Le bon grain et l'ivraie

4^ème énéade de Barkios, 10^ème année du 11^ème cycle.

Alors qu'à Chrystabel, les troupes nordiennes s'étaient massées sous les murs, le milieu du mois de Barkios vit l'envoie d’innombrables enseignes au sein des terres royales. Elles portaient la livrée du marquis de Serramire et du Sénéchalat de sa Majesté le Roy Bohémond I^er, et durant une énéade entière, se relayèrent auprès de chaque place forte, de chaque garnison que comptaient les fiefs royaux. Le sénéchal avait été formel : « Qu'aucun homme ne prétexte l'ignorance comme excuse », avait-il dit à ses capitaines, lesquels saisirent aisément le message : adonc, on s'emploierait à gueuler l'édit devant chaque putain de village.

C'est que le marquis était bien décidé à séparer le bon grain de l'ivraie. Laissant le siège au soin de ses compères nordiens, il marcha vers le Sud en compagnie d'une armée populeuse, tant il est vrai que sa méfiance envers les hommes supposément "du Roy" était grande. Ceux-ci n'avaient ils pas regagné le troupeau uniquement après avoir senti le vent tourner, de même qu'ils avaient plié l'échine deux ans plus tôt lorsque Nimmio s'était fait menaçant ? Une pelleté de veules et de gitons, ce qui lui avait une fois de plus été confirmé par les derniers dires du "baron" d'Apreplaine, lequel aux ordres de relever les herses et de présenter les piques aux suderons et aux langecins, semblait leur conter fleurette. Aymeric maudissait la faiblesse de Roderik, qui avait permis leur retour en grâce. Plutôt que de les écraser comme la justice l'eut exigé, il revenait désormais au sénéchal de réparer les erreurs de feu son ami, en s'assurant lequel de ces hommes ne lui planterai pas une dague dans le dos une fois la guerre terminée.

À défaut de pouvoir sonder l'âme des hommes, Aymeric décida qu'il leur retirerai leurs poignards. Faisant rédiger les missives, il sut que le sort en était jeté. Au moins pouvait-il déjà se féliciter de n'avoir envoyé des torchons pompeux à la manière du Mervallois. Ce serait court, concis, sans équivoque ; nordien, en somme :

LEVEE DE L'OST ROYAL

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Au nom de sa Majesté Bohémond I^er, de la maison Phyram, Roy de Diantra, Marquis de Sainte-Berthilde, Comte de Scylla, Baron d'Olysséa, Seigneur de Nelen et Vicomte de Marcalm,

Son Excellence Aymeric, de la maison de Brochant, Marquis de Serramire, Seigneur de Brochant et Sénéchal de Diantra,

Ordonne le rassemblement immédiat des armées du Roy sous les murs de Chrystabel, pour le 1^er jour de la 6^ème énéade de Barkios.

Les milices bourgeoises et paysannes sont astreintes à rester en réserve et à assurer la défense des bourgs, châteaux et fortins du Roy.

HRP:

Maison Altenberg

Monsieur Niklaus Anasis Termal D'Altenberg

Apreplaine,
Elenwënas de la 4^ièmeennéade de Barkiosde la 10ème année du 11ème cycle,

Monsieur le Sénéchal,

Vos ordres sont pris en compte. Nous réunissons donc les diverses armées du roi dans les terres royales à Castel-Pic et l'organisons selon le même format de commandement que pour la bataille des champs pourpres. Les diverses compagnies d'ordonnance ne disposant pas d'effectifs suffisant pour être conservées indépendantes seront reformées au sein de leur plus proche équivalent géographique.

Nous feront mouvement vers Chrystabel pour s'y trouver le 1er jour de la 6ième ennéade de ce mois.

Avec mes salutations,