[MdO2019][Souffle prisonnier] Rassemblement 3 - Gerbe de fleurs

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Rp de rassemblement N°3

9e jour de la 3e ennéade de Karfias ~ été
11e année du XIe Cycle
Temple principal de Tyra à Naelis

Règles spécifiques à ce RP :
Pas de longueur de poste minimale
Double posts acceptés
Libre à tous ceux qui veulent jouer dans l'évènement "Le Chant du Souffle Prisonnier"
Pas de tour de parole
Seules les informations qui seront partagées dans le RP seront considérées comme connues de la troupe et pourront servir à organiser le reste du voyage

Information à respecter sur la période de RP :
Arrivé à Naelis : matin du 4e jour 2e ennéade de Karfias 11:XI
Depuis leur arrivé, Jena et son chevalier ont quitté le groupe pour loger au palais et s'entretenir avec les monarques.
L'Eulalie est toujours à quai et prête à ramener en péninsule tous ceux qui le désirent.
Logement : La Morue Galante, auberge bas de gamme mais propre sur le front de mer. Entièrement privatisée vu le nombre de marins et de participants.
NB : en Missède, le bleu foncé est la couleur du deuil

Idées de trucs à chercher dans des RPs annexes :
Avoir un guide vers le Firmament ça pourrait être intéressant.
Si personne ne trouve un PJ pour nous faire passer par bateau de Naelis à Nisetis, on devra passer par la terre.
Tous les renseignements possibles sur les autres cultes de la mort que celui de Tyra pourraient être intéressants.

Les joueurs participant à l'évènement sont priés de ne pas ouvrir de RP se déroulant après la date de ce RP jusqu'à la clôture de celui-ci.

N'oubliez pas que vous pouvez ouvrir les RP perso que vous voulez sur le trajet. Ce n'est pas parce que ce RP est ouvert qu'il doit être priorisé dès maintenant.

Sujet HRP de l'évènement

Clôture : Dimanche 2 Septembre à 23h

Cela faisait près d'une ennéade et demie que l'Eulalie avait accostée. Quinze jours que les premières pertes avaient été déplorées dans ce bazar. Le soleil était à peine levé et l'air encore un peu frais.

Gilbert
Pierre
Aurélien
Lucien
Louis
Lyarra

Tout en ajustant le nœud de cravate de sa chemise bleue, Renard repassait les noms dans son esprit. Le Maître coq, deux gabiers, un mousse, son second et même Lyarra. Il soupira. Au moins Anthoine avait survécu malgré la perte de son œil et tout le monde avait put profiter des services de médecins relativement correctes. Ils avaient du attendre pour pouvoir offrir à leurs disparus une cérémonie en bonne et due forme mais le jour était venu. D'ici deux heures, ils feraient leur adieux à leurs camarades et les nobles instigateurs du voyage avaient même fait en sorte qu'un grand repas soit préparer pour le soir afin de saluer dignement tous ces sacrifices. De quelques mouvements ajustés, il passa sa veste, lissa son bouc et recoiffa encore et encore ses cheveux blonds.

Trois coups.

- Entrez. "

La frimousse d'un Ferdinand pour le moins défait apparu dans l'encadrement de la porte. Le guérisseur était bien moins affable que d'ordinaire depuis l'attaque. Il parlait peu et ne racontait plus la moindre histoire. Cela lui ressemblait peu mais l'un comme l'autre savaient que les épanchement ne leur convenaient pas. Ils étaient là et silencieux. Le moindre mot aurait put les blesser.

- Je te suis. " dit simplement le Capitaine en ramassant son chapeau.

HRP:

Sur la petite place qui bordait la façade du temple en pierres blanches et grises. une dizaine de marin portant au moins une cape bleue sombre attendaient sans oser entrer tout de suite. Nulle doute que toutes ces pertes avaient ébranlé l'esprit de certains. Si l a possibilité de mourir lors de cette quête insensé planait depuis leur départ, à présent, elle avait pris corps. Une toute autre réalité.

