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Sujet: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Mar 14 Fév 2023 - 15:55
Bàrkios de l'An 20:XI~ Printemps Seconde ennéade.
Ici les craquements des branches servaient d’avertissements, le souffle des vents fredonnant dans leurs cimes susurraient aux imprudents de rebrousser chemin. Et le voyageur, même aguerrit, avançait prudemment, de peur de la courroucer, de la déranger plus que nécessaire. Car l’Aduram, prompte à s’emporter, à se laisser happer par sa colère, se révélait presque toujours capable de faucher ceux qui osaient lui manquer ne serait-ce que d’une once de respect. Pourtant, au vu de son assurance, la daedhelle défiait les comportements attendus. Son pas sûr trahissait une habitude de ces talus maudits, elle en reconnaissait, à force, les dangers les plus fréquents et n’hésitait pas à se lancer dans de larges mais bien plus sûrs détours. Et si en temps normal, elle aurait traversé ces zones avec mille précautions, aujourd'hui, elle s’y refusait tout net.
- Tu t’en sors avec le matériel de bivouac ?
T’sisra glissa un regard vers l’arrière en direction d’Ithìliur qui arpentait, pour la première fois, ces forêts si craintes par les siens.
- Tu sais que j’ai rencontré un bonhomme arbre ici ?Fit la daedhelle en lui tendant une main pour l’aider à grimper sur le talus sur lequel elle s’était perchée.Il était si frêle et si faible... Il a fallu que je traverse l’Oliya à la nage avec lui sur mes épaules pour lui sauver la mise. C’était ma première escapade en Anaëh, d’ailleurs… Je connais un endroit assez incroyable là-bas.Elle s’arrêta brutalement dans son histoire, comme frappé par une réalisation.Je me demande si le petit arbre est toujours dans cette clairière…
Secouant la tête pour chasser cette pensée, la noirelfe se laissa glisser en douceur de l’autre côté du talus. Invitant son compagnon à la suivre, elle souriait déjà à l'idée de toucher au but.
- Je pense qu’on est très proche.Lança-t-elle sur un ton enjoué en désignant de l’index un bloc de pierre enveloppé par les racines d’un arbre aussi tortueux qu’imposant.
Là, au cœur de la sylve, sous les feuilles et les racines, caché de la vue par ses gardiens de troncs et de branches, gisait Irinelëna, la cité aux étoiles. T’sisra se sentait envahie d’un étrange sentiment, elle qui bientôt parcourrait le même pavé foulé par ses ancêtres, s’enfoncerait au-delà des murs les ayant protégés durant des cycles. Quelques instants de plus et elle pourrait admirer le berceau de ses origines.
- Toujours prêt à s’enfoncer dans l’inconnu ?Lui demanda la noirelfe dans un sourire rassurant en apposant tendrement une main sur son épaule.
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Ithìliur Telperiën
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Mer 15 Fév 2023 - 0:02
Et dire que tu avais eu peur de te perdre à la Symphonie… ton expérience d’une presque éternité dans les ombres était maintenant tout ce qui te séparait d’un plongeon direct vers la folie. La colère et la tristesse d’Aduram ne l’avaient pas quitté, et ton esprit, lentement mais sûrement, s’y confondait. L’involontaire symbiose avec la forêt t’avait plongé dans une humeur taciturne, contre laquelle tu luttais Corps et Souffle, sachant non seulement le danger que s’égarer représenterait pour toi, mais le danger que tu représenterais si tu t’égarais.
- Je m’en sors t'inquiètes pas.
Ce n’est pas le matériel qui te fait traîner la patte. L’Aduram n’est pas bien différent d’Anaëh, et la vie en forêt, tu y es habitué. Peut-être un peu trop, même. Parce que le fameux matériel de bivouac, tu n’en comprends pas le moins du monde l’intérêt. Ou du moins si. Tu comprends que c’est du poids mort qui finira à un moment où à un autre par gêner votre ascension. Et ça t’agace profondément. Ou alors est-ce simplement là l’effet de la Dissonance ? Tu n’en sais rien au final. Ça fait tellement longtemps que tu n’as plus vécu comme ça. Tu avais fini par t’habituer au Silence. Et là… là tu étais perdu. Perdu par la familiarité bien trop grande de cet endroit que tu ne connais pas.
Tu suis T’sisra par automatisme, mais tu n’écoutes qu’à moitié ses indications. Tu sais ce qu’elle cherche, elle t’en a déjà parlé. Et instinctivement, tu sais où le trouver. Le fantôme de la vie elfique te conduit à travers des arbres portant leurs souvenirs à fleur d’écorce. Tu soupires. Tu aurais aimé qu’elle comprenne ce que tu vis à l’instant, qu’elle ressente ce que tu ressens. Non seulement pour qu’elle se rende compte de ce qui t’effrayait, mais parce que peut-être – tu le penses – partager son Souffle avec celui de la forêt lui apporterait des réponses.
- Prêt ?tu réponds avec un ton plus sec que tu ne l’imaginaisNon, mais il me faudra bien faire avec.tu soupires, inspires à nouveau, et reprends avec un peu plus de calmePuis je ne suis pas certain non plus qu’on puisse parler « d’inconnu ».
Tu prends rapidement les devants, et après quelques pas, d’un frottement de ta paume contre le lichen, tu dévoiles de ce qui aurait pu être une bâtisse, une sculpture ou une stèle. Qui pourrait le dire ? Aujourd’hui ce n’était plus qu’un bloc de pierre taillée brisé et dévoré par la végétation.
- Par-làtu tends la main vers le Nord-OuestIl y a quelque chose d’important par-là.
Ton coeur s’alourdit au fur et à mesure que tu avances. Les Voix de la Forêt semblent à chaque pas te faire la promesse de devenir plus nombreuses, plus étouffantes, plus vivantes, plus proches de véritables paroles. Là où la Dissonance t’est le plus palpable, c’est que des Elfes ont vécu. Là où les Chants discordants de Liltalaïma se font le plus proches de ton langage, c’est que ton langage a été assez parlé pour s’imprégner dans la Sylve.
- Tu ne le ressens vraiment pas ?tu fronces les sourcils en direction de T’sisraIl paraît que l’Aduram arrive même à se faire entendre des Humains. Alors toi qui a techniquement du sang elfique, ça m’étonne qu’il ne te fasse ni chaud ni froid.l’un de tes sourcils se relèveOn ne peut pas être à ce point différents, si ?.
« On », pas elle et toi, mais « On » Elfes et Drows. Savoir que les Eldéens n’étaient autres que les descendants des Exilés du Linoïn t’avait poussé à imaginer leur sürdité à l’image de celle des Citadins. Seulement même les Citadins les plus Sourds avaient l’esprit tourmenté ne serait-ce qu’à approcher la frontière Sud de Wyslena. Le Souffle des Eldéens était-il à ce point brisé que même la Dissonance n’arrivait plus à les affecter ?
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Mer 15 Fév 2023 - 3:16
La daedhelle lui avait emboité le pas, car lui, il semblait presque déjà connaître les lieux. Et ça l’inquiétait ce lien entre la sylve et ses enfants. Un lien puissant, peut-être trop. Parce qu’il avait été marqué par la Prime Œuvre depuis toujours ? Mais elle… Qu’est-ce qui lui manquait dans ces sensations ou qu’elle ne saisissait pas, mais que lui, en revanche, ressentait au plus profond de son Souffle ?
- De quoi ? La tristesse et l’abandon ? Le tourbillon de désespoir, de renoncement et de douleur dans lequel baignent ces ruines ?Demanda-t-elle en observant les alentours.La colère qui aura fait bouillir notre sang des cycles durant ? L’écorce suinte du même désir de vengeance que les chants qui résonnent sous le volcan. Cette terre empeste la mort, bien avant même qu’on pénètre sous les frondaisons.
T’sisra secoua la tête, ferma les yeux et se pinça l’arrête nasale. Ce n’était pas sa première fois ici. Et tout ceci, ce n’était que le berceau de sa culture, le squelette sur lequel s’était bâtie une société toute entière tournée vers la vengeance dans sa pureté la plus éclatante qui soit.
