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 Causeries [Philippe]

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Melkhart di Maldi
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MessageSujet: Causeries [Philippe]   Causeries [Philippe] I_icon_minitimeMer 2 Jan 2019 - 15:48


Onzième année du Onzième Cycle,
Quatrième ennéade de Barkios, second mois d'automne,
Le troisième jour


Les mains jointes au bord du feu de camp qui crépitait joyeusement, Melkhart avait enfoui la moitié de son visage sous son épais manteau. L'hiver n'avait pas encore pointé le bout de son nez, et il ne faisait pas, à proprement parler, un temps glacial ; mais les courants de l'Eris insufflaient leur fraîcheur dans le pays eraçon. Le jeune Sybrond regrettait amèrement la douceur des nuits d'été ; plus familier des côtes de l'Olienne, voire du soleil estréventin, il avait rarement côtoyé la brise du Médian. Les montagnes de l'Avosne étaient déjà, à ses yeux, le grand nord ; un Serramirois ou un Arétan aurait ri de le voir ainsi emmitouflé dans sa cape, emmailloté comme un bébé.

« Fait pas chaud », affirma Waël, son écuyer, guère plus vaillant que le jeune chevalier. L'homme était plus âgé, pourtant, et sa trogne édentée et glabre en avait vu, du pays. Mais le poids des années ne l'endurcissait pas. Il ne l'assagissait pas non plus, d'ailleurs. « N'aurait quand même pu trouver à l'auberge », ajouta-t-il.

Il n'avait cessé de le répéter toutes les deux minutes depuis qu'ils étaient passés devant l'établissement sans s'y arrêter, deux heures plus tôt.

« La dernière était bondée et vu la gueule de la devanture, les lits devaient être infestés de vermine, répliqua une énième fois Melkhart. Je préfère encore crever de froid dehors.
- Crever de froid, ricana la voix de Certor. Crever de froid ! Ha ! Elle est bonne, celle-là. »

Achevant d'uriner contre un arbre, Certor secoua son chibre et se refroqua tout en rejoignant ses compagnons. Il ne portait qu'une simple cotte de mailles dépenaillée et ne semblait pas souffrir du froid le moins du monde. La quarantaine bien sonnée, il était aussi grand et large d'épaules que Melkhart, tout en ayant développé, par amour de la bière, une panse bien dodue qui le rendait moins agile qu'en sa prime jeunesse.
Ce qui ne l'empêchait guère de l'invoquer à tout bout de champ, sa prime jeunesse.

« Tu tétais encore les mamelles de ta mère que je me battais en Alonna, contre ces merdailles de sombrelfes et pis en Serramire contre les peigne-cul de Merwyn.
- Ma mère était déjà morte à l'époque, rappela Melkhart, sans s'émouvoir plus que cela de l'affront ; avec Certor, il avait l'habitude.
- Ouais, ben je peux te dire qu'à l'époque, qu'y pleuve ou qu'y neige, on savait se battre et on y allait, à poil s'il fallait ! Le froid, c'est dans la tête.
- Pourquoi aurais-tu eu besoin de te battre à poil ?
- C'est une image, Melkhart.
Melkhart émit un rire sans joie.
- Tu utilises des images, maintenant ? Toi ?
- Eh, que oui ! C'est que t'as fini par déteindre sur moi. Tu vois, tout fout l'camp aujourd'hui. J'ai tout essayé pour faire de toi un vrai de vrai, Melkhart ; mais c'est comme ça, c'est votre génération, elle est perdue. Z'avez pas vu assez de grandes batailles. La tienne, c'était le Gué-aux-Chevaliers. Moi, j'en ai vu dix comme celle-là.
- C'est sûr, ton époque était grandiose, Certor. Elle a fait de toi l'alcoolique que tu es devenu.
- Fous-toi de moi. Si j'avais moins combattu quand j'étais gosse, j'aurai pas perdu mon temps libre à écrire des poèmes, c'est sûr. Dans l'temps, on séduisait pas les dames avec des mots. Il fallait des actes. C'était ça qui faisait d'nous des hommes.
- T'as déjà essayé avec une femme qui était consentante, Certor ?
- Elles sont plus cons que sentantes, heureusement. 'fin, ça dépend. »

Certor s'essuya le pif d'un revers du bras, puis jeta un oeil en direction de la route en contrebas du vallon où ils avaient établi le campement.

« Y'a du monde, dit-il.
- C'est une route, dit Melkhart en haussant les épaules.
- Moi j'vous préviens, si c'est des pillards, j'me bats pas ! grommela Waël. Ce soir, j'ai vraiment pas envie. On leur filera les ch'vaux.
- Et s'ils viennent pour ton cul ? lança Certor, avant d'éclater d'un rire franc et gras. Haha ! J'te rassure Waël, y'a peu de chances. »


Dernière édition par Melkhart di Maldi le Lun 11 Fév 2019 - 23:52, édité 1 fois
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Philippe de Montvif
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MessageSujet: Re: Causeries [Philippe]   Causeries [Philippe] I_icon_minitimeSam 5 Jan 2019 - 9:30

Onzième année du Onzième Cycle,
Première ennéade de Barkios, second mois d'automne,
Le premier jour



"Hue et dia ! Hue mon beau"
L'imposant destrier s'ébroua et ses lourds sabots vinrent frapper le sol avec une cadence soudainement accrue. Les muscles roulèrent sous le large poitrail de la monture et son souffle se fit plus intense et bruyant au fur et à mesure qu'il atteignait sa vitesse maximale. Un véritable fracas retentit dans la clairière alors qu'une dizaine d'autres montures, de tailles et de puissances variées, prenaient à leur tour leur élan. Le cri des chiens accompagne le tumulte alors que venaient l'halali. Les hurlements stridents furent bientôt couverts par le lourd galop des chevaux alors que la troupe s'avançaient.

