[Lanterne Noire] D'ombres en Illusions, nous progressons | Kah

Arborant des airs de noble demeure, l’établissement n’avait en son sein autre essence que celle d’une maison de passe. Parmi toutes celles qu’il possédait, celle-ci s’élevait au-dessus des autres d’un bon cran lorsqu’il fallait faire mention de sa richesse, mais aussi de la qualité de ses services. À l’instar des puterelles de bas étages, ses portes s’ouvraient au grand public, mais s’en voyaient fort bien plus chaleureuses lorsqu’elles y accueillaient hommes et femmes d’importance. Et en cette saison mouvementée, tout ce qui concernait de près ou de loin la religion était automatiquement épinglé d’important. Voilà pourquoi Kah s’était assuré que prime la venue de toute entité religieuse sur n’importe lequel des clients : qu’il fut du plus insignifiant au plus fidèle adepte de l’endroit. Le Maître des Ombres se doutait qu’avec le Feu d’Uriz en tête du Triumvirat, le Vatna gronderait plus tôt que tard que son peuple renoue avec ses origines et que la foi envers leurs déités soient mise de l’avant. Or, tout homme de foi méritait le meilleur des traitements, qu’ils fussent aussi banals que l’innocente compagnie d’une femme de peu de vertu ou le traitement d’une poignée d’asservis.

Plus haut, aux étages supérieurs, Kah babillait en compagnie de ses habituels suivants : des gens de peu de confiance, qui baignaient dans la magouille et dans le crime. Sans trop se faire remarquer, les yeux bas et n’en menant que bien peu large, un jeune homme s’approcha de Kah pour lui murmurer quelques mots au creux de l’oreille. Le directeur des lieux haussa les sourcils d’intérêt, puis déporta son attention sur le jouvenceau. À son tour il remua des lèvres en sa direction, il le poussa un peu du coude pour lui signifier qu’il pouvait prendre congé de lui, puis se remit en équilibre sur ses guiboles.

« Messieurs, j’ai à faire. » Il s’inclina exagérément devant eux, ce qui fit soulever une vague d’esclaffement des malandrins. Ceux-là n’avaient certainement plus tout leur esprit, compte tenu des innombrables volutes parfumées qui volaient librement dans le salon.

Arrivé au rez-de-chaussée, le coupe-jarret salua les têtes qu’ils connaissaient et en fit de même des nouvelles qui profitaient des joyeusetés de la maison. Au détour d’un couloir et d’une multitude de cadre menant à quelques intimes chambrettes, il s’introduit dans une en particulier. Là, il arriva dans l’angle mort de la toute belle enchanteresse, intimant le silence à ses employés d’un index aux lèvres. En voleur, il s’approcha sur la pointe des pieds, n’en faisant pas plus craquer le bois du plancher que ceux qui s’occupaient déjà d’elle. Enfin, il arriva au niveau du vieillard qui s’occupait encore de ses épaules aux muscles endoloris. Kah posa la pointe de ses doigts sur ceux du vioc et le repoussa du coude sans un bruit.

Ses pattes se déposèrent sur les épaules brûlantes de Viconia, venant pétrir de deux pouces ses muscles noués. Alors, empruntant le ton qu’intimait la chaleur de l’endroit, ses arômes et son éclairage, Kah brisa le silence. « Viconia …Te voilà dans de bien plus beaux atours que dans la chambre magmatique. Tu te plais, ici ? » Il souriait et était prêt à s’écarter, si elle réagissait de trop. Autrement, ses pouces enduits d’huile remontaient à sa nuque puis l’arrière de sa tête, creusant sa peau du bout des ongles. « C’est une mode à laquelle je pourrais facilement m’accoutumer. » Dit-il en son égard, faisant référence à la lame qu’elle portait comme seul vêtement.

Il poireauta le temps que s’éclipsent les deux asservis, puis délaissa la peau qu’il malaxait depuis quelques secondes, au grand damn de la captieuse prêtresse. Il s’éloigna, retourna une caquetoire à l’assise rembourrée par quelque plumage, puis y posa son derche pour mieux s’adresser à la prêtresse. Ou mieux la contempler, c’était selon.

