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| Je t'interdis de partir. Pas ce soir. [ Éléonore ] | |
| | Auteur | Message |
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Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Je t'interdis de partir. Pas ce soir. [ Éléonore ] Lun 17 Juil 2017 - 3:09 | |
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Deux heures pratiquement s’étaient écoulées depuis que le petit régent avait tenté le réconfort de Morphée. Hélas pour lui, il perdit au change car non seulement il manqua son rendez-vous, mais y gagna de l’insomnie en prime. Toutes les positions possibles avaient été étudiées et expérimentées, sans succès. La boniche qui s’occupait de ses couvertures avait tout intérêt à se lever fort tôt, car à en voir le bordel qu’il avait mis à les retourner tous bords tous côtés, faire son lit n’était pas pour être une menue tâche. Lui qui normalement trouvait le sommeil en claquant des doigts à peine, devait faire face à des fantômes qui l’éloignait de la quiétude usuelle de ses nuits réparatrices. C’est que demain, sa sœur, sa bien-aimée sœur, quittait le nid familial pour l’une des premières fois pour une durée indéterminée. Elle, en compagnie d’une flopée de garde du corps, iraient conquérir les routes qui mènent à Thaar afin de mener à terme un projet auquel leur mère, avait tant à cœur. Certes, la nouvelle de son départ avait au tout départ ébranlé le Saint-Aimé, mais depuis, il s’était fait à l’idée : elle est désormais bien assez grande et mature pour ne pas succomber à tous les vices de cette damnée citée. Pourtant, maintenant que le temps était venu de passer à l’acte, jamais il n’avait été moins certain. Si du mal il devait lui arriver, jamais il ne pourrait se le pardonner …
S’en était trop. D’un geste brusque, les pesantes fourrures et couvertures éparpillées et entremêlées volèrent dans les airs, tandis qu’il déposa ses deux pattes sur le sol gelé afin de quitter sa couche solitaire. Il enfila à la va-vite une paire de braie ainsi qu’une chemise bien trop large, puis sans même la lacer, il arpenta les couloirs ténébreux du castel de Cantharel, jusqu’à ce qu’il tombe nez à nez avec le portail de bois qui clôturait la chambre de la benjamine. Il hésita, une fois la main sur la poignée : et si elle dormait? Elle avait besoin de tout son sommeil, de toutes ses forces, pour affronter et la tempête, et l’interminable chevauchée jusqu’à Thaar … Précautionneusement, il se racla la gorge, puis éleva la voix, afin de se faire entendre : « Éléonore, ma sœur … Dors-tu ? »
Il patienta une réponse. Une réponse qui n’arriva jamais … Alors, peut-être se montra-t-il un brin trop insistant, mais il n’en avait que faire. Il avait besoin de la voir, de lui confier ses craintes, qu’elle puisse le rassurer, qu’elle sache lui prouver qu’elle était prête.
« J’ai crainte que trouver le sommeil me soit ce soir impossible, si je ne peux te revoir une dernière fois avant demain … Ouvres-moi, je t’en prie … »
Si seulement ses conseillers, ses alliés, ses ennemis ou même le clodo du coin l’avait vu de la sorte, suppliant, faible et triste : les railleries abonderaient comme la misère sur le pauvre monde et, c'est peu dire.