La majestueux cerf jeta un coup d'oeil en arrière, son regard affolé trahissant douleur et panique. Trois lourdes flèches à l'empennage doré et noir étaient profondément ancrées dans le haut de sa patte arrière. Ce n'était qu'une question de temps avant que la chasse ne s'achève. Le regard brillant de l'excitation de la traque, Philippe se leva sur ses étriers et porta son cor à la bouche. La vibration basse résonna sous les bois alentour et les chiens répondirent par de longs hurlements, excités par l'odeur du sang. Avec un soupir de plaisir, le seigneur de Montvif cala soigneusement son épieu contre sa hanche et lâcha le cor. Ne prêtant guère attention à la corne frappant contre son flanc, le chasseur fit sauter habilement son arme dans sa main et lança l'épieu à la manière d'un javelot.

L'arme d'hast fit une volée presque parfaite avant de se planter en travers de la gorge du cerf. L'animal trébucha, s'effondra au sol. Il essaya de se relever, cabra avant d'à nouveau mordre la poussière, les pattes tremblantes et les pupilles roulant au fond ses yeux devenus fous. Les cavaliers ralentirent aussitôt et mirent rapidement pied à terre, se regroupant autour de l'animal. Philippe s'approcha le premier de l'animal, suivi de près par son page. Ce dernier lui tendit un nouvel épieu, à la lame plus longue et affutée de près. Le baron inspecta le fil de l'arme d'un coup d'oeil plus en plaça la pointe droit au dessus du coeur de la bête. Il la regarde une longue seconde et adressa une prière silencieuse à Néera pour la remercier de son don avant d'enfoncer son arme droit dans le coeur du cerf, mettant fin à ses souffrances.

"Nous te remercions Néera pour le don de cette vie. Puisse Tari veiller sur son âme." murmura le chevalier tandis que les quatre autres poussaient des hurlements de joie, fêtant sans compter leur dieu favori : Othar. Il n'en était rien pour Philippe. Autrefois, le bailli de Velteroc se tournait volontiers vers le Colérique et offrait sa lame sans hésiter à la divinité. Aujourd'hui son jugement se voulait plus nuancer. Il était plus difficile de chérir une vie que la prendre. Et il respectait cette difficulté. Sa foi envers Othar n'en était moins puissante, seulement la Dame Dieu avait su conquérir le coeur du chevalier.

Il se tourna vers les quatre autres chevaliers et leur sourit, levant son épieu ensanglanté vers le ciel. Des hourras résonnèrent sous les bois alors que les pages et autres écuyers s'acharnaient déjà à dépecer la bête et à en donner les viscères aux chiens pour leur curée. Rien de la bête ne serait perdu. Alors même que l'après-midi avançait, plusieurs fioles de bons vins du Sud commencèrent à changer de mains et les visages s'échauffèrent aussi vite que les lueurs du soleil tournaient les feuilles de arbres en d'immenses brasiers de feu et d'or.

Philippe chevauchait à la tête de ses hommes, un léger sourire aux lèvres, le regard à peine embrumé par l'alcool bien que les ailes de son nez trahissent son état d'ébriété. Cependant, ses pensées n'allaient pas à la fête ni à la réussite de sa chasse. Elles étaient à la fois plus chaleureuses et froides. C'était le souvenir d'un baiser volé, d'une rencontre suderonne, d'un souvenir endiablé. La peau froide contenant le feu de la passion. Le regard glacial trahit par des lèvres passionnées. La caresse des vêtements tombant peu à peu. Et...

"Monseigneur ! Des flammes ! Il semble y avoir un campement !" l'appela soudainement Mirail d'Aubourg. Philippe sortit de ses pensées et effaça aussitôt de son esprit l'image de la belle Victoria. Son regard se durcit alors même qu'il cherchait les flammes que son ami pointait du doigt. En effet, la lueur d'un feu trahissait la présence d'hommes plus haut dans le vallon qu'ils étaient en train de traverser. Pèlerins courageux ou couards brigands fuyant la justice ? Cela importait peu Philippe. Ils se trouvait sur ses terres et il était de son devoir de contrôler les actions des gens les traversant. Avec un sifflet, il fit tourner son doigt en l'air et indiqua à deux de ses hommes, ainsi qu'aux pages et écuyers de contourner la position du campement. Lui et Mirail iraient à la rencontre des hommes, seuls.

Ce fut ainsi deux chevaliers, vêtus d'armures de cuir et de fer, accompagnés d'une meute comptant non pas moins de douze chiens, qui s'avancèrent au devant des inconnus. Philippe posa son regard sur la petite compagnie. Ils n'étaient que trois, deux chevaliers et ce qui semblait être un écuyer. Le premier homme semblait quelque peu défroqué, un rude combattant vêtu d'une simple cotte de mailles. L'autre semblait appartenir à une noblesse plus riche et... Philippe se figea en le reconnaissant. Une bouffée de colère remonta en lui et sa main se posa instinctivement sur la garde de son épée. Cependant, avant de même de faire l'erreur de tirer sa lame, le régent reprit le contrôle de lui-même, malgré ses mâchoires serrées et son regard sombre.

"N'ayez crainte Mirail. Je connais cet homme. Melkhart di Maldi. Le fier frère de la comtesse de Sybrondil et preux défenseur de sa vertu. Nous nous sommes quittés en mauvais terme la dernière fois, frère chevalier." C'était peu dire. Le chevalier avait surpris sa soeur et Philippe en plein acte fort peu honorable et il avait arrêté leurs ébats avant même leur plein commencement. La seule rencontre du régent de Velteroc avec Melkhart avait été avec son poing. "Je n'ai pas pu vous remercier de votre action. Vous avez été des plus honorables." Une moue honteuse déchira les lèvres de Philippe et il siffla doucement. Ses hommes surgirent au pas des arbres alentour et se réunirent autour de leur seigneur. "Aucune rancune j'espère bien ? Je tiens à m'excuser pour notre dernière rencontre." C'était peu dire. Philippe éprouvait une telle honte pour son désir charnel vis à vis de la belle comtesse qu'il n'avait jamais osé revenir en Sybrondil pour se confronter à elle. Encore moins à lui écrire quelques vers, qui auraient été fort grivois à n'en pas douter...

