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 De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin

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Drystan
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MessageSujet: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeMar 1 Mai 2018 - 16:43

Septième jour de la 6ème ennéade de Verimios, An 10

Le Ciel a toujours suscité, chez certains, une curieuse attraction, peut-être parce qu'au contraire de la Terre et de la Mer, il y a là un domaine qui nous est, par essence, interdit, alors que nous nous sommes accoutumés aux grandes étendues aqueuses et que les vastes terres s'offrent à chacun lorsque nos jambes supportent finalement notre poids. Mais les cieux... Pour eux, nul navire pourvu de quelques ailes ne nous permet d'emboîter le pas des oiseaux et autres créatures de plumes ou d'écailles qui s'y épanouissent en narguant les rêveurs cloués au sol.
J'ai entendu des récits d'hommes ayant défié les plus vertigineuses montagnes, convaincus ou voulant croire qu'au-delà des cimes qui s'étendent même par delà les nuages, existaient quelques chemins vers d'oniriques royaumes célestes peuplés ou non par de mythiques créatures, enfantés par Néera, certaines légendes et histoires sur ces royaumes dans les nuages suggérant même que c'est en arpentant ces mêmes sentiers, en descendant ces montages que les premiers hommes apparurent sur Miradelphia... Les Elfes seraient, selon ces superstitions, nés de la terre, d'un bourgeon ou de l'argile, les nains furent façonnés et martelés dans les sous-sols ardents tandis que les hommes papillonnaient dans des cités cotonneuses... Les uns montèrent à la surface, les autres y descendirent, les derniers la peuplaient déjà.

Mais je m'égare... Des hommes, donc, contemplaient avec une certaine envie les oiseaux, se plaisaient à observer les vallées et les plaines depuis quelques promontoires rocheux et appréciaient les petits îlots que constituaient les villages éparses, liés par de fins tracés plus ou moins visible que constituaient les chemins, les sentiers et les routes.
Longtemps, je ne fus pas l'un d'eux... La terre me suffisait, la mer était une étrangère qu'il m'était arrivé d'explorer lorsque la nécessité l'imposait, le ciel était pour moi dépourvu du moindre intérêt, sinon par une nuit claire, permettant d'observer les innombrables étoiles qui le parsemaient. Monarth, quand il apparut dans ma vie, n'y changea rien, voler était pour lui naturel, même si il ne s'enfuyait jamais très loin du sol qui l'avait vu éclore. Il faisait souvent le fier mais il était conscient de sa propre fragilité face aux phénomènes qui se déroulaient plus haut.

Zéphyr fut celui qui insuffla en moi, entre autre chose, l'attrait pour le Ciel à mesure qu'en lui avait grandi la frustration de demeurer sur la terre. Il aspirait alors et rêvait de ces étendues qu'il savait être né pour arpenter mais demeurait inaccessible jusqu'à la libération et le triomphe retentissant de son premier envol. J'avais partagé cette exaltation, cette joie sans borne et l'ivresse qui l'avait gagné, et j'en fus imprégné.
Dès lors, j'étais à mon tour hanté régulièrement par les rêves du ciel interdit, qui était les miens ou ceux que je partageais avec Zéphyr lorsque nous dormions l'un contre l'autre. Je savais qu'il me serait possible, un jour, de le monter et de m'élever avec lui, à défaut de pouvoir le faire seul, mais tout comme pour lui, ces jours me parurent toujours trop éloigné, jusqu'au tout dernier. Car c'est ce jour, l'évocation que je m'en fais en écrivant ces mémoires, qui m'ont inspiré ces épanchements interminable. Je comble ainsi l'incapacité que j'aurais, assurément, à vous partager ce que je vécu, je ne saurais être totalement fidèle à ce que j'éprouvais alors.

Durant les ennéades qui le précédèrent, je m'employais à vérifier et revérifier l'équipement de vol, m'assurant de son état tout en notant les améliorations et les ajustements nécessaire pour le prochain, puisqu'il s'agissait d'un prototype qui devait servir à la confection d'un modèle plus élaboré. Et plusieurs fois, nous le testâmes, y attachant plus de charge que mon propre poids et laissant le soin au dragon de malmener à loisir l'équipement, pour peu qu'il ne soit pas au dessus d'un coin habité. Et plusieurs fois, l'équipement démontra sa robustesse même face à un Zéphyr qui faisait l'étalage de toutes ses capacités... Mais c'était du bel ouvrage, et si ce n'est les menus ajustements, il ne parut pas nécessaire de le renforcer.

Vint finalement le grand jour... Je me souviens que le ciel était magnifique, et seul quelques nuages s'égayaient dans un paisible océan céleste, comme autant de tribunes pour les privilégiés venus y assistés, le temps où ils pouvaient me regarder de haut touchant à son terme. Nous étions en périphérie d'une cité qui s'habituait doucement et autant qu'il est possible à la présence d'un dragon dans son ciel et aussi prêt qu'il était raisonnable de le penser. Je m'approchais de lui, passant ma main le long de son flanc jusqu'à atteindre harnachement que m'avait procuré les elfes tandis que Zéphyr s'abaissait pour me permettre de me mettre en selle et de serrer la sangle autour de la taille, unique sécurité préservée du prototype. J'inspirais alors profondément.

Doucement au début, hein...

Je fermais les yeux, continuant de respirer profondément, et laissait une partie de ma conscience glisser le long du Lien, comme nous le faisions parfois. Bien au delà des changements qui m'affectaient, là se trouvait la plus grande différence de ma relation avec Monarth, qu'il m'était difficile d'expliquer et de décrire aux érudits... Car nous n'étions plus deux êtres distincts, dans ces instants, mais une extension l'un de l'autre, nos perceptions se faisant écho, se complétant. Je sentais mon propre corps, mes mains serrant les poignées de cuir, les muscles de mes jambes se contractant pour affermir ma position, mais je percevais aussi l'influence d'un dragon contraignant mon corps à se détendre.
Mais à travers le Lien, je percevais au-delà de ce corps frêle et contraint à la terre, je sentais le vent courir sur ma peau, je sentais des muscles puissants réagissant comme une mécanique bien huilée à un unique commandement « Vole », nos ailes se déployèrent, et la mécanique organique se mit en branle, dans une routine née de l'instinct autant que de la répétition. Les pattes arrières nous lancèrent et un premier battement d'ailes nous arrachait du sol, un second, puis un troisième, régulier et maîtrisé nous conduisaient plus haut... Le sol avait depuis longtemps cessé de nous contraindre et ne se donnait plus la peine d'essayer de nous retenir, il s'était résigné. Je ne comptais plus les battements réguliers s'espaçant, témoins du peu d'effort que ce genre de vol exigeait, il suffisait de se laisser porter par des vents soumis et soucieux de servir leur souverain.

J'aurais pu rester un dragon... Mais je fis l'effort de prendre quelques distances, de revenir à moi, qui n'était plus tout à fait un homme. J'ouvris mes yeux, sentis que la seconde paupière qui s'était développé ces dernières ennéades, paraissant comme un voile blanc éteignant l'éclat émeraude de mes yeux, demeurait et en compris le rôle, l'air qui fouettait mon visage ne me contraignait plus à plisser les yeux, ou à les fermer, et je contemplais le monde, sans voix.
Se tenir sur un promontoire rocheux, même depuis les hauteurs d'une montagne, n'est en rien comparable à ce que je vivais... La Forêt d'Anaëh se déployait en un vaste océan vert, et derrière et sous moi s'étendait, s'éloignant, la Cité Blanche, et plus bas, je percevais les vagues provoquer par l'ondulation du vent sur les feuillages, et je glissais, libéré à mon tour de l'emprise de la terre. Je souriais, riais, même, ou criais, je ne saurais le dire, mais le vent emportait ma voix.

Oh, Zéphyr... C'est merveilleux, magnifique ! Tu es vraiment le meilleur des dragons !

Au delà du plaisir, je perçus l'étincelle de l'amusement, et je serrais instinctivement ma prise juste avant qu'il ne replie légèrement son aile gauche pour amorcer un virage qui m'apparut brutal, jusqu'à ce qu'il ne s'impose à nouveau dans mon esprit.

Ne résiste pas, accompagne moi.

Je me tenais toujours droit, comme si j'étais sur un cheval, mais cela ne convenait pas. Zéphyr me guidait, et alors qu'il s'était bien souvent montré impatient, incapable de tenir en place, il se montra attentif. Il partageait le Lien, ainsi que les perceptions de mon propre corps, et fort de sa propre expérience, il m'aidait à l'adapter à la situation. Je me couchais donc, et m'ouvrait à nouveau à lui.
Il vira à nouveau, et je l'accompagnais, alors satisfait, il enchaîna les manœuvres, plus ou moins brutal, et je compris... Je ne volais pas encore, pas comme un dragon blanc vole, je m'étais satisfait d'être un oiseau.

Mais nous ne sommes pas un oiseau.

Nous étions davantage... Plus encore que les rapaces et les plus habiles animaux à plume. Et il accéléra en se laissant retomber, repliant ses ailes, et je me couchais totalement contre la selle, il se redressa, continuant à me faire tout l'étalage de ses capacités, et je n'avais plus les mots, plus une pensée pour parasiter cet instant.

Le plaisir et la joie, l'admiration désormais sans borne, s'exaltant et repoussant encore les frontières connues s'écoulaient à travers le lien, et je savais que je criais et perçut qu'il claironna en écho.  Ce que je ressentais était davantage que de l'adoration ou de l'amour... En cet instant, je l'aimais davantage que Roxane pendant toutes nos années communes. Car nous étions ensemble, réellement ensemble... Il n'y avait pas même cette mince barrière qu'est la chair pour nous séparer, nos esprits et nos corps s'accordaient, pensaient et bougeaient ensemble, comme un seul.
En cet instant, plus qu'il ne me parut pendant toute mon existence, je me sentais complet... Nous l'étions.

Nous nous sommes stabilisés, et le vol redevint aussi calme qu'au premier instant, je me redressais, riant aux éclats tout en flattait d'une caresse le long du cou un Zéphyr qui partageait pleinement mon enthousiasme. C'était comme si il revolait pour la première fois une nouvelle fois. Cet instant fut le troisième des grands jalons de notre relation, succédant à sa naissance et à son premier vol... Et alors que nous tendions à retrouver notre calme, je ressentais, comme pour les deux autres, que notre Lien avait encore grandit, qu'il s'était nourrit de ces émotions folles et partagés pour s'étendre davantage...

Nous décidions de nous poser, incapable de dire où nous nous étions rendu, ni combien de temps nous avions volé. Je reposais les pieds sur le sol, mais même si ma propre chair y était soumis, je savais désormais pouvoir y échapper. Je flattais le flanc de Zéphyr et ce dernier s'allongea avant que je ne m'installe, adossé à lui.

Je vole...

Tu es vraiment à moi, maintenant.

Ne l'étais-je pas déjà ?

Non.

Parce que tu ne pouvais être tout à fait sûr que je sois fait pour voler...


Mais je l'étais... Non par mes propres moyens, mais mon esprit l'était. Certaines créatures ou individus en seraient certainement incapable... Les hauteurs et le vide à leurs pieds les effraient, ou bien peut-être y avait-il, dans sa mémoire, quelque part, quelques souvenirs d'êtres incapables de se satisfaire dans le Ciel, même lorsque celui-ci s'offrait à eux.

Nous nous endormîmes là, songeant au monde qui s'ouvrait à nous, désormais.
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Lœthwil
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeMer 2 Mai 2018 - 0:11


Lorsque les lèvres des elfes colportent les rumeurs, elles vont d’Est en Ouest et du Sud au Nord, ou du moins le faisaient-elles quand ces directions menaient vers Alëandir. La capitale du Royaume était une pierre angulaire non seulement dans vos échanges commerciaux - si tant est que l’on puisse en parler ainsi au sein du royaume elfique – et politiques, mais aussi dans la circulation de l’information. Alëandir, d’une manière ou d’une autre savait tout, entendait tout, voyait tout… et ce même sans que la Symphonie n’ait à le lui souffler.

C’est aux Chants de La Mère cependant, que tu devais te fier pour t’orienter, toi, et pour l’instant ils n’avaient aucun grand secret à te dévoiler, si ce n’est la respiration haletante d’un tout jeune Tith’nagra, essoufflé par une course effrénée vers sa fratrie. Ton regard se porte sur Ilweran, dont les battements d’ailes frénétiques dénotent autant de la difficulté d’un vol stationnaire que de son excitation. Tu clignes des yeux, hoche la tête en approbation, et il fuse comme un trait blanc à travers la sylve.
Ton approche est plus lente, plus précautionneuse, ta forte masse te forçant à choisir avec attention les branches sur lesquelles tu poses pied. Même si elles ne se brisent pas, il ne faut pas qu’elles craquent. Votre succès en dépend. Les lignes de force à la surface de ta peau et de ton armure se parent d’un léger halo, se perdant dans la pluie de rayons solaires traversant la canopée. Tu n’es qu’un cortège d’ombres et de lumières dans un cortège d’ombres et de lumières, dissimulé aux yeux de ceux qui les lèvent pour t’observer. Tu n’attends qu’une chose, d’entendre le premier grognement, avant de fondre sur ta proie.

Ilweran fondit sur la famille d’ongulés, faisant crépiter les flammes comme des cosses de haricot au soleil sur son chemin. La matriarche laissa échapper un grincement strident, tentant péniblement de garder sa portée paniquée près d’elle. Tes doigts claquèrent, implacables, et alors que depuis les branches hautes tu fondis sur l’un des jeunes, la terre se fendit, traversées de griffes à l’image de celles d’un félin qui transpercèrent son crâne d’un coup net, l’achevant sans plus de douleur. À peine arrivé au sol, tu arrachas le corps encore chaud de ta création redevenant poussière, roulait au sol, et invoquais deux formes aqueuses vaguement tentaculaires, qui te propulserait loin des Sangliers en colère avant que tu n’aies à plus te battre. Le dragon-fae te rejoignit à tire d’aile, et au fur et à mesure que vous vous éloigniez, les cris des Tith’Nagra finirent par s’éteindre.

- Puisses ton esprit renforcer les aînés, et ta chair nourrir tes frères.

Tu ne pris pas le temps d’entièrement dépecer le marcassin. Tu avais faim. Une entaille dans son cuir suffirait. Tes mâchoires étaient assez puissantes pour arracher la chair.


Votre repas s’étala tout au long de votre chemin. Ilweran et toi mangiez en même temps que tu avançais d’un pas lent, protégés des opportunistes par trois fées élémentaires, le saurien juché sur ton épaule tendant à l’occasion le cou pour quémander une bouchée de viande. Tu souriais, profitant de la légèreté de ce genre d’instants et méditant les mots de Celle-qui-Guide alors que ta langue cueillait le sang sur tes babines. Vous aviez bientôt fini d’entièrement consumer votre proie quand le museau du petit dragon remonta haut, et qu’il s’envola, comme pris d’excitation.

Tu attendis quelques instants, ne comprenant pas entièrement les motivations de la créature. Malgré le lien, malgré les émotions que vous partagiez, il vous restait multitudes de choses à apprendre l’un sur l’autre. Ce genre d’emportement en était une. Ce ne fut qu’après quelques minutes, alors que tu te léchais les doigts, les derniers morceaux de chair finalement engloutis, que tu ne commenças à t’inquiéter. Tu ressentais toujours son excitation, c’est qu’il était vivant. Tu n’en comprenais pas la source, c’est qu’elle était nouvelle.

