Le Deal du moment : -20%
-20% Récupérateur à eau mural 300 ...
Voir le deal
79 €

 

 Les temps changent, mais pas le monde.

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Louis de Saint-Aimé
Humain
Louis de Saint-Aimé


Nombre de messages : 668
Âge : 35
Date d'inscription : 01/08/2016

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 26 ans
Taille
: 1m93
Niveau Magique : Non-Initié.
Les temps changent, mais pas le monde.  Empty
MessageSujet: Les temps changent, mais pas le monde.    Les temps changent, mais pas le monde.  I_icon_minitimeMar 31 Juil 2018 - 20:05




2ième jour de la 3ième ennéade du mois de Karfias de la 10ième année



Avachis contre les montants de quelques cabanons délabrés, une poignée de misérables rustauds aux gosiers desséchés, baignant dans leur médiocrité, frôlèrent la déraison. C’est qu’ainsi à son zénith, l’astre solaire avait conquis une place forte pour faire plier à sa volonté le peuple Berthildois. Ainsi perché, il avait même de quoi faire regretter à ces pauvres hères le passage meurtrier du long hiver dernier. Et cette chaleur, à en faire pâlir plus d’un Suderon, n’épargnait personne … Hormis ceux et celles qui savaient faire chanter la monnaie, rabâcher mélodieusement les pièces sonnantes et trébuchantes! Alors là, ce n’était plus la même, car plutôt qu’odir les cassantes et âpres lamentations des assoiffés, c’est à l’unisson que se réjouissait la majorité des pétrousquins de la basse citée. Bras dessus, bras dessous, dégoisèrent à la gloire de leur Marquis, à la gloire du Roy, ces joyeux lurons. À les voir œuvrer si gaiement, fort était à parier que leurs premières louches descendirent quelques heures plus tôt et que peut-être même, firent-ils sauter leur premier bouchon de tonnelet aux matines!

C’est que, jouxtant l’artère qui jointait les différentes auberges, tavernes et autres bousins des bas quartiers, s’était établit sur toute la largeur de l’allée une foire des plus animée. Des chapiteaux miniatures ainsi que quelques tentes de fortune s’érigèrent pour le temps de ce foirail, disposant dès lors aux artisans locaux quelques places de choix pour la vente de leurs produits. Nous parlons ici, bien évidemment, de d’immondes jacquelines de jus, de pain durci à outrance et de d’autres pâtisseries indigestes! Vous vous attendiez peut-être à quelques produits de qualité, ici, faites par les mains des pires bouseux ? Au moins l’endroit ne manqua guère de publicité, lorsqu’on savait la quantité de bateleurs mandatés à l’amusement de la gueusaille! Là, un fol jonglait avec quatre ou cinq coutelas. Là, deux troubadours se lançaient des notes cadencées et maintenues et là, quelques kiosques furent montés pour que d’honorables camelots exercent l’un de leurs jeux de passe-passe préférés.

Non, tout était parfait, eut été de ce damné soleil qui cuisait littéralement les miches de tous ceux qui osaient se tenir droit devant lui. L’un d’eux d’ailleurs, était nul autre que le marquis lui-même. Ah, on lui avait bien déconseillé d’arpenter les bas quartiers, alors que le peuple souffrait d’une liesse démesurée, capable de leur faire faire les plus improbables choses. Cet avertissement, s’il en était un, ne trouva hélas d’hôte à prévenir, car depuis sa plus tendre enfance il s’était mêlé à la roture. Ce n’était certes pas depuis qu’il avait obtenu son titre officiel de marquis, que les choses allaient changer. Il couvrit ses épaules d’un tout léger bliaut d’une teinte verdâtre, dont on avait ajusté la longueur pour qu’elle meure à son ceinturon. Des braies, amples et toutes aussi légères, pigmentés d’un noir de jais, couvraient sa nudité tout en assurant son confort sous cette accablante chaleur. Quant à ses vilains petons, il ne dérogeât guère de l’habitude ; il les couvrit d’une paire de bottes renforcées et couvertes à moitié par son pantalon mal ajusté. Une tenue somme toute, qui ne saurait trahir sa haute extraction, même si en vérité, peu lui pesait qu’on devine son identité. Là, enfin, c’est esseulé de sa garde personnelle –du moins, celle qui lui collait carrément toujours au derche- qu’il descendit dans les bas-fonds de Cantharel pour s’engouffrer dans la foire.

Peu de temps s’en fit, pour qu’il se heurte contre un attroupement qui cherchait à gueuler à tue-tête par-dessus le tohu-bohu du foirail. Ainsi, Louis n’eut de choix autres que de stopper sa marche et tenter, un peu en vain malgré son imposante charpente, de sustenter sa curiosité sur la pointe des pieds en observant par-dessus la bousculade. À tous les coups, quelque chose allait bientôt éclater et ce n’était, pour l’heure, guère de bon augure. À voir cet ébullition d’excitation, cet enfièvrement du peuple pour le bon temps, le tout traçant tout frais fait pour eux, un chemin vers l’excès, Louis dût se rendre à l’évidence : son idée n’était, après tout, peut-être pas adaptée au petit monde.

Et ils n’étaient qu’au deuxième jour de neuf …


Revenir en haut Aller en bas
Aymilie
Humain
Aymilie


Nombre de messages : 71
Âge : 36
Date d'inscription : 30/06/2018

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  Environ 17 ans
Taille
: Environ 170 cm
Niveau Magique : Non-Initié.
Les temps changent, mais pas le monde.  Empty
MessageSujet: Re: Les temps changent, mais pas le monde.    Les temps changent, mais pas le monde.  I_icon_minitimeJeu 2 Aoû 2018 - 23:03


Barnabé et la rouquine, sans être complices en aucune façon, avaient pris l'habitude de voyager d'un même pas depuis Diantra. Aussi rien d'étonnant à ce qu'en cette belle matinée, on trouvait les deux fourrés ensemble dans une misérable cour privée du centre ville, les marchandises du commerçant bien étalées au bord de la rue, et leurs fondements bien détendus sur une chaise.

