Les diamants sont les meilleurs amis des naines [PV Skjald & Gregor]

1er Verimios de la 10ème année du cycle XI

Cela faisait des jours que Gregor chevauchait Moto sur les grandes plaines du Brissalion. Le pauvre animal en avait plein les sabots et son maître, ayant compris son désarroi, avait décider de changer un peu ses plans. Il allait passer par Lante. Un petit détour dans sa route en direction du Marquisat de Serramire, première étape du voyage sans fin qu'il comptait bien mener pour le restant de sa vie. Lante, donc, il y resterait sans doute quelques jours. En effet, si ses affaires, son campement, son matériel de voyageur était suffisant, l'environnement extérieur ne lui laissait guère de répis. Il s'endormait et trente minutes plus tard, les blatèrements de son bélier de guerre lui indiquait l'approche d'une bête. Gregor devait se lever, prendre son marteau de guerre, défoncer l'importun et tenter de se rendormir... pour recommencer une demi-heure plus tard ; pas vraiment reposant !

C'est pourquoi une petit séjour dans la dernière ville naine lui semblait, non pas une bonne idée, mais une obligation ! Il avait besoin de se reposer, de récupérer toutes ses forces avant la traversée ô combien périlleuse de la forêt de Lörn !

Gregor découvrait pour la première fois la grande ville marchande. Elle lui rappela Kirgan du temps de sa grandeur. Evidemment moins montagnarde, la ville du sud grouillait de monde et d'activité. Les murs des bâtiments étaient solides, l'architecture naine parfaite et - vous l'imaginez bien - notre colporteur était heureux de retrouver la civilisation !

Il se trouva une belle petite auberge - L'auberge du voyageur ! - pour s'occuper de son bélier et pour dormir confortablement. L'ambiance y était relativement cosmopolite : on y croisait quelques humains, des commerçants, des marchands et cela plaisait fort au représentant du clan des Pied-Léger. Il y apprit beaucoup de choses... et notamment que pour descendre vers la péninsule, il existait des embarcations qui descendaient le fleuve vers le sud, et que ce moyen de transport était bien plus sûr que la traversée de la forêt de Lörn. Gregor en prit bonne note et, après deux jours dans cette auberge, ayant retrouvé sa forme, décida de profiter de sa présence dans la ville marchande pour faire quelques affaires. Il loua un emplacement sur la place du marché et disposa sur son étal quelques unes des pièces qu'il espérait pouvoir vendre ici : quelques pierres précieuses, des petits bijoux du clan des Belle-Pierre (autrefois installés dans les montagnes du Kirgan), et quelques belles pièces de coutellerie naine. Il avait aussi quelques fines étoffes en dentelle qui, par ce froid, ne risquait guère de trouver preneur - ou preneuse - mais qui, de part la qualité de leur broderie, pouvaient peut-être intéresser les marchands humains.

Gregor fit, somme toute, de belles affaires, il se départit d'une bonne partie de son stock et décida que le lendemain, il achèterait d'autres objets grâce à l'argent gagné ; d'autres objets qui élargirait la gamme des produits Pied-Léger et qui lui permettraient de continuer ses affaires plus loin, dans la sud.

Le soleil déclinant, il se dit qu'il allait ranger ses affaires et retourner à l'auberge... mais une naine approcha de son étal et notre cher Gregor se dit que, peut-être, celle-ci, charmante qui plus est, méritait autre chose qu'un simple "Désolé je remballe". Peut-être pourrait-il lui vendre quelque chose ou simplement tailler une bavette : ce n'était pas tous les jours que Gregor avait le plaisir de converser avec une naine !

- Approchez approchez, on va bientôt fermer ! Dernières bonnes affaires ! Bijoux, pierres, dentelles !

Lante était devenu depuis le voile ma nouvelle demeure où je passais beaucoup de temps ou tout du moins quand je n’étais pas sur les routes en train de chasser ou à frapper un quelconque adversaire. La ville restait impressionnante, même si elle avait une fâcheuse tendance à attirer toute sorte de racailles venues de l’extérieur comme les humains, aussi surnommés les longues-jambes ou encore les oreilles pointues qui n'étaient rien d'autre que des bouffeurs de verdures. Néanmoins, Almis me manquait et je voulais non seulement revoir cette cité, mais également la libérer et me battre pour elle. Seul Mogar savait quand j’allais pouvoir le faire.

