Sujet: Au premier jour de la première heure Jeu 1 Sep 2016 - 7:31
RP INVALIDÉ PAR MJTAGE
1er jour, 1ère énnéade du mois de Favrius, 9ème année, XIème cycle.
Le principe d'un tour de magie, est de focaliser l'action sur un lieu, tandis que l'intérêt se déroule ailleurs. Et pendant que l'on célébrait l'amour à Sainte Berthilde, on portait la guerre ailleurs. Au sein de la capitale du marquisat, on avait délaissé les affaires de guerre, du moins en apparence, pour se focaliser sur les préparatifs de l'union à venir. Le bruit mat de l'eau sur le bois, des navires sur les flux et reflux, l'écume bouillonnante, déposant sa mousse immaculée sur les flancs des embarcations. Les premières couleurs ternes de la ville de Boniverdi se dessinaient à l'horizon tandis que le commandant quitta l'avant de son navire, remontant le pont, croisant marins et soldats, alliés de circonstance ou frères d'armes. Et par delà le pont, la cinquantaine de navires aux couleurs du Sud, voguant vers leur destination : le port de Boniverdi.
C'était là une si grande histoire qui se déroulait. Cette même nuit, le marquis de Saint-Aimé avait accepté la proposition du Chancelier Angleroy de dresser un conclave, où tous les nobles pourraient siéger afin d'élire un roi. Si le tout était plus complexe, le commandant du navire n'en avait aucune idée. Si une paix avait été conclue, il en ignorait tout, car en réalité, lorsqu'il reçut ses ordres, l'émissaire Michel de Lenique était déjà parti de Sainte Berthilde pour rencontrer le Gardien du Royaume, après que l'ont eut apprit que l'argentier, un Anoszia, avait fomenté un coup d'état contre Cléophas d'Angleroy et contre l'Enfant du Sud. Et par un superbe coup du sort et une machination du hasard, l'entente conclue entre le chancelier et le marquis coïncidait avec le retour des navires, mandés par les ennemis de l'Argentier, afin de quérir l'aide de la dernière personne à qui l'on s'attendait devoir faire appel : Godfroy de Saint-Aimé.
Mais cette paix, cette unité tant chérie par le chancelier et le marquis, ne pouvait apparaître, ne pouvait voir le jour ou subsister, du moment que demeurait dans le tableau celui qui avait voulu tant s'accaparer le pouvoir. Godfroy, lui qui avait mandé l'émissaire, lui qui en avait reçu des nouvelles la veille, se doutait que bientôt, ses troupes accosteraient sur les côtes soltariennes. Il avait accepté le désir de paix, ce souhait d'unité, pariant cet avenir sur la réussite de cette opération, celle de restituer le chancelier dans son droit le plus souverain, celle d'écarter toute nuisance, tout obstacle à la paix et à l'unité. Et cela passait par la force.
Le chancelier était-il au courant de l'arrivée des forces du Nord ? Peut-être. Le marquis avait reçu une lettre de Cléophas, l'informant des événements à Soltariel, et c'était la raison pour laquelle un émissaire avait été mandé en retour. Mais l'homme de paix savait-il que le marquis avait envoyé des hommes ? Il y avait peu de chances, car le hasard avait fait les choses si bien que l'émissaire était parti avant que les navires des « Vrais Soltariis » n'arrivent, provoquant la surprise sinon la méfiance. Et, pariant son avenir, sa place, sinon sa tête, Godfroy s'empara de cette chance, de cette infime fil le liant à l'unité du royaume. Oh, il était probable que le chancelier soit surpris que le marquis ait répondu si pragmatiquement à son appel à l'aide. Mais il se rendrait compte que parfois, les ennemis de nos ennemis sont nos amis, et qu'il n'existait personne d'autre en Péninsule qu'à Soltariel où cet adage, en temps de crise, faisait office de loi.
Une botte, puis l'autre, et le premier berthildois posa un pied, puis le second, sur la terre du port de Boniverdi. Commandant expérimenté, chevalier hors pair et parent du marquis, Charles d'Hardancour n'était autre que son beau-père, géniteur de la marquise, et grand père de l'héritier. Homme de grande stature, un nordique taillé dans la roche la plus dure des Monts Corbeaux, le reître, grande lame entretenue au flanc, s'avança vers l'un des dignitaires qui l'attendait. Comme s'il n'était point dérangé par la chaleur, une immense fourrure d'ours auréolait ses épaules pourtant communes pour un chevalier d'une cinquantaine d'années, cernant une longue cape noire, entourant une armure classique. Scindant ses côtes ferrées de ses poings gantelets, le nordique parlait d'une voix calme, mais assurée.
« Mes seigneurs, vous me pardonnerez ma maladresse, mais je ne connais aucun d'entre vous. Mon nom est Charles d'Hardancour, seigneur du même nom. Et j'amène avec moi ce qu'il faudra pour rendre au Chancelier de ce royaume ce qui lui est dû. Peut-être l'un d'entre vous est-il Cléophas d'Angleroy ? »