Il ne te fallut pas plus pour décider d’entamer ta course dans sa direction, tes élémentaires toujours à tes côtés, et l’oreille tendue vers la Symphonie, cherchant à comprendre. Tu connaissais les harmonies d’Alëandir, tu savais depuis longtemps en décoder le langage, mais fussent elles ou Ilweran, aujourd’hui tu peinais à en comprendre le sens. Se cachait-il quelque chose dans ces bois que tes Aînés eux-mêmes n'aient que si rarement eu l’occasion de côtoyer ?

Oui, il y avait quelque chose.

Tu souris, plus grandement intérieurement que ton visage ne te l’autoriserait physiquement. Ce n’étaient pas tous les jours que les gazouillis stridents du dragon-fae perturbaient le sommeil de l’un de ses grands cousins. Et c’était plus inouï encore de constater la créature légendaire accompagnée d’un homme visiblement marqué par leur lien.

- Aiya, löcatan.

Tu entames doucement, t’approchant par la même occasion à pas mesurés, dissimulant à peine les ossements à moitié dépecés de marcassin que tu avais gardé pour qu’Ilweran termine de les ronger. Un dragon blanc… un véritable dragon blanc. S’il n’y avait pas eu les ailes iridescentes, peut-être Ilweran aurait-il pu passer pour l’un des siens. La nervosité du dragon-fae laissait tout à penser qu’il se considérait l’un des siens… et l’idée que cela puisse être vrai t’était fascinante ; seulement le regard du Presque-Mortel te sortit de tes rêveries, et sa barbe naissante te rappela à une importante vérité.

- Salutations dragonnier, excuse-moi d’avoir troublé votre repos.

Certainement serait-il plus simple de communiquer si tu t'adressais à lui en Oliyan.
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Drystan
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeDim 6 Mai 2018 - 16:00

J'ignore combien de temps s'écoula durant ce qui fut un sommeil sans rêves, où mon inconscient effleurait celui d'un dragon dont l'esprit se tenait tout aussi tranquille dans l'instant. Nul songe durant lequel il aurait parcouru d'infinies étendues de ciel, indifférent aux paysages et reliefs qui pouvaient se succéder plus bas... Nul océan, nul plaine, nul montagne pour perturber l'onirique royaume céleste du dragon. Pas davantage de ces souvenirs pour prendre racine dans son esprit par le biais des rêves, échos des temps anciens, témoignages éparses de quelques existences d'antan. Nous dormions ainsi, nos esprits autant que nos corps appréciant et préservant cette proximité inédite.

Finalement, quelque chose s'agita en dehors de cet espace dans lequel nous flottions, et j'entendis autant que je perçus le grognement léger de Zéphyr, troublé par quelques gazouillis qui le tiraient de force vers la conscience. Je gardais les yeux encore clos, revenant pleinement à moi, renouant avec mes propres perceptions. Quelque soit la chose qui tentait de réveiller le dragon, elle n'alerta pas son instinct qui n'y perçut pas une menace. Nous ouvrîmes les yeux pour découvrir une paire d'individus aussi étonnante que celle que nous devions être.

Le responsable des gazouillis était une créature fascinante qui, par bien des aspects, partageait assez de traits communs avec les grands dragons pour se confondre avec un jeune dragonnet, et si j'eus un instant un doute, l'instinct du dragon blanc était aussi formel que lorsqu'il pensait à ses deux autres compagnons à écailles.
Pas un grand dragon, donc... Mais de toutes les créatures qui semblaient partager quelques traits avec eux, celle-ci en était incontestablement la plus proche.

Mon regard se détacha du petit dragon pour se porter sur l'autre individu... C'était sans aucun doute la personne la plus imposante, tant par la taille que par la carrure, qu'il m'ait été donné de croiser, et il m'apparut l'image de Ryltar – même si celui-ci était bien loin d'en avoir la taille - davantage qu'aucun des elfes que j'avais pu croiser dans la Cité Blanche.
Je ne percevais pas d'animosité dans son attitude, et fus surprit de la voir s'adresser à moi en olyan, ce qui arriva suffisamment peu pour que je le relève et m'en réjouisse, tant la situation aurait été délicate autrement, sans Eärnil ou Monarth dans les parages.

Je me relevais calmement avant de lui répondre, un nouveau coup d’œil au petit dragon que Zéphyr ne cessait d'examiner, indifférent à la présence de l'elfe – ce qui n'est pas tout à fait exact, il se reposait sur moi pour cette partie là, pour le moment.

« Salutations. » Je répondis dans un même olyan, quoique teinté de quelques sonorités étrangères. Je ne lui attribuais pas de titre par défaut, ignorant ce qu'il en était, et ne voulant pas, pêcher par ignorance et froisser notre visiteur. « Inutile de s'excuser, vous n'avez pas troublé grand chose... » Il est toujours des nuances, dans les langues, qu'il est délicat de transmettre, autrement que par le son. Je ne répondais pas à son tutoiement par le vouvoiement, mais l'écrit est incapable de restituer le fait que je m'adressais à l'elfe autant qu'au petit dragon, les plaçant sur un pied d'égalité.

« Pardon d'être un peu brusque, mais qui êtes-vous ? » Là encore, d'un geste léger, je désignais les deux, attachant autant d'importance à l'un et l'autre. « Et qu'est-il... ? »
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeDim 6 Mai 2018 - 17:26


Formidable mécanique qu’est celle de la voix pour qui a l’oreille sensible. Le timbre, les accentuations, les consonantes et leurs cadences, tout cela livrait souvent bien plus d’importance que les mots prononcés. Ainsi malgré ton imposante présence, la légèreté de ton timbre et tes avenantes inflexions, puisqu’elles étaient sincères, t’attirèrent attitudes sans méfiance de la part de ceux que tu venais de réveiller.
De même il suffisait de prêter l’oreille à l’accent quelque peu tortueux de ton vis-à-vis, pour comprendre qu’il avait été comme toi marqué par les voyages. S’il n’avait pas parlé de nombreuses langues, au moins les avait-il assez entendu pour qu’elles laissent leur marque sur ses lèvres. Mais pour autant qu’il vienne de s’éveiller, et s’exprime dans un dialecte qui n’était pas celui de sa naissance, ses mots étaient articulés avec l’assurance de celui qui a reçu l’éducation de la parole.

Tes yeux dansent entre lui et le jeu des deux reptiles volants, scrutant les réactions de son compagnon à ton approche. Les légendes disent du Dragon Blanc qu’il est aussi libre que l’air, mais la vérité pourrait tout aussi bien faire de lui une créature jalouse, se refusant à ce que l’on approche de son compagnon. Ilweran lui, se moquait éperdument de toutes ces considérations. Décrivant au départ de rapides cercles comme une énorme mouche autour de son grand cousin, il fut prompt à diriger son attention vers l’humain… du moins s’il est encore possible encore d’appeler celui dont la nature draconique s’est emparé un humain.

- Je m’appelle Lœthwil, Tu t’assieds sur une grosse racine, à quelques pas du dragonnier, posant au sol les restes de votre proie et lui c’est Ilweran.

Le petit dragon se pose enfin, à la croisée des chemins entre tous les autres participants à cette entrevue. Trop épuisé pour continuer son manège aérien, il lui reste tout de même largement assez d’énergie pour continuer de trépigner au sol, et de gazouiller en direction de l’autre reptile, comme s’il fut persuadé d’être compris. Si croiser un dragonnier était l’occasion d’obtenir des réponses, ton compagnon venait de rajouter une question à la longue liste que tu possédais déjà.

- J’imagine que dans tes contrées d’origine, les Hethmaloth sont plus répandus que les Inwin’löke. tes yeux se posent tendrement sur Ilweran En toute honnêteté, je pense en savoir plus sur les congénères de ton compagnon que je n’en sais sur le mien. Tu ris doucement Ilweran est né d’une espèce dont les œufs éclosent au contact de la magie d’un autre être et en invoquant pour quelques instants au creux de ta paume une flammèche, une goutte d’eau et un cristal de roche, tu illustres ton propos auquel ils se lient pour le restant de leur vie. Pour ce qui est du reste, leurs origines ne sont que contes et légendes.

Tu invites ton compagnon à se rapprocher de toi, et à reprendre place habituelle sur ton épaule, tandis que du bout des doigts tu attrapes un os à moelle, que tu brises avant de le lui offrir. Les pattes avant griffues du dragon-fae s’en saisissent prestement, et alors, il commence à le ronger avec appétit.

- C’est lui qui m’a mené jusqu’à vous, et j’ai comme l’impression que ton compagnon n’y est pas pour rien. Ilweran trépigne, tes yeux pétillent C’est comme s’il retrouvait un frère perdu depuis longtemps Ton regard se porte sur le grand dragon mais à moins qu’il ne soit simplement moins expansif, c’est intéressant de noter que le sentiment ne semble pas particulièrement réciproque. Le petit reptile émet un grognement boudeur, que tu calmes d’une caresse sous sa gorge, avant de retrouver contact visuel avec le dragonnier Enfin, excuse-moi les hypothèses un peu pressées, mais c’est une occasion tellement inouïe… il y aurait tellement de choses à apprendre simplement de la manière dont nos compagnons interagissent…

Au plus proche des créatures pensantes, sans pourtant être comme eux arrachés à l’ordre naturel, il y a des choses qu’Ilweran conçoit qui ne te seront jamais accessibles à moins que ton Souffle ne vienne à s’éteindre. Observe, et apprends. Laisse-toi guider par son jugement. Ce furent les recommandations de Celle-Qui-Guide.

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Drystan
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeDim 6 Mai 2018 - 19:09

Ces premiers instants furent l'occasion d'une réflexion, tandis qu'observant et écoutant, tant le manège et les tentatives du petit dragon de faire réagir le dragon blanc que les mots du grand elfe, je m'éloignais sans vraiment y penser de mon compagnon. Une fois que je fus assez écarté, et que le petit dragon ait rejoint son propre compagnon, Zéphyr se redressa et s'étira presque comme un chat, déployant complètement ses ailes avant de les replier. Dès lors, il sembla animer d'une vigueur que n'avait pas le dragon qui errait encore à demi dans le sommeil d'où l'avait tiré Ilweran.

A son adresse, sans s'offusquer des conclusions hâtives de son compagnon, il émit un roucoulement rassurant et joyeux. Mais je savais Zéphyr sur la retenue, peut-être était-ce le fait de la maigre influence que je pouvais avoir sur lui, ou bien son expérience des dräkes, et la fragilité de ces derniers en comparaison. Pour autant, l'intérêt qu'il portait à ce nouveau « cousin » était lui bien réel.

« Je suis Arthur, et voici Zéphyr. » Tout en disant cela, j'étais revenu vers le dragon blanc, lui caressant doucement le flanc avant de récupérer dans une sacoche accrochée à harnachement une gourde, et revenait à nos deux visiteurs.

J'avais évidemment écouté avec attention, observé sa démonstration, mais mon esprit demeurait tiraillé, encore par l'expérience vécue plus tôt, si bien que nous devions, Zéphyr et moi, paraître un peu distrait et dissipé aux yeux de ces deux-là. C'était donc un mage, et pas des moindres, pour ce que je pouvais en juger, et il m'accorda quelques confessions sur son compagnon et ses origines. Une créature remarquable dont le lien se rapprochait certainement davantage de celui d'un dragon que d'un dräke. Je me notais ce détail, partageant une réflexion avec Zéphyr avant de m'efforcer à revenir vraiment à eux.

« Pardon de paraître dissipé... Nous sortons d'une expérience quelque peu... déroutante et intense. »

Les idées en place, je pouvais enfin offrir une réponse aux mots de Lœthwil, et laissait à Zéphyr le soin de rassurer Ilweran quant à la sympathie que lui inspirait le petit dragon.

« Il faut laisser le temps à Zéphyr de se réveiller... Il a davantage l'habitude des dräkes... des hethmaloth » Je faisais l'effort d'en imiter la prononciation aussi bien que possible. « avec lesquels il est obligé de montrer de la retenue pour ne pas les blesser ou les troubler. » Ou de leur permettre l'initiative du contact et de se servir de ce dernier pour communiquer avec. « Peut-être a-t-il également hérité d'une partie de mon tempérament. » Se posait dès lors la question de l'influence que j'avais pu exercer sur Zéphyr, la réciproque étant particulièrement voyante. « Mais si cela peut rassurer Ilweran, il est parvenu à accaparer toute son attention et son intérêt. »

D'une seule volonté, insufflée par Zéphyr, nous devions ensuite transmettre une question, chacun à notre manière, pour répondre aux interrogations de l'Elfe.

« Pour être tout à fait exact, Zéphyr a l'habitude de communiquer avec les hethmaloth, en les imitant, puisque je suis également lié à l'un d'eux. Il est plus que curieux de savoir si Ilweran y est sensible ou capable, lui aussi, sans nuire à l'un de vous deux. »  

De son côté, avec une habilité et une maîtrise encore maladroite, peu éprouvée mais acquise par l'observation d'un maître en la matière, Zéphyr laissa flotter un lien éphémère et léger, effleurant tout juste l'esprit du petit dragon sans s'y imposer. C'était une invitation plus délicate que ce qu'il avait adressé à la Dorée l'hiver dernier, comme une main tendue à saisir.

Toute la question était de savoir si le petit Ilweran pouvait répondre à ce genre d'invitation.

Au-delà de cette tentative de premier contact entre petit et grand dragon, je n'oubliais pas les mots de l'elfe : Il possédait des connaissances sur les dragons... Il ne fallait pas que je perde de vue l'occasion de voir ce qu'il pouvait m'apprendre.
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeDim 6 Mai 2018 - 20:23


Plus que déroutante ou intense, c’est une véritable liesse que décrivaient les murmurants ayant entendu les joyeux échos du duo volant. Et tu les comprends. Non, tu ne pourrais certainement pas décrire ce qu’ils ont vécu, et encore moins te l’approprier, mais les quelques harmonies s’étant saisies de ton cœur suffisent à te laisser l’imaginer. Leur ciel est ta magie. Ton cœur bat un peu plus vite, soufflant à la Sylve le reflet de leurs émotions à travers ton miroir. Et il ne l’entend pas lui, le dragonnier, mais les Chants imprègnent Ilweran, et les Chants imprègnent Zephyr, et parce que Zephyr imprègne Arthur, grâce aux Premiers Fils vous vous comprenez plus profondément que ne l’autoriseraient des mots.

- Et bien, voilà qui est arrangeant tu soupires gaiement heureusement que c’est Ilweran plutôt que Zephyr qui aura hérité de mon impulsivité.

Et comme trouvant dans cette remarque une excuse à son agitation, le petit dragon frémit, reprend ses couinements et se rapproche à nouveau, d’un battement d’aile, de son grand cousin. Le regard du dragon-fae luit d’une provocation joueuse, comme celui d’un enfant, et d’un frémissement de ses ailes, il appelle à lui quelques flocons de neige, qui se mettent à tournoyer autour de lui. Le manège ne dure pas bien longtemps, le petit reptile tout fier attendant de voir quelle serait la réaction de celui dont il refusait catégoriquement de perdre l’attention.