- Je ne sais pas à quel point nous sommes différents. Mais ça là, j’ai baigné là-dedans toute mon enfance. Ce ne sont pas des sentiments qui me sont étrangers. Je… Je suppose qu’il y a un habitus qui… Rend la chose peut-être plus facile à gérer ?La noirelfe marqua un temps d’arrêt, s’approchant du bloc de pierre pour frotter le lichen à son tour, mettant un peu plus à nu sa surface rugueuse et abîmée.J’ai défié le Puy, leurs traditions puis leurs armées. J’ai défié le Zagazorn et ses lois ancestrales. J’ai même défié Tari en personne, ça a presque manqué de me coûter et ma vie et ma voix. Tu penses que je ne vais pas défier l’Aduram ?
Le brin de vague à l’âme lui ayant saisi le regard s’envolait déjà, chassé par un sourire trainé malgré lui sur la ligne de front. Elle n’était pas ignorante de son emprise, ce fut d’ailleurs la raison qui l’avait poussée à laisser Non à l’auberge, sous la garde de Tristan.
- Je me sens étrangement liée à cet endroit, sans que cela soit particulièrement rationnel. Et même si tout… Tout ceci m’attriste profondément,dit-elle en désignant les alentours d’un signe de la tête,je ne veux ne pas ajouter mon chagrin à la peine ambiante qui flotte comme une brume dans ces ruines. Alors, je m’efforce de ne pas prêter attention à ces cris, à ce… Hurlement qui ne semble pas avoir de fin. Je refuse de succomber à son appel. Si je peux être… Une luciole dans la nuit noire et apporter un peu ma lumière, je le ferai aussi longtemps que possible. Après… Je n'entends pas la Symphonie, enfin pas que je sache, j’imagine que ça doit avoir son importance aussi.
T’sisra libéra enfin la pierre de la caresse de sa main. Elle se mit à marcher aux côtés d’Ithìliur, se permit même de le dépasser. Il avait pointé la route à suivre, elle l'empruntait derechef. Et ses sens s’étendaient plus loin encore, survolaient les cimes, léchaient l’écorce et effleurait la vie grouillant dans la terre.
Ils s’enfoncèrent entre les troncs torturés, enjambèrent leurs racines noueuses, arpentèrent aussi bien le sol terreux que ce pavé délaissé jusqu’à les voir. Les vestiges. Des murs, pour certains éventrés, d’autres effondrés, des bâtisses prises d’assaut par une nature s'étant imposée à elles comme leur nouvelle charpente. T’sisra s’était arrêtée tout net, elle avait l’impression de découvrir un fragment du passé s’étant perdu dans les méandres du temps pour ne se dévoiler qu’à leurs yeux.
- Si j'étais… Une nisétienne en pèlerinage…Marmonna-t-elle tandis que son regard se perdait entre les pans de murs et constructions grignotées par la forêt.Tu… Tu as une idée ?
Lui. Il sentait, il savait. Elle lui tendit sa main, grande ouverte. Elle ne voulait pas avancer seule, pas ici. Et puis, si elle voulait partager un peu de lumière en ces lieux de noirceur, c’était à lui qu’elle souhaitait en offrir plus qu’à quiconque.
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Mer 15 Fév 2023 - 22:22
- Pas vraiment, non.tu te saisis de la main de T’sisra, un sourire amusé aux lèvresC’est pas vraiment comme ça que ça marche.
Les doigts entrelacés, vous faites quelques pas seulement avant que tu ne succombes. Il te fallait absolument essayer. Alors d’un rapide signe des yeux tu avais invité la daedhelle à prendre place à tes côtés sur l’une des larges racines perçant le sol autour de vous et à s’asseoir un instant.
- T’sis...machinalement, tu lui prends les deux mains et les masses distraitement en cherchant tes mots...je comprends d’où tu veux en veniret par là tu te veux aussi implicitement la remercier pour ses attentionsmais les Voix de la forêt ne sont simplement pas quelque chose contre lequel on peut lutter. Elles sont. Point trait.ton regard s’enfonce vers les profondeurs du boisEt elles ne sont pas non plus quelque chose qu’on « subit ». Au contraire, elles sont quelque chose qu’on vit.tu finis par lâcher ses mains pour te saisir d’une motte de terre, que tu effrites lentementNous… et du coup toi aussi au final, nous avons été faits liés au reste de la Création. Partout où est toujours intacte l’essence du Premier-Monde, nous ne sommes plus seuls à nous-mêmes, mais part d’un Tout. Comme… comme… des organes dans un corps. Un membre blessé, et c’est tout le corps qui reconnaît la douleur. Tout ce qui touche le reste du corps nous affecte, qu’on le veuille ou non. Tenter de le refuser ne sert à rien, le tout est simplement de ne pas s’y perdre. Ce n’est pas parce que la main est blessée que les jambes doivent s’arrêter de marcher.
Tu marques une pause, peu satisfait de ton explication. Et pas besoin de mots pour l’exprimer, le regard que tu partages avec T’sisra en dit bien assez long. Tu cherches une autre manière. Peut-être moins imagée, plus directe. Oui, plus directe. Peut-être ainsi les choses seront-elles plus compréhensibles.
- La Symphonie lie ensemble les essences des créatures du Premier-Monde.tu fronces les sourcils et tes mains s’ouvrent, battant l’air au rythme de tes mots pour mieux te faire comprendreElle nous permet de tous vivre comme Un, chacun intrinsèquement conscient de l’autre, et du coup tous profondément marqués par des souvenirs, des sentiments et des sensations que l’on peut ne jamais avoir personnellement vécu.tu souris à la daedhelle...Je ne peux pas « défier » l’Aduram, simplement parce qu’ignorer sa Voix m’est impossible. L’Ancien Linoïn est une part de Moi autant qu’il me perçoit comme une part de Lui....et pose une main contre sa joueEt de la même manière, ça ne sert à rien d’essayer de te faire « une luciole dans la nuit », déjà parce que le seul moyen pour moi de ne pas me laisser emporter, c’est de rester assez présent à moi-même pour ne pas oublier quels sentiments sont miens et miens seuls...tu retires délicatement ta main...mais aussi parce que tant que tu existes avec moi – et aussi proche de moi – au sein du Premier-Monde, la peur et la confusion que tu essaies de refouler me seront tout aussi palpables que ton inébranlable détermination.tu te lèves, enjoué et requinquéMais j’apprécie le geste!tu lui tends la main à tout tourTout ça pour dire que, j’ai une petite idée de ce qui a marqué la Sylve et ses habitants, mais une Nisétienne en pélerinage… il faudra espérer que ses centres d’intérêts soient les mêmes.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Jeu 16 Fév 2023 - 18:04
Ce fut sans dire un mot qu’elle l’avait accompagné, qu’elle s’était assise sur cette racine à ses côtés et qu’elle avait écouté. Si elle entendait chacun des mots franchissant le seuil de ses lèvres, qu’elle en saisissait le sens, elle peinait à réellement en apprécier le poids. La daedhelle s’en trouvait tiraillée par des théories et des pensées alourdissant son cœur, ce qui ne manqua pas de faire poindre, dans la foulée, un sentiment de culpabilité, car elle s’en voulait déjà à l’idée qu’il puisse ressentir le désarroi l'ayant saisit durant ce bref instant.
T’sisra saisit sa main, se laissant tirer vers lui. Cependant, elle restait plantée là, un peu désemparée, un peu indécise. Elle finit par s’approcher de son compagnon pour venir se coller contre lui et serrer ses bras autour de son torse.
- Au fond de moi, je crois que c’est ce que j’ai toujours cherché. J’ai toujours eu ce désir de faire partie de quelque chose, d’avoir le sentiment de ne pas être… Complète parce que j’ai ce… Besoin de… De communion. J’ai traversé le monde, plusieurs fois, à la recherche de… De ça.Elle marqua un temps d’arrêt, son regard fuyait entre les ruines.C’est ce qui m’a poussé à fonder la Guilde, pour que tous ceux qui en éprouvaient le besoin puisse se trouver une famille. À chercher un endroit que je pourrais appeler mon foyer, un quelque part où me sentir enfin appartenir à quelque chose.Son regard remonta en direction de l’elfe.Pendant longtemps, je me suis demandé si quelque chose en moi n'est pas tout simplement… Cassé ? Ou bien, est-ce que c’est à force de batailler envers et contre tout et de toujours vouloir briser les limites du possible, à avancer quitte à être seule que…
La noirelfe se décolla d’Ithìliur, son regard semblait chercher à s’accrocher à quelque chose d’invisible. Une idée virevoltante, une pensée trop fugace, un sentiment qu'elle n'arrivait pas à identifier entièrement.
