Paysan en détresse (Grayle-Miriel)

Et le drow s’avançait doucement en se craquant les poings déjà satisfaits du coup de grâce qui s’apprêtait à envoyer à la pauvre âme qui rampait sur le sol. Ses pupilles rougeâtres semblaient se dilater de plus en plus alors qu’il savourait sa victoire. De toute façon qui aurait pu l’arrêter? Aucun esclave ne se devait de frapper un sombrelfe, et pour être honnête tout le monde se foutait bien du traitement que certains esclaves recevaient. Si le malheureux n’était pas tombé sur les trois gaillards – il serait très bien plus tombé sur d’autres sadiques. Puis soudainement, le drow s’arrêta, il entendit un son familier, une sorte de gargouillement, puis le bruit d’un corps qui tombait mollement sur le sol, sans vie. Les deux êtres se retournèrent pour voir une vision hors du commun. Une jeune hybride, aux cheveux et à la peau blanche comme la neige. Des prunelles grisâtres les fixaient d’une façon froide, sans aucune émotion, tel un bloc de glace. L’hybride était habillé d’une armure en cuir assez simple, légère comme tout, qui ne laissait place à aucune imagination. Un pantalon moulant en cuir révélait les formes aguichantes de l’hybride tandis qu’un collier orné de rubis trônait majestueusement sur son cou. Comme un badge d’honneur – ou dans son cas, un signe que le drow à qui elle appartenait l’avait en grande estime. Les deux sombrelfes se retournèrent pour faire face à la jeune hybride qui venait de planter sa dague dans la jugulaire de leurs copains.


«Vel'uss xun dos talinth dos phuul, rothe?»
Pour qui te prends-tu, esclave?


Miriel ne les lâcha pas de son regard glacial, mais commença à essuyer doucement le sang qui ornait sa dague. Puis la remit dans l’étui qui trônait sur sa cuisse, comme si le geste qu’elle venait de faire était le plus naturelle en soi. Puis elle pencha légèrement la tête sur le côté en leur jetant un regard amusé. Était-ce dont tout ce qu’ils avaient dans le ventre? Miriel redressa la tête, un sourire en coin, clairement amusé par la tournure des événements qui se préparaient;



«Usstan zhah naut dossta.  Ori'gato ol alu.  Usstan orn'la phlith ulu elgg dos tuth»
Celui-là ne vous appartient pas. Laissez-le partir. Je détesterais avoir à vous tuer.


La demie-drow était bien consciente qu’elle risquait sa vie pour un autre esclave. Mais bon, ce n’était pas comme si elle attaquait son maître. Ces deux-là n’étaient que des drows de bas étage, rien à comparer à son maître et de toute façon il ne vivrait pas assez longtemps pour aller raconter cette histoire. Les deux sombrelfes s’échangèrent un sourire amusé. Grave erreur.


«Il uriu fol gut usstan! usstan gumash  vith ilta!»
Elle a du culot celle-là! Je me la ferais bien!


Son acolyte n’eut même pas le temps de répondre qu’une lame vint se ficher de nouveau dans la jugulaire de son copain. Quant à l’autre, il se retourna vers la demie-elfe, mais c’était trop tard. Cette dernière fonçait déjà vers lui. Un solide coup de pied atteignit son menton, ce qui le déstabilisa totalement. Il tomba à la renverse, et la jeune hybride dégaina rapidement son épée avant de le menacer à la gorge. L’hybride perdit son sourire amuse, et son expression froide revint rapidement. Elle planta ses yeux grisâtres dans ses rubis, et approcha doucement son visage du sien avant de lui murmurer, d’une façon presque sensuelle.



«Ol's natha suldaim.  Dos kat thrityh lil' ditronw rothe»
C’est dommage. Tu ne t’es pas attaqué à la bonne esclave.


Puis elle se redressa rapidement avant de lui trancher la gorge d’un mouvement gracieux à l’aide de son épée. Tuer des gens était devenu son pain quotidien. Kahveka l’avait entraînée à devenir plus forte, plus rapide, plus fougueuse. La mort ne lui faisait pas peur et son cœur était empli de haine. De la haine qui agrémentait généreusement son désir de vengeance. Ah oui, le cœur de l’hybride était devenu bien noir. Mais pas assez pour qu’elle oublie certaine de ses valeurs. Miriel essuya rapidement son épée sur les vêtements de sa victime, puis reprit sa dague avant de faire le même manège. Puis, elle regarda autour d’elle, s’assurant que personne ne l’avait vu et se dirigea vers l’autre esclave qui était franchement amochée à ce point. Elle s’arrêta à ses côtés, puis lui prit doucement le poignet. « Venez. Nous ne pouvons rester ici. » Dit-elle dans un péninsulaire presque parfait. Son accent Thaari se faisait légèrement entendre, un léger roulement de ses r. Mais rien, qui ne choquait trop. Elle aida l’humain à se relever, puis leurs regards se croisèrent. Miriel resta légèrement surprise de voir que ce dernier avait les mêmes couleurs que lui. Jamais elle n’avait vu un humain avec de tels yeux! Elle pencha doucement la tête, toujours en le fixant, et posa doucement un de ses doigts pour essuyer une des larmes qui coulait sur les joues de l’humain. De la peur? De la douleur? Valait peut-être mieux le rassurer… « Je ne vous ferai aucun mal, mais on doit partir d’ici au plus vite. » Puis, ne lui laissant pas vraiment le choix, elle lui passa son bras autour de son épaule, avant de passer le sien autour de sa taille, et l’entraîna dans les profondeurs des ruelles de l’Elda.


Ils marchèrent lentement, dans un silence franchement malaisant. Miriel quant à elle n’y portait pas attention. Le moindre de ses sens était à l’affut, tentant de distinguer le moindre son, le moindre bruit de pas qui aurait pu les trahir. Car les habitants des profondeurs de l’Elda n’étaient guère enthousiastes aux esclaves armés et encore moins aux esclaves qui tuaient les leurs sans raison. Si elle avait l’impression que Kahveka pourrait s’amuser de ses actes et la sortir du pétrin, elle n’osait même pas imaginer le traitement qu’il lui réserverait une fois qu’il l’apprendrait. Miriel eut un léger frisson en regardant aux alentours,  mieux valait rester inaperçue. Au bout de quelques minutes de marches, Miriel se sentit assez en confiance pour s’arrêter. Elle aida Grayle à s’asseoir contre un mur pour l’aider, puis sortit rapidement un mouchoir de sa poche en épongeant doucement le sang qui coulait sur le front. Le contraste devait être perturbant pour l’esclave… Voilà quelques minutes à peine, elle tuait trois sombrelfes sauvagement et voilà qu’elle prenait soin d’un pauvre esclave… Mais qu’importe, Miriel n’aurait pas pu le laisser mourir; «  Que faisais-tu dans ses ruelles seul?  C’est du suicide pour nous de se retrouver dans ses rues sombres. Ils étaient sur le point de te tuer, n’as-tu aucune envie de vivre? » Elle regarda l’humain avec un regard empli de tristesse, ils devaient vraiment s’entraider s’ils voulaient sortir d’ici en vie…  Les drows étaient beaucoup trop imprévisibles et cela n’annonçait rien de bon pour leurs esclaves.

