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| Marquis et marquisat | Louis | |
| | Auteur | Message |
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Charles d'Hardancour
Humain
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| Sujet: Marquis et marquisat | Louis Ven 24 Fév 2017 - 19:56 | |
| Milieu 5ème énnéade de Barkios, 9ème année, XIème cycle. Quelques jours s'étaient écoulés depuis la fin du concile berthildois. Et pourtant, dans l'esprit de la majorité de ceux qui y avaient assistés, rien ne s'était passé. Louis demeurait sur le siège de Cantharel, et pour le nord du pays, il était toujours le marquis. Pour Adhémar, qui contrôlait l'Est du pays, Louis avait été la victime de l'esprit défaillant d'un homme déconnecté de la réalité. Le seigneur de Casteldulac avait affirmé à Louis qu'il tiendrait sa parole : comme l'héritier du marquisat avait reconnu le roi, il le reconnaissait dès lors marquis légitime. Quant au reste du marquisat, on se demandait pourquoi certaines têtes n'étaient pas tombées, lorsqu'on savait que c'était par ego et par rivalité familiale qu'un seul homme avait mené le marquisat au bord de la ruine. A Cantharel, en revanche, on avait conscience de la réalité. Avec le ralliement de Casteldulac à considérer Louis comme marquis, les seuls à ne pas considérer Louis comme le véritable marquis avaient été prévenus : qu'ils gardent leur langue tenue s'ils tenaient à leurs vies. La couronne avait plus besoin de Sainte Berthilde que l'inverse, le chancelier l'avait oublié, et il ne faudrait pas plus de quelques mots bien susurrés pour que le petit roitelet Bohémond reperde un territoire dans le Nord de la Péninsule. C'est dans cette ambiance, joyeuse, festive, et propice à l'unité, que Charles fut demandé par son petit-fils et marquis. Les deux ne s'étaient guère revus après le concile, le vieil homme ayant été trop occupé à rappeler qu'il fallait désormais s'adresser à Louis par le terme de marquis. Il fut introduit dans le bureau de sa descendance, et remarquant qu'il ne levait pas les yeux, Charles prit la parole en premier, se tenant droit comme une pique devant son petit-fils et suzerain. « Vous m'avez fait demander, marquis ? J'ai œuvré à rattraper le retard occasionné par la réunion avec vos vassaux. J'attendais que vous me convoquiez pour vous dresser l'état de vos terres et pour vous faire part de nombreuses autres choses qui requièrent votre attention. Nous devons aborder les questions arétannes et olysséannes, ainsi que les cas d'Odélian et de Serramire. Par quoi voulez-vous commencer, monseigneur ? » |
| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Marquis et marquisat | Louis Dim 26 Fév 2017 - 18:06 | |
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Le ciel ombrageux et gorgé de tensions qu’emporta avec lui le Concile semblait ne s’être dissipé que partiellement, ceci même après son officielle clôture. Était-ce parce qu’après son dénouement, les répercussions qu’avait occasionné le consistoire laissa froid les principaux concernés, ou simplement que de majeurs ajustements étaient sollicités pour pallier à ce revirement de situation ? Pour Louis, c’était tout cela à la fois qui gâtait la quiétude de ses nuitées. Le sommeil était devenu denrée rare et cette famine de repos ne pouvait trouver pire moment pour s’acharner sur le jeunot, compte tenu de la pesante charge de travail qui besognait ses épaules.
Pourtant, ses pieds trouvèrent tout de même la motivation nécessaire pour trouver le sol, lorsque l’heure des coqs survenait. Et avant de joindre la tablée qu’on lui réservait à chaque petit matin, bondée de victuailles tous aussi alléchantes les unes que les autres, il réservait ses primes pensées à la DameDieu, auquel il dédiait une pieuse prière. Oh, certes, elle n’irait peut-être pas jusqu’à apaiser les souffrances qui pesaient sur sa conscience, mais il trouvait en elle une oreille fidèle et dévouée, prête à être confidente des moindres soucis du jeune faon.
