ce pas un homme qui a dit qu'il fallait avoir le courage de ses idées ?

_ Non je crois pas, et toi Garrick tu le sais ? S'enquit Gallen auprès de son ami.

_ Sûrement pas un homme non. Confirma-t-il en insistant d'un geste pour que l'arcaniste s'occupe de la bouteille.

La daedhel inspira profondément en saisissant fermement et à deux mains la bouteille. Vu la taille du goulot, elle n'osait pas imaginer comment Abel le Fielleux avait fait pour coincer la fée à l'intérieur, ce qui était certain en revanche, est que cela a dû être extrêmement douloureux. Il n'y avait donc qu'une seule façon de sortir la petite créature de là, il fallait briser le verre. Elle souleva le récipient à hauteur d'yeux, avant de l'abattre, mais sans vraiment y aller franchement, sur table.

T'sisra ouvrit un œil, découvrant une longue fissure dans le verre, et la fée atterrée qui tapait du poing dessus.

_ Merde ! Elle s'est mise à bouger ! Casse le verre !

La sombre obéit et réitéra l'opération, brisant la bouteille sur la table. Alors que tous avaient un mouvement de recul pour éviter un hypothétique bris de verre, aucun son ne suivit. Chaque morceau lévitait au dessus de la table, avec au milieu une fée qui agitait ses ailes membraneuses et détrempées.
Le vieux soldat resta coit, il était comme hypnotisé par le spectacle, quant à Gallen, il était émerveillé et affichait un sourire béat. T'sisra en revanche, n'avait pas l'air confiante, et avait déjà reculé d'un pas.
Le petit être féerique commença dès lors à virevolter dans toute la pièce, passant près des visages des uns et des autres qui tournait la tête dans tous les sens pour au moins essayer de la suivre du regard. Un très léger rire retentit, et la fée fila vers la porte pour disparaître dans son encadrement, tandis que les bris de verre tombaient les uns après les autres dans la flaque d’alcool.

_ Ça s'est mieux passé que je le pressentais. Souffla la jeune sombre dans un soupir de soulagement.

_ Regarde ton bras ! S'exclama le blondin en désignant l'avant bras sa comparse. Tu saignes plus !

Garrick attrapa ledit avant-bras de T'sisra pour palper l'endroit où il y avait une estafilade encore une minute auparavant. Il n'en revenait pas, et il fut d'autant plus estomaqué en découvrant que les petites blessures et griffures qui parsemaient ses propres mains et bras avaient disparues. Puis ils regardèrent tous deux un Gallen palpant son torse avec un sourire radieux.
La fée les avait remerciés à sa manière en soignant les blessures et contusions accumulées durant leurs pérégrinations.

_ Une aide de camp de ce genre aurait été bien pratique, lâcha-t-il en remarquant les regards noirs des deux autres, enfin... On bien fait de la libérer, oui. Ça oui.


◈ ◈ ◈


Ils avaient pris possession de la bâtisse, ou du moins de l'étage, puisque le rez-de-chaussée auquel on accédait par l’extérieur était un  immonde charnier puant et pourrissant. Véritable laboratoire propice à toutes les expériences les plus folles, le nécromant avait dû s'en donner à cœur joie. Garrick avait, en conséquence, cloué deux planches sur les portes à battant du rez-de-chaussée, histoire de condamner son entrée à quiconque, le temps que le petit groupe débarrasse et brûle toutes ces immondices.
Gallen avait fouiné un peu dans les alentours, sans retrouver la trace de Dagobert. Et malgré son... aide précieuse quant aux combats qui avaient eus lieu, sa disparition inquiétait.

T'sisra s'était concentrée sur les effets personnels et travaux macabres du nécromant. Et quelles découvertes ! Le nécromancien était recherché en péninsule, d'après la vieille affiche trouvée dans son journal. Journal qui appris bien des choses à la jeune daedhel, puisque ce fou furieux n'était qu'un pauvre hère ayant perdu sa femme en couche, et cherchant par tous les moyens à la ressusciter. A s’en demander si l’amour était vraiment bénéfique dans tous les cas de figure.
Abel était la preuve même que folie rimait avec génie. Outre le fait que sa façon d'utiliser la magie était clairement mauvaise et nauséabonde, ses recherches n'en restaient pas moins intéressantes et extraordinaires. Comme par exemple cet alcool à base de fée, censé, d'après les écrits, aider le mage à l'utilisation des sortilèges. Tout ceci était formidable, un trop au goût de T'sisra, qui ne pouvait que se rendre à l'évidence : Ce genre de connaissances ne devaient en aucun cas tomber entre de mauvaises mains.

C'est sur cette décision qu'elle raviva l'âtre de la cheminée avec les parchemins et livres de sortilèges ou de recherches les plus néfastes, lorsque le couard qu'ils avaient perdu fit irruption dans la maison.

_ Aha ! Je suis là pour vous aider ! Où sont les non-morts ?! S'exclamait-il, sa lame à la main.

_ Vous vous fichez de moi j'espère ?

_ Et bien... Hésita-t-il, le regard fuyant. Bon ça va ! J'ai chié dans mon froc, ça te va ? Demanda-t-il rageusement en rengainant sa lame.