« C’est un endroit que j’affectionne particulièrement. Il n’est de locaux plus enclins que ceux-ci à d’intéressantes rencontres. Tu en es d’ailleurs la preuve vivante. » Son œil se plissa d’amusement, reluquant la sirène dans une once de gêne. « Et une invation? Certes, j’invite toutes les femmes à se dévêtir au quotidien! » Son nez se plissa d’amusement, puis il balaya l’air de la main comme s’il désira passer à autre chose. « Non, la raison de ma venue c’est qu’ici, c’est chez moi et, lorsqu’on y reçoit les serviteurs des Dieux, je m’assure à ce qu’ils ne manquent de rien. » C’est souvent lorsque roucoulent les dévots ou que les clercs prennent leur pied que les langues se délient. Alors, les secrets font bonne monnaie en échange des services rendus. « Tu as pris cher pendant notre petite escapade dans la chambre magmatique … Quelques soucis te travailleraient au point de chercher endroit où t’évader ? » Ses yeux se dérobèrent de ses formes envieuses –à regret- et vinrent à la recherche des récentes cicatrices de carreaux.

Depuis leur douillet séjour dans les entrailles de la chambre magmatique, Kah s’était assuré de connaître d’avantage de ses compatriotes. Comme de fait, l’asservie de Valas n’échappa guère à cet examen. Les prérogatives de son rang au sein de l’entité des secrets lui octroyèrent libre accès à une banque de donnée essentielle à ses recherches.

Pour parvenir à ses fins, il dut disséquer maints recueils traitant des lignées les plus illustres du Puy et, étrangement, bien qu’il ait bonne connaissance de ces livres en question, s’était bien cassé la tronche. Du reste, il ne trouva pas la moindre information pertinente à son sujet. Rien, nada, niet. Et cela l’avait bien agacé, pour ne pas dire lui avait cassé les couilles en trois, puis en quatre. Il avait dépouillé de leur contenu l’ensemble des bouquins et s’en allait crier forfait après de bonnes heures de recherche. Jusqu’à ce qu’une idée lui vienne … Une moindre femme n’aurait su s’élever si proprement, obtenir une position aussi avantageuse sans qu’elle ne fût issue du bon sang. C’est sous d’autres répertoires qu’il dégotta enfin l’information qu’il cherchait. C’était une bâtarde, mais qui possédait effectivement le bon sang : celui d’une des plus illustres lignée de Primas … Ainsi, il sut glaner ci et là quelques informations à son propos, autant au niveau de son cheminement de vie que de sa condition actuelle. De tous les détails à son propos, on ommit de lui en mentionner un.

Elle était diablement douée pour se mettre en valeur. Elle sut lire son regard comme un livre ouvert, s’adaptant à son intérêt aussi naturellement que l’on respire. Le bougre aurait préféré les courbes naturelles des femmes qu’elle aurait adroitement roulé des hanches pour mettre en valeur la chute de ses reins. Sur le coup, elle devina bien qu’il préféra examiner ses cicatrices de ses mirettes sanguines, donnant moins de crédit à ses courbes alléchantes qu’au restant de ses scarifications.

« Ce n’est pas me deviner que d’affirmer que je préfère les femmes nues, c’est d’une évidence même … Mais si tu crois que je les préfère vulnérable, alors tu te trompes sur toute la ligne. » Il l’avait corrigé docilement, ne bougeant pas d’un poil de sur sa cathèdre et ne masquant pas plus l’intérêt qu’il lui portait. Puis, elle se redressa pleinement en lui offrant son meilleur profile et le surplomba de toute sa grandeur. Ses longues échasses étaient particulièrement délicieuses à examiner, mais il dut s’en détacher à regret. Il n’était tout de même pas à faire perdurer ce moment indéfiniment, un coup que la succube eut pris sa première bouchée, alors ses idées ne sauraient être suffisamment limpides pour lui amener le pourquoi de sa venue.

