[Le chant du Souffle prisonnier] Acte 1-Scène II - La préparation

Au jour 2 de l'ennéade 4
Verimios, premier mois d'été
An X du XIème cycle.

Diantra était devenue une vraie fourmilière. La ville comptait déjà pas moins de cent mille habitants mais là, avec les armées qui s’étaient rassemblés à l’extérieur tout comme à l’intérieur de la ville, Draran avait l’impression que sa population avait doublé.

Après avoir entreprit une halte à Velteroc, pays récemment ravagé par le passage des nordiens, la petite troupe s’était dirigé vers la grande Cité pour y rencontrer au mieux la Haute-prêtresse de Tyra, au pire quelques prêtres susceptibles de répondre à leurs questions.

Mais avant cela, Draran et Jena avaient décidé de s’arrêter à la Cathédrale Sainte-Deina pour prier. L’immensité du lieu époustoufla le jeune chevalier qui ne cessait de regarder partout, surtout aux plafonds, bouche bée. Il resta néanmoins des plus silencieux lorsqu’ils parcoururent l’immense Nef.

C’est là qu’il l’aperçu : sa longue chevelure rousse qu’il reconnaîtrait entre mille. Il ne put réprimer un sourire et son pas s’accéléra légèrement pour venir prendre place à côté de cette belle Dame qui priait.

Il commença ensuite à l’accompagner dans ses mots, ne sachant pas si Cécilie le reconnaîtrait. Après tout, ils n’ont jamais vraiment discuté ensemble. Ils s’étaient juste croisés quelques fois à Lourmel lorsque la rouquine y officiait comme intendante. A cet époque, il était encore un jeunot.

Après une nuit blanche passée à se faire un sang d'encre et à lire frénétiquement les pages de son livre de chevet, Cécilie avait abandonné son bureau du manoir de Lourmel pour remonter la rue jusqu'à la Cathédrale au bras de Guilhem de Tall, accompagnés par le Sir Edgard d'Heucqueville. Le Vicomte n'était pas vraiment croyant mais pour une fois, il lui semblait judicieux de glisser un mot à la DameDieu. Dans le doute, ça ne pouvait pas faire de mal. Et c'est ce qu'il avait fait. Il avait prié une seconde, fait un signe de coupe et avait tourné les talons, laissant la Comtesse de Missède aux bons soins d'Edgard pour reprendre les recherches. Ils n'avaient pas de temps à perdre.

Inutile pour de telles investigations, Cécilie s'était réfugiée dans la magie. Elle avait lancé ses plus proches comparses sur des pistes dont elle taisaient l'origine, mais elle craignait autant de voir leur quête aboutir que de la voir échouer. Ce matin, elle venait apaiser son cœur aux pieds de la DameDieu. La lame cachée dans sa manche lui paraissait inhabituellement lourde mais la haute présence rassurante qu'elle sentait près d'elle faisait taire ses doutes. C'était pour le mieux. Alors elle se contentait de prier pour Linaëlle et pour Maël. Pour l’apaisement de l'une et la protection de l'autre.

Au premier rang dans l'espace réservé aux nobles gens, à genoux, les mains en coupe, elle récitait de tout son cœur. Edgard, lui, attendait beaucoup plus qu'il ne priait. Depuis quelques temps, et sans que Cécilie n'ait réussi à en connaitre la cause, il éprouvait une certaine rancœur envers leur Mère à tous. D'un œil distrait, il veillait à ce que rien arrive à la Comtesse tout en profitant avec attention des rares œuvres d'art de la ville que le Langecin et Missède n'avaient pas récupéré lors de leur première protection de la capitale.

S'il remarqua le jeune chevalier qui s'approchait de la jeune femme, son air affable et les mains qu'ils gardaient loin de son épée l'enjoignirent à ne pas l'empêcher d'approcher. Cécilie par contre, ne se rendit pas tout de suite compte qu'on l'accompagnait dans sa récitation. Lorsque la voix de Draran lui parvint enfin, elle tordit le nez, certaine qu'un échos malheureux lui était parvenu, lui faisant repenser à Lourmel et à la perte qu'elle y avait connu... Mais non. Son esprit ne tentait pas de remuer le couteau dans la plaie que Linaëlle venait de rouvrir. Elle finit sa prière et se redressa, gardant la tête droite, l'oreille tournée vers le jeune homme bien plus que des yeux qui ne lui servaient à rien.

- Pardonnez-moi messire... Je ne voudrais pas vous troubler durant vos méditations, mais j'ai l'impression que vous ne m'êtes pas inconnu. Viendriez-vous du Nord ? "

Elle n'oubliait jamais une voix... Et celle-ci taraudait sa mémoire. Sans savoir exactement pourquoi, elle l'associait à Maélyne...