En effet, Dagobert traînait derrière lui une légère odeur de merde. Sa disparition quasi-instantanée au début du combat relevait pratiquement de la magie, mais de là se déféquer dessus, il avait dû réellement avoir peur...

_ Avez-vous vu Gallen et Garrick ? L'interrogea-t-elle moins sèchement, en désignant une chaise à côté d'elle, face à l'âtre.

_ Garrick oui, acquiesça Dagobert en s'approchant de la chaise, mais Gallen non. Il est mort ? S'enquit-il les sourcils arqués alors qu'il s'asseyait.

_ Bon sang non ! Ne parlez pas de malheur voulez-vous ? Il est simplement parti à votre recherche dans la forêt.

Le marchand se fendit d'un sourire, un vrai pour une fois, et il poussa un soupir de soulagement. Le pauvre bougre accusait le coup, malgré sa couardise. La jeune daedhel ne dit rien, ne souhaitant pas enfoncer le clou, et se contentait de jeter feuille par feuille ces travaux machiavéliques. Dagobert avait les yeux rivés sur T'sisra, il la regardait faire, puis il se mit à se frotter sa barbe en croisant les jambes.

_ Qu'est-ce que tu fais là ?

_ Je détruis les sortilèges et recherches du nécromant que nous avons affronté. Répondit-elle sur un ton des plus plats.

_ Pardon ?!

Le courageux marchand s'était levé d'un bon, il semblait horrifié et affolé, et levait déjà les bras au ciel.

_ Mais ça va pas ?! Ce genre de choses vaut des fortunes ! N'importe quel mage s'arracherait le foie pour obtenir les travaux d'un autre ! Est-ce que t'as pris un coup sur la tête ou t'es débile de naissance ?!

_ Je me fiche du prix que ça vaut, ses recherches sont réellement maléfiques. Rien dans tout ce bardas n'est bon, et pour personne. Rétorqua calmement l'arcaniste. Maintenant asseyez-vous et profitez un peu de la chaleur du feu, si nous en sommes là, c'est de votre fait. Lui rappela-t-elle en lui adressant un regard lourd de sens.

_ La maison du Maaaaître ! Hurla une petite voix enrouée, suivit d'une quinte de toux ridicule.

La sombre comme le marchand manquèrent un battement de cœur, sursautant dans leurs chaises. C'était le gobelin, il était revenu, et pas tout seul ! Gallen se tenait debout derrière lui, se frottant l'arrière du crâne tout penaud.

_ Je me suis perdu...

Alors que le marchand restait interdit devant la créature verdâtre, T'sisra éclata de rire.

_ Et c'est toi qui l'a ramené ? Interrogea-t-elle en désignant le gobelin de l'index.

_ Rhuulaakogaan retrouve bien les choses. Expliquait-il avec beaucoup trop d'entrain. Rhuulaakogaan cherche ça, Rhuulaakogaan cherche là, Rhuulaakogaan trouve ici !

_ Garrick est en train de couper du bois dehors au fait.

_ Il a dû bien rire en vous voyant accompagné ainsi !

Gallen et le gobelin, dont la démarche était plutôt comique, investirent la pièce. Rhuulaakogaan jeta deux lapins près de l'âtre, aux pieds de la drow et du marchand, aussi surpris l'un que l'autre.

_ Dites-moi Rhuka... Rhulu... Balbutiait péniblement la jeune sombre.

_ Rhuulaakogaan !

_ Je... Vous n'avez pas un surnom ?

_ Tu vouvoies ce truc ? Sérieusement ?

T'sisra l'ignora royalement, elle ne faisait plus cas des piques méprisantes de Dagobert depuis déjà belle lurette.

_ Rhuulaa ça être Mort. Kogaan ça ! Déclara-t-il en désignant son entrejambe avec un large sourire qui découvrait ses petites chailles pointues. Rhuulaakogaan être Mortecouille ! Clama-t-il haut et fort sous le fou rire incontrôlé du marchand.

_ D'a- ccord... Souffla-t-elle en lançant un appel à l'aide d’un bref regard à l'intention de Gallen, qui répondit par haussement d'épaules.

_ Donc... Mortecouille, reprit-elle, sachez que vous êtes libre, vous pouvez faire ce que vous souhaitez, quand vous le voulez, et comme vous l'entendez.

Le gobelin prit le temps de la réflexion avant d'exposer son point de vue, en plus de prendre celui qu'il lui fallait pour digérer le vouvoiement. Il se sentait déjà presque aussi beau et fort qu'un noble pompeux de la Péninsule.

_ Mortecouille comprendre ! Mortecouille vouloir manger lapin. Mortecouille part chasser lapin. Mais Mortecouille quoi faire si Maitre pas là pour dire quoi faire ?

_ Qu'aimez-vous faire ?

_ Mortecouille aime manger... Commença-t-il en énumérant chaque proposition à l'aide de ses petits doigts chétifs. Mortecouille aime chasser les putains lapins ! Et faire les fleurs ! Et ranger Maison du Maître !

_ Eh, sale petite fiente, c'est plus ta ma...