L’hybride ne manqua pas les nombreuses ecchymoses qui ornaient les quelques membres découverts de l’humain. Il n’était pas bien traité, et cela était évident. Ce n’était pas seulement les trois rustres qui l’avaient amoché autant. La douleur ne disparait jamais, il fallait simplement apprendre à vivre avec… C’était une horrible façon de penser, mais le jeune homme s’y habituerait… Voyant que le sang coulait toujours de son sourcil, Miriel ne pensa pas deux fois et déposa doucement son mouchoir sur la blessure pour tenter d’arrêter le saignement. Puis son regard grisâtre croisa le sien alors qu’il se présentait avant de la remercier. Miriel lui fit un léger sourire triste, avant de caresser doucement la joue de son pouce, alors que le reste de ses doigts tenaient toujours le mouchoir sur l’humain. Elle ne manqua pas son regard curieux alors qu’il la détaillait des pieds à la tête. Puis, sans attendre, elle lui prit sa main de libre avant de la remontée pour que ce dernier continue à faire pression sur sa blessure ouverte. L’hybride se releva rapidement avant de regarder autour d’elle, comme si elle cherchait quelques choses en particulier. Puis, voyant une crevasse dans un des murs de pierre, elle s’y approcha avant d’y glisser son bras pour en mesurer la grandeur. Puis sans attendre, elle enleva rapidement sa ceinture avec le fourreau de son épée pour la cacher dans ladite crevasse. Elle prit quand même la peine de prendre sa précieuse dague, celle même qu’elle avait acquise quelques années plus tôt à Thaar, puis la glissa doucement dans sa botte, cachée. L’hybride était nerveuse, elle savait pertinemment que si quelqu’un la trouvait armée, jamais elle ne survivrait. Bien qu’elle se débrouille assez bien en matière de combat, Miriel se douterait bien qu’on ne douterait pas très cher de sa peau.


« Vous n'êtes pas drow. Mais vous ne ressemblez pas à une esclave. Vous êtes quoi ? Vous n'auriez pas dû les tuer... »


Miriel se releva doucement, avant de se retourner pour faire face à l’humain. Puis, elle fronça légèrement les sourcils en l’observant. « J’aurais peut-être dû te laisser mourir? » Demanda-t-elle en haussant un sourcil.  Décidément la pauvre âme ne connaissait pas le Puy. C’était un monde cruel dans les tunnels. Soit on se défendait, soit on y passait et Miriel se battait chaque jour pour survivre, pour vivre et pour retrouver sa liberté, car il n’y  avait pas de torture plus cruelle que celle de perdre à nouveau sa liberté alors que l’on venait d’y gouter. Peut-être que Grayle avait abandonné, peut-être que ce dernier ne voyait pas la lumière au bout du tunnel, mais elle n’aurait pas pu le laisser mourir dans une ruelle sombre… Pour elle, si on ne dirige pas sa vie, c’est la vie, elle-même qui vous dirigera… Et les dieux savent que la vie au Puy ne vous dirigera pas dans une partie de plaisir. Dans les profondeurs, c’était le chaos et le mal qui régnaient, bien loin de ce qu’elle avait connu en Ithri’Vaan et probablement bien loin de tout ce que le jeune homme devait avoir connu. Miriel s’avança doucement vers Grayle, non sans le lâcher des yeux. Puis montrant le collier qu’elle avait au cou elle lui répondit; « La même chose que toi… Je suis une esclave, une moins que rien, de la marchandise que l’on peut modeler à sa guise. »  Elle s’arrêta devant lui avant de s’agenouiller devant lui, en enlevant doucement son gant, pour montrer la marque de son précédent maître. Preuve  qu’elle aussi avait passé à la marque au fer, que le collier qui l’étranglait chaque jour, qui l’empêchait de respirer n’était pas le seul châtiment qu’elle avait.


Miriel remonta doucement son gant, avant de plonger son regard grisâtre dans le sien pour continuer; « Si je ne les tuais pas, cela serait toi qui aurais perdu la vie et si je les blessais, c’était moi qui la perdais. Les esclaves ne doivent pas porter d’armes et je te le dis Grayle, te faire coincer avec une dans les mains sera probablement la pire erreur que tu pourrais commettre dans les profondeurs du Vatna. » Miriel remit sa main sur le mouchoir, puis plongea son regard dans le sien, « Alors je te le demande, quelle option aurait été meilleure? Ma vie? La tienne? Ou celle de ses chiens? » La douleur est temporaire tandis que l’abandon est définitif et l’hybride n’avait aucunement envie d’abandonner. Elle avait une quête, un but, celui de retrouver sa liberté. « Et pour répondre à ta question, je suis une hybride. Pas assez pure pour les drows et une abomination pour les humains. Peu importe où je suis, je ne serais jamais accepté. » L’hybride n’avait pas donné son nom… à quoi cela servirait-il à Grayle? Qui plus est, mieux valait qui ne sache rien pour le moment…

«Vous ressemblez juste à une très belle elfe. Pas à une abomination.»


Miriel arrêta net, en tournant la tête vers l’humain. Que venait-il de dire? Elle pencha doucement la tête sur le côté en l’observant de haut en bas. Définitivement, le dénommé Grayle était bien spécial. Que cela soit à Thaar, ou un peu partout en Ithri’Vaan, tous les humains qu’elle avait croisés l’avaient regardé avec dégout et voilà que ce petit bout d’homme qui avait peine à se tenir debout venait lui dire le contraire? Puis, il reprit la parole, lui disant des paroles qui la laissèrent bouche bée, car, si l’hybride était resté de marbre devant toutes les paroles que l’humain avait dites, le fait qu’il ne se soucie pas et crache ainsi sur la liberté qui pourrait lui être offerte était tout simplement inacceptable. Miriel ferma durement les poings, pendant que son regard se durcit. Elle voyait rouge, comment pouvait-on cracher ainsi sur la liberté. Ce trésor qu’elle désirait plus que tout au monde? Rien n'est aussi désespérant que de ne pas trouver une nouvelle raison d'espérer. Miriel ne put se retenir plus longtemps, profitant de sa rapidité, elle avança rapidement et plaqua Grayle au mur. L’hybride releva ses yeux pour tenter de le dominer. «Comment oses-tu dire cela?»  Son regard sembla s’assombrir pendant une seconde avant qu’elle ne continue. « Ne te rends-tu pas compte de ce que tu manques chaque jour qui passe? Sais-tu ce que c’est d’être née esclave? De gouter à la liberté pendant quelques années avant de te faire trainer dans ce trou une nouvelle fois? » Miriel approcha son visage du sien, s’arrêtant qu’a quelques millimètres de ses lèvres et continua;  « Juste vivre n’est pas assez. Je veux pouvoir choisir ce que je veux faire sans craindre cette menace qui semble toujours être derrière moi. »