"Nous revenons de la chasse ! Partagez donc avec nous notre pitance et notre viande ! Vous serez ensuite invités au château dès demain pour quelques jours si vous le souhaitez. J'ai grande envie de connaître la raison de votre venue en Velteroc. " proposa aimablement Philippe avant d'ajouter à voix basse, au point que seul Mirail put entendre et lui soutirer un sourire malin : "Qu'on n'aille pas murmurer que l'hospitalité de Velteroc fusse moins bonne que celle de Sybrondil..."
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MessageSujet: Re: Causeries [Philippe]   Causeries [Philippe] I_icon_minitimeLun 7 Jan 2019 - 6:38


Curieuse rencontre. D'abord rassuré de ce que les arrivants ne soient point des bandits, puis intrigué à la vue de ces deux chevaliers escortés par une horde de clébards, Melkhart esquissa malgré lui une grimace lorsqu'il reconnut Philippe de Montvif. Il fallait vraiment que je tombe sur cette espèce de satyre, songea le jeune Sybrond. Quelle déveine ! Une bouffée de colère l'envahit, alors que, bien malgré lui, des images qu'il aurait préféré laisser enfouies remontèrent le fil de ses pensées. Il se rappelait sa fureur, son désarroi et sa honte à la vue de sa sœur Victoria, poitrine dénudée et robe retroussée, sur le point de se faire prendre par cet animal. Transporté par la haine, il avait jeté dehors le débauché avec ses frusques, non sans l'avoir gentiment gratifié d'un marron en pleine poire. Il avait parfois regretté par la suite de ne pas avoir provoqué en duel le triste sire, mais c'eut été exposer publiquement l'humiliation de leur famille. Au lieu de quoi il avait longuement sermonné sa sœur, et gardait encore de ce moment un souvenir troublant : c'était, pour autant qu'il s'en souvienne, la seule et unique fois où Victoria avait semblé perdre la face devant lui. Elle était comtesse, elle avait toujours tenu tête à tout le monde ; ce jour-là pourtant, elle avait encaissé, le visage défait et rongée par le remord. Quel genre d'homme avait bien pu briser la garde d'une femme aussi implacable ?

Melkhart demeura silencieux dans un premier temps. Il s'attendait presque à ce que Philippe de Montvif le provoque en duel. Peut-être aurait-il préféré cela. Au lieu de quoi le coureur de jupons eut l'audace de mendier son pardon. Des excuses bien légères, au demeurant. Le ton semblait sincère, mais Melkhart se défiait de lui comme la peste ; il fallait bien que ses paroles fussent du poison, pour qu'il soit parvenu à embobiner Victoria. Qu'avait donc en tête cet affreux bonhomme ? Poussant l'infamie à son paroxysme, le ruffian lui proposa même l'hospitalité. Melkhart déglutit ; ainsi ces terres lui appartenaient ? Le Sybrond jouait de malchance. L'invitation ne le rassurait guère, et il flairait là le guet-apens tordu...

Comme pour confirmer ses craintes, d'autres chevaliers émergèrent du couvert des arbres, et les trois Sybronds se retrouvèrent bien vite en minorité, entourés de Velteriens.

Melkhart gardait la main proche de la garde de son épée, mais il savait qu'il lui serait bien inutile de la tirer. Il était loin de chez lui, en un lieu où le sire de Montvif jouissait visiblement d'un pouvoir certain. Le jeune homme avait apparemment pris du galon, depuis leur dernière rencontre...
Mieux valait temporiser. Il eut été suicidaire de raviver les braises de la rancune en un lieu aussi hostile.

« Voilà une invitation fort aimable, seigneur Philippe, mais je crains que...
- Quoi ? Le coupa Waël, faisant fi comme d'habitude de toute retenue. On va quand même pas refuser alors qu'il nous invite à grailler ? On s'les pèle ici !
- C'est quoi l'histoire avec la vertu d'ta sœur ? grogna Certor d'un air intéressé.
- Vous deux, si vous voulez bien la fermer. » Avisant Philippe, il reprit : « nous ne saurions refuser l'honneur de votre compagnie, Messire, mais je crains que nous ne puissions nous attarder, même pour quelques jours. Des affaires pressantes requièrent notre présence dans l'Eraçon. »

Il ne s'étendit pas sur la nature de ces affaires pressantes, encore qu'il l'aurait pu ; mais il n'était guère enclin à faire la conversation avec l'homme qui avait failli déflorer sa sœur.
Certor, en revanche, était toujours aussi bavard :

« Eh ouais m'sieur, lança-t-il d'un air faraud au seigneur de Montvif, nous aussi on va à la chasse, mais d'un aut' genre de gibier vous voyez... »

Melkhart le foudroya du regard. Ce con ne sait jamais quand il lui faut la boucler !

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MessageSujet: Re: Causeries [Philippe]   Causeries [Philippe] I_icon_minitimeLun 21 Jan 2019 - 13:46


Philippe s’était attendu au refus du jeune Di Maldi. Ils avaient sensiblement le meme age et pourtant des parcours différents. L’un était un suderon n’ayant certainement que rarement ses terres aux mille ombres politiques, l’autre avait voyage du nord au sud, combattu dans l’armée royale et s’était élevé par la grace des Dieux jusqu’à un role inattendu. L’un était libre, l’autre prisonnier de ses responsabilités de frère. Philippe pleurait presque le sort du benjamin de Victoria. Mais il trouvait l’homme fort hypocrite et bien peu docile.

Il lui ressemblait trop. Tout deux essayaient d’être de véritables chevaliers avec leurs propres demons : combattifs mais honorables, courtois mais orgueilleux, virils mais galants.  Et c’était la ou Philippe avait failli. La simple pensée du corps échaudé par ses baisers de Victoria réveilla en lui quelques instincts primaires et un rouge écarlate lui monta au cou par plaques. L’observateur non averti aurait pu croire a une colère sombre et non a une excitation. Les narines écartées, le seigneur de Montvif se rappela a l’ordre, poussant son corps a oublier le point chaud de son entrejambe.

