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 Epilogue

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Enrico di Montecale
Ancien
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Enrico di Montecale


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MessageSujet: Epilogue   Epilogue I_icon_minitimeJeu 24 Aoû 2017 - 10:24

<< Suite de Belitre et tartuffe


Au commencement étaient les Ténèbres, sombre hégémonie sans masse, ni nuance, ni forme. Les Ténèbres enveloppaient le tout, et le tout était enveloppé par elles. Constantes, immuables, les Ténèbres étaient le début et la fin, l’Alpha et l’Oméga, alors que le Temps lui-même ne voulait encore rien dire. Jamais l’univers n’eut été plus uni et plus constant que lorsque les Ténèbres étaient maîtresses du Ciel et de la Terre, or que le tout n’était rien, et que le rien était le tout. L’univers était plat, immobile, immortel. Et chiant, il faut bien l’admettre.

Soudain pourtant, la Lumière fut. Et avec elle chatoya le vent cosmique du Changement…

Enrico ouvrit faiblement les yeux encore légèrement fiévreux. A peine réveillé se sentait-il un peu déboussolé. Un roulis familier l’informait de sa situation… Après quelques secondes de réflexion pâteuse, il en conclut qu’il était sur un bateau. Là, le souvenir de sa cuisante défaite lui revint en mémoire avec fulgurance, et se savoir sur un bateau après tel combat ne pouvait signifier qu’une chose ; il voguait sur les océans, aux côtés de Tyra. Mais dans sa hâte de se relever pour voir l’entité divine prendre la barre, il se cogna le front contre l’étagère trop basse au-dessus de son lit, ce qui le fit grogner de surprise, et lâcher une série de jurons caractéristiques. Il retomba sur son dos, à présent bien réveillé. Les dents serrées, il grogna à nouveau. Ha ça non, il n’était pas mort…

Le blessé entendit des pas se rapprocher de lui. Des pas rapides. Il ne lui fallut pas longtemps avant de voir se profiler devant lui la silhouette rassurante, et franchement familière, de sa première lame, Marco Solomeo. Son ami le regardait avec un mélange de soulagement et de condescendance. Et Enrico savait très bien pourquoi. Il le désigna calmement du menton.

« Tu n’es pas Tyra. »

L’épéiste secoua la tête.

« Et toi, tu es plus con qu’Othar. Espèce de sale unijambiste de merde. »

Enrico n’était pas vraiment habitué à ce qu’il lui parle comme ça, mais s’efforça de grogner de rire. Il l’avait sans doute sauvé lorsque la lame s’était abattue sur lui. Touché par la curiosité, le vieux marin souleva délicatement la couverture qu’il avait sur lui, et observa les coutures sur son torse et son ventre. Si elles étaient nouvelles, elles avaient l’air pourtant propres et même presque cicatrisées. C’est à ce léger détail qu’Enrico haussa un sourcil. En le relevant, son regard trouva celui de Marco, qui avait l’air circonspect.

« Hum. Tu es resté dans les vapes longtemps. Tu avais une fièvre de cheval, les gars et moi on en a jamais vu de si longues. »

Enrico essayait de rassembler ses esprits le plus vite possible. Il resta un petit moment sans rien dire, puis lâcha :

« Combien de temps ? »

Marco fit un sourire contrit.

« Quelques ennéades… Enfin... »

Il avait l’air embarrassé. Enrico inspira profondément. Que lui cachait-il ?

« Parle, Marco. Quel est le problème ? »

L’épéiste jouait avec le pommeau de sa rapière. Il tourna sa langue sept fois dans sa bouche, puis finit par annoncer :

« Tout le monde croit que t’as cané. Les gens t’ont vu pisser le sang, te faire traîner dans la rue… Même le sale Missédois se vante d’avoir vengé la mort de son bâtard de compagnon ! Et nous, comme on savait pas si tu survivrais, et comme on était pas en odeur de sainteté à Merval, hé ben… On l’a fermé et on s’est caché. »

Enrico digérait les informations, non sans mal. Pas en odeur de sainteté ?

Marco lut la question sur le visage perplexe de son ami.

« Comme tout le monde a cru que t’étais mort, les Scylléens ont voulu nous donner la chasse. Ces péquenauds ont tué Musette et Salik, même si pour Salik, c’était pas une grande perte, tu m’excuseras... »

Le convalescent s’appuya sur ses coudes, se relevant légèrement. Il regarda Marco dans les yeux.

« Pourquoi sommes-nous en mer ? »

Marco soupira.

« Bon. Pour te la faire simple, le Comte Rodrigue de Wenden est mort hier. Son bateau s’est échoué contre des rochers. C’est là que ça a commencé à sentir mauvais. Le chef des Scylléens, là, Balthazard de Papincourt, il a vu qu’on avait plus aucun soutien. Le Chancelier était le seul à savoir pour toi et le Roy, et il a entrevu une occasion de tous nous buter pour laver son honneur. Voyant que les choses se gâtaient, on a préféré mettre les voiles vers Nelen. »

Il sourit.