Elle ne mentait pas, après avoir gouté à la liberté pendant quelques années, on l’avait de nouveau forcé à revenir enchaîné comme un vulgaire animal de compagnie. « Si tu veux mourir dans ce trou, libre à toi. Mais là où la volonté est grande, les difficultés diminuent. Comme tu as toi-même dit, tu te referas bastonné une nouvelle fois demain, à moins que tu décides de prendre ta vie en main. Tu veux être le pantin d’un drow quelconque, libre à toi. » Le regard de l’hybride sembla s’adoucir et se remplir de tristesse soudainement. Comme si les maigres souvenirs de sa courte liberté revenaient la hanter.  Il y a tant de choses qu’elle aurait voulu faire, qu’elle aurait voulu découvrir. Miriel aurait tout donné pour voyager, pour découvrir ce qui se passait à l’extérieur des profondeurs du Vatna. Mais hélas, cette liberté avait été trop courte, et elle en voulait plus. L’hybride baissa les yeux pendant quelques secondes puis  releva ses prunelles grisâtres dans celle de l’humain tout en appuyant un peu plus sur son torse, question de mettre un peu plus de pression sur son torse. « Mais si tu veux te battre pour sortir d’ici, je peux t’aider.» C’était un peu la dernière chance de Grayle, si ce dernier ne se rendait pas compte de ce qu’il manquait maintenant, Miriel se disait qu’il ne se battrait probablement jamais pour retrouver sa liberté…

«Reposez-moi. Pourquoi vous faites tout ça ?»

Miriel relâcha doucement Grayle, et fit quelques pas de reculons alors que son visage devint légèrement triste avant de redevenir rapidement de marbre. Si elle laissait apercevoir que quelques secondes ses émotions, Grayle quant à lui semblait avoir des problèmes à les contrôler. Elle n’avait pas voulu lui faire du mal. Au contraire, elle avait voulu le réveiller, lui faire comprendre que la vie méritait d’être vécue. Que la vie méritait les batailles qui se dressaient devant nous et qu’être un esclave au Puy était tout sauf vivre. Pourquoi s’était-elle attardée autant sur cet humain? Elle l’ignorait… probablement de la pitié, ou peut-être s’était elle reconnue dans les yeux grisâtres de l’esclave. Il lui rappelait la centaine d’années qu’elle avait enduré avec son soi-disant géniteur… Ces cent ans a mourir à petit feu, résigné qu’il n’y avait rien au-delà des murs. Miriel ne pouvait l’abandonner, elle avait le sentiment qu’elle devait l’aider, qu’elle ne pouvait le laisser là. Puis cette colère vive sembla prendre le dessus sur l’humain. Il explosa, littéralement.  


«Vous trahissez, vous tuez, vous haïssez, vous me frappez, et tous, tous, TOUS, vous me faites vos putains de leçons de vie alors que vous n'êtes rien d'autre que des mauvais exemples et que VOUS me foutez MOI ou les autres dans la merde pour vos petites raisons égoïstes !»


Miriel fronça les yeux, avant de pencher la tête légèrement vers le bas, défiant ainsi du regard le pauvre humain qui venait de la provoquer. Cette fois, il était allez trop loin… « Je ne me suis jamais targué d’être un bon exemple, Grayle. » Et puis alors qu’il s’écriait qu’il pouvait combattre, l’hybride ne put s’empêcher de sourire. « Mais allez montre-moi…»  L’esclave ne voulait aucunement blesser l’humain, mais ce dernier semblait si enclin à lui montrer de quoi il était capable… La mercenaire savait pertinemment que la rage aveuglait, qu’elle faisait en sorte que vous pouviez rater de nombreuses opportunités d’attaque.  Grayle ne perdit pas une seconde et chargea,  Miriel n’eut aucun mal à éviter son attaque. Mais l’humain ne se laissa pas faire et attaqua, une nouvelle fois. Cette fois-ci, l’hybride n’eut aucun mal à le mettre au sol, une prise toute aisée, rapide, qui fit tomber rapidement Grayle sur le sol froid. « C’est tout? » dit-elle en penchant la tête sur le côté, lui donnant un air légèrement interrogateur. Mais l’esclave semblait plus que déterminé, il se remit à courir, tandis que Miriel ne bougea pas et il la plaqua brusquement. L’hybride tomba  durement sur le sol, et Grayle en profita pour lui immobiliser les jambes. C’était un bel essai, Grayle avait de la force, certes la technique manquait… mais bon en soi, c’était un bon début. Miriel le regarda sans rien dire, le coup qu’elle avait reçu était extrêmement douloureux, mais ce n’était rien a comparé a ce que son maitre lui faisait subir a chaque jour. Après tout entre la torture et quelques ecchymoses en plus, il y a une sacrée différence…


Miriel s’approcha alors le visage tout près de Grayle avant de lui sourire. « Belle prise, mais laisse-moi te prouver qu’il y a plusieurs façons de jouer… » Puis s’approchant son visage un peu plus près de ce dernier, elle y posa les lèvres pour lui donner un baiser. Un baiser doux, simple,  rien d’extravagant et pourtant, elle sentit Grayle se détendre pendant une seconde, comme si le temps venait de s’arrêter. Puis l’humain sembla reprendre sa contenance et se recula rapidement avant de lever sa main, prêt à la gifler. Profitant de l’espace qu’il lui avait donné sans le vouloir. Miriel attrapa son poignet avant de le tordre dans un axe qui aurait fait pleurer le plus solide des hommes, puis elle l’entraina rapidement au sol, pour finalement se placer au-dessus de lui, dégageant par la même occasion la lame qui était cachée dans sa botte.  «La seule façon de vivre dans ce bas monde c’est en dehors des règles.» Elle lui fit un sourire amusé avant de continuer; « Tu crois sincèrement que les gens ici jouent d’une façon loyale? Si j’avais voulu te tuer, tu aurais été mort la première fois que tu as osée me charger.» Miriel rangea approcha un peu plus le dos sa sa lame sur la gorge de l’humain avant de s’approcher de son oreille; «Tu peux essayer de te venger si tu le souhaites… Après tout, la meilleure vengeance est de reprendre le dessus, de réussir et surtout de ne jamais laisser à personne le plaisir de vous voir souffrir. » Miriel ne relâcha pas la garde de son poignard tout de suite, mais elle se recula légèrement pour observer la moindre réaction de l’humain.  Puis soudainement, l’hybride se redressa avant de se relever d’un bond. Elle remit rapidement sa lame dans sa botte, et tendit sa main à Grayle pour l’aider à se relever. « Tu fais ce dont tu as envie,  Grayle. Si tu veux vivre le reste de ta vie ainsi, je ne suis personne pour t’y empêcher. Mais je te garantis que la vie en dehors de l’Elda gagne à être vécue.»