« Pauvre petite prêtresse … Allons, allons … Ces mots me laissent en bouche un bien âpre goût. J’ai pour vous la plus sincère des admirations : les dévots de nos Dieux méritent toute ma considération et c’est exactement ce pourquoi je suis venu à toi. » Il s’octroya une légère pause, puis reprit en préservant son timbre de voix mielleux. « J’ai, a regret, hélas sous-estimé ton potentiel lors de notre escapade et je tenais à te témoigner mes plus plates excuses. » Le sournois personnage abaissa le nez un tantinet, comme pour lui assurer qu’il était sincère. Son ton de voix, ses mimiques et son air disaient que oui. Mais aussi véritables que paraissaient les illusions de Viconia, lui montait-il le plus beau des bateaux ? « Si tu consens, je suis prêt à te trouver des précepteurs personnels qui sauraient t’enseigner comment te défendre au corps à corps et à réagir en temps de crise. Moi-même, je pourrais te faire le legs de quelques leçons. »

À chacun son art sa manière d’en faire usage. Si Kah était avant tout un meilleur bretteur que sorcier des ombres, ses connaissances en ce qui attrayait la magie en sa forme générale, n’avaient rien d’extraordinaires. C’est-à-dire qu’il s’était d’abord et avant tout penché sur le domaine qui était sien et, qu’en dehors des informations relatives à ses anciennes missions, il n’avait que peu bouquiné à ce sujet. Ainsi, lorsque la distance se réduisit encore d’avantage, que la doucereuse main de l’enchanteresse cadran son visage au niveau du menton, un léger frisson secoua son rachis. Excitation ou crainte, il n’avait idée. Une chose resta pourtant certaine, à cette distance, elle était en bien meilleure posture que lui pour prendre le dessus à l’aide des armes à sa disposition. Or il faudrait marcher sur des œufs pour que l’idée de lui enfoncer dans le crâne un mirage à outrance n’en vienne à chatouiller la succube.

« Tu m’affubles de tant de mauvaises intentions … Un jour, il te faudra bien délaisser ses vilaines barrières. Autrement, tu finiras ta vie seule. » Et là, s’il fit mention du fait qu’elle n’était ni mariée ni avait mise à bas de descendance, il sous-entendait également qu’à voir le mal tout autour d’elle pourrait un jour, bien la rendre folle. « Je n’ai rien à gagner à te former, Viconia, mais le Culte de Valas par contre, c'est autre chose … » Le vieux larron faisait belle preuve de piété et, bien qu’il parut complètement sincère pour une fois, ne lui disait qu’à moitié la vérité. Où était-ce un mensonge enjolivé de belles fioritures ? Allez savoir. Sa grande paluche quitta le confort de son accoudoir pour venir découvrir la chaleur la peau de la dévote, déposant paume et doigts contre l’arrière de sa cuisse gauche, à la naissance d’une fesse légèrement rebondie.

« Tu es fougueuse et si jeune … Tu te verrais mourir bêtement sur un champ de bataille, simplement parce que tu n’as pas su réagir au bon moment ? Où simplement parce que tu n’as pas sut tirer profit de ta si belle arme ? » Sa main escalada le bout de chemin restant pour mieux venir profiter de son fessier auquel il exerçât à la fin de son questionnement une légère pression, comme pour l’inciter à réagir. « Je n’entends pas à vouloir m’enrichir sur le dos de ta lacune au combat, Viconia. Je suis certain que nous saurions nous entendre sur une juste compensation … » Et lorsque la tension entre eux grimpa, enfla encore et encore jusqu’à ce qu’elle n’en soit qu’à peine soutenable, deux bonhommes baraqués comme des guerriers d’Uriz se présentèrent au porche de la porte de leur petit salon, seulement vêtus que d’un pagne masquant leur virilité.

« Mais si tu veux, nous pouvons en parler plus tard, quand tu te montreras plus détendue. » Il ôta sa main de sa croupe, secouant très légèrement du menton pour se délivrer de la poigne de la démone, puis déposa à nouveau son regard dans le sien pour mieux y apprécier ses réactions.

