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 Le premier jour de notre vie [ Mariage Louis et Ala ]

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Louis de Saint-Aimé
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MessageSujet: Le premier jour de notre vie [ Mariage Louis et Ala ]   Le premier jour de notre vie [ Mariage Louis et Ala ] I_icon_minitimeLun 15 Oct 2018 - 19:27




Cinquième jour de la troisième ennéade du mois de Favriüs.
Onzième année du onzième cycle




L’entièreté du castel de Cantharel se montra fort plus matinale que le soleil, tant l’excitation de la journée à venir tenaillait les nerfs de la domesticité. C’est qu’en plus de s’affairer à mobiliser leurs efforts d’un front commun afin de satisfaire les mille et une lubies de leur nouvelle maîtresse, iceux avaient également comme mandat de s’assurer du bon confort des invités. Et en l’état, là aussi, cela ne relevait guère d’une menue affaire! Couchées sur de beaux vélins, des invitations à foison furent distribuées aux quatre coins de la Péninsule, afin d’offrir aux plus notables comme aux plus sobres Seigneurs, l’hospitalité pour la durée des festivités. Et comme le temps filait à folle allure, c’est d’une rare occasion qu’on pouvait apercevoir les gens se mouvoir autrement qu’en accourant. La Guerre était terminée, le procès quant à lui était bien entériné et pourtant, le branle-bas de combat était déclenché entre les quatre murs de la maison de Sainte-Berthilde. Au moins, dira-t-on, ce chaos avait quelque chose de bon ; il y régnait au travers tout cet énervement incontrôlé un fumet de barbaque à en faire saliver les végétariens. En cuisine, les maîtres queux en oublièrent le nombre d’animaux saignés, tant il y avait abondance de boustifaille. Le petit déjeuner avait de quoi vaincre les appétits les plus voraces, le dîner quant à lui saurait les humilier et le souper, les achever.

L’astre diurne abordait désormais la fin de sa montée, dans l’espoir d’atteindre plus tôt que tard le pinacle de son ascension. En haute-citée, plus personne ne tenait. Les pieux étaient vidés dans leur quasi-totalité, car la roture se complaisait du bonheur de leur Suzerain. Du moins, c’est ce qui était à déduire du fait qu’ils se présentèrent aux devants du château, dans l’espoir d’apercevoir une apparition du nouveau couple marquisal. En rumeur, il circulait que l’illustre grande salle de bal n’allait pas être exploitée, et qu’au lieu de cet endroit tout désigné pour recevoir l’échange de vœux de l’Alonnaise et du Berthildois, c’est sur le renflement d’un terrain de la cours, au loin, qu’iceux allaient s’unir. Pour quelques veinards, certains auraient la chance d’immortaliser en souvenir cette union qui allait très certainement, marquer leur mètre Patrie à tout jamais. Pour la basse-ville, c’était la même, quoi que leurs desseins étaient pour une grande majorité un poil moins reluisants. Pour eux, cet engouement créé par l’union de leur Suzerain, était là  occasion fraîchement disposée pour faire les poches de quelques commerçants étourdis par la fourmillante clientèle. Il restait qu’au final, cette jolie troupe de quelques centaines de genses ajoutait au cancan usuel un bon cran supplémentaire. La preuve était qu’en s’approchant de la cime d’une des plus hautes tours, notre Louis épiait curieusement, tel un oiseau de proie, cette masse grouillante qu’était la sienne. Il connaissait ses gens généralement enclins à produire un foutoir sans pareil, lorsqu’ils s’y mettaient. Mais de là à faire parvenir l’écho de leur excitation sur une telle distance, chapeau!