Un prêtre Voilé arriva quelques minutes après que Renard et Ferdinand, rassemblant ceux qui étaient là pour assister aux obsèques. D'un pas lent, il les accueillit de quelques paroles de sollicitude et les conduisit à sa suite dans les entrailles du Temple de Tyra.

Ils traversèrent la grande nef et furent conduit jusqu'à une salle à l'arrière dépouillée de la moindre décoration. Six cuves avaient été alignées, emplies d'un liquide qui avait toutes les allures de l'eau. Ceux qui avaient déjà assisté à une crémation de ce style savaient pourtant qu'il n'en avait que l'apparence. D'ici peu, il brulerait si fort qu'observer les corps au travers de la lumière serait douloureux jusqu'à ce que le moindre os soit réduit en cendre.

Ce n'étaient pas les funérailles les moins onéreuses. Les gens du communs utilisaient plus volontiers des buchés funéraires, mais il avait été convenu que ces braves méritaient des adieux dignes d'eux.

Dans chaque cuve reposait un de leur camarade. Leurs corps avaient été préparés et habillés de telle façon que leurs blessures n'étaient même plus visibles. Portant de simples chemises, ils semblaient... en Paix. Contrairement à ceux qui venaient d'entrer pour leur rendre un dernier hommage.

HRP:

J’étais devant la Temple, mon regard était rivé au sol. Je refusais de regarder les gens. Je me recouvrais dans cette cape bleue, enfilant mon chaperon. Je voulais juste me cacher qu’assister à cette scène. Qu’est qu’il y a de plaisant de voir sa mère être brulée, incendié ? Je regardais du coin de l’œil Cécilie…elle devait être soucieuse pour moi. Cécilie souffrait aussi. Ça se sentait…Pourquoi se confronter une nouvelle fois aux gens mort.

Ce jour que je ne le voulais pas. Je n’avais pas la force de voir ça. Non, ce n’était pas quelque chose que j’étais préparée. Si ! Non, je ne sais pas. Ça fait quelque jour que j’ai su sur la mort de maman. Quelques jours que j’ai su qu’elle était tuée par les pirates. Mon corps était encore endolori…Mon cœur me fait mal ! très mal ! Tout était mélanger ! tout était confus. Je ne savais plus démêlée les sentiments. J’étais devant le temple, accompagnée par ces adultes. Je sentis les regards sur moi. Ils devaient être inquiet. Je devais être touchée, me sentant soutenue…pourtant, je me sentais seule…

Je sens mon cœur se fendre à l’intérieur, je n’étais pas prête à affronter ce qui va se passer à l’intérieur. Non, je n’étais pas prête. Je ne pleurais pas. Je devrais pleurer non ? Pourquoi je ne pleurais pas ? Pourquoi je n’y arrivais pas ? Aimais-je vraiment ma mère ? Oui, bien sur que oui. Je l’ai suivie, je l’ai choisie. Grâce à elle, j’ai découvert le monde. Mais, elle est morte.

Voilà ce qui en est…Elle est morte…Ma mère invulnérable fut tuée… La réalité de la vie était là. La vie était éphémère. En si peu de temps, je pouvais perdre quelque chose. Cette idée de perdre de nouveau quelqu’un me fait peur. Dois-je perdre à présent mon autre mère ? Voir Cécilie ? La mort a facilement vaincue une guerrière qui était ma mère de sang ! Mais, Cécilie n’était pas une guerrière et mère Elisabeth ne l’était encore moins. Comment faire face à la folie humaine ? La mort était là. Je suis pétrifié à cette idée de perdre une personne.

Ma véritable maman avait un but. Elle avait un but à franchir. Elle devait y réussir ! Pourquoi Tyra avait décidé autrement ? En quoi, elle méritait de mourir ? Pourquoi ces criminels ne devaient pas être noyer dans les flots ? Les dieux sont-ils à ce point cruels ?

Je ressentais une forme de colère en moi. Je ne comprenais pas la justification des actions de mes dieux que je prie. Je ne comprends pas. Je ne saisis pas leurs agissements. Je ne comprenais pas pourquoi Néera n’avait pas décidé de la sauver. Je ne comprenais pas pourquoi la gardienne n’avait pas fait un miracle !

« Pourquoi… » murmurais-je à voix basse.