_ Dagobert ! S'offusqua T'sisra en le coupant. Serait-ce trop vous demander un peu compréhension et patience ?

Le marchand bougonna et se retourna face à l'âtre, s'asseyant correctement sur sa chaise, et croisant les bras en marmonnant des choses inintelligibles à propos de drow, de morale et de chieuse.

_ Mortecouille a mal dit ? Demanda-t-il gêné, un bras déjà levé devant son visage comme s'il s'attendait à prendre une trempe.

_ Non, non, tout va bien. Il faut dire ce qu'on pense après tout, c'est aussi ça la liberté. Alors si vous aimez... Les tâches ménagères et le jardinage, continuez donc de les faire. Et quand vous voudrez chasser, faites donc. Personne ne vous en empêchera.

_ Mortecouille d'accord et faire ce que toi dire. Mortecouille va faire lapin maintenant. Il hocha la tête, et ramassa ses lapins avant de tourner les talons pour rejoindre une autre pièce dans le fond.


◈ ◈ ◈


La nuit finit par tomber, ramenant le calme sur le maison. Mortecouille avait passé du temps à préparer les lapins, en plus d'avoir garni le tout en se servant dans les provisions de feu Abel le Fielleux. Et tous s'installèrent à la grande table du salon pour y déguster un dîner bien mérité. Le gobelin fêta longuement son droit de s'asseoir sur les chaises de la table d'ailleurs. Et le marchand eu enfin l'occasion de se faire conter toute cette histoire à peine croyable, entre goules et nécromant, fée et gobelin. La journée avait été rude et riche en émotions.
Le débat du soir ne concernait plus la direction à prendre, mais le temps qu’ils resteraient ici, nichés au plus profond de la forêt, à l'abri du reste du monde. Non pas qu'aucun d'entre eux n'ait envie de rentrer chez lui, ou qu'il n'ait particulièrement envie d'habiter la baraque d'un défunt nécromant, mais le groupe développait une certaine alchimie. Les uns pouvaient compter sur les autres, mis à part le marchand certes, sauf peut-être pour aller chercher de l'aide, qui sait ? Mais les choses étaient devenues plus complexes qu'elles ne l'étaient au départ, où ils n'étaient que des étrangers pataugeant dans la même merde.

Les lunes étaient hautes dans un ciel sans nuage, trônant au milieu des centaines de milliers d'astres, lorsque la fatigue et la digestion força les plus vieux à partir se coucher. Restèrent Gallen et T'sisra, qui échangèrent avec le gobelin encore une bonne demi-heure, avant que la daedhel ne se décide à prendre le premier tour de garde. En effet, dormir au chaud sous un toit et entre quatre murs, ne changerait pas leurs habitudes pour autant. Et les tours de gardes et le rondes continueraient comme l'accoutumée.
Mais cette fois-ci, et aucun d'eux ne s'en doutaient, ils ne seraient non pas quatre, mais cinq à surveiller sur la propriété cette nuit. La petite fée désormais libre, n'était pas très loin et observait avec une curiosité enfantine, au travers des carreaux, cette drôle de troupe venue la libérer de sa prison de verre et d'alcool.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Souffler un peu, mais pas trop.   [Terminé] Souffler un peu, mais pas trop. I_icon_minitimeMer 1 Mar 2017 - 21:56

Automne, Kÿrianos, quatrième ennéade de Favriüs, an neuf, onzième cycle.


Tout le continent s’enfonçait dans le manteau orangé de l'automne. Et pourtant le gobelin parvenait à entretenir les fleurs et légumes qui poussaient dans le jardin. D'après lui, c'était l'oeuvre de l'engrais utilisé, sa propre fiente. Mais Garrick en doutait fortement. D'étranges choses se déroulaient dans la maison et ses alentours depuis quelques jours déjà. Alors que l'ancien soldat avait retapé quelques pans de mur, ses outils disparurent pour réapparaître dans des endroits plutôt incongrus, comme les latrines par exemple. Il en valait de même pour T'sisra qui, une fois sur deux, retrouvait son matériel d'écriture dans un tiroir ou une armoire, sans comprendre comment une telle chose était possible. En premier lieu ils avaient soupçonné le gobelin, et avaient ainsi passé quelques temps à l'épier, mais... Lui aussi se retrouvait victime de ce manque de chance, ses outils de jardinage avait été planqué deux fois de suite sous son lit.
Et pendant que la daedhel et le vieux soldat, entre deux railleries, cherchaient des indices, Dagobert et Gallen étaient, quant à eux, partis pour Lante en tout début de la dernière ennéade. T'sisra avait expressément demandé à Gallen de faire partir un courrier pour la Baronie d'Apreplaine, et conseillé de ne surtout pas se reposer sur marchand pour accomplir cette tâche, aussi aisée soit-elle.
En tous les cas, elle s'impatientait déjà de leur retour, et avait hâte qu'ils voient l'avancée du ménage et des réparations faites par elle et le vieux bonhomme, qui se révélait être doué de ses dix doigts en matière de charpenterie.

_ Oh mais c'est pas vrai ! Bougonnait Garrick en approchant de T'sisra, un seau d'eau fraîche dans les mains. Mais comment tu t'débrouilles bon sang d'bon soir ?