« Votre Excellence? Vous faut-il autre chose avant que n’arrive le moment de vous conduire à l’autel ? »
« Oui, rassurez-moi : dites-moi qu’icelle ne se suicidera pas. » Ajouta Louis, avec tout le sérieux du monde. L’expérience d’une telle marque d’affection, ne l’avait très certainement pas laissée de marque, lorsqu’il n’était encore que Jouvenceau. Aussi ne se surprendra-t-on guère que cet âpre souvenir revienne ajouter à l’angoisse déjà fortement présente, un poids accablant supplémentaire.
« Ne soyez pas sot. » Affirma l’une de ses gouvernantes préférée, dont elle seule s’autorisait ces quelques familiarités avec le maître des lieux. « Je reviens à peine de ses appartements et, s’il est une chose dont je puis vous assurer, c’est qu’icelle s’attachera à la vie aussi longtemps qu’elle le saura afin d’être à vos côtés. Elle est éperdument amoureuse de votre personne, Louis. »[/color] Un chaleureux sourire allégeât ses épaules éprouvées de tensions.
« Alors assurez-vous d’une chose, enfin, trouvez celle que vous détestez le plus et envoyez là s’assurer que Thibaud, mon connétable, soit convenablement vêtu. »
« C’est votre mariage, tout de même … Votre connétable ne serait pas enclin au bon goût même pour cet événement? »
« Mon connétable, Julianne, lorsqu’il lui faut me faire honneur, est capable de faire preuve de la plus débordante des imaginations pour ne pas y parvenir. » Assura Louis en secouant légèrement du chef, comme si la chose lui paraissait désormais anodine au travers les moult préparatifs de cet événement. « Ne vous surprenez pas si vous l’interceptez couvert de gadoue et parfumé à la mode de chez lui, c’est-à-dire à la merde de cochon. » Affirma le marquis, non sans un sourire amusé par sa propre pique. Julianne, quoi qu’un peu amusée, n’en laissa paraître que peu ; elle avait bien idée que ces deux coqs ne s’haïssaient pas, en vérité.

Enfin, l’heure était venue ce fût d’autant plus vrai, lorsqu’on cogna à sa porte et que devant Louis, se présenta une flopée de ses chevaliers harnachés de leurs plus beaux atours de métal. Il y avait songé, d’ailleurs, de se présenter aussi lourdement nippé devant sa promise. Il n’était pas moins chevalier que ceux qui se devaient de l’accompagner devant l’autel, pardi! Toutefois, ce jourd’hui, Alanya n’allait guère prendre pour mari le chevalier, mais le marquis de Sainte-Berthilde ; voilà pourquoi on appesantit ses épaules d’un long mantel teinté de la verte malachite des Saint-Aimé. Ses rebords assombris d’un ébène bien profonds, détenaient de chaque côté le cerf de son patronyme, brodé d’un fil doré. On l’avait bellement embelli le cerf, qui portait pour la cause l’un de ses plus beaux panaches.

C’était l’heure, l’heure de poursuivre sa vie, mais à deux.


Spoiler:


Dernière édition par Louis de Saint-Aimé le Mar 16 Oct 2018 - 13:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le premier jour de notre vie [ Mariage Louis et Ala ]   Le premier jour de notre vie [ Mariage Louis et Ala ] I_icon_minitimeLun 15 Oct 2018 - 22:04

« Dis-moi que cette fois-ci, je ne me trompe pas ».
« Chhhhhhhhhhhhht ».

Bien qu’elle eut parlé à voix basse, la réprimande ne tarda pas. Une œillade malicieuse à sa jeune sœur finit de la distraire tout à fait ; depuis les matines elles enchaînaient toutes les deux ablutions et quantiques, trouvant à peine le temps de grignoter un bout alors qu’au dehors, tout s’agitait. C’était un paradoxe que de se trouver là agenouillées, devant une prêtresse peu encline aux déviances de ses agneaux. La moue sévère et ses sourcils broussailleux savamment froncés laissait entendre son exaspération. Mais là ! C’est que bientôt les Alonnaises prendraient racines, et leurs jambes s’engourdissaient à chaque minute. Si Angélique avait toujours été plus dévote que son aînée, elle non plus n’était pas mécontente de voir venir la fin de leur supplice. On les avait menés d’une pièce à l’autre comme des pantins, sans même leur laisser le temps de savourer l’instant ; bientôt l’union serait scellée qu’elles n’auront pas même vu la moitié ! Le seul réconfort fût lorsque tout à fait satisfaite, la none apporta aux lèvres desséchées par trop de prières – ou de gloussement – un calice plein de vin. La cadette n’avait jamais été une bonne buveuse, si bien qu’un peu plus tard elle eût bien du mal à cacher ses joues rosies et son euphorie blême. Elles empruntèrent une fois encore les couloirs dérobés ; la tradition voulait que nul ne voit la future épouse et Alanya s’en contenta bien : elle n’avait guère envie d’être étouffée par la noblesse affluant à Cantharel pour l’occasion. A cela elle préféra l’intimité chaleureuse que lui offrait sa sœur et son frangin qui patiemment l’attendait au-devant de ses appartements, la petite Pénélope au bras.