- Ce serait une première fois pour Ilweran. Il n’a jamais partagé de lien qu’avec m…

Tes sourcils se soulèvent, et tu sens ton esprit touché. Tu scrutes les mouvements de la trame, écoute la pulsation des flux, sans rien percevoir. Ton cœur reprend son accélération, et c’est viscéralement que tu prends conscience de ce qui se passe. Ce n’est pas une simple magie que brodent ces deux créatures. Ce n’est pas le pouvoir d’influencer les esprits que semblent partager les Dragons avec les Dräkes. C’est autre chose. Quelque chose de familier, un don à l’image de celui qui vous a été offert par La Mère.
Ilweran marche, doucement, jusqu’à arriver contre le dragon blanc, et à se blottir contre lui. Ilweran était prêt à écouter, à parler, à partager. Pour la première fois il rencontrait un être avec lequel il en était capable, de manière naturelle, sans avoir à se plier aux conventions d’un autre monde. Pour la première fois on lui parlait dans son propre langage, et il pouvait répondre dans son propre langage. Ilweran n’est pas patient, alors Ilweran n’attendit que trop peu avant de raconter. De trop raconter peut-être, de sa courte vie.

Sa naissance, bercée par un dialogue entre les Ëalas et un elfe perdu. Son voyage tout autour de l’Anaëh, et les enseignements qu’il en tira. Sa magie surtout. C’est de la magie qu’il partageait avec toi qu’il aimait le plus parler. C’est la sensation grisante d’être traversé par l’éther qu’il se plut le plus à partager ; mais cette sensation, il ne s’épargna pas d’en conter les faces les plus douloureuses, celles que ton combat à Yutar lui a permis d’expérimenter, le cauchemar de son sommeil de métamorphose. Celui que tu aurais aimé assez profond pour qu’il se sépare de toi… ne serait-ce que pour quelques heures.
Sa métamorphose. C’est avec sa métamorphose qu’il termina son maladroit récit. Sa métamorphose et la tienne, parce que tu n’étais pas ainsi juste avant, et Ilweran était le mieux placé pour le savoir. Cette joie nouvelle et inconditionnelle, cette harmonie retrouvée, la disparition de nombre de tes troubles, pour lui aussi, cela avait été une libération. Et quoiqu’elle fut à l’origine de ton implacable sévérité, Ilweran se plut à conter ta douceur retrouvée.

Sans que tu ne perdes ton calme face au dragonnier, à ta fascination se mêla un profond attendrissement, et quand tes paupières clignèrent sur tes yeux humides, il s’en fallut de peu pour qu’une larme n’en soit pas chassée.

- Est-ce que… est-ce que ce n’est qu’avec les Dräkes que Zephyr communique de cette façon ? parce qu’elle ne ressemblait en rien à ce que vos manuscrits décrivent de la magie de ces petites créatures Parce que c’est… c’est totalement différent de ce que nous savons de la manière dont les Dräke communiquent avec nous. Tu prends une pause, l’air pensif Il n’y a aucune magie, du moins… rien qui ne touche aux arcanes, dans tout ça.
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeDim 6 Mai 2018 - 22:01

Nous ne tardâmes pas à avoir la réponse à notre interrogation tandis que le jeune Ilweran se saisissait de l'opportunité que lui offrait Zéphyr. Et le dragon s'abreuva de ce qu'on lui proposait, des bonheurs comme des peines, se réjouissant de trouver en cette petite créature la source d'une telle richesse, malgré la jeunesse de cette dernière. Ce petit dragon avait son propre regard sur le monde, et comme l'aurait dit Monarth, c'était une pensée nouvelle et précieuse car comme l'avait dit son compagnon, ces petits dragons n'étaient certainement pas bien nombreux à parcourir ces bois.

Anticipant une approche de Zéphyr, je lui demandais de garder pour lui l'existence des autres dragonniers qui avaient choisi, pour le moment, d'en préserver le secret. Et je le laissais répondre à l'enthousiasme du petit dragon par le sien. Et tout comme ce dernier, il entreprit de lui raconter sa propre courte existence, d'une manière bien différente de la mienne.

Il conta sa propre venue au monde, évoquant ses premières chasses, alors qu'il ne volait pas encore... La frustration grandissante jusqu'à la libération et son premier vol, bien que ce qu'il transmit n'était qu'une fraction de ce que nous avions partagé sur l'instant. Puis il lui conta les Ciels qu'il avait parcouru, au dessus des plaines et forêts enneigées de Sainte-Berthilde, puis d'Olysséa, à travers les montagnes et jusqu'aux vallées de l'Ancenois, puis, au delà des étendues de l'Olienne, les cités libre et les plaines de l'Ithri'Vaan... Il termina par les récentes étendues de l'Anaëh, évoquant certains des esprits qu'il avait visité en ignorant ce qu'ils étaient.
Et de la même manière qu'Ilweran partagea le plaisir qu'il avait à être traversé par l'éther, Zéphyr lui offrit le plaisir qu'il avait à se laisser porter par de puissants vents sans efforts, à les soumettre et à les plier à sa volonté. Nulle véritable bataille dans l'esprit du dragon, car je lui avais épargné de tels tourments, mais l'exaltation du vol et de la chasse dans sa forme la plus pure.

Il présenta ses compagnons, et les images de Monarth et d'Itarillë virevoltant ensemble s'imprimèrent quelques instants, portant avec elles bien davantage. Puis il s'attarda sur moi, et une larme perla sur ma joue, car en cette occasion plus que précédemment, je pouvais apprécier l'importance que je revêtais à ses yeux... Depuis les premiers instants où je le nourris, à travers nos errances et nos chasses, dans chacun des exercices, chacun des soins que je lui prodiguais, et les encouragements alors que le sol s'accrochait à l'emprise qu'il exerçait sur lui. Je n'avais pas toujours été le meilleur des partenaires, et il lui arriva de devoir se contraindre et se restreindre, mais la frustration qu'il avait pu ressentir trouver face à elle la sincérité du souci qui était le mien, de le protéger et de le préserver puis d'être digne de lui.

« C'est à la fois similaire et différent... Difficile à expliquer. D'autant que j'ignore ce que les elfes savent... Ou pensent savoir. Je ne sais que ce que j'ai appris à leurs contacts. » Au-delà de l'ignorance, il m'était difficile de concevoir qu'on puisse écrire sur un tel sujet sans y perdre l'essentiel. Si je devais écrire qu'ils s'épargnent les contraintes des mots et de l'incompréhension pour transmettre une idée d'une créature ou d'un lieu, d'un goût ou d'un sens, une pensée, un ressenti dans sa forme la plus simple et épurée. Cela permettrait-il à quelqu'un qui ne partagerait pas un tel lien de prendre la pleine mesure de ce que je lui ferais lire ? « Ce que je partage avec lui... C'est encore différent, parfois beaucoup plus intense. Il ne s'agit alors plus seulement d'évoquer ou de transmettre, de partager, mais d'être ensemble. » Mais il m'était difficile, sans recul, d'évoquer ce que j'avais partagé plus tôt avec Zéphyr. « Les dräkes ne semblent pas avoir les moyens, les envies ou le besoin d'en faire tant... »
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeLun 7 Mai 2018 - 1:04


Il y avait quelque chose d’à la fois magnifique et effrayant dans le contact qu’entretenaient les deux créatures. Arthur et toi à travers vos compagnons vous étiez retrouvés mêlés à des échanges outrepassant de loin la puissance de la parole. À véritablement dire, tu ne connaissais aucun langage aussi brut, si ce n’était celui de la Symphonie, seulement la Symphonie était bien trop riche, bien trop inextricable, pour que la première oreille venue n’en décrypte les détails. Ilweran par contre, s’il le voulait, aurait pu partager l’intégralité de ta personne. Tu es nu devant les Dragons comme tu es nu devant lui, et tu es nu devant les dragonniers comme tu es nu devant leurs compagnons. À la merci du jugement d’Ilweran. Mais tu en es convaincu, ce n’est que pour le meilleur.

Fie-toi au jugement de la créature, car soumises à l’ordre naturel, les âmes des créatures sont plus aptes à déceler le danger que vos Souffles.

D’inhabituelles présentations pour une exceptionnelle rencontre. Des présentations suite auxquelles celui qui a su préserver son compagnon aura gagné ton respect. Peut-être l’idée d’éternité lui était-elle venue dès son lien avec un Zephyr nouveau-né tissé, peut-être ces apparentes patience et sérénité n’étaient-elles pas plus vieilles que le jeune Dragon blanc, mais que cela soit le cas ou pas, tu dois bien te l’avouer, ils étaient rare les mortels possédant le même respect pour la terre qu’ils foulent que celui-ci. Que l’on dise d’Elenwë ce que l’on veut, certains de ses fils ont encore la volonté d’apprendre.

- Les Dräkes naissent mages. Tu sèches les abords de tes yeux du bout des doigts Les sortilèges d’imprégnations dont ils font instinctivement usage dans certains cas entre eux, et avec les races possédant le Souffle sont complexes, mais pour nous les mages, ils sont palpables. Des mages de l’esprit d’Alëandir ont d’ailleurs essayé pendant un temps, sans jamais de résultat véritablement concluant, de s’en inspirer pour établir des ponts entre esprits elfes, censés rendre l’empathie plus aisée. Tu poses les yeux sur Ilweran Mais avec Ilweran… c’est comme si nous étions un tout. Il est comme une idée parmi les miennes, je le ressens où qu’il soit… et réciproquement. Je crois comprendre qu’il en est de même pour Zephyr et toi. Quant à la manière dont nos compagnons semblent échanger, ils ne laissent pas une seule trace dans la trame.

Maintenant s’ils vous prouvaient ce lien n’être qu’une extension de la manière dont ils communiquent, si ce partage de souvenirs, de sensations et d’émotions était un langage à part entière, compris autant par les chromatiques, les métalliques, les fae et les Dräkes, peut-être mettiez-vous là le doigt sur de grands secrets de leur origine. Peut-être en explorant ce lien, cette apparente parenté, seriez-vous capable de retracer l’historique des mystérieux dragons, de leur disparition, et de l’apparition de leurs jeunes cousins.

- Il y a quelque chose de la Symphonie dans leur langage. Tu te tournes vers Arthur Je ne sais pas si ton lien avec Zephyr est assez profond pour te permettre d’accéder au Chant des arbres, mais… cette manière de nouer des liens avec d’autres créatures et de simplement… ressentir tu fronces les sourcils Il n’y a que l’Harmonieuse qui soit capable de quelque chose de semblable.

Et c’est à cet instant seulement que tu te rendis compte de ce que tu avançais, face à un humain. Ni elfe, ni mage. Être désireux d’apprendre était une chose, mais comment apprendre ou enseigner si vous n’aviez comme base communes que les inconnues de l’équation ?
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeLun 7 Mai 2018 - 9:02

Un instant, l'elfe me sembla particulièrement proche, s'épanouissant tout comme moi dans sa relation avec Ilweran, n'en rejetant pas le contact, l'accueillant tout entier. En cela, sans pouvoir en apprécier davantage, il m'était plus familier que les autres dragonniers, qui, pour préserver autant de leurs anciennes existences que possible, avaient maintenus, je le pense, une certaine distance vis à vis de leurs compagnons...
Mais le suivant, il s'éloigna à grand pas, emporté par l'enthousiasme que suscitait la découverte, il emprunta des sentiers inconnus de moi, et je l'observais, plongé dans la même incompréhension que les créatures dont il tentait de percer le secret du langage. Conscient de mes lacunes, tout du moins, pour mettre les mêmes mots sur ce que je ressentais, je me tus, ne souhaitant pas troubler sa réflexion.

« Je crois qu'il est trop tôt pour le dire... A travers le lien glissent des perceptions dont ma propre chair ignorait tout, mais entendre ne signifie pas que je sais ce que j'écoute. Si l'on me faisait simplement écouter une mélodie sans m'en donner le nom, et qu'on me demandait si je connaissais une ballade en la nommant uniquement... Rien ne me permettrait d'affirmer qu'il s'agit bien de la même chanson. »

Je trouvais l'image pertinente, c'était là la faiblesse de nos langages... Un mot ne signifiait pas qu'on en saisisse l'essence dans ses moindres détails, un nom, de lui-même, n'était qu'un mouvement d'air spécifique, une série de sons creux. Il fallait associer les sons et le sens pour qu'un mot devienne plus tangible... Or, la Symphonie et la Magie n'avaient que peu de sens pour moi.

« Tout ce que je sais, je le tiens d'eux, de la manière dont ils la perçoivent... Mais si je la percevais moi-même à travers Zéphyr, sans qu'elle ne souffre de sa propre interprétation, entendrais-je réellement la même chose ? »

Les elfes qui entendaient ce « Chant », cette « Symphonie des Arbres » apprenait certainement à l'écouter et à l'identifier. Je n'avais pas cette sensibilité, mes compagnons la découvraient à peine, aussi pouvait-elle aisément se confondre dans la foule des perceptions qui s'ouvraient à moi.

Je savais mes lacunes, et envisager d'en apprendre davantage, non seulement sur les dragons et les dragonniers m'étaient apparus nécessaire plusieurs ennéades auparavant... Mais avant d'envisager d'étudier auprès des elfes, à supposer qu'ils le permettent, il me fallait être en mesure de communiquer et de comprendre ces derniers, sans avoir recours à un interprète...

J'avais l'intention d'apprendre, mais il me faudrait faire preuve de patience pour parvenir à cette finalité.
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeMar 8 Mai 2018 - 12:57


D’une manière ou d’une autre, la nature d’Anaëh l’avait touché. La forêt mystique était la source d’une gamme de sensations toutes nouvelles pour Zephyr, et par extension, elle l’avait été pour Arthur. Mais il marquait un point. Pouvait-il réellement se considérer entendre ce qui n’était que parole rapportée. Pour autant que tu puisses lui parler de la Symphonie, la lui décrire, lui chanter ce que tu en entends, elle lui resterait étrangère tant qu’il serait incapable d’en faire l’expérience à la première personne. Vous tous, elfes sensibles aux Chants, vous accordez à donner significations proches à ce que vous ressentez du langage de La Mère, mais vérité étant, vous ne ressentez pas tous la même chose dans votre chair. Chacun échange à sa façon, chacun à son langage propre, et si vous tous donnez à différentes sensations la même signification, c’est parce que La Très Sage sait exactement comment vous parler à chacun en tant que personne.

- Tu marques un point. Tu soupires Tu sais, c’est déjà difficile pour nous, elfes des clans, de concevoir une perception du monde sans la Symphonie pour repère. Le moindre raisonnement devient vite comme essayer de décrire l’apparence d’un objet à un aveugle… alors imagine décrire ce même objet à un aveugle voyant à travers des yeux qui non seulement ne sont pas les siens, mais en plus ne voient potentiellement pas comme auraient vu les siens.

C’était un casse-tête que seul le temps et l’expérience pourraient résoudre. Il fallait d’abord qu’Arthur comprenne ce que tu ne peux pas lui expliquer, et ensuite seulement la porte serait ouverte. Tant que vos bases n’étaient pas les mêmes, et qu’une des données fondamentales constituant ton monde lui restait si mystérieuse, vous auriez trop de mal à vous comprendre.

- Si tu restes assez longtemps, peut-être finira-t-on par trouver un compromis.

