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 Ce que le vent porte. [Solo]

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Charles d'Hardancour
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Charles d'Hardancour


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MessageSujet: Ce que le vent porte. [Solo]   Ce que le vent porte. [Solo] I_icon_minitimeMer 15 Aoû 2018 - 16:52

Du mois de Karfias, Xème année, au mois de Verimios, XIème année, XIème cycle.


Les murs, plus éclairés par l'éclat du soleil d'été que par les torches timides qui y étaient scellés, semblaient tout aussi insupportables à la vue au seigneur des lieux qu'aux badauds qui se rendaient, au jour de justice, au château d'Hardancour. Tous auraient préférés rester aux champs, continuer de cultiver la terre généreuse des landes berthildoises. S'ils le pouvaient, ils remonteraient le temps à l'instant où le larcin était commit, où le coup de trop partait, au moment fatidique où une bagarre d'ivrogne se transformait en meurtre. Si c'était possible, ils le feraient. Et cette étincelle dans les mirettes, cette lueur dans les yeux des coupables, Charles d'Hardancour la voyait. Il la comprenait. Et il la châtiait.

« L'affaire suivante oppose monsieur Berguold à monsieur Tobrac. Monsieur Berguold affirme que monsieur Tobrac lui a volé une brebis de son troupeau, une blanche avec des petites traces noires. Mais monsieur Tobrac affirme que cette brebis lui a été vendue par monsieur Debuiron, qui l'avait gagné au jeu, un soir où monsieur Berguold était alcoolisé. Monsieur Braroutet, le tavernier, ne se souvient plus qu'une brebis ait été jouée dans sa taverne, mais monsieur Brouchard affirme, en tant que voisin de monsieur Debuiron, que beaucoup de brebis se jouent aux jeux. »

Une profonde inspiration nasale. L'expiration qui suit. Et une paire d'yeux qui lentement se ferme, inclinée sur le côté à cause de ce maudit poing fermé soutenant une joue ridée. Voilà tout ce que cette histoire de brebis inspirait à Charles d'Hardancour. Et si les oiseaux ne chantaient pas à foison dehors, on aurait entendu le maigre et solitaire ronflement du seigneur qui s'était endormi l'espace de quelques instants. Ses yeux se rouvrirent lentement, et le seul son qu'il émit fut un royal « Mh. ». C'était tout ce qu'il avait à répondre - et surtout tout ce qu'il pouvait dire pour sauver la face après s'être assoupi en session de justice. « Notre bon seigneur va maintenant prononcer son jugement. Monseigneur, regrettez-vous Etherna ? »

* * *

Ils avaient eu la décence de ne pas joindre ses mains de fers. Au final, dans la salle du trône, c'était presque un son qui manquait. On pouvait distinctement entendre les claquements des bottes, et l'avancée de celui qui était jugé, sous les regards tantôt approbateurs, tantôt critiques, des seigneurs de Sainte Berthilde. Sur son trône de pierre blanche, le régent de Sainte Berthilde - comme Charles répugnait à le désigner ainsi, venait d'être invité à rendre le jugement d'un procès qui n'avait pas manqué d'alimenter les conversations des nobliaux du marquisat. L'insigne de l'Égide du Nord luisait sur le torse cuirassé de Charles, qui faisait face, menton haut, tête digne, talons joints et mains droites à son petit-fils.

Trop de zèle ? Pas assez ? Était-il allé trop loin, était-ce la folie du vieillard guetté par la sénilité, ou la peur du jeune Faon devant l'estime d'une régence absente ? Qui pouvait le dire, à présent. De trois doigts, il retira l'insigne de l'Égide du Nord. De quatre doigts, il retira l'épingle d'or qui le désignait comme légat. Et de cinq, il retira son épée, qu'il jeta au sol. Et il le fit, en étant persuadé qu'il avait été dans son droit et dans le bien. Cela n'avait plus d'importance, désormais. L'acier retentit sur le sol plus bruyamment qu'une nuque qui se brise au bout d'une corde. Certains des seigneurs retinrent un sourire - ils étaient peu. La plupart ne réagirent pas. D'autres, une minorité, baissèrent les yeux. Certains jurèrent que le vieil Hardancour avait prit dix ans d'âge, le temps que son épée touche le sol : c'était la première fois, en quarante ans de chevalerie.

* * *

« Notre bon seigneur va maintenant prononcer son jugement. Monseigneur, qu'est-ce que ce sera ? »

Les yeux du vieil homme clignèrent, et ses doigts vinrent le tirer de sa torpeur. Lentement, il se releva, regardant les gueux venu quérir justice pour l'un, le cul de la crémière pour l'autre. Il les inspecta, du haut de la toute petite estrade d'une marche qui les séparait. Puis il ordonna à ce que la brebis soit rendue ou remboursée à monsieur Berguold, qui se confondit en remerciements devant un Charles d'Hardancour dont les pensées étaient déjà rivées ailleurs. Bien ailleurs, bien loin, sur d'autres landes que Sainte Berthilde, où le chant des oiseaux d'été était probablement couvert par les engrenages des trébuchets, les charges des cavaliers et le fracas de l'acier.

Les nouvelles arrivaient lentement, mais elles avaient l'effet de douces et meurtrières caresses lorsqu'elles parvenaient à Charles. Qu'est-ce qui pouvait être plus horriblement délicieux que d'entendre parler des victoires successives de Louis de Saint-Aimé, dans une guerre si sainte et si justifiée à laquelle Charles ne pouvait pas participer ? A chaque arrivée de cavalier, l'homme était invité à souper, et il contait les victoires et les batailles. Alors, il voyait un grand sourire se dessiner sur le visage du vieil Hardancour, qu'on disait revenu d'entre les morts. Et lorsque le messager s'en allait se coucher, le sourire se figeait doucement, et la ponctuelle joie du récit laissait place à la mélancolie et à la tristesse du vieux seigneur.

La guerre dura, et elle s'acheva, marquée par la victoire de la coalition nordique. Le vent porta les nouvelles de remaniement et d'octroi de titres, de guerres civiles et de renversement, d'exils et de festivités. Seule une d'entre elle provoqua la joie du vieil Hardancour. Enfin Sainte-Berthilde retrouvait son marquis. On suivit la consigne du pouvoir, et des festivités furent organisées, auxquelles Charles se livra cependant de mauvaise foi : l'armée berthildoise ne s'était pas arrêtée à Hardancour, elle s'était contentée de traverser le village. Les yeux du vieillard se rivaient chaque jour vers le nord, vers Cantharel la capitale, sans qu'il ne trouve le courage de s'y rendre. Mais lorsqu'on lui annonça qu'un mariage était à venir, le vieillard se décida. Charles ne savait dire s'il avait pardonné à Louis pour ce qu'il lui avait fait. A vrai dire, personne ne le pouvait, parce que personne ne se posait la question. Personne ne se demandait non plus si le marquis avait pardonné à son grand-père, pour la même raison. Et aux derniers jours de Verimios, une escorte quitta Hardancour pour Cantharel.

Charles était à sa tête.


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