Il était déstabilisé … Elle le voyait dans sa façon de bouger. Dans sa façon de parler et il l’avait confirmé en s’essuyant rapidement la bouche et en faisant un pas. Miriel observait le moindre de ses mouvements, le visage neutre. À quoi bon lui donner une quelconque expression? Lorsqu’il affirma que la vengeance n’apporterait rien et qu’il semblait bien, se contenter du fait qu’il était esclave, Miriel en fut presque déçue. Comment pouvait-on accepter de vivre ainsi? L’esclave qui aime ou qui est satisfait de sa vie est-il réellement un esclave? Pour Miriel être un esclave était une corvée, un cauchemar. Un cauchemar dans lequel elle se battait à chaque jour pour survivre, pour vivre une journée de plus dans cet avenir incertain. L’hybride ne voulait pas survivre, elle voulait vivre, être libre de ses choix. Voir quelqu’un qui était aussi détaché de son sort la décourageait, mais elle ne pouvait le forcer à voir de la même façon. Si Grayle voulait mourir enchainé c’était son choix pas le sien. Miriel soupira avant de baisser son regard d’acier, silencieuse et déçue. Puis releva son visage qui redevint soudainement neutre; « C’est ton choix. Si tu souhaites vivre ta vie ainsi, je ne peux rien faire pour t’en empêcher. » Elle fit un pas de reculons, s’apprêtant à partir, elle n’avait plus rien à faire ici. Mais une question l’arrêta.


« Vous auriez peut-être pu me tuer, mais vous ne l'avez pas fait. Vous avez quoi à proposer d'autre que des mots et des leçons de vies ? »


L’hybride s’arrêta net en haussant un sourcil, intrigué. Il tentait d’être impertinent avec elle? Croyait-il vraiment que ceci lui donnerait quelconque avantage? « Je ne vois pas en quoi cela serait nécessaire. Tu n’es pas une menace. Si tu décides de parler de ce que j’ai fait à ton maître, par contre, cela serait une tout autre discussion. »  Puis il lui présenta son bras en lui demandant de refaire la torsion.  Miriel resta pensive pendant quelques secondes, se demandant si le jeu en valait la chandelle. Devrait-elle aider cet humain qui tentait de la provoquer? Et puis bon, qu’avait-il à perdre à lui apprendre une prise aussi simple? Elle s’approcha doucement  de Grayle, fixant le poignet de l’humain pendant quelques secondes, puis releva son regard grisâtre vers l’humain en l’interrogea du regard. Puis, voyant que ce dernier ne semblait pas changer d’idée, elle attrapa doucement le poignet de Grayle, avant de répéter doucement le mouvement qu’elle avait fait un peu plus tôt. C’était une torsion toute simple certes, mais qui devenait affreusement douloureuse à la longue – et qui pouvait casser quelques os si l’on ne faisait pas attention à la force que l’on utilisait. Elle prit son temps, bougeant doucement le poignet de Grayle en le tordant un peu plus à chaque seconde sans le quitter des yeux. À la moindre grimace de ce dernier, elle lâcherait rapidement sa prise. Au bout de quelques secondes, elle força Grayle à lui tourner le dos dans cette inconfortable position. Une technique toute simple, mais qui pourrait vous aider à contrôler votre adversaire. Lorsqu’elle eut fini sa –disons- démonstration, elle lâcha doucement le poignet de l’humain, et resta silencieuse pendant quelques secondes, avant de reprendre la parole. « Autre chose que tu veux savoir? Où tu veux tester un peu plus ta chance en étant impertinent? » Dit-elle en pendant légèrement la tête sur le côté. Miriel n’avait aucune envie de lui faire du mal ou de l’attaquer. Après tout, c’était lui qui avait commencé à l’attaquer, pourrait-elle lui faire confiance?

«Je veux bien tenter ma chance, oui. S'il vous plaît madame ! Apprenez-moi à me défendre. Je serais l'élève le plus attentif, concentré et fidèle que vous n'aurez jamais ! Et pour vous remercier, je ferais absolument tout ce que vous voulez.  J'ai été désobligeant et j'm'excuse. J’ai eu tort de vous dire ce que j'ai dit. Pardonnez-moi.»


«Je …euh…» Les paroles lui manquaient. Il l’avait pris complètement au dépourvu. Que répondre a ce petit bout d’homme qui se prosternait a ses pieds? Certes, il avait été arrogant, mais la jeune hybride ne pouvait pas le laisser ainsi. Elle reprit rapidement contenance avant de se mettre a genou devant lui. Puis, d’un geste doux, elle faufila ses longs doigts blancs sous le menton de ce dernier, pour le forcer à planter son regard dans le sien. Elle resta silencieuse quelque instant, le détaillant de ses prunelles grisâtres en tentant de comprendre ce qui pouvait bien se passer dans la tête de ce petit bout d’homme. Pourquoi avait-il si soudainement changer d’idée? Était-il aussi torturé qu’elle? Probablement… en étant esclave au Puy, on perdait certainement la raison. Elle lui fit un léger sourire en coin avant de baisser légèrement le menton, en lui lançant un regard déterminé. «Très bien. Mais ne t’avise plus jamais de m’appeler madame. Mon nom est Miriel.» Elle le relâcha doucement avant de se relever pour lui tendre la main, le forçant ainsi à se lever devant elle. «Je dois retourner voir mon maître. Retrouve-moi ici dans deux jours. Nous commencerons ton entraînement. Essaie de ne pas trop te faire tabasser d’ici là et surtout, essaie de soigner tes blessures.» L’hybride relâche doucement la main de Grayle, avant de lui tourner le dos pour retourner chez Kahveka. Puis, semblant avoir oublié quelques choses, elle se retourna un moment pour lui lancer un regard amusé. « Surtout, ne t’avise pas de me traiter comme si j’étais ton maître. Je ne fais que t’aider parce que je t’aime bien. Tu ne me dois rien en échange. Compris?» Après avoir observé la réaction de Grayle, cette dernière lui fit un sourire avant de le saluer une dernière fois. Définitivement cette rencontre s’annonçait bien prometteuse…