Même Fulcran, d’habitude si morne, avait troqué son air renfrogné pour un vague sourire. Serait-ce de la fierté qu’elle put lire au moment de l’embrasser ? Là, elle ne préféra pas l’embarrasser devant l’armée de domestique qui les poussaient déjà au-dedans de la chambre ; il aurait pu en prendre ombrage et quitter cette mine qui lui allait si bien. Des bras s’agitèrent alors qu’une voix surplomba soudain le reste des caquètements : « Faît’ place par la Sainte Mère ! J’ai pas d’temps à perdre en vous bottant les fesses, nous sommes déjà bien assez en r’tard ! ». La tisserande d’Alonna les Trois-Murs réussit à écarter la petite foule et se frayer habilement jusqu’à l’objet de sa convoitise qu’elle jeta presque sans ménagement entre les mains habiles des femmes de chambre. Plus vite qu’elle ne l’eut cru possible, elle s’était retrouvé presque nue alors que son frère – encore plus gênée qu’elle ne le fût – se mit à compter les pierres du mur. « Là, LA ! Maniez pas ça comme vot’ chiffon, c’est ma plus belle création ! NON NON NON ON VA L’ENFILER PAR LE BAS ! Le corset, où est le corset ?! ». C’était une véritable cacophonie à laquelle se mêlait les compliments, les ordres et les ricanements amusés de sa fille. Et alors que les nerfs commençaient à lui monter, tout s’évapora : elle était simplement heureuse de l’avoir à ses côtés, et de la voir si épanouie. Les siens – ainsi que bon nombre d’Alonnais – avait fait le déplacement et cela lui réchauffa le cœur. Elle qui avait quitté sa région natale à contre cœur trouvait à présent un peu réconfort dans l’avenir qui s’offrait à elle et à son amant. Ou son mari, si ce dernier décidait de ne pas fuir avant d’avoir prononcé ses vœux.

Il fallut pas moins de deux heures pour que la toilette soit complète, et elle n’en fût pas mécontente. A vrai dire, une lueur brillait au fond des yeux de la baronne – celle qu’elle affichait lorsqu’elle s’apprêtait à briller. Peu à peu la chambre se vida et plus tôt que tard il ne resta dans la grande chambre que la fratrie. La petite Broissieux avait emmenée par sa nourrice jusqu’à sa grand-mère, et le silence s’était abattu. Une étrange ambiance régnait là, alors qu’ils s’observaient comme s’ils se voyaient pour la première fois. Ce n’était peut-être pas la première union de leur aînée, mais celle-ci était celle qui comptait plus encore que les autres à plus d’un niveau. Ils échangèrent quelques mots et s’enlacèrent finalement tendrement. Ce jourd’hui elle les quittait un peu pour une nouvelle vie, une vie où ils n’auraient plus la même place.
Ce qui frappa la Broissieux lorsqu’elle passa les portes de Cantharel, ce fût la liesse dans les rues de la ville. On se massait au passage de la diligence, on acclamait tous les nobles qui défilaient comme des paons jusque dans la campagne avoisinante. Car c’était là un choix qu’elle avait fait sciemment ; elle voulait que la célébration se fasse au dehors, laissant alors le bon peuple s’approcher autant que possible de cet événement sacré. On avait même fait venir quelques hérauts qui auraient tout le loisir de s’égosiller pour une foule captivée. Et plus les pas du cheval l’emmenaient proche du moment, et plus une boule se formait au creux de son estomac – comme si ses humeurs étaient prêtes à s’inverser d’un coup. Comme si le soleil allait bientôt cesser de briller et que la terre se fendrait en deux. Une caresse rassurante d’Angélique tenta de l’apaiser mais cela ne changea rien. Elle arriva sous les hourras, et son cœur manqua de sauter de ses lèvres quand elle s’extirpa du véhicule ; devant elle se tenait un parterre de dignitaires qu’elle ne prit même pas le temps de reconnaître tant elle était anxieuse. Et au bout, oui au bout se tenait plus splendide que jamais celui à qui elle consacrerait bientôt sa vie.