~ Ce n'est pas la lumière qui manque à notre regard, c'est notre regard qui manque de lumière. ~

Voilà maintenant plusieurs mois que les pas de Yenaël l’avaient guidé jusqu’à Diantra. C’était également ici que sa route s’était séparée de celle de Zaahrian, son amant du temps d’un voyage. Un voyage long et éprouvant mais riche en émotions et en apprentissage pour le jeune homme. Il avait pu mettre sa magie à l’épreuve de nombreuses fois, progresser dans sa maitrise de l’art et trouver des réponses à certaines de ses questions. Durant les derniers mois, point de terrain pour le jeune homme. Les bibliothèques et les libraires de la capitale péninsulaire étaient devenus son terrain de chasse. Il avait toujours entendu que Diantra était une ville d’intérêt majeur pour les mages en formation et même les plus émérites. En effet, il avait été loin d’être déçu par les nombreux écrits et les gens qu’il avait pu rencontrer ici.

Mais l’ancien siège de l’Arcanum n’était pas un lieu pour le jeune homme. Bien trop actif pour rester des moins entiers derrière une bibliothèque, Yenaël avait rapidement cherché comment retrouver le terrain. Mais que faire ? A qui proposer ses services dans une ville où il ne connaissait personne ? Le jeune mage avait contacté plusieurs guildes,  rencontré d’autres voyageurs, arpenté les tavernes … Rien de passionnant ne s’était présenté à lui. Alors, en cette douce matinée de Verimios, il avait décidé d’aborder le sujet différemment. Pourquoi ne pas se tourner vers les lieux de cultes ? Après tout, ce sont des lieux emplis de gens en quête de bonheur. Peut-être avaient-ils besoin de son aide dans leur quête ?

La Cathédrale Sainte-Deina semblait, de toute évidence, être le lieu le mieux indiqué pour cette recherche. Bâtisse imposante, Yenaël était passé moult fois devant sans jamais s’immiscer à l’intérieur. L’heure était venue de franchir le pas. Venant de Thaar, le jeune homme était habitué à voir des bâtiments à la stature imposante. Mais il fallait reconnaître qu’avec celui-là, les péninsulaires n’y étaient pas allés de main morte. Le jeune homme avança, tout en admirant l’immense lieu de culte qui se dévoilait à lui. Il fut surpris de voir que, au fur et à mesure qu’il avançait à travers la cathédrale, les gens étaient de mieux en mieux habillés. De toute évidence, les nobles gens étaient devant alors que les pauvres gens se contentaient des bancs plus en retrait. Quelle drôle de coutume. Si les nobles et les fortunés ne voulaient pas se mélanger aux pauvres, ils n’avaient qu’à leur interdire l’accès au bâtiment. Du moins c’est ce qu’aurait fait un haut dignitaire estréventin.

Curieux de voir ce qui se passait au premier rang, Yenaël s’avança. Le jeune homme risquait de faire tâche. Il était vêtu d’un pantalon en toile de jute et d’une tunique blanche légèrement délavée. En même temps, la chaleur qui s’était installée progressivement avec l’été n’aidait pas vraiment à garder ses vêtements propres. Et, de toute évidence, ce n’était pas sa priorité. Le jeune mage espérait ne pas faire tâche. S’il pouvait attirer l’attention d’un noble, il espérait que ce soit dans le bon sens. Après tout, les riches gens avaient bien plus à offrir que les pauvres hères.

Alors qu’il avait atteint le second rang, Yenaël remarqua une chevelure rousse flamboyante. Cette femme dégageait une aura … Particulière. Sans trop savoir pourquoi, elle l’intriguait. La dame était escortée. Un chevalier expérimenté était à ses côtés mais également un plus jeune homme armé. Ces gens ne conversaient pas. Ils priaient. S’il devait se mettre à réciter quoique ce soit, Yenaël serait bien malavisé. N’ayant pas grandi ici, et n’ayant bénéficié de l’éducation péninsulaire ...

Soudain, La femme à la chevelure rousse stoppa ses prières pour s’adresser au jeune chevalier. Visiblement, ils ne se connaissaient pas. Yenaël entendait bien suivre leur conversation discrètement. S’il y avait quelque chose qu’il avait appris lors de son voyage avec Zaahrian, c’était bien la discrétion. Pourvu que leur conversation se révèle intéressante et … Qu’il ne se fasse pas remarquer.

Au deuxième rang, Constance de Malbuis priait silencieusement la déesse. Ses lèvres remuaient au fil de ses chuchotements inaudibles, récitant de vieilles prières apprises depuis l’enfance et qu’elle avait usées à force de les seriner depuis tant d’années. Ce jour, elle en appelait aussi à la miséricorde de la déesse, dont elle craignait la colère. Voilà longtemps que Constance constatait le délitement des valeurs morales et de la vertu ; et depuis son arrivée à Diantra la veille, ses craintes n’avaient fait que se renforcer. Des troupes campaient aux abords d’une capitale, laissant entendre que la vieille cité était conquise et non libérée comme le scandaient ces maudits Nordiens. Elle n’imaginait que trop bien son frère Enguerrand et son fils Martial, dans l’armée du duc d’Erac, répéter les mêmes inepties ; Constance savait, elle, que la guerre avait mis sur le trône le mauvais roi, ce poupon issu de la semence de l’Ivrey mille fois maudit, alors que le trône eut dû échoir à Harold, l’élu désigné de DameDieu. Elle se blâmait chaque jour de son incapacité à changer le cours des choses, elle, pauvre femme démunie, et attendait à présent avec patience le châtiment divin. Elle restait sereine : quelle que soit la manière dont se manifesterait la colère de la déesse, Constance saurait la reconnaître.