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| | | Eléonore de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Je t'interdis de partir. Pas ce soir. [ Éléonore ] Jeu 20 Juil 2017 - 21:55 | |
| Eléonore était étendue dans son lit, immobile. Sur le dos, les mains jointes sur son ventre, les jambes croisées, elle n’arrivait pas à fermer l’oeil. Elle avait eu beau tourner dans son lit, encore et encore, elle n’avait pas réussi à trouver le sommeil. Alors, dans les draps froissés, elle avait décidé de ne plus bouger. Elle priait silencieuse la Dame-dieu de veiller sur elle et de lui donner la force d’affronter ce qui l’attendait le lendemain. Parce qu’à défaut de pouvoir se reposer pleinement, elle comptait au moins s’accorder la protection de Nééra. Elle avait confiance en elle et savait que ses prières seraient entendues. Farfouillant dans sa table de chevet, elle attrapa un collier qui soutenait un pendentif. Eléonore tourna dans ses doigts le minuscule calice d’argent entouré de deux ailes blanches. Il passa de doigt en doigt puis de main en main, avant que ses deux paumes ne se referment dessus. Dans son immense bienveillance, la Damedieu saurait la prendre sous son aile et la protéger des dangers. Elle avait beaucoup entendu sur Thaar, beaucoup lu aussi, surtout. Des tout cela était ressorti une chose : l’Estrévent était une contrée sauvage. Ne régnaient pas là-bas les mêmes us et coutumes qu’ici et surtout, disait-on, la seule loi en vigueur était celle du talion. De quoi l’angoisser plus que de raison et lui faire perdre le sommeil là veille de son expédition. Mais elle n’eut pas le temps de ressasser cela une dernière fois. Elle fut dérangée, dans le noir et dans ses nombreuses prières, par ce qu’elle pensa être la voix de son frère. L’espérait-elle tant qu’elle l’entendait maintenant ?
Ne prenant pas la peine de répondre à cette question, elle bondit de son lit, laissant en bataille les draps derrière elle. Elle attrapa rapidement une robe de chambre dont elle noua la ceinture aussi rapidement qu’elle le put. Le coeur battant, elle colla son oreille à la porte et elle n’eut plus aucun doute. Il était là ! Elle n’était pas folle. Ouvrant la porte sans plus attendre, elle attrapa son bras et le fit entrer aussitôt. Refermant le battant derrière elle, elle resta un instant debout, devant lui, silencieuse. Il avait l’air si inquiet et si triste qu’elle ne put rester immobile bien longtemps. L’attirant à elle, elle le serra fort dans ses bras.
- Evidemment que je ne dors pas.
Relâchant son étreinte, elle alla s’asseoir dans un des deux fauteuils, à l’opposé de son lit. Tapotant l’autre de la main, elle invita Louis à l’y rejoindre.
- Tu as l’air si inquiet, mon frère. Je dois l’avoir aussi, me diras-tu. Si je peux te confesser une chose… Thaar me fait un peu peur. Je veux dire, je sais que je serai parfaite pour cette mission mais on dit tant de choses à son propos. J’ai foi, je sais que la Damedieu veillera sur moi, où que j’aille. Seulement je ne peux m’empêcher de me demander ce qui m’attend en Estrévent.
S’arrêtant de parler pour regarder son frère, elle s’aperçut de sa mine déconfite et saisit aussitôt sa main.
- Je ne te rassure pas du tout mon pauvre Louis, tu m’en vois navrée. Mais je préfère être franche avec toi et, à vrai dire, ce serait bien crédule et naïf de ma part de partir sans aucune crainte, n’est-ce pas ?
Il était venu trouver son réconfort et elle ne lui parlait que de ses angoisses. Mais il était le seul à qui elle pouvait vraiment le dire. Qu’en penseraient les autres ? Lui au moins saurait la comprendre, saurait l’entendre et saurait lui donner le courage dont elle faisait, à cet instant, cruellement défaut.
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Je t'interdis de partir. Pas ce soir. [ Éléonore ] Lun 24 Juil 2017 - 19:18 | |
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Si elle n’épousait pas l’intention de le rassurer, au moins allait-il au moins l’être un tantinet par l’étreinte solennelle qu’il reçut de sa sœur. Il la serra contre son cœur, ses deux bras prenant simultanément rendez-vous à son dos, l’empêchant par le fait même de s’échapper. Il savait que demain, au plus tard, elle lui fausserait compagnie et qu’en aucuns temps plus propice qu’icelui, il pouvait encore profiter de sa présence. Pourtant, il lui rendit sa liberté –à contre cœur-. Alors un sourire avenant, affable et doux, se posa contre son faciès à la mine somnolente, l’admirant comme il avait habitude de faire. Seule, sa présence convenait à agir en baume à ses soucis, se sentant chaque fois libéré de quelques tourments lorsqu’il pouvait profiter de l’un de ses tendres regards.