Arrivé à table, avant d’attaquer le moindre morceau de son briffeton, il quêta l’attention d’un de ses sbires et le questionna sans grande délicatesse, à des lieux de sa fidèle courtoisie ; «Où est ma sœur? N’a-t-elle point faim?» Ce à quoi répondit le drôle en balbutiant quelques mots, incertains de la réaction que pouvait occasionner sa réplique, au vu de l’amer caractère de son maître : « Elle est partie tôt, Monseigneur. Nous avions à sa demande fait préparer sa jument hier au soir. » Nul besoin de vous dire comme fût preste la réaction du Régent, alors qu’il apprenait la possible fugue de sa sœur. «Comment, partie?!» S’insurgeât-il, furibond, en se dressant comme un roc. «Heuh … C’est-à-dire, qu’elle est partie en campagne, pour prendre l’air, nous a-t-elle assurée…» Marmonna le laquais, la sueur au front, appréhendant les conséquences de sa malheureuse histoire. « Sangdieux! Et vous l'avez laissé partir sans escorte, ni rien ?! Envoyez dix de nos meilleurs cavaliers et trouvez-là! Je veux qu’on m’assure sa sécurité ainsi que ses intentions d’ici l’heure prochaine! » Lui avait-il hurlé, en le congédiant d’un geste ferme de la main. N’avait-il point suffisamment de ces insomnies pour que sa sœur vienne rajouter à ses tourments plus de pesanteur? Son appétit s’était envolé au même moment qu’il avait juré, préférant quitter que de se rasseoir sur son assise, et ainsi aborder la charge de travail qui l’attendait à son bureau.
*** L’heure passa tout de même, mais aucune nouvelle de sa sœur. Si lorsque son aïeul pénétra l’écritoire sans que Louis ne le remarque, ce n’était pas tant car sa concentration était sollicitée comme elle l’aurait dû être, mais plutôt que l’amalgame de fatigue et de soucis envers Éléonore le rendait lunatique. Or, lorsqu’il ouvrit la bouche en faisant débouler l’ordre du jour, le faon redressa le menton prestement et le jugeât de pieds en cap avant de répondre d’un timbre de voix assuré ;
« Il n’est point de Marquis en cette pièce, Charles, qu’un Régent. » Et la DameDieu savait comme le jeune Louis aurait aimé qu’il en soit autrement, mais aussi humble et vertueux que l’était le bonhomme, il ne pouvait tolérer qu’on l’affuble d’un tel titre, alors qu’officiellement il ne le possédait pas. « Commencez d’abord par prendre place, nous aurons fort bien long à nous raconter et heureusement, il est encore tôt ; la journée nous appartient. » Il attendit qu’il prenne position devant lui puis poursuivit sur le même ton ; « Commençons d’abord par nos vassaux, nos premiers voisins. »
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| | | Charles d'Hardancour
Humain
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| Sujet: Re: Marquis et marquisat | Louis Lun 27 Fév 2017 - 7:16 | |
| Charles inclina brièvement la tête, prenant place face à son petit-fils. Ni notes, ni vélins, ni quelque aide-mémoire pour le vieil homme. Tout ce dont il avait besoin pour tenir informé son suzerain siégeait dans sa mémoire. Aussi lorsque Louis l'invita à commencer son propos, il l'entama par une brève déviation. « Il y aura un marquis dans cette pièce tant que respirera un homme à Sainte Berthilde pour le penser. A propos de vos vassaux directs, monseigneur...le nord du pays vous est toujours acquis, rien à redire là-dessus. L'est du pays, sous la prépondérance d'Adhémar, s'est rallié à vous à l'instant où vous avez reconnu Bohémond Ier comme votre roi. Comme il l'avait annoncé lors de votre couronnement, si vous le reconnaissiez, vous seriez son marquis. Le fait que vous ayez, ou non, le titre officiel, n'a fait que lier les pensées d'Adhémar aux nôtres : vous êtes notre marquis, et vous le serez jusqu'à la mort. Concernant le sud et Kelbourg...je