Alanya de Saint-Aimé
Ancien
Nombre de messages : 1016 Âge : 224 Date d'inscription : 08/04/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 32 ans à la fin de l'Ellipse Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: La voie de l'Ange [Barkios an 10] Dim 11 Fév 2018 - 0:26 | |
| [HRP] Premier rp d’une petite série faisant l’état des lieux de l’Alonnan pour le mois de Barkios. A cette occasion j’incarnerai le PNJ de sa jeune sœur, Angélique, à qui elle a confié la tâche d’intendance générale en son absence. De ce fait, les rps ne sont pas datés précisément.[/HRP] Angélique d’Entiane lightblue |
Angélique regardait au loin. Les champs de blé se ployait légèrement sous la brise des montagnes tandis que le soleil caressait de ses rayons les visages animés. Si on lui parla, elle fût sourde. Prise dans sa contemplation muette, elle avait l’air mélancolique. Pour sûr, la cadette avait bien du mal à se faire à l’absence des siens. Elle se retrouvait bien démunie face aux hommes qui venaient à elle incessamment, qui lui parlait avec diligence – à elle qui n’était en fait encore qu’une enfant. Elle avait peur. Non, elle était terrorisée ; pas pour son sort car la vie lui avait appris à le supporter mais pour sa famille éparpillée. Elle n’avait ni nouvelle de son frère, ni de sa sœur et sa mère se faisait de plus en plus silencieuse, enfermée dans sa cité à ne plus en pouvoir sortir. Elle seule tenait vaille que vaille, le cœur lourd et les yeux inquiets. Mais elle tenait, avec la force de son cœur et le courage que lui avait insufflé la confiance de son aînée. Car si la baronne devait mourir, la jeune femme semblait toute pressentie pour veiller sur sa terre jusqu’à ce que… Une petite main se glissa dans la sienne et la tira de ses songes. Elle lui accorda un sourire franc et sincère, d’un amour qui ne s’apprend pas. La femme s’accroupit pour faire face à la petite tête aux billes claires. Si la belle tenait, c’était pour elle. Pénélope, cette petite au visage d’ange qui occupait toutes ses attentions. Elle avait promis de veiller sur sa vie au péril de la sienne, elle l’avait même juré. Et les Cinq lui en soit témoin, lorsque reviendrait glorieux les fiers Alonnan, du haut des épais murs, on verrait la petite main de l’enfant se secouer frénétiquement dans un éclat de rire. Reprenant contenance, elle tendit un jouet à l’Héritière qui s’en empara dans une marrade cristalline, s’éloignant de ses jambes gauches de sa tante. Le petit faucon avait tout pour elle ; le poupon radieux faisait la joie des domestiques, malgré ses colères et ses caprices. Elle allait et venait sous leur regard bienveillant, s’épanouissant au grand dam des hommes-aux-papiers. C’était ainsi que la jeune Angélique aimait à les appeler. Car la damoiselle n’était guère entraînée à ces choses-là. Elle jonglait comme elle le pouvait entre les nobles avides et les ministères envieux. Chacun briguait un pouvoir qui ne leur appartenait pas, usant l’énergie du seul rempart à leur ambition. Parfois, lorsque le château des Trois-Murs se taisait enfin, l’on entendait les sanglots de la petite. La responsabilité l’accablait, et si chacun se proposait à la soulager, elle s’en garda bien ! C’était peut-être l’un des seuls conseils que lui avait offert sa sœur avant son énième départ. Ici-bas, elle ne pouvait se fier à personne, personne sinon elle. Alors, bravant les tempêtes humaines, elle tentait de tenir le cap. On lui trouva d’ailleurs un caractère nouveau ; elle qui avait toujours été l’enfant doux savait à présent hausser le ton lorsque cela débordait de trop. Pour autant, l’écoutait-on ? Angélique n’avait pas les épaules de la Broissieux, et somme toute, elle n’avait non plus hérité de son tempérament. Elle l’implorait tous les soirs de s’en revenir vite, de s’en revenir simplement. Epuisée, elle n’avait plus la force de mener les guerres intestines, de subir les œillades, de mourir de la solitude. C’était bien de cela qu’il s’agissait : à chaque jour, elle se mourrait un peu plus. Son âme d’ordinaire si pure et joyeuse se ternissait pour ne plus jamais briller. Et à cela, le soleil ne pouvait rien. Il aurait beau brûler sa peau, la plaie demeurerait béante.
Toutefois ce jour-là était paisible. Bercée par la mélopée des bourrasques encore frileuses de l’hiver, elle avait la chance de se trouver au dehors de sa geôle de pierre – de sa prison d’or. Le fleuve lui aussi s’écoulait paisiblement, et même les mots gras des ouvriers ne parvenaient à le détourner de son lit. Les chenaux de gadoue prenaient formes, la neige fondue ayant nourrie les berges en limon. Il n’y avait guère de mal à façonner la bouillasse, c’était autre chose que de creuser la pierre. Les choses allaient pour une fois dans le bon sens, et si elle n’en fut pour rien, c’était elle qu’on félicitait dans son dos alors que ses oreilles restaient sourdes. Car si elle s’était sentie libre, elle en avait oublié le boulet qu’elle traînait en grande pompe à ses pieds. Ils avaient convoqué presque la cour entière, et les badauds de la ville avaient rejoint le cortège. Ils avaient tous acclamés la petite Héritière, offrant quelques maigres présents dont elle ne verrait sans doute jamais la couleur. On l’aimait, et elle leur rendait bien – cette Baronne absente. Par on-ne-sait-trop quelle magie, elle s’était octroyée le cœur de l’Alonnan : son bon peuple qui l’admirait pour l’avoir sortie de la guerre. Ces bougres oubliaient-ils qu’elle les avait menés dans deux autres après cela ? Non, ils se bousculaient pour essayer d’entrevoir le petite Pénélope, curieux plus qu’admiratifs. Mais elle ne pouvait guère leur en vouloir ; elle-même se sentait reconnaissante envers cette grande sœur qui n’était qu’un fantôme dans sa vie. Celle qui par la force de sa volonté s’était hissée jusque-là, et qui avait tant donné et tant fait pour ces petites gens. Sans elle, sans son rationnement, l’hiver aurait été bien plus rude ! Sans elle, sans ses prévôts, la rue aurait été moins sûre maintenant qu’elle s’en était allé avec des soldats. Et puis, sans elle, sans son sacrifice, que serait devenue leur terre bien-aimée ?
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