Mais ce ne fut pas Néera qui se manifesta la première. La dame esquissa une moue réprobatrice, les sourcils froncés, lorsque des voix s’élevèrent sur la rangée devant elle. Même en ce lieu saint parmi les saints, il se trouvait toujours des gens mal élevés ; on avait beau être dans les rangs réservés aux gens de bonne naissance, il y en avait certains qui bavardaient, et une odeur désagréable émanait également de l’un de ses voisins, sans qu’elle cherchât à deviner lequel. Constance foudroya du regard les deux qui avaient rompu le silence et la sérénité de ses prières. « Chhhhht », intima-t-elle avec un profond agacement.

Elle avait à peine prononcé une phrase à voix basse et déjà ses voisins de derrière s'excitaient. Toute sérénité et toute retenue avait visiblement quitté les murs de Diantra. Même ce sanctuaire était pris d'assaut par de la canaille incapable de respecter les règles de bienséance les plus élémentaires. Plutôt que de se laisser ronger le foie par la présence d'un malotru, Cécilie se leva. Presque aussitôt, Edgard était près d'elle. Prenant doucement son bras pour la guider vers le déambulatoire, il fit signe au jeune chevalier qui venait de s'annoncer de les y suivre, à l’abri des reproches de ce que Cécilie imaginait être une vieille chèvre revêche.

Une fois à distance raisonnable de la perturbatrice, la Comtesse se détendit un peu, inconsciente de la présence d'un autre discret auditeur. Inspirant et expirant, elle laissa sa conscience vagabonder. Désormais, le Voile qui la protégeait des flux de la toile arcanique n'était plus étanche. Même lorsqu'elle n'y prêtait qu'une attention distraite sans accomplir d'acte magique, elle sentait et entendait des bribes mélodiques. La Curiosité, la concentration et la piété voletaient alentour, mais la concentration de la jeune femme était pointée sur Draran, curieuse de savoir ce qu'il faisait dans la capitale.

« Veuillez m’excuser Dame Cécilie. » Commença-t-il tout penaud et tout gêné d’avoir ainsi imposé sa présence à la comtesse de Missède. « Si j’avais su, je n’aurais point hésité à attendre dehors. » Il repensa à cette femme, assise derrière lui, qui n’avait point hésité à leur clouer le bec. Mais il ne la blâmait pas, ni ne lui en voulait car après tout, ils se trouvaient dans un lieu de culte, là où les fidèles venaient prier et non assister à des conversations privées. « Pardonnez-moi. J’en oublie la politesse. Votre Grandeur. » Poursuivit-il en offrant à la jeune femme un baisemain traditionnel. « Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi... Draran d’Outremont, fils d’Harald d’Outremont et cousin de.. enfin, nous avons une cousine en commun, Maélyne. Nous nous sommes croisés quelques fois lorsque vous officiez comme intendante de Lourmel, j’étais encore jeune... enfin, je le suis toujours un peu... Mais c’était il y a si longtemps. » Dans un geste maladroit, il proposa son bras puis se rappela soudainement le cécité de la Dame. « Ahem... euhm. Une balade, Ma Dame ? »

HRP:

Malheureusement, l’interaction entre l'intrigante noble et le jeune chevalier fut de courte durée. Bien trop rapidement interrompue par une espèce de gourdasse semi-noble. Ben oui, quoi ? Les nobles s’asseyaient au premier rang et le second rang était réservé aux … Enfin, bref. La femme qui les avait interrompus s’était assise quelques instants plus tôt, non loin de Yenaël, et elle venait de tout faire foirer.

Le jeune mage vit à son grand désarroi que, dérangée, la femme qui l’intéressait s’était vu contrainte de se lever pour quitter l’assistance et continuer sa conversation un peu plus loin. Il hésita un instant avant de se lever pour les suivre. Il était vrai que demander aux autres de s’écarter pendant qu’ils priaient n’était pas vraiment une excellente technique de discrétion. Le jeune homme regarda la femme rousse s’éloigner, suivie de près par le jeune chevalier. Le beau jeune chevalier. Ainsi le mage fut-il convaincu de se lever. Il demanda aux personnes qui lui bloquaient le passage de l’excuser discrètement. Tout en prenant soin d’écraser le pied de la femme à l’attitude incongrue sur son passage. Etrangement, auprès d’elle, il ne s’excusa point.

Rapidement, Yenaël rejoint le déambulatoire où s’était rendue la noble dame qui attirait son attention. Se frayant un chemin à travers les fidèles en visite à Sainte-Deina, le jeune homme allait essayer de capter quelques bribes de conversation. Malheureusement, sa magie ne lui serait vraiment d’aucune aide en de telles circonstances.

" Avec plaisir. " répondit la jeune femme à la proposition du jeune chevalier. Edgard attendit que Draran se soit emparé du bras de la Comtesse pour s'effacer, les laissant prendre quelques mètre d'avance, sur le qui-vive malgré la présence des fidèle et le lieu dans lequel ils se trouvaient. Toute personne s'approchant du couple passait invariablement sous la coupe de son regard inquisiteur... Sauf ceux qui se trouvaient derrière lui bien sûr.