Non vraiment, il regretta de l’avoir traitée si roidement à leur prime rencontre. Autant il est vrai qu’il ne la connaissait que peu, désormais, il pouvait dire qu’elle faisait belle figure au sein du Triumvirat. Un peu jeune, il est vrai, mais elle était suffisamment bien entourée pour que ce défaut, si l’on put qualifier cela ainsi, ne la brime de trop. Elle était fougue, passion et intelligence à la fois. Cet amalgame de qualité qui souventefois porta leur porteur au succès, ne sembla guère faire exception d’icelle. Kah était venu dans l’espoir de l’endetter au même titre qu’il le fit un jour du Feu d’Uriz, mais compris avant longtemps qu’icelle n’allait pas se laisser berner à si bon compte. Elle avait besoin de ses services et, plutôt que d’acquiescer tout bonnement à la grandiose et légendaire générosité de l’assassin, elle sut se montrer au moins autant sournoise que lui. S’esquivant d’un probable titre de débitrice, elle mit à profit ses grands talents d’enchanteresse. Le genre de panneau que le maître des ombres savait usuellement voir venir des lieux à la ronde … Quoi que.

Il laissa vagabonder son attention contre le paysage époustouflant qui s’exposa moins chère que gratuitement devant ses mires. À dévorer des yeux une chaire aussi avenante, une silhouette aussi délectable que la sienne, jamais le bougre ne s’en était vu autant écumer. Et à exposer la marchandise sans venir à lui directement, il n’allait certes pas donner suite à ses avances. Mais il fallut que la succube soit insufflée d’un excès de confiance, perçant sa bien maigre carapace pour mieux l’envahir. Le chevauchant de la sorte, point de doute, la démone avait belle idée de l’effet qu’elle avait sur lui. Mais, s’attendait-elle à autrement ?

Les deux pattes de l’assassin s’approchèrent derechef de ses hanches, mais cette fois ce fût dans l’idée de la chasser, de l’inviter à se retirer. « Non, c’est eux qui … »

« D'accord. Montre-moi comment me battre… » En vampire qu’elle se montra réellement, elle vint lui prendre une franche croquée au lobe de sa fine oreille, venant y percer la chaire de ses canines. Si les paluches du sombre furent tantôt tranquilles et posées, elles se cramponnèrent aux chairs de ses hanches comme les serres les plus acérées. Il retint dans la prison de ses dents une complainte qui s’avérait pour lui un râle de plaisir extatique, tandis qu’il dressa aussitôt le menton comme d’un réflexe qui voulait s’échapper à cette soudaine torture. Ses ongles creusèrent d’abord le derme de ses hanches, puis relâchèrent de leur pression. Son regard se déporta contre le sien, ne sachant cette fois réprimer un réel sourire charmé. La bouille encrassée de sang, eut été de son teint plus sombre, il crut pendant un instant apercevoir son amante se moquer de lui.

« Je te promets de bien te le rendre, tant que ca n'entre pas en conflit avec les intérêts des dieux, de notre peuple ou des miens…  Scellons cela d'un baiser de sang. » Sans savoir trop comment s’y prendre, s’il devait faire montre de candeur, de respect ou de luxure, il laissa les abruptes pulsations de son battant lui dicter la voie à suivre. À l’instar d’une bête que l’on aurait appâté par le sang, Kah sembla perdre de sa malice naturelle au profit de ses plus bas instincts. Un détail qui très certainement, saura faire le bonheur de l’œil expert de sa concubine.

Sa main dextre s’approcha du menton de Viconia, l’encadrant entre son index et son pouce. Ayant ainsi main mise sur son adorable bouille, il l’empêcha de s’éloigner de lui. Pas avant que le goût du sang se soit dissipé de sur la surface de leurs deux langues dansantes. Quant à son autre main, elle perdit toute suite son sens de la délicatesse, s’en allant palper les deux monts qui s’offraient si gentiment à lui. La douceur étant proscrite à ce pur instant de luxure et de débauche, Kah en oublia pratiquement le pourquoi de sa venue. Lui avait-elle lancé un sort quelconque, qu’il en ait les idées moins claires qu’à l’habitude ?