Te détacher tant que tu le pouvais du point de comparaison qu’était la Symphonie, quand il essaierait tant que possible de se faire une vague idée de ce qu’elle était. Peut-être là, une fois à la croisée des chemins, seriez-vous capable de trouver celui qui vous mènerait à de véritables réponses aux questions que vous vous posez tous les deux.
En attendant, quitte à ne pas être capables de creuser le mystère, probablement serait-il plus judicieux d’échanger ce que vous saviez déjà. Quittant ta réflexion pour l’instant, tes yeux se posent avec émotion sur l’improbable spectacle d’Ilweran lové contre Zephyr, s’abreuvant l’un et l’autre de leur présence, et alors une question te vient à l’esprit.

- Est-ce que Zephyr a déjà été attiré par la présence d’autres dragons ? tu lèves un sourcil D’ailleurs, si c’est le cas… avez-vous déjà rencontré d’autres dragons, ou même dragonniers ?
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeJeu 10 Mai 2018 - 8:48

Plus que ne pouvait le concevoir l'elfe qui ne partageait totalement, ni la même perception, ni la même conception du monde et de son organisation, que celle qu'avait contribué à façonner, malgré moi, des décennies d'existence dans un monde « humain » et « temporel » - pour lequel la manière des elfes et leur perception du temps est aussi fascinante qu'effrayante – je savais parfaitement toute la difficulté que constituait toute tentative de me définir et m'expliquer la Symphonie...
Car cette même difficulté était celle qui existait à présenter des notions abstraites à dräkes et dragons... Si leur langage était d'une simplicité et d'une efficacité incontestable, il souffrait de la rencontre de deux espèces et de deux pensées et lorsqu'on évoquait des concepts trop éloignés. Il avait fallu du temps et des efforts pour introduire Monarth et surtout Zéphyr à la pensée humaine, ne serait-ce que pour me comprendre dans la plupart des cas, et il en avait fallu pour apprendre et m'approprier le regard de ces deux-là.

« Cela viendra peut-être... Je dois d'abord explorer et comprendre chacune de ces nouvelles perceptions. J'y trouverais peut-être des brides de ce chant des arbres. » Cela prendrait du temps, mais je n'en manquais pas, ni de la volonté d'explorer et de repousser toujours davantage les limites des barrières qui demeuraient entre le dragon et moi. « Mais je comprends l'exercice, humain, dräke et dragon ne voient pas le monde de la même manière et il me fallut même expliquer à Zéphyr l'intérêt d'un nom pour celui qui n'a besoin que d'une pensée pour transmettre l'essence de ce qu'il évoque. »

Ce même exercice, je le faisais depuis mon arrivée en Anaëh, plus particulièrement dans la Cité Blanche. M'imprégnant malgré mes lacunes, autant que possible du mode de vie et des traditions des elfes, par curiosité autant que par intérêt. Il m'était apparu un avenir possible dans celui d'intermédiaire, non seulement entre le dragon et les peuples – qu'il me fallait donc comprendre – mais peut-être, plus loin encore, comme intermédiaire, interprête mais pourquoi pas même diplomate. Il y avait de l'avenir pour celui qui est ouvert et tolérant, mais également accepté par les uns et les autres... J'en étais convaincu.

Il en vint forcément à un sujet dont je ne pouvais totalement m'épargner, mais je devais décider d'être honnête, en espérant qu'il le soit à son tour par la suite, pour autant, je n'avais pas l'intention de trahir mes engagements passés, même auprès d'un elfe.

« Nous en avons rencontré d'autres. » Il pouvait certainement comprendre qu'une telle révélation n'avait rien d'évidente. « Zéphyr a déjà eu l'occasion de croiser une dragonne. » Comme en écho, écoutant distraitement la conversation des deux bipèdes, Zéphyr glissa dans l'esprit d'Ilweran l'image de la Dorée, mais elle était seule à être nette, tout autour, il n'était que flou. « Mais il était encore particulièrement jeune... Quant à moi... J'en ai croisé davantage, et côtoyé plusieurs dragonniers. Je ne peux en dire davantage... Ils ont fait le choix, pour le moment, de se préserver de la lumière, de demeurer à l'abri des regards et des attentions, et c'est une décision que je respecte, et si j'ai pu le désirer, il n'a pas l'intention de s'y plier, nulle envie d'être contraint dans son Ciel. »

C'était dans ce genre de situation que s'épanouissait le plus l'esprit libre qui faisait, selon certains écrits, la nature des Blancs. Nulle contrainte dans le Ciel, et surtout pas celle des créatures qui rampent au sol.

« Et toi... De ce que je vois, ce que j'entends, tu n'as pas l'air d'être issue des cités, comme ceux que j'ai pu observer dans la Cité Blanche... Je suis venu en Anaëh pour apprendre ce que les elfes savaient de lui autant que ce que j'allais devenir. Que sais-tu des dragons ? » Et je finissais même par oser un : « Et eux... Que disent-ils ? » Désignant d'un mouvement du regard les arbres alentours.
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeVen 11 Mai 2018 - 1:27


L’exceptionnel attire l’exceptionnel. Le mystère nourrit le mystère. C’est la première chose qui te soit venue à l’esprit en entendant Arthur confier avoir déjà rencontré d’autres dragons et dragonniers. Quand ? Comment ? Dans quelles circonstances ? Dans quel but ? Y avait-il même eu un but à leurs rencontres ? Tant de questions nées en une fraction de secondes, tant d’informations dont il détenait le secret, et qu’il garderait scellées, tant que l’exceptionnel refuserait de se dévoiler de lui-même. Ce n’est pas un choix qui te plaît, mais c’est un choix que tu respectes. Arthur est né humain, et en tant qu’humain, le secret est un mécanisme de défense qu’il s’est certainement vu forcé d’apprendre à manier pour sa propre survie. Le savoir est un pouvoir, et si chez les elfes, c’est un pouvoir que vous aimez à partager avec le reste de votre peuple, si chez les Ornedhels en particulier, c’est un pouvoir qu’il est dans votre nature même, vous qui êtes liés à l’Œuvre dans son entier par la Symphonie, de partager, c’est un pouvoir que d’autres considèrent trop dangereux entre les mains d’autrui.

Tu acquiesces silencieusement à ces propos, soulignant tout de même des yeux ton désaccord, et tu attends qu’il se déleste de la parole et te la renvoie. S’il ne dévoilait que peu, il restait désireux d’apprendre, conscient qu’il était que sa condition rendrait la simple idée de lui refuser l’enseignement difficile à vous les elfes. Viendrait un moment où vous lui auriez tout appris, un moment où les hypothèses ne pourraient plus avancer tant qu’il ne dévoilerait pas plus, parce qu’il n’avait pas ni l’éducation, ni les perceptions nécessaires à la compréhension de certains secrets. Lui enseigner c’était autant servir son agenda que le vôtre.

- Tu sais, tu souris, amusé tu as à moitié… peut-être plus qu’à moitié tort si tu me penses étranger aux Cités. Pour peu que tu aies parcouru les ouvrages gardés dans les Bibliothèques de la Cité Blanche, je ne pense pas avoir grand-chose de nouveau à t’apprendre tu réfléchis un instant mais qu’à cela ne tienne.

Tu te lèves, t’étires longuement de la nuque au bout des doigts et fléchis les genoux, prenant une pose dynamique, comme prêt à bondir. Les lignes d’or tracées sur ta peau pulsent doucement, tôt imitées par les chaînettes des cinq boucles perçant ton oreille gauche.

- La forêt elle-même ne se rappelle que peu des grands serpents. Elle était extrêmement jeune lorsqu’ils y régnaient, et elle est souvent morte et née de nouveau depuis qu’ils l’ont fui. Les mémoires d’Anaëh qui me sont accessibles parlent de puissants reptiles…

Tu t’élances en arrière, posant le pied contre le premier morceau de bois venu, pour te propulser à nouveau à travers les airs. Tu te laisses chuter tête la première, bras ouverts, les filaments d’eau suivant le tracé de tes doigts. Tes jambes tirent ton point de gravité vers l’avant, tes pieds retrouvent au dernier moment la direction du sol, et tu atterris bras ouverts, les paumes vers l’extérieur, et un genou au sol, alors que des traits laissés sur ton passage naît une figure serpentine d’eau et de glace, semblable aux dépictions du légendaire Dragon Bleu, flottant quelques dizaines de centimètres au-dessus du sol.

- Des Gardiens de l’Œuvre...

Tu réitères ton geste seulement cette fois au cours de ton plus haut saut tu roules vers l’avant, et tombe poing dans le sol. La terre tremble et les roches se soulèvent, pour qu’en second lieu naisse une sculpture animée du serpent sans ailes. Le Dragon Vert.

- Ayant lutté aux côtés de Kÿria…

Tu profites de la présence du dragon de terre, prend ton élan sur son dos, saute, vrille plusieurs fois dans les airs, ta main gauche traçant derrière elle une traînée de flammes. Cette fois ci tu te réceptionnes une jambe pliée, une jambe tendue, bas sur tes appuis, la main droite proche du torse, la main gauche en arrière, après avoir tranché l’air comme une lame flamboyante.
De flammes et de cristaux arrachés à celui de terre nait le Dragon Rouge, porté par le battement de ses ailes juste au-dessus de son homologue terrestre.

- Pour préserver la Prime Anaëh de Calimenthar.

Cette fois tu ne quittas pas le sol, te contentant de glisser avec légèreté vers l’arrière, ton pied excentré lancé dans de larges rotations. Le mouvement arrache un bras d’eau au Serpent Bleu, rapidement fait dense nuage de vapeur. Tes mains se joignent quand ton mouvement s’arrête, et entre tes paumes naissent de puissants courants électriques. Un arc tracé entre tes deux mains qui s’écartent, un claquement des doigts de ta part, et le nuage, parcouru de la foudre se mettait à son tour à se maintenir en l’air par un vol actif.

- En ces temps-là les dragons étaient au sommet de leur puissance, seulement Calimenthar fut vaincu, et alors, sans plus d’ennemi à affronter, elle devint un fardeau. Les quatre élémentaires commencèrent à frénétiquement s’agiter Alors elle leur fut en partie retirée, et il leur fut offert de vivre au sein de l’Œuvre, parmi les autres créatures. Ton poignet claqua en direction de chacun des élémentaires, qui l’un après l’autre trouvèrent un nouveau calme, alors qu’ils perdaient un peu de leur éclat Seulement lorsque l’on est habitué au pouvoir, l’abandonner est difficile. Quelque part à la frontière entre créatures pensantes et serviteurs de la Déesse, beaucoup de dragons, rebelles, ou en proie aux doutes, ont fui la forêt. Ce sont certainement ces dragons auxquels se sont attachés les Nisétiens, et qui en se liant à eux ont trouvé un moyen de s’arracher à l’ordre Naturel et de gagner liberté et pouvoir. Tu signes de discrets arabesques d’une main, et des figures humanoïdes s’arrachent du sein des dragons pour s’en faire les compagnons  Malheureusement pour eux, ils n’ont pas pu le fuir éternellement. Durant la seconde moitié du huitième Cycle, des dracennes sont venus de Nisétis demander de l’aide aux elfes d’Anaëh. Un mal sans précédent s’était abattu sur les dragons et avait déjà emporté nombre d’entre eux. C’est durant ces temps-là que les Taledhels ont pu en apprendre plus non seulement sur le rythme de croissance des dragons liés aux Nisétiens et sur les changements qu’il impose aux dragonniers, mais aussi sur les réactions du corps des reptiles à un bon nombre de produits de médecine. Pour le peu de dragons que nous avons croisés, presque tous les passionnés sauraient comment les guérir s’il en venait la nécessité. tu ris

Ilweran, toujours blotti contre le véritable Blanc soulève la tête, observe d’un œil curieux la performance déployée devant lui. Il enregistre tes gestes, s’inspire de la signature éthérée de tes sorts. Il n’en a peut-être pas l’air, mais il apprend.

- Si tu avais été un dracenne de Nisétis, j’aurais pu estimer l’âge de Zéphyr à quelque chose autour de cinq ou six ans. Tes yeux se posent plus attentivement sur Arthur Mais à vrai dire, je ne sais rien de l’influence de la race du dragonnier sur leur développement. Les humains se développent bien plus vite que nous, donc peut-être que les changements viendront plus vite pour toi. Surtout qu’il semblerait que Zephyr et toi partagiez déjà de nombreux traits de caractère.

Ton visage se referme, et tu reprends une expression plus sérieuse.

- Mais pour en revenir à la question initiale, en ce qui concerne les Clans, les savoirs sur les Dragons sont très parcellaires, et tiennent plus de la légende que du fait, bien qu’en Anaëh, les deux soient souvent confondus. Tu lèves les yeux au ciel, joue des doigts et de la main pour mettre en mouvement tes créations au fil de tes mots, pour t’aider à réfléchir Certains racontent qu’après la victoire sur Calimenthar, chaque génération de grands serpents d’Anaëh serait née moins forte, plus proche des autres créatures, et que c’est parce qu’ils percevaient cela comme une malédiction que les Dragons ont fui en dehors de la forêt et ont cherché à se lier à des créatures pensantes. Certains vont même jusqu’à dire que les Dräke et les Dragons-Fae seraient les descendants directs des premiers, réduits à ce qu’ils sont actuellement parce que leurs instincts guerriers les rendraient trop dangereux autrement. D’autres racontent que certains des Dragons auraient trahi Kÿria après qu’elle leur ait retiré leur puissance, jaloux de l’amour qu’elle portait pour les elfes, et que la Prime Déesse leur aurait donc offert de pouvoir se lier avec les êtres pensants plus profondément que n’importe quelle autre créature, afin de comprendre les raisons de son affection. Certains des dragons auraient accepté ce don avec gratitude, tandis que d’autres se seraient insurgés d’avoir à se soumettre à des créatures si fragiles. Les Dragons rebelles auraient alors perverti leur don et pris la place des Dieux aux yeux de leurs partenaires et du reste du monde. Et ainsi, ceux ayant choisi de se soumettre auraient été les pères des Dragon-Fae, dont l’existence est conditionnée par celle de leur partenaire, tandis que les rebelles auraient été punis par La Mère et finalement, puisqu’ils continuaient de s’accrocher à leur orgueil, décimés par elle durant le huitième Cycle.

Tu refermes les mains, éteignant les flammes du Rouge, vaporisant les eaux du Bleu, dispersant les nuages du Blanc et faisant à nouveau le Vert poussière.

- Quant à savoir si le Vert et le Bronze, récemment aperçus en Anaëh sont des survivants ou si leur retour est une autre conséquence des puissances déchaînées lors du dernier Voile. Tes doigts viennent cueillir ton menton Dis-moi, est-ce que tu sais si parmi les dragons que tu as eu l’occasion de rencontrer, il y en a au moins un qui a marché sur cette terre avant le Voile ?
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Drystan
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeSam 12 Mai 2018 - 9:09

Ce récit et la mise en scène de ce dernier, sous la forme d'un spectacle d'un genre que je n'avais jamais vu, et pour cause, je soupçonnais à peine le talent et la maîtrise nécessaire dans ce que les elfes appelaient l'Art pour le réaliser. J'étais fasciné, non par le récit que les traductions et les relectures m'avaient déjà enseigné, mais par la manière, et je sentais Zéphyr aussi fasciné qu'attentif. Il percevait le phénomène qui avait offert une vie éphémère à ces petits dragons, le saisissait sans toutefois le comprendre dans sa globalité, certains éléments lui échappant, mais je me disais alors qu'il y avait peut-être également la manière d'influencer la magie alentours...