Une fois le séant posé sur le fauteuil, ses yeux retrouvèrent les siens, sans plus jamais désirer s’en dérober. Les paroles qu’elle lui dicta n’allaient pas pour le rassurer, mais au moins avaient-elles l’avantage d’être honnêtes. De surcroît, un sourire plus doux, presque amusé, rehaussa les joues du régent lorsqu’il entendit : « … je sais que je serai parfaite pour cette mission … ». En quelque sorte, c’était là un certain réconfort qu’elle ne mette pas en doutance ses compétences. N’était-elle pas inexpérimentée, n’ayant qu’en de rarissimes occasions assistée à des négoces, des pourparlers ou des échanges politiques ? C’était à donner froid dans le dos, quand on sait de quel acabit sont issus les princes marchands … Qu’à cela ne tienne, sa confiance et sa naïveté étaient peut-être de bons alliés, car au moins, elle cheminerait jusqu’à la citée du vice, gonflée à bloc de confiance en elle.
« Non tu as raison … Seulement, il me semble si près le moment où tu m’as affirmé être prête à œuvrer pour ta patrie … Jamais je n’ai vu ce jour arrivé et il m’a frappé de plein fouet ; tu dois quitter pour le bien de nos gens et de notre famille, mais je ne peux me résoudre à te laisser partir … » Il n’était pas suppliant, mais laissait sous-entendre qu’il ne pouvait pratiquement pas la laisser quitter son chez-elle. Sa main se referma contre les doigts de sa sœur, comme d’une étreinte réitérée, les yeux toujours avidement accrochés aux siens. « Me feras-tu la promesse de ne point céder, même s’il advient que sur ton chemin se dresse des difficultés ? Je te sais en bien bonne compagnie ; j’y ai veillé, mais ils ne pourront te suivre où que tu ailles, il te faudra parfois te montrer forte, haute et digne, lorsque tu t’adresseras à la Royauté de Thaar. » Il lui caressa du pouce les dernières phalanges de ses doigts fins, souriant faiblement. « Qu’importe le succès de ta tâche, reviens-moi intacte et enrichie de milles et une aventures. » Il relâcha sa patte, crispant la mâchoire durement, comme s’il luttait contre des larmes qui cherchaient à immerger de sous ses paupières.
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| | | Eléonore de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Je t'interdis de partir. Pas ce soir. [ Éléonore ] Dim 13 Aoû 2017 - 19:50 | |
| L’intimité dont ils faisaient ici preuve la rassurait énormément. Elle en avait besoin et elle savait que cela lui manquerait au plus haut point. Mère lui manquerait, sa maison lui manquerait, pouvoir rendre visite à Père et à Jean lui manquerait, mais de tout cela c’était de quitter Louis qui l’angoissait le plus. Elle détestait être loin de lui. Elle n’aimait pas être sans lui, elle vivait mal leurs séparations. Mais il lui rappela qu’elle lui avait dit vouloir servir sa famille. Lui assurer qu’elle était prête à se mettre à son service parce qu’elle pouvait servir. Ses angoisses ne devaient pas la freiner aujourd’hui. Elles ne devaient pas se mettre en travers de son chemin et Eléonore ne devait pas briser sa promesse pour s’assurer d’avoir longtemps encore le réconfort de la présence de son frère. Quand il lui dit qu’il ne pouvait se résoudre à la laisser partir, son coeur se serra.
- Louis… Je dois le faire, tu sais ? Tu l’as toi-même mentionné à mère, je suis la mieux placée pour cette tâche. Enfin, je suis tout de même une Saint-Aimé, cela doit te réconforter quelque part non ?