Lorsqu’elle s’avança jusqu’à l’estrade, elle marcha seule. Elle avait refusé d’être accompagnée par son frère et s’était interdite de le proposer à Aymeric – bien que l’idée l’eut traversée l’espace d’un instant. Non, elle continua seule, droite et digne ; elle se voulait forte, et montrer à tous les Berthildois qu’elle n’était pas femme à flancher et qu’il faudrait compter avec elle à présent. Et puis il y avait sa tenue. Elle avait revêtu une robe immaculée d’un voile fin, cintré à sa taille par une cordelette d’argent. Ses épaules étaient nues, et de longues manches ouvertes couvraient ses bras fins. On avait ondulé ses longs cheveux et les avait sertis d’une couronne de fleurs rosâtres qui maintenait un voile sur le visage. Cet aspect virginal, elle l’avait voulu – non exigé. Ainsi déambulant entre les convives jusqu’à gravir les quelques marches, elle n’était pas sans rappeler la Mère Protectrice. Elle arrivait enfin à la hauteur du Cerf et se priva bien à regret de le toucher. Elle se contenta de le saluer avec la déférence dû à son rang et glissa tout bas avant que le prêtre ne commence : « Je suis terrorisée Louis ».
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Louis de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: Le premier jour de notre vie [ Mariage Louis et Ala ]   Le premier jour de notre vie [ Mariage Louis et Ala ] I_icon_minitimeMar 16 Oct 2018 - 16:27







Le port altier, l'air digne et fier comme il se devait de revêtir le rôle de l'homme du couple, Louis ne sut s'interdire à sourire. Ses joues se rehaussèrent graduellement à mesure que sa promise chemina le long de l'allée centrale. À ce moment, alors qu’il la voyait au loin, rien au monde n’aurait su faire plier son avis : elle était en tous points la plus belle créature sur terre. Et il l'admira sans retenue, détaillant de ses yeux avides chaque élément de sa tenue. Non, Louis pouvait sans vergogne se targuer de s'unir à la plus belle femme de la péninsule. Son sourire en témoignait d'ailleurs, grand et aussi large qu'il put le démontrer. Enfin, elle escalada les trois marches de l’autel après qu’une de ses suivantes lui ait enfilé un léger mantelé aux couleurs de sa maison, puis après s’être arrêtée pour saluer la Grande Prêtresse de Néera, se retourna face à Louis pour croiser son regard d’une prime occasion. Tout le long de sa marche, il ne sut dit pourquoi, mais elle s’était interdite à lui, préférant garder comme premier contact visuel celui qu’elle aurait devant l’autel de la Damedieu. Quelques secondes à peine s’écoulèrent avant qu’elle remue les lèvres à peine et, que d’entre elles, s’échappe une confidence murmurée. Le sourire du marquis n’en démordit pas d’une miette, assurément heureux et confiant face à ce qu’elle venait de lui livrer. Une patte quitta son dos, d’où elle était depuis tantôt sagement unie à sa semblable, puis vint à la rencontre des doigts d’Alanya qu’elle gratifiât d’une candide caresse. Il tint sa main du bout des phalanges seulement, cherchant à amoindrir de ce geste tout simple un peu de son angoisse. Il n’eut cure à ce moment de toutes ces paires d’yeux qui les couvait d’attention et chuchota à son tour vers son amante :

« Moi aussi je me meurs de peur. Que ce moment cesse un jour. »

Et peu de temps après s’en fut pour que commence la cérémonie. La Grande Prêtresse revendiqua le silence de cette tripotée de nobles, n’en laissant que les lointaines acclamations du peuple qui grouillaient plus bas, au pied de la colline. Enfin, comme vous tous lecteurs s’en attendez, la cérémonie ne sut se dérober de cet inexorable ennui dont elle inspirait usuellement les spectateurs. Le moment n’en restait pas moins mémorable, compte tenu de la vue qu’offrait l’auguste colline, ainsi que des gens du Berthildois qui encerclaient l’endroit pour quêter un peu de ce mariage des yeux.