m'étais entendu avec Thibaud pour qu'il soutienne votre accession au trône. Ses propos et ses actes au concile n'ont fait que me prouver que ceux qui me disaient de me défier de lui avaient raison. Aussi je recommande de le tenir en laisse. Il brigue le sénéchalat de vos terres, et j'émets de vives réserves à ce sujet. Non seulement cet homme n'a pas de parole, mais vous devez savoir, Louis, que Thibaud est un boucher. Il n'a pas gagné le surnom d'empaleur en Oësgardie pour rien. Sa cruauté n'a d'égale que la folie de son esprit, et vous n'apportez pas la justice du roi avec vos armées s'il les dirige : vous n'apporterez que la mort et la désolation, la cruauté gratuite et la vengeance, posant les bases pour la prochaine vengeance que le Médian concoctera à notre encontre. » Voilà qui était fait pour les territoires de Sainte Berthilde. Ceux qui manquaient leur parole envers Charles d'Hardancour se voyaient, tôt ou tard, se faire repayer leur dû. « Concernant vos autres vassaux. Olysséa s'est muée dans le silence. L'indisponibilité de l'ancien baron, Sigvald, et l'absence d'intervention de la baronnie, en plus du fait que cela n'ait point été abordé par le chancelier, me pousse à vous conseiller à prendre la régence sinon le titre de la baronnie d'Olysséa. Si le baron Sigvald avait reconnu votre père comme marquis légitime avec le soutien unanime de ses seigneurs, ceux-ci ne verront aucun inconvénient à ce que le détenteur du titre légitime les gouverne, et non un étranger. Certains commencent déjà à vous affubler du titre de baron d'Olysséa, d'autres du titre de régent. Votre père, dans sa clémence, avait autorisé les successeurs d'Arsinoé à Olysséa à jouir de ce titre là où il aurait pu le réclamer. Je vous invite à le faire. Quant à Arétria, la complicité du chancelier Cléophas et du comte Roderik me pousse à penser que le Suderon est la principale cause du courage du comte arétan. C'est fort de ce soutien que ce traître a su mordre la main qui l'a nourri. Je vous recommande chaudement de maintenir cet homme à votre pied. Peut-être rappeler que ce votre père a fait, vous pouvez le défaire, au nom du droit et de la loyauté bafouée. » Voilà pour ce qui était des vassaux. Après avoir répondu aux questions de Louis, Charles aborderait sûrement la question langecine, serramiroise, et enfin, odélianne. |
| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Marquis et marquisat | Louis Mar 28 Fév 2017 - 16:42 | |
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Quel monologue! Et éducatif, de surcroît. Voilà des informations qui ne manquèrent pas de mettre en déroute l’idée du tableau diplomatique que s’était fait le nouveau maître Cerf. Et ce n’était pas tant ce qu’il devait faire, qui l’angoissait désormais, mais plutôt qu’il se devait d’agir sur plusieurs plateaux et ce, de manière simultanée.
« Nombreux me considèrent ainsi et je ne m’en irai pas le leur reprocher. Le soutiens de mes sujets ainsi que leur sollicitude me touche, vraiment, et je ne peux demander d’avantage de mes vassaux si ce n’est leur fidélité. Mais nous avons ployé le genou devant le Roy, et cette même personne ne reconnaissant pas la mienne comme Marquis, fait en sorte que cette appellation ne me revient pas de plein droit. Or, pensez-le, du plus profond de votre âme mon ami, mais je ne peux raisonnablement pas accepter qu’on m’affuble de ce titre, alors qu’il n’est pas mien. »
Une majorité de personne le considérait comme tel, et en cela Louis ne pouvait que s’en réjouir, car que serait Sainte-Berthilde si ses sujets avaient perdu la foi envers leur suzerain légitime? Régent n’était pour lui qu’une passe, une étape vers quelque chose de plus gros et de plus grand.