La vérité était que s’il la suppliait un peu trop de ne pas partir, elle ne le ferait pas. Elle resterait. Même si elle voulait voir un jour l’Estrévent, même si elle était si curieuse qu’elle avait quelque art hâte de découvrir quelque chose de nouveau, elle resterait. Sans parler d’une quelconque autorité, elle savait qu’il ne l’exercerait jamais sur elle, elle ferait tout ce que son frère lui demandait. Surtout lorsqu’il se montrait si vulnérable. Elle savait être son point faible et elle appréciait tout particulièrement la sincérité qu’il avait à son égard. Elle avait pour elle une partie du Seigneur de Saint-Aimé que personne d’autre n’aurait jamais, heureusement pour lui d’ailleurs. Un frisson la parcourut alors, même si le feu brûlait encore dans l’âtre. Resserrant les pans de sa robe de chambre sur sa chemise de nuit, elle ramena ses genoux contre sa poitrine.
- Au moins là-bas puis-je espérer un peu de chaleur !
Elle avait la gorge légèrement nouée et son ton qui se voulait enjoué se mourut un peu en fin de phrase. En un raclement elle reprit un peu de constance et rassura son frère.
- Comme dit, je suis une Saint-Aimé. Je te promets devant les dieux que je me montrerai digne de porter ce nom. Il est évident que je serai digne et forte devant la royauté de Thaar. Je ne me fais pas d’illusion, je sais pertinemment que je serai impressionné et sans doute légère décontenancée au début. Mais je reprendrai vite le contrôle, tu me connais. Je ne saurai te décevoir. Je réussirai, Louis. Je réussirai et je te reviendrai intacte. Je ne souffrirai aucune autre alternative.
Eléonore ne pouvait pas concevoir d’être prise par Tyra sans même revoir son frère. Elle ne pouvait pas imaginer devoir rester là-bas sans que son frère ne sache ce qui se trame. Savoir qu’il souffrirait de son absence ou de sa peine lui suffisait amplement pour qu’elle ne se mette pas en danger, jamais. Il n’avait rien à craindre.
- Aie foi. La Damedieu veillera sur moi.
Et elle agita devant lui le collier qu’elle avait gardé au creux de sa main.
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Je t'interdis de partir. Pas ce soir. [ Éléonore ] Dim 20 Aoû 2017 - 6:22 | |
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Maintenant plus que jamais elle le prouvait derechef, Éléonore était au régent ce qu’était le soleil à la glace ; sa plus grande faiblesse. Il fût aisé le jour où il lui demanda si elle se sentait fin prête à aider la famille. Son paternel venait de joindre le royaume de Tari et en demandant une telle chose à sa jeune sœur, il se sentit toute suite plus mature, que ses pieds feraient adéquatement dans les bottillons de son père. Et les mots sont parfois si simplement lancés, sans se douter qu’ils ont parfois des conséquences qui ne surgiront que plus tard. Toutes paroles se devaient d’être pesées et bien comprises avant de les lancer, sans quoi d’amères déceptions ne manqueront pas de secouer les involontaires bonimenteurs. « S’il est bien quelque chose qui sache me rassurer, c’est précisément cela. » Répondit-il, bien que la mine un peu déconfite. Il la savait encline à réussir la mission qui lui était attribuée … Seulement voilà, les choses qui gravitaient autour de cette entreprise rendait la chose franchement plus complexe et risquait peut-être de compromettre son résultat. On l’avait éduquée pour s’adresser à quiconque, à se tenir devant n’importe quelle engeance, qu’elle fut naine, elfique ou … quoi que sont les princes marchands, ceux-là difficilement catégorisables! Mais existe-t-il seulement des conseils, des leçons ou des livres qui préparaient une jouvencelle de son genre à affronter l’ampleur des vices Thaarien? Qui dit qu’elle ne chercherait pas à assouvir sa curiosité, à connaître un peu plus de cette grandiose citée ? Les princes marchands qu’elle s’exposait à rencontrer avaient en leurs menottes le pouvoir de lui faire découvrir et même, apprécier ces dangereux vices!