« En ce moment où Louis du sang des Saint-Aimé et Alanya du sang des Broissieux se présentent devant Vous, ô Bienveillante Déesse, nous prenons l'engagement de faire respecter le Choix en Votre nom et selon Votre volonté car c'est dans la joie et sans contrainte que nous sommes rassemblés ici aujourd'hui pour unir deux vies.

Soyez, ô DameDieu, témoins de ce Choix qu'ils font ici ,librement, et qu'ils auront à garder tout au long de leur vie. Donnez-leur d'être sincère comme Vous êtes sincère. Donnez-leur d'être bienveillant comme Vous êtes bienveillante. Donnez-leur d'être clairvoyant comme Vous êtes clairvoyante et que par la grâce de vos bénédictions, ils puissent faire le Juste Choix. »


La prêtresse redressa le bout des doigts et bien que le geste fût innutile, elle s’assura que les deux promis ne se quittent des yeux en redressant du bout de l’index leurs mentons respectifs. Puis, c’est à Louis qu’elle s’adressa la première, l’invitant à répéter après elle quelques phrases cérémoniales.

« Moi, Louis, choisis librement prendre comme épouse Alanya. Et devant tous les dieux, je fais le serment de la protéger, de l’honorer, de lui rester fidèle, de faire de son malheur, mon malheur, et ses intérêts, mes intérêts. Deux Souffles, une seule vie. » Certes les mots restaient ceux qu’on avait mis dans sa bouche, mais ils n’en restèrent pas moins vrais. Sur le coup, il se souvint de ce qu’il avait mentionné durant le procès de la harpie du sud – Oui, c’est ainsi qu’il l’avait désormais baptisée-. Franco s’était évadé, laissant dans son sillage un bagage de problèmes fort trop pesant pour sa femme. C’était une chose à laquelle Louis se promit de ne jamais faire ; Alanya pourrait bien commettre les plus odieux crimes, qu’il en ferait tout de même son fardeau. Le Cerf vint ensuite cueillir la main de sa promise, qu’il couva de cette même caresse que tantôt, du bout des phalanges. Il aimait à lui offrir de ces menues attentions et en retour, en cultivait ses sourires.

« Moi, Alanya, choisis librement de prendre comme époux Louis. Et devant tous les dieux, je fais le serment de le soutenir, de l’honorer, de lui rester fidèle, de faire de son malheur, mon malheur, et ses intérêts, mes intérêts. Deux Souffles, une seule vie. » Confirma l’Alonnaise devant le publique, ses vœux envers son fiancé. À la suite de ses paroles, la prêtresse l’invitât à copier tout à fait son amant, à cueillir à son tour son autre main.

« Réunis devant les hommes et les dieux, cet homme et cette femme ont fait vœu de toujours être là l'un pour l'autre. Sur ce serment, ils bâtiront leur futur. Vous qui êtes ici aujourd'hui, soyez témoins de leur Choix. » Sur l’estrade, une table constituée d’un marbre aussi immaculé que la neige, tenait en équilibre un calice remplit d’un curieux liquide malodorant. À base de lait fermenté par le mélange d’alcool, la mixture disait-on, offrait fertilité et éloignait les vilenies d’Arcam. C’est cette coupe qu’Alanya saisit entre ses deux quenottes, avant que Louis vienne lui alléger les épaules des teintes Alonnaises pour mieux les couvrir de son propre manteau coloré du vert des Saint-Aimé. Une fois placée sous l’égide de sa famille, Louis vint porter ses mains aux siennes, afin de maintenir avec elle le calice d’argent.