- Et pourtant, j’ai l’intime conviction que ce lieu me… Enfin, qu’il a une influence. Mais peut-être pas pour les mêmes raisons alors… Je ne sais pas. Et plus j’essaye de comprendre, plus j’ai l’impression d’essayer en vain de mettre des mots sur ce quelque chose qui ne se laisse pas définir. Une sorte de concept ineffable. Peut-être que ce lien dont tu parles est bien là, enfoui et en sommeil au fond de moi.
Elle finit par chasser ces pensées dans un haussement d’épaule. Si ce n’était pas aujourd’hui, ce le serait un jour prochain, mais elle finirait par comprendre. Elle le voulait vraiment.
- Un jour peut-être. Sûrement.Conclut-elle dans un sourire en tirant sur le bras d’Ithìliur, l’entrainant avec elle plus profondément dans les ruines.En tout cas, aujourd'hui, à chaque fois que tu poses les yeux sur moi, je me rends compte que je ne ressens plus ce besoin de devoir courir après ce qui m'a toujours manqué. Je pense que ce quelque part que j'ai longtemps cherché était en réalité un quelqu'un. Toi.La noirelfe resserra un peu plus son emprise sur le bras de l’elfe, puis après un instant de silence, elle désigna les hauteurs un peu plus loin, des escaliers recouverts de végétation, sans doute.Comment sont faites les cités elfiques ? Où est-ce qu’un protecteur vivrait ? Dans les hauteurs de la cité, non ?
Prudemment, elle gravissait les marches traîtresses, sans lâcher la main de son compagnon. Et à mesure qu’ils approchaient du sommet, se dessinait devant eux ce qui, autrefois, aura nul doute été une grande et belle place. Une large statue gisait en son centre, méconnaissable, prisonnière des racines d’un arbre imposant. De là, se dessinaient plusieurs chemins, dont les plus praticables menaient à des édifices témoignant d'une majesté passée et assez solides pour avoir survécu aux affres du temps comme aux assauts de la nature.
- Reste prudent,souffla-t-elle en approchant de l’arcade qui jadis fut une imposante porte d’entrée,il y a une anomalie par ici. Et je n'ai aucune idée de ce que ça peut bien être.
La daedhelle fit quelques pas vers cet imposant bâtiment. Entre ces murs, rien ne vivait, pas de petits animaux ni même d’insectes, rien hormis la végétation qui elle-même semblait s’y faire discrète. Portant la main à la garde de sa lame, elle jeta un regard vers Ithìliur, un regard qui en disait long sur l’impression qui la prenait aux tripes, avant d’enjamber les débris d’une colonne pour s’enfoncer dans ce qui fut un hall resplendissant bien des cycles auparavant.
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Mer 22 Fév 2023 - 0:07
L’étreinte que tu lui rends se fait un peu timide au fur et à mesure qu’elle se perd en confidences. Te voilà quelques peu gêné à nouveau, ne sachant ni quoi faire ni quoi lui réponde. Y a-t-il même quelque chose à répondre ? Attend-t-elle une réponse ? Elle n’en a pas vraiment l’air. Voilà qui te rassure. Sans complètement la lâcher, tu relâches ta poigne sur ses doigts et te laisses guider à travers les ruines comme à travers ses réflexions. Dans l’un et l’autre cas tu prends ton mal en patience, et tu te laisses le temps de digérer ce qui t’arrive.
- Tout dépend de la topographie de la Cité.tu observes, comme elle, attentivement ce qui vous entoureMais en pleine forêt comme ici, le palais devrait être non loin du plein centre.tu grognes légèrementMaintenant pour savoir où exactement est le plein-centre vu l’état des lieux...
Un frisson te parcourt l’échine, et T’sisra te semble tout autant sur le qui-vive. Effectivement, quelque chose ici ne tourne pas rond… ou du moins, quelque chose ici vous inquiète encore plus que ne le fait déjà le reste de votre environnement. Comme la sienne est proche de sa lame, ta main est proche de ta clef. Tu as la sensation que non loin, quelque chose cherche à vous enfermer. Les parois immatérielles de ton monde s’opacifient, et l’éther te susurre à l’oreille que tout cela n’annonce rien qui vaille. Le silence s’installe. Le contact entre la daedhelle et toi n’est plus que paroles d’yeux dont le sens s’est bâti une éternité durant.
Un bruit sourd attire ton oreille. Le frottement de la pierre contre la pierre. Puis le son – familier – de la roche qui se brise. Un pan d’un mur proche « s’effondre » sur toi. « S’effondre » parce que la trajectoire de la pierre n’a rien de naturel. Proprement arrachée à l’édifice, l’obus file droit vers toi, au point de presque courber sa trajectoire dans la direction de ton bond. Tu pestes, comprenant dès lors – alors que l’ectoplasme fuligineux ayant dévoré tes jambes se refait chair – qu’il ne s’agit plus d’affronter la nature. Pas celle comme vous l’imaginez en tout cas.
- Comme quoi, y’a pas que de l’autre côté du Voile qu’on y a droit.
Clef en main, corps sur le qui-vive et esprit dans le néant, tu te prépares au prochain assaut d’un adversaire contre lequel vous n’avez aucun pouvoir. Ils sont peu, après tout, ceux pouvant se targuer être capables d’apaiser les tourments des Souffles arrachés à la mort par la Dissonance.
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Ven 24 Fév 2023 - 0:50
Face aux fracas de la pierre, la noirelfe avait tiré son épée de fourreau. Le maître des lieux leur avait signifié sa présence, et il n'appréciait vraisemblablement que très peu ces intrus venus le déranger en sa demeure.
- Je ne sens rien. Je…
Dans fracas saccadé, une fissure se dessinait dans le mur à sa gauche, grimant les mosaïques aux couleurs désormais fades ayant un jour représenté les constellations de la voûte céleste. Et plus rien, plus un son, plus un mouvement. T’sisra avança prudemment vers le fond du hall, son épée en main, son corps tout entier en tension.
Se dévoilait sous ses yeux une pièce plus longue que large, bordées d’arcades ciselées ayant souffert les affres des cycles autant que les statues morcelées qui jadis décoraient le chemin menant à un trône brisé. La cassure semblait si nette qu’elle se faisait l’écho d’une rage ancienne, une haine passée ayant laissé une marque qui aura traversé les âges. Et aux pieds des marches, bassins, côtes, fémurs, crânes et autres os aisément reconnaissables. Ceux qui s’aventurèrent au cœur de ces ruines y avait rencontré leur fin.
La noirelfe jeta un œil derrière elle, cherchant à ne pas s’éloigner outre mesure de son compagnon. Et dans ce bref instant, le raclement du métal contre la pierre résonna dans la salle. Dans une volte-face, T’sisra dévia la lame filant droit sur elle d’un geste aussi leste que précis. Et pourtant, une douleur pongitive et déchirante irradia dans sa cuisse. Elle laissa échapper un cri de douleur en refermant sa main sur la dague rouillée qui, sans doute, avait suivi l’épée dans sa course tout en ayant réussi à se dérober à son regard.
- Je le tiens !S’écria-t-elle en refermant ses doigts sur la poignée du kriss enfoncé dans sa chair.Je…
La daedhelle grimaça en retirant d’un coup sec la lame de sa cuisse, titubant dès lors vers Ithìliur en laissant une trainée de son sang sur le pavé blanc. Elle jeta au sol ce qui n’était en réalité qu’un simple bout de métal rongé par les années. Son regard se perdait dans les ruines à la recherche d’un danger sur lequel elle n’avait aucune emprise.
- Je ne sais pas ce qu’il faut faire.Souffla la daedhelle dans un râle de souffrance.L’épuiser, peut-être ? À ce jeu-là, je suis imbattable. À moins que tu n'aies une idée ?