- Entrez. "entendis-je au loin qui me fit réveillé en sursaut. " Je te suis. "

Je vis les hommes rentrer dans la nef. Je couvrais au maximum mon visage avec le capuchon. On me força de rejoindre. Je n’aimais pas ça. Mais, j’essayais de m’éloigner de ce moment fatidique. Car, il était là. Il était presque devant moi. Je fermais les yeux, je respirais lentement. Je sentis une main se poser sur mon épaule. Je levais ma tête pour fixer Jihane qui m’adressait un sourire tendre, elle me prit dans ses bras.

« Courage » exprimait-elle dans ma langue. « Courage »

Elle ne savait pas trop parler notre langue. Mais, elle se forçait de se montrer réconfortante. J’hochais faiblement la tête. Puis, elle s’éloigna de moi pour rejoindre Jennad. Mais, elle était bien présente. Cécilie devait être quelque part. Où exactement ? Je ne sais pas, je n’avais pas chercher du regard. Mon regard se fixa sur les cuves. Dans une de ces cuves, ma mère était dedans. Et, dans ce temple, Tyra était là. Elle devait me fixer, guettait la moindre de mes réactions car j’étais dans son lieu saint. J’aimerais avoir une réponse d’elle. De pourquoi, elle avait décidé d’enlever ma mère.

Mes yeux livides fixé les cuves, puis, le regard se porta sur le sol. J’oubliais les discutions. J’occultais le monde entier pour me concentrer sur ces cuves. Puis, je préférais fixer le sol. J’étais plongé totalement dans mon monde.
Ma seule envie était de fuir. Reculer et courir.

Quelque part, je ne savais pas où. Mais quelque part, je vis les religieux préparait la cérémonie, préparer le bucher. Mon regard se baladait de partout. Je ne savais plus où fixer ! Tout était flou. Mon cœur se mit à battre la chamade. Mon cœur se mit à battre à une cadence les plus inquiétante. Le frisson parcourut de la nuque jusqu’en bas des pieds.

Kaboom. Kaboom. Kaboom. Voilà ce que je ressentais. Mon cœur martela comme un coup de marteau dans ma petite poitrine.

Mais ce que je ressentais avant tout c’était le vide. La perdition ! Je tremblais à cette idée de voir ma mère bruler. Elle est morte ! Oui, je le savais ! Je ne me sentais pas de voir le corps brulait, voir la chair fondre sur les flammes. Ce n’était pas quelque chose de plaisant de voir l’être aimée de se transformer en un tas de cendre. Peut être que je réagirais différemment pour un étranger car c’était un étranger. Il ne m’aurait pas affecté ! De dégout, oui !

« Elia… » la voix de Jihane raisonna dans mon esprit « Elia »

Je regardais Jihane qui me fixer droit dans les yeux. Ses yeux était marquée par l’inquiétude…du moins, ce que je croyais. Je n’arrivais pas à saisir sa réaction dans son regard. Mais elle se souciait, voir troublée.

De nouveau, je fixais la cuve et les prêtres de Tari qui préparait à leur cérémonie mortuaire. La boule remplie d’animosité, de douleur, la peine que j’avais réussie à mettre légèrement de côté ce dernier jour ne cessait de remonter à la surface.

Je craque !

Un pas en arrière, suivit d’un deuxième pas. Les larmes embrumaient ma vision. Lorsque les personnes commencèrent à me regarder avec des questions que je n’entendais plus. Je reculais, je fuyais le monde jusqu’à fuir le temple en courant de toute mes forces. J’ouvris la porte pour ressentir le vent fouettait mon visage. Je revis le soleil qui m’aveuglait. Sans chercher une logique, quelque chose de bien raisonnable. Je continuais à courir ! à courir ! Je quittais le temple pour m’engouffrer quelque part dans un des quartiers de la cité.

Grayle n'avait pas eu droit aux premiers rangs. Il n'était qu'un passager. Pas un invité de marque, ni un noble, ni un marin. Si ses services lui avaient offerts une place de privilégié sur le navire, ce n'était pas le cas dans cette cérémonie. Personne n'aurait accepté que Grayle soit dans les premiers rangs, à la place d'un marin ayant perdu son ami.