Et au travers toutes ces réflexions passagères, elle trouva tout de même la force de capter suffisamment son attention pour le secouer d’un rire un peu étouffé. Parfois dotée d’un positivisme presque écœurant, elle savait tirer du bien même de la pire des situations. Était-ce une manière à elle d’éviter de sombrer dans la déprime lorsque le temps semblait ne pas trouver sa lumière et restait confortablement installé dans les ténèbres? Cela, il n’en savait fichtre rien. Par contre, ce qu’il savait, c’est que sa confiance envers sa cadette était inébranlable et que, si elle lui assurait le succès de sa prochaine aventure, il n’était pas pour la contredire. « Je veux bien le croire, Éléonore. » Simplement, après qu’elle trouva la force de le rassurer non seulement lui, mais elle également. « À ton retour … » Il hésita, venant poser une main contre la sienne, de sorte à la couver chaudement et de manière rassurante. « Il n’est pas impossible que nos osts soient en marche vers le Médian avec … Moi à leur tête. Alors nous nous reverrons qu’une fois que tout cela soit terminé, une fois que le Roy sera assis de nouveau sur son trône à Diantra … » Serrée, sa voix faisait montre de la difficultée qu’il avait de lui avouer qu’ils seraient pour longtemps séparés tous deux.
« En mon absence, j’aimerais que tu t’occupes des séances de doléances du peuple … Il te faudra les comprendre, te mettre à leur place et faire en sorte qu’iceux ne désespèrent pas. Beaucoup d’entre eux auront leur famille privée de leur père et puisque le grain sera majoritairement distribuée à l’armée, il n’est pas impossible que les ennéades de vache maigre fassent lever le bas peuple … Tu sauras t’occuper d’eux de la meilleure manière qu’il soit, peu importe les problématiques qu’ils te soulèveront ? » Puis, avant même qu’elle n’ait le temps d’encaisser le fait qu’il était possible qu’ils ne se recroisent pas avant deux mois et qu’elle héritait des tâches du marquisat, il ajouta bêtement : « Quel mauvais frère fais-je, tout de même, pour venir t’enterrer sous de nouvelles tâches alors que celle de Thaar n’est pas même entamée … » Sa patte se referma contre ses doigts, un brin agacé par son propre comportement.
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| | | Eléonore de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Je t'interdis de partir. Pas ce soir. [ Éléonore ] Dim 10 Sep 2017 - 19:43 | |
| Au moins il la croyait. Qu’il ait ainsi confiance en elle la confortait dans l’idée qu’elle réussirait. Parce qu’elle ne pouvait pas échouer, parce qu’il n’y avait pas moyen qu’elle ne revienne pas. Ou qu’elle ne revienne pas intacte. Elle fit remonter doucement la chaîne entre ses doigts, jusqu’à sentir le bijoux au creux de sa main. Elle ne put se résoudre à la refermer sur ce dernier, le contemplant un instant, là, dans sa paume. Elle avait comme l’impression de tenir une partie de la Damedieu. Chaque fois qu’elle regardait ce pendentif, elle se sentait un peu plus forte, un peu plus sereine, parce qu’elle se savait protégée. Quoi qu’il advienne, quoi qu’elle fasse, où qu’elle soit, Nééra la protégerait. Elle en avait l’intime conviction. Quand elle releva les yeux vers lui, elle ne put s’empêcher d’éprouver de la peine face à sa mine contrite. Elle ne voulait pas le voir ainsi. Elle voulait qu’il sourit, qu’il soit sûr de lui, qu’il la regarde avec autre chose que de la tristesse et de l’angoisse. Mais elle même n’arrivait pas à le faire, elle même n’arrivait pas à redonner cette joie de vivre à son frère. Il était arrivé pitoyable devant sa porte et elle ne voulait pas qu’il en ressorte ainsi.
Avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, il enchaîna sur son retour. Déjà ? Elle aurait voulu lui dire qu’ils penseraient à ça plus tard, quand ce serait d’actualité, parce qu’y penser aujourd’hui n’allait que lui donner encore moins envie de partir. Mais il était lancé, aucune chance qu’elle l’arrête. Il avait posé une main sur la sienne et elle sut qu’elle n’entendrait rien de plaisant. Elle eut un mouvement de recule, comme si elle pouvait ainsi se soustraire à ce qui suivrait. Lui parlerait-il encore d’arrangements qu’il avait fait dans son dos, à propose de son mariage ou que savait-elle d’autre ? Il s’avéra que ce n’était rien de ça. Mais elle n’en fut absolument pas soulagée pour autant. Il parla, encore et encore. Comme s’il voulait tout sortir d’un coup, sans qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, sans qu’elle ne puisse s’élever contre. Retirant sa main de sous la sienne, elle la ramena contre sa poitrine. Sa bouche se tordit légèrement et ses sourcils se froncèrent.
- Je vois que tu trouves tout de même à rire. Comptais-tu seulement me l’annoncer avant mon départ ? Je veux dire, tu viens ici, en pleine nuit, sur un coup de tête, complètement débraillé, pitoyable, et tu m’annonces tout cela. Tu le savais depuis combien de temps ? Oh des jours, si ce ne sont des ennéades je suppose.
Se levant, elle lui tourna ostensiblement le dos. Les bras croisés, elle serrait trop fort le pendentif dans sa main. Il lui faisait mal. Mais ce n’était rien comparé aux cachotteries de son frère. Passant une main dans ses cheveux, elle remit une mèche derrière son oreille avant de se retourner.
- Je saurai m’occuper du peuple Louis. Si là est ta seule préoccupation, soit rassuré.
Son ton était froid, son regard sans appel. Elle était blessée. Une fois encore il lui avait caché ce qu’il savait depuis longtemps. Il ne l’avait pas mise dans la confidence pour… Pour quoi exactement ?
- Crois-tu que je suis une petite chose fragile que tu dois protéger ? Penses-tu que je ne mérite pas de savoir ce qui se décide quand ça se décide parce que je suis trop jeune ? Par les cinq, Louis, arrête de me cacher des choses ! Le coup du mariage ne t’a pas suffit, il faut que tu recommences, vraiment ?
Le ton était monté et elle criait presque. Même si on était au milieux de la nuit et même si elle risquait de rameuter du monde. Peu lui importait. Elle était en colère. Elle en voulait terriblement à Louis de lui gâcher ainsi son départ. Elle lui en voulait de ne pas lui donner de paisibles aurevoirs. Lui qui ne voulait que son bien venait de lui rajouter un poids sur le coeur. Et elle n’aimait pas cela.
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Je t'interdis de partir. Pas ce soir. [ Éléonore ] Mar 12 Sep 2017 - 0:35 | |
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Le lien qui unissait un frère à une sœur avait tout de même quelque chose de fascinant … À peine eût-elle à remuer le bout de ses doigts, qu’il se rendit compte du la faute qu’il venait de commettre. Il sentait en elle un ressentiment qu’elle tenta de tamiser depuis l’annonce de ses noces arrangées, quelque chose qui ne demandait qu’à exploser, tant l’émotion cherchait à gonfler. Tout ça était de sa faute, il le savait bien … Et même s’il avait tenté de la préparer à ça, à ces responsabilités qui viendraient naturellement à elle vu son rang, la faut lui revint tout de même. Était-ce lié à un manque de tact, avait-il planifié gauchement la manière de lui annoncer toutes ces choses ? Ce n’était pas impossible. Ce qui l’était en revanche, c’est qu’elle le quitte pour Thaar en ayant sur le cœur ces pensées erronées. Lorsqu’elle se leva, sa main chercha en vain à la retenir, sans force, sans réelle intention de la contraindre … « Éléonore … » Mais à son tour, la voilà qui était partie en vrille.