Depuis le matin, ils assistaient aux allers et venues des habitants. Barnabé, un joyeux luron d'une quarantaine d'année, discutait avec tout le monde, il ameutait les clients autour de ses breloques et expliquait passionnément les histoires extraordinaires de leur acquisition. La rouquine, quant à elle, était bien occupée à repriser ses chausses qui n'en finissaient pas d'agoniser. Elle comptait aller se promener en ville une fois ce travail terminé. En attendant, elle découvrait les maisons mitoyennes regroupées autour de la cour, et ses habitants ; le menuisier du premier logement partait au travail, le jeunot du deuxième s'élançait dans les rues d'un air pressés, un autre sortait maladroitement par la fenêtre de la dernière habitation. Les ventes se portaient biens, la fête locale faisait pleuvoir les clients comme l'avait prévu Barnabé, c'était un bon jour pour lui. L'aventurière aux yeux verts se demandait même si le vin elfique que son compagnon vendait à la sauvette n'avait pas la même couleur et les mêmes morceaux que celui acheté dans une mauvaise taverne, sur la route.

Puis on entendit des hurlements de douleur, d'abord en fond sonore, puis emplissant l'air à vous remuer les tripes. C'était un cri féminin, le premier d'une bien longue série. Qui donc agonisait de la sorte ? Était-ce la deuxième maison ? Comme tout être humain normalement constitué, les deux héros ne bougèrent pas d'un pouce et échangèrent plutôt des commentaires avec la clientèle.

On en était à incriminer les mauvais champignons, ceux avec des points blancs sur leur chapeau rouge qui peuvent donner d'horribles maux de ventre, lorsque le mari de la drôlesse agonisante revînt tout en sueur d'avoir trop couru. On le félicita pour le coffre de sa femme et on lui demanda pourquoi elle braillait tant.
« J'trouve point d'accoucheuse ! Elle est partie délivrer une bourgeoise à l'autre bout de la ville. Ma femme va mettre bas et personne n'est là ! »
Derrière lui accourait une femme âgée qu'ils reconnurent comme la propriétaire du lieu, celle-là même qui avait loué le bel emplacement à Barnabé.
« Y'a pas le choix fillot, ta femme, il va falloir l'accoucher maintenant ». Derrière elle venait sa petite fille Glabousine, que la rouquine avait déjà pris en affection.
« J'suis point matrone, mais j'ai mit deux enfants au monde, j'arriverai bien à libérer celle-là... »
« Merci Madame Pimbleu » dit l'homme pressé
« Toi, la rouquine, vient m'assister »
- Mi ? » répondit-elle blême ?
« Viens, et fait ce que je te dis, on va faire ce qu'on peut »
Barnabé suivait la scène avec attention :
- Excusez-mÂ, JÂ crois pouvoir vous aider, je suis fort bien instruit de la délivrance elfique, comme de toute chose les concernant. JÂ puis être d'un grand secours. »

On le regarda avec des yeux ronds. Mais perdu pour perdu...

Ils arrivèrent à cinq dans le deux pièces exigu et étouffant. La cuisine était dans un grand désordre mais ils se dirigèrent vers la chambre d'où venait les cris. Lorsqu'ils virent la jeune femme sur son lit, la nature à l'air, en sueur, et la gueule déformée par l'effort, ils comprirent qu'ils venaient d'entrer en enfer. La propriétaire poussa un « par les cinq » et chassa le mari de la pièce ; la petite Glabousine ouvrit de grands yeux et la rouquine se demande ce qu'elle avait bien pu faire pour mériter de finir ici ; Barnabé n'essaya même pas d'entrer.

Madame Pimbleu donna des ordres en commençant par l'aventurière.
« Petite, va lui tenir compagnie et la soutenir dans l'effort » et sans attendre de réponse, elle inspecta la cuisine à la recherche de linges et de cuvettes. La rouquine prit place à côté de la femme au travail et lui adressa un sourire timide, ne sachant pas trop quoi dire. Madame Pimbleu envoya le mari chercher de l'eau et la faire chauffer dans la cheminée, elle précisait les instructions pour la rouquine.
« Mettez là sur le dos et remontez-lui les jambes, qu'on y voit clair. Si tu vois un truc sortir, tu l'attrapes et tu le tires »
C'est alors que l'expertise de Barnabé cingla.

« Vous fÂtes n'importe quoi »
- Je vous demande pardon »
- Madame Pimbleu, sauf votre respect, vous n'avez jamais mené d'accouchement ? »
- Non, et vous ? »
- Moi, j vois que vous paniquez et dîtes n'importe quoi. Si le petit passait un bras, vous seriez capable de tirer dessus »
- Et pourquoi pas ? Au moins ça le ferait sortir »
- Vous sauriez faire sortir un bras sans le reste, et vous seriez bien avancée »

La rouquine se livrait de son côté à l'introspection comparative, se demandant si chaque betterave écrasée avait un jour été un abricot. Elle ne savait trop comment manipuler la jeune femme ou lui venir en aide. Elle arrêta donc son mouvement avant même de l'avoir commencé.
« Il n'y a même pas de chaise d'obstetrix ici ! Bon, foutez la à quatre pattes. Comme pour la procréation. Ou bien si elle préfère, de côté»
- Vous vous y connaissez en délivrance ? Vous qui semblez si malin »
- JÂ suis un expert en elfologie, et cela comprend tous les domaines »