Rien dans le refus du Di Maldi ne pouvait offusquer le chevalier et il allait se détourner de l’homme lorsque son compagnon jeta sa phrase toute en poésie. Le fait que Melkart avait été dans son droit lors de leur précédente rencontre, cela Philippe pouvait le comprendre. Mais que l'homme puisse à côté profiter d'une virée en Eracon pour coucher avec d'autres femmes ? Cela il ne pouvait l'accepter sans combattre. Philippe ne portait pas son pucelage en bannière mais défendre la vertu méritait de se montrer exemplaire. Il adressa un regard noir au chevalier qui avait pris la parole puis se pencha vers le chevalier.

"Je me dois d'insister sir Di Maldi. Les règles de la bienséance m'obligent à le faire, vous m'en voyez navré de vous causer une telle impertinence. Les temps sont durs et les routes ne sont plus aussi sûres. Il serait navrant que des prédateurs s'abattent autant sur vous que sur mes villages. Les accidents sont si vite arrivés. Peut être même devrions nous gagner Rochenoire au plus vite, nous ne sommes guère qu'à trois ou quatre heures de route... Qu'en dites-vous ?"

Les hommes de Philippe le connaissaient et avaient ressenti sa froideur soudaine vis à vis du groupe. De plus, le désir à peine voilé du compagnon de Melkart de vouloir goûter à la sève eraçonne ne leur plaisait guère. Des mains tombèrent sur les gardes des épées, prêtes à fendre chibres et lames pour défendre l'hypothétique honneur des demoiselles velteriennes.

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MessageSujet: Re: Causeries [Philippe]   Causeries [Philippe] I_icon_minitimeMar 22 Jan 2019 - 9:04


Les craintes de Melkhart se vérifiaient ; l'insistance de Philippe de Montvif cachait forcément une motivation crapuleuse. C'était un guet-apens, et le chevalier velterien ne faisait rien pour s'en cacher, sous-entendant très nettement que Melkhart n'avait pas d'autre choix que de le suivre. "Il serait navrant que des prédateurs s'abattent autant sur vous que sur mes villages", disait le Velterien ; comme menace voilée, on ne faisait pas mieux. Et l'évocation sinistre de Rochenoire, qui avait été en son temps le bastion du Boucher du Médian, ne fit qu'accentuer le malaise de Melkhart ; il se voyait déjà jeter dans quelque sinistre oubliette, dont il ne ressortirait jamais...

Certor et Waël, de leur côté, ne voyaient nul mal dans cette invitation, grisés par la perspective d'un bon gueuleton dans une piaule confortable. Ignorant que le seigneur de Montvif s'était mépris sur la nature du gibier dont il parlait, Certor enjoignit une nouvelle fois Melkhart à accepter.

« Trois quatre heures de route qu'il dit ! Faudrait être sacrément con pour refuser, hé ? Allez, Melkhart, on aura tout le temps de poursuivre la bestiole après.
- C'est bon, Certor », répliqua précipitamment Melkhart pour le faire taire. Se tournant vers le seigneur de Montvif, il ajouta, la mort dans l'âme : « eh bien soit, Messire. Nous sommes vos hôtes. Voyons ce que valent les lois de l'hospitalité chez vous ; je suis certain qu'en dépit de l'histoire récente, la chevalerie n'est pas morte en ce pays. »

Ce n'était guère plus qu'un vœu pieux, destiné à faire flancher Montvif si celui-ci avait une once de vergogne. Un chevalier digne de ce nom ne traiterait pas en otage un homme qu'il avait invité sous son toit...
Mais les Velteriens étaient ce qu'ils étaient.

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MessageSujet: Re: Causeries [Philippe]   Causeries [Philippe] I_icon_minitimeLun 18 Fév 2019 - 10:03

Le chevalier finit par accepter. A vrai dire, il n'avait guère le choix. Refuser une invitation une fois était pure politesse. Repousser une seconde fois son hôte aurait pu être perçu comme une insulte. Or les hommes de Philippe ne cherchaient qu'une raison pour soumettre l'imprudent. Ils connaissaient suffisamment le bailli de Velteroc pour comprendre que la rencontre des bois avait un certain effet sur lui. Aussi se tenaient-ils prêt à défendre l'honneur de leur confrère.

Devant les poings serrés sur les gardes, les mains se glissant le long des hampes de lances et marteaux de guerre, il ne fallut guère longtemps au noble suderon pour courber l'échine. Ses compagnons s'avérèrent de forts mauvais compères et ils aidèrent au but de Philippe. Cependant, il ne fallut guère plus de temps pour qu'une pique acerbe jaillisse des lèvres du chevalier. Osait-il sincèrement insinuer que les Velteriens n'avaient rien de chevaleresque ? Les seigneurs de la baronnie eurent le regard sombre et plus d'un fit un pas en avant, prêts à jeter leur gant à la face de ce puceau efféminé. D'un seul geste, Philippe arrêta les hommes et s'éclaircit la gorge.

"Mes hommes connaissent mieux que personne l'appel de l'honneur. Ils ont répondu à leurs serments du mien qu'ils pouvaient. Lié à aucun seigneur dans ma jeunesse, j'ai pu choisir mon combat et être aux côtés de l'ost royal. Il me semble que l'on cherche encore un preux représentant de la famille Di Maldi qui ne porte pas de jupons." dit Philippe avec un sourire torve. La colère commençait à monter en lui et il ne s'avérait jamais bon pour le jeune homme de s'y laisser aller.
"Allons. A nos montures. En avant et puisse un bon galop nous porter à Rochenoire !"