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Mar 28 Fév 2023 - 3:26
- Je ne pense pas qu’on puisse épuiser un mort.ton souffle se coupe, alors que tu évites de peu une projectionJ’pense que là l’angle...tu plonges derrière un muret pour éviter une lame volante...survivre le temps qu’on ait ce qu’on cherche.
Ce qui aurait été beaucoup plus simple, si tu avais la moindre idée de ce que vous cherchiez. Là-dessus, il semblerait qu’il te faille compter sur T’sisra. Ce qui voulait dire que de ton côté… il te fallait te rendre utile autrement. Profitant de ces quelques courts instants à l’abri des débris, tu pousses contre un mur invisible, à la recherche d’une poignée vers le monde que vous aviez récemment quitté. Ton coeur bat la chamade. Tu as peur. Tu as peur, et les sentiments que véhicule l’Aduram n’aident pas à t’apaiser. Voilà depuis votre libération que tu n’avais pas sollicité les ombres de cette manière, et là… la chose te paraissait bien trop facile. Bien trop naturelle pour un sortilège que tu n’avais jamais pratiqué que de l’autre côté du Voile. Maudite soit la fraction de seconde t’ayant suffi à te rendre compte que tu n’avais pas le moins du monde réfléchi ton incantation. Que le geste t’était devenu seconde nature. Que tu serais à tout jamais lié à l’autre côté du Voile.
- Pour cette histoire de Nisétienne… vu comment l’autre est en rogne, c’est qu’il doit y avoir quelque chose pas loin.
Les Souffles errants ne s’attachent pas aux lieux par hasard. Les plus virulents d’entre eux d’autant moins. Quelque chose d’autre que la simple rage qui l’habitait de son vivant anime cette chose. Son attache à cet endroit était trop forte pour qu’il ne s’agisse là que des regrets d’une âme fâchée. Votre assaillant défend quelque chose auquel il était fortement attaché de son vivant. Ce n’est peut-être pas ce que vous cherchez, mais il y a quelque part ici quelque chose de précieux.
- Tu peux fouiller, je te couvre !
Et comme pour éprouver la promesse derrière ces mots, les lames ayant accueilli T’sisra reprirent leur ballet, accompagnée de nouvelles de leurs sœurs. Plongeant dans le fuligineux costume que tu avais si souvent arboré là-bas, tes yeux dorés brillant dans le néant qu’est devenue ta silhouette, tu finis par quitter ton abri. Tes lèvres vaporeuses laissent échapper un cri silencieux, et la gueule béante sur pattes qu’est la farce de batracien t’ayant servi de compagnon avant ta rencontre avec la daedhelle de l’Autre-Côté avala goulûment les mortels projectiles. Tu ne peux peut-être pas éliminer définitivement le danger, mais tu as connu pire. Ce n’est pas une pauvre âme errante que tu laisseras se mettre sur votre chemin.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Jeu 2 Mar 2023 - 0:03
La daedhelle observait le ballet mortel reprenant de plus belle, son sourire s’étirant à mesure que disparaissaient les projectiles dans le néant émanant d’Ithìliur. Elle lui adressa un hochement de tête dans un regard complice, s’en retournant vers le fond de la pièce. Il lui offrait ce après quoi ils avaient couru sur des durées aussi bien immesurables qu'inconcevables : du temps. Alors, elle s’était élancée sur le pavé blanc, remontant la grande salle, enjambant les débris de statues millénaires, courant jusqu’aux ossements, derniers témoins d’un passage oublié.
T’sisra se laissa glisser sur les genoux, s’arrêtant à quelques pouces des squelettes prostrés au pied des marches menant au trône brisé. Là, entre les os blanchis des fidèles en quête d’un vain espoir, gisaient les restes d’un symbole. Un symbole épargné par le temps, cependant éprouvé par les combats. Si sa lame fut brisée, son éclat n’avait point failli. La daedhelle reconnu dans l'instant le motif de la garde, semblable en tous points aux reliques des Veilleurs. Et sa marque était là, tissée dans l’invisible toile de ce monde, si ténue qu’elle en était presque invisible. Tirant un rouleau de lin de son sac, la daedhelle s’empressa d’y déposer la garde et les morceaux de la lame pour les enrouler précautionneusement. Dans un regard vers l’arrière, elle s’enquérait de l’état d’Ithìliur, toujours aux prises dans un affrontement acharné contre la manifestation d’une colère ayant refusé le repos de l’au-delà et ayant choisi de garder ces ruines comme de son vivant, et ce, pour les cycles à venir.
- J’ai la…
Son regard s’accrocha aux reflets dorés filant d’entre deux humérus croisés, encore déterminés à protéger leurs trésors des intrus. Mais elle n’était pas une intruse en ces lieux. Du pied, elle dégagea les os obstruant la vue et la contemplation de ces bijoux. Un diadème fin et délicat aux reflets dorés et argentés ainsi qu’un collier d’or dont les anneaux scintillaient encore malgré la poussière. L’un comme l’autre arborait le même symbole, un croissant de lune et dans son creux six étoiles. T’sisra s’était laissé retomber à genoux, elle avait oublié la violence du combat, le sifflement des lames tranchant l’air et le fracas de la roche. Ses doigts soulevèrent les parures jusqu’à hauteur d’yeux, contemplant ce sceau comme au marqué au fer dans sa mémoire depuis presque toujours. Elle l’avait vu gravé dans la roche de murs et de colonnes noires, dans le bois sombre de grandes et lourdes portes, dans l'acier noir de grilles protectrices et dans la cire de lettres jamais envoyées.
- Je… J’ai…La noirelfe secoua la tête et glissa les bijoux dans son sac.
La réalité lui revenait, sa conscience s’étendait à nouveau jusqu’à tâtonner le vivant. Elle reprenait conscience du danger qui les entourait elle et lui. La daedhelle se mit à courir vers les ombres, le regard vif et déterminé, déviant une lame sur son passage.
- On s’en va ! Ithìliur ! Quittons ces ruines !
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Lun 6 Mar 2023 - 0:38
La rage du spectre résonne en ton cœur comme si elle avait été tienne. Ses assauts grandissent en férocité. Ses attaques grandissent en intensité. Ce n’est plus lame après lame que tu dois éviter la mort, mais nuée après nuée. Animés d’une volonté commune, les bouts de métaux disparates s’arrangent en une danse macabre dont les pas cherchent désespérément la direction de l’organe vital que tu dissimules sous ton voile noir. Mais à spectre défunt, spectre vivant. Tu glisses le long des murs à une vitesse folle, ombre filante sans maître, la langue de ta bête toujours prête à se saisir du moindre roc ayant trouvé sa place parmi le métal, et s’approchant trop près de toi. Plus le temps passe et plus cette valse mortelle trouve un sens à tes yeux. Plus le temps passe et plus ce qui se passe te devient évident. Le fantôme finit par t’apparaître. Tout Ombromancien que tu sois, incapable de directement interagir avec lui, les contours de ton adversaires finissent par t’apparaître, comme ils apparaîtraient à un Maître des Âmes.
Tu trembles, autant d’excitation que de peur, quand une dague frôle ton ventricule. Tu redoubles d’ardeur, quand ton adversaire te rappelle que le temps ne joue pas en ta faveur. T’sisra cherche. La forêt murmure des paroles de faux réconfort en réponse à la douleur du Souffle perdu. Il en appelle à l’Œuvre. Il implore Aduram. Aduram lui donne raison. Tu quittes ton habit d’ombres. La Sylve joint le combat. Un arbre souffreteux semble s’arracher à ses racines pour vous menacer de ses branches épineuses. L’écorce s’apprête à s’abattre sur toi.
L’espace d’un instant tu succombes à la rage
Las de lutter contre la colère de ce lieux ; las de subir en ton for intérieur les assauts de ce qui devrait être le plus beau Don de votre Mère ; las d’être tenu en respect par l’amour que tu as à l’égard de ces landes désolées.
D’immenses mains griffues jaillissent depuis le néant
Le colosse se saisit du tronc comme s’il s’était agi de la tige d’un jeune arbuste, et le broie sans autre forme de procès. Ton coeur bat, tu paniques, tu réfléchis, tu te ressaisis, tu ordonnes. Avec les restes de sa victime pour tribut, la créature retourne d’où elle est venue.