Aujourd’hui n’était pas de savoir quand j’allais retourner à Almis, mais de rentrer chez moi après un long entraînement avec mes adorables haches. Une guerrière était comme une hache, il faut en prendre soin et l’aiguiser pour qu’elle reste efficace ! Fort heureusement je ne portais pas mon casque aujourd’hui, laissant mes cheveux plutôt libre avec mes deux tresses, par contre je portais toujours mon armure. J’avais pour philosophie de m’entraîner avec mon armure, c’était pour moi le meilleur moyen de s’habituer au poids de celle-ci et d’habituer mon corps à son poids. Par contre je n’allais pas prétendre que je sentais la rose en ce moment même, je n’avais pas encore eue l’occasion d’aller me laver… Mais c’est un détail non ?

Je marchais tranquillement à travers la cité de Lante pour rentrer chez moi, utilisant ma grande hache à deux mains comme bâton de marche, c’était toujours pratique d’avoir un long manche… Je parle de celui de mon arme hein ! Je traversais la place du marché, endroit souvent assez chiant de par les marchands qui vous interpellent avec « venez venez ! On vend les meilleures affaires ! » alors que c’était faux… Aujourd’hui n’allait pas être une exception à se sujet, je n’entendais qu’un simple :

« Approchez approchez, on va bientôt fermer ! Dernières bonnes affaires ! Bijoux, pierres, dentelles ! »

Je m’arrêtais, me disant « Super, encore quelqu’un qui va me casser les pieds pour sa babiole », je me tournais vers la personne, plissant les yeux. Je restais méfiante vis-à-vis des marchands, c’était bien connu qu’ils ne recherchaient qu’à vendre de la marchandise. Je m’approchais doucement de son étal, je lâchais un simple « hm hm ». Je posais mon regard sur lui avant de prendre la parole.

Que voulez-vous que je fasse avec des pierres ? Au mieux je peux les jeter….

Je marquais une petite pause avant de reprendre la parole.

La dentelle… ça ne me sert à rien, ce n’est pas comme si j’allais pouvoir me défendre avec.

Il fallait admettre que niveau diplomatie, on avait mieux vue ! Mais je n’étais pas spécialement réputée pour ce domaine.

En fin de journée, ne reste-t-il pas toujours les objets dont personne ne veut ? Vous essayez de me vendre de la babiole ?

Je le regardais, je n’avais pas totalement tord, bien qu’il fallait certainement nuancer la chose mais pour être sincère, je n’en n’avais pas envie. Mon autre main prit la griffe de bearög avec laquelle je jouais, c’était pratique comme collier n’empêche.

J’imagine que vous n’êtes pas d’ici puisque vous avez un étal...

Elle n'était pas vraiment belle, mais elle avait un certain charme... un charme certain, même. Gregor aima tout de suite ses yeux émeraude et ses joues lisses, tatouées et rebondies... Elles devaient être si douces ! En attendant, la naine ne semblait guère sous le charme de ses produits !
- Que voulez-vous que je fasse avec des pierres ? Au mieux je peux les jeter… La dentelle… ça ne me sert à rien, ce n’est pas comme si j’allais pouvoir me défendre avec. En fin de journée, ne reste-t-il pas toujours les objets dont personne ne veut ? Vous essayez de me vendre de la babiole ?
- Oh la oh la, mademoiselle ! l'arrêta le colporteur, belle comme vous êtes c'est vrai que vous n'avez guère besoin de pierre ou de dentelle pour séduire mais... alors...

C'est vrai qu'elle semblait plus portée sur l'art de la guerre que celui de la séduction...

- J'ai sûrement quelque chose qui pourrait vous intéresser : regardez ces couteaux de Gromgrund ! De la qualité supérieur ! Et discrets... bien plus discrets qu'une hache. Ils peuvent se cacher dans une poche ou... ou une botte, même. Et regardez leur tranchant.

Le nain montra la lame, brillante et fine, le manche, en corne de bouc, ergonomique et anti-dérapant, puis il posa un bout d'étoffe épaisse sur l'étal et, sans difficulté, le coupa en passant la lame de Gromgrund dessus.
- Voyez ?
- J’imagine que vous n’êtes pas d’ici puisque vous avez un étal...
- Je viens de Kirgan... mais, suite à... au Voile, j'ai été contraint de quitter la ville et depuis, je voyage beaucoup... je n'ai plus vraiment de chez moi... Mais j'en profite pour visiter notre beau pays, et j'en découvre les richesses et... et la forge de Gromgrund est, à mon avis, l'une des toutes meilleurs forge du pays... du monde, donc ! Et je m'y connais en lames, j'étais moi-même dans l'armée de Kirgan, jadis...

Il plongea son regard azuréen dans les yeux de la naine.
- Et sachez que je ne vends AUCUNE babiole ! Que du vrai, du précieux, du durable ! Il avait froncé les sourcils pour montrer sa désapprobation mais, à présent, son regard s'adoucit. Gregor Pied-Léger, Enchanté mademoiselle...?