Prise au dépourvue, la propriétaire se résigna à des choses plus urgentes.
« J'ai préparé des draps, on va faire chauffer une bassine d'eau et... »
L'esprit de Barnabé entra en surchauffe. Bordel, qu'il n'y ait pas d'accoucheuse, ce n'était pas rare. Mais par les cinq, où était les femmes ? Les mères, les tantes, les belles-sœurs... Mme Pimbleu était-elle vraiment de la famille ? Il n'y avait pas de dispensaire dans cette ville ?
« Mme Pimbleu, vous les connaissez d'où ces gens ? Comment ça se fait qu'il n'y a rien de prêt ? Je vois même pas de bandes ! Est-ce qu'on a fait tremper cette jeannette dans la fenouil pour ramollir ? »
« Je ne les connais pas plus que vous ! Ils sont arrivés il y a 3 jours en me demandant de les loger, et elle n'était pas censée mettre bas avant un mois m'a-t-il dit ! J'ai été voir deux voisines pour m'aider, elles étaient cuites à la vinasse, si ce n'est pas malheureux ! Ah si j'avais su... »

De son côté, seule avec la femme, la rouquine sympathisait entre deux contractions. Elle s'appelait Pauline et venait de la campagne avec son amoureux. Reniée de par son ventre, elle avait vécu quelque temps avec sa belle-famille, les Lorgal. Mais celle-ci avait essayé de lui faire prendre un puissant laxatif pour tuer le bébé. Avec son amoureux, César, elle était partie et ils s'étaient échoués là. Mais le chemin avait été long, et les routes cabossées. Barnabé comprenait la situation déplorable dans laquelle ils étaient. Il réfléchit sur la conduite à tenir.

« Bien, on va la faire à l'elfique »

Il prit un air résigné qu'on ne lui connaissait pas, et les yeux fixés sur la porte ouverte, il récita ses instructions :
- J'aurai besoin de plusieurs choses, écoutez bien Mme Pimbleu :

  • des clous
  • une lime
  • un marteau
  • de l'ergot de seigle
  • deux cuillères en bois
  • et deux gros saladiers

Et au plus vite, de l'huile de violette et de laurier, et de l'arbalésade au pavot »
- De l'arbalésade de pavot ? Mais où c'est qu'on trouve ça ? »
- Allez chez un apothicaire, foutrecul que j m'en beurre ! »
- Et où je trouve la ferraille pour le payer l'apothicaire ? Ça vaut la peau du fessier ! »

Barnabé la regarda en pinçant sa bouche. Voilà un détail qui n'était pas des moindres. Il se résigna, sortit une pièce d'or frappée de Sainte Berthilde de sa poche et le tendit à la vieille.
« Donnez-lui ça en gage, j'irai chercher ma monnaie plus tard »
La femme le regarda avec de grands yeux. Barnabé lui commanda brusquement de se dépêcher. La vieille fila chercher le nécessaire en dehors de la maison, emmenant la jeune Glabousine.

Barnabé dégagea le mari en lui ordonnant de faire le feu dehors, dans la cour, pas ici où on suffoquait déjà ! Et d'en profiter pour surveiller son étal en même temps.
La rouquine de son côté avait négocié le passage à quatre patte, entre deux contractions, au prix de nombreux efforts et cris. Elle se dit qu'elle n'aimerait pas être dans le même état et se félicitait d'avoir sauvé son propre hymen de l'affreux JeanJean. C'est au milieu de cette réflexion que Pauline lui avouait avoir une terrible envie d'aller à la selle.
« C'est bon signe, si ça vous vient, lâchez tout ! C'est vital, lâchez tout ! »

La rouquine était un peu estomaquée par ce qu'elle entendait. Elle était censée faire quoi lorsque ça arriverait ? Barnabé posa des questions sur des pertes survenues plus tôt. Il lui expliqua les contractions, le ventre qui durcissait à intervalle régulier, très régulier. C'était quand il était dur qu'il faudrait pousser, et quand il le dirait. Il demanda aussi des détails très intimes. La jeune fille, perdue et seule devant une Pauline déjà bien fatiguée, essaya de la soulager de son mieux. Elle nettoyait pour y voir clair.

La petite Glabousine remonta avec de l'huile de violette.
« Maintenant tu m'écoutes bien Minnie (Barnabé ne faisait pas exception dans la maltraitance de son nom), tu vas me dire le con est ouvert de combien ? »
- Quoi ? Mais qu'est-ce que vous dites ? »
Glabousine vînt lui apporter la fameuse huile.
« Tu vas te mettre de l'huile partout sur tes mains, jusqu'aux avant bras, et tu vas me dire si c'est ouvert d'au moins un doigt »
- Quoi ?» Hurla la rouquine choquée à l'idée d'aller triturer un aussi effroyable conet disproportionné et d'une quasi-inconnue.
« Tu me dis si la zone est dure ou molle »
- Mais par la couille du Vrai, si vous êtes si fort, pourquoi vous n'y allez pas vous-même au lieu de me parler à travers la porte ? Je suis esseulée, vous regardez même pas ! »
- Ma fille, j ne puis. J'ai assisté à pareil spectacle et j'y ai perdu le goût de propager mon huile de rein pendant trois années. Tu conviendras que j déjà eu ma part d'horreur. Mets-y un peu du tien et dis-moi. »
La rouquine prit une longue inspiration en regardant la pauvre Pauline qui serrait les dents en fermant les yeux. Il fallait l'aider la pauvre, et seul Barnabé semblait avoir une idée de ce qu'il convenait de faire. Elle prit sur elle d'aller tâter le terrain.