« ô Bienveillante Mère des hommes, devant Vous nous nous agenouillons. Bénissez cette union. Bénissez de votre grâce vos enfants Louis et Alanya qui aujourd'hui se consacrent dans le mariage. Que votre bénédiction descende sur eux et leur permettent de rester sur la bonne voie, main dans la main. Qu'ils trouvent le bonheur en se donnant l'un à l'autre, qu'une descendance vienne embellir leur foyer. Dans la joie, qu'ils sachent vous rendre grâce ; dans les épreuves, qu'ils se tournent vers vous ; que votre présence les aide dans leurs tâches quotidiennes. Dans la tristesse enfin, qu'ils vous trouvent à leurs côtés afin que vous allégiez leur fardeau et que marqués de vos signes, ils sachent se garder l'un l'autre des tromperies et de la vilenie. » La Grande prêtresse invita à la suite de sa cérémonial logorrhée les époux à boire le contenu de la coupe, à chacun leur tour. On leur donna congé de l’objet argenté, afin que puisse conclure la dévot de la Déesse Mère.

« Embrassez-vous, et par ce baiser vous devenez mari et femme. Le serment prêté devant les dieux est sacré. Nul Homme ne peut le disjoindre et maudit soit celui qui se met entre eux. » Et c’est ce qu’ils firent sans se faire prier d’avantage, écrivant de leur baisé la première page de leur vie commune.



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Thibaud de Kelbourg
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MessageSujet: Re: Le premier jour de notre vie [ Mariage Louis et Ala ]   Le premier jour de notre vie [ Mariage Louis et Ala ] I_icon_minitimeMer 17 Oct 2018 - 19:52





Son bâillement à peine dissimulé manqua presque de lui déboîter la mâchoire. C'est dire à quel point les cérémonies de cet acabit l'enjaillait. Surtout lorsque cette dernière était pour unir deux jeunes tourtereaux qui semblaient déjà avoir forniqué avant même de prononcer leurs vœux. Pour cette raison, point d'attente, ni de suspens. Le jeune Louis avait déjà probablement trempé sa nouille au même endroit que lui, quelques mois plus tôt. Pour sûr qu'il se retiendrait de mentionner devant tous les convives qu'il avait baisé la mariée durant la nuit des morts. Quand bien même Thibaud était un boute-en-train, cela aurait fait mauvais genre de lancer à la gueule de tous. Mieux valait garder l'anecdote pour un autre jour !

Tout ça pour dire qu'il se tenait, en tant que Connétable, non loin de l'époux lorsque celui-ci prononça ses douces paroles. Il eut presque envie de lâcher un rire nerveux, mais se retint in extremis au moment même où la veuve alonnaise débita, elle aussi, son joli discours.

Conneries... murmura-t-il dans sa barbe finement taillée.

Car le pis de tout ! C'est que le marquis s'était assuré en amont que son connétable n'aurait pas l'air d'un mendiant à ses noces. Dès lors, Thibaud avait pris un bain et s'était fait une toilette en passant par un barbier qu'il avait plus souvent vu charcuter des blessés, plutôt que tailler des poils. Bref, il était propre et presque neuf. Puisque ses yeux, eux, restaient à moitié plissés et injectés de sang. C'était là les effets visibles de plusieurs mois de consommation d'herbes et de substances estréventines prises durant la guerre.  

Enfin les mariés se roulèrent une courte galoche, qui laissa présager la suite des festivités. Thibaud se surprit à imaginer la mariée se suicider dans la foulée tout comme la dernière fiancée du petit Louis. Mais la garce tint bon cette fois. Elle lui jeta même un rapide sourire courtois lorsqu'ils passèrent devant lui et les autres hauts conseillers du marquisat. Louis dut probablement s'émouvoir de le voir ainsi joyeux. Mais l'autre, à coup sûr, dut comprendre qu'il prenait un malin plaisir à s'amuser en la regardant.

« Toi ma jolie, t'es pas au bout de tes peines », pensa-t-il très fort.
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MessageSujet: Re: Le premier jour de notre vie [ Mariage Louis et Ala ]   Le premier jour de notre vie [ Mariage Louis et Ala ] I_icon_minitimeMar 6 Nov 2018 - 16:35