***

La jeune femme évita de justesse le coup de poing de Grayle. Décidément ce dernier s’était amélioré avec le temps. À croire que les nombreuses ennéades de travail avaient porté fruit. Certes tenter d’avoir quelques moments de liberté pour s’entraîner ensemble semblait être une chance inespérée. Il n’était pas rare que l’un ou l’autre ne se présente pas au rendez-vous, sachant que leurs maîtres respectifs avaient eu besoin d’eux à un moment ou à un autre. Qui plus, Miriel n’osait pas l’admettre, mais elle aimait bien cet humain si arrogant. Certes, leur première rencontre avait été quelque peu intense, mais la paire d’esclaves semblait vite avoir trouvé un terrain d’entente. Miriel se sentait un peu plus légère avec Grayle, elle avait l’impression qu’il l’aidait, a sa manière, a passé au travers de l’épreuve qu’était l’esclavage.  L’hybride para une nouvelle fois un coup de l’humain, puis se saisit de son poignet pour réutiliser la même technique qu’elle lui avait montrée à leur première rencontre, puis le plaqua durement, visage contre le mur froid de pierre de la maison abandonnée ou les deux esclaves s’entrainaient. Elle approcha ses lèvres de l’oreille de Grayle avant de lui chuchoter doucement à l’oreille. «Je t’ai déjà appris à te sortir de cette prise. Pourquoi m’as-tu laissé faire?» Elle fit un sourire avant de lâcher doucement sa prise pour laisser l’esclave reprendre son souffle. Miriel fit quelques pas de reculons, sans perdre son faible sourire. Elle prit quelques secondes pour reprendre son souffle avant de féliciter son nouvel apprenti… Si l’on pouvait encore l’appeler ainsi…« Bravo! Je n’aurais bientôt plus rien à t’apprendre…»

« Vous m'avez appris cette prise. Pourquoi m'avoir laissé faire ?»


L’hybride sourit en regardant Grayle, puis attrapa  fermement sa main, comme pour lui laisser l’impression qu’elle acceptait son aide. Mais non au lieu de cela, la jeune femme  bondit sur ses pieds avant de faire un rapide croche-pied à son adversaire. Ce dernier, probablement surprit et pas encore préparer à ce genre de technique –si l’on peut appeler cela une technique – disons que c’était un acte peu loyal dans un combat. Bref! Grayle n’eut pas le temps de réagir qu’il se retrouva sur le dos et Miriel en profita pour attraper son autre main pour les planter de chaque côté de sa tête. L’hybride sourire aux lèvres, s’assit doucement sur le ventre de son –disons apprenti – avant de planter son regard grisâtre dans le sien. «Parce que tu ne dois pas devenir trop confiant. Ton adversaire tentera toujours d’avoir le dessus sur toi… D’une façon loyale ou non.»


Miriel arrêta rapidement de sourire lorsqu’elle vit la distance qui la séparait de Grayle. Ses prunelles grisâtres dans les siennes, on aurait dit que le temps venait de s’arrêter. C’était étrange comment elle se sentait en sa présence. Cela faisait déjà plusieurs ennéades qu’il se fréquentait, et elle devait bien l’admettre qu’elle aimait bien cet humain arrogant. Elle avait le sentiment d’être quelqu’un à ses côtés. L’hybride passa doucement sa main sur la joue de Grayle avant de la caresser doucement de son pouce. Puis, réalisant ce qu’elle venait de faire, elle se recula rapidement avant de faire un bond vers l’arrière pour se remettre sur ses pieds. «Pardon, je euh..» Elle frissonna une nouvelle fois, cette scène était surréaliste, mais elle ressemblait amèrement à sa seule et unique rencontre avec  l’elfe de Daranovar. Ce dernier l’avait probablement déjà oublié… Après tout, toutes ses années de captivités n’aidaient en aucun cas les relations interpersonnelles. Miriel tenta tant bien que mal de contrôler son souffle en regardant Grayle qui se redressait à son tour. Non… Tu ne peux pas… Pensa-t-elle Tu ne peux pas faire cela. Tu ne peux surtout pas ressentir ça encore une fois… Elle savait qu’elle serait déçue une nouvelle fois, savait qu’elle n’était pas faite pour être en couple, encore plus avec un humain. Quel âge ce dernier avait? 16-18 ans? Miriel du haut de ses cent vingt ans ne voyait aucune issue. De toute façon leur temps était compté, surtout en étant esclave du Puy.


L’hybride secoua la tête, comme pour reprendre ses esprits, se retourna, puis attrapa une gourde d’eau pour en avaler quelques gorgées. Que venait-il de se produire? Pourquoi devait-elle toujours ruiner quelconques moments avec des sentiments? Elle vivait au Puy. Il n’y avait pas de place pour les sentiments dans les profondeurs de l’Elda. Elle scella rapidement sa gourde, avant de détacher doucement les sangles qui retenaient son armure de cuir. Elle avait l’impression d’étouffer à ce moment précis… Elle passa l’armure par-dessus sa tête, dévoilant un corsage des plus léger. Il fallait dire que son maître se faisait un plaisir à lui donner les habits les plus révélateurs possible, pour ensuite les mettre en haillons… Miriel déposa doucement son armure au sol, avant de prendre deux pans de ce qui lui restait de sa chemise pour les attacher sur son ventre plat. Quelques cicatrices étaient visibles dans son dos, et de nombreuses ecchymoses étaient présentes, signent que la jeune femme subissait un entrainement encore plus difficile que Grayle dans l’enceinte de la résidence de son maître. Elle attacha ses cheveux en une queue de cheval lâche avant de se retourner vers Grayle, un air inquiet au visage. «Prêt pour la suite?» Demanda-t-elle en détaillant doucement l’humain en face d’elle. La question était ambiguë certes, mais elle déterminerait définitivement la suite de leur rencontre.

C’était l’une des danses les plus étranges que l’on ait jamais vues. Un mélange de lutte hors de contrôle et de désir grandissant. L’hybride avait encaissé le coup de l’humain sans bouger. Leur corps s’entre lassait dans une danse sans fin. Puis, comme un rayon de soleil au travers des nuages, la chaude lutte s’arrêta soudainement.  Ils cessèrent pendant une seconde, Miriel pouvait sentir la pierre froide contre son dos. Elle avait le souffle court, le corps enflammé. Ses prunelles grisâtres observaient celle de Grayle, et ils restèrent silencieux pendant de longues secondes. Comme si le temps venait de s’arrêter encore une fois. Des millions de pensées lui traversaient l’esprit et sans s’en rendre compte, ses doigts glissèrent doucement sur le torse de l’humain, caressant du bout des doigts la peau blanche de Grayle. Puis sa main se dirigea vers sa joue, pour déplacer une des mèches dorées qui lui collait au visage.  Son visage était si enfantin, semblait si innocent, et pourtant le voila au-dessus d’elle, tentant tant bien que mal de la contrôler. Son regard descendit doucement sur les lèvres de l’esclave avant de le remonter pour rencontrer le sien. «Tant pis.»  Miriel déplaça doucement sa main sur la nuque de Grayle avant de l’attirer vers elle avant d’effacer le vide qui les séparait et elle l’embrassa passionnément. Un baiser doux, mais passionné, qui ne fit que les rapprocher encore plus.  Ses mains libèrent finalement son élève, laissant le choix à ce dernier de se reculer s’il le désirait. Mais la protubérance qui grossissait sous son pagne ne laissait rien au hasard. Il la désirait probablement tout autant qu’elle.