Barnabé entendit des bruits inquiétants suivis des protestations énervées de la rouquine.
« Qu'est-ce qu'il se passe Minnie ?»
- Elle m'a lancé un charivari du cul pendant que j'inspectai ! »
- C'est très bien ça, continuez Pauline, c'est normal. Comment s'est présenté la rudesse du con ? »
- C'était mou, et j'sais pas s'c'est que j'ai des petits doigts mais y'a de la place »
« M'ouais... » Barnabé ne comprenait décidément rien à ce que cette petite baragouinait. Il voyait bien la bonne volonté de la jeune fille ne suffirait pas et qu'elle était pâle comme un linge. Mais pas autant que Madame Pimbleu qui revenait avec les ustensiles, il ne manquait plus que l'arbelusade. C'était quand même une bien belle équipe de bras cassés, et si c'était bien un enfant en avance, la vie de la mère comme de l'enfant était sérieusement en danger.

« Mettez ça là, la Pimbleu, et allez me chercher le reste. Il n'y a donc pas une autre femme courageuse par ici ? »
Il se tourna vers la petite Glamousine :
« Va chercher des renforts petite, il nous faut un cœur brave qui n'a pas froid aux yeux. C'est une question de vie ou de mort.»
La petite, ravie de quitter l'endroit, se précipita. Arrivée dans la rue, où une petite troupe de curieux alertés par les cris s'étaient amassés et philosophaient champignons, elle hurla à plein poumons.

« On a besoin d'un cœur brave qu'a pas froid aux yeux là-dedans, c'est une question de vie ou de mort ! »






Revenir en haut Aller en bas
Louis de Saint-Aimé
Humain
Louis de Saint-Aimé


Nombre de messages : 668
Âge : 35
Date d'inscription : 01/08/2016

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 26 ans
Taille
: 1m93
Niveau Magique : Non-Initié.
Les temps changent, mais pas le monde.  Empty
MessageSujet: Re: Les temps changent, mais pas le monde.    Les temps changent, mais pas le monde.  I_icon_minitimeMer 8 Aoû 2018 - 0:45






Le petit peuple avait donc toujours pour Louis, nombres de mystères qu’il ne saurait élucider! Cet essaim de cul-terreux pérorait avec tant de fougue et d’hardiesse, qu’il était pour lui impossible d’en savoir la nature du débat. Sa curiosité se montrait de plus en plus assoiffée, ne lui donnant autre choix que de jouer du coude pour s’immiscer dans cette foule bien tassée. Le Saint-Aimé, carabiné comme un bœuf, ne se percuta à aucune résistance, hormis une poignée de pedzouille un peu moins décharnés de muscles. Au bout d’un effort à demi-déployé, toujours méconnu de cette foule agitée, il parvint à s’immiscer suffisamment proche du noyau pour y entendre cette discussion délicate.

« Non, mais non mais non! C’pas possible merde! Comment qu’vous jactez des conneries! » Surenchérit le seul homme du tas qui semblait encore posséder l'ensemble des chicots de sa vilaine gueule.

« Mais puisque je te le dis, non de non! Y’a du bonhomme qui s’occupe de la madame ou j’m’appelle pas Terrance! Et par du bonhomme, on comprendra que j'le dit avec un S à la fin, hein! » Affirma effectivement d'un sourire à moitié édenté, un vieux pecnot parfumé à l'arôme de bouse et de sueur.

« Et pis quoi encore? V’z’avez l’esprit bien tordu hein, pour vous inventer des cochonneries pareilles. Non, en fait, c’est son mari qui s’est énervé après sa bonne femme. Elle lui a sûrement cassé les couillons et ça l’a chauffé un peu le bonhomme. M'est d'avis qu'elle a mangé une bonne giroflée à l'heure du manger, héhé! »

« T'serais pas un peu con, toi ? Elle crirait pas autant et pas aussi longtemps. Et si au lieu d’endurer toutes ces conneries on allait voir ? »

« Et toi, t'es pas un peu dingo ?! On n’interrompt pas le coït putain! Surtout quand y sont plusieurs dans la piole. »

Quoi?! Parce qui sont plusieurs?!

« Forcément, vu les cris qu'elle jacte ... »

« QUI S’EST QUI VOUDRAIT S’HUMECTER LES BOYAUX ?! » Hurla à gorge déployée un beau luron à la panse bien bulbeuse et, à la barbe aussi avenante que la cargaison de sa petite carriole tractée par un âne. Ce fût la fin nette de cette discorde. C’est que le clabaudage du rondouillard tenancier intima un soulèvement immédiat de la foule, celle-ci franchement enfiévrée par l’odeur de la flotte alcoolisée. Alors, de manière bien fortuite, au même moment que cette pauvre âme affolée cria à l’aide, l’ensemble de la gueusaille se déboîta en toute hâte vers le taulier, espérant de toute âme que cette eau de vie leur soit gratuite! Et Louis, dans toute cette histoire? Qu’avait-il à faire d’un peu de flotte pétillante, alors que ses appartements au castel en possédaient tour le tour du ventre? Non, avant même que s’écrira le rondouillard, c’est cette petite, qui attira son attention. Criant à l’aide, Louis n’eut guère à se faire prier par deux fois pour la suivre ; sa bonté, de même que sa naïveté l’auraient un jour à coups sûrs.