La jeune sombre, qui avait troqué son armure pour un simple pourpoint de cuir sans manche récupéré dans les armoires d'Abel, venait une fois de plus de se mettre un coup de marteau sur le doigt. Doigt qu'elle serait fortement de son autre main en grimaçant, pliée en deux, le faciès hésitant entre honte, agacement et douleur. Ou combinant certainement les trois.

_ Palsambleu, jura-t-il en déposant le sceau avant de lui attraper la main, fais moi voir, fais moi voir.

La daedhel se laissait faire, grimaçante et piteuse.

_ Je ne comprends pas comment je fais... Je vise pourtant le clou !

_ Non mais c'est à peine croyable d'être aussi infoutue de planter un clou bon sang... Aller trempe ta main dans l'eau et...

Alors il se penchai pour saisir le seau... Qui était encore là une seconde auparavant.

_ Mais foutredieu, par les burnes flétries d'Arcam comment est-ce...

La douche froide inopinée coupa le sifflet de Garrick sous le regard effaré de la daedhel. Et un léger rire retentit, rire qu'ils avaient déjà entendu une fois.
T'sisra cherchait des yeux l'endroit où pouvait bien se trouver la fée.

_ Ah ! La salope ! Hurla Garrick en découvrant le petit être qui défaisait la lacet de cuir tenant en place la queue de cheval de la daedhel.

_ Où ça ?

_ Mais là ! Hurlait à nouveau Garrick en désignant le faciès de T'sisra dont les sourcils se fronçaient.

_ Non mais ce ne va pas ? Lui demanda-t-elle sèchement, alors que ses cheveux lâches lui retombaient sur les épaules.

La sombre soupira en levant les yeux au ciel. Elle avait pris l'insulte pour elle sans comprendre. Désormais c'était chose faite.

_ Montre toi ! On ne te veux aucun mal, mais tes tours vont finir par tuer le vieil homme tu vois, son cœur est fragile. Lança-t-elle au vent, en ricanant.

_ Monceau d'conneries oui, noiraude mal foutue va. Rétorqua-t-il, tout aussi ricanant.

La fée s'approcha en virevoltant avec une grâce et une délicatesse dans le geste inégalable, voletant à hauteur de visage, sous le regard circonspect des deux camarades.
Elle s'était accoutrée de quelques lambeaux de cuir et de feuilles, ce qui lui donnait un air presque sauvage, qui jurait avec la finesse de son physique comme de son geste. Il en devenait difficile de ne pas apprécier la créature qui souriait, visiblement très espiègle et maligne.

_ Je l'savais bien qu'des légumes d'été qui poussent en automne, ça n'avait rien d'normal... Soupira Garrick avec un sourire en coin.

_ Je m'étonnais aussi de la qualité du fertilisant. Déclara-t-elle avec l'image en tête de Mortecouille, en train de déféquer de bonne heure le matin dans les plantations. Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Tu ne pars pas ?

La fée virevolta et secoua la tête négativement, avant d'approcher l'index enflé que T'sisra serrait dans son autre main. Et par un simple toucher, la douleur disparu, aussi vite que la fée dont le vol l'emmena au loin dans les fourrés.
Les deux compères se regardèrent dans les yeux, ils ne disaient rien mais se comprenaient parfaitement.


◈ ◈ ◈


Les rues du quartier cosmopolite de Lante étaient bondées de Monde. On disait les nains être de redoutables marchands, et c'était bel et bien vrai. Dagobert avait les mirettes qui pétillaient rien que de voir toutes ces marchandises aussi bien naines qu'étrangères défiler sous ses yeux. En revanche sa mine devint bien sombre quand il se rappela le contenu de sa bourse. Certes ils avaient dégotés quelques souverains dans la baraque d'Abel, mais pas de quoi acheter un troupeau de vache non plus. Et Garrick ne leur avait donné que le nécessaire, ou du moins peut-être assez pour tenter sa chance au jeu...

_ Gallen ? Demanda le marchand sans obtenir de réponse. Gallen ? Répéta-t-il en regardant autour de lui. Mais où est passé ce corniaud ?

Il avait beau chercher dans la foule, le jeune blond qui l'accompagnait lui avait fait faux bond. Maugréant dans un premier temps, il lui vint une idée parfaite. Se sachant sous la surveillance de ce jeune puceau, c'était l'occasion rêver de s'éclipser et rejoindre le premier bouge du coin. C'est ainsi qu'il fila au milieu des passants, sifflotant et heureux.


Après quelques minutes de vagabondage, il tomba enfin sur la taverne. L'endroit où se retrouvaient hommes et femmes, sans barrière sociale aucune. Seule la boisson, le jeu et la détente régnaient dans ces endroits bénis par les dieux. Dagobert avançait droit sur la porte, traversant le vacarme de la foule. Il s'imaginait déjà boire et manger avec une belle paire de fesses assise sur ses genoux, et plumer quelques salopiots aux cartes, comme il avait toujours su le faire !

_ Aha ! A moi les pépètes et les poulettes ! Susurrait-il en se frottant les mains.