Après s’être complètement remit de ce pacte scellé, il reprit son souffle pour mieux l’admirer. Sur ses lèvres endiablées, le sang manquait désormais, celui-ci s’en étant vu bien nettoyé par leur boléro lingual.

« Dans le feu de l’action, tu auras beau exposer cet œuvre d’art tant que tu le veux : ça ne saura empêcher l’acier d’y faire de jolis trous. » Lui expliqua-t-il, de sorte à ne pas directement lui concéder le point. Seul à seul, elle savait se défendre sans même penser faire l’usage d’une quelconque arme blanche. « Et tu ne manques pas d’aplomb, de venir jusqu’à moi en prenant ce qui te plait. Sont-ce tes nouvelles prérogatives de Triumvir qui te donnent des ailes à en oublier que mon amante est la plus jalouse et dangereuse des mages de l’Elda ? » Lui, insatiable, adorait explorer et goûter à de nouveaux plaisirs, à faire la découverte de nouvelles furies, capable autant de le soumettre à leur volonté qu’à le servir, mais elle, c’était une toute autre histoire.

« Parce qu’en plus de tes talents de thaumaturgie, si elle venait à apprendre que tu m’as décoré d’une nouvelle cicatrice, ta première leçon au couteau sera dès plus ... démonstrative. » Mais son sourire ne savait mourir. Il s’amusait, à l’idée qu’elles deux puissent se fritter au point d’en saigner. Et à cet instant, sa curiosité l’empêchait de la chasser parfaitement. Elle savait s’y prendre, mieux que les autres, et il n’était pas improbable que le vieux larron s’en accommode plus souvent qu’à l’occasion …

Dans le feu de l’action, tu auras beau exposer cet œuvre d’art tant que tu le veux : ça ne saura empêcher l’acier d’y faire de jolis trous. » 


Chaque trou que j'arborerai coûtera cher à mon adversaire, cher Maitre Kahveka. 


Avec les dents, l'arcaniste mordille tranquillement le cou de l'assassin, y laissant des traces sanglantes. Il est le genre de mâle qui aime avoir des traces apparemment. S'immisçant dans les vêtements de Kah, les longues mains se font dures, impatientes, impérieuses. Examinant chaque cicatrice comme si elle voulait les revendiquer sienne.  Nulle tendresse, parce qu'elle n'en a pas en stock ce soir et que le vieux drow réagit mieux à la douleur. Parfait, Viconia n'aura pas à se refréner. Une lueur avide traverse les persiennes émeraudes qui prennent une teinte sombre.  


 « Et tu ne manques pas d’aplomb, de venir jusqu’à moi en prenant ce qui te plait. Sont-ce tes nouvelles prérogatives de Triumvir qui te donnent des ailes à en oublier que mon amante est la plus jalouse et dangereuse des mages de l’Elda ? » 

Je peux te faire mourir dix fois sans que tu ne meure vraiment. Je peux te faire noyer, te brûler. Je peux t'ouvrir milles plaies sans que ca ne te soit fatal. Je peux te manger le coeur devant tes yeux et tu respirera encore… Je peu t'écorcher vif si je le souhaite… Pourtant, quand j'en aurai fini, tu sera intact… Ta douleur sera t'elle moins satisfaisante que celle infligée par ton amante sanglante? 


« Parce qu’en plus de tes talents de thaumaturgie, si elle venait à apprendre que tu m’as décoré d’une nouvelle cicatrice, ta première leçon au couteau sera dès plus ... démonstrative. » 


Mais le sourire de Kah est contagieux. Elle se mord la lèvre un instant, Se soustrait à ces mains avides. Descendant de la caquetoire, L'enchanteresse agrippe l'assassin par le collet pour le remettre debout. La vigueur d'un bras aussi délicat est étonnante. Avec la même témérité que lors de l'attaque de la chambre magmatique elle lui fait face. Il peut voir le mâle que la jeune Eldéenne sait parfaitement les risques qu'elle coure et qu'elle les assume. Le désir fait vibrer son corp svelte. 


Montre moi ce que tu vaux sans tes couteaux et tes poisons…  Es tu digne de cette danse?