« Je vous crois sur parole en ce qui concerne le boucher. J’ai eu l’occasion de discutailler avec le bonhomme et j’en suis arrivé au même constat que vous, l’homme écume à l’odeur du sang et ses yeux pétillent seulement à l’idée de faire rougeoyer la terre. De surcroît, ce que vous dites est aussi vrai ; l’homme s’est bien permis de changer d’allégeance en un battement de cils. Mais n’oublions pas qu’icelui est l’un de nos vassaux et que nous ne pouvons aisément le tenir en laisse, c’est un molosse. Et ce chien mord férocement m’a-t-on dit, aussi redoutable autant pour nous que pour nos ennemis. Je veux bien que nous soyons vigilent, mais si nous le laissons là, seul et sans but, il reviendra toujours et inlassablement vers nous pour nous harasser. J'ai grande envie que nous utilisions à bon escient ses talents militaires. Cet homme semble être forgé du même acabit que ces soudards qui ne peuvent faire autrement que se bastailler et, lorsque nous nous sommes confrontés, le voilà qu’il se mettait pratiquement à se comporter comme le vassal qu’il était lorsque nous évoquions la guerre. Alors, que pouvons-nous faire? Que me suggérez-vous à son sujet? »
Louis avait évidemment son idée sur le sujet et désirait voir où pouvait le mener les conseils avisés de son Grand-Père qui vraisemblablement, semblait connaître d’avantage monsieur le Boucher, que lui-même n’en savait à son propos.
« L’indisponibilité ? Sigvald était là de son vivant, lorsque les hommes vinrent crier leur mécontentement, de suite après le décès de Feu mon père ? Alors, où est-il présentement ? Je me sens capable et fort bien disposé pour m’occuper des sujets d’Olysséa, mais seulement si nous avons la certitude du destin du Baron. Que l’on envoie une vigie pour constater si Sigvald se terre dans le confort de son Castel, s’il se meurt d’une quelconque affliction ou s’il brille d’une absence prolongée et non justifiée. Je ne peux concevoir qu’un homme avec un titre aussi conséquent puisse disparaître sans laisser de traces. Si d’ici le la prochaine lune, d’aucuns de ses sujets, de ses proches ou de sa famille ne peut m’assurer que Sigvald ne peut honorer ses prérogatives de Baron, alors je réclamerai non seulement le titre, mais aussi les terres ainsi que les vassaux qui s’y rattachent. Pour le bien de ces terres, nous ne pouvons laisser le petit peuple sans tête en qui ployer le genou. » Louis marqua une menue pause, quêtant l’avis de son interlocuteur du regard. « Êtes-vous d’accord ? »
« Quant à Arétria, on m’a informé qu’icelui s’en était allé, peu de temps après la clôture du concile. Lorsqu’il reviendra, certes, il me faudra solliciter sa présence afin de m’assurer de son allégeance, maintenant que nous avons … accepté, les conditions du Chancelier, à savoir de reconnaître Bohémond comme notre Roy, ainsi que de nous tenir parer à confronter les ligards avec tous les moyens qu’il faudra, à la fonte des neiges, si la diplomatie n’avait su se montrer efficace. D’ailleurs, j’ai souvenance du « touchant » discours de sa femme, auquel elle affirmait vouloir étouffer l’animosité qu’a sa famille envers la nôtre, n’avez-vous pas souvenir ? Serait-il temps pour nous d’aller nous entretenir avec elle, tandis que son mari vogue vers d’autres lieux? »
Louis avait lancé l’idée comme ça, bien qu’il savait que même si la femme de Roderick affirmait de telles choses, il était fort à parier que son Mari s’en batte les couilles.