- Suis-moi, dépêche-toi !
Tu te saisis de la main de T’sisra à peine fut-elle à ta portée, et tu sautes en direction de la gueule du batracien. La langue de la grenouille attrape ta jambe, et l’instant d’après, ta compagne et toi aviez disparus, gobés par « l’animal ». Vous glissez à toute vitesse dans cet espace entre deux mondes, maladroitement guidés par les forces vacillantes d’un mage pressé par l’adrénaline. Et lorsqu’enfin le néant vous recrache, vous êtes loin. Loin du spectre. Loin de ce danger. Mais toujours à la merci d’Aduram.
- T’sis s’il te plaîttu souffles comme un buffleFaut que je souffle un peu.
S’il te plaît, le temps que ça aille mieux, fais attention pour nous deux.
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Mer 8 Mar 2023 - 21:28
Pas une once d’appréhension ni même d’inquiétude ne s’était immiscée dans les méandres de sa conscience alors qu’elle se laissait emporter à la suite de son compagnon dans la gueule béante du batracien ombreux. Un voyage qu'elle ne s’attendait pas à trouver aussi mouvementé, bien assez pour que son étreinte en devienne désagréable, à la limite du douloureux.
Le son de sa voix l’avait ramenée à la réalité. T’sisra réalisa que la brise caressait à nouveau sa peau et que l’herbe se courbait sous le cuir de ses semelles. Elle rouvrit les yeux et libéra l’elfe de son étreinte, titubant vers l’arrière. Les lois de la physique avaient repris leurs droits. La daedhelle laissa échapper un rire nerveux, elle expira lentement pour calmer ce ricanement en posant une main se voulant rassurante sur l’épaule d’Ithìliur. Il avait réussi un sacré tour et elle ne pouvait s’empêcher de sourire en y pensant.
- C’était bien joué.Lâcha-t-elle en s’écartant de l’ombromancien pour le laisser respirer.Souffle autant que tu veux. Et après… On quittera ces bois.
La noirelfe vint faire le tour du tronc d’un arbre plus jeune et moins imposant que les autres. Ses doigts parcouraient son écorce humide jusqu’à rencontrer la mousse courant sur l’un des côtés. Dans un bref coup d’œil pour l’arbre d'à côté, elle laissa sa conscience s’étendre au-delà de ce que ses yeux pouvaient percevoir.
- Je ne sais pas où on est, mais le Nord est par là.Fit-elle pointant une direction.Donc la côte, et Naélis, sont de ce côté-ci. Si l’on ne s’est pas trop enfoncés dans l’Aduram, c’est l’histoire d’une journée, peut-être deux. Et on p…
La noirelfe s’arrêta net dans ses suppositions et pivota sur elle-même pour faire face à la forêt et à son calme surnaturel qui n’avait jamais eu quoique ce soit d’apaisant. Elle relevait lentement les bras tout en reculant vers Ithìliur et s’arrêta à sa hauteur. Son emprise sur la vie s’entendit brutalement aux alentours. Là était la marque sa magie : implacable, rude et violente. Les vers se tortillaient frénétiquement hors de la terre, les centipèdes se carapataient entre les herbes mourantes, les coléoptères prenaient leurs envols, la vie grouillante s’éloignait de la noirelfe aussi rapidement que possible. Même les arbres en proie à son emprise tordaient leurs troncs et repliaient leurs racines comme mus par l’impérieuse nécessité de s’éloigner.
- Quoiqu’il arrive, reste où tu es.Souffla la nécromancienne dont les veines du cou noircissaient.
Déjà le bourdonnement de leurs ailes sonnait comme un avertissement aux oreilles pointues des intrus perdus sous les frondaisons d’Aduram. Un bourdonnement menaçant qui expliquait l’absence d’autres animaux. Car ce coin de la forêt n’appartenait qu’à eux et ils n’y toléraient rien d’autre.
Pourtant, ils devrait faire avec. Ces bestioles, aussi rapides et dangereuses pouvaient-elle être, s’effondraient les unes après les autres dans un ballet macabre au rythme des percussions sourdes de la rencontre de leurs corps et de la terre. Les plus téméraires finissaient leurs chutes aux pieds des deux mages, se recroquevillant sur eux-mêmes dans un dernier effort. En l’espace d’une poignée de secondes, une petite trentaine de ces coléoptères hors du commun gisaient au sol.
- Je n’en avais jamais vu des comme ça.Souffla la noirelfe en faisant basculer l’une des carcasses du bout de sa botte.C’est parce qu’on est Aduram qu’ils sont aussi gros ?
Gros, dangereux et surtout nombreux. D’autres se dévoilaient aux sens de la noirelfe, mais ils restaient à l’abri des regards, quand certains se posaient dans les arbres et sur le sol, au-delà de son emprise mais bien en vue. Quelques individus audacieux osèrent s’approcher, un peu trop pour leur propre bien, tandis que les autres s’agglutinaient au Sud.
- Reprends ton souffle, mais… Ne traînons pas trop. Mieux vaut ne pas laisser le contrecoup de la tension t'épuiser.T’sisra lança un regard à son compagnon, elle était confiante et esquissa un sourire en coin qui se voulait rassurant.Mais ce n'est pas la peine la peine de se presser. Je n’ai plus l’impression qu’ils veulent encore attaquer…
Les yeux de la noirelfe parcouraient le sol et les troncs et branches des arbres recouverts de ces effroyables insectes. Ils jaugeaient du danger et pour l’instant, leur instinct de survie leur commandaient que démontrer leur domination du territoire par leur présence nombreuse restaient l’option la plus efficace et surtout la moins mortelle.
- Évitons les gestes brusques. Tiens-toi droit, fais-toi le plus imposant possible. Mieux vaut partir dans le calme. Tant qu’ils nous considèrent comme des prédateurs, ils devraient simplement se contenter de s’imposer pour marquer leur territoire.
T’sisra désigna non pas le Nord, qui était la direction opposée au danger, mais l’Ouest.
- On partira par là. Il ne faut pas non plus céder totalement. Quitte à longer leur territoire.Son regard vint à nouveau croiser celui d’Ithìliur, un regard vif et perçant renfermant une touche de sérénité face au danger.C’est bon pour toi ? Elle laissa passer un instant de flottement. Sinon il me suffit tout bonnement de courir plus vite que toi, mais… Je ne suis pas sûre d’y arriver.Plaisanta-t-elle alors que son sourire s’étirait.
Une taquinerie qui pouvait surprendre, mais en vérité ce genre d’attitudes était monnaie courante parmi les soldats rompus aux fronts et aux combats, aux stress intenses et aux situations de crises.
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Mer 15 Mar 2023 - 23:03
L’Aduram se refusait à vous épargner. Comme si la constante pression de la Dissonance n’était pas suffisante. Comme si les spectres de ceux qu’elle a rendu fous n’étaient pas suffisants. Comme si la menace des prédateurs – et de leurs habituelles proies – tendus par la colère ambiante n’était pas suffisante… Il fallait en plus que vous vous soyez retrouvés sur une Diffünière. Agacé plus qu’effrayé, tu laissais simplement la main à T’sisra. En même temps tu la découvrais sous un nouveau jour. Tu n’avais finalement que très peu eu l’occasion de la voir pratiquer son Art, et la voir le pratiquer avait quelque chose de presque rassurant.
- Peut-être.tu lèves un sourcilAprès j’avoue que même en Anaëh on n’en croise pas particulièrement souvent, donc c’est possible qu’on n’en ait simplement juste jamais vu de cette taille.
Maintenant qu’elle le dit… le peu de ces coléoptères que tu auras pu voir au cours de tes pérégrinations au sein de la forêt n’avaient rien à voir avec ceux-là. Etais-ce vraiment la seule influence d’Aduram ? Les autres animaux eux pourtant n’étaient pas bien différents. Peut-être les plus gros spécimens des colonies habituelles sont-ils simplement trop peu agressifs pour se dévoiler. Peut-être ne les aviez-vous donc simplement jamais vu, contrairement à ceux d’Aduram, qui, galvanisés par la Dissonance, n’hésiteraient pas à quitter les tréfonds de leurs galeries. Tu observes les énormes insectes avec un intérêt renouvelé, oubliant presque – à l’occasion – les recommandations de la Daedhelle. Il te faudra régulièrement te rappeler de te redresser, de bomber le torse et d’ouvrir les épaules, malgré ton dos légèrement fourbu.