***

Il fallut trois longues heures à la troupe pour regagner la citadelle-capitale de l'ancien comté. Le château s'élevait sombre et austère au dessus de la ville. Au-delà de la roche qui avait donné son nom à la ville, la suie et les cendres de la précédente guerre recouvraient encore nombre de murs malgré la chaux qui y était passé. De nombreux habitants travaillaient d'arrache-pied à reconstruire maisons et écuries, tandis que d'autres nettoyaient les rues. L'avantage de la destruction était qu'elle appelait à un effort de reconstruction intense. Les seigneurs y trouvaient leur compte, pouvant renflouer leurs caisses exsangues par la guerre. Les paysans y trouvaient une occupation et de quoi se nourrir la plupart des jours.

La citadelle avait été épargnée par les combats et une solide garnison y avait déjà repris pied. Une grande partie des seigneurs de Velteroc logeaient sur leur domaine mais il régnait une grande confusion dans le château alors que la mère et la soeur de Philippe menait un travail de réhabilitation d'une main toute féminine. Les tentures avaient laissé la place à des plantes, des tapisseries et des couleurs plus chaudes et moins martiales qui avaient fait la force de l'Albâtre. Les forges du château fonctionnaient à pleins régimes, fabriquant outils comme armes.

Les hommes du Sud furent logés dans un appartement d'une tour à l'est du château. C'était un hébergement modeste mais coquet, soigneusement décoré et avec une belle cheminée qui tirait bien. Malgré la bonne saison, un grand feu y ronflait doucement chassant l'humidité de la chambre et du séjour principal. Ils furent laissés seuls, la porte grande ouverte et entièrement libres. Philippe se voulait leur hôte et non leur geôlier. Mais il craignait que cela ne suffise pas. Aussi alors que l'après-midi touchait à sa fin et que le soleil débutait sa décadence quotidienne, il rendit visite aux trois hommes.

Accompagné d'un serviteur, porteur d'une cruche de vin, de pain et de sel, ainsi que de Mirail, Thomas et sa soeur la pâle blonde Elisabeth. Tous s'assirent sur un tabouret ou une chaise disséminés un peu partout dans la pièce. Philippe avait revêtu une simple tunique, délaissant ses armes et ne portait qu'une simple dague. Il prit place face à son invite et fit servir deux verres de vin. Il prit le gobelet de verre dans ses mains ainsi qu'une morceau de pain qu'il sala copieusement. D'un coup de crocs, il prit une belle bouchée qu'il fit passer d'un long gorgeron. Il invita à faire de même à ses invités et prit la parole :

"Melkhart. Il me semble que c'est bien votre nom ? Je crois que nous sommes partis sur un mauvais mauvais pied. Cette histoire avec votre soeur... C'était une erreur. J'ai beau porté de tendres sentiments à son égard, nous n'aurions jamais du en arriver à tels extrémités. Les derniers évènements m'ont tenus éloignés et dans l'incapacité de communiquer aisément. Mais sachez que j'en suis navré. J'aurai souhaité en discuter avec vous. Peut être aimeriez vous le faire en privé ?"
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MessageSujet: Re: Causeries [Philippe]   Causeries [Philippe] I_icon_minitimeMar 19 Fév 2019 - 15:16


Cette histoire de jupons était restée en travers de la gorge de Melkhart, qui l'avait ruminée tout le jour durant. Montvif avait voulu le remettre à sa place, et il avait visé juste ; ce faisant, il avait ramené au présent toutes ces railleries qu'avait subies le jeune Sybrond après la mort de son frère Maciste. On l'avait longuement critiqué, pointant du doigt sa lâcheté supposée, parce qu'il n'avait pas assumé son rôle de chef de famille et qu'il avait laissé sa sœur Victoria l'endosser à sa place. Sur le coup, il avait bien failli rééditer sa caresse sur le menton du seigneur de Montvif ; mais Certor et Waël l'avaient heureusement retenu, évitant ainsi de déclencher une mêlée générale incontrôlable. Une mêlée où, de toute évidence, ils n'auraient pas eu l'avantage.

L'insulte ne passait pas, néanmoins. Melkhart avait chevauché sans un mot avec les Velteriens, restant à l'écart du seigneur de Montvif comme s'il faisait la gueule - en même temps, il faisait la gueule.

Ils parvinrent ainsi à Rochenoire, l'ancienne citadelle érigée en capitale de l'éphémère principat de Nimmio le Fou ; le sinistre de ce nom était à l'image de l'humeur de Melkhart, qui prêta à peine attention au décor. Dans un jour normal, il se serait étonné de découvrir une bâtisse aux couleurs chaudes, parsemée de verdure et de bibelots, bien loin de la forteresse guerrière qu'on pouvait se figurer ; à croire que Nimmio, après avoir mis à genoux l'ost royal à Christabel, s'était désintéressé de la guerre pour cultiver les fleurs -ce qui, sans doute, expliquait le rapide déclin de sa puissance.

Melkhart ne fut pas fâché qu'on leur assigne une chambre pour qu'ils se reposent, là où il n'aurait pas à subir la présence du Velterien et de ses sbires. Néanmoins, le calme ne fit que le faire ruminer davantage sa rancœur. L'après midi passa sans qu'il ne quittât la chambre, si tant est qu'on l'aurait laissé partir ; Certor et Waël étaient avec lui, mais tous deux voyaient bien que le jeune chevalier ne décrocherait pas un mot, aussi se contentèrent-ils de jouer aux cartes dans leur coin.

C'est en début de soirée, alors que Melkhart commençait à croire, non sans un certain espoir, que leur hôte les avait oubliés, que le sire de Montvif fit son entrée. Et il ne vint pas seul ; il était accompagné de deux hommes et d'une jolie jeune femme blonde, dont la simple présence poussa malgré lui Melkhart à se dérider un peu. Le pain et le vin fut apporté, et tout le monde prit place sur des sièges.

Là-dessus, Montvif réédita ses excuses - non pour sa boutade sur les jupons, mais pour la fois où il avait voulu niquer sa sœur. Melkhart l'écouta, silencieux, mais n'était pas tranquille, car à mesure que Montvif parlait, le Sybrond devinait qu'il avait une idée derrière la tête. « J'ai beau porter de tendres sentiments à son égard », a-t-il dit ; il parle au présent. Ainsi, le forban nourrissait encore un intérêt certain pour Victoria, quand la décence eut voulu qu'il oublie l'incident - et se garde surtout de l'évoquer en public...