Dagobert poussa la porte du pied, et fit entrée triomphale, les bras écartés, un grand sourire sur les lèvres.

_ Bien le bonjour bandes de joyeux lurons !

Silence, silence quand tu nous tiens et ne nous quitte jamais. C'était un véritable bide. Les six clients tournèrent la tête, le temps de jeter un coup d’œil au nigaud qui se prenait pour le roi de la fête, avant de reprendre leurs discussions.

_Qu'est-qu'on lui serrt au bon M'sieur ? Demanda un voix à l'accent nain, à n'en point douter.


◈ ◈ ◈


Gallen entrait dans la petite échoppe, tenue par un nain, dont il ne distinguait que le crâne luisant derrière le comptoir.

_ Le bon jour !

Le nain se redressa, il ouvrit la bouche, presque camouflée par une barbe noire et hirsute, pour montrer une langue coupée. Le jeune homme dû concentrer ses efforts sur sa capacité à ne pas paraître dégoutté, et se força donc à un sourire. Il ne souhaitait clairement pas offusquer cette masse de muscle. Des bras gros comme ses cuisses, c'était à peine croyable, ce nain devait coller des baffes à t'en dévisser la tête !

_ Bonjour ! Sifflota une voix mélodieuse et chantante sur sa droite.


Il pivota : « Ab... Ababe... Sula...». Il passait pour un âne, ça l’embêtait, et pas qu'un peu. Il avait devant lui une sublime créature, une chevelure d'or pâle, des yeux d'un bleu marin envoûtant, la peau colorée d'un rose sans pareil par le soleil et le froid de la région, et un galbe autrement plus attrayant. Son cœur avait vacillé, au point qu'il n'accorda que peu d'attention au faucon des neiges perché sur l'épaule de la jeune femme, qui affichait un sourire gêné mais poli.

_ Je peux vous aider ?

_ Oui ! Je dois faire parvenir une lettre à l'échevin d'Apreplaine. Le plus rapidement possible. Enfin... Sans vouloir vous commander... Je... Commençait-il a balbutier en agitant la lettre cachetée.

La jeune femme saisit la lettre en souriant, et se dirigea vers le comptoir pour l'y déposer. Le nain fit un cinq de la main, et deux fois de suite, pour enfin rajouter un deux, à l'attention de la jeune femme, qui acquiesça avec un très large sourire avant de retourner vers Gallen.

_ La course vous coûtera douze souverains Monsieur. Dit-elle en s'approchant. Et vous pouvez comptez deux bonnes ennéades et demi avant que je puisse délivrer la missive.

_ Très bien, commença-t-il en tirant sur sa bourse, c'est vrai que c'est pas la porte à côté. C'est vous la coursière alors ? S'enquit l'intéressé en lui tendant la monnaie.

La blondinette acquiesça en saisissant les pièces une à une, comme un oiseau picorerait du pain dur, avant de lui tourner le dos et de se diriger à nouveau vers le comptoir en le saluant.

_ C'est moi-même ! En vous souhaitant une bonne fin de journée Monsieur !

Gallen resta planté là quelques secondes, pour ensuite quitter l’échoppe, tout chamboulé qu'il était. Il faut dire que c'est bien à son âge que le cœur vagabonde au gré des rencontres. Il commençait à marcher dans la rue, lorsqu'une main lui saisit l'épaule pour le tirer vers l'arrière.

_ Eeeh ! S'exclama-t-il en manquant de tomber.

C'est alors qu'il reconnu Dagobert. Le bougre était en sueur, et pas n'importe laquelle : Il transpirait la connerie. Le marchand regardait à droite et à gauche, l'air pas très serein.

_ On s'taille p'tit gars ! Lui ordonna-t-il en l’entraînant dans sa course.

_ Mais qu'est-ce que t'as foutu encore ?!

_ J'ai joué aux cartes !

_ Triché tu veux dire !

_ Un mot inventé par les perdants ça ! S'écria-t-il en hurlant de rire, pressé par l'excitation.

Et c'est ainsi qu'ils quittèrent Lante, sans faire plus de vague et sans s'éterniser. Partout il allait, Dagobert ne pouvait pas, au moins une fois, ne pas arnaquer quelqu'un. Véritable tare génétique, transmise très certainement par un père qui avait passé sa vie à parier.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Souffler un peu, mais pas trop.   [Terminé] Souffler un peu, mais pas trop. I_icon_minitimeSam 4 Mar 2017 - 5:38

Automne, Tariho, neuvième ennéade de Favriüs, an neuf, onzième cycle.


Les jours et les ennéades s'étaient écoulés paisiblement dans le fin fond du Lörn, loin du regard des curieux. Et la bâtisse avait désormais plus fière allure qu’on aurait pu l'espérer. Le rez-de-chaussée avait été complètement vidé de toutes les immondices stockées par le nécromant, avant d'être incinérées par acquis de conscience. Et pour surtout des raisons de salubrité. Le métabolisme humain n'est pas aussi solide que celui des elfes, T'sisra n'avais donc pas pris de gant à niveau là.
En tous les cas, cette grande pièce avait été aménagée pour que chacun puisse avoir un endroit où se reposer, et passer un peu de temps au chaud et à l'abri des intempéries qui s'abattaient sur la région depuis quelques jours.
Dagobert et Gallen jouaient aux cartes dans la pièce au premier, tandis que la daedhel dormait à poings fermés, emmitouflée dans une fourrure d'ours, près du feu.
Le marchand abattait ses cartes sur la table avec un fin sourire, face à son adversaire désemparé qui venait de prendre sa quatrième déculottée d'affilée.