- Je te confirme que même dans cet état, si j’y vais sérieusement, jamais tu ne me rattrapes.tu réponds sur le même tonSurtout qu’ici en plus, j’ai l’avantage du terrain.ta phrase suivante prend un ton étrangement neutre, la faute à ton attention retournée à l’observation entomologiqueNon mais t’as vu ces cuissots ? Comme quoi ça paie d’être un retardataire chronique.
Non, tu n’as pas répondu. Mais oui, c’est bon pour toi. L’adrénaline de la première fuite redescend. Le battement de ton coeur retrouve un rythme normal. Pour autant, le fameux « contrecoup de la tension » ne semble pas t’atteindre. Il faut dire que la tension n’est pas encore retombée. Elle risque même de ne jamais retomber. Tu doutes fort que ton corps accepte de te lâcher de sitôt. Pas avant que vous n’ayez à nouveau monté votre camp et que tu ne puisses enfin t’autoriser à nouveau à dormir. Et même là… tu doutes que les hurlements d’Aduram t’autorisent à te relâcher. Même le corps au repos, ton esprit restait en danger.
- Une journée ou deux tu disais ?tu ne lui laisses pas vraiment le temps de répondreJe pense que t’es pas loin du compte.tu inspires profondémentJe me sens pas trop mal. C’est qu’on ne doit pas être bien loin de l’orée des bois. Puis même si je n’ai pas trop réfléchi en nous tirant loin de l’autre spectre, j’ai quand même essayé de nous éloigner du centretes yeux glissent sur un des coléoptères qui vous observent toujoursTu penses que ça a bon goût la chair de Diffün?
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Jeu 16 Mar 2023 - 23:52
T’sisra secoua la tête en levant les yeux au ciel sans pour autant dissimuler son amusement alors qu’elle commençait à marcher et que lui se ventait de l'impressionnante musculature de ses cuisses. Le voir ainsi allégeait son cœur, car à chaque fois qu'il s'enorgueillissait de ses capacités de sprinteur, c'est qu'il se sentait bien.
- Premièrement, c’est parce que tu es grand et moi petite que tu me distances. Et je te ferai remarquer que pour nous, les gens petits, tout est deux fois plus difficile. On doit faire plus d’effort pour tout. Une enjambée pour toi, c’est au moins deux pour moi !Répondit la daedelle sur un ton qui ne cachait que très peu la taquinerie empreinte dans sa voix.Mais je peux me consoler en te regardant te prendre les chambranles des portes des édifices naélisiens et ça… C’est i-nes-ti-mable !
Elle se fendit d’un sourire affectueusement moqueur. Un sourire qui mua rapidement un rire tandis qu’elle contournait un large tronc tombé en travers de la route qu’elle traçait dans la végétation sauvage et indomptée.
- Et deuxièmement, je préfère ne pas savoir le goût que peut avoir ton diffün…Lâcha-t-elle en affichant une moue de dégout.Il faudrait vraiment que je n’ai rien, mais alors rien du tout, à me mettre sous la dent pour ne serait-ce qu’imaginer d’envisager une telle option. Et je te préviens,continua la nécromancienne en brandissant un index au visage de l’elfe,si tu manges un de ces trucs, plus jamais je ne t’embrasse. Jamais !
Prudemment, elle continuait sa progression, jetant régulièrement des coups d’œil à son compagnon, esquissant à chaque fois un sourire discret. Quand bien même sa perception restait happée par les dizaines et dizaines d’insectes dont elle percevait les mouvements dans la forêt et qui surveillaient leur progression avec autant d’appréhension et d’attention qu'elle en avait pour eux.
Les heures témoignaient de leur avancée, fastidieuse dans les premiers temps, cependant assez rapidement plus aisée. À mesure que la lumière du jour s’amenuisait, la forêt autour d’eux se faisait moins dense, plus praticable, moins hostile. Les limites de l’Aduram se dessinaient sous les étoiles et la Lune, et ils en franchirent la lisière tard dans la nuit. Poussées par un profond sentiment d’accomplissement, les jambes de la daedhelle, si elles ne pouvaient se permettre d’aussi grandes enjambées que celles de son compagnon, forçaient la marche toujours plus loin, désormais au travers d'immenses plaines dont l'horizon se confondait avec le ciel nocturne dans la pénombre. Elle tenait à mettre encore de la distance entre la dissonance et lui. Assez pour qu'il puisse se reposer et dormir en paix.
Arrivés au sommet d'une colline ridiculement petite, la noirelfe s’arrêta enfin. L’emplacement lui semblait idéal. Leur seul ennemi dorénavant serait le vent balayant les plaines du pays naélisien. Un adversaire contraignant et omniprésent qui obligea la daedhelle à travailler de concert avec Ithiliur pour dresser leur tente. Un calvaire dont la protagoniste principale ne fut autre que la toile qui n’avait cessé de leur échapper, à tel point que le comique de la situation l'avait faite rire aux larmes.
- Je suis contente d’en être sortie.
T’sisra était allongée sous son épaisse et douce fourrure brune, la tête posée sur son pantalon soigneusement roulé faisait office d’oreiller. Elle se tourna lentement sur le côté en tirant un peu plus sur sa couverture. Son regard discernait, dans la pénombre, le visage de son compagnon allongé à côté.
- Merci de m'avoir accompagnée.Elle laissa un blanc s’installer, le ton de sa voix dévoilait une hésitation maladroitement dissimulée.Et…Sa main quitta le confort protecteur de sa fourrure et s'en alla grimper le long du bras l'elfe jusqu'à son épaule.Je voulais… Je voulais que tu saches… Enfin...Elle s'arrêta à nouveau, cherchant malhabilement comment aborder le sujet.Je sais que... On avait parlé du voyage en Anaëh avant d'aller à Naélis et...Elle s'approcha un peu plus afin que ses yeux puissent plonger dans les siens malgré la nuit.Je veux que tu saches que si on doit aller jusqu’à Alëandir, que tu décides de faire demi-tour avant même d’avoir mis les pieds en Anaëh, à mi-chemin ou bien aux portes de la cité, je te soutiendrai. Quel que soit ton choix, je te soutiendrai Ithìliur.
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Ven 17 Mar 2023 - 22:58
- Tu sais pas ce que tu rates.tes sourcils se plissentPuis tant qu’on n’a pas essayé moi non plus au final.tu oses hausser les épaules malgré votre situationSi ça se trouve c’est moche mais c’est délicieux. Comme le crabe.
Les heures s’étaient égrenées, les insectes avaient fini par se retrouver derrière vous, et il ne restait plus que la fatigue de la marche s’accumulant comme obstacle entre vous et votre prochaine aire de repos. Au moins semblerait-il que cette nuit, vous n’ayiez pas à dormir sous le couvert de la forêt. Les plaines Naélisiennes s’étendaient devant vous dans toute leur immensité, rendues étrangement belles par la lumière des étoiles et le vent nocturne. Face à cela, un peu de mélancolie t’avait pris. Quelque chose en toi était presque triste de quitter l’Aduram et ses Voix. Après avoir retrouvé la Prime Communion – aussi violente eut-elle été – s’en arracher était difficile. Plus difficile que tu ne l’aurais imaginé. Le temps passant, tu finirais certainement par désirer rentrer en Anaëh. Et là… tu ne sais pas comment vous feriez.
- Au plaisir.
Sourire aux lèvres, tu réponds avec un peu de retard aux remerciements de ta compagne, te rendant compte du silence gênant commençant à s’installer. Et il semblerait que ce soit tout juste ce qu’il fallait pour lui permettre de continuer. Tu écoutes, et malgré la pénombre, tu tentes d’observer. Le contact de sa main contre ton épaule te fait enfin remarquer que face à la nuit vous êtes comme l’eau et le feu. Elle n’est qu’un bras et un visage, émergeant de sous le couvert d’une épaisse fourrure, quand tu es entièrement peau et braies, volontairement exposé aux intempéries. Face à la nature comme à vous-mêmes, elle est celle qui se garde, et ne dévoile jamais que peu ; tu es le livre ouvert qui a attisé sa curiosité. Cet état de fait malheureusement, semble toujours l’effrayer. Au moins un peu.