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| | | Charles d'Hardancour
Humain
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| Sujet: Re: Marquis et marquisat | Louis Mer 1 Mar 2017 - 13:17 | |
| Charles écouta la longue réponse de son suzerain. Le vieil homme avait donné un grand nombre d'informations qui demandaient qu'on les traite avec patience et discernement, ce que Louis fit, sans que cela ne surprenne véritablement Charles. Le doyen s'était habitué à la manière de régner de Godfroy. Efficace, expéditive, brève. Il ne prenait pas toujours les bonnes décisions mais il avait la capacité d'agir vite pour tuer les problèmes dans l’œuf, une qualité que personne ne lui avait jamais retiré. « Concernant Thibaud, je recommande de lui confier éventuellement la tête d'une petite portion de l'armée. Assez pour qu'il soit satisfait, mais pas assez pour être en mesure de le punir s'il commet des crimes de guerre. Les troupes du nord et du centre du pays seront réticentes à lui obéir. Vous le savez comme moi, notre organisation militaire est très claire. En campagne militaire, les seigneurs n'ont pas le contrôle des armées de métier, les officiers l'ont. Quant aux milices, les hommes recrutés dans les campagnes par les seigneurs sont intégrées dans les compagnies et les régiments, également soumises aux ordres des officiers. Hors cas de campagne militaire, les milices et soldats de métier sont aux ordres des seigneurs des zones dont ils dépendent - hormis le sénéchal et le marquis. Nommez Thibaud commandant d'une légion. Ce sera assez pour le satisfaire. » L'armée de Sainte Berthilde était organisée d'une manière quelque peu originale. Hors guerre, les soldats de métier et les miliciens obéissaient au seigneur de la zone dont ils dépendaient. Ils étaient entretenus aux frais de la noblesse locale à laquelle ils obéissaient entièrement, en dehors du sénéchal ou du marquis. Mais en cas de campagne militaire, les soldats ne dépendaient plus de la noblesse qui l'entretenait alors, mais de leurs officiers directs, de carrière, puis du sénéchal et du marquis. Cela permettait au pouvoir de disposer entièrement d'une armée qu'il n'avait pas foncièrement entretenu jusque-là. La totalité des officiers étaient des militaires de carrière, proches du pouvoir de Cantharel. Et une écrasante majorité d'entre eux préférait avoir les faveurs du marquis plutôt que celles du seigneur de la zone où ils vivaient. Il fallait remercier ceux qui avaient appris de la Guerre de l'Atral, et qui avaient veillés à ce que les seigneurs puissent potentiellement se voir amputer de troupes s'ils tentaient à nouveau de se rebeller contre le marquis. « Vous n'avez pas à me demander mon accord pour agir, marquis. Olysséa doit être dirigée, ne serait-ce que pour préparer la guerre à venir. Je ferais mander un pigeon dès la fin de notre entretien. Je vous propose d'attendre alors deux énnéades. Si le silence nous répond, je vous conseille alors de récupérer le titre et de gérer la terre - après tout, vous y avez également des prétentions. Quant à Arétria, vous n'êtes pas sans savoir que le comte doit son titre à votre père. Il semblerait qu'il ait prit ses aises depuis son mariage. Cette créature inférieure a agi comme le sexe faible devrait toujours agir : s'effacer devant son mari. Mais je ne peux que vous conseiller de rappeler aux Arétans que l'on ne se soulève pas contre Sainte Berthilde impunément. Leur rappeler que ce que votre père a fait, vous pouvez le défaire. Et si vous devez rencontrer la comtesse, alors elle se déplacera, non vous. » Cela sonnait quelque peu comme un ordre, mais Charles s'en rendit compte que trop tard. Le mal était fait. « Si vous le voulez bien, j'aimerais aborder les sujets d'Odélian et de Serramire, mais avant, vous devez lire ces missives. Nous avons trouvé le mot anonyme sur les marches de Cantharel. Je ne vous en ai pas parlé avant d'en avoir le cœur sûr, mais la formule employée est, selon le scribe de notre citadelle, la même que celle que feu votre père avait employé pour informer la duchesse de Langehack du suicide de son époux. Elle se rit de la mort de votre géniteur...et dans cette lettre officielle, appelle à l'apaisement et à l'entente. Je suis sûr que vous saurez quoi faire. Quant à Odélian, nous avons appris que Gaston Berdevin a retiré le titre de baron à Guillaume d'Etherna au nom des agissements de son frère Jérôme. Vous savez tout comme moi qu'Etherna fut jadis une terre de Sainte Berthilde - vous avez donc des droits légitimes à être le suzerain de cette baronnie. Je sais également qu'un grand nombre de seigneurs ethernans n'ont pas réellement apprécié la décision du marquis d'Odélian d'usurper le titre. Et je sais également que des hommes d'Odélian ont été aperçus à Sharas à la recherche de ceux qui auraient découverts l'épave du navire transportant le trésor royal, il y a de cela plus d'un mois. Je suis sûr que vous saurez quoi faire à ce sujet également. » |
| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Marquis et marquisat | Louis Mer 1 Mar 2017 - 17:59 | |
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En ce qui attrayait le boucher de Kelbourg, Charles semblait avoir trouvé un compromis qui saurait sûrement sustenter la soif sanguine qui roulait en la bouche de Thibaud. Du moins, pour le moment, se disait-il.