Un silence pesant suivit les paroles de Montvif, alors que chacun guettait la réaction de Melkhart. Certor et Waël plissaient le front, cherchant à comprendre de quoi il était question à propos de Victoria - tous deux ignorant tout de l'incident, bien que leur imagination fertile leur permit déjà d'échafauder quelques hypothèses.

Finalement, Melkhart s'éclaircit la gorge, et répondit :

« Je constate en effet que vous avez été fort occupé », et il désigna la pièce autour d'eux et, par là même, tout le château. « La gratitude royale, j'imagine ? On dirait bien, finalement, que Sa Majesté peut se montrer généreuse... dans certains cas. »

Il ne s'expliqua pas sur ce qu'il semblait reprocher au roi, ne s'interrompant que pour boire une gorgée de vin, dont l'élégante robe rouge et l'agréable arôme boisé révélaient la qualité certaine - sans doute provenait-il des domaines de Hautval.
Puis il ajouta :

« En ce qui concerne Victoria, et... ce que vous savez, je crois, Messire, que tout ce qui devait être dit et fait à ce sujet a été dit et fait. Aussi, je vous saurais gré de ne plus y penser, ni... ni même d'en parler. »
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MessageSujet: Re: Causeries [Philippe]   Causeries [Philippe] I_icon_minitimeJeu 21 Fév 2019 - 7:59


Philippe ne pouvait pas le nier. Il prenait un certain plaisir à torturer Melkhart en présentant aussi abruptement leur point d’accrochage. Le bailli de Velteroc ne voulait pas se l’avouer mais son orgueil avait été profondément et durable touche par la dernière action du benjamin de la famille Di Maldi. Le poing qu’il avait reçu en plein menton, par surprise et la tourmente d’une action fort peu honorable l’avait marque. Sans aller a le haïr, Philippe gardait rancune contre l’homme et comptait les coups rendus par ses propos.

Si sa sœur et ses proches seigneurs étaient au courant de ses émois envers la comtesse de Sybrondil, il semblait qu’il n’en était rien pour les deux compagnons de Melkhart. Laissant leur imagination faire fructifier ses quelques paroles, Philippe revint a la conversation que le chevalier avait tôt fait de changer de sujet. Le bailli but une longue gorgée de vin avec laquelle il faillit s’étrangler lorsque son hôte laissa entendre que le roi était généreux, parfois bien trop. Les délicats aromes boises du Hautval lui remontèrent le nez de la gorge et quelques écumes d’une tète fruitée et hespéridé à la fois explosèrent dans son nez.

« Le roi peut en effet se montrer généreuse dans certains cas. La loyauté, l’honneur et le prix du sang suffisent. Mais je l’avoue, cela dépasse parfois l’entendement. Regardez le nœud nisetien de Merval... »

Philippe avait parlé d’un ton dégagé, laissant entendre qu’il ne se laisserait pas éclaboussé par une quelconque insinuation d’un homme avec qui il venait de partager le pain et le sel de l’hospitalité. Cependant, Mirail ne l’entendait pas cette oreille la. Le fier seigneur de la marche orientale de Velteroc s’avança d’un pas et laissa éclater son arrogance envers ce qu’il voyait comme un éphèbe du Sud :

"Le sang de nos pères ont coulé au même titre que le nôtre pour que la paix revienne. Presque une génération s’est éteinte a la bataille de Valdrant. Nous sommes le futur de Velteroc, le chant des lendemains joyeux. Nous méritons la sympathie de notre suzerain et du roi. »

Philippe jeta un coup d’œil furibond mais plein de gratitude envers son ami. S’il n’appréciait pas l’intervention de Mirail, ses propos reflétaient parfaitement la pensée du bailli de Velteroc. Il avait ainsi aide a répondre a Melkhart sans insulter son invite.

« Mon homme-lige souligne en effet que nombre de velteriens sont tombes et que notre pays a souffert. Il n’est que mérite de pouvoir se reconstruire après la dévastation éprouvée pour prix de notre loyauté. Surtout sous l’égide d’hommes toujours fidèles a la Couronne, tels que le Duc d’Erac. »

Ou moi ne put s’empêcher de conclure mentalement Philippe. Il était de notoriété publique qu’il avait combattu pour l’ost royal mais également qu’il était un homme de confiance du suzerain du Duché. Philippe voulait conclure sur cette affaire et ne souhaitant pas revenir sur Victoria, Melkhart et lui s’étaient suffisamment cherche autour de ce sujet, il passa plutôt au Sud.

« Quelles sont les nouvelles du Sud alors ? Le soulèvement d’Ydril et le procès de Soltariel sont-ils réglés sous la justice du roi ? »
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MessageSujet: Re: Causeries [Philippe]   Causeries [Philippe] I_icon_minitimeSam 23 Fév 2019 - 14:02


Melkhart ne comprit pas vraiment pourquoi l'un des familiers de Montvif s'était senti obligé de vanter la noblesse de cœur des Velteriens. Il repensa à ses propres paroles, se demandant à quel moment il avait pu la mettre en doute ; c'est qu'il n'était pas du genre à tirer sur les brancardiers.