- En réalité...tu soupires, et prends sa main dans la tienneJe pense que le jour où je devrai aller jusqu’à Alëandir, j’irai jusqu’au bout.tes yeux plongent dans les siens à travers la pénombreAussi horribles que soient les Voix d’Aduram, retrouver la Communion n’était pas désagréable. Et c’est en grande partie ce qui me faisait peur. J’avais peur d’y reprendre goût, de m’y perdre, de laisser derrière-moi ce à quoi je tiens le plus au monde, et de ne le regretter que quand ce serait trop tardtu te rapproches encore un peu, assez pour pouvoir l’entourer – ou du moins l’ersatz de silhouette que laissait entendre sa couverture – de tes brasMais si même l’Aduram n’a pas réussi à m’arracher à toi, je doute qu’Anaëh n’ait plus de succès.ta gorge se resserre un peu, malgré toiMais de toute façon, on n’en est pas encore là.
Un livre ouvert, dont quelques pages restent écrites à l’encre invisible. Car il est des choses que tu tais, toi aussi. La peur que tu éprouves à l’idée de ce qu’il pourrait lui arriver si elle t’accompagnait en Anaëh en est une. La peur d’avoir à faire un choix entre elle et ton peuple en est une autre. La peur de ne jamais pouvoir lui offrir de pleinement profiter des tiens est la plus grande. Parce que pour l’instant tu ne vois pas de solution. Tu n’arrives pas à imaginer un monde où elle et toi pourriez vivre heureux – ne serait-ce que le temps d’un court séjour – au sein du Royaume elfique.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Sam 18 Mar 2023 - 2:33
Ses paroles rassurèrent les craintes tapies dans l’ombre de ses pensées. Un sourire se dessina sur le visage de la noirelfe alors qu’il se rapprochait à son tour et qu’elle sentait son bras glisser sur la fourrure et l’entourer. Touchée par ses mots au point d’en rosir, son regard fuit un bref instant avant de revenir se perdre dans les soleils qui l’observaient avec intensité. Cette intensité capable de faire naître en elle ce sentiment indéfinissable et source d'allégresse. T’sisra se recula, créant un peu de vide entre eux et se défit de son étreinte, pour se rapprocher à nouveau dans la seconde qui suivit, tout en tirant la couverture sur le torse de son compagnon et l'enveloppant dessous lui aussi. Désormais, qu'elle sentait sa peau contre la sienne, pour rien au monde elle n'aurait voulu être ailleurs.
- On n’en est pas encore là.Répéta-t-elle dans un doux murmure avant de laisser planer un silence tandis que ses doigts glissaient autour du poignet d’Ithìliur.Il y a… Il y a une chose dont je voulais te parler. À propos de moi.
Un nouveau silence s’installa lentement entre eux. Et elle semblait chercher ses mots tandis qu’une gêne secrète commençait à refaire surface au fin fond de ses pupilles.
- Tu l’auras remarqué, je suis assez… Pudique. Enfin, je ne me pavane pas en robe ni ne dévoile beaucoup ma peau. C’est que… Je n’ose pas vraiment dévoiler mes cicatrices. Je crains les réactions que ça peut engendrer.Une appréhension mal dissimulée transparaissait dans les traits de son visage alors qu’elle tirait doucement sur le poignet de l’elfe afin de guider sa main jusqu’à ses hanches.Quand j’étais plus jeune, je suis passée entre les doigts d’un des graveurs de peau d’Elda. Mon dos est une gravure… Ce n’est pas aussi répugnant qu’on pourrait le penser, je t'assure. Simplement… De… Légers reliefs?Son ton était peu assuré et sa voix avait tremblé.
La noirelfe emmena enfin les doigts d’Ithìliur dans le bas de son dos. Quant aux siens, ils remontaient le long de son avant-bras, tandis qu’elle l’invitait à progresser jusqu’à ses omoplates par une légère pression. Elle scrutait son regard avec attention, au point d’en oublier le vent, le froid, la fourrure et le reste du monde.
- J’aurais sans doute dû m’en débarrasser mais… Elles font partie de moi. Depuis si longtemps.Ses doigts redescendirent jusqu’à son poignet, emmenant désormais sa main plus bas vers d’autres courbes.J’en ai aussi à l'arrière des cuisses.
Elle rendit sa liberté au poignet de son compagnon, laissant libre cours à son exploration. Sa main, à elle, rejoignit les côtes de l’elfe et son pouce commença à caresser affectueusement sa peau dans un geste aussi lent que régulier.
- Je voulais te le révéler plutôt que tu ne le découvres toi-même sans que…Inspirant profondément, elle poussa un soupir en baissant les yeux.Enfin, voilà. C’est dit.
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Dim 19 Mar 2023 - 19:13
Aussi étranges qu’elles puissent te paraître, tu accueilles les confidences de T’sisra avec un silence presque cérémonieux. Encore une fois, sentant la fragilité de l’Eldéenne dans sa voix, et la voyant dans ses yeux, tu te laisses faire, et tu lui accordes de se dévoiler à son propre rythme. Tu n’auras que rarement accordé autant d’importance à ce que te disait la pulpe de tes doigts. Toujours muré dans ton silence, le regard quelques peu interloqué, tu essayais de comprendre. Tu caressais doucement les cicatrices en même temps qu’elle guidait tes doigts, cherchant à te construire une image des contours de ce que tu ne voyais pas. Concentré, fasciné, tu tentais d’imaginer, sans réel succès.
- Qu’est-ce qu’elles représentent ?tu demandes dans un murmureChez les miens….tu repenses aux quelques elfes dont la peau fut ainsi marquée plutôt que tatouée...elles sont généralement symbole de tribulations auxquelles on a survécu.
Tes doigts se pressent légèrement dans la chair de ses cuisses. Une vague d’air chaud échappe lentement à tes narines, alors qu’un frisson parcourt ton échine.
- Chez nous elles sont source d’une grande fierté...sans véritablement y réfléchir, tu serres la daedhelle contre toi...mais aussi le rappel de grands chagrins.
Ta respiration est lente est lourde. Chacun de tes battements de cils dure des heures. Celle de tes paumes accrochée à sa cuisse la tire contre ta hanche. L’autre se glisse dans son dos, cherche son cou, l’attire à toi comme si ta vie en dépendait. Ton coeur pulse lentement, mais puissamment. Chaque battement à peu de choses de t’arracher la poitrine. Tu t’accroches à elle autant qu’à la question que tu lui as posé. Mais la vérité est que… tu ne sais pas. Tu ne sais plus. Tu ne sais plus vraiment ce que tu lui as demandé.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Dim 19 Mar 2023 - 22:17
Les mots tintent à ses oreilles. Des mots que sa raison se révèle incapable de saisir au vol. Des mots qui glissent entre ses pensées, comme ces doigts à la fois si puissants et si doux sur ses cicatrices. Son cœur, habituellement lent et régulier, se redécouvre dans une envolée surprenante. Elle tressaille sous les assauts des frissons voyageant sous sa peau, des picotements émergent dans le bout de ses doigts, de son nez et dans ses lèvres à mesure que son souffle lui échappe. Il la serre contre lui. Elle sent son souffle chaud glisser sur sa peau. Ses yeux viennent chercher les siens et, à l’instant où ils les trouvent, ses pupilles se dilatent. Ses lèvres approchent les siennes et les effleurent. Son esprit lui susurre des mots dont elle ne saisit pas le sens, il est question d’épreuves, de fierté et de chagrin.
- O-oui. Quelque chose comme ça…Sa main épouse les contours de sa mâchoire, son pouce passe doucement sur ces tâches rousseurs qui la faisaient fondre à chaque fois.Je ne sais plus. Je m’en fiche…Murmure-t-elle en cédant aux pulsions responsables des sursauts de sa poitrine.