Il s’engouffra en toute hâte dans une ruelle menant à un cul de sac, où une flambée toute menue enfumait les appartements jouxtant l’âtre de fortune. Sans faire attention à l’utilité d’un feu en plein jour, alors que le soleil cuisait à feu doux toutes âmes qui vivent, Louis suivit sans autres ambages là où l’emporta la petite Glamousine. Depuis, l’effervescence des derniers événements esseula Louis de ses chaperons armés, qui jusqu’à maintenant, surent rester dans son ombre depuis sa prime enjambée hors du château. S’attendait-il à quelque chose de particulier, lui qui avait odit tous les scénarios possibles à propos de cette jeune femme en détresse? Les immenses paluches du marquis se resserrèrent, comme s’il était prêt à occire céans de ses mains propres l’homme qui aurait osé lever la main sur une donzelle. Pis encore, s’il arrivait comme l’avait affirmé ce libidineux personnage, au milieu d’une débauche collective? S’en serait fait d’eux ; au pilori les violeurs et, pendu par les routons, pardi! Enfin arrivé au repère, Louis enjamba la petiote et d’une foulée d’avance, fit son introduction devant les acteurs principaux de cette, à la fois sordide et magnifique scénette.

S’il avait sût, sa mâchoire lui aurait décrochée et se serait fracassé contre les lattes tordues de ce pauvre plancher de bois-franc.  


Revenir en haut Aller en bas
Aymilie
Humain
Aymilie


Nombre de messages : 71
Âge : 36
Date d'inscription : 30/06/2018

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  Environ 17 ans
Taille
: Environ 170 cm
Niveau Magique : Non-Initié.
Les temps changent, mais pas le monde.  Empty
MessageSujet: Re: Les temps changent, mais pas le monde.    Les temps changent, mais pas le monde.  I_icon_minitimeJeu 9 Aoû 2018 - 14:01


L'aventurière de l'extrême n'en menait pas large dans son nouveau rôle de ventrière. Elle essayait d'accompagner la courageuse Pauline dans les exercices de respiration que conseillait Barnabé ; aussi mimait-elle sous le nez de la jeune femme une respiration profonde, en insistant sur le mouvement du ventre. La primoparturiente de son côté paniquait d'avoir entendu Barnabé parler de "vie ou de mort". Consciencieuse, elle essayait d'accompagner les contractions par le souffle en écoutant la douce voix de la jeune rouquine, plus bienveillante qu'efficace. Elle s'inquiétait pour son bébé plus que pour elle-même. Le mettre au monde était son but et elle essayait de rester indifférente à toutes les inquiétudes en cuisine. Lorsque son fiancé remonta quelques instants avec une nouvelle bassine d'eau chaude, ses mots d'encouragement l'avaient déterminée à mener l'effort jusqu'au bout.

Le nouveau venu fut accueilli par l'air déconfit du sage-marchand. Il n'y avait donc plus aucune foutue femme dans ce pays ? Qu'importe, médecin ou vêleur étaient les bienvenus. « Moi c'est Barnabé, elle a un mois d'avance et il va falloir faire la mise-bas » dit-il d'un air grave, en lui tendant d'un air entendu une poignée de clous dans une main, marteau lime et cuillères dans l'autre.

D'où elle était, juste devant Pauline, la rouquine vît s'avancer depuis la cuisine un large drap derrière lequel se dissimulait la voix de Barnabé et quatre pieds. Il continuait de donner des consignes et ordonner ce petit monde. Le haut du drap alla se poser sur une poutre du plafond de la chambre, et avec l'aide du comparse qui venait d'arriver, le marchand entreprit de le clouer de telle sorte qu'il n'y ait plus qu'une simple cloison de tissu entre lui et Pauline. La séparation était un bouclier pour Barnabé ; sa dernière expérience visuelle avec une vulve en caldeira (avec lahar et pyroclastes) était devenue un indépassable nœud Gordien pour son « Alexandre le Gland » : trois années et huit ennéades de travail à la main pour qu'il rosisse de nouveau.

«V'là un volontaire, mes amies » en faisant un signe au nouveau venu qu'il avait directement pris en main. « On en est aux contractions, jâ pense que vous ne serez pas trop de deux pour manœuvrer la bête ». Il laissa l'inconnu planter des clous pendant qu'il retournait dans la cuisine voir Mme Pimbleu qui revenait très agitée. Il prit son colis et la congédia sèchement ; qu'elle aille s'évanouir plus loin, la vieille rosse. Il retourna à l'abris de son drap.

« Va nous mettre l'arbelusade de pavot à fumer sous le nez de Pauline s'il te plaît » demanda-t-il en tendant d'étranges ingrédients à la meilleure rouquine du monde. Elle n'en finissait pas d'écouter tout ce que lui ordonnait cet homme. Elle avait nettoyé les alentours, mis un gros saladier entre les cuisses de Pauline (« C'est pour mesurer le sang »), disposé des draps pour améliorer le confort, donné quelques mixtures pour aider le travail. En prenant le bassin d'eau bouillante, elle vit le nouveau venu dont les grosses bottes l'étonnèrent. Avec cette carrure et la mauvaise barbe, trop bien coupée pour être virile, elle en conclut que c'était un chirurgien des armées.

Barnabé de son côté penchait pour un éleveur de bétail venu en ville se rincer la mouille, mais qui fort de son expérience avec ses bêtes était bien à-même de procéder à toutes les manipulations qui s'imposaient. Il n'en restait pas moins que l'homme était troublé de voir une femme à l'œuvre plutôt qu'une bête à corne. Il allait le guider un peu, par ses instructions.

Pendant que la ventrière de fortune préparait l'arbelusade à infuser, Barnabé indiquait à son commis en maïeutique l'autre bassine où se laver les mains, puis l'huile dont il avait besoin jusqu'au coude. Après quoi il lui expliqua avec une pomme entaillée à deux endroits et sur laquelle il avait piqué un bouchon, comment déterminer les fontanelles et le nez pour sentir l'orientation du petit. Il lui indiquait aussi dans quel sens il valait mieux faire arriver l'enfançon.