Elle le bombarda d’accusations, bien que pour la plupart infondées, il n’en restait pas moins qu’il y avait un fond de vérité. Pitoyable, sans doute ne l’avait-il jamais été autant, à venir se traîner au chevet de sa sœur simplement parce qu’elle devait emprunter la route loin de lui. Alors il se leva à son tour, comme pour tenter de s’approcher d’elle, sans toutefois y parvenir, la voyant prompte à réagir de manière farouche s’il tenta de la toucher. « Éléonore je t’en prie! Tu sais très bien que je me préoccupe d’avantage de ton bien être! » Tenta-t-il de la convaincre, comprenant dans quel bourbier il s’était enlisé. En vérité, il avait enchaîné sur le sujet car il connaissait sa sœur plus que quiconque et il savait à quel point elle était encline à vouloir mettre main à la pâte, lorsqu’il le fallait. Jamais il n’avait planifié quoi que ce soit pour elle, seule sa tâche à Thaar était définie ainsi que son possible mariage. Peut-être s’était-il dit que la chose lui ferait plaisir, de savoir qu’elle était pour lui indispensable ? Louis ne savait plus, désormais. « Par les cinq! Je ne te cache rien je te le jure! Et oui, j’aimerais pouvoir te protéger à tout jamais parce que tu es la chose la plus précieuse à mes yeux! Crois-tu que c’est chose aisée pour moi, que de devoir venir quérir ta présence en catimini, alors que je me dois de me montrer fort et insensible aux yeux des autres ?! » Lui aussi avait monté le ton, obligatoirement emporté par l’émotion. « Ma sœur … Éléonore je t’en prie, il faut que tu me crois. J’ai fauté, pour tes noces. Oui je t’ai caché cette possible union, mais nous en avions parlé par le passé et tu étais d’accord! Je me suis assuré qu’Aurel soit un homme bon, avec de belles valeurs et un grand cœur! Aurais-tu préféré que je t’unisse avec le fils d’Aymeric de Brochant ?! Car c’est là, l’autre option qui nous ait été offerte! » Il prit une pause, les traits de son visage s’étant durci au cours de ses répliques. Enfin, il se rendit compte de sa fougue, abaissant le ton d’un cran pour que le ton de la conversation ne s’envenime pas à tout jamais. « Je t’aime Éléonore … Tu sais que je n’ai jamais désiré autre chose que ton bonheur … » Plus doux, le regard planté dans le sien à la recherche d’un peu d’empathie.
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| | | Eléonore de Saint-Aimé
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| Sujet: Re: Je t'interdis de partir. Pas ce soir. [ Éléonore ] Mar 12 Sep 2017 - 18:38 | |
| Il venait de jurer. Cela faisait un moment qu’elle ne l’avait pas entendu jurer devant elle. Lui d’habitude si doux, si attentionné, si joyeux en sa compagnie avait élevé le ton et se défendait tant bien que mal. Il lui dit combien c’était dur pour lui de devoir garder une image impassible quand il souffrait au fond de lui. Il lui dit qu’elle aurait pu se retrouver mariée au fils d’Aymeric de Brochant, chose qu’elle ignorait complètement. Il lui dit combien il s’était battu pour elle et combien il se battrait encore. Parce que tout ce qu’il désirait, c’était son bonheur. A ces mots, à le voir là complètement démuni face à elle, elle sentit une boule se former dans sa gorge et les larmes lui montèrent aux yeux. Une lui échappa mais n’eut pas le temps de rouler le long de sa joue puisqu’elle l’écrasa rapidement. La colère avait disparue et laissé place à de la tristesse. Doucement, elle desserra son poings et put contempler les points rouges qu’elle y avait incrustés. S’avançant alors vers Louis, elle enfouit son visage dans son cou et se laissa étreindre avec force.
