Heureuses nouvelles du sud [Philippe]

À Philippe de Montvif, seigneur de Montvif.
2ème jour de la 1ère énéade de Verimios, 10ème année du 11ème cycle.

Cher ami,

Voici deux ennéades que nous sommes séparés et pourtant j’ai le sentiment que nous nous sommes vus hier. J’espère ne pas vous causer trop de surprise en vous écrivant ces lignes mais je me suis rappelée que vous aviez mentionniez que vous feriez étape ici. Je tenais particulièrement à ce que vous soyez le premier à qui j’annonce cette excellente nouvelle : mon frère Roderik est vivant.

Quel bonheur ce fut de le retrouver, de le voir bien portant en chair et en os. Vous connaissez mon impulsivité, je n’ai pu m’empêcher de lui exprimer mon mécontentement qu’il ne m’ait pas fait part lui-même de cette heureuse nouvelle.

Ainsi je goûte avec démectation la félicité d’un ciel sans nuage (ou pas trop) et en profite pour me reposer et faire le point. Je ne sais ce que l’avenir va me réserver mais il m’inquiète beaucoup moins et c’est grâce à vous.

Je tenais également à vous remercier pour vos sages et gentilles paroles. Elles m’ont beaucoup touchées.

Il fait bon en tour cas de se trouver en un lieu calme et ensoleillé, bien loin de la guerre. Vous aimeriez sans doute cet endroit vous aussi. Il y a plein de champs vides dans lesquelles vous rouler.

C’est étrange mais avec le retour de mon frère c’est comme si le puzzle de ma vie se reconstituait et que tout s’éclaircissait. Vous est-il déjà arrivé d’éprouver une telle sensation ?

Mon frère ayant reprit ses fonctions de Grand Chancelier, il a prit sous son aile notre jeune Roi qu’il a ramené de Merval. Je gage que notre armée se trouve actuellement à Diantra. Il semblerait qu’il y ait des problèmes dans le sud. Il compte s’y rendre et m’a demandé de l’accompagner. Nous aurons peut-être l’occasion de nous revoir? Ou sinon à Diantra où je compte aller retrouver mes hommes le plus vite possible.

Au plaisir de très prochainement vous lire et d'avoir de vos nouvelles,

Mes pensées les plus amicales vous accompagnent.

Aliénor de Wenden, Seigneur de Wenden et Régente du Comté d'Aretria et de la seigneurie de Karlsburg.

À Aliénor de Wenden, Régente d'Arétria.
3ème jour de la 1ère énéade de Verimios, 10ème année du 11ème cycle.

Jolie dame,

Je lis vos mots avec grand plaisir et ces mots sont tracés dès l'instant que j'eus finis de lire votre missive. Pardonnez mon écriture maladroite mais ma plume vole sur le parchemin avant mon départ. Quelle joie pour vous de découvrir la survie de votre frère. Je ne doute guère que cela apportait un regard nouveau et un éclat de soleil dans votre vie. Vous avez ainsi braver le Sud pour retrouver votre frère ? Voilà à nouveau une preuve de votre force de caractère. Quelle aventurière ! Vous ne n'avez rien à envier à Enrico di Montecale. Surtout que vous êtes revenue de vos aventures... Et ce j'en éprouve bien des joies que la morale pourrait réprouver.

Je connais cette sensation de renaissance. Nous nous concentrons bien trop sur les problèmes et lorsque ceux-ci disparaissent nous goûtons à nouveau à la douceur de la vie. Depuis la fin de la guerre, je ressens cela. La nouvelle de la survie de votre frère me pousse à vous révéler quelques projets. Je sais que vous les tiendrez pour vous et n'en servirez point contre moi ou mon suzerain.

Je pars pour le Soltariel dans le but d'aider un noble de Velteroc dans le besoin et le convaincre à ma cause. Voyez-vous, j'ai bon espoir de voir le Comté reconnu de jure. J'ai ainsi pour dessein de m'élever plus haut que je ne l'aurais souhaité pour la pérennité des terres qui m'ont vu naître et le prestige des Montvif. Dans le cas de ma réussite, ma Dame, je vous retrouverai et demanderai ce qu'on mon cœur me crie d'obtenir mais que ma raison interdit. Gardez précieusement le mouchoir dont je vous ai fais présent comme gage de ma promesse.

Je ferai mon possible pour vous revoir à Diantra si je n'ai point l'occasion de vous rencontrer lors de votre chemin dans le Sud.

Toute mon amitié vous ai dévoué ma Dame,

Philippe de Montvif, Seigneur de Montvif.

Aliénor profitait de la douce chaleur matinale du sud pour se promener dans les jardins quand un messager vint à sa rencontre pour lui apporter un pli. Après lui avoir donné congé, elle inspecta le parchemin et y découvrit le sceau de Montvif qu'elle ne connaissait pas encore. Elle ouvrit la lettre avec grand intérêt avant de parcourir le document. Elle le relut une seconde fois pour s'assurer qu'elle avait bien tout saisi à la première lecture et qu'elle ne rêvait pas. Elle s'assit sur un banc à l'ombre, tout en lisant et d'un geste demanda à ce qu'on lui amène de quoi écrire et d'appeler un messager.

À Philippe de Montvif, seigneur de Montvif.

Cher ami,

Je suis contente que vous connaissiez cette félicité toutefois comme il l'a été décidé en conseil de guerre, la guerre n'est pas encore finie malheureusement. Il nous faudra donc nous tourmenter pour cela encore un temps.

Vous me voyez navré de lire que l'un des nobles de vos terres se trouve dans une fâcheuse position. Je souhaite que les cinq vous aident dans vos démarches et que vous parveniez à le tirer de ce mauvais pas. Il ne vous en sera que plus reconnaissant ensuite d'avoir été aidé.

Pour ce qui est des terres de juré, je crois qu'obtenir le retour de ces terres dans le duché d'Erac est dans les projets de votre suzerain. Comme je l'ai souhaité pour le duc d'Erac je vous souhaite également d'obtenir ce que vous désirez, même si ce sera un chemin long et plein d'obstacles.

Gardez courage mais surtout, soyez prudent.

Aliénor de Wenden, Seigneur de Wenden et Régente du Comté d'Aretria et de la seigneurie de Karlsburg.

Elle replia alors la lettre et y apposa le sceau des Wenden avant de confier le pli à un nouveau messager qu'elle regarda partir.