La jeune femme avait si envie de lui! Elle pouvait sentir son corps frémir, oui, frémir. Frémir de désir que les caresses que cet homme pourrait lui prodiguer. Elle invita sa langue entre ses lèvres, l’invita à danser de mille caresses. Sans le vouloir, elle l’attira vers elle, et leurs étreintes devinrent plus passionnées, plus fougueuses. L’hybride ne put s’empêcher de frémir encore une fois, elle avait l’impression que son bas ventre se déchirait de désir. Peut-être était-ce cela l’amour? Le fait que l’on soit aussi confortable avec une personne, qu’on l’a fréquenté a un point que notre vie nous semble vide et noir sans cette personne. Miriel ne pouvait imaginer ses ennéades sans Grayle. Il avait été la lumière au bout du tunnel. Il l’avait gardé en vie, lui avait donné une raison de vivre. L’hybride remit ses mains sur le torse nu de Grayle avant de le repousser légèrement, le forçant à se reculer, a lui laisser reprendre son souffle. Son cœur battait la chamade pendant que ses prunelles grisâtres cherchaient le regard de son – disons – élève. « C’est du suicide» Dit-elle presque haletante.  «Tu es sur? Certain de vouloir continuer dans cette voie? » Elle s’arrêta quelques secondes, bien consciente de l’ambiguïté de sa question; « Car cette route n’est que chaos. Je ne mentais pas Grayle, je ne pourrais te donner ce que tu mérites.» Elle espérait au fond d’elle qu’il lui dise qu’il déplacerait des montagnes pour elle, qu’il éliminerait le moindre obstacle qui se dressait devant eux, que pour une fois dans cette vie horrible qu’elle avait, que quelqu’un promettrait de prendre un tant soit peu soin d’elle. Miriel sentait cette peur revenir… et s’il l’abandonnait lui aussi?

C’est à ce moment précis qu’elle abandonna toute résistance. Ses peurs s’étaient envolées aussi vite qu’elle était arrivée. Elle n’en avait que cure si elle tombait amoureuse. Là, maintenant, elle désirait tout simplement le jeune homme qui l’étreignait. Elle libéra doucement ses mains avant de lui caresser doucement le dos, les yeux mi-clos. Miriel avait l’impression que chaque baiser laissait une douce brûlure sur peau, une sensation des plus délicieuses si l’on comparait aux coups quotidiens dont elle était habituée maintenant. L’hybride répondit à chaque baiser, chaque caresse, appréciant définitivement la robustesse de son amant du moment. Il y avait quelques choses de spécial dans cette union. Une union imprévue, hors du commun. Deux êtres qui vivaient les mêmes douleurs, les mêmes épreuves et qui mettaient tout de côté pendant un court moment pour se donner une affection mutuelle.  Leur regard se croisèrent une nouvelle fois, Miriel l’air inquiet, le suivi du regard alors que ce dernier délassait doucement les cordelettes de cuir qui retenait son pantalon, pendant que Grayle était occupé à embrasser la moindre partie découverte de son estomac. Elle eut l’impression d’oublier tous les mauvais souvenirs pendant un court moment. Oublia le chagrin et la douleur. Elle oublia ceux qu’elle avait perdus, ceux qui l’avaient abandonnée et qui étaient partis depuis un long moment. L’hybride ferma doucement les yeux sous l’excitation. Elle ne voulait pas partir, ne voulait pas que ce moment finisse.


L’hybride ne put s’empêcher de réprimander un sourire alors que l’humain descendait doucement ses mains pour caresser une nouvelle fois ses cuisses. Les yeux mi-clos, elle se sentait ivre, une ivresse rassurante, particulière. Grayle lui enleva doucement son pantalon, avant d’enfouir son visage entre ses jambes.  Miriel le laissa la découvrir, alors que son souffle devint court. Les caresses de son amant étaient si délicieuses, et surtout si délicate, qu’elle se demandait si on la touchait réellement. Pourtant, là, étendue sur la pierre froide de cette maison abandonnée elle se donnait de plein gré à un homme. Elle laissa sa langue goûter à son sexe brûlant de désir. Cela ne prit que quelques minutes avant que la demie-drow ne sente son corps transpercer de milliers de frissons. Elle se cambra même sous l’excitation, laissant un léger gémissant s’échapper de ses lèvres pâles. Puis, elle attrapa le poignet de Grayle pour l’attirer à elle. «Laisse-moi faire » murmura-t-elle à son oreille. Elle l’embrassa de nouveau, avant de le faire pivoter pour échanger les positions. L’esclave s’assit sur le bas ventre de Grayle, avant de passer doucement ses mains sûres le torse nu de son amant, savourant le contact de la peau de ce dernier, glissant ses doigts sur les courbures du corps torturés du jeune homme. Puis elle sentit son propre corps frémir. Oui, frémis au contact chaud et invitant de la poitrine de son amant. D’un geste assuré, Miriel retira rapidement le pagne de Grayle, libérant finalement son membre qui était resté prisonnier beaucoup trop longtemps, avant de relever un regard interrogateur vers ce dernier, cherchant son approbation pour continuer.


Leurs regards se croisèrent et la réponse lui sembla catégorique. Elle lui fit un sourire amusé avant de de se glisser doucement vers le bas. Elle ouvrit doucement la bouche avant d’avaler ce membre dressé. Grayle prit la peine d’envahir sans merci, ce qu’elle accepta avec gratitude. Elle glissa péniblement sa langue autour de lui, l’aspira du mieux qu’elle le pouvait. Elle avait tellement soif de lui et avait l’impression de souffrir, souffrir d’un plaisir effrayant. Elle avala difficilement sa salive, alors que toujours envouté, elle sentait le regard observateur de son amant. Sa main s’empara doucement de la verge et commença à exercer une douce pression non sans continuer à lécher langoureusement le membre qui était offert à elle. Dans une suite effrénée de glissement et de succions, elle parvint sans mal à amener l’homme où elle voulait. Elle sentit son membre frémir et s’arrête au dernier moment, non sans donner un dernier coup de langue aguicheur sur la protubérance bien dressé dans les airs. Elle releva le regard vers lui, alors qu’un sourire séducteur vint envahir ses lèvres. Elle mit ses deux mains sur son ventre, et commença à embrasser doucement ce dernier, remontant doucement jusqu’à ce qu’elle rencontre  les lèvres de l’homme. L’hybride prit doucement les mains de l’homme puis les guida doucement, l’une sur ses hanches et l’autre sur sa taille. Puis se mit à mordiller doucement son cou, elle s’approcha doucement de son oreille avant de lui murmurer; « Toujours envie d’emprunter ce chemin? » Son ton était amusé, aguicheur. Elle jouait clairement avec ce dernier, faisait durer le plaisir.