Sur le récit en lui-même, je retrouvais et comprenais mieux l'effet que m'avait fait mes traductions et lectures... Les légendes elfiques s'accordaient sur les origines des dragons, Gardiens de l'Œuvre possédant une puissance rivalisant avec celles des Dieux eux-mêmes afin de combattre le Guerrier Calimenthar. Néanmoins, après le triomphe supposé sur ce dernier – la figure légendaire du Guerrier m'apparaissait dominant et contaminant toutes autres terres par delà les lisière de l'Anaëh – l'incertitude s'épanouissait et donnait naissance à tout et son contraire.
Néanmoins, une constante demeurait... Quel qu’en soit la raison, par colère, pour fuir ou bien pour apprécier de nouveaux ciels, libérés de leurs obligations, certains quittèrent le Jardin et trouvèrent auprès des Nisétiens une nouvelle terre d'adoption, où, selon les versions, ils se prirent pour des Dieux et s'attirèrent les foudres, des uns ou des autres, selon les récits elfiques ou humains, ou renouèrent avec ce pour quoi il avait été créé et poursuivirent la lutte, Gardiens de Nisétis dans son combat contre Elda, devenu l'instrument de la revanche du Guerrier sous les traits d'Uriz.
Quelque soit la manière dont on considérait les choses, les Dragons finirent par être frappé d'un mal inconnu et déclinèrent au fil des siècles, et avec eux, déclina l'Empire Nisétien qui finit par imploser autant que par être ravagé par les drows, bien après la disparition dans le ciel des Dragons Protecteurs.

Il était intéressant également de noter les origines des Dräkes et Dragon-Fae pour les Clans, descendants lointains des grands dragons, condamné irrémédiablement, de génération en génération, à s'affaiblir pour pleinement s'intégrer dans l'Ordre Naturel... J'imagine qu'on pouvait y joindre les Wyvern, comme une branche qui aurait préservé la taille au prix des autres attributs... Ces dernières ne pouvaient créer de liens, à ma connaissance, ni communiquer par eux-même, mais avait su transmettre après que Monarth ait établi le contact.

Mais toute cette analyse fut momentanément balayée par la révélation qu'il me fit... Maudite Forêt, elles désapprouvent le Secret mais pourtant, de telles rumeurs n'en étaient pas sorties pour parvenir dans les contrées étrangères... C'était logique, elles n'avaient de valeurs que pour ceux qui s'y intéressent ou veulent y croire, autrement, elles demeurent le récit improbable et dénué d'importance...
Vert et Bronze en Anaëh, les possibilités étaient nombreuses et le retour des grands reptiles s'étendaient à tout Miradelphia pour qui écoutaient et offraient du crédit à ce genre de rumeurs et histoires. J'étais demeuré silencieux, fermant les yeux, Zéphyr lui-même percevait l'agitation dans mon esprit, rassemblant les morceaux récupérés ici et là pour projeter une carte mentale et les endroits où auraient été aperçus des dragons.

« Vert et Bronze en Anaëh... Cela en fait huit, peut-être neuf... » Je murmurais ces mots à moi-même plus qu'en réponse. « Est-ce que les rumeurs qui ont prit naissance par delà la lisière sont connus des elfes... ? » Cette fois, je le regardais, afin de préciser. « Huit, peut-être neuf dragons, probablement sauvage, apparut sur le continent... Noir affrontant les Nains dans les monts au nord, Blanc éprouvant les hommes et confiant son œuf à l'un d'eux en Péninsule, Bleu s'épanouissant sous les eaux d'Olienne, Or, Bronze, Argent et Rouge se battant dans le Ciel, non loin d'une cité d'Ithri'Vaan, Vert et Bronze, peut-être celui d'Ithri'Vaan, apparaissant dans les Bois d'Anaëh... » J’énonçais cela de manière détacher, comme si j'étalais sous mes yeux les pièces d'un casse-tête pour essayer d'en trouver un sens.

En même temps que j'avais énoncé cela, Zéphyr accorda les souvenirs de ces dragons... Certains étaient fragmentaires, imparfaits, abîmés... Bleu et Noir étaient passés d'esprits à esprits... Du Blanc aux Wyvern gardant son Oeuf, puis à Monarth et moi-même avant d'être transmis à Zéphyr. Blanc lui venait de Monarth plus que de moi, quant aux autres, ça n'était que des rumeurs entendus...

« Il en existait d'autres, avant le Voile... Cinq, jeunes et inconnus, tous liés. J'en ai personnellement connu deux, et leurs dragonniers respectifs. » Inévitablement, Roxane, et Leirn, me revinrent à l'esprit, et malgré les années de deuil, je ne pouvais oublier complètement. « Ma compagne fut l'un d'eux, liée à une Blanche... Elle a disparut quand nous avons dû fuir la Péninsule, je ne les ai jamais retrouvé, même après des mois d'errances dans ce qui fut l'Empire Nisétien. » Il pouvait, par ces révélations, comprendre la nature et peut-être l'origine de mes rapports avec les dragons, ma connaissance autant que mon intérêt à leur sujet. « Deux autres apparurent après le Voile, il ne devait pas avoir éclos avant ce dernier... Or et Bronze, liés tout deux... »

Je venais probablement d'offrir à cet elfe plus que ces derniers n'en savaient sur les dragons et dragonniers contemporains. Je lui offrais la confirmation de leurs retours, et l'assurance qu'ils n'étaient pas, localement, un phénomène isolé.

« Où ont été vu le Vert et le Bronze, et quand ? » Cela pouvait constituer un prochain voyage, une prochaine quête, Zéphyr ayant désormais les moyens de répondre, même à un dragon le considérant avec hostilité. Ils possédaient la réponse à ce mystère... Et posséder bien d'autres présents indispensable pour notre avenir.
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeSam 12 Mai 2018 - 14:31


Ilweran sursauta, s’accrochant à son comparse alors qu’en même temps que le tien, des souvenirs étrangers traversaient son esprit. Fragmentaires, comme érodés par le voyage pour certains. Plus vivaces, plus récents, pour d’autres. Combien de ces visions lui appartenaient, combien lui avaient été transmises par d’autres ? Tenter d’en tracer les contours semblait la meilleure manière de le deviner.
L’exceptionnel attire l’exceptionnel, car l’exceptionnel se transmet à l’exceptionnel. Si le dragonnier avait tant côtoyé les autres dragons, c’est que, tu le constatais maintenant, toutes ces créatures semblaient partager un lien plus fort que tu ne l’aurais imaginé. Si les sens d’Ilweran étaient alertés de la présence de Zephyr, comment pouvaient bien réagir ceux d’un véritable dragon à l’approche de ses pairs ? À quel point puissante cette attirance pouvait-elle se prouver ? À quel point cette attirance pouvait-elle être conditionnée par des souvenirs transmis aux fils des années de Grand Serpent en Grand Serpent ? Plus tu y pensais, et plus la compagnie de l’un d’entre eux te paraissait rendre les autres terriblement accessibles.

- La date de la dernière rencontre avec le Vert est assez nébuleuse. Elle n’était d’ailleurs pas un événement isolé. Ils sont relativement nombreux, toutes proportions gardées, les elfes des forêts du Nord à témoigner avoir vu un énorme reptile aux écailles Vertes. Aucun ne s’est par contre assez approché pour confirmer qu’il s’agisse d’un Dragon. Tu soupires Je sais par contre que ce sont toutes des histoires d’après le Voile.
À l’opposé j’ai eu la chance de discuter en personne avec une elfe ayant vu de près le Dragon de Bronze. C’est il y a tout justes deux ans, à quelques ennéades près, qu’elle l’a approché. Il se serait envolé vers l’Ouest par la suite.


Tu prends un instant pour réfléchir, essayer d’assembler autant de pièces que possible du puzzle. Et tout te semble presque impossible. Comment ? Comment les dragons pouvaient-ils être à la fois si nombreux et si mystérieux. Comment pouvaient-ils être si nombreux, si grands, et passer si facilement inaperçus ?

- En admettant que le Bronze vu en Anaëh soit le même que celui vu en Ithri’Vaan tu prononces doucement, comme craignant de déchaîner une quelconque colère céleste Noir, Blanc, Bleu, Vert, Rouge, Argent, Bronze et Or nous donneraient huit Dragons sauvages, apparus durant le Voile. En plus des huit sauvages, en imaginant, excuse-moi le propos, que ta compagne soit toujours en vie, il faudrait ajouter cinq dragons, ceux-là liés d’avant le Voile, et en dernier, deux liés d’après le Voile en plus de Zephyr.

Huit Dragons sauvages, Huit Dragons liés. Seize créatures de légendes, dont trois Blancs. Tout n’en devenait que plus confus. Alors ce n’était pas au cours du Voile, mais avant, que les Dragons avaient refait surface ? Le huitième Cycle n’avait-il finalement pas signé la fin de leur ère ? Efril et Katrian n’étaient-ils pas les derniers ?

- Penses-tu qu’il serait possible que l’Or et le Bronze liés soient les mêmes que ceux apparemment sauvages vus en Ithri’Vaan ? Ou que la Blanc t’ayant confié l’œuf de Zephyr et celui lié à ta compagne ne soit qu’une seule et même créature ? Et les Cinq d’avant le Voile ? Leurs Dragons devenus adultes durant la Longue Nuit pourraient tout aussi bien être le Noir, le Bleu, le Vert, le Rouge et l’Argent que nous « connaissons ».

Ton pouce vient s’appuyer sur ton nez, alors que tu réfléchis à ce que pourraient être les motivations de dragonniers arrivant au point culminant de leur puissance. Tu réfléchis à ce qui pourrait pousser des dragonniers à s’affronter entre eux plutôt que de réfléchir ensemble, comme Arthur et toi le faisiez… tout était tellement plus simple en imaginant qu’il s’agissait de dragons sauvages.

- Les Cinq dragonniers d’avant le Voile… au moins le second que tu as connu personnellement, qu’est-ce que tu sais d’eux ?
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Drystan
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeSam 12 Mai 2018 - 19:46

Il refusait de croire qu'autant de dragons aient pu s'épanouir dans l'indifférence des peuples... Mais était-ce vraiment le cas ? Les révélations de l'apparition d'un Vert et d'un Bronze en Anaëh avait réveillé la même idée qu'il voyait germer dans son esprit. Je n'avais énoncé que ceux que je connaissais et les apparitions de ces créatures qui étaient parvenus à mes oreilles... Mais je n'avais pas manqué de me faire cette même réflexion, à quelques exceptions près.

Je décidais de commencer par balayer ce dont j'étais certain...

« Le Blanc était un individu à part, autrement, je l'aurais reconnu, elle aussi... Pour les autres, rien n'est sûr. Il est effectivement possible que ce soit les mêmes individus, même si je peine à imaginer les dragonniers se battant les uns contre les autres. » Mais c'était déjà arrivé, ou cela aurait pu... Il n'était pas impossible que des dragons plus âgés où cohabitant ensemble n'en viennent à se disputer, indépendamment de l'avis de leurs dragonniers. « Mais les dragons... Il est dure de se figurer ce qu'il peut traverser l'esprit de ces créatures, bien moins d'imaginer que les dragonniers ne puissent les retenir. »

Il n'y avait qu'une manière d'en être convaincu... C'était de les retrouver et de confronter l'hypothèse à la vérité. C'est ce que je ferais un jour où l'autre, je partirais en quête des autres dragons, d'éventuels dragonniers... Ou bien espérais-je que Zéphyr tire de ses aînés des savoirs qu'il aurait dû acquérir d'autres dragons, si il était né sous un Ciel où s'épanouissait d'authentique dragons. Quoiqu'il en soit, j'étais convaincu, à cet instant, que je m'engagerais dans un tel périple, et cette idée eut l'écho favorable d'un Zéphyr décidé à trouver ses congénères.

« Quant aux autres dragonniers... J'en sais bien peu. Je sais que deux au moins étaient humains. Qu'ils se connaissaient, certains pour le meilleur, sinon pour le pire. » Roxane avait parfois évoqué ses compagnons, évidemment, s'entraidant, mais également les actes du Noir, séparés et plus mauvais que les autres. « Qu'ils savaient, j'ignore comment, qu'ils changeraient, sans précisément savoir comment, et vivrais aussi longtemps que leurs dragons. » Roxane avait redouté cela, jusqu'à ce que je la convaincs que c'était sans importance, qu'il fallait profiter de l'instant, des années que nous connaîtrions alors, sans redouter le moment où je vieillirais et m'éteindrais... « Néanmoins, pour ceux que j'ai connu, aucun ne développa, malgré les années, les mêmes marques que celle que j'arbore. » J'avais un début de théorie là-dessus... Reposant sur ces Bois et leurs magies, que n'arpentèrent jamais, à ma connaissance, ni Roxane, ni Astéride, et leurs influences sur notre lien, autant que les souvenirs hérités du Bronze d'Arnhild qui donnèrent à Zéphyr le souvenir des dragonniers d'antan, mais également sur ma décision de ne plus me cacher, quand les autres préservaient aussi longtemps que possible le secret... Peut-être ces facteurs facilitèrent et accélérèrent les inévitables changements. « Et j'ignore ce qu'ils sont devenus... J'aimerais croire qu'ils vivent toujours, que pour une raison ou une autre, ils ont préféré s'effacer complètement... Mais je peine à le croire, ou redoute les changements qui les auraient conduit à renier leurs familles et leurs amis. » Je m'arrêtais quelques instants, écartant cette idée.

« Mais peut-être les dragons n'ont-ils jamais totalement disparus... Quelques individus survivants se seront tenus à l'écart en attendant des temps plus propices... Peut-être le Voile et les phénomènes qui l'accompagnèrent les ont-ils réveillé... Il n'existe qu'une manière de le découvrir. » Il fallait le demander.
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeDim 13 Mai 2018 - 3:24


Qui, quand, comment, et pourquoi. Voilà où vous en étiez.
Qui ? Il pouvait s’agir de n’importe quel nombre entre huit et dix-neuf créatures de légendes, sans oublier les potentiels dragonniers à qui certains d’entre eux seraient liés.
Quand ? Depuis le Voile ou avant ? Combien de temps avant ? Y avait-il seulement eu un temps durant lequel les Dragons s’étaient véritablement éteints ?
Comment ? Par quels moyens les survivants s’il y en avait eu un seul au moins étaient-ils passés outre l’hécatombe du huitième Cycle ? D’où venaient les nouveaux Dragons s’il n’y en avait pas eu de vivant pour les enfanter ? Quel rôle exactement jouait la Longue Nuit dans leur retour ? C’était là le plus grand d’entre tous les mystères.
Pourquoi ? Quels étaient leurs buts aujourd’hui ? En servaient-ils même un, ou n’avaient-ils qu’étés rendus à la nature dont ils furent presque effacé quelques millénaires auparavant dans une tentative des Dieux de lentement rendre à Miradelphia son équilibre originel ?

À limiter à vous deux les recherches, vous ne pourriez jamais que développer des hypothèses toutes plus folles les unes que les autres. Certainement l’une d’entre elles s’avérerait vraie, mais alors comment le prouver sans aller chercher la confirmation à la source. Pendant un instant tu regrettes, tu t’en veux de ne pas avoir posé plus de questions à La Blanche tant que tu en avais eu l’occasion. Peut-être en apprendre plus sur la race d’Ilweran t’aurait conduit sur la bonne voie. Peut-être au fil des réponses aurais-tu fini par t’intéresser aux grands Löce, peut-être Celle-qui-Sait aurait-elle pu te raconter. Seulement si tu restes curieux, en ce jour, apprendre n’est pas ta mission. Pour l’instant tu dois protéger. Lorsque tu en as eu l’occasion, tu as considéré ces interrogations comme malvenues, il était temps d’en assumer les conséquences.