Grayle lui-même n'aurait pas apprécié de toute facon. Les mains croisées devant lui, la tête baissée, il participait mentalement à la cérémonie. Il avait pu voir une dernière fois le visage de la Louve Noire, calme et paisible, dans son bassin. Calme et paisible. Ca ne lui ressemblait pas. La preuve qu'elle était définitivement morte.

Lorsqu'Elia se mit à sortir précipitamment du temple, Grayle se mit à la suivre, arrêtant d'une main un marin inquiet ainsi que Jennad.

" Je vais lui parler. " chuchota Grayle. " C'est sa cérémonie, et la vôtre. Ne vous en faites pas. "

Il détestait les obsèques. Il n'avait pas pu assister à celles de sa famille. Mais il se souvenait parfaitement de celles de sa sœur jumelles et de ses frères et soeur morts en bas-âge. Son coeur avait saigné, et jamais vraiment guéri. Il ne voulait pas qu'Elia ne subisse la même chose. Sorti du temple, il vit la petite silhouette de la jeune fille s'éloigner. Le soleil brillait haut dans le ciel, ses rayons reflétés par le sol de pierre beige.

Il n'eut aucun mal à la rattraper. S'il n'était pas particulièrement agile ni rapide, ses pas étaient bien plus grands que ceux d'une petite fille de 11 ans.

" Elia ! "

Nul reproche, ou même panique dans sa voix. Son ton était chantant et doux, comme du miel coulant le long d'une branche. Il la vit ralentir et s'arrêter, se retournant sur la défensive. Avec sa capuche, elle était aussi anonyme qu'inquiétante. Il vit dans son regard qu'elle le reconnaissait. S'ils n'avaient pas interagis l'un avec l'autre, ils s'étaient déjà croisés, et elle connaissait son nom. Savait-elle ce que lui et sa mère avaient fait sur la plage ? Il espérait que nom.

" Elia... "

Ils étaient l'un en face de l'autre, plantés comme deux idiots.

" Je peux te confier un secret ? "

Timidement, il approcha sa main du visage de la petite. Il tenait un morceau de tissu. Un mouchoir, non utilisé.

" Ma famille est entièrement morte il y a 3 semaines. J'avais deux soeurs de ton âge. "

Il se mit à sourire. Paisible, charmant, presque charmeur. Rassurant. Puis il parla, cherchant ses mots. Il n'était pas habitué aux discours, et forcaient visiblement à ne pas sortir les phrases bateaux et simples dont il s'était contenté toute sa vie.

" Je suis sûr que la plupart des marins ont déjà perdu au moins un de leurs parents. Je prétend pas te connaître mais... on sait ce que c'est. Le vide. La peine. C'tune plaie froide qui se referme jamais. Alors je comprend. Ils comprennent. On sait tous ce que tu es en train de vivre. "

Il hésita un moment, avant de s'asseoir sur une des marches de la ruelle. Il n'y avait pas grand monde dehors, et personne ne leur prêtait attention. Il tapota le sol à côté de lui, et lui fit signe de s'approcher.

" Personne ne t'en voudra si tu viens pas tout de suite. Tu veux parler un peu ? "

Il n'était pas très intelligent, ni bien éduqué, mais consoler quelqu'un, il savait faire. Après tout, Elia avait exactement l'âge de ses petites soeurs. il savait y faire avec elles. Faire partir leurs cauchemars et sécher leurs larmes avait été un de ses principaux devoirs en tant que grand frère.

« Elia ! »

Je ralentissais, je marchais, je m’arrêtais et je retournais pour faire face à Grayle. Je restais sur mes gardes, je le fixais droit dans les yeux. D’un geste de la main, je retirais les larmes qui brumait ma vision. Je baissais ma tête, voilant mon visage. Quel sot de vouloir m’arrêter…je voulais fuir…je ne voulais pas revenir…Je me mordillais la lèvre.

" Elia... "

Je me contentais de le regarder, droit dans les yeux.