La daedhelle goûte ses lèvres. Elles révèlent un parfum qu’elle ne connaissait pas encore. Un arôme de désir devenu maître de ses gestes. La main qui, quelques secondes auparavant, caressait les côtes de son compagnon est descendue jouer avec les bordures de ses braies, jusqu’à en dénicher la cordelette nouée. La noirelfe brûle d’un feu intérieur, une flamme désinhibante à laquelle elle s'abandonne. Sans même y penser, elle tire sur le fil. Ses doigts se faufilent timidement sous le tissu. La main caressant la joue d'Ithìliur passe dans son cou et l’entraîne avec elle, elle qui se laisse basculer sur le dos. Elle qui le dévore des yeux et dont les pupilles sont le reflet des désirs tempétueux et brûlants ayant balayé et consumé sa gêne et son manque d’assurance.
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T'sisra en bikini :
Ithìliur Telperiën
Elfe
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Lun 20 Mar 2023 - 15:13
L’instant est à la fois délicieux et terrifiant. Tu sais ce que tu veux, mais tu ne sais pas comment l’obtenir. Tu ressens ce que tu cherches, sans savoir comment te l’expliquer. Tes gestes sont à la fois instinctifs et empreints d’une maladive timidité. Tu te sens vulnérable comme tu ne l’as jamais été. Mais tu te sens tout-puissant, aussi. Tu as peur d’avoir mal, de faire mal, de gêner, d’être gêné, mais ne l’es-tu pas déjà ? Pas vraiment. Tout te semble délicieux. Même la main froide de T’sisra contre le bas de ton ventre. Même le contact moite de vos peaux commençant à souffrir de la chaleur. Tout te paraît excitant, exaltant, une aventure, une épopée. Tu ne te seras jamais senti aussi hardi qu’en arrachant gauchement à la daedhelle le peu de tissu qu’elle tenait encore près d’elle. Et puis soudainement… soudainement tu avais été rappelé à la réalité.
- Je… Tu… Tu es sûre ?
Elle te regarde. Tu la regardes. Vous vous embrassez. Vous êtes certains. Paniqués, mais certains. Alors tu te laisses aller. Tu laisses faire ton propre corps. Tu laisses ta conscience glisser vers ces lieux inconnus. Tu acceptes de te perdre à toi-même, de ne plus te reconnaître, de redevenir… animal ? L’es-tu ? Parce que tu n’arrives pas à ne pas penser. Tu es en son sein et tu ne sais que faire. L’espace d’un instant tu avais espéré la nature te guider. L’espace d’un instant tout t’avait paru si simple, mais maintenant tu étais en son sein et tout était compliqué à nouveau. Ton visage s’était enfoui dans son cou, tes lèvres hésitant entre embrasser et mordre. Tes bras tremblants forcés de te supporter, désiraient plus que tout l’enlacer. Mais elle, elle s’accrochait pour vous deux, ses membres lovés autour des tiens. Sans mots, ou avec ? Tu ne sais pas vraiment, elle t’appelait. Alors tu étais venu.
Lentement mais sûrement, la valse s’était installée. Lentement mais sûrement, vous aviez trouvé votre rythme. Peut-être plus lentement que sûrement d’ailleurs. Le contact était… électrique. À tes yeux il n’y avait pas d’autre mot. Sa seule présence ici, maintenant, ainsi et avec toi suffisait à te rendre heureux. Tu vivais un instant de félicité. Tu vivais un tourbillon de plaisir en ton cœur autant, sinon plus encore qu’en ton corps. Alors tu avais voulu que l’un et l’autre se rejoignent. Tu avais souhaité la perfection. Tu t’étais laissé ravir par le désir. Tu avais décidé d’abandonner lentement, d’abandonner sûrement, et d’embrasser entièrement. Et tu avais découvert quelque chose de nouveau. Tu t’étais heurté à un mur. D’électrisé tu t’étais trouvé foudroyé.
Alors la peur avait repris le dessus. Tu avais enlacé lentement à nouveau. Tu avais fui vers la sûreté. Tu avais repris la valse. Et vous aviez tourné, tourné, longuement et longtemps tourné jusqu’à ce que fatigue s’ensuive, jusqu’à ce que le froid revienne, jusqu’à ce que la fièvre retombe. Délicatement. Sans feux d’artifices.
- C’est pas aujourd’hui qu’on aura un enfant.tu sourisJe suis désolé.
Tu ris. Tu ris de bon cœur, parce que même privé de l’apothéose promise, tu n’étais pas insatisfait. Tu étais heureux.
- Je ferai mieux la prochaine fois, promis.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: Une étoile sous les racines (Ithìliur) Lun 20 Mar 2023 - 22:07
Sa main cherche dans le vide, ses yeux sont ailleurs. Ses doigts finissent par rencontrer le torse de son amant allongé à ses côtés. T’sisra garde les yeux clos, calme sa respiration tandis que son autre main se pose au bas de son ventre. Les chœurs déchaînés dans sa poitrine se sont apaisés. Le brasier qui l’animait encore quelques instants auparavant s’est évanoui. Pourtant, là, au creux de son ventre, il brûle encore. Les pointes de ses oreilles se redressent au son des mots qui résonnent dans la pénombre, elle ignore la douleur et se fend d’un sourire. Et ses yeux restent clos, le temps que son souffle saccadé retrouve un rythme plus ordinaire, le temps qu’elle s’habitue à ces sensations nouvelles qui s'emparent de son corps.
La daedhelle frissonne, de froid cette fois-ci. Elle rouvre les yeux, se tourne vers son compagnon et entre-ouvre les lèvres. Rien n’en sort. Elle qui était toujours prête à démontrer son affection par toutes les métaphores et envolées du monde s'y résigne. Les choses les plus simples lui avait toujours paru être les plus difficiles à exprimer. Mais pas ici, pas cette nuit, pas avec lui. Ses lèvres viennent déposer, dans une douceur innocente, un baiser sur sa joue.
- Je t’aime.Susurra-t-elle à son oreille.
Les assauts du froid parviennent enfin à la rappeler pleinement à la réalité, sa main ramène la fourrure sur leurs corps fourbus. Dans un frisson, elle s’allonge à demi sur le torse de son compagnon. Son regard finit enfin par croiser le sien. Il n'y a rien d'autre à faire que de lui sourire. Un sourire timide débordant de sincérité. Et ses paroles lui reviennent, son sourire se mue en un rire candide.
- N’allons pas trop vite, Ithìliur Telperiën ! Le temps s’est arrêté trop longtemps pour qu’on ne profite pas désormais tranquillement de son écoulement… Normal ?La noirelfe laisse encore échapper un rire et donne une très légère tape son de index sur le nez de l’elfe.
Un silence s’installe, pourtant il ne lui inspire aucune gêne. Elle le regarde tout en cherchant ses mots.
- C’est moi qui devrais être désolée. Je… J’ai eu un peu peur à un moment. À plusieurs en réalité.Un rire bref et presque inaudible lui échappe.Pourtant j’en avais envie. Très envie. Mais…T’sisra hausse légèrement une épaule.Je ne sais pas. Je ne l’explique pas, c’est juste comme ça. Et je… Je ne pensais pas que… Enfin, c’était un peu douloureux. Au début.S’empresse-t-elle d’ajouter.Ce qui est parfaitement normal la première fois. Rassure-toi.
Ses mains se posent à plat sur ses pectoraux, ses lèvres s’entre-ouvrent, se referment et s’entre-ouvrent encore avant de finalement laisser échapper énième rire nerveux. Son front rejoint ses mains alors qu’elle est secouée d’un rire qu’elle peine à contrôler. C’est un poids immense qui s'étiole et s'envole, et lorsque la daedhelle relève le visage, elle semble aussi radieuse que confiante.
- Merci. Merci d’avoir été doux avec moi.Souffle-t-elle en déposant un baiser sur ses lèvres.Moi aussi, je te promets de faire mieux la prochaine fois.
T’sisra se laisse doucement glisser à son côté, dans le creux de son épaule. Sa main vient chercher ses doigts. Elle s’entoure de son bras, se blottit contre lui dans un dernier frisson et dépose la tête contre son torse. Ses yeux se ferment, le calme l’envahit, mais son sourire ne disparaît pas. Ce soir, elle dormira dans ses bras.