- Il faut réunir les souvenirs des Dragons. Ton front se plisse à l’idée de la tâche que cela représenterait Ou au moins trouver le Grand Bronze, espérer qu’il l’ait fait avant nous et qu’il accepte de partager ce qu’il sait.

Partager des souvenirs, apprendre d’histoires de temps immémoriaux… pendant un instant, ton oreille se perd dans les Chants de la Sylve, réalisant une énième fois, mais l’appréciant plus encore, quelle don précieux était le lien tissé par Kÿria entre ses créatures. Tes pupilles suivent ton oreille, et ton regard à son tour glisse vers l’horizon. Quelques courtes minutes s’écoulèrent avant qu’Ilweran ne quitte le siège creusé sur son cousin pour se glisser vers toi, et reprendre place sur ton épaule, pour entièrement plonger avec toi dans tes rêveries. Il ne résonnait plus dans la forêt alentoure, mais l’aria des brumes était encore dans tes souvenirs.

- Ou à défaut du Grand Bronze, interroger les Premiers Fils et leurs confidents. Elenmàr, le gardien de la sagesse ; Maurquimëlle, celle qui souffle les intuitions ; Liltalaima, celle qui a chanté l’histoire dès les premières heures du monde, ils devaient savoir J’aurais aimé pouvoir te promettre que d’autres elfes en sachent plus, comme j’aurais aimé pouvoir t’accompagner sur les traces des Löce Tu te lèves, le regard en direction de la Cité Blanche, comme si tu pouvais la voir à travers les dizaines de kilomètres de forêt mais pour l’instant j’ai un devoir à honorer. et sa première étape était d’empêcher que la destruction de Yutar ne devienne prétexte à de nouveaux heurts au sein du peuple Sylvain Il faut que je gagne la Cité d’Alëandir tu te retournes vers le duo mais je serais plus qu’heureux de continuer à discuter en chemin pour tout le temps que tu voudras bien m’accorder.
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeJeu 24 Mai 2018 - 4:28

C'est ainsi que prirent corps les premières pierres pavant un sentier incertain de l'avenir, situé par-delà les certitudes. Il n'était encore qu'un possible intangible, entre-aperçu et emmêlé dans une foule d'inconnus le rendant néanmoins plus consistant que tous ceux dont l'existence étaient noyés dans les brumes qui se situaient au-delà des prévisions et projets, échappant aux regards et attentions de l'esprit. En ce jour où il prit naissance dans l'échange des mots et pensées, dans l'évocation des idées et des souvenirs, il sembla pourtant bien réel, imminent, mais il n'en fut rien... Il lui faudrait patienter pour se voir fouler par un premier pas.

Je ne pouvais céder à ses attraits, me précipiter une nouvelle fois et risquer de perdre de vue d'autres opportunités, tout aussi précieuse et importante, plus consistante mais fragile et éphémère. Bien au-delà des dragons revenus des limbes et souvenirs, il y avait la possibilité d'apprendre une nouvelle langue, une nouvelle culture, de nouer des liens, de faire naître et développer les fondations sur lesquels s'appuieraient mes rapports futurs avec un peuple qui partagerait certainement le plus ce que deviendrait ma perception du Temps, voir, du monde.
Mais si je partais à l'aventure, poursuivant une nouvelle fois des chimères à peine plus réelles que les précédentes, si je renonçais aujourd'hui aux possibilités d'instructions permises par la présence de Eärnil et à l'hospitalité de l'érudite Enoriel, se serait certainement perdu à jamais tandis que les dragons persisteraient. Je ne pouvais me permettre de tout miser sur une hypothèse qui pouvait attendre, je ne le voulais pas, je ne le ferais pas.

La fermeté de ma décision parût satisfaire Zéphyr qui, depuis plusieurs ennéades déjà ne supportaient plus la démarche vacillante que pouvait adopter mon esprit et mes pensées devant une décision à prendre, un choix à faire, si bien qu'il accueillait avec plaisir le moindre signe contraire. Il était un être qui ne se sentait soumis par aucune véritable contrainte extérieure... Le monde pouvait se mouvoir en un sens, si il décidait d'aller à l'inverse, il irait, et le monde ne pourrait que l'accepter. Notre relation et ma prudence bien souvent excessive ne l'avait jamais amené à la moindre remise en question... Je l'avais ralenti, retardé, tout au plus légèrement dévié son cap, mais là s'arrêtait mon influence.
Bien plus que mes traits, c'était là-dessus que s’exerçait le plus le travail de sape de son influence sur moi, et si je n'avais entrevue jusqu'à lors qu'une forme de capitulation lente visant à me conformer à lui comme manière d'appréhender notre relation, le vol m'en avait révélé une autre... La complémentarité plutôt que l'assimilation...
Cette idée n'était qu'un point de départ d'une réflexion à venir... Que devrais-je préserver ? Que devrais-je adapter ? Que devrais-je sacrifier ?

« Il nous reste de nombreuses choses à apprendre et à explorer avant de nous lancer dans une telle quête, des opportunités actuelles à ne pas céder contre de la précipitation. » Je dis cela avec le sourire, et le grand dragon émit un roucoulement léger et approbateur. « Nous allons vous accompagner, nous en venions nous-même. »

Même si d'ordinaire, il n'aurait pas désiré et apprécié le faire, Zéphyr décida de marcher, pour commencer, et c'est ensemble que nous rejoignîmes les deux compagnons et nous nous mîmes tous les quatre en route vers la Cité Blanche.

« Que sont les Premiers Fils dont tu as parlé, et penses-tu qu'ils accorderont de l'attention à un humain ? » Même si je ne l'étais plus tout à fait, il restait possible qu'on perçoive en moi un humain particulièrement menaçant, une abomination corrompant un grand dragon... Néanmoins, je décidais de m'écarter de ce sujet, et des dragons, pour revenir à ce que j'avais perdu de vue mais m'intéressait tout autant... L'elfe lui-même.

« J'ignore si c'est bien correct de le demander, tu m'excuseras... » Je le jugeais dans le cas contraire suffisamment sage pour ne pas se froisser de la maladresse d'un humain qui témoignait un intérêt sincère. « Mais tu as dit tout à l'heure que j'avais au moins à moitié tort de te penser étranger aux Cités... Que voulais-tu dire par là ? On m'a expliqué dans les grandes lignes les deux facettes de la société des elfes, Clans et Cités, mais je n'ai pas encore eu le loisir d'explorer davantage ces questions. Je crois comprendre que tu es issue des deux, peut-être élevé dans les Cités avant de t'en détourner... Mais dans le fond, j'ignore si ce sont deux mondes qui communiquent et échangent, entre lesquels peuvent se dresser des ponts, à l'occasion, ou bien si ils évoluent à part, l'un de l'autre, ne s'entrechoquant de temps en temps. »

C'était une piètre façon de présenter les choses, probablement... Mais pour saisir cette distinction, j'avais puisé dans ce que je savais exister ailleurs... Royaume de Diantra et Wandres, Principauté de Thaar et Zurthan...
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeSam 26 Mai 2018 - 21:10


Tu marchais d’un pas mesuré, Ilweran voletant autour de toi, Arthur et Zephyr dans votre sillage, le dernier visiblement frustré de ne pas pouvoir prendre son envol comme se le permettait son petit cousin. Le sous-bois de cette partie d’Anaëh, et les omniprésentes racines et branches basses qui y couraient n’était en plus pas le plus agréables des terrains pour qui n’y était pas habitué, alors un originaire de Péninsule, et un dragon de l’espèce nourrissant la plus grande affection pour le ciel…
Au moins l’inconfort n’empêcherait pas ses questions d’aller bon train.

- Les Ëalas majeurs, les premiers et les plus puissants esprits de la forêt. Tu te retournes vers Arthur La question est plus de savoir si tu te rendras compte qu’ils t’ont accordé leur attention.

Pour des raisons que ta nature t’empêchait de comprendre, il ne développa pas plus sur le sujet. C’est à ta grande surprise vers toi finalement que se recentra la conversation.

- Il y a autant de ponts que de murs entre les Cités et les Noss. Ils font semblant de s’ignorer, même de se détester parfois, mais en réalité, il y a plus d’échanges entre les deux côtés qu’ils ne veulent bien se l’avouer. C’est ce qui arrive quand les premiers appellent les seconds archaïques, et que les seconds appellent les premiers blasphèmes. Tu ris doucement Mais si tu veux tout savoir, ma mère fait partie de ceux qui empruntaient les ponts, et c’est comme ça qu’elle a rencontré mon père, sauf qu’une fois enceinte elle s’est retrouvée derrière un mur. J’avais déjà un siècle bien sonné quand mon père a appris qu’il avait un fils. Tu souris Mais j’ai eu de la chance, parce que même un seul à la fois, j’ai malgré tout eu l’entier amour de mes deux parents. Tu soupires Avec le Ornedhels d’en dehors du clan, et avec mes camarades Citadins d’Alëandir par contre… les choses ont été plus compliquées. J’en suis quand même arrivé à fuir à travers l’Aduram jusqu’à Thaar !
Mais qu’est-ce que tu veux, il arrive ce qu’il doit arriver. Pour tout ce que j’ai pu passer comme moments désagréables, je ne regrette pas un seul pas de mon chemin. J’aurais été un vieil elfe bien vide sans tout ça.


Tu n’aurais pas pu entièrement t’explorer si tu n’avais pas été travaillé par ton expérience des terres mortelles et de l’Aduram. Tu n’aurais jamais pu aussi bien te comprendre toi, ni aussi bien comprendre ta propre race, si tu n’avais pas eu l’occasion d’observer les Drows en dehors des bataillons. Ce que tu étais né pour apporter à l’Anaëh, tu n’aurais pas pu l’apporter sans quitter l’Anaëh, mais ça, ça ne concernait que toi.

- Mais ne va pas croire que je considère qu’il faille qu’un elfe quitte Anaëh pour être complet. Pour la majorité d’entre nous ça n’apporterait rien de bon. J’ai eu la chance d’avoir La Mère avec moi durant mes voyages, d’autres regretteraient bien vite d’avoir ne serait-ce que pensé quitter la forêt !

Quelques instants passent dans le silence, alors que tu veillais sur le duo étranger pendant qu’ils creusaient leur chemin à travers une partie un peu plus enchevêtrée du sous-bois. Ce n’est qu’après qu’ils soient sortis que tu reprends, sautant avec une surprenante légèreté de ton perchoir d’observation.

- J’imagine que tu as déjà croisé pas mal de Citadins. Les elfes des clans sont un peuple un peu plus hétérogène, mais ce serait certainement intéressant pour toi de pouvoir en côtoyer, même juste pour te faire une petite idée de cette part de notre culture.
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeDim 27 Mai 2018 - 9:47

Savoir si je me rendais compte que des esprits de ces bois m'avaient accordé leurs attentions...

Oh, je pouvais décemment imaginer n'avoir pas la culture ou l'esprit pour nécessairement appréhender la sagesse d'un esprit des bois... Néanmoins, j'étais porté à croire ces Premiers Eäla capable de s'adapter dans la mesure du possible à leur auditoire, afin que leurs messages ne se perdent pas dans le vide d'une oreille sourde.
Je plaçais donc ma foi là-dessus, si d'aventure, je devais m'adresser à eux, autant que sur les perceptions dont me faisait profiter Zéphyr et Monarth, dans une moindre mesure. C'était pour le dragon que je me rapprocherais de ces esprits hors du temps, pour qu'il bénéficie de l'héritage que la relative disparition des dragons lui avait retiré, bien davantage que pour en faire bénéficier les autres peuples.

Mais je ne développais momentanément pas pour m'instruire sur nos compagnons, sur leurs origines, et par ce biais, sur les Clans et les Cités. Et j'en appris un peu sur ce dernier sujet, beaucoup sur le premier, et ce que j'entendais ne fit que renforcer la sympathie et l'écho que je percevais de cet elfe. Sans pousser la comparaison trop en avant, nous étions issue du même moule, et j'aurais pu aisément appliqué ses mots sur ma propre existence, dans les grandes lignes, et même lorsqu'il se défendait d'insinuer une chose, se défendant d'une pensée qui ne me traversa pas l'esprit, cela acheva de me convaincre que lui et moi étions, bien qu'issue de deux Mères, des fruits que nos voies avaient façonné à l'identique.

Je ne répondis rien sur l'instant, occupé à m'ouvrir un chemin et à favoriser, par moment, le passage d'un dragon qui se mettait à regretter sa décision... Il ne pouvait soumettre ce monde végétal pour qu'il se plie et favorise son chemin, comme il le faisait avec les vents et le Ciel.

Tu veux que nous demandions à repérer une clairière d'où tu pourras décoller.

Je me moquais de son inconfort, tout en cherchant à le réconforter, sérieux dans ma demande, mais le taquinant malgré tout. Pour réponse, il profita d'un passage délicat et d'un équilibre momentanément précaire pour jouer avec le vent et me donner la pichenette suffisante pour me faire trébucher et tomber.

Peut-être aurais-tu besoin toi aussi de voler, si tu ne sais plus te tenir sur le sol.

C'était de bonne guerre. Mesquin, mais de bonne guerre. Et je me mis à rire les quelques instants qui suivirent mon retour sur mes pieds.

Ou bien nous pouvons nous soutenir pour surmonter cette épreuve !

Il ne me contredit pas, mais je savais qu'à la moindre éclaircie dans les branchages, il cesserait de donner l'occasion à la Terre de le mettre en mauvaise posture. Mais jusqu'à cette dernière, il lui fallait faire des efforts que je soutenais et simplifiais autant que possible.
Quand nous sortimes enfin d'un passage particulièrement relevé, nous fûmes accueillit par un Loethwil bondissant des arbres avec l'aisance de celui qui fait cela depuis des siècles. Et il reprit où il s'était arrêté, mais ce qu'il me dit, d'emblée, me laissa particulièrement sceptique... Non que je ne sois pas, personnellement, intéressé, mais je doutais de l'accueil qu'on pouvait me réserver.

« L'érudite qui m'offre son hospitalité... ou plutôt, celle qui vint m'accueillir en son nom à la lisière m'a également suggéré de m'y intéressé, ne serait-ce que sur le sujet qui m'a amené ici. J'y viendrai certainement, si c'est possible. » Cela paraissait un grand si, mais ma méconnaissance pouvait jouer dans son importance. « Ces Clans, à supposer que l'on respecte les manières et la forme, accepteraient-ils ma présence, même temporaire ? » Et un autre sujet revint, même si il n'y avait pas réellement de lien entre les deux, de telles considérations, même dans un esprit ouvert, demeuraient délicates et difficiles à appréhender. Je comprenais l'importance et la réalité de ces esprits des bois, je ne contestais pas leur existence, mais les imaginais comme des entités « localisées », veillant ou reposant dans quelques sanctuaires disséminés dans les Bois, vénérés et protégés par les Clans, au contraire des dieux omniprésents. « Est-il des lieux plus propice pour se rapprocher des Premiers Fils ? » A cet instant, ces deux sujets étaient donc liés, dans mon esprit... Il devait exister des sanctuaires dans les Bois, préservés et protégés, et pour lesquels il me fallait d'abord être accepté par les Clans avant de pouvoir imaginer en approcher. Je ne tenais pas à pénétrer dans un sanctuaire sacré sans y avoir été convié et m'épargner d'être perçu comme un profanateur et une nuisance... Je souhaitais établir des relations pour l'avenir, après tout.