" Je peux te confier un secret ? " me demanda-t-il

Je ne voulais pas savoir son secret. Je voulais fuir. Mon cœur, mon esprit n’était pas apte à écouter un secret. Non, je ne voulais pas entendre. Je voulais être dans mon coin, replier mon genou contre ma poitrine et pleurer dans mon coin.

Je restais silencieuse…

" Ma famille est entièrement morte il y a 3 semaines. J'avais deux sœurs de ton âge. "

Je le vis sourire. Comment peut-on sourire en disant ce genre de chose ? Comment ? Je ne voulais pas qu’on me sourit pour me dire que ça va aller ! C’est hypocrite ! Je ne voulais pas qu’on me fasse un tableau de quelqu’un qui a le plus souffert ! Ça c’est vantard ! Je ne voulais pas entendre ça. Il renforça en moi ma profonde colère…Une colère que je magasinais au fond de mon cœur. Un simple silence était la meilleure réponse !
Je restais silencieuse

" Je suis sûr que la plupart des marins ont déjà perdu au moins un de leurs parents. Je ne prétends pas te connaître mais... on sait ce que c'est. Le vide. La peine. C'tune plaie froide qui ne se referme jamais. Alors je comprends. Ils comprennent. On sait tous ce que tu es en train de vivre. "

De nouveau, mon cœur s’emballa. La chaleur monta dans mes joues. Mon cœur s’emballa de plus en plus. La colère ne cessait de monter, accompagné par ce que la vie m’avait à offrir….la tristesse. Grayle n’avait aucun talent pour me rassurer, renforçant le clou comme un bourreau. Oui, c’était un bourreau de cœur, de mentale. Au lieu de comprendre, d’analyser… Il me mit en pleine figure quelque chose que je ne voulais pas entendre. Il ne comprenait rien ! Il ne parlait pour rien dire.

" Personne ne t'en voudra si tu ne viens pas tout de suite. Tu veux parler un peu ? "

Je regardais longtemps le temple, très longtemps. Mes mains se serraient, plantant mes ongles dans ma chair. Puis, essuyant mes larmes, je lui jetais un regard noir. Non, je ne vais plus rester silencieuse, restant dans mon mutisme.

« Pourquoi… » je me bloquais un moment. Avant que les mots sortent, je lui jetaismon chaperon
Violet dans la figure ! « Je ne veux pas entendre votre malheur ! En quoi me comprendre ?! Comprendre quoi ?! Pourquoi ?! Pourquoi Tyra a pris ma mère ! Elle a demandé quoi ?! Elle n’a rien demandé ! Elle a défendue Cécilie ! Elle défendue le groupe ! Pourquoi, Jena ! Elle qui est l’ambassadrice de Néera n’a pas sauvé ma mère ! elle ne le méritait pas ? Pourquoi elle n’a pas fait de Miracle ! Pourquoi Tyra n’a pas fait couler ces pirates ?! Ma mère a participé votre expédition pour cette personne ! Une personne déjà morte ! Pour une personne déjà morte rien de plus !! Voilà ce qui est en est ! » Je me figeais un moment « Si vous ne pouvez pas répondre à ses questions, fichez-moi la paix. »

J’adressais un dernier regard, je me mettais en boule sur la marche, les jambes contre ma poitrine. Que pouvait-il comprendre lui ?

Elle l'avait emmenée. Elle ne savait pas pourquoi... enfin si elle savait pourquoi. Maintenant elle avait la preuve qu'elle avait raison. Mais allez expliquer que vous avez emmené votre robe de deuil dans ce genre d'expédition. D'un autre côté, elle la portait au quotidien depuis la proclamation de la mort d'Ernest quelques ennéade avant son départ. Ce n'était donc pas si étrange que ça. N'est-ce pas ?

Non.