«Même si tu essaies de m'en empêcher, je suis décidé...»


Non. Non, elle ne voulait pas l’empêcher. Elle le désirait. Elle le désirait plus que tout à ce moment précis. Il la fit basculer avant de la dominer. Miriel sentit son bas ventre s’embraser alors que Grayle remonta vers elle. Sa quête de désir était sans précédent. Elle voulait cet homme plus que n’importe quel amant elle eut jusqu’à maintenant. Elle tenta de reprendre le contrôle, mais Grayle prit fermement ses poignets pour les maintenir contre la pierre froide du sol pendant que ses lèvres merveilleuses parcouraient la moindre parcelle de son corps, la faisant frissonner à chaque contact que laissaient ses chauds baisers sur sa peau. Miriel se cambra légèrement, avant de laisse échapper un léger râle, puis, elle leva son regard grisâtre vers Grayle. Un regard amusé, mais aussi suppliant, presque haletant. Elle voulait qu’il la possède, le sentir à l’intérieur d’elle. Sa peau brulait au passage des caresses de l’humain pendant que son bas ventre brulait de désir.

«Prête à ce que je l'empreinte ?»

Ces mots… Ces mots la firent frissonner. Il voulait définitivement d’elle! La jeune hybride n’aurait jamais croire cela possible. Peut-être aurait-elle dû le faire taire… Mais ces mots valaient des milliers de caresses, et n’aidait en rien son cœur à reprendre un rythme à peu près normal. Miriel posa doucement sa main sur sa joue pour attirer son regard dans le sien, et lui fit un sourire discret. Sa main brûlait sa peau d’une façon exquise et à ce moment précis, toute logique, toute rationalité qui habitait son esprit avait déserté son esprit. « Vas-y », lui répondit-elle dans un souffle alors que ses pupilles grisâtres se plantaient dans les siennes. Le souffle court, elle l’observa s’approcher d’elle avant de lui donner un fougueux baiser. Au contact de ses lèvres, elle s'épanouit, sentit tout le poids sur ses épaules s’envoler, comme si le poids de l’esclavage n’était plus, comme s’ils étaient les seuls êtres dans les entrailles du Vatna.


Et c’est à ce moment que deux devinrent un.


Elle pouvait sentir son corps frémir, oui, frémir. Frémir de désir que les caresses que cet homme pourrait lui prodiguer. Elle invita sa langue entre ses lèvres, l’invita à danser de mille caresses. Sans le vouloir, elle l’attira un peu plus vers elle, pendant que leurs étreintes devinrent plus passionnées, plus fougueuses. L’hybride ne put s’empêcher de frémir, elle avait l’impression que son bas ventre se déchirait de désir. Miriel lâcha finalement les lèvres de Grayle pour se mettre à embrasser son cou et mordiller le lobe de ses oreilles, buvant son odeur, assoiffée, comme si elle venait de traverser le plus sec des déserts. Sa quête de désir était sans précédent. Elle voulait cet homme plus que n’importe quel amant elle eut jusqu’à maintenant. Et elle ne voulait pas que ce moment s’arrête, ne voulait pas partir. Elle voulait pouvoir sentir le corps de l’humain contre elle.


Miriel libéra finalement ses mains et se mit à caresser le dos de Grayle, en profitant pour mordiller son épaule pendant que ce dernier la possédait allégrement. Elle se cambra légèrement, avant d’attirer Grayle un peu plus près d’elle. Elle avait soif de lui et souffrait d’un plaisir effrayant entre chaque coup sec que son amant donnait. L’hybride enroula ses fines jambes autour de la taille de l’humain, en enfonçant légèrement ses ongles dans le dos de ce dernier, laissant de minuscules traits sur le corps de son élève. Miriel sentit son corps se contracter à nouveau alors que la jouissance semble s’accentuer. Alternant entre la douceur et la violence de l’envie qui semblait le posséder. Elle sentit ses mains se glisser doucement le long de son corps pour agripper ses fesses. La jeune femme sentit son corps être parcourir par de légers frissons.


Mais la belle n’avait pas fini, elle voulait prendre le contrôle, et Grayle le sentit, car il la prit de ses mains et la fit tournoyer, de sorte que ce fut elle, qui était au-dessus de lui. Miriel s’agenouilla doucement au-dessus de son membre dressé et l’accueillant en elle avec gratitude et gourmandise. La jeune hybride  ferma doucement les yeux alors qu’elle sentit le pieu de chair s’enfouir en elle. La sensation était délicieuse. Les jambes de son amant la guidaient doucement, tandis que ses mains  l’avaient saisie par les fesses, en la soulevant doucement pour l’abaisser sur son membre dressé, comme un balancier divin. Grayle finit par se redresser, la guidant toujours dans son mouvement de va-et-vient. Tandis que Miriel laissa ses doigts savourer chaque courbure du corps de Grayle, puis l’embrassa à pleine bouche. Laissant à son amant le soin de la pénétrer profondément jusqu’à ce que sa sève se mélange a la sienne et a toutes les autres saveurs qui recouvraient leurs peaux qui brulaient toujours de désir. Ils ne formaient plus qu’un. Miriel ouvrit finalement les yeux avant de planter son regard grisâtre dans celui de son amant, vérifiant s’il appréciait ce moment autant qu’elle.  Elle vit cette étincelle qui brillait ardemment dans le regard de Grayle. Son plaisir était si intense qu’elle ne voulait pas qu’il s’achève, mais elle était si près du but…

Et alors que l’humain s’écrasait sur le dos, profitant du froid de la pierre, il l’attira un peu plus à lui, comme si sa présence était nécessaire. Miriel déposa doucement sa tête dans le creux de son épaule, avant de fermer doucement les yeux. Profitant de chaque seconde de bonheur, de tranquillité que Grayle lui donnait. Elle laissa ses doigts se promener doucement sur le corps de Grayle, savourant chaque courbure de son corps, savourant la douceur de sa peau. Elle était si bien! Elle avait l’impression que plus rien ne pouvait leur arriver, que plus rien ne les atteindrait, presque comme s’ils étaient seuls au monde. Pour une fois, elle était fière de son cœur, elle avait l’impression qu’il avait été brûlé, détruit, écrasé, piétiné, mais il semblait encore fonctionner et pour une personne qui semblait le mériter. C’était bizarre à quel point Grayle avait la capacité de rassurer l’hybride. À chaque fois qu’il était près, elle avait l’impression que le monde devenait un endroit beaucoup mieux. Il lui faisait oublier tous ses problèmes, lui montrait que sa vie n’était pas un gâchis. Miriel avait l’impression de pouvoir revoir les rayons du soleil qui s’était caché derrière tous ses nuages grisâtres. Elle, qui avait toujours pensé qu’elle ne méritait pas l’amour, qu’elle n’était qu’une créature des bas-fonds, la voilà qui se retrouvait comblée dans les bras d’un humain. Elle entendit son murmure, son remerciement qui semblait sortir de nulle part.