_ Mais comment tu fais pour sortir une boucliette à chaque fois ? Demanda le jeune homme désabusé. C'est pas possible !

_ L'expérience mon jeune ami, l’expérience. Répondit fièrement le marchand en se redressant, un sourire taquin sur le visage.

_ Tu triches.

Dagobert fit mine de s'offusquer, mais c'était tellement surjoué qu'on peinait à y croire.

_ Mooâ ? Tricher ? Non mais sais-tu a qui tu as à faire présentement jeune puceau des champs ? Un as parmi les as, un magicien des cartes, le devin du jeu de hasard !

_ Un rejeton d'Arcam oui, qui ment comme il respire et cache des cartes dans ses manches. Bougonna le perdant.

Le marchand lui répondit en relevant lesdites manches, tournant et retournant ses mains.

_ Le talent ! Conclu-t-il dans une révérence maladroite.

C'est alors qu'on tambourina à la porte. Les deux hommes tournèrent la tête vers l'entrée.
Avant de partir pour Lante, afin de remplacer Gallen et Dagobert qui avaient dû s'éclipser précipitamment, Garrick avait réparé le chambranle et la serrure. Une sécurité rassurante, qui le forçait hurler comme pas deux depuis l’extérieur.

_ Ouvrez ! Tyra chiale tout c'qu'elle peut dehors !

Le blondin était radieux, cela faisait presque trois ennéades qu'il n'avait pas revu le vieux bougon, et il fondit sur la porte pour en déverrouiller la serrure, puis le loquet.
L'ancien soldat entra précipitamment. Il était trempé jusqu'aux os et les vents avaient finit par le transir de froid.
L'homme avait passé un peu plus d'une vingtaine de jours à Lante, attendant une réponse d'Apreplaine, qui était arrivée ce matin même. Et il avait, durant tout ce temps, fait d'autres recherches. Recherches qui le suivirent à l'intérieur.



_ Bonsoirr Messieurs.

Un mètre quarante et bâti comme un drongoruz, deux cent soixante quatre ans au compteur et solide comme le roc. Le nain, qui filait le train de Garrick, avait le cheveux blond, légèrement blanchissant, une barbe fournie et détrempée. Chargé comme une mule, il portait une armure de mailles, une large hache dans le dos et une plus petite à la ceinture, ainsi qu'un large bouclier dans la main droite, et un sac de cuir dans le dos.

_ Les gars, Balir Bock-D'Acier. Balir, Dagobert et Gallen. Présenta le vieux en se délestant de sa cape.

_ Un plaisirr !

Le marchand comme le blond se regardèrent un bref instant, avant de répondre aux salutations du nain. T'sisra avait ouvert les yeux, réveillée par le boucan, et regardait Balir la bouche ouverte sans qu'aucun son n'en sorte. Elle avait perdu le compte des jours et des ennéades depuis leur séparation, sur les rives de l'Oliya, alors que tous deux fuyaient l'Ithri'Vaan.

_ Tu gobes encore les mouches ? Demanda-t-il à la daedhel en abandonnant sac, armes et bouclier près de l'entrée.

T'sisra se leva, un brin hésitante. Elle avait peine à se dire qu'enfin, ils avaient finit par se retrouver. Balir traversa la pièce sous les regards silencieux des trois autres.
Les deux amis se tenaient devant l'âtre, et se regardaient dans les yeux. Il ne fallait pas être un oracle pour deviner qu'ils avaient traversé un sacré paquet d'épreuves ensembles, le nain et la drow avaient ce je ne sais quoi indescriptible qui dénotait une profonde complicité.
L'un et l'autre finirent par s'étreindre, le premier dans un rire joyeux, et la seconde très émue.

_ J'ai l'impression de ne pas t'avoir vu depuis des années, après tout ce que j'ai dû traverser. Expliqua la sombre avec un sourire, en s'essuyant machinalement les yeux. Quand es-tu arrivé à Lante ?

_ Un bon mois, commença-t-il, je suis allé voirr ma sœurr, et j'ai eu drroit à un siècle d'Histoirre rraconté en une seule ennéade. Et il s'en est passé de drrôles de choses...

_ Et ta femme, ton fils ? S'enquit l'arcaniste.

_ Ma femme... A disparrue durant le Voile. Quant à mon fils, il se serrait enfoncé dans le Septentrrion, à la recherche de je ne sais quelle connerrie contée dans les légendes. Pourr la gloirre d'un prrophète et ses fanatiques... Soupira-t-il, le regard sombre et le cœur lourd.