Ce petit sursaut d'orgueil de ses hôtes eut au moins l'intérêt de détourner la conversation du sujet Victoria. Melkhart s'en sentit d'abord rassuré ; il le fut moins quand la discussion commença à porter sur des considérations politiques. Tenant ces sujets en horreur, Melkhart se renfrogna un peu, mais eut la courtoisie de répondre :

« Ydril s'est en effet rendue, Seigneur ; j'y étais, comme nombre de Sybronds. Quant à Soltariel, je vous avouerai avoir suivi ces choses de loin, mais oui ; ces choses sont réglées. Le couard qui nous tenait lieu de duc est toujours introuvable. Quant à son épouse, le verdict est tombé ; le roi l'a privée de son duché, et elle en veut au monde entier. Je l'ai croisée récemment à Diantra, figurez-vous. Elle s'est montrée des plus déplaisantes à mon endroit, mais j'imagine qu'il ne lui reste plus que ça, à cette pauvrette : la rancune. Certains animaux deviennent hargneux quand ils tombent en décrépitude ; j'ai déjà eu une chienne un peu comme ça. »

Il évita d'aborder le soulèvement d'Ydril, repensant à son étrange rencontre avec la Gardienne de Tyra et ce qui s'en était suivi ; il était des choses qu'il valait mieux tenir secrètes.

« Les Soltari-Beronti, les Systolie, voyez toutes ces vieilles maisons déchues aujourd'hui », dit Melkhart en agitant sa coupe de vin sous ses yeux, faisant tournoyer le liquide pourpre avant d'en boire une nouvelle gorgée. « Combien de vieilles maisons conservent aujourd'hui encore leurs possessions ? On vit des temps de changement, Seigneur. Des temps incertains. Ça flanque la trouille à plein de gens. Regardez les Mervalois, qui se réfugient dans leurs vieilles traditions primitives. Ils remettent en cause nos dieux parce qu'ils ont vu le royaume pentien vaciller ; ils oublient que leur vieil empire à eux s'est déjà écroulé, lui, et depuis fort longtemps. »
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MessageSujet: Re: Causeries [Philippe]   Causeries [Philippe] I_icon_minitimeMar 26 Fév 2019 - 13:18

Lorsque les lèvres du chevalier se renfrognèrent, Philippe crut l'espace d'une seconde qu'elle resterait close. Il n'en fallait pas plus pour le bailli de Velteroc pour comprendre que son interlocuteur n'appréciait pas la politique, ou ne s'en souciait tout simplement pas. Contrairement à l'image des Sudistes lâches mais preux politiciens, fuyants mais brave face à la trahison, incapable de tenir une lame mais expert de la dague, Melkhart renvoyait une image plus austère. Malgré ses allures typiques de ses contrées, le jeune homme aurait très bien pu passé pour la jeunesse dorée du Médian d'avant-la guerre, ne rêvant que d'aventures simples.

Mais la guerre était passée par là. Elle avait soulevé son flot de questions, abattus son lot d'aînés. Cette rêveuse génération se devait désormais de montrer les dents. Et bien évidemment les habitudes ancestrales de leur père leur revenait bien vite. Même s'il n'était pas l'alpha de son clan, Melkhart maîtrisait bien le sujet de la politique malgré ses airs effarouchés à sa mention. Pis encore, il semblait même avoir pris part aux nombreux évènements dont il avait parlé. Il en était même allé à Diantra, ayant le déplaisir de rencontrer l'ancienne duchesse de Soltariel.

« J'avais cru la Duchesse Tibéria bannie par la cour de Sa Majesté. » dit simplement Philippe avant d'analyser en son fort intérieur les paroles du chevalier. Il parlait de progrès, d'avancement. C'était quelque chose qu'ils semblaient partager. Philippe était en faveur d'un pouvoir royal plus fort, contrasté par la présence des nobles. Sans en appeler à un texte de lois, il appréciait l'idée d'une coutume contraignante faite pour cerner d'une couronne d'épines les rois d'orgueil. Mais il ne savait pas si Melkhart arrivait à ce point dans le partage des idées. Aussi préféra-t-il éviter délicatement le sujet pour reprendre d'une voix plus douce et détachée.

« Quels bons vents vous amènent ils dans mes contrées ? Généralement les voyageurs pour le Nord passent par l'Est. Arétria ouvre sa grande vallée vers les hautes passes du Hautval pour déboucher sur les plaines au delà. Passer par l'Eraçon se mérite n'est-ce pas ? »
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MessageSujet: Re: Causeries [Philippe]   Causeries [Philippe] I_icon_minitimeDim 3 Mar 2019 - 13:47


L'esprit vif, le seigneur de Montvif avait deviné que Melkhart et ses amis comptaient passer par le pays eraçon. L'esprit vif, mais la mémoire courte, songea le Sybrond ; il lui avait déjà indiqué plus tôt dans la journée où il comptait se rendre, ce qui aurait pu éviter à leur hôte cet effort intellectuel. Ceci dit, Montvif avait eu d'autres chats à fouetter tandis que ses "invités" se prélassaient dans l'ennui ; il avait pu oublier.

« C'est cela, seigneur. Bien que nous n'ayons nullement l'intention de poursuivre jusqu'au Nord. C'est dans l'Eraçon que nous avons affaire. »

Melkhart savait bien que cette réponse ne satisferait pas la curiosité de leur hôte. L'homme voudrait savoir pourquoi. Et quoique Melkhart estimât n'avoir aucun compte à lui rendre, ne rien dire risquait de lui porter préjudice : son silence passerait pour coupable, alors que leur quête n'était nullement honteuse, au contraire. Il croisa brièvement le regard de la soeur de leur hôte avant de détourner précipitamment les yeux, et se demanda quelle image il renvoyait en ce moment. Chevalier errant trouvé sur la route avec ses deux serviteurs, hirsute et renfrogné, comme si on l'avait interrompu alors qu'il visait quelque méfait. Il se devait de rétablir la vérité.

« Il y a, dans les contrées reculées du Lyron, un village où se passent des phénomènes étranges. On m'a murmuré des histoires de malédiction, de fantôme, de disparitions et de cours d'eau empoisonnés. Que cela soit avéré ou purement imaginaire, mes compagnons et moi avons décidé de tirer cela au clair ; et de libérer les habitants de ce Fléau. »
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MessageSujet: Re: Causeries [Philippe]   Causeries [Philippe] I_icon_minitimeDim 10 Mar 2019 - 8:19

Philippe écouta avec attention la réponse du chevalier. Il ne faisait pas que passer par l'Eracon, ce qui réfutait dès lors la théorie du bailli de Velteroc. D'après les explications de Melkhart il se rendait au contraire au coeur du territoire du Duché. Occire quelques malheureuses créatures, enquêter sur des histoires sombres de malédiction et de trahison. Il en existait des centaines, si ce n'était des milliers, dans les contrées bordant les montagnes. Les peuples de l'Eracon croyaient dans la superbe puissance des Cinq mais n'en restaient pas perclus de superstitions millénaires.