« Fort bien, je le convoquerai derechef pour lui faire part de ses nouvelles prérogatives. J’essaierai au mieux de ne pas choisir des hommes qui sur le cœur ont le nom des Saint-Aimé, or il se pourrait qu’il fasse aller le fouet sur nos partisans et qu’ils nous en tiennent rigueur. Je lui donnerai aussi certaines tâches connexes, comme le recensement de nos hommes ainsi que notre besoin en armement, autant en fer qu’en machines de siège. Considérons que la question quant au tourmenteur de Kelbourg est chose du passée. Du moins, jusqu’à ce qu’il ne revienne pour mordre à nouveau. »
Thibaud n’était pas un homme aisément gérable, aussi fallait-il faire preuve de moult précautions pour ne pas le faire écumer d’envie de se retourner contre son maître. Jusqu’à maintenant, Louis semblait s’être fait de lui un potentiel allié, mais il était fort possible que tous les avertissements le concernant se concrétisent un jour. Il fallait souhaiter que ce jour ne vienne jamais, au final.
« Point, je ne vous demande pas votre aval, mais plutôt votre avis sur le sujet. » Avait-il ajouté simplement, de suite après la première tirade de son aïeul. « Là, deux ennéades sont suffisantes alors. Faisons ainsi, Olysséa se doit d’avoir un dirigeant, qui s’occupera d’elle ainsi que de ses gens. Les affrontements sont imminents et icelle ne saurait être préparée adéquatement si personne n’y garde un œil. » Alors Louis hériterait le titre de Baron, tandis que sa famille gagnerait de nouvelles terres à gérer. Compte tenu du contexte actuel, cela ne pouvait que lui être bénéfique.
« Je vous le redis, je ne sommerai pas la fidélité par la peur ou par les menaces. Ce sont deux pratiques que j’exècre à outrance, Charles. »Là-dessus, point de doutes, il s’était montré formel et tranchant, ceci même en dépit de tout le respect qu’il lui vouait. « Il est encore des moyens sur cette terre pour gagner la confiance ainsi que la fidélité de ses vassaux, qu’en levant la main et en dressant le fouet, tudieu! De plus, si sa femme s’est faite discrète depuis qu’elle a l’anel au doigt, je suis persuadé qu’icelle aurait le beau rôle pour atténuer l’animosité de Roderick. Cette chance qu’est de se mettre à dos l’un de nos plus importants vassaux en lui jappant à la figure coûterait bien trop chère. Demain, quand la neige aura fondue, nous aurons besoin d’une armée unie, qui marche au pas d’un seul chef de guerre ; alors nous serons heureux que le cœur des soldats Arétriens ardrent d’haine pour ces ligards, plutôt que les Saint-Aimé. Je veux que la paix soit faite envers ces familles qui jactèrent contre notre nomination de Marquis, Charles. Point l’inverse. »
Si le dernier commentaire de son grand-père sonnait comme un ordre, il avait tout de même raison. Louis, malgré ses bonnes intentions, avait parfois tendance à en oublier le rapport de force qu’il se devait de toujours garder. Il était régent, voir même Marquis pour certain, et ne pouvait plus agir comme il le faisait avant, du temps de Feu son père. Il déroula les missives en question, qu’il examina d’un œil preste, toujours en écoutant d’une oreille le récit de son ancêtre d’interlocuteur. « Vous saurez quoi faire… » Lâcha Charles sans se douter qu’en fait, non, Louis ne savait absolument pas comment traiter un tel affront. Il faudrait alors en discuter avec sa mère, qui saurait l’éclairer sur l’animosité qu’entretenait son paternel avec cette duchesse … Et alors qu’il mentionna le litige d’Étherna, puis qu’il réitérait qu’il saurait quoi faire, Louis prit la parole.