Cécilie, inconsciente de l'agréable faciès de son cavalier et des œillades que certains leurs lançaient alors qu'ils marchaient à pas lent dans le large passage, avait par contre une conscience accrue de l'incertitude et du grand espoir qui habitait Draran. Ce n'était clairement ni un manipulateur ni un mauvais bougre, aussi était-elle assez détendu à son bras. Mais il n'était pas là par hasard. Il était en quête de quelque chose, en attente peut-être.

- Draran d'Outremont... Votre voix ne m'est décidément pas inconnu, mais pour être honnête, je n'arrive pas a faire coïncider votre nom avec d'éventuelles rencontres. Mais votre père était un vassal loyal il me semble. " et c'était déjà plus que d'autres... Les souvenirs de ces jours difficiles la confortèrent dans le masque contrôlé que l'avait obligé à prendre l'intervention de la dame trop polie quelques secondes plus tôt. " C'est lui qui a pris la succession de Lourmel depuis que le Marquis a décidé qu'il ne revenait pas à une femme de gouverner sans l'ascendant d'un mari, n'est-ce pas ? " Puis l'évidence même la tira un peu de la difficulté de parler sereinement de Maélyne. " Vous êtes venu avec les Osts nordiens ? "

A tout juste vingt-six ans, Charles pouvait se targuer d'un certain prestige. Fait prêtre de Néera depuis seulement une année, il avait consécutivement gravi les échelons de l'hiérarchie de la Mère au coeur de son temple de Rochenoire. Malgré la chute de la ville et de Nimmio dit l'albâtre, il n'avait pas hésité à guider les ouailles désireuses jusqu'au coeur de la Ville. La Sainte Diantra touchée voilà près de dix années par la grâce.

Depuis lors il s'était implanté au coeur même du clergé local. Cependant, malgré son ambition dévorante et sa foi inébranlable, il n'arrivait guère à s'élever au-là de ce qu'il méritait. Mais il avait depuis peu l'oreille du seigneur influent, celui-là même qui en avait fait de Charles son confident. Philippe de Montvif, un jeune guerrier tout juste élevé à son statut. Rare soutien au Roy parmi les Velteriens, le prêtre ne doutait pas que la Mère saurait guider ce fidèle au firmament. Et il en serait pas contre goûter aux quelques rayons de soleil prodigués par l'élite de la Péninsule.

A l'heure actuelle, il se trouvait dans la la cathédrale. Oh Sainte Deina, touchée par la main des Cinq. Puisse t-elle s'élever jusqu'aux Dieux pour qu'ils entendent la foi de leurs troupeaux. Priant avec ferveur, Charles entendit quelques chuchotis et autres remontrances à sa droite. Levant les yeux de l'autel devant lequel il était agenouillé, il adressa un regard noir aux hommes et femmes. Vêtu de sa longue bure aux couleurs de la Mère, il fronça les sourcils, adopta un air patriarcal et approcha, les épaules légèrement voûtées.

"Par la grâce de notre Mère à tous, cessez donc de troubler un saint sanctuaire. Il n'y a point de rencontre à faire par ici ! Si vous voulez de la discrétion, l'office est désert et je puis vous l'ouvrir !"

Spoiler:

Diantra était différente de Thaar, ça oui. Les Vaanis auraient sans doute put s’étonner du fait que les trois quarts des quartiers étaient en ruine, que nul mage n'arpentait les rues ou encore que dans un grand temple, les croyants passent leur temps à tendre l'oreille pour espionner ceux qui murmuraient dans les allées latérales hors des heures d'affluence et des cérémonies quotidiennes, surtout alors que deux personnes à la peau noire rodaient dans les lieux. Mais non. Ils s'étonnaient principalement du manque de dorure, qui, en bon Thaari leur paraissait outrageant.

A Cécilie, c'était une toute autre attitude qui paraissait on ne pouvait plus déplacée. Après avoir été admonestée par une inconnue râleuse voilà qu'elle était prise à parti par un homme à plusieurs mètres d'eux du côté des bancs de prière et qui leu demandait de ne point parler. Avec un doux sourire, elle leva donc le ton, allant au delà du murmure pour la première fois de cette rencontre particulièrement infortunée.

- Laissez donc la DameDieu a ses fidèles et retournez a vos méditations au lieu de tendre l'oreille aux questions privées. Nous ne vous dérangerons pas plus longtemps. " Sans attendre plus de réponse de la part de Draran, elle lui glissa à l'oreille " Si vous le voulez bien, sortons sur le parvis. "

Assez. Elle n'avait pas de temps à perdre avec cela. La présence de Draran lui changeait agréablement les idées de son problème du jour et elle aurait bien aimé poursuivre. Seulement il semblait que ce n'était pas l'endroit. Elle était venue pour chercher le réconfort de la DameDieu, pas le jugement de mortels trous du cul.

Bouché bé, le jeune chevalier n’arriva qu’à prononcer des « Ah. Euh. Oh. Hmm. » à chaque mot que prononça la Comtesse. Et dire que tout cela était de sa faute, à lui qui n’avait cherché qu’à un peu discuter avec celle qui lui rappelait tant Maélyne. Il savait que Sainte-Deina était fortement fréquenté mais pas à ce moment de la journée. C’est à ce moment là qu’il regretta la présence de la gardienne, partie il ne savait où dans l’une des nombreuses pièces de la Cathédrale à la recherche de la Haute-Prêtresse, sans aucun doute. Au moins, si elle avait été là, des leurs, sa seule présence aurait suffi à attirer toute l’attention de la foule présente, permettant ainsi à Draran d’échanger quelques murmures avec la jolie rousse.