« Mais maintenant qu’on sait que t’es vivant, on va pouvoir rentrer voir ton frère ! Et lui dire ! »

Enrico était silencieux. Tout semblait s’être étalé par terre comme un château de cartes mal construit, que son architecte voit chuter avec un sentiment d’impuissance et d’échec. Un échec complet, oui. Toute une vie à gagner chaque échelon d’une âpre lutte, à écumer sous la houlette des puissants, à économiser chaque concession, et à combattre pour devenir le meilleur. Toute une vie était présente, dans ce château de cartes. Et étrangement, dans son lit de fortune, affublé d’une immense cicatrice, et nu comme un ver, Enrico di Montecale n’avait pas envie de le remettre sur pied. Avec sa chute, il était mort pour tous. Il était fatigué, et affaibli par sa convalescence. Les traits tirés. Il n’avait plus sa bonne mine d’antan. Quelque chose en lui avait bel et bien rejoint Tyra…

Il se gratta la barbe pensivement. Une décision allait être prise, et il n’était pas sûr de pouvoir la prendre. Et pourtant, telle la Lumière perçant les Ténèbres, le vent du Changement souffla comme un calme zéphyr sur l’esprit de celui qui fut tour à tour capitaine, commandant, amiral, seigneur, et baron.

« Changez de cap. »

Marco fronça les sourcils.

« Qué ? »

« Changez de cap. Pas sur Nelen. N’avertissez pas mon frère. Nous sommes tous morts, entendu ? »

Son ami restait perplexe. Enrico sourit.

« Vous pouvez ne pas me suivre. Néanmoins, j’aurais besoin d’un équipage, pour ce que je compte faire. »

Marco Solomeo était époustouflé par le soudain revirement d’Enrico. N’était-il plus ce noble hère bouffé par l’ambition qui lui avait tant plu, au premier abord ?

« Mais qu’est-ce qui te prend ? Il est où le baron de Nelen, là ? Tu vas pas essayer de reprendre ce qui t’appartient ? »

Enrico fit non de la tête.

« Ça ne m’a jamais appartenu Marco, c’est bien ça le problème. Je ne suis même pas vraiment noble, alors baron, excuse-moi… Depuis que j’ai envisagé de grimper l’échelle, j’ai perdu des amis chers, de la famille, je me suis fait des tas d’ennemis… Lors des victoires, j’exultais, mais les défaites pouvaient me coûter extrêmement chères. »

Il tapota son genou du doigt.

« Celle-ci fut ma dernière défaite. Enrico di Montecale, et toutes ses ambitions démesurées, sont mortes lorsqu’Ernest le frappa de son épée cinglante. A présent, je ne suis plus le même homme. Je démarre une nouvelle vie. »

Marco le regarda attentivement. Il était vrai que son regard avait changé. Il y avait toujours cette détermination désarmante, mais également un sentiment nouveau. Un sentiment de force, de renaissance. Peut-être avait-il raison, après tout. Peut-être avait-il vu Tyra de plus près qu’il ne l’aurait imaginé. L’épéiste secoua légèrement la tête, réfléchissant à tout ce que cela impliquait. Il avait fini par suivre Enrico plus par amitié que par appât du gain, à l’instar de quelques de ses soudards avec lesquels il savait partager une bonne rasade de rhum, un humour raciste très populaire, et des échanges de passes d’armes intenses et instructives. Pour pas mal de raisons, il se rendit compte qu’il pourrait suivre le nouvel Enrico n’importe où. Encore restait-il à convaincre l’équipage de faire de même… et à savoir où le mènerait ce fameux « n’importe où ». Marco l’interrogea du regard. Aussi, Enrico répondit en souriant.

« Rendons-nous à Thaar. Nous utiliserons mes parts sur la Compagnie Aragoste et la Compagnie des rhums Montecale pour nous acheter vivres et douceurs, une nouvelle jambe de bois, ainsi qu’un mage compétent. Nous partons en mer, l’ami. L’endroit que je n’aurais jamais dû quitter. Me voici à nouveau capitaine. Hernán le Nélénite. Comment s’appelle ce navire ? »

« Heu… L’Inferno, capitaine. »

Enrico ricana, se relevant doucement de son lit en position assise pour éviter de se prendre à nouveau l’étagère.

« Tu t’y fais vite, c’est bien. »

Marco, qui commençait soudain à être entraîné par l’engouement de son compatriote soltari, posa les deux mains sur le pommeau de son épée, et redressa son dos, ainsi que son menton, comme s’il cherchait à exhiber fièrement sa moustache tombante.

« Et où nous rendons-nous, monseign-… capitaine ? »

Enrico resta assis dans son lit, conscient qu’il n’avait pas encore de nouvelle jambe de bois. Un sourire mutin se dessina sur son visage pourtant tiré par ces jours de disgrâce.

« N’as-tu jamais eu envie de voir les vieilles cités du sud de Nisétis ? »



Par-delà le monde
Nous verrons si la Terre est ronde
Et sur la Terre
Comme sur la Mer
Nous voguerons, libres et fiers*

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