Personne n'ajouta quoique ce soit sur l'instant. La bonne humeur des retrouvailles venait d'être sabrée d'un seul coup. T'sisra se sentait responsable des malheurs de Balir, et c'était une chose qu'elle avait du mal à digérer, quand d'un autre côté, elle était on ne peut plus heureuse de le retrouver.
Elle ne savait rien ni des intérêts ni des tensions qui accablaient le Zagazorn et divisaient les peuples à l'heure actuelle. Mais la disparition de son fils était, pour Balir, pire que la mort. Il avait espéré le revoir avant la fin durant des décennies entières, et elle ne pouvait pas ne rien faire. Si son ami avait manqué un pan entier de sa vie, c'était du fait de son père, et elle s'en sentait responsable.

_ Parfois, j'aimerai que nous ne nous soyons jamais rencontrés. Et que tu aies pu avoir le plaisir de vivre auprès des tiens pour...

Surprise, au même titre que ses compagnons, la jeune daedhel s'était trouvée interrompue par une baffe que le nain jugeait bien méritée.

_ Ne commence pas à rraconter des connerries. A crroire que la bêtise est l'apanage de la jeunesse ! S'exclama Balir, en lui posant une main sur l'épaule. Les choses sont ce qu'elles sont, on peut tenter d'y rremédier, mais se lamenter sur ce qui n'existe pas, ça non ! Surrtout quand c'est pourr débiter des sottises.

Garrick, qui avait eu l'occasion de passer quelques savons à ses gosses il y a des années de ça, y avait vu là une marque d'affection plus qu'autre chose. Bien que surpris de voir sa camarade s'écraser devant le nain, il se dirigea vers l'armoire pour en sortir des assiettes, alerté par l'odeur alléchante qui s'échappait de la cuisine.

_ On va pas tarder à becter les gars. D'une j'crève la dalle, et d'deux, Mortecouille doit bientôt avoir finit. Déclara-t-il en commençant à disposer les couverts sur la table du salon.

_ Morrtecouille ? C'est qui ça ?

_ Un gobelin. Répondit Gallen, avec un sourire compatissant à l'attention de T'sisra, qui fixait le sol sans un mot, comme une gamine après une bourde.

_ Parrdon ?


◈ ◈ ◈


Le reste de la soirée fût meilleur. Meilleur que ce début mitigé, et meilleur que le temps au dehors. Il pleuvait dru, et cela ne semblait pas vouloir s'arrêter.
Il fallut un bon moment pour expliquer au nain leur rencontre avec le gobelin, ainsi que la présence de la fée qui n'était jamais très loin de la propriété. Et l'atmosphère finit par se détendre, pour le plus grand bonheur de tous. Alors ils ripaillèrent et éclusèrent quelques chopines, le cœur léger, tandis que chacun y allait de sa petite anecdote.
Avant d'aller dormir, et de rejoindre le rez-de-chaussée pour certains, Garrick donna la missive en provenance d'Apreplaine à T'sisra. Ce qui lui était complètement sortit de la tête par ailleurs. La sombre prit le temps de lire et relire ce bout de papier, dont elle ne comprit pas grand chose à la première lecture. Voilà donc à quoi ressemblait la justice des Hommes. Rien à voir avec celle du Puy, qui se voulait un poil plus expéditive. En tous les cas, il lui faudrait ramener le corps d'Abel le Fielleux, dont le véritable nom était Dugris, jusqu'en Apreplaine. Voilà qui annonçait un sacré voyage. Mais n'était-ce pas ce dont elle avait toujours voulu ? Parcourir le monde, libre, expérimenter et rencontrer, découvrir et explorer. La vie rêvée des aventuriers.
Elle s'endormit dans la chaise, près de l'âtre et du feu crépitant qui propageait une douce chaleur, avec une nouvelle idée en tête.

Aux aurores le lendemain, tout le monde s'était réveillé. Gallen tenait une gueule de bois des plus agressive et la lumière du jour lui tapait le crâne, contrairement aux autres qui avaient déjà une solide expérience en matière d'alcool. Tous s'étaient installés autour de la table du salon, à l'étage, pour déjeuner, pendant que Mortecouille jouait avec ses crottes de nez près de la fenêtre.

_ Je dois ramener le corps du nécromant jusqu'en Péninsule, Apreplaine plus précisement. Lâcha T'sisra de but en blanc au beau milieu d'une conversation.

Garrick manqua de s'étouffer avec son lait.

_ T'es réveillée où tu dors encore là ?

_ Les péninsulaires n'aiment pas du tout les puysards. En tout cas le Nord. Expliquait le blondin. Tu risques d'avoir des ennuis.

_ La tête d'Abel était mise à prix par la région...

_ Ah bah si y a d'excellentes raisons, je ne peux que te pousser à y aller. Et fissa ! Coupa le marchand. A combien s'élève la prime ?

_ Cent souverains.

_ Mh... Ouais... Hésita-t-il, le front plissé sous la réflexion. Le voyage risque de coûter un peu, le profit est pas énorme mais...

_ Est-ce que tu t'rends bien compte de la distance à parcourir ?

Balir ne disait rien, il se contentait de sourire. La témérité et l'audace dont pouvait faire preuve T'sisra l'avait toujours amusé.