Cependant, l'histoire avait voyagé jusque dans le Sud et aux oreilles de Melkhart. C'était rare - si ce n'était exceptionnel - qu'un chevalier se veuille un paladin et s'aventure dans d'autres territoires. Philippe ressentit un frisson à l'idée de pouvoir vivre une palpitante expédition. Mais les douleurs des combats dans les Dents-de-Veltres et l'énormité des tâches qui lui restaient à accomplir dans la baronnie. Il ne pourrait pas accompagner le chevalier. Malgré tout...

"Vous êtes un valeureux homme ! Quitter ainsi le confort du Sud pour protéger de pauvres paysans des monstres des bois ! Je suis vous assurer que vous avez tout mon admiration et ma gratitude ainsi que celle de mon frère."

Philippe resta interdit en regardant sa soeur lui couper la parole alors qu'il avait ouvert la bouche. Il lui jeta un regard noir mais ne l'interrompit pas. Les grands yeux de la Rose du Clos - un surnom qui lui était venu des plantes qu'elle avait réussi à faire pousser dans le cloître de Montvif - pétillaient et son épaisse chevelure blonde laissait s'échapper quelques boucles alors qu'elle se penchait vers Melkhart. Le bailli de Montvif savait qu'il était inutile de sermonner sa soeur lorsqu'elle se laissait emporter par la passion et sa nature romantique.

"Pouvez-vous m'en dire plus sur cette affaire ? Nous aimons ce genre d'aventures ! Avant d'être rattrapé par les affres de la politique, Philippe lui même était un preux chevalier de Néera."
- Tout à fait. » l'interrompit Philippe, soucieux de ne pas laisser se savoir pour la DameDieu. Nombre de guerriers du Médian et du Nord ne juraient souvent que par Othar et voyait le culte de la Mère chez les chevaliers d'un oeil critique. "Nous vous sommes grés de défendre ainsi la populace du Royaume. Peut être puis je apporter mon soutien dans votre expédition ? Souhaitez-vous quelques hommes et compagnons de route ? Vous pouvez également vous servir dans nos réserves, dans la mesure du raisonnable évidemment. ajouta-t-il en coulant un regard sévère vers les compagnons de Melkart aux yeux déjà gourmands. "Les portes de mon armurerie vous est également ouverte. L'acier velterien est réputé."

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MessageSujet: Re: Causeries [Philippe]   Causeries [Philippe] I_icon_minitimeDim 17 Mar 2019 - 19:58


L'émerveillement de la sœur du bailli tranchait avec l'austérité de leur hôte. Melkhart se demanda un bref instant si l'intérêt que manifestait la jeune femme était réel ou feint ; quoiqu'il en soit, son impertinence n'avait pas l'air de plaire à son aîné, ce qui eut pour effet de la rendre immédiatement sympathique aux yeux du Sybrond.

Il se méfiait malgré tout ; il soupçonnait la rosière d'essayer de l'amadouer, et la proposition de Philippe de Montvif ne lui disait rien qui vaille. Il voulait l'aider, affirmait-il ; il veut me voler mon prestige, oui ! Melkhart voyait d'ici le tableau : s'il pourfendait la bête à l'aide d'une escorte velterienne, voire pire, si l'un des auxiliaires du bailli pourfendait la bête, le succès de cette quête ne serait plus celui de Melkhart di Maldi, il serait l'œuvre de Velteroc. Nenni. Il ne laisserait pas la chose se produire. Heureusement, il a avait tu le nom du village où devait le mener sa quête, et entendait bien garder celui-ci secret.

« C'est aimable, seigneur, de proposer le renfort de vos hommes. Mais je crois que le succès de cette entreprise ne dépendra pas du nombre ; dans le cas contraire, les hommes du duc Renaud auraient déjà réglé la question. C'est une quête qui réclame de la discrétion, et le soutien de mon sergent d'armes et de mon écuyer devrait suffire. Toutefois, je ne veux pas rejeter l'aide qui m'est si pieusement proposée ; il nous faudra des vivres pour la route. »

Il ponctua son discours par un sourire, ravi qu'il était de pouvoir piller le garde-manger de leur hôte au nom de la politesse. Puis, avisant la délicieuse rosière, il entreprit de la faire rêver un peu, puisqu'elle en faisait la demande ; il ne pouvait totalement satisfaire sa curiosité, mais il avait suffisamment d'histoires à raconter pour agrémenter ses fantasmes de jeune vierge.

« J'en sais encore trop peu sur ce qui nous attend là-bas, damoiselle, mais j'ai suffisamment voyagé et vu de mes yeux tant de choses, et de choses incroyables, que je sais combien tout est possible. C'est ce que vous apprend une jeunesse passée sur les galères de la Compagnie des Trois Saisons. Les seigneurs mercantiles dans leurs palais pharétans cultivent un goût certain pour l'étrange, mais ce n'est rien à côté du quotidien des cités vaanies. L'Estrevent regorge de créatures mystérieuses, et certaines y sont même vénérées comme des divinités monstrueuses. J'ai vu là-bas d'immenses sangliers aux puissants sabots, dotés d'une corne redoutable ; des scorpions géants dont le venin décimerait une garnison entière ; des fées espiègles, innocentes en apparence, mais capables des plus redoutables prodiges. Et les marins craignent depuis la nuit des temps un monstre marin immortel, capable selon eux d'éventrer les coques des bateaux d'un simple coup de dent. Alors, quoi qu'il se trame dans le Lyron, je m'attends à tout ; qui sait quel esprit malin peut bien se terrer dans les sous-bois. »
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