Le provoque t'elle… Avec un rire, l'enchanteresse fond sur lui. Kahvekah découvre ce que c'est que de goûter aux plaisirs de la chair dans les bras d'une X'Ianxin. Elle est une tornade, un tsunami. Son Brasier, fort et fier, indomptable, brille de milles feux sous sa si jolie poitrine. Indomptable, c'est bien le mot.

Ces vipères curieuses, qui s’imiscèrent sous les couches de vêtements qui couvraient sa pudeur, eurent tôt fait de faire la rencontre de maintes profondes scarifications. Fidèle adepte du culte de la souffrance, corps couturé de cicatrice était une véritable ode à Kiel. La peau lise, intacte et saine de toute tare se montrait si rare, qu’il se demanda si elle en avait ressentit le contact lors de son aveugle exploration. Quand a la rudesse dont elle lui témoignait, de son manque de finesse, il sut immédiatement que la démone succube l’avait bien saisit. Sa prime morsure à l’oreille l’avait très certainement trahi. Et toutes ces délicates attention entretenaient le sourire mutin de l’assassin, préservant une bouille toujours aussi maligne. Derechef, elle retourna harasser l’affliction qu’elle avait causé à son oreille, en profitant pour lui murmurer une réponse à so  avertissement. La confiance à si grande dose n’avait rien de bénéfique, au contraire.

« Le but, c’est de tuer aussi efficacement que faire se peut. Un seul trou suffit pour en finir. » Alors, de la pointe de son index, il vint appuyer précisément sans le creux de son épaule, lui provoquant une douleur assez inconfortable qu’elle dur réprimer un iota ses ardeurs. « Tu serais bien en mal de riposter quoi que ce soit, si je te transperçais ici, ma jeune élève. »

Le sang de la X’lanxin bouillant à gros bouillon. Une brimade de la sorte n’allait pas pour la refroidir, évidemment. Plus entreprenante encore, il se sentit bientôt dépassé par son expertise. Les yeux de l’enchanteresse s’étaient même doté d’une lueur et d’une teinte nouvelle. Alors, il comprit. L’expérience ne jouait pas à sa faveur, c’est son art, qui cherchait à lui donner avantage. Et n’eût été de son monologue, dont la finalité sortit définitivement Kah de son rêve, la succube l’aurait eut pour elle seule jusqu’à ce qu’elle s’en lasse.

Le spadassin n’eût guère temps à redire, car à peine acheva-t-elle sa logorrhée qu’elle fit usage de la même brutalité que tantôt pour l’intimée a lui redonner équilibre sur ses échasses. Elle se fondit effectivement contre lui, cherchant à lui retirer sa pudeur en lui volant ses vêtements. Munie d’une fougue sans pareille, elle l’embrassa, le mordilla, le bouscula même… Mais les minutes n’eurent pas temps de s’enchainer avant que le malin larron mette son holà. Si la troisième parte du triumvir ne le connaissait pas, elle aurait aujourd’hui un aperçu de sa personnalité.

Presque à moitié nu, sa grande paluche vint lui asséner l’une de ces baffes au visage qui laissait clairement paraître l’impitoyable caressé de ses doigts. Sans faire ni une ni deux, cette même patte vint s’accrocher conte sa délicate gorge, ses doigts se refermant comme un étau contre sa trachée. De l’autre main, il vint couvrir les yeux de la X’Ianxin, comme si c’est par ces deux billes qu’elle mettait main mise sur l’âme de ses victimes.

« Les adeptes de la tourmenteuse Kiel n’ont que faire de tes illusoires douleurs. Seule l’affliction réelle, qui persiste, qui marque le corps comme l’esprit, peut offrir à son porteur la jouissance qu’il cherche à en tirer. Tu garderas tes tours de passe passe à d’autres. Tu m’as presque eu, Viconia. Dans tous les sens du terme. Si seulement tu parlais moins... Peut être n'en aurais-je jamais eu conscience. » Il la regarda chercher son air, son visage se tordant sous la douleur que lui procurait les sangsues accrochées à sa gorge. « Libères-toi! »