_ Ecoutez... Vous en êtes la preuve, un voyage se mesure mieux en amis qu'en lieues. Déclara-t-elle avec le sourire. Regardez-nous aujourd'hui, qui pourrait croire qu'un gobelin, trois hommes, un nain et une drow allait dîner ensemble pour fêter des retrouvailles, et tout ceci dans une maison occupée il y a encore moins d'un mois par un nécromant, aujourd'hui surveillée par une fée. Alors ?

Garrick et Gallen acquiescèrent à demi mot, un « C'est pas faux. » aurait été de circonstance.

_ Chacun de vous apporte ses compétences et sa personne à notre groupe. Et j'aimerai agrandir ce groupe. Ou tout du moins, permettre à d'autres d'en former.

_ C'est à dirre ? Demanda Balir, attendant la suite avec perplexité.

_ Devenons une guilde. Dit-elle en abattant sa main à plat sur la table. Nous avons des bras solides, commença-t-elle en désignant Gallen et Garrick, avant de regarder Balir, un forgeron capable de réparer et confectionner armes et armures, et un incontournable marchand, ou arnaqueur, qui se fera une joie revendre nos trouvailles. Nous pourrions explorer le monde, découvrir des savoirs oubliés, et aider ceux qui en ont besoin !

_ Si y a pas à tirer l'épée, et qu'en plus y a de l'argent à faire... Moi je suis partant !

_ J'ai tout à rrecommencer, et j'aurrais bien besoin d'aventurriers pourr m'accompagner dans le Septentrrion à la pourrsuite de mon p'tiot.

_ Moi j'te suis !

_ Et moi... Commença l'ancien soldat en haussant les épaules. J'ai plus rien qui m'retient nulle part alors... Autant tenter l'coup, hein ?

_ Dans ce c...

_ Mortecouille aventurier ! Vociféra le gobelin en tournant sur lui-même, sous les éclats de rire des autres.

_ Alors c'est décidé, nous formons une guilde dès à présent.

_ Je propose que nous nous appelions « L’Union des Commerçants et Revendeurs d’Antiquités et de Trésors Inestimables et Fantastiques. ».

_ Quoi ? Mais c'est merdique comme nom !

_ Pas du tout. Si tu prends la première lettre de chaque mot ça fait « L-U-C-R-A-T-I-F ». Âne bâté va. Rétorqua Dagobert, non sans fierté.

L'arnaqueur du groupe se rendit compte que tout le monde le regardait d'un air désabusé, limité fatigué.

_ Bon, ça va... Bougonna-t-il en balayant son idée d'un geste de la main, comme on chasse une mouche. Oublions ce nom.

_ Au pire le nom on s'en balance. « La Guilde » c'est très bien. Pour le moment.

Les tout nouveaux membres de la guilde échangèrent quelques trivialités, en trinquant, avec du lait, à leur association. Vint ensuite le sujet d'Apreplaine, d'après ce qu'ils en savaient, c'était un coin particulièrement tranquille par rapport au reste de la Péninsule, et qui avait de plus un système domanial légèrement différent de ce qu'ils connaissaient. Des histoires de voix et de peuple un peu nébuleuses, pour les nordiques qu'ils étaient. Quoiqu'il en soit, le coin se voulait relativement paisible et agréable, bien qu'on en disait le climat traître et le terrain plus plat qu'ailleurs. Mais la grande question restait le moyen de s'y rendre.
C'est à ce moment qu'intervinrent Garrick et Balir, qui s'était rencontré par l'intermédiaire d'un nain à la morale souple. Le dawi en question avait évoqué une cabane de pêcheur en bord de mer, a quelques lieues du Lörn, par où transitaient certaines marchandises désireuses d'échapper à la taxation, ou tout simplement en mal de légalité.

_ Mais comment comptes-tu trransporrter le macchabée ? C'est lourrd un corrps.

_ C'est vrai ça... Surtout qu'on l'a cloué entre quatre planches.

_ Et qu'on pas de charrette pour transporter l'cercueil.

_ Mais pourquoi voulez-vous que je le porte ? Demanda une T'sisra perplexe, un sourcil arqué.

Ils regardèrent la daedhel sans comprendre ce qui pour elle tombait sous le sens.

_ Il marchera jusque là-bas, avec moi.

_ Ah bah ! S'exclama Dagobert en se tapant le front, comme si tout lui paraissait simple et cohérent. Evidemment, comment aurions-nous pu passer à côté de ce détail insignifiant ? Je vous le demande !

_ Ça ne me plaît guèrre, mais nous n'avons pas vrraiment le choix. Conclut le nain, avec qui les autres étaient visiblement d'accord.

Les heures qui suivirent, la daedhel les mit à profit en préparant ses affaires, et en dispensant conseils aux uns et autres, tout en leur faisant jurer de faire attention.
Elle avait fait le plein de provisions, et récupéré quelques souverains, ainsi que quelques babioles brillantes qui lui permettraient de marchander en chemin, si nécessité devait faire loi.
Ainsi, en fin de matinée, elle quitta la maison, après de longs adieux. Mais cette fois, elle partait sans se presser, avec le cœur léger, sachant son retour attendu.

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