Enfin dehors, sur le parvis, un doux rayon de soleil -bien moins mordant que ceux offert ces derniers temps- vint caresser les joues rougies du chevalier. « Je ne pensais pas que l’on dérangerait autant… » Prononça-t-il pour commencer. Puis, tout en laissant ses pas l’éloigner doucement de l’imposante bâtisse, il prit la peine de répondre à la Dame : « Par rapport à votre question… Oui… et non. J’ai accompagné l’ost Serramirois au Médian. J’étais sous les ordres de mon frère, Braan qui dirigeait les hommes Lourmellois. Nous avons eu une campagne plutôt facile comparativement aux Berthildois et aux Eraciens. Christabel fut ma seule et unique bataille mais celle-ci m’a valu mon adoubement. Puis, alors que nous faisions route vers Diantra, Braan reçu une missive de notre sœur, Thenala, qui se sentait de plus en plus mal. Lui ne pouvait pas rentrer… forcément. Du coup il m’envoya à sa place ; de retour à Lourmel, les évènements se sont comment dire… précipités et me revoilà déjà à Diantra en compagnie de quelques autres chevaliers Lourmellois ainsi que Dame Jena Kastelord, la Gardienne de Néera. »

- Ne vous en faites pas pour eux. Nous avons juste joué de malchance. " sourit la jeune femme en essayant de retrouver un peu de bonne humeur malgré le sujet et les enquiquineurs. Mais lorsqu'elle entendit le nom de Jena, elle marqua un arrêt.

- Vous voyagez avec la gardienne... "souffla-t-elle a voix basse.

Au milieu de la journée, le parvis était loin d'être vide et les saltimbanques rivalisaient avec les chalands et les badauds. Des groupes trainaient, discutaient, passaient tout simplement, emplissant l'air d'une cacophonie de vie dans laquelle Cécilie aurait été perdue sans le bras qui la guidait sobrement. Son agacement teinté d'inquiétude avait fait place à une nostalgie surprise. Jena Kastelord... Elle ne lui avait pas adressé la parole depuis... Depuis... Elle porta une main libre à ses lèvres pour ravaler un tremblement et chasser le poids du sang d'Aline sur ses mains. Son teint avait brusquement blêmi.

- P-Pourquoi ? Je veux dire... Vous dites avoir fait preuve d'empressement, il doit bien y avoir une raison. Elle n'était même pas au Concile. "

Le temps qu'elle reprenne contenance, sa voix s'était élevée. Quiconque d'un minimum attentif aurait pu l'entendre et plus encore, voir son trouble.

HRP:

N’eut-il pas le temps de lui répondre ou même de s’inquiéter de son soudain état qu’une enfant d’une dizaine d’année courra en ma direction de la Comtesse. Celle-ci semblait suffisamment la connaître pour ainsi oser interrompre une conversation. Draran ne savait pas quoi en penser. Il est vrai que Cécilie avait soudainement blêmit mais il n’avait à aucun moment soupçonné un quelconque malaise.

« Ma Dame ? Connaissez-vous cet enfant ? » S’enquit-il alors auprès de la Missèdoise. Malgré l’intervention de la petite, le jeune chevalier n’avait à aucun moment lâché le bras de la belle rouquine. Resserrant même un peu son emprise au cas où celle-ci s’apprêtait vraiment à faire un malaise : il l’aurait alors aussitôt rattrapée. « Il serait effectivement plus judicieux de vous assoir Votre Grandeur. »

Cette fois il lui fallut toute la patience du monde pour ne pas simplement exploser. Interrompue dans sa prière, puis dans ses présentations, puis dans sa marche et maintenant une enfant permettait de s'interposer entre elle et son compagnon, d'interrompre en publique une conversation privée et de hurler qu'elle était malade. Le fait qu'elle connaisse la jeune fille était encore plus honteux. Dire que la moutarde lui montait au nez était encore un euphémisme, car dans la balance, il n'y avais pas seulement l'agacement, il y avait aussi son besoin de réponse. Pourquoi la gardienne était-elle là ? Et pourquoi des Lourmellois descendaient à la capitale avec tant d'empressement ? La curiosité de la Missèdoise avait toujours été l'un des ses défauts les plus risqués.

De son bras libre, elle décrocha Ellia de son cou et se redressa dignement tout en tenant un instant la demoiselle par le poignet. Sa voix était calme et posée mais n'appelait aucune réplique. " Calme toi. On ne crie pas en pleine rue et encore moins pour interrompre des adultes. " Puis elle se tourna à demi vers le jeune chevalier, un sourire navré aux lèvres. Son maintien régalien donnait une impression de contrôle et précision à chacun de ses mouvements lents. " C'est la fille d'une Corneille de mes connaissances. " Une femme qui était partie de Missède presque du jour au lendemain et sans même lui dire au revoir. La retrouver ici n'était qu'un hasard, elle n'avait aucun doute là dessus.