S’il fallut un jour décrire la fête qui s’en suivit, alors rien n’aurait été différent de ce qui est dit ici. Les carillons sonnèrent toute la journée, tandis qu’en ville résonnait le brouhaha euphorique d’un peuple heureux, oubliant presque les meurtrissures de son cœur au profit d’un court moment de liesse. On chantait, on dansait, on rêvait à chaque coin de rue de la capitale. Les enfants étaient exempts de corvées, tandis que les adultes, eux, engageaient de vives et chauvines conversations. Les métiers de bouche ne chaumèrent pas ce jour-là : le boulanger avait bien embauché quelques badauds pour faire front à tout ce monde ; car chacun voulu rompre le pain avec un ami, un voisin, même avec les chiens ! Les guirlandes de fleurs tapissaient les maisons des hauts comme des bas quartiers, et la populace se mêlait tant et si bien que seules les guenilles permettaient de distinguer le bourgeois du pauvre. « Hallelujah ! ». « Vive les mariés ! ». « Vive le Berthildois ! ». Oui, la joyeuse cohue scandait par-dessus les rires, trinquait sans relâche qu’on dit qu’à peine la nuit tombée, tous les fûts avaient été consommés. Il ne resta, en contrebas de Cantharel, que les vives lumières des feux qui habillaient les rues de couleurs chaleureuses alors qu’enfermés dans leur tour d’ivoire, la noblesse n’était point en reste.

Dans la grande salle, on avait aménagé une immense tablée – qui était si grande qu’on peinait à en voir le bout. Les meilleurs plats furent servis ce soir-là : pas moins de six entrée, cinq plats et huit desserts furent proposés. Et chaque met était accompagné à la convenance des convives : on avait frappé trois tonneaux de bon vin, quatre fûts de la meilleure bière naine et pas loin de six tonnelets d’eau de vie d’Alonna. Il y en avait pour tous les goûts, et surtout, personne ne repartit de là complètement sobre. Durant tout le repas, des bardes vinrent jouer leur meilleur répertoire. Quelques exotismes furent aussi présentés : cracheurs de feu, acrobates et autres saltimbanques ravirent l’assemblée dans l’allégresse et les applaudissements. Il y eut même un dompteur d’ours, une belle bête que la nouvelle marquise eut même le loisir de caresser tant elle fût docile !

D’ailleurs, la table des mariés n’était pas en manque ni de vin, ni de rires. Toute la nuit les nouveaux époux veillèrent tant bien que mal à accorder à chacun des convives une minute, si bien qu’ils ne se croisèrent presque jamais. Parfois il leur suffisait d’un regard, d’une caresse pour se redonner du cœur à l’ouvrage ; ils dansaient, parlaient, buvaient jusqu’à en perdre haleine afin qu’aucun n’oublie ces noces. Il eut bien le haut-prêtre, qui tira la tronche toute la soirée, et peut-être quelques indécis mais aucun ne put ajouter une ombre suffisante sur ce merveilleux tableau. Et d’ailleurs ces derniers ne refusèrent guère les attentions pavoisées des courtisanes, venues en nombre afin que chacun se satisfasse à sa guise.
Plus belle que jamais, l’aube se leva au lendemain sur une assemblée cocasse qui conterait sur des générations combien ce fut une nuit mémorable.
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Brohan Wulfekiin
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MessageSujet: Re: Le premier jour de notre vie [ Mariage Louis et Ala ]   Le premier jour de notre vie [ Mariage Louis et Ala ] I_icon_minitimeMer 14 Nov 2018 - 16:38

Le premier jour de notre vie
Mariage de Louis de Saint-Aimé et Alanya de Broissieux.

An 11 du Cycle 11, Favriüs, Alimehtarus de la troisième ennéade
Sainte-Berthilde, Cantharel

