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 Toujours, le héros revient

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Ruthger de Lourmel
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Ruthger de Lourmel


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MessageSujet: Toujours, le héros revient   Toujours, le héros revient I_icon_minitimeDim 19 Mar 2017 - 9:08


La première ennéade de Verimios avait lâché sur le Nord un froid infernal, comme tout droit sorti des Wandres elles-mêmes. Le vent soufflait avec force, et la neige recouvrait déjà les immenses étendues de Serramire, comme un mantel offert par les dieux. Sur la route entre Etherna et Serramire, après être passé par l’Hedda pour se protéger de la faux du vent toujours plus tranchante, deux cavaliers avaient passé Versmilia, se dirigeant vers Lourmel, et les hauts de Mernor. Là, sur la grande route, Ruthger d’Estenhausen et son serf devenu son écuyer de fortune, Gontran, étaient à la merci des bourrasques piquantes et des températures mordantes de ce début d’hiver assez rude.

Sur son canasson, Gontran Lafuite grelotta, ce qui fit piaffer son cheval. Ruthger tourna son regard vers lui, tenant toujours fermement sa cape doublée de fourrure d’une main tenace.

« Allons, Bottier ! Courage, par Othar ! Nous arresterons nos montures à la première alberge que je mirerai. Tiens sur ton roussin. »

Le manant aurait dû être heureux de pouvoir chevaucher, privilège dont il n’avait que très peu joui, puisqu’il n’avait jamais monté un autre animal qu’un porc, lorsqu’il était encore bambin. Mais par un temps pareil, et ainsi froqué, il était condamné à trembler de tout son être et à claquer des dents comme une castagnette. Ha, le chevalier, lui, il avait droit à un beau manteau bien chaud, mais le Gontran, lui, qu’est-ce qu’il avait pour se chauffer ? S’il pouvait se chauffer aux sarcasmes et à l’ironie, il transpirerait comme un bœuf. Et rien qu’à penser à la douce chaleur d’un âtre, il oubliait un peu ses pieds qu’il ne sentait déjà plus.

Au loin, au creux d’une colline, une petite construction de bois aux fenêtres orangées par la vivacité d’un feu. Un léger filet de fumée s’échappait par une cheminée de fortune, et Ruthger, du haut de son cheval Pèlerin, leva un bras en l’air en ricanant.

« Ha-Ha ! Victoire, Bottier ! L’alberge, à la dextre de la route ! C’est signe que les dieux ne nous ont point abandonnés ! »

Il éperonna sa monture, sentant un regain de confiance l’envahir. C’était la volonté divine qu’il ne meurt pas dans la neige comme un vilain. Non, un héros d’Oësgard ne pouvait pas crever la bouche ouverte comme un vulgaire paysan ! Ils avaient des plans pour lui, de grands projets ! Mais pour l’heure, il lui fallait réchauffer sa carcasse. Gontran le suivit tant bien que mal, chevauchant avec l’allure et la grâce d’un sac de carottes. Il sentait ses bourses et son fondement s’écraser à plusieurs reprises contre la selle de son roussin, et n’arrêtait pas d’y aller de petites onomatopées suggérant toute la douleur qui lui envahissait le corps. Au moins, cela lui rappelait qu’il était encore en vie…

Arrivés enfin au pied de la maisonnée, plus petite que prévu, les deux cavaliers démontèrent. Ruthger avec l’aisance du noble, et Gontran la maladresse du manant. Rien qu’à frapper des pieds contre le sol, Bottier en avait déjà quelque douleur. Ho, demain, il aurait des engelures, sans aucun doute… Ruthger, quant à lui, avec toute la politesse acquise par son rang, n’allait pas attendre qu’on vienne lui ouvrir la porte ; il avait pleinement le droit d’entrer ! Et c’est ce qu’il fit, dans un geste à la fois fort théâtral, et fort pressé.