La panique initiale de Pauline avait bien refluée, mais elle était fatiguée par les contractions :
- Kyria en kilt de soie, c'est quand que je pousse ? »
- Pas avant que le bébé ne soit engagé, ce monsieur va y regarder »

La rouquine vit la fumée de l'arbelusade se colorer et prendre une très étrange odeur, la fumée allait de la tête de Pauline avant de se dissiper vers ses jambes pour s'échapper par la fenêtre. Seul Barnabé, derrière sa tenture, ne serait pas incommodé de plein pif. Pauline n'avait pas l'air bien à l'aise de voir tous ces préparatifs et tous ces nouveaux venus .
« C'qui c'nouveau-là ? »
La rouquine n'en savait pouic et comme Barnabé n'avait pas l'air de penser à les présenter, elle prit l'initiative de le faire elle-même. Avec le stress et les premiers effet de l'arbelusade, son accent reprit ses droits. Tout le monde se désola d'une si douce voix avec un si hideux patois dont ils ne percevaient que :
- Ciao M'sieux binv'nue 'cie, V'là Ba'n'bé qué bin not'spécliçte, l'Pôline q'met bas, êy mi'mli. Et tu, anche, comé qu'ti chiami ? »

Mais déjà Barnabé pressait le présumé chirurgien-vêleur d'aller se coller les doigts dans la cramouille de Pauline pour lui mettre bien en place le passager qu'elle abritait.
Revenir en haut Aller en bas
Louis de Saint-Aimé
Humain
Louis de Saint-Aimé


Nombre de messages : 668
Âge : 35
Date d'inscription : 01/08/2016

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 26 ans
Taille
: 1m93
Niveau Magique : Non-Initié.
Les temps changent, mais pas le monde.  Empty
MessageSujet: Re: Les temps changent, mais pas le monde.    Les temps changent, mais pas le monde.  I_icon_minitimeMar 14 Aoû 2018 - 15:11






Ainsi notre héros, plutôt que de se présenter les poings fermés, prêt à requinquer quelques faces à coups de jointures, en resta complètement pantois. Sa prestance, sa vaillance et son courage, tous, crevèrent au même moment que l’un des vêlements assourdissants de Pauline. Sous son regard incrédule, il lui fallut même quelques secondes pour digérer l’ampleur de toute cette mascarade, où le géant au sang bleu resta, à l’instar d’une statue de pierre, totalement immobile. Mais point était temps au repos, on l’incita sans plus tarder à assister les différents participants, usant des clous et du marteau pour offrir à la future mère un brin soit peu d’intimité en y faisant pendre aux solives de la cabane un drap opaque. Et le temps pressa, car même si cette prime tâche lui sembla baignée de simplicité, la prochaine quant à elle, gagnerait un brin en difficulté! « Par le séant béant de ma lavandière, je n’ai rien d’un chirurgien bovin! » eût-il envie de cracher devant tous, alors qu’il commençait à comprendre le rôle qu’il tiendrait dans cette sanguinaire histoire. Pourtant, avant-même qu’il n’eut à débattre, il se retrouva à proximité Pauline, pratiquement suppliciée à outrance par la douleur. Pouvait-il vraiment, en pareille situation de crise, se démordre du rôle qu’on l’affubla contre son gré ? Il irait. Ce ne pouvait, après tout, pas être pire que la pagaille d’un champ de bastaille!

Louis conquit sa position, c’est-à-dire à proximité de la fente évasée de Pauline et à côté de son assistante, l’adorable et à la fois curieuse Aymilie. À jacter aussi gauchement, Louis crut que la gueuse à la crinière de feu, à l’instar de lui-même, était éprise des mêmes fourmillements d’énervement, l’empêchant de faire usage d’un parler fluide. Et c’était obligé, parce que de son vivant, pas même le plus bouseux des types, pas même le plus attardé des hommes dont il eut le malheur de croiser la route, ne fit usage verbal aussi indigeste. Au moins réussit-il à décoder quelques mots, quelques bribes de son charabia.
« Je me nomme Louis, pour votre information. » Était-là le temps de leur exposer de long en large la complexité de toutes ses prérogatives, de tous ses titres ? Peu était à parier que oui, puisqu’à force d’entendre glapir Pauline de douleur, on comprenait que l’heure, qui était tantôt grave, frôlait désormais le drame.

« Va tâter son fond de cramouille, et conte-moi ce que tes doigts trifouillent! » Beugla Barnabé au travers les plaintes cadencée d’une Pauline tourmentée. Et à cet ordre, les yeux de Louis s’écarquillèrent, ronds comme des billes, alors qu’il entreprenait quelques allées et venues du regard, entre le casseau de Pauline et son immense patte d’ours. Aussitôt, les explications de Barnabé lui semblèrent plus vagues, plus lointaines, en oubliant presque chacun de ses conseils avisés. Et à son hésitation, il y vit le regard d’Aymilie, qui semblait faire pression pour qu’enfin il agisse, qu’il prenne un peu l’initiative. Alors, il s’y colla.

Un doigt à la fois, passant d’un à trois, il partit à la recherche de l’enfançon. Chaque aboiement de Pauline l’hérissa, comme s’il se sentait tout à coup coupable de tous les supplices qu’elle subissait.

« Là, son nez! Je crois! Il est tout près. » Affirma Louis, crispé de pieds en cap, alors qu’icelui n’avait pas même daigné regarder directement là où il tâtait.