 
La main sur sa gorge lui plait infiniement… Si Viconia n'aime pas trop les couteaux, elle adore se faire maltraiter. La colère de Kahveka l'amuse infiniement. Si, elle a trop parlé, certe, mais ce n'est pas fortuit. Si l'arcaniste avait joué la carte du sexe sans faiblesse, il se serait évidemment méfié d'elle. Comme il se méfie en ce moment, en lui posant une main sur les yeux. Par réflexe, les belles mains fines de Viconia vont rejoindre celles du vieux roublard. Une sur le poignet, l'autre sur les doigts

D'excitation cette fois, Viconia tremble. Il ne sait probablement qu'elle n'a pas besoin de ses yeux pour voir et  faire sa magie? Il serre le vieux mâle, lui coupant la respiration. Et elle sent la frustration en plus. Il doit avoir les couilles pleines et cette situation le pousse à l'imprudence. Sa mélodie s'accélère au rythme de son laïus pour Kiel. Et l'assassin de lui assener un ordre.

Vas-Y! Libère toi.

Ah? ainsi commence la leçon? Libère toi. Au lieu du sourire mutin qui lui vient intérieurement, les belles lèvres noires s'ouvrent t'elle en une expression horrifiée. Kah peut sentir, sous sa poigne, le fin cou s'étirer infimement tandis qu'un pouce s'insinue sous le petit doigt, qu'il sépare du reste de ses appendice en une torsion sauvage, affaiblissant la prise. De son autre main, les ongles s'enfoncent violemment dans la chair du mâle, au niveau du nerf, engourdissant la paluche. La peau huilée fait le reste, laissant la marque de la caresse de Kahveka sur la tendre chair. Un pas de côté l'enchanteresse s'extirpe t'elle. Retire ses ongles sur lesquels le sang perle, écarlate.

Caresse moi encore. Je te l'ordonne

Demande t'elle d'une voix étrange légèrement rauque, ses grandes pupilles agrandies par l'excitation lui donnant un regard noir comme la nuit dans le noir. Porte t'elle la main à sa bouche pour ne pas perdre une particule du fluide précieux. Si il y a une raison pour laquelle elle n'aime pas les couteaux c'est qu'elle n'a jamais su s'arrêter à temps quand elle les utilise. Et elle n'a pas la magie de L'Renor, elle, pour lui sauver la mise. Souffrir sous des mains et des morsures, lors du combat pour la dominance est préférable.  

S’eût été un bobard éhonté que d’affirmer qu’elle ne lui plaisait pas. Indéniablement, son physique avait tout pour le charmer : son regard atypique piquait sa curiosité, ses courbes alléchantes ne laissaient que peu de place à l’imagination et son déhanchement de même que sa manière à se tenir droite et fière, agrémentait le tableau encore plus. Quant à son comportement, il ne pouvait offrir à son crédit que du mérite. Elle s’adaptait à son environnement, cherchait à survivre et possédait de l’ambition à revendre. Quand bien même qu’elle quitta tout récemment le sein de sa mère, du haut de son très jeune âge, Kah connaissait suffisamment d’elle pour comprendre ce pourquoi elle fût nommée comme troisième patte du Triumvir. Prometteuse, il était tout dans son intérêt de faire d’elle une alliée potentielle plutôt qu’une ennemie affichée.

Alors quoi ? Pourquoi se sentait-il le besoin irrépressible de lui écrabouiller la figure ? De l’ouvrir sur le long comme on le ferait d’une cochonnaille et de la faire sécher au soleil ? Sa poigne inquisitrice fut mise en déroute par la débrouillardise de la délicieuse démone, mais au-delà de l’agacement qui le tirailla, quelque chose d’autre avait écorché ses nerfs à vif. Elle l’intima à poursuivre ses « caresses », l’invitant autoritairement à réitérer ses « douceurs » contre elle.