Il attendait le nom de la potentielle acheteuse et lui tendit le couteau, le tenant par la lame pour lui présenter son agréable manche plutôt que sa dangereuse pointe !
- Vous voulez l'essayer ? V'verrez, vous serez pas déçue !

Je détestais lorsque l’on m’interrompait et en prime, il essayait de me séduire. Je plissais les yeux à ses paroles, mais on voyait bien qu’il faisait son possible pour essayer de me vendre quelque chose. Peut-être aurait-il quelque chose de plus intéressant cette fois à me proposer. Je restais donc silencieuse, me contentant de l’observer faire. Après tout il était en train de me promettre de magnifiques couteaux, bien que je n’étais pas encore certaine qu’ils allaient être si bon que ça. On ne pouvait pas dire que je manquais d’armes, mais ce n’était jamais une mauvaise chose d’en avoir plusieurs.

J’avais dans le passé vaguement entendu parler des armes de Gromgrund, mais de façon général on pouvait dire que les forgerons nains produisaient de bonnes armes. Je n’avais même pas souvenir d’un forgeron nain qui soit mauvais, c’était une question d’honneur de clan après tout aussi… Je regardais l’arme en question, bien que je ne voyais pas vraiment l’intérêt pour une guerrière comme moi de cacher un couteau dans une botte… Ce n’est pas spécialement pratique si on est sur un champ de bataille.

Je le regardais faire sa démonstration, tout pour essayer de me vendre l’arme en question. Je ne pouvais pas le nier, elle semblait être plutôt de bonne manufacture ! Tout du moins sa lame l’était, pour le reste, je devais encore le découvrir.

Aaah le Voile, l’épreuve que notre Père-Créateur nous a donnée, il veut certainement voir si nous sommes en mesure de les surmonter. Moi-même je viens d’Almis avant que la ville ne soit prise par ces pourris de peaux-vertes.

Je restais à nouveau silencieuse, nul besoin d’en dire plus après tout et surtout, je n’avais pas envie d’en dire plus. Je le regardais également, bien que je restais assez indifférente avant de me présenter à mon tour, question de politesse aussi.

Je suis Skjald…. Skjald du clan Tranche-Tête.

J’avais un instant hésité à donner le nom de mon clan, après tout je n’étais plus que la seule représentante, mais c’était sûrement mieux pour les honorer.

Oui je veux bien essayer la lame.

Je pris le couteau par le manche, je le testais d’abord pour voir la sensation qu’il donnait lorsque je le tenais, je voulais voir si le manche était bien ou non. Ensuite je me mis à scruter plus en détail la lame, ce qui passait forcément par un contact physique. Finalement je fis quelques mouvements avec l’arme en main question de voir la sensation qu’elle donnait. Elle pourrait même peut-être remplacer ma vieille dague, qui sait.

Et comment un ancien membre de l’armée est-il devenu… euh… hmmm… marchand ?

Je n’étais pas certaine que c’était le bon mot, mais il savait certainement ce que je voulais dire.

Et combien coûterait le couteau si je veux l’acheter ?

C’était certainement la question la plus importante, l’arme pouvait être belle mais si le prix était plus important.

- "Skjald" et bien enchanté Skjald !

Il n'allait pas lui faire le coup du "joli prénom !". Non, il n'était pas comme ça... et elle ne semblait pas du genre à apprécier ça !

- Je suis passé à Almis quelques fois. C'est... c'était une belle ville.

Mais, plutôt que la géographie du Zagazorn, c'était l'histoire de Gregor qui semblait devoir être la leçon du jour.
- Et comment un ancien membre de l’armée est-il devenu… euh… hmmm… marchand ?
- Colporteur... enfin marchand ambulant, c'est la même chose. Et pour répondre à votre question, c'est très simple : lorsque ces pourris de peaux-vertes - comme vous dîtes - ont décimé mon clan, je n'avais plus envie de faire partie de l'armée. Non pas que je craignais le combat mais simplement que j'ai vu en cette défaite le signe qu'il était temps pour moi de faire ce que je rêvais de faire, c'est à dire prendre la route et découvrir le monde. J'avais quelques objets, pierres et choses de valeurs... Et bien j'ai décidé d'aller vendre tout ça plus loin, là où ça pouvait intéresser d'autres gens... C'est comme ça que je me suis retrouvé sur les routes, à faire ce métier.