L'avantage dans tout cela, c'était que le coup de sang lui avait rendu ses couleurs et que l'agacement avait fait passer le souvenir traumatisant de la fin d'Aline au second plan. Elle ne se formalisa pas de la prise qui s'était reserré sur son bras et posa plutôt sa main sur celle du jeune homme.

- N'ayez craintes. Je me sens parfaitement bien. J'ai hâte d'entendre votre réponse... Pour tout dire je ne vous laisserai pas partir sans l'avoir eu. Mais si la fille est là, la mère ne doit pas être loin et je pense qu'elle nous interrompra encore d'ici quelques instants... Les Corneilles. " sourit-elle encore entre amusement et excuses. Elle ne voulait pas l'indisposer et l'aurait volontiers rendu à ses affaires... Mais elle voulait ses réponses. Sa main ne bougea pas de celle du chevalier mais elle se tourna de nouveau vers la jeune fille à peine moins grande qu'elle. " Ellia, je suis contente de te croiser ici. Mais comme tu peux le voir, ce n'est guère le moment et j'aurais apprécié que tu nous laisses finir."

Ce qu'elle n'avait pas vu - et pour cause - c'était que l'intervention de la fillette avait fait tombé du poignet de la comtesse une gourmette d'argent. Le bijou avait glissé le long de sa robe jusqu'au pavé sans émettre le moindre son.

Cette gueuse aveugle était-elle également sourd ? Ah que croyait elle donc faire en s’adressant à un prêtre de Néera de la sorte ? Espérait-elle une quelconque guérison miraculeuse en s’attaquant ainsi à un éminent représentant du culte de la Mère ? Mille et une harangues se portèrent aux lèvres de Charles. Mais l’homme, pris de sa ferveur habituelle, ravala sa bile et suivit le groupe du regard en adoptant une attitude pieuse. Mains réunies devant lui et couvertes par sa bure grossière, il leur emboîta le pas d’un air distrait. Tel le berger guidant le troupeau récalcitrant, il les mena – ou plutôt les suivit – jusqu’au parvis de la cathédrale. Là, Charles s’arrêta. Quel étrange groupe que voilà. Le chevalier ne sortait pas de l’ordinaire mais l’aveugle avait quelque chose de noble, teinté de l’arrogance typique des Grands. Une Paire ? Difficile à dire, il ne connaissait point tant les membres du Concile réuni. Mais il lui semblait qu’aucune femme n’y siégeait. A tout le moins, une Comtesse ou une baronne.

Il n’en restait pas moins qu’il pouvait s’avérer utile de faire une alliée de cette femme au lieu de la maudire. Tel était un principal précepte de la Mère. Tout du moins pour l’esprit ambitieux et prosélyte de Charles. Il observa le petit manège des hommes et des femmes et haussa un sourcil surpris. Qui était cette enfant ? Une fille illégitime ? Etait-ce possible de le cacher ? Une aveugle devait être constamment entourée ! Difficile d’imaginer cela. Ah.. La mère. Que de couleurs ! Une lueur d’appétit, bien vite réfrénée, brilla dans le regard de Charles. Voilà une femme forte, une véritable spadassin. Certainement une paysanne, tout comme lui, qui avait su s’élever.

Avec un sourire, Charles se détourna avant d’apercevoir un éclat d’argent brillait au sol. Un bijou de la noble était tombé et évidemment elle n’en avait rien vu. Voilà l’occasion parfaite de ne point perdre contact avec le groupe, bien au contraire. S’avançant d’un pas rapide, le prêtre rejoignit rapidement l’objet de ses désirs et l’attrapa avec dextérité. Se tournant alors vers le groupe, il baissa la tête humblement et tendit le bijou vers la dame.


« Ma dame, pardonnez mon intrusion cette fois-ci. J’ai ici un objet que vous avez perdu sans vous en rendre compte. La Mère a su porter son regard sur vous et vous accordez de le retrouver par mon entremise. Laissez-moi donc vous le rendre… »

Sans se départir de son maintien ou de ses manières, Cécilie laissa Lyarra récupérer Elia, lui soufflant seulement au passage " Vous êtes toute pardonnée. Si vous avez quelque chose à m'apprendre, je réside au manoir de Lourmel au bout de la rue des Archives. " Il valait mieux le préciser puisque lors de ses précédentes descentes à Diantra, elle avait toujours trouver à se loger dans celui de sa propre famille, acheté par son père lors du transport de ses cargaisons de grains.

Une fois sa vieille connaissance disparut du champ de ses perception, elle tourna l'oreille, tête droite et sans empressement, vers l'homme qui venait de ramasser son bracelet.
- Je vous remercie. Mais dites-moi, si je ne peux point vous voir, peut-être puis-je au moins me souvenir du nom d'un homme aussi serviable ? "

Tout en parlant, elle dégagea sa fine main blanche de ses longues manches missèdoises et la tendit doucement, incertaine de la distance à laquelle se trouvait l'inconnu... Inconnu dont la voix lui disait quelque chose, sans savoir tout a fait quoi.