« Tu ne me dois rien, si je devais mourir ce soir, au moins j’aurais apprécié mes derniers moments. » Miriel attrapa doucement les joues de son amant, avant de l’attirer doucement vers elle. L’hybride caressa doucement la joue chaude de son amant avec son pouce, savourant une dernière fois la chaleur de ce dernier. Puis elle planta son regard cendré dans le sien. « Regarde-moi », murmura-t-elle. Miriel ne voulait pas le perdre, il semblait être sa lumière dans l’obscurité, une raison de vivre, de supporter les horreurs qu’elle endurait tous les jours. Elle l’attira à elle avant de l’embrasser une nouvelle fois,  un baiser passionné, fougueux. Espérant au plus profond d’elle-même que cela ne serait pas le dernier.  Peut-être n’aurait-il jamais l’opportunité d’être ensemble. Peut-être que les dieux les puniraient. Elle savait pertinemment qu’elle devrait se battre pour passer un peu plus de temps avec lui, pour sentir une nouvelle le sentiment qu’elle avait alors qu’il la prenait dans ses bras. Miriel se releva doucement, avant de s’habiller à contrecœur. Elle ne voulait pas partir, jamais. L’abandonner semblait être la pire des punitions… Leurs lèvres se séparèrent une nouvelle fois, et haletante elle déposa doucement son front contre le sien, remontant doucement sa main dans ses cheveux.  « Reviens. Reviens me voir. » Dit-elle alors que son regard cendré était plongé dans le sien. Elle devait partir, son maître devait l’attendre et elle ne voulait même pas s’imaginer  les supplices qu’il lui avait réservés ce soir. « On se revoit dans quelques jours. » Ses lèvres se posèrent doucement sur les siennes, avant qu’elle se recule pour sortir de la maison abandonnée, non sans arrêter sur le cadre de la porte pour lui lancer un dernier sourire.

Quelques ennéades plus tard…

Cela faisait déjà quelques heures que l’hybride attendait son amant dans la maison. Elle savait pertinemment que ce dernier pouvait être privé de sortie, ou être pris à combler quelconques demandes pour sa maîtresse. Elle se mit à marcher de long en large, attendant patiemment l’humain. C’était une sensation très nouvelle, jamais elle n’avait été nerveuse pour lui. Jamais elle n’avait eu aussi envie de revoir quelqu’un. Miriel savait que c’était une relation impossible, et que les deux âmes risquaient de très grave conséquence s’ils se faisaient prendre, mais ce risque ne lui faisait plus peur. Miriel s’arrêta soudainement en soupirant, puis alla à la fenêtre cassée pour observer la rue déserte… Elle espérait sincèrement qu’il arriverait bientôt…

«Uk zhah tenu.  Uk fridj aslu atsus phor wund fol waele emp'poss. Uk orn tlu ghil wun natha drada»
Il va bien. Il a seulement été retenu dans une tâche stupide…Il va arriver dans un moment.


Elle avait beau répéter encore et encore les mêmes paroles, son cœur ne cessait de battre la chamade? Et s’il lui était arrivé quelques choses? Miriel sentit son cœur se serrer pendant que les larmes lui montaient doucement aux yeux. Après tout, c’était une possibilité… La vie d’esclave était tellement imprévisible et dangereuse. Elle serra doucement ses bras contre elle en fermant les yeux, comme si cela aidait à raviver le souvenir de leurs étreintes. L’hybride se souvenait trop bien de l’odeur de son corps contre le sien, de la moindre courbure de son corps. Elle avait finalement l’impression d’avoir une raison de vivre, une raison de se battre… Certes la liberté avait toujours été une des plus grandes motivations, mais elle venait de se rendre compte qu’elle pouvait avoir une vie au-delà de cela et la vie aux côtés de Grayle lui semblait être le plus merveilleux des rêves. La demie-drow soupira avant d’ouvrir doucement les yeux, pour poser son regard cendré sur la fenêtre. Peut-être qu’il avait été retenu ailleurs? Elle n’avait pas plus d’une heure à lui accorder, son maître finirait par comprendre qu’elle était encore sortie sans sa permission, et sa punition pourrait être encore pire que la dernière fois…


Puis elle entendit son nom, et avant même qu’elle puisse faire un mouvement elle sentit son amant l’agripper. Elle frissonna au contact de son corps sur le sien. Frissonna alors qu’une de ses mains se portait sur son ventre alors que l’autre se frayait un chemin sur son corps pour rejoindre sa mâchoire. À ce moment précis, elle eut l’impression que toute la pression qui se trouvait sur ses épaules avait disparu, elle sentit son corps se détendre alors qu’elle entendit ses paroles; «Je suis là...» L’hybride se retourna rapidement pour faire face à son amant et se jeta dans ses bras. Son front se cala légèrement dans le creux de l’épaule de l’humain, pendant que ses bras entouraient son torse, agrippant doucement la tunique défraichie de Grayle. Ses poings se resserrent doucement contre sa peau, alors qu’elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Que serait-il arrivé si son maître lui avait enlevé la vie? Ils ne pouvaient continuer ainsi, ou du moins, elle ne pouvait pas continuer ainsi… Miriel en faisait des cauchemars la nuit, imaginait la souffrance que son amant endurait… Elle se sentait impuissante, comme aurait-elle pu le protéger? L’hybride huma doucement le parfum de son amant, cette odeur était si rassurante, elle avait l’impression que toute la misère du monde tombait à cet instant précis, comme s’il n’y avait plus rien de mal autour d’eux. Elle avait tellement perdu, mais maintenant elle avait l’impression d’avoir trouvé le seul être qui la comprenait. L’être qu’elle aimait le plus… et partir de ses bras était sans aucun doute la plus cruelle des punitions.


L’hybride se détacha doucement de son amant avant de glisser doucement ses mains pour atteindre la mâchoire de son amant, et elle ne put attendre plus longtemps. Attirant doucement son amant vers elle, elle le força à combler le vide qui était entre eux pour l’embrasser passionnément. Il était à elle. À elle seule, et elle était à lui, seulement a lui. Leur étreinte passionnée dura quelques minutes, jusqu’à ce que l’hybride se sépare doucement de son amant pour relever son regard dans le sien, un air triste sur son visage « Je ne peux plus continuer ainsi, Grayle.» Son souffle s’accéléra doucement alors qu’elle supportait son regard. «Nous devons nous enfuir, ensemble. Je ne veux pas te voir souffrir… Je veux avoir une vie normale… Avec toi. Seulement toi.» Ses lèvres touchèrent une nouvelle fois les siennes, comme pour sceller une promesse. Elle espérait simplement que son souhait était réciproque…