« Salutations, gens de bien ! Je suis Ruthger d’Estenhausen, fils de Brecca ! Mon compaing et moi-m... »

Il s’arrêta de parler, le regard curieusement tourné vers le fond de la pièce. Gontran, étonné que son maître la boucle – pour une fois-  pénétra silencieusement dans la petite bâtisse. Il y avait un feu. Il y avait du mobilier, des provisions sur la table. Il y avait aussi des paillasses dans un coin de la maisonnée, trois. Mais devant le feu, il n’y avait qu’un gosse. Oui, un petit enfant. Il ne devait pas encore avoir passé le cap des dix ans, et son petit corps malingre soulignait que les temps étaient durs pour la paysannerie. Il était un peu sale, mais moins que ce à quoi Ruthger était habitué avec les serfs de son père. Le chevalier posa une main sur son baudrier, fixant l’enfant, qui le fixait avec de grands yeux lui-même.

« Hé bien, petiot… Je m’ébaubis grandement de ne point trouver d’homme ou de femelle céans… Où sont tes parents, que nous puissions nous goberger, l’ami Gontran et moi-mesme ? »

Le petit garçon n’arrêtait pas de regarder Ruthger avec de grands yeux. Gontran s’en approcha subrepticement, sans être remarqué. Ruthger était un peu mal à l’aise devant le regard de l’enfant, qui le fixait comme une sorcière voulant jeter mauvais sort. Il fronça les sourcils.

« Alors, réponds donc, garçon ! »

L’enfant ouvrit la bouche.

« Partis. »

Le chevalier tapota du pouce sur le pommeau de son épée. Il reprit d’un air ironique :

« Partis ? »

Le gamin acquiesça d’un large signe de tête, puis dit de sa voix de poupon :

« P’pa a trop bu, et m’man est partie l’chercher. »

Ruthger roula des yeux, soupirant légèrement. Il n’était pas tombé dans une auberge classique, mais bien dans une affreuse bicoque de paysans alcooliques. C’était définitivement moins glorieux, mais au moins était-il au chaud et en paix. Puis, cela signifiait que ces vilains étaient sans doute dotés en eaux-de-vie et vins, bien que leur supposée médiocre qualité l’empêcherait sans doute de d’avaler plus d’une gorgée. Il se réchauffa les mains devant le feu, à côté du gamin. Ce dernier le regardait comme s’il s’agissait d’un chevalier légendaire, ce que Ruthger pensait réellement être. Gontran, lui, était plus lucide quant au statut de son maître, mais se gardait bien de le dire. A la place, il prit quelques aliments, qu’il commença à cuisiner. Ruthger se retourna, et marcha jusqu’à l’entrée, ses éperons d’or cliquetant à chaque pas.

« J’ai vu l’appentis du dehors, en venant. Belle place pour y logier les chevaux. Je reviens. »

Une fois sorti dehors, il attrapa les brides de Pèlerin et du roussin baptisé affectueusement Casse-Noix par Gontran. Il les attacha à un grand piquet, dans l’appentis. Ainsi, malgré la température, ils étaient protégés du vent, et Ruthger déballa du dos du canasson une grande couverture qu’il plaça sur le dos de sa monture. Cette dernière piaffa de plaisir, tandis que le roussin, lui, hennissait, demandant le même traitement. Ruthger se contenta de lui flatter l’encolure, tout en prenant son paquetage du dos de Pèlerin.

« Mille pardons, mon grand. Mais je n’en possède point de second exemplaire. »

Le roussin tenta de le mordre, et il retira bien vite sa main. Il cracha à terre.

« Folâtre ! »

Puis, retournant vers la porte, il scruta l’horizon à la recherche des parents du môme. Rien. Pas un mouvement. Cela dit, la nuit tombait déjà très vite, signe que les jours rétrécissaient. Dans la pénombre, il pouvait tout aussi bien ne pas tout voir. Avec un haussement d’épaules, il retourna à l’intérieur. Gontran continuait ses préparations culinaires, et le gamin était resté à la même place, regardant le feu d’un air songeur. Ruthger, lui, prit son luth de son paquetage. Le bois était froid, et les cordes devraient un peu se réchauffer avant qu’il ne puisse en jouer, mais ce soir, il régalerait la maisonnée de quelques chants pastoraux.

Il était bien loin de se douter que les parents du jeune garçon étaient en train de mourir dans le blanc manteau de l’hiver.

Et que le froid les envahissait déjà, bleuissant leur peau dans le noir de la nuit...
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