« C’est que ce Gaston cherche la guerre, pardi … Une guerre contre ses propres genses … » Louis resta un moment sans mots, comme s’il ne pouvait comprendre ce qui pouvait pousser un homme à agir de la sorte. La soif du pouvoir offrait-elle la cécité à son porteur ? Peste soit cette affliction qu’était la course au pouvoir … « Nombres d’options sont envisageables, de mon point de vue … » Non, cette fois, Louis ne savait pas tellement quoi répondre, comme s’il ne pouvait considérer de sa faible expérience toutes les conséquences d’une décision ou d’une autre. « Qu’a fait ce Jérôme, pour que son frère en paie autant le prix fort ? Bien qu’il soit leur suzerain, quelle faute serait-elle suffisamment odieuse pour qu’une famille soit destituée de son droit le plus fondamental qu'est l’héritage? »
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| | | Charles d'Hardancour
Humain
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| Sujet: Re: Marquis et marquisat | Louis Ven 3 Mar 2017 - 11:42 | |
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Charles baissa les yeux, dirigeant son regard sur le bois du bureau lorsque sa descendance lui rappela qu'il n'aurait guère recours à la peur ou à l'intimidation. Le doyen n'avait pas à contester sa décision, aussi ne répondit-il point. A vrai dire, Charles ne répondit à aucun propos de Louis, car il voulait embrayer sur les politiques extérieures. Aussi, lorsque le marquis mentionna Odélian, Charles répondit. « Vous faire le résumé de toutes ses actions serait long et peu concluant. Aussi je vous décrirais l'homme comme l'un des plus piètres politiciens de la Péninsule. Ajoutez à cela qu'il est borné et que de nombreuses personnes, dont l'ancienne régente, dont le marquis de Serramire, et dont le couple marquisal d'Odélian, se sont servis de l’obsession de Jérôme de Clairssac pour parvenir à leurs fins. Si ce dernier n'est pas entièrement responsable de ses maux, on pourrait l'accuser de cécité et de stupidité. Cette somme a donné à Gaston d'Odélian, selon lui, la légitimité pour décharger son frère Guillaume du titre et l'usurper. » Charles se tut un instant avant de reprendre. Il ne cacha pas son léger doute à mentionner cela. Il fut un temps où Etherna était vassale de Sainte Berthilde, et cette dernière avait payé les frais pour les actions d'un marquis fou. La baronnie s'était vue retirée de la suzeraineté de Cantharel. Les vieux seigneurs berthildois n'avaient pas oubliés à qui le baron d'Etherna devait allégeance. « Vous étiez jeune à l'époque, mais il fut un temps où Etherna était nôtre. Si vous entendez réunir Sainte Berthilde et montrer que vous êtes un dirigeant digne d'éloges, peut-être devriez-vous songer à l'occasion qui se présente : la noblesse ethernienne est frustrée. L'approcher pour l'amadouer serait un bon début pour restaurer l'ancien marquisat de Sainte Berthilde, et montrer à tous que vous êtes le digne héritier de votre père et de la dynastie des Saint-Aimé. »
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| | | Louis de Saint-Aimé
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| Sujet: Re: Marquis et marquisat | Louis Sam 4 Mar 2017 - 22:13 | |
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Il avait bien fait d’apporter cette problématique après avoir exposé les autres points à l’ordre du jour, car celui-ci n’était pas la moitié d’un. Godfroy s’en était allé en laissant à la direction du Marquisat un jeune néophyte en politique, un jeunot qui d’expérience en la matière frôle le zéro et dont le désir s’éparpillait dans tous les sens. Il voulait le bien du peuple, l’ordre ainsi que la prospérité de Sainte-Berthilde, la justice pour le Roy, la fierté de son père et maintenant, il devait s’occuper d’un pays voisin qui souffrait de l’oppression de son tyran de maître. Mais sur quel pied se devait-il de danser pour satisfaire et l’un, et l’autre ? Cela relevait-il de l’utopie ?