- Je suis désolée Louis… J’ai juste comme, je ne sais pas, peur que tu t’éloignes ? On se racontait beaucoup avant et maintenant, maintenant que tu es régent, que tu as toutes ces responsabilités, tous ces négoces, toutes ces entrevues j’ai terriblement peur que tu t’éloignes. Ce mariage… Je sais que j’y ai consentie, après la mort de père. Je sais ce que je t’ai dit mais ce n’est pas ce qui m’a fait mal. J’aurais pensé que tu m’en aurais parlé avant, avant de me le présenter, que tu m’aurais prévenue.
La manière dont il avait procédé était mauvaise. Il en était conscient et c’était tout ce qui lui importait. Se détachant un peu de lui, elle passa encore une main dans ses cheveux, les rassemblant tous à gauche.
- Excuse moi de t’avoir dit que tu étais pitoyable. Je sais que c’est dur pour toi mais parfois, je m’emporte, tu sais. Ca ne veut pas dire que je ne t’aime pas, c’est juste que, peut-être, je t’aime trop ?
Même si à vrai dire, il n’était pas possible de trop aimer. Eléonore s’emportait un peu trop vite parfois, d’autant plus lorsqu’il s’agissait de choses qui lui tenaient à coeur. Elle savait qu’elle pouvait parler librement à Louis alors elle se retenait peu. Mais elle se calmait aussi rapidement, parce que tout ceci n’était question que d’évacuer la pression. Elle était souvent désolée que cela retombe sur Louis, mais n’était-ce pas mieux que sur ses servantes ? Lui au moins savait la calmer et la réconforter. Lui savait trouver les mots.
- Je te seconderai à mon retour. J’ose espérer que ce ne sera pas pour trop longtemps. Tu sais combien je hais être séparée de toi…
Et elle revint au creux de ses bras. Là où elle savait désormais qu’elle ne pourrait être pendant les mois qui viendraient. Elle craignait que ces mois soient beaucoup trop nombreux mais elle n’en dit rien. A quoi bon ?
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Je t'interdis de partir. Pas ce soir. [ Éléonore ] Jeu 14 Sep 2017 - 2:59 | |
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Prudemment, la paluche du jeune Saint-Aimé tenta de quérir la main « meurtrie » de sa sœur, cherchant à y réconforter les marques laissées par son éphémère colère. «Non je t’en prie, la faute me revient entièrement. Il faut croire que pour ce genre de chose, père m’a légué de sa maladresse … » Lança-t-il à la blague, tout en venant l’étreindre chaleureusement en passant de chaque côté d’elle ses pesants bras protecteurs. À plein poumons, il inspira pour rependre son calme d’une part, mais également pour tâcher d’apprécier ces derniers moments à ses côtés. Lui aussi avait laissé parler à sa place ses sentiments en s’emportant de la sorte ; cela ne lui ressemblait pas. Mais l’amour avait cette force que de changer les gens, lorsque ce sentiment ce sens menacé. Son départ imminent jouait ce rôle, jamais il ne s’était détaché d’elle plus d’une ennéade. Le pas lui semblait si imposant, qu’il avait encore misère à s’y plier. « Thaar n’a qu’à bien se tenir, l’une des plus formidables péninsulaire va bientôt éblouir ses habitants de sa présence. Je t’aime ma sœur, reviens-moi rapidement, je t’en prie. » Lui avait-il soufflé à l’oreille, cette fois en posant l’estampille d’une bise à sa joue, en réitérant son étreinte.
Puis vint enfin le temps des séparations … Il la reconduit à sa couche, chercha à la border, puis à quitter en lui laissant un dernier regard empreint de tristesse. C’est pourtant une boule à l’estomac, en se retournant péniblement qu’il quitta le confort de sa chambre pour la laisser profiter d’une dernière nuit en ses affaires. Elle quitait le pays pour nombres de jours et fort était à parier qu’elle s’ennuierait non seulement de son frère, mais aussi du confort de ses choses. Pouvait-on seulement être mieux qu’à la maison ?
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