Cécilie la passa avec la facilité de l'habitude. Une robe simple munie d'un capuchon ample et de manches si longues qu'elle auraient pu s'en servir de ceinture. Elle l'avait portée pour Aline. Elle l'avait portée pour Jindanor. Pour Maélyne. Pour Enrico. Pour Ernest. Elle l'avait porté la dernière fois qu'elle avait vu son père. Elle avait la certitude que jamais sa mère ne reparaitrait à Missède et savait qu'elle ne la porterait jamais ni pour son fils, ni pour son frère. Mais maintenant, elle la portait pour Lyarra. La dernière personne qu'elle avait connue à Lourmel. De ses amis, même en comptant ceux qu'elle n'avait pas rencontré depuis des années, il ne lui restait plus que Mathilde, Jérôme, Aliénor, Anthoine, Edgar et... Pouvait-elle encore appelé Alexandre son ami ? L'avait-il jamais été... Cela importait peu.

Elle tressa et attacha ses cheveux pour qu'ils ne s’échappent pas, fixa le capuchon sur le haut de son crane avec une pince et glissa le Livre dans sa manche droite, le poignard de son père dans sa manche gauche. Puis elle sortit, un marin la guidant sur le chemin du temple. Renard prit le relais pour lui permettre de gagner la salle où ils pourraient faire leurs adieux.

De l'alcool. De l'huile. Une épice étrangère et fraiche doublé d'un encens sensé couvrir l'odeur des corps. Hélas pour elle, son odorat était de toute évidence trop délicat. Elle s'efforça de ne pas froncer le nez, gardant le visage bas et l'air affecté. Elle le faisait pour Renard. Pour Elia un peu aussi. Mais en la réalité de son coeur, les choses étaient toutes autre. Elle était certes incommodée par l'odeur, mais elle l'était encore plus par les pleures refoulées de l'assemblée alentour. Elle avait hâte que tout cela se termine. Ses jambes fatiguaient et sa patience également. Qu'on foute le feu à ce bassines et qu'ils puissent retourner à leurs affaires plutôt que d'agonir dans le silence ou les prêches de ces adorables prêtres.

Car pour son plus grand bonheur, elle ne ressentait rien. Enfin si. Elle était un peu peinée pour les marins qui avaient succombé. Certains d'entre eux étaient des hommes bien. Lucien était un homme bien avec une femme et deux enfants qui l'attendaient au pays. Elle priait pour lui car il pouvait reposer un paix à présent. Mais les autres... Ils étaient certainement loyaux entre eux mais combien de fils et de filles avaient-ils laissés dans les bordels des ports de l'Olienne ? Quand à Lyarra, elle n'arrivait pas à la regretter. Pour couvrir l'assassinat d'un noble nordien, Cécilie l'avait accueilli sur ses terres, traitée en ami. Elle avait mis en danger sa famille, son fils même. Elle s'était affichée avec cette femme et elle le lui avait rendu en disparaissant une fois de plus sans un remerciement ni un au revoir. C'était ainsi à chaque fois. Certaines personnes ne méritaient pas d'être trop pleurer. Ils auraient fini par trahir une fois de plus, c'était une certitude.

Soudain, Elia quitta la pièce. Cécilie failli la suivre mais quelqu'un la devança. Soit.

Elle s'excusa auprès de son oncle et quitta tout de même la pièce, son bâton de marche choquant les dalles et les murs pour suivre la nef jusqu'à quelques bancs ou pouvaient s'installer les fidèles. Elle reviendrait lorsqu'ils seraient prêt à bruler tout ce beau monde si quelqu'un pensait à la prévenir. Sinon ça ne lui manquerait pas tant que ça. Il ne fallait pas qu'elle essaie de parler à Elia maintenant. Elle ne trouverai pas les mots justes. Et c'était tant mieux. Elle détestait cette sensation abyssale qui s'emparait des survivant à la mort d'un proche. L'impression de disparaitre, de ne plus pouvoir bouger alors que tout s'accélère autour. La petite allait vivre des moments difficiles... Si seulement elle pouvait lui éviter ça... Mais d'ailleurs... Elle le pouvait.

Le souvenir d'une main épaisse sur son épaule la fit frissonner. Sans un mot, une respiration qu'elle ne pouvait oublier. Elle ferma les yeux, expirant doucement.

Oui. Elle allait bien à présent. Et elle n'était plus aussi incapable qu'autrefois.