Depuis son arrivée la semaine passée, elle venait à Sainte-Deina chaque jour sans exception, le matin ou le soir, seule ou avec son fils. Mais c'était bien la première fois qu'une de ses pieuses visites était aussi agitée.

Yenaël avait observé la suite de la scène avec attention. Un prêtre de Néera s’était joint à la petite sotte qui avait déjà fait fuir une première fois la noble rouquine. S’en était trop pour elle, elle avait pris la décision de quitter l’assistance, et à juste titre. En l’observant avec attention, le jeune mage avait compris qu’elle était aveugle. En effet, l’escorte rapprochée permanente dont elle avait besoin pour franchir la foule n’était pas simplement en rapport avec son rang mais également avec sa cécité. Discrètement et lentement, Yenaël emboita le pas de la noble et de ses suiveurs. Tout en se rendant compte qu’il n’était pas le seul à agir ainsi. Le prêtre de Néera qui avait fait fuir la petite troupe les suivait également. Que voulait-il celui-là ? Continuer à les houspiller une fois sur le parvis de la Cathédrale ?  

La réponse fut rapidement donnée. Yenaël vit que la jeune femme qu’il suivait s’était fait littéralement sauter dessus par une enfant qu’elle devait visiblement connaitre. Décidément, son parcours semblait semé d’embuches … Il vit aussi le bijou qu’elle avait fait tomber à terre. Serait-ce une occasion pour l’aborder ? Visiblement non, le prêtre auparavant bien agressif se montrait tout à coup empli de charité. Quel étrange personnage. Yenaël n’avait jamais réellement apprécié les membres de n’importe quel clergé que ce soit, mais cette action ne faisait que le conforter dans sa pensée.

Médusé, le jeune homme regarda le prêtre remettre le bijou en argent à sa propriétaire. Le jeune mage était assez proche pour entendre la conversation qui s’engageait. Le commentaire qu’apporta l’apôtre de Néera en rendant le bijou … Non. Yenaël n’aimait pas les gens malhonnêtes. Ce n’était pas parce que la jeune femme était privée de sa vision qu’elle devait se faire manipuler par le premier venu, qui plus est si celui-ci portait une toge.

Le jeune mage s’avança jusqu’à Cécilie, quittant la discrétion dans laquelle il s’était maintenu jusqu’alors. Il rebondit sur la phrase qu’elle venait de prononcer, tout en veillant à tenir un langage qui ne le ferait pas passer pour le pouilleux du coin. Il avait cet avantage que la rouquine ne verrait pas comment il était vêtu, ce qui aurait pu  trahir sa condition sociale.  

- Madame, je crois que vous avez l’honneur d’avoir été servi par un homme changeant. Je sais bien que les voies de la Déesse sont impénétrables, mais j’ai bien du mal à croire qu’elle envoie le même homme vous rendre votre bien que celui qu’elle a choisi pour vous chasser de sa maison.

Yenaël ne voulait guère s’imposer. Après avoir dévoilé la vérité à la jeune femme, il recula d’un pas.

- Madame, je ne veux vous déranger davantage. Méfiez-vous de ceux qui voudraient profiter de vous, y compris parmi les membres du saint-clergé de la Déesse.

Il était resté muet, observant la scène, tenant toujours le bras de la Comtesse. Le chevalier se demandait d’ailleurs s’il n’était pas en présence d’une popstar de la country Thaari pour ainsi attirer autant l’attention. Cela l’énerva un peu. Après tout, ils étaient en train de parler d’un sujet délicat mais aussi important. Draran se retint même de partir et de laisser la comtesse se débrouiller avec ses nombreux fans mais les convenances et la politesse l’empêchait de le faire.

Ils étaient dorénavant entourés d’un prêtre et d’un… homme de basse extraction au vu de sa tenue mais qui parlait pourtant comme s’il avait grandi avec un balai dans le fion. Le Serramirois lui lança alors un regard des plus noirs ; qui était-il pour ainsi juger les membres du clergé Néerite ?

Il voulait réagir et était sur le point de le faire lorsqu’un second prêtre se joigna au petit groupe. C’était un homme âgé qui avait officié toute sa longue vie durant à la cathédrale de Sainte-Deina.

« Messire d’Outremont, Dame Kastelord réclame votre présence de toute urgence.
- Très bien, j’arrive tout de suite. Dame Cécilie, accompagnez-moi s’il-vous-plaît et vous aurez vos réponses. » Puis il s’avança, comtesse au bras avant de se tourner vers le vagabond : « Vous estimez peut-être votre intervention serviable mais elle est des plus déplacé. Ne nous dérangez plus à l’avenir. »

Draran emporta ensuite Cécilie à l’intérieur de la Cathédrale. Il la mena vers une aile réservée aux membres du clergé puis l’invita à s’installer confortablement dans l’un des fauteuils que comportait le petit salon où ils s’étaient arrêtés. Là, ils attendaient la venue de la gardienne, silencieusement, dans un premier temps.

Dorénavant à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes, sauf celles des membres du clergé, Draran pu enfin se libérer de ce poids qu’il traînait.