« Oh, et autre chose... Si cela peut te rassurer, je ne te prête aucune pensée vis à vis des tiens. Nous ne sommes pas si différent, toi et moi. Je sais d'où je viens, ce que j'ai traversé... Cette existence, je ne l'ai pas désiré, pas imaginé, dans ma jeunesse, elle m'a donné plus d'une fois toutes les raisons de renoncer, et j'en dois autant à la chance, à la Déesse Mère qu'à ma propre volonté pour ce qui concerne ma survie, mais elle me donne aujourd'hui assez de satisfaction pour ne pas la regretter. »

« Mais la plupart des hommes vivent et s'épanouissent fort bien toutes leurs vies sans avoir à voyager. Peut-être aurais-je été l'un d'eux si certains événements n'avaient pas fracassé les fondations sur lesquelles je me reposais et jeté dans un monde étranger... Aujourd'hui, je ne m'imagine plus me fixer en un lieu, m'attacher à une vision. Mes voyages m'ont montré combien le monde est vaste, et les individus qui l'habitent nombreux et riches à leurs manières, c'est une chose pour laquelle Zéphyr n'a pas eu trop à insister pour me convaincre. »
Je terminais sur un sourire, avant de conclure. « Alors je comprends ton regard, comme je sais qu'il n'est pas fait pour tous. »
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeMar 5 Juin 2018 - 22:11


Etablir des liens déjà avec les Citadins déjà n’avait pas dû être bien évident. Lorsqu’il s’agit d’interagir avec les autres races, les elfes et leur culture du savoir deviennent soudainement un peuple incroyablement secret, ça il avait certainement eu l’occasion de le constater, alors imaginer que la part la plus proche de ses racines du peuple Sylvain veuille bien ne serait-ce que poser l’œil sur lui… la question était légitime.

- Tout dépend du clan. Certains te tueraient à vue, Dragon ou pas. D’autres au contraire sont même plus accueillants envers les visiteurs que les Taledhels. Tu souris, te voulant rassurant Ne t’inquiète pas. Les clans d’Alëandir sont loin d’être les plus belliqueux. Tu risques plutôt t’attiser les curiosités ; surtout que certains d’entre eux ont récemment eu l’occasion de voir passer le Bronze.

Tu reprends le pas, plus lentement cette fois, jetant de temps en temps un coup d’œil vers le ciel à la recherche d’un trou de lumière où pourrait s’engouffrer le Blanc. Sans même considérer l’innocente provocation  d’Ilweran, qui dans sa partielle incompréhension des lois les plus élémentaires de la physique se demandait pourquoi Zephyr ne le suivait pas à mi-hauteur, garder le sol était visiblement une véritable torture pour le Chromatique. Pour autant tu ne perdais pas le train de la discussion, restant plus qu’à disposition pour répondre aux questionnements de ton invité.

- Tout dépend de si tu cherches à te rapprocher de ceux qui sont véritablement les Premiers Fils, ou de n’importe quel jeune esprit partageant leur essence. Tu t’arrêtais encore une fois, laissant tes bras et des doigts aller aux signes qui imageraient ton explication Les sept premiers, et plus puissants esprits d’Anaëh

D’eau se dessinait Mëlien l’Inconstante, en permanente métamorphose de son état de grenouille à celui de monstre aquatique, en passant par celui de simple courant informe


Du feu naissait le cerf au crâne nu, dont l’apparence était aussi intimidante que son nom, Carpaceleva

De roches grossièrement assemblées était taillé Türmambal, le gardien et premier Golem

Silhouette aussi légère que la vapeur qui la faisait, Hwestalindë était à peine visible entre les portraits de ses plus imposants congénères

Dans l’éclosion d’une fleur de roche se dévoilait l’ensorcelante figure de Liltalaima, malheureusement privée de la voix qui faisait tout son être

Entre miroirs de glace et eaux pures, les contours opaques comme ceux d’un songe,  se dévoilait ensuite celle de Maurquimellë

Et dernier et plus grand d’entre eux, de terre et de roche en permanente métamorphose, se soulevait le Dragon protéiforme, celui grâce à qui tu étais aujourd’hui capable de ces exploits de manipulation de l’éther, Elenmàr



Ceux-là sont part-même des forces qui régissent Anaëh. À la fois partout et seulement là où ils ont décidé de se montrer. Les autres par contre sont autant de cas particuliers qu’il y a de grains de sable sur les plages de Malereg. Certains sont attachés à des lieux, d’autres totalement libres, certains sont des Gardiens, d’autres des instructeurs, d’autres encore sont nourriciers… ton regard se perd dans le vide un court instant les Ëalas liés aux lieux sont par contre souvent jalousement défendus par les clans du territoire, du coup espérer les approcher peut être presque aussi vain qu’essayer de croiser l’un des esprits errants.

Plus tu en parles, et plus tu te passionnes de tes propres mots et de ton propre foyer. La Symphonie, les Ëalas, la puissance de la trame… tout était tellement plus intense en Anaëh que sous le presque silence des Terres Mortelles. Pourtant tu ne pouvais que laisser ta pensée résonner avec celle du dragonnier. Pourquoi être parti vers les contrées silencieuses ? Et bien tu ne l’avais pas choisi. Tu ne l’avais pas désiré. Il avait fallu que tu le fasses, voilà tout, et tu ne le regretterais jamais. Bientôt tu repartiras, bientôt tu longeras à nouveau les frontières à la limite des Chants, et cette fois non pas guidé par tes instincts, mais par I Emël elle-même.

- En cette période de l’année, les membres de mon clan de naissance ne devraient pas être bien loin. Avec un peu de chance nous devrions les croiser d’ici quelques lieues. Tu lèves les sourcils, prenant mine taquine Et je te le répète, ne t’inquiète pas. Le pire qu’il puisse t’arriver, c’est que tu te retrouves enfermé le temps que Nòruinir te tire le portrait. Tu finis par rire Ses peintures et ses sculptures sont très belles, mais disons que pour en produire d’aussi bonne qualité, il prend le temps de s’appliquer.
Et alors que ton pas reprenais un peu d'entrain, les statues animées nées de ta magie te suivirent, aussi longtemps que leur autorisèrent leur masse dégénérescente, jusqu'à ce que le convoi ne soit à nouveau plus que quatre êtres bien vivants.
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeMer 6 Juin 2018 - 23:10

Une nouvelle fois, il souligna ses mots avec l’Art, une nouvelle fois, j’en ressentis davantage que par mes propres sens, l’intérêt d’un dragon pour ces manifestations agitant sa perception de la trame, comme dirait les mages, s’écoulant doucement le long du lien.
L’admiration se disputait à l’envie... L’Art était une discipline et une part qui avait toujours suscité un intérêt, mais trop peu répandu et accessible qu’il m’était demeuré interdit en Péninsule, à supposer que j’ai pu posséder quelques significatives prédisposition en la matière, et cet enseignement m’échappa lorsque j’en eu finalement les moyens avant qu’il n’ait donné des résultats concrets. 
Mon séjour durerait, j’en étais de plus en plus convaincu depuis que j’avais rencontré cet elfe… Ma quête du savoir et de l’héritage des dragons l’exigeait, autant que ma curiosité et mon attrait pour ce monde si différent de ce d’au-delà des lisières.
Et bientôt, j’espérais jouir de cette stabilité autant que de ce lieu, de la sagesse et de l’expérience pour poursuivre ce qui avait été initié des années plus tôt. 

En attendant, il énonça, les uns après les autres ces « Premiers Fils », autant que la nature plus précise des Eälas… Esprits des bois, errants ou attachés en un lieu, essences primordiales ou issue de ces dernières aux rôles variés, mais plus que cela, c’est l’attachement et la passion qu’il éprouvait à l’endroit de ces bois qu’il communiqua, conscient ou non, et c’est cela qui trouva racine dans mon esprit… des noms, de vagues et poétiques présentations ne sont que peu de choses, mais il y avait bien davantage au-delà.
Et là encore, l’intérêt se disputait à l’envie… Mais nulle jalousie, car si la magie était une chose que j’étais convaincu de pouvoir toucher par moi-même, il y avait là un autre domaine que je ne pourrais qu’effleurer, des richesses que je ne pourrais qu'entrevoir à travers les perceptions de mes compagnons, qu’il était vain de désirer pour moi-même. L'Anaëh m'intriguait, m'attirait bien qu'elle me serait toujours pour partie interdite... L'air y était empli de magie et d'émotions flottantes, des esprits et des mystères d'un autre âge s'égayaient dans ces étendues boisées, en comparaison, le royaume des hommes m'apparut pauvre et terne, peut-être parce que ses habitants s'étaient employés à les chasser, peut-être parce que chaque pas auprès du dragon m'emmenait davantage dans ces contrées, m'éloignait de mes origines.

«Je n'ai pas la prétention d'avoir une préférence, seulement l'espoir d'obtenir une réponse. » Commençais-je à répondre quant à ce que j'espérais des Eäla. « Nous rêvons... Et dans ces songes, nous apprenons. » Si je ne faisais pas erreur sur ce que je saisissais de la Symphonie, un elfe sensible à cette dernière pourrait saisir ce que je disais. « C'est un héritage fragmenté, des instants prélevés dans les mémoires de nombreux dragons qui connurent et s'épanouirent dans le ciel d'un empire florissant... Et je crois qu'il en a tiré certains enseignements, sur lui-même... sur nous. » Je devais mes premières écailles à des souvenirs d'un Rouge se tenant face à un souverain, sa dragonnière aux magnifiques écailles dessinant des motifs aux nombreuses nuances écarlates à ses côtés. « Si il y a une chance que certains de ces esprits possèdent quelques fragments qui lui profiterait, il serait idiot de ne pas essayer de les obtenir. »

Tandis que nous continuons de progresser, Zéphyr cessa de suivre nos pas et s'en écarta, résolu.

Que t'arrive t-il ?

Le Ciel... Pas loin.


C'était une conviction étrangère, qui sembla faire écho à son désir de plus en plus grand de s'épanouir à nouveau, et la lassitude qui le gagnait de progresser avec tant de peine. Il semblait savoir – ou en était convaincu – qu'il trouverait ce qu'il désirait, aussi le laissais-je faire, expliquant en quelque mot la situation tout en continuant la marche.

« J'accepte ton invitation à rendre visite à ton clan. » J'avais pris le temps d'y réfléchir, mes pensées dissipées, déchirées entre les multiples sujets qui s'offraient à elles, mais c'était une opportunité que je me devais de saisir, de découvrir l'une des représentations de l'autre facette du peuple d'Anaëh. « Zéphyr nous rejoindra le moment voulu, cette longue marche et la contrariété lui ont ouvert l'appétit. » Une onde de satisfaction accompagnée d'un désir propre aux prédateurs avaient parcouru le lien étiré, et j'avais compris qu'il avait regagné le Ciel.
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeVen 8 Juin 2018 - 22:18


- J’espère que l’appétit n’entamera pas trop sa patience.

Juché sur le dos de son grand cousin à défaut de pouvoir le suivre à la force de ses propres ailes, Ilweran comptait bien profiter de l’expérience de la chasse comme la vivait le Blanc. Quand après tout, aurait-il l’occasion de vivre chose pareille une seconde fois ?
Pour Arthur et toi cependant, le chemin continuerait, quelque part entre le sol, les amas de branches basses et les immenses racines en contrefort de l’épaisse forêt Lëandrine. Au fur et à mesure de votre marche, loin de vos compagnons, chacun l’esprit moitié penché vers eux, moitié suivant la course du Soleil, les échanges étaient passés de longues phrases à mots à la volée, puis à de courtes interjections, et finalement à de simples regards. Le menton levé pour indiquer un nœud traître dans l’écorce. Les yeux se dirigeant vers un chemin alternatif, plus facile. Les sourcils s’inquiétant de ce qu’il restait d’endurance à ton camarade, et les paupières de s’il était prêt à risquer un saut pour gagner du temps.

Arthur n’était pas un natif de la forêt, mais il y était définitivement plus adroit que le dernier étranger que tu ais accompagné. Ou alors n’étais-ce que le résultat climat de confiance plus aisé. Là où la fierté d’Hecil et ta méfiance s’entrechoquaient, Arthur accueillait volontiers ta main lorsque tu la lui tendais et te croyait sur parole lorsque tu te plaçais en sécurité devant le risque.

- On devrait rester là pour la nuit. Tu lances au dragonnier dans ton dos, jaugeant de l’endroit Il y a peu de chance qu’on trouve mieux avant que le soleil ne soit complètement couché.

D’épaisses branches se penchant au-dessus d’un profond plan d’eau, certainement relié à l’Elorëa proche durant les périodes les plus pluvieuses. Un endroit relativement sûr pour passer la nuit, de l’eau si vous aviez soif, plus de fruits qu’il n’en était nécessaire pour pallier à la faim, et potentiellement un point de chasse intéressant si l’envie de viande vous prenait. L’aire de repos idéale.

- Je m’occupe de préparer de quoi dormir. De ton côté, essaie de rassembler autant de feuilles que possible. Tu te retournes vers le presque-homme Privilégie d’abord les plus grandes et les fraîchement tombées. Qu’elles ne finissent pas de se décomposer pendant notre sommeil.

Entre chien et loup, à quelques dizaines de minutes de la tombée de la nuit, tu serrais le dernier nœud. Arrangés à partir de racines aériennes et de lianes, tu venais d’arranger à même les branches, et à peine un peu plus d’un mètre au-dessus de la surface de l’eau les filets qui vous serviraient de hamacs pour la nuit. Les feuilles rassemblées par le chevalier-dragon pendant ce temps feraient office de matelas de fortune pour ce qui représentait une couche plus confortable que ce dont se contentaient beaucoup de tes congénères Ornedhels. Les nomades en particulier.
Tu souris devant la tâche accomplie, puis lève les yeux vers le ciel, pour y trouver de quoi appuyer ton contentement. Ce soir les deux Lunes étaient pleines. La canopée clairsemée autour de l’étang vous permettrait de profiter d’assez de lumière pour que vous n’ayez pas besoin d’allumer un feu. Maintenant il ne restait plus qu’à aller se reposer en attente du jour qui vous ferait retrouver les traces de la Lin’Serindë… mais entre le miasme accumulé à arpenter l’Anaëh et l’appel des profondeurs, tes idées étaient ailleurs.

- Je suis juste à côté, tu préviens ton invité, comme pour le rassurer je vais prendre un bain.

Il ne fallut pas plus de quelques instants par la suite pour que tu ne te sois libéré de ton exosquelette végétal, et que depuis les branchages qui tenaient vos couches de fortunes, tu ne plonges tête la première. D’abord l’étang te donna l’occasion de te laver, ensuite tu t’autorisas à t’exercer, épuisant à la nage ce qu’il te restait de forces après une journée de chasse et de marche, et ce n’est que durant la dernière dizaine de minutes que tu pris le temps, accroupi dans l’eau jusqu’aux épaules, de te laisser bercer.

Sous couvert de te détendre, tu ne seras malgré tout pas revenu les mains vides de ton escapade. Encore trempé, mais en bon elfe que tu étais, sans céder un seul frisson à la fraîcheur du soir, tu invitais avec enthousiasme ton protégé à poser le regard sur un gros crustacé bleuâtre, se débattant vainement pour échapper à ta poigne.