La jeune fille silencieuse explosa, jetant son chaperon au visage de Grayle. Il cligna des yeux et le ramassa. Il la laissa vider

« Je ne veux pas entendre votre malheur ! En quoi me comprendre ?! Comprendre quoi ?! Pourquoi ?! Pourquoi Tyra a pris ma mère ! Elle a demandé quoi ?! Elle n’a rien demandé ! Elle a défendue Cécilie ! Elle défendue le groupe ! Pourquoi, Jena ! Elle qui est l’ambassadrice de Néera n’a pas sauvé ma mère ! elle ne le méritait pas ? Pourquoi elle n’a pas fait de Miracle ! Pourquoi Tyra n’a pas fait couler ces pirates ?! Ma mère a participé votre expédition pour cette personne ! Une personne déjà morte ! Pour une personne déjà morte rien de plus !! Voilà ce qui est en est ! » Je me figeais un moment « Si vous ne pouvez pas répondre à ses questions, fichez-moi la paix. »

" J'ai des réponses Elia. Je ne sais pas si ce sont celles que tu veux entendre, et je ne sais pas si elles sont vraies. " dit-il dans un aveu d'échec tout ce qu'il y avait de plus sincère. Il lui rendit son capuchon violet avec douceur. Ses gestes, lorsqu'il écartait ses cheveux pour replacer son capuchon, débordaient d'un puit sans fond amour fraternel qu'il ne pouvait plus partager avec personne.

" Les gens meurent. C'est ainsi. Je ne pense pas que ce soient Tyra, ou Néera les coupables... si elles intervenaient tout le temps, alors nos actes vaudraient rien, non" il se ravisa. Il aurait bien voulu parler de divinités, mais ce n'était ni l'endroit, ni le moment, ni la personne.

" Ecoute, je ne vais pas te raconter des conneries sur la gloire du combat ou je ne sais quoi, mais... tu sais mieux que moi que ta mère est quelqu'un de... déterminée. On a tous nos raisons de participer à cette quête. J'y ai été contraint. Mais elle... elle l'a décidée. Elle considère que ca valait la peine. "

Elle le regarda. Pas convaincue. Son coeur se serra comme une serviette qu'on essore, et la jeune fille pouvait voir l'émotion envahir le corps et le visage de Grayle. Le jeune garcon arrivait encore à garder son sang froid, mais Elia lui renvoyait en pleine face son passé. Lorsque, enfermé entre quatres murs après la mort de sa famille et le meurtre de son père, il s'était retrouvé seul pendant des semaines, à hurler et pleurer comme un animal meurtri, sans personne à qui parler ni à serrer dans ses bras.

Il ne voulait pas qu'elle se retrouve seule, encore plus lorsqu'entourée d'autant de gens.

" Je ne te dit pas de pas être triste. Au contraire. Elle mérite que tu le sois. Tu le sera encore, dans une semaine, un an, dix ans. Ca part jamais, mais, crois moi. D'expérience... ca ira mieux. Petit à petit... "

Il se leva, et se tint, accroupi, face à elle. Il fit un signe de tête vers l'église.

" Tout le monde est triste là bas. Certains même autant que toi. Et les pleurs... c'est comme les joies, tu vois ? C'est mieux quand ca se partage. Je t'assure. Seul, c'est horrible... "

Ils se regardèrent, muets, un bref instant. Puis, avec une lenteur désarmante, avant qu'elle ne puisse réaliser ce qui se passe, il la prit dans ses bras, fermement. Le jeune garçon irradiait d'une douce chaleur, d'une compassion pure et véritable. Il ne savait pas si ce qu'il allait dire était ce qu'elle voulait entendre, mais il savait une chose. C'est ce qu'il aurait voulu entendre, lui, lorsqu'il avait pleuré seul sa famille, y compris son père, tué de ses propres mains.

" Si tu veux parler, ne rien dire, pleurer, je suis là pour toi d'accord ? Si je peux être là pour toi, même si juste pour écouter ou me faire crier dessus, tu peux compter sur moi. Je te le promet. Je suis là pour toi. "

Il mit fin au calin et s'écarta d'elle. Il essuya ses yeux.

* Je pleure beaucoup trop ces temps ci. *

" On peut rentrer ensemble quand tu veux... ou je t'attendrais devant la porte du temple. "

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