« Bon signe Loulou, on n’aura pas à le tirer par le cul ! Maintenant faut l'aider à se mettre comme jâ t'ai montré » Répondit dare-dare le « mestre » de l’accouchement, planqué confortablement derrière le drap. Comme il lui avait montré … Oui … Louis entreprit une torsion du bras, tandis que sa respiration s’affolait sans que l’effort n’ait été considérable. L’énervement certainement, accablait son souffle et bientôt, Aymilie aurait de quoi douter des compétences de Louis. Les secondes devinrent minutes et après une dizaine, Louis retira farouchement sa main détrempée et souillée en perdant littéralement son sang-froid, il hurla de sa voix grave :
«  Il arrive, on y voit le crâne! » Affirma Louis, cette fois plus que dégoutté à la vue de ce crâne grisâtre et de cette femme à l'intimité plus que déformé et ravagé.

Cette phrase, que lança le chirurgien de fortune, fut entendu de tous et plus particulièrement de Pauline, qui commença sans même qu’on lui rappel, à pousser de toutes ses forces. Elle poussait à s’en faire naître des veines au visage, une face qui d’ailleurs, s’approchait d’une teinte cramoisie. Trente minutes, soixante minutes, passèrent où Louis, aussi impuissant qu’Aymilie ou Barnabé, exhortèrent la pauvre Pauline à d’avantage d’efforts, elle qui de toute évidence, sembla vidée de toutes ses énergies. Enfin, Louis brisa cet enchaînement d’encouragements, balançant au professionnel ce triste constat.
« On dirait qu’il ne veut pas sortir, c’est comme un siphon. Chaque fois qu’il sort, il revient! »

« Les cuillères! Faut lui saisir le crâne comme on s’en sert dans un saladier! » Si seulement l’entourage du Marquis était là, pour admirer le grossier langage de leur seigneur, à jamais on saurait le lui rappeler. Louis offrit les instruments à la rouquine, l’intimant farouchement à aller les huiler, pour mieux les récupérer et les utiliser comme on le lui avait expliquer …

« Prépares toi à l’accueillir ma jolie, parce que je ne le laisserai pas filler cette fois. » Et Pauline poussa, elle poussa si fortement, qu’à l’aide des cuillères, Louis en fit sortir la tête. Le reste, normalement coincé aux épaules, coula naturellement à la prochaine poussée, comme si le passage de la tête avait suffisamment  travaillé le chemin pour que le poupon puisse complètement s’éjecter.

Au bonheur de Louis, le bébé semblait entier et au malheur d’Aymilie, elle dut former de ses mains le berceau qui accueillit la descendance poisseuse de Pauline, de même que tous les liquides et autres joyeusetés de l’accouchement.



Revenir en haut Aller en bas
Aymilie
Humain
Aymilie


Nombre de messages : 71
Âge : 36
Date d'inscription : 30/06/2018

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  Environ 17 ans
Taille
: Environ 170 cm
Niveau Magique : Non-Initié.
Les temps changent, mais pas le monde.  Empty
MessageSujet: Re: Les temps changent, mais pas le monde.    Les temps changent, mais pas le monde.  I_icon_minitimeMer 15 Aoû 2018 - 22:07


La découverte ignominieuse du froid (il faisait 32°C seulement) et les très déconcertantes pattes en bois dur qui appuyaient sur son crâne n'avaient pas fini de l'agacer ; après avoir été chassé manu-militari par sa propre maison, avoir eu le crâne trituré par des grosses saucisses huileuses, avoir du ramper tête la première dans un conduit récalcitrant, un modeste diagnostic s'imposait. Est-ce que tout était fonctionnel ? D'instinct il commença par ouvrir sa glotte. Erreur funeste ! A peine ouverte que déjà s'engouffrait l'air, et une horrible sensation prenait possession de ses poumons qui se gonflèrent. Quelles expérience détestable ! Un truc qu'il se jurait de ne reproduire pour rien au monde.

Cette situation désagréable se poursuivait depuis une éternité, et il aurait bien aimé parler à un responsable. Il était crevé, il en avait marre, il allait tout envoyer péter. Par réflexe mais aussi par contestation, il ajusta sa glotte et contracta ses poumons pour chasser cet air si désagréable, et qu'il n'y revienne plus ! Comble de l'insupportable, le voilà maintenant qui entendait un gros cri aigu, un cri braillard à vous coller la migraine. Cette sortie démarrait sous les pires auspices.

Avec une terrible appréhension, il se demanda s'il n'était pas lui-même la source de cette agression sonore. Dégouté à l'extrême de la vie par un constat si affligeant, il reprit tout de même une deuxième bouffée d'air, c'était plus fort que lui.



La jeune aventurière se retînt de vomir à la vue d'un bébé hurleur hébété, noyé sous des amas bruns-verdâtres du plus mauvais genre qui dégoulinaient sur ses avant bras.
« C'normal qu'y soit si vert ? » demanda-t-elle plus ou moins discrètement à Barnabé.
« Nettoie-le, on y verra plus rien »

Alors qu'elle trempait le bébé dans l'eau chaude du deuxième saladier qui se tenait prêt, elle se demanda si la couleur caca d'herbe était liée à la technique d'accouchement elfique avec les cuillères en bois, toute cette scène tenant finalement d'une ignoble vinaigrette.

Mais l'horreur n'était pas terminée, une nouvelle secousse se fit dans son estomac à la vue du répugnant cordon qui retenait encore l'enfant à sa mère et avec lequel se débattait « Louis », l'autre grand gaillard doué de ses mains comme un chien de sa queue. L'aventurière se désespérait intérieurement, d'abord de ce prénom efféminé qui devait être une déformation de « Lohie » pour y ajouter de bien désagréables voyelles, tant est si bien que le nom sonnait comme un pet siffleur qu'on écrasait sous la fesse ; mais surtout par ses manières ahuries et brutales d'accoucheur de biquette dans un pays qui les aimait trop.