La pluie battante a cessé depuis plusieurs heures, le ciel berthildois se dégageant peu à peu depuis. Sur la route du nord circule une petite cohorte de quelque six cavaliers en armure, escortant deux cavaliers au port noble et un modeste chariot. Des deux nobles l'un est un jeune garçon d'une treizaine d'années, les cheveux couleur d'argent et les yeux oscillant entre le bleu et le gris. La seconde est une femme aux cheveux d'or dont la tresse épaisse retombe sur son épaule pour descendre sur sa poitrine.
"Rappelez-moi, ma Tante, pourquoi y allons-nous ?" Questionne le jeune homme à la femme qui chevauche à son coté.
"Pour représenter Höginheim, Harald." Répond patiemment la femme.
"Et pourquoi moi ? Je les connais même pas, moi, ces vieux pédants !"
"Tu le sais très bien, Harald. Ton père est pris par d'autres obligations, il nous a donc envoyé à sa place."
"Ce vieux bloc de givre..." Grommelle l'adolescent. "Il a toujours mieux à faire ailleurs, évidemment. Mais pourquoi moi ? Tu aurais très bien pu y aller avec quelqu'un d'autre."
"Ne fais pas l'enfant, et tiens-toi correctement. Tu es le futur de Höginheim et cela fait partie de ton apprentissage de t'exercer à la diplomatie."
"Et qui en a décidé ainsi ?"
"Ton père, tu le sais bien."
"Mhpf ! Mais quand même, tout ce trajet juste pour deux vieux qui s'épousaient... Ils sont même pas d'Oësgard en plus, qu'est-ce qu'on en a à faire ?"
"N'as-tu rien écouté de ce qu'a dit ton père ? Alonna est voisine d'Oësgard, et nous n'en sommes pas loin. Maintenir de bonnes relations..."
"Oui, oui, je sais." Coupe le jeune noble. "Mais j'ai vraiment pas envie, y'a toujours que des vieux et des coincés dans ces trucs-là. Il était quand même moins barbant, le vieux bloc-givre, quand on le croyait mort..."
"Cesses un peu de faire ta tête de bouzon, Harald." Soupire la noble dame. "Les vieux coincés, comme tu dis, ils ont aussi des enfants. Et pour certains des filles."
"Si vous le dites..." Gromelle l'adolescent, peu convaincu par les paroles de son interlocutrice.
"A présent redresses toi et regardes, nous arrivons : c'est Cantharel.


An 11 du Cycle 11, Favriüs, Arkuisa de la troisième ennéade
Sainte-Berthilde, lieu de la cérémonie

Perdus dans la masse d'invités aux prestiges plus ou moins important, comme l'est probablement leur rang, la délégation de Höginheim assiste comme tous en ce lieu à la longue et ennuyante cérémonie qu'est le mariage de ces deux êtres. "Longue et ennuyante", c'est en tout cas l'avis du jeune homme aux cheveux argentés qui compose, avec sa parente, la dite délégation de Höginheim. Bien que représentants d'une contrée inconnue méconnue de la grande majorité des invités, sinon de tous, ces deux oësgardiens n'en demeurent pas moins remarqués de par leurs vêtements quelques peu originaux. Car si pour l'une le rouge vêtement à carreau peut rappeler une robe à la coupe excentrique, pour l'autre cet habit dénote considérablement d'avec ce que portent ses semblables masculins. Ne prêtant guère attention aux regards intrigués ni aux murmures des indiscrets qui par moment se détournent des héros du jour, le jeune homme porte ainsi fièrement son kaeltz. Le kaeltz, cet habit méconnu traditionnellement porté par quelques hommes du Nord, consistant en un tartan de laine roulé autour de la taille, maintenu par une ceinture de cuir, et dont un pan d'étoffe vient traverser le torse de celui qui le porte par-dessus sa tunique.

"Tu vois Harald, ce n'est pas si ennuyant." Murmure la blonde dame à son neveu.
Ce dernier, plus occupé à échanger quelques regards avec deux midinettes qui se trouvent à peu plus loin dans le public, tourne alors machinalement la tête vers sa parente.
"Si vous le dites..." Soupire l'adolescent peu convaincu.
"Regardez moi ce couple... Le Marquis, quel bel homme. Et la Marquise, n'est-elle pas magnifique dans cette robe ?"
"Elle ? Un peu vieille quand même... Elle est maigre, et puis... On dirait une sudérone."
"Je croirai entendre mon frère." Soupire la blonde.
"Alors c'est comme s'il était ici, c'est pas ce que vous vouliez ?"
"C'est bon, j'ai compris. Mais au moins taches de te montrer plus cordial qu'il ne l'aurait été, et souris un peu."
"Comme ça ?" Demande le grognon, arborant en guise de sourire une grimace effrayante.
"Tu me rappelle vraiment ton père, aussi bouzon l'un que l'autre. Fais comme tu veux, mais rappelles-toi pourquoi nous sommes là."
"Je n'ai pas oublié, ma tante. Je ne risque pas."

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