Il la regardait manipuler le grand couteau de Gromgrund dont la lame brillait comme un sous neuf et trouvait la jeune naine fort habile... La question à laquelle il s'attendait ne tarda pas à se trouver posée :
- Et combien coûterait le couteau si je veux l’acheter ? Demanda Skjald.

Gregor sentait le poisson mordre à l'hameçon et cela le faisait sourire.
- Il coûte 10 souverains.

Il avait dit ça d'une voix ferme et assurée. Bien sûr il pouvait baisser un peu le prix, c'était le jeu, mais il préférait se montrer ferme dans son prix de base afin de se faciliter la tâche pour la suite de la négociation. Dans le meilleur des cas, le client acceptait le prix et c'était tout bénéfice pour lui !

- Pour une guerrière comme vous, il est toujours utile d'avoir une arme discrète et efficace cachée quelque part !

Il sourit d'un air fraternel.
- Alors, qu'en dîtes-vous ? Elle tient bien en main, n'est-ce pas ?

L’homme commençait à me raconter sa vie ou plutôt à répondre à ma question, bien que c’était sensiblement la même chose à ce stade. Je devais admettre que je ne comprenais pas vraiment sa logique, comment pouvait-on en arriver à se dire « Je vais arrêter la guerre pour faire autre chose ? », certes on pouvait aimer d’autres activités mais personnellement, j’avais la sensation que ce n’était ni plus ni moins qu’une excuse pour ne plus se battre. Je prenais donc bonne note qu’il n’était pas vraiment intéressé par continuer à faire perdurer la tradition de son clan, même si celui-ci a été décimé. J’étais plutôt étonné qu’il ne semblait même pas vouloir le reconstitué, certes c’était une tâche difficile voire impossible mais si on ne tente même pas… Comment veut-il rendre hommage à ces ancêtres. Pire, comment veut-il les regarder dans les yeux fièrement lorsqu’il les rejoindra ?

Néanmoins sur le moment on avait plus important, à savoir le prix. Il me parlait de 10 souverains et fort heureusement que ma bouche était vide car sinon… Eh bien je me serais étouffée ! Non mais peut importe la qualité du couteau, 10 souverains étaient de loin trop cher pour cette arme. Avec cette somme je pourrais m’acheter bien des choses plus intéressantes comme… euh… une armure légère, ou arme plus intéressante comme une épée, une masse ou d’autres armes d’une qualité plus que correcte ! Voire même un bouclier d’une qualité assez moyenne !

N’essayez pas de m’arnaquer non plus ! Cette lame ne vaut jamais 10 souverains ! Je pourrais avoir une armure légère complète pour 10 souverains ! Ou même une autre arme encore plus utile pour le combat ! Je pourrais même m’acheter une vache avec 10 souverains !

Ouai bon, j’admets que comparer le couteau avec une vache n’était probablement pas le meilleur mais bon, sur le feu de l’action hein ! Tout se fait-il qu’il n’était pas bon de juste se plaindre du prix et de dire à quel point on tentait de vous voler votre argent, mais il fallait également proposer un autre prix.

Bon, je propose 2 souverains, c’est un prix plus que correcte pour un couteau de cuisine !

Bon, j’exagérais un peu mais c’était aussi un peu le but ! Il restait à voir ce qu’il allait faire comme contre offre, je ne doutais pas qu’il allait vouloir avoir un peu plus d’argent.

Grégor regarda la naine avec un air austère. Être pris pour un voleur, un filou, un arnaqueur ne lui plaisait guère. Certes, le premier prix qu'il avait proposé était un peu élevé mais relativement honnête pour une lame de cette qualité. Comparer ce couteau avec un vulgaire couteau de cuisine était une offense pour lui mais surtout pour les nains de Gromgrund.

- Mademoiselle ! Voyons ! Vous ne pouvez pas... Regardez cette lame, ce manche... Ce que vous dîtes déshonore les nains de Gromgrund ! Ils sont parmi les meilleurs forgerons Zagazorn ! Avez-vous vu avec quelle facilité cette lame a tranché cette étoffe ?! Avec elle vous pourrez trancher la gorge de n'importe quelle créature sans la moindre difficulté

Il attendit un instant, laissant ses paroles faire écho dans l'esprit de la guerrière.

- Mais puisque vous m'êtes sympathique et que vous ne semblez guère rouler sur l'or, je vous offre le couteau contre 8 souverains.

L'index et le pouce de son épaisse main gauche entortillèrent sa moustache sur elle-même tandis que sa main droite se posa à plat sur l'étal, donnant au nain un air sûr de lui. Il sourit à la demoiselle, attendant non sans plaisir sa réponse. Si les négociations étaient toujours agréables, celle-ci, à ses yeux, l'était tout particulièrement.

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