« J’entends bien vouloir leur prêter main forte, vous le savez. Et rien ne m’est plus cher que de redonner à ce Marquisat son lustre d’antan, en récupérant ce qui lui appartenait jadis. Mais j’ai pour cette entreprise une réserve certaine, quant au rôle que nous pourrons jouer et au coût que cela engendrera. Des gens sont opprimés à l’heure qu’il est et ne demande que le bras protecteur de Sainte-Berthilde. Mais si nous nous engageons en ce sens, Gaston y verra très certainement le pis des affronts et ne pourrait répondre autrement que par les armes, non ? Et d’une autre part, nous devons penser au printemps, où notre armée lèvera le campement pour gagner le Médian, afin de punir ceux qui se sont dressés devant l’autorité royale. Comment pouvons-nous nous engager dans cette rixe certaine qu’est la reprise, non, la délivrance d’Étherna, sans que notre armée s’en voie heurtée ? Et avant l’hiver, de surcroît. »
Le jeune Louis avait tant à apprendre et ne se privait pas de demander qu’on l’éduque. Mais encore une chance pour lui, il savait tout de même que chaque geste avait en ces terres, de lourdes répercussions et qu’elles se devaient d’être pesées brillamment avant d’être entreprises. Surtout lorsqu’une aussi lourde tâche que la guerre demandait autant de concentration, mais aussi de sacrifices. L’hiver s’annonçait rude et s’il fallait que l’effort de guerre s’essouffle en croisant le fer avec Odélian, les répercussions pourraient se faire ressentir pendant de nombreux mois.
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| | | Charles d'Hardancour
Humain
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| Sujet: Re: Marquis et marquisat | Louis Dim 5 Mar 2017 - 16:13 | |
| Charles maintint son menton haut et le visage droit en écoutant sa descendance parler. Elle faisait preuve d'une prudence qui avait été, du long du règne de Godfroy, bien étrangère. Le cerf alpha, l'ancien marquis, avait conscience de ce qu'il risquait dans chacune de ses décisions. Il ne décidait tout simplement pas toujours d'y apporter l'importance nécessaire. Raffermissant sa position sur sa chaise, Charles répondit :
« Je mènerais une enquête pour que vous sachiez pleinement la situation à Etherna. Néanmoins, n'ayez crainte des armées d'Odélian. Je comprends vos doutes, mais ici nous devons faire parler le droit, monseigneur, non les armes. Récupérez Etherna par le droit et la raison de ses seigneurs. Rappelez-leur qu'Etherna a toujours été bien traitée du temps où elle était vassale du Berthildois. Alors ils verront combien il est bon et nécessaire de se rallier à la bannière du Cerf, et de se désunir d'Odélian. Lorsqu'ils le feront, nous attendrons que Gaston commette l'erreur de vouloir faire parler les armes - si tant est qu'il le fasse. Alors nous serons en droit de répliquer. D'ici-là, n'ayez crainte, seigneur marquis. J’œuvrerais discrètement et vous tiendrais informé de toute évolution. » Charles marqua un silence, durant lequel il tenta de se remémorer les divers sujets qui devaient être abordés. La situation interne, puis externe avaient été abordées. Les principales questions traitées, c'était maintenant à Louis de décider et de régner comme il devait le faire en tant que marquis. Au diable le titre de régent. La populace appréciait que trop le fils de Godfroy pour l'affubler du titre de régent. Louis serait considéré comme marquis jusqu'à sa mort.
« Je pense que nous avons fais le tour des sujets à aborder, monseigneur. »
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Marquis et marquisat | Louis Lun 6 Mar 2017 - 0:40 | |
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« Ce dossier se montrant d’une pesanteur et d’une importance plus conséquente que les autres, mérite qu’une tête s’y attarde à temps plein, chose que vous ferez pour votre Marquis, Charles. Pour les ennéades à venir et jusqu’à ce que cette problématique évolue, je vous donne congé de vos autres fonctions afin d’en délester vos épaules de leur charge. Aussi, à partir de ce jour, considérez-vous comme le Héraut des Saint-Aimé et faites entendre votre voix, comme étant la nôtre. » Louis se redressa une fois qu’il en eut terminé de ses directives, s’accorda une pause, puis empruntait un autre ton, plus amical et moins autoritaire.
« Feu mon père s’en est allé trop tôt, vous le savez … Et votre retour m’apparaît comme une bénédiction, car j’y vois en vous la sagesse qu’aurait dû mûrir en moi, si Godfroy avait eu temps en suffisance pour m’enseigner. J’ai pleine confiance en vous, Charles. » Et c’est sur ces quelques paroles solennelles que laissa quitter son grand-père, désormais porteur de la voix des Saint-aimé.
[Fin]
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