- Si ton estomac te le permet, la squille songeuse est l’une des chair les plus goûtues d’Anaëh.

En ce qui te concerne, ce n’était pas plus un petit creux qu’une faim véritable. Arthur lui, n’avait pour ce que tu en savais, rien avalé de la journée… alors tomber sur l’une des meilleurs chairs qu’offre l’Œuvre entre deux brasses…

Si ton invité n’avait pas faim, au moins aurais-tu tout loisir de rendre la liberté à ta proie.
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeDim 17 Juin 2018 - 10:53

« Aucune inquiétude à se faire, du moment qu'il est capable de s'accrocher. »

Je souris, mais je savais que même dans le cas contraire, il ne craindrait rien... Zéphyr ne permettrait pas qu'il arrive quoique ce soit à cet inattendu petit dragon. Je me recentrais sur moi-même et sur mes propres déambulations, m'efforçant de suivre l'elfe. Parcourir ces bois n'avait rien à voir avec ce qu'on pouvait trouver ailleurs. Hors des quelques sentiers et routes façonnées par le passage réguliers des voyageurs, la forêt offrait des obstacles et des pièges. Notre discussion se dissipa à mesure que la marche exigea de nous l'attention et la prudence nécessaire pour progresser.
Je me reposais sur mon compagnon, sur sa connaissance et sa maîtrise, du terrain et cela semblait lui faciliter grandement la tâche pour me conduire. En d'autres circonstances, peut-être me serais-je montré méfiant, mais si il était une chose que mes compagnons à écailles m'apprirent, c'est à me reposer sur eux là où mes capacités et mes connaissances trouvaient leurs limites, et moins je leur opposais une résistance orgueilleuse, plus nous nous étions montré efficace. C'était exactement ce qu'il se passait. Je me fiais à lui, ne discutais plus, et débarrasser de la nécessité d'expliquer, quelques mots, principalement des gestes devinrent suffisant pour lui.

Finalement, nous nous arrêtâmes pour laisser passer la nuit, chacun à son rôle dans la préparation du bivouac. C'est ainsi que je me retrouvais pour la première fois véritablement seul dans les contrées sauvages d'Anaëh, tout en sachant qu'il ne me fallait pas trop traîner avant que la nuit ne tombe. Je m'acquittais de ma part avec soin, mais m'accordais quelques instants à contempler les alentours, ou à fermer les yeux, m'imprégnant du lieu, conscient de ce que je percevais, imaginant tout ce qui ne m'était pas accessible.
Quand le camp de fortune fut prêt, mon compagnon décida d'aller se baigner dans un point d'eau, non loin de là. Je le laissais aller, tandis que je profitais de se répit autant que de la lumière offerte par les deux lunes pour me laisser aller à l'écriture de tout ce qui avait été dit plus tôt, non sans m'être d'abord séparé d'une partie de ma tenue, que je laissais pendre à une branche, à proximité. La fraîcheur de la soirée ne m'affectait pas davantage que mon compagnon, elle était peu de choses comparé à ce qu'on trouvait plus haut. Je fermais les yeux, et à travers notre lien étiré, je laissais aller la pensée d'une bonne nuit de sommeil. Et avant de me consacrer à l'écriture, je cueillis quelques fruits que j'avais reconnu ou déjà goûté depuis le début de mon séjour.
Et c'est en les appréciant que je reportais la discussion que nous avions tenu plus tôt, que je décrivais aussi fidèlement que possible le petit dragon, l'impression qu'il nous fit. Je renforçais ma conviction de me préparer au mieux avant d'envisager de partir à la recherche des dragons errants, particulièrement le Bronze. Improvisation et précipitation serait contre-productive... Je devais tirer profit de ce séjour tant que je le pouvais.

Quand l'elfe revint avec une prise, j'avais déjà prélevé mon comptant en fruits, de plus, j'ignorais comment mon organisme accueillerait un nouvel aliment aussi exotique. Si nous devions encore marcher et crapahuter à travers les bois, je ne voulais pas le faire avec un ventre me tourmentant à chaque instant.

« Je passe mon tour, ces arbres m'ont déjà offert tout ce dont j'avais besoin. »

Il ne sembla pas prendre ombrage de mon refus, et je crois – ce qui n'est pas difficile à imaginer – qu'il prit un certain plaisir à relâcher sa prise. Ici, on ne prélevait que ce qui était nécessaire... Et cette vie suspendue à ma décision, je n'avais pas besoin de la prendre, quand bien même elle aurait probablement été un plaisir à apprécier. Par certains aspects, je m'étais imprégné de certaines conceptions comme une évidence...

« Combien de temps crois-tu qu'il nous faudra pour rejoindre ton clan, demain ? »

*
*   *

Quelque part, plus loin, deux dragons se reposaient...

Plus tôt, ils avaient volé ensemble, dans les vastes étendues au-delà de l'océan verdoyant. Le Blanc porta Ilweran toujours plus haut, si bien que tout ce qui se trouvait en dessous se confondait, les détails se dissipèrent. Les vents étaient ici particulièrement puissants, mais pas un ne vint les troubler, tous se soumettaient le plus naturellement.
Que percevait exactement Ilweran, sensible, de l'autorité permanente que le Blanc exerçait sur son domaine, difficile à dire. Après un moment à profiter de ces courants, ils redescendirent dans un ciel plus calme, et le Blanc proposa à son compagnon de s'y épanouir quelques instants de lui-même, il lui conféra la confiance et l'assurance qui manquèrent, et les vents se détournèrent et s'affaissèrent quelques instants pour soutenir le vol du petit dragon.

La frustration d'avoir si longtemps été contraint à la terre dissipée, ils se mirent en chasse. Un cour d'eau, une clairière, c'était ce que le Blanc cherchait, et il y trouva les proies venues s'y abreuvées. L'expérience de la chasse, dans ces bois qui servaient aisément d'abri à son dû avait façonné son approche, et c'est tout naturellement, instinctivement, qu'il se mit à tirer parti de son pouvoir. Fondant sur une proie potentielle, son cri fut affûté par l'Art, devenant comparable et aussi précis qu'une flèche, frappant et déstabilisant lourdement sa cible comme un poing, dans un craquement comparable au tonnerre, laissant le temps au Blanc d'achever sa soudaine descente et d'enfoncer ses griffes pour s'en saisir, de porter le coup de grâce en rompant la gorge. D'un nouveau cri, il dissuada toutes tentatives des créatures alentours. Et c'est ainsi qu'il put entamer son repas, proposant à Ilweran de prélever sa part.
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Lœthwil
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeJeu 5 Juil 2018 - 14:39


Que faire sinon dormir, maintenant que l’en-cas nocturne n’était plus une option ? Quittant un heureuse entrevue avec ton élément favori qui t’avait laissé déjà nu, tu n’avais plus aucune excuse, si ce n’était la moiteur que la magie chasserait aisément, pour te creuser un nid dans les feuilles de ton lit. L’esprit d’Arthur lui-même était déjà au lendemain, et pour tout humain et pressé que puisse être son Souffle, tu ne pouvais que lui reconnaître justes préoccupations.

- Avec un peu de chance, il devrait suffire de quelques heures avant de rencontrer quelqu’un.

Sur ces mots tu trouvais ta couche et t’y glissais, et jetait un dernier regard au dragonnier avant de rajouter.

- Départ quand les ombres des troncs toucheront l’étang. Partir trop tôt risquerait de déranger les chasses. Et de faire de vous des cibles faciles pour des apprentis chasseurs trop sur les nerfs pour faire la distinction entre votre silhouette et celle d’un kerkand Repose-toi bien.

Tes yeux se fermèrent tôt, mais ton esprit mit du temps à s’éteindre, car celui de ton partenaire était encore secoué d’excitation. Ilweran était heureux en compagnie de Zephyr. Heureux d’avoir pu voler plus haut qu’il n’aurait jamais l’occasion de le faire seul. Heureux d’avoir pu chasser en compagnie d’un être qui lui fut à ce point semblable. Heureux d’avoir pu partager un lien si fort avec une créature autre que toi. Heureux de comprendre et d’être compris. Heureux d’apprendre auprès d’un ami.


~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~


Huitième jour de la sixième ennéade de Verimios
Dixième année du Onzième Cycle



Les rayons du soleil haussaient lentement, et les ombres portée par les troncs de la ripisylve glissaient dangereusement près de votre point d’accord. Tu te préparais à partir, défaisant méthodiquement ton tressage pour ne pas abîmer les plantes qui le composaient, et anticipant la remise des feuilles dans lesquelles vous aviez dormi à la litière, en remerciement aux arbres et aux lianes dont vous aviez profité des fruits, des tiges et des branches.

La marche reprendrait finalement dans une presque monotonie, l’aide que tu apportais à Arthur pour passer outre les plus difficiles obstacles déjà devenue quasi rituelle, et son pas s’étant considérablement assuré lors des traversées les plus triviales. Maintenant que le chevalier n’en était plus à regarder ses pieds, tu pouvais te permettre de lui décrire les essences sur lesquelles il posait les yeux, de lui conter l’histoire derrière les chants d’oiseau et cris d’animaux qui rythmaient le voyage, ou les origines des quelques reliques de présence Noss que vous croisiez. Par ici la forme des branches laissait penser qu’elles étaient souvent ramenées ensemble, à la manière dont tu l’avais fait pour vous permettre de dormir. Par-là la glaise était légèrement tassée, force d’être martelée par les chasseurs faisant leur premier saut pour atteindre ce que l’on pourrait presque appeler une sente de canopée.

Le dernier des cris qu’il t’avait fallu identifier était par contre bien particulier. Plaintif. Strident même. Oscillant entre des graves nasillards et des aigus perçants, dans une mélodie plus complexe que tout ce que vous aviez pu rencontrer jusque-là.

- Nous y sommes. J’entends la viole de Vëolinda.

Tu accélères le pas en direction de la source sonore, invitant Arthur à en faire de même, l’excitation te redessinant le visage alors que tu te plongeais dans la musique.

- Il s’est découvert musicien émérite pendant le Voile. Retrouver l’Ouïe lui a inspiré un nombre impressionnant de mélodies. Tu te retournes avec fierté en direction de votre but Je doute qu’il y ait plus proche moyen pour un Sourd de s’approcher de la Symphonie que le jeu de Vëolinda.

Alors profites-en, dragonnier. Là est ta chance.
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Drystan
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MessageSujet: Re: De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin   De passage chez les elfes... A la croisée des Liens, où le Ciel s'ouvre enfin I_icon_minitimeDim 22 Juil 2018 - 19:46

Et le dragonnier en profita, comme un seigneur profite de la présence d’un barde de renom à sa cour, sans ce soupçon de fierté et d’orgueil qu’une telle compagnie suscite. La mélodie est douce et agréable à l’oreille…
Pourtant, et malgré la chance et le privilège dont j’estimais bénéficier, ce que je ressentais, ce que j’éprouvais à l’instant suffit à faire germer les graines d’un soupçon, alimenté par une juste réflexion que j’avais fait à Nakor autant qu’à l’elfe qui me servait de guide en cette journée. « Les mots font de piètres véhicules pour les sensations et les émotions. »
Aujourd’hui, je sais pouvoir la corriger en ces termes : « L’air fait un piètre véhicule pour les émotions. », que ce soit des mots ou les notes produite par un instrument, même entre les mains d’un virtuose, à supposer qu’il ne dispose que de cela – ceux dont les notes se propagent autant dans l’air que dans la Trame sont un autre sujet – car nul n’est parfaitement maître de ce qu’ils propagent et suscitent quand ils se confrontent à la variété des expériences, des vécus et des souvenirs de son auditoire… Un même chant verra naître fierté, nostalgie, joie, ravissement mais également la peine et le regret, car la musique repose sur l’éveil et l’inspiration, non sur la transmission.

Aujourd’hui, je suis convaincu que, sans contester le talent de ce Vëolinda, son œuvre ne s’adresse et n’est sublimé qu’auprès de ceux qui entendent la Symphonie, ceux qui sont sourds, comme ils disent, et sans repère, y trouvent la satisfaction de superbes mélodies, mais ne peuvent prendre la pleine mesure de ce qu’ils écoutent parce qu’ils ne possèdent aucuns souvenirs que les mélodies agiteraient. Quant à moi, j’appréciais mais je prenais conscience à mesure de l’écoute des imperfections… J’étais frustré, car je n’étais pas tout à fait ignorant, je crois, ni tout à fait instruit.

De là se pose une nouvelle question… Appartenais-je réellement aux « Sourds » ? A la Symphonie, c’est indéniable, je n’en avais que les impressions en écho de mes compagnons plus sensibles, mais étais-je pour autant vraiment sourd ?
De Loethwil, je tiens l’idée qu’il y avait quelque chose de la Symphonie dans la manière dont les dragons – et dragon-fae – communiquent. En d’autres termes, qu’il n’est pas forcément totalement erroné de suggérer qu’il existe, entre Zéphyr et moi une relation comparable à celle qu'entretiennent les Elfes possédant l’Ouïe et l’Anaëh. La différence majeure entre Zéphyr et les Arbres tient peut-être du nombre autant que de leurs âges… L’un comme l’autre leur permet de bénéficier d’une richesse d’expériences et de souvenirs incomparable et dont profite les elfes. Une image juste, si mon raisonnement est correct, serait que les Elfes s’abreuvent auprès d’un chœur indénombrable et aussi vieux que le monde tandis que je ne profite que de la prestation d’un unique enfant chanteur.
L’important néanmoins était que je n’étais pas complètement Sourd… Et de cette position intermédiaire, je percevais les défauts de l’œuvre de Vëolinda et ne parvenais pas à me détacher de ces imperfections.

« Comment peux-tu savoir qu’il permet à un Sourd d’approcher l’expérience de la Symphonie ? » J’avais pris la parole après l’avoir longuement écouté. « En écoutant, cela t’évoque les chants véritables, j’imagine…? » J’étais frustré et déçu finalement, sans savoir vraiment pourquoi. Avais-je espéré quelque chose, et si oui, à quoi cela ressemblait ? « La Symphonie, la véritable, me sera toujours interdite, c’est frustrant… J’en vois les signes, j’en perçois les échos, et si je m’ouvrais davantage aux liens que je partage, je la discernerais presque, mais elle se tient hors de portée, dans un angle mort... » Tout comme l’effet qu’Aduram avait eu sur Monarth, sauf qu’elle n’était pas une menace mais une tentation inaccessible. « Il fallait que ça arrive à force de m’ouvrir aux mondes étrangers et à m’éloigner du mien, je découvre à regret les limites d’une existence humaine... »

Je m’éloignais d’un monde, mais qu’importe la distance que je pouvais y mettre, je me mettais à entrevoir et à craindre, en quelque sorte, que mes racines s’y trouvent toujours et m’empêche de m’épanouir totalement. Je pouvais approcher une idée de l’éternité, vivre des siècles et des siècles, oublier l’attachement à la terre, mes prétentions, désapprendre ou voiler tout ce que je pouvais avoir été, tout ce que le monde des hommes avait cru imprimer sous la chair, dans l’esprit et le cœur, il serait impossible de déraciner l’essence et d’en faire totalement autre chose…

Malgré les siècles, malgré les écailles ou l’esprit d’un dragon se trouverait toujours un homme.
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