Voilà ce qui l’énerva, ce qui le poussa à bout. Déjà qu’elle s’était inventée le connaître lorsqu’elle reconnut son appétence aux souffrances, la voilà qui de surcroît, poussa le bouchon derechef en cherchant à le dominer. Si dans le feutré, sous le couvert de quelques bougies dansantes il lui arrivait de se soumettre, ce n’était certes pas à la première venue qu’il accepterait d’arborer ce rôle qui ne lui ressemblait en rien. À deux doigts de vouloir lui ficher quatre coup de poignard dans le bide, il se révisa en pinçant les lèvres. Il emprisonna son venin dans la prison de ses lèvres et ravala sa hargne : il n’est qu’une femme en ce monde qui puisse me soumettre entièrement à sa volonté.

Il l’aurait violentée, qu’elle n’en aurait été que plus contente. Il se serait moqué, l’aurait sermonné, qu’elle aurait trouvé moyen de s’en battre les couilles même si elle en était démunie. Alors plutôt, il inspira à pleins poumons et instaura le plus froid malaise de l’histoire des malaise : il tua toute envie de rigoler à son visage et s’éloigna d’un pas à peine. Il avait bonne envie qu’elle comprenne de lui-même l’erreur qu’elle avait commise.

« Quand je t’enseignerai, Viconia, ton titre de Triumvir ne saura supplanter mon autorité sur toi. Alors jamais tu ne saurais être en mesure d’exiger quoi que ce soit de moi. En ces termes, je serai ton maître d’arme et il te faudra faire preuve d’un sérieux à toutes épreuves. Autrement, notre accord sera dès lors révoqué et je n’aurai guère de remords à te faire pendre quand même sous le nez le service que tu me dois. » Isten en était témoin, il l’aurait battue, encore et encore, il l’aurait fait sienne et l’aurait soumise à son désir jusqu’à ce qu’elle n’en devienne que son servile objet … Mais encore là, ses nouvelles prérogatives mettaient en déroute ses fabulations, devant se contenter seulement de ce corps si joliment exposé devant lui. Et bien qu’il fût franchement agacé par le fait d’avoir été ordonné et considéré comme un moins que rien, la raideur qui mettait ses braies à l’épreuve trahissait l’effet qu’elle lui faisait.

« Maintenant, nous reprendrons un autre jour sous d’autres circonstances que celles-ci. Je te laisse en compagnie de mes deux sbires, si tant ils peuvent t’être utiles à quoi que ce soit … »

Le regardant légèrement par en dessous, Viconia regarde l'évolution des émotions sur le visage de Kahveka. Son non verbal est mis sur pause tandis que le regard d'émeraude rougeoyant ne quitte pas l'assassin, parée à toute éventualité.  

Qui regarderait cette scène pourrait y voir un jeu du désir, de la domination. L'enchanteresse y voit une mise à l'épreuve. L'adversaire est venu la jauger, la soupeser, l'évaluer, l'endetter à ses conditions.  

Quand je t’enseignerai, Viconia, ton titre de Triumvir ne saura supplanter mon autorité sur toi. Alors jamais tu ne saurais être en mesure d’exiger quoi que ce soit de moi. En ces termes, je serai ton maître d’arme et il te faudra faire preuve d’un sérieux à toutes épreuves. Autrement, notre accord sera dès lors révoqué et je n’aurai guère de remords à te faire pendre quand même sous le nez le service que tu me dois. 

Il la déteste, c'est évident. Kahveka Ner'Val Do'Vehera a le même regard que tout ces mâles qui veulent lui démolir la gueule et la soumettre. Il inspire et instaure un malaise dont elle se fiche éperduement. Mais l'illusionniste peint sur son visage mobile l'expression attendue du mâle, lui laissant croire à une déconvenue et une perplexité palpable. La raideur de ses braies est explicite. Il aura raté sa chance le bougre. Devra t'il aller se consoler dans les bras de son amante sanglante?

 « Maintenant, nous reprendrons un autre jour sous d’autres circonstances que celles-ci. Je te laisse en compagnie de mes deux sbires, si tant ils peuvent t’être utiles à quoi que ce soit … »

La jeune femelle le laisse s'en aller, avant de reporter son attention sur les deux sbires en pagnes. Appétissant, certe, mais la gymnastique mentale accomplie a été la meilleure des remises en formes. Elle laisse un petit moment passer, avant de sourire légèrement.  

Vous savez masser messieurs?