« Ma Dame… Vous m’avez demandé pourquoi la gardienne, ainsi que les Lourmellois étaient présents à Diantra. Sachez que cela concerne Maélyne. Dame Kastelord vous l’expliquera sans doute mieux que moi… Mais il semblerait que notre cousine se refuse de nous quitter en paix, elle… »

Il fut alors interrompu par l’arrivé de Jena qui était accompagné de quelques prêtres Néerites. Draran se leva immédiatement.

« Dame Kastelord… Je… Je vous présente sa Grandeur Cécilie de Missède. Elle est la cousine de Maélyne, de la branche Lourmelloise. Je me suis permis de… l’amener avec moi. » Il balbutiait sans cesse sur ses mots, craignant décevoir la belle jeune femme. Il sentit ses joues rougir alors que son regard scrutait le sol.

En réponse, il reçut un sourire et quelques mots touchants, le rassurant ainsi que son acte n’était en rien malvenu, au contraire. La gardienne semblait contente de rencontrer Cécilie une nouvelle fois et s’attela directement à lui expliquer les raisons qui avaient menés leurs pas à Diantra. Jena expliqua tout, dans le moindre détail… son absence inexpliquée durant l’hiver, sn retour au début du mois, poussée par Néera elle-même à rejoindre Lourmel, la nouvelle du décès de Maélyne, cette révélation une fois face à son tombeau ainsi que l’étrange silence de la Déesse. Draran n’en perdit aucune miette, observant le visage de la Comtesse, scrutant ses réactions pour se tenir prêt à intervenir si celle-ci se remettait à blêmir.

« Nous sommes donc venu à Diantra pour obtenir des réponses à nos questions. C’est pour cela que Dame Kastelord s’entretenait avec les membres du clergé pendant que nous étions en train de prier.
- Oui. Malheureusement, je ne suis pas en mesure d’apporter de réponses. Je pense d’ailleurs qu’il serait nécessaire de nous entretenir avec la Haute-Prêtresse de Tyra…
- Sera-t-elle en mesure de nous apporter une explication ?
- Peut-être ou peut-être pas, mais nous nous devons bien de commercer quelque part. J’ai déjà envoyé un messager quérir une entrevue. J’espère qu’elle nous répondra favorablement. »

HRP:

- Mais...! " Cécilie n'eut pas le temps de s'opposer d'une quelconque façon qu'on la tirait à nouveau dans le temple. Elle put à peine jeter un " Merci. " par dessus son épaule et du se concentrer sur ses pieds pour éviter un faux pas au bras du fringant et agacé jeune chevalier. Mais elle était trop curieuse de savoir de quoi tout cela retournait et aussi passablement agacée de toutes ces interruptions.

Edgard resta planté sur le perron avec le père la morale et le cul terreux de bonne éducation, regardant la Comtesse s'éloigner un instant tout en sachant que n'ayant pas été invité à suivre les affaires du Culte, il n'avait pas à la suivre.

- Bien Bien... ça c'était une sortie cavalière " bougonna-t-il en passant une main dans ses cheveux bruns pour remettre sa mèche en place tout en se tournant vers les deux autres. " Et bien... Merci mon père. C'était très charitable de votre part... Et merci... " tenta-t-il également à l'intension de l'autre type. " Votre intervention était un peu étrange mais il est rare de voir quelqu'un remarqué du premier coup d’œil que ma Dame est aveugle. Vous ne pensiez pas a mal, c'est certain. " en enfin au deux, haussant le ton au besoin avant que cela ne dégénère entre l'un et l'autre. " Vous excuserez madame la Comtesse de son départ précipité. Elle est très prise ces derniers jours. Le Concile ne laisse personne indifférent. " un demi mensonge était aussi une demi vérité après tout... " Enfin... Si je peux faire quelque chose pour vous n'hésitez pas, je me nomme Sire Edgard d'Heucqueville. Sur ce, je dois retourner à mes obligation. Si vous voulez bien m'excuser." Il salua respectueusement et tourna les talons pour entrer dans l'immense bâtiment et trouver un coin tranquille ou jouer aux osselets en attendant que la Comtesse reparaisse dans la nef.

De son côté, la dite Comtesse n'était pas pressée de repartir. Pâle comme un linge, elle ne montrait pourtant aucun signe de faiblesse et écoutait la gardienne sans l'interrompre. Son attention était si intense qu'elle ne bougeait plus le moindre muscle. A peine percevait-on sa respiration. Elle demanda plusieurs fois à Jena de répéter, incrédule, mais après une longue conversation, la missèdoise du se rendre à l'évidence... Si elle croyait ce que disait Jena - et elle n'aurait jamais remis les paroles d'une gardienne en doute - le Souffle de Maélyne n'avait jamais atteint sa dernière demeure...

La Gardienne et la Comtesse discutaient encore lorsqu'un vieil homme en long surcot d'un bleu nuit presque noir s'avança dans la nef. Avisant le prêtre le plus proche, qui se trouvait être Charles, il l'aborda. Sa voix était posée de telle manière qu'on entendait chaque syllabe qu'il prononçait malgré le très faible volume qu'il semblait s'imposer sans effort.

- Bonjour. Excusez-moi de vous déranger ainsi, mais j'ai ici une note cacheté de la Haut-Prêtresse de Tyra à l'intension de Dame Kastelord. On m'a dit dit que je pourrai la trouver ici et que je devais la lui remettre en main propre et sans attendre.

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