Pauline quant à elle était épuisée. Elle avait hurlé lorsque les instruments d'inspiration elfiques s'étaient fait sentir. Elle pensait naïvement en avoir fini et sa tête posait sur les draps de la table. Un peu de repos après l'effort. Elle était à bout

« Tu pinces 2 fois en haut et tu coupes à quatre doigts » indiqua Barnabé au grand bonhomme. Il demanda à la jeune fille d'une voix gorgée d'un sous-entendu :
- Mademoiselle pourra peut-être nous faire l'honneur de son couteau ? »
Alors que le nouveau venu trempait à moitié dans son saladier, l'aventurière sortit une lame de sa gibecière qu'elle tendit à Louis. C'était un vieux couteau aiguisé avec plus de soin qu'il n'en méritait, sur le manche en bois était écrit « l'innocent candide », probablement une taverne.

« C'est un gars ou une garce ? » demanda César, le père qui se rongeait les ongles depuis la cuisine.
« C't'un couyllu » décréta l'aventurière en souriant à la maman.
« Allez Loulou, quand c'est pincé, tu coupes et tu donnes à la bonne mère Pauline » dit Barnabé. Avec un beau cri pareil, on pouvait espérer que le bébé aille bien. On allait pouvoir respirer un peu avant d'en terminer.
Revenir en haut Aller en bas
Louis de Saint-Aimé
Humain
Louis de Saint-Aimé


Nombre de messages : 668
Âge : 35
Date d'inscription : 01/08/2016

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 26 ans
Taille
: 1m93
Niveau Magique : Non-Initié.
Les temps changent, mais pas le monde.  Empty
MessageSujet: Re: Les temps changent, mais pas le monde.    Les temps changent, mais pas le monde.  I_icon_minitimeLun 10 Sep 2018 - 14:40






À l’instar de Pauline qui s’était vidée de ses énergies à force de beugler comme une vache dont on martyrisait les pis, Louis cru que son calvaire trouva sa fin. Le flambeau remit à la rouquine, il se permit de remplir à ras le bord ses poumons encore paniqués des derniers événements, se rassurant en soulevant le fait que ce traumatisant épisode de sa vie était désormais derrière lui. Et cette technique toute simplette se montra somme toute efficace, du moins, crut-il. Il se sentit tracté de nouveau vers cette réalité, l’oreille pincée par les convaincantes recommandations du couard que faisait Barnabé. En bon employé, il s’exécuta sans renauder, y allant à peu près comme on lui avait indiqué. Les cris sourds du chiard faisant preuve de toute la vigueur du poupon, cette tâche secondaire qu’était de sectionner le cordon lui parut si insignifiante, qu’on aurait dit pour la première fois qu’il rendait justice au métier qu’on lui affubla à son arrivée. Pincé là et là, Louis saisit la lame d’un geste plus qu’habitué puis coupa d’un mouvement net le cordon qui unissait sa mère à son poupon, qu’enfin icelle puisse profiter de la présence de ce dernier. Encore décoré d’un peu de ses propres rejets, c’est couvert d’une « crème » naturelle que le bambin retrouva le confort de sa mère au regard éreinté. Quant à Louis, il ne prolongea guère sa présence aux devants de cette rombière qu’il avait admirée sous toutes les coutures, non. Plutôt, il évacua l’alcôve de fortune créée par les rideaux suspendus par des clous, en quête d’un peu de flotte pour se débarbouiller les pattes et la tronche, dont le teint ne sut obtenir suffisamment de temps pour retrouver ses couleurs naturelles. Une fois les paluches à peu près décrottées, il patienta que se libère son mentor du moment, de même qu’Aymilie, pour leur présenter ses excuses. Il se devait de quitter céans, sans autres ambages. Il leur tourna le dos, puis s’éloigna de cette salle où l’odeur de la vie commençait tranquillement à lui chatouiller les tripes.

Dehors, enfin, il inspira une bouffée d’air frais, cherchant derechef à calquer cette sensation de tantôt : d’oubli et de déni, comme si ce qui venait de se produire ne relevait que du mauvais cauchemar. Retournant fouler les dédales des ruelles qui menaient à l’artère où les chimpanzés se bagarrèrent plus tôt, plutôt que d’y prolonger son séjour en quête d’autres souvenirs de sa jeunesse, Louis fonça tête baissée vers le castel, fuyant le petit peuple qui commençait doucement à le reconnaître, à souffler de manière incertaine son nom en messe basse. Ce ne fût qu’une fois aux devants de ses appartements, qu’il décida de se tremper dans une bassine d’eau bouillante, question de relaxer tous ses muscles torturés par l’angoisse.

Et maintenant que tout ceci était derrière lui, le pire était à venir, parce qu’après avoir ratatiné pendant une heure dans la flotte, sa promise marqua sa présence au cadre de la porte qui menait à sa salle de bain, le regard accusateur.

Ils font vraiment chier, ces pégus.


Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Les temps changent, mais pas le monde.  Empty
MessageSujet: Re: Les temps changent, mais pas le monde.    Les temps changent, mais pas le monde.  I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Les temps changent, mais pas le monde.
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» En début de règne, pas grand monde... mais ça va venir!
» Trois mois ? Mais avec combien de temps de retard ? | Mara
» Il y a des choses qui ne changent pas [Gaedrath]
» [Kelbourg] Seuls les cons ne changent pas d'avis | Thibaud
» [temple d'Arcamenel] Temps...il est temps...

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Miradelphia :: PÉNINSULE :: Marquisat de Sainte Berthilde :: Marquisat de Sainte Berthilde-
Sauter vers: