ELLIPSE AN 13 : Première sortie du Puy /Triumvir

Viconia arrive, vêtue de sa simple robe sacerdocale. Le pas vif et fier, elle se dirige vers le bureau de Krish dans lequel elle s'engouffre en trombe. Il y a un papier qui a retenu son attention et elle a un énorma aveu à faire. Non, en deux cent cinquante ans elle n'a jamais été plus haut que le labyrinthe, et il y a une délégation à Thaar pour les Grands Jeux. Et elle veut y aller, Urgoll y va et elle ne veut pas laisser ce grand arrogant y aller tout seul. Il serait bien capable de tout.

C'est une plate excuse pour s'avouer qu'elle rêve de sortir de la cité. Elle adore Elda, mais dans son jeune coeur brûle la curiosité. D'autres prêtres sont sortis, Même le Haut-Prêtre Lah'Zarr a quitté pour Sol'Dorn, mais tout cela est un concept fortement abstrait pour elle. En tant que Triumvir, elle se doit d'y voir. Une représentante due son peuple qui n'a jamais foutu le pied hors du Puy? Faites moi rire!!! AHAHAH... qu'on. se. marre. Vous sentez le sarcasme?

Aussi entre t'elle dans le bureau de Krish, évitant le bureau d'Urgoll, pour ne pas exposer sa gêne plus avant.

Krish? On a défini qui participe à la délégation? Parce que je veux y être… Mais… j'ai comme un problème… De… taille…  

Comme souvent dans son bureau, Krish s'était mise à son aise. Elle n'y passait pas tant de temps que ça puisque la salle du Conseil de guerre leur servait à tout trois de bureau commun la majeur partie du temps. Mais pour parcourir de loooongs document, il était plus agréable de le faire confortablement installé sur un lit ou une banquette que sur une chaise inconfortable.

Dans un peignoir de soie rouge lâchement passé, c'était donc allongée sur le sofa qui bordait le mur de cristaux et champignons luminescent qu'elle tournait les page d'un rapport beaucoup trop détaillé de l'avancée de la formation de la Génération Affranchie. De la main qui n'était pas condamnée à tourner les pages, elle maniait l'embout d'une pipe a eau posée près du document et soufflait tantôt par la bouche tantôt par le nez une fumée mauve.

... Aussi n'était-elle pas vraiment préparée à l'entrée fracassante de sa collègue.

Elle sursauta, se redressant aux trois quart tout en envoyant trois pages de son manuscrit sur le sol. Un nuage de fumée mauve lui échappa du gosier et un instant de silence lui permis de remettre les mots de la prêtresse dans l'ordre. Quelque chose avaient dérapé...

- Ferme la porte et dis moi ce qu'il se passe. " conclut-elle de la façon la plus pragmatique en s'asseyant tout a fait. Elle reposa l'embout de sa pipe à eau et fit une place à sa consoeur sur le sofa auprès d'elle.

Viconia de fermer la porte doucement pour ensuite s'approcher de Krish. Depuis les bains, une subtile transformation commence à s'amorcer chez la prêtresse, mais il est trop tôt encore pour définir quelles répercussions ce total lâcher prise aura sur leur relations. Elle est cependant nettement moins coincée dirions nous. Plus naturelle… Il n'y a rien que certaines occasions pour calmer tout les différents qu'il peut y avoir. Si toutes les guerres se gagnaient avec une partie de jambes en l'air, tout l'Itrii'van, toute la Péninsule appartiendrait aux Eldéens.


Heum… Comment dire…


Dit Viconia, subitement gênée de sa propre ignorance. Pour être la représentante de sa race, elle doit absolument connaitre autre chose que le Puy. Et de toute façon, ses propres recherches concernent la psychée des humains. et il lui faut étudier l'humain sauvage dans son habitat naturel.

L'arcaniste baisse la tête, rougissante autant que sa peau sombre le permet, avant d'avouer d'une voix gênée… Qu'elle se permet pour la première fois devant Krish cela va sans dire. Un signe de comment elle la tient en haute estime pour se dévoiler ainsi devant elle.

Je ne suis jamais allée plus haut que le labyrinthe.    

Oui, mesdames et messieurs, 253 ans et jamais sortie du Puy. De quoi rigoler tiens. 

Lorsque la peau de Viconia tourna au violacé sous l'effet de la gêne, Krish se détendit. L'état de malaise de sa consœur ne la réjouissait pas, mais ce détail criait qu'il s’agissait d'un détail personnel plutôt que d'une nouvelle catastrophique risquant de faire s'écrouler le Puy sur leurs têtes.

Au lieu de la pousser à relever la tête ou de patienter pour que la prêtresse relève à nouveau les yeux vers elle, la Forgelâme glissa souplement sur le dos, déposant la tête sur les genoux de sa consœur. De là, elle pouvait attirer son regard même si elle baissait la tête, et elle était aussi bien installé, ce qui était un plus non négligeable après une journée de travail qui n'en finissait pas. Quant à son peignoir rouge, il ne faisait jamais vraiment parti de ses priorités.

Et l'annonce tomba...

Krish se releva sur un coude, les yeux arrondis de surprises.

Il n'y avait pas de moquerie sur son visage. Pas d'agacement ou de joie goguenarde. Seulement la surprise la plus pure et totale. Une chose si rare que ses lèvres s'entrouvrirent pour produire un vague son... puis se refermèrent sans articuler quoi que ce soit de plus construit.

Ce n'était pas si incroyable quand on y réfléchissait. Prêtresse. Il suffisait qu'elle n'aime pas la chasse et qu'elle soit suffisamment talentueuse pour ne pas se retrouver à servir dans un temple des quartiers supérieurs pour n'avoir aucune raison de s'y promener. Mais cela faisait parti des détails que Krish oubliait si souvent... Son père l'avait emmenée chassée très tôt. Elle était si petite qu'elle arrivait à peine à tenir le poignard qu'on lui avait confié. Le but de son paternel étant qu'elle apprenne à tuer, se faire la main sur quelques bêtes puis quelques esclaves avait ouvert la voie au reste. Même en vivant dans les profondeurs, elle était donc sortie.

- Tu veux dire... Même pas une promenade dans la faille pour voire les Onze Portes ? Même pas un coup d’œil au ciel en passant à la Fernerie des Cheminées ? Rien de rien ? Pas un rayon de Soleil ? Pas un arbre ? C'est pas une blague ? "

Non

Non

et

Non…

A chaque question de son aînée, Viconia répond par la négative, de plus en plus gênée, de plus en plus muette… Par réflexe, d'un air absent, la fine main s'égare sur un bout de peau offerte par le peignoir entrouvert de sa confidente, un signe de connivence et d'intimité. Aucune luxure en ce geste. La même intention que lorsque Krish s'est posée la tête sur ses genoux.


Non, la seule fois que Elthiriel a voulu ne sortir pour m'initier à la chasse… Ca… ne s'est pas bien passé. 

Elle hésite, par pudeur. La tare de leur lignée n'a pas à être exposée… Jamais. Mais d'un autre sens, il faudrait que les autres sachent. Ils en ont eu un bref aperçu aux bains.... Ça aurait pu être réellement sanglant si Urgoll'Ven n'avait pas eu une autre idée en tête que de la détruire. Mais non, pas aujourd'hui. Elle frissonne…

Disons simplement que mon aïeule m'a préservée en ne me permettant pas d'être éduquée comme elle l'aurait voulu, comme il aurait fallu. Pour notre bien, je n'ai été en sa présence jamais longtemps à la fois. Et ce côtoiement lors de la chasse fut un échec….

Elle soupire,

Je n'ai jamais manifesté  le désir de ressortir de la cité avant aujourd'hui.

Non elle ne dit pas tout. Il y a des choses qu'elle n'est pas prête à dire.

Et, pour notre peuple il faut que je le fasse.  

Tout en l'écoutant, Krish fronça un sourcil et se rallongea finalement, la tête posée sur les genoux de Viconia et les jambes étendues le long du sofa. Il y avait quelque chose d'étrange dans ce que disait la prêtresse. Quelque chose qu'elle ne comprenait pas tout à fait.

- Comment ça tu n'as pas été éduqué comme il l'aurait fallu ? "

Elle n'avait pas reçu la meilleur éducation et n'avait jamais chassé parce que...? Une maladie ? Une tare ? Pourtant elle disait que c'était pour le bien de sa tutrice comme du sien. Une querelle ? Une rancune si féroce que la vengeance battait dans ses veines au point de risquer des vies ? Mais elle ne sentait rien de cela. Et pourquoi en faire un tel mystère en ce cas ?

Mais quoi qu'il en soit, sa réponse finale ne changerait pas des masses. Son sourire se fit plus joueur.

- Tu as des vêtements confortables ici ou tu dois repasser par ton temple ? "

Le fait que la journée touche a sa fin ne semblait pas troubler l'eldéenne le moins du monde.

- Comment ça tu n'as pas été éduqué comme il l'aurait fallu ?

jouant avec l'épiderme visible de La Forgeronne, Viconia finit par la regarder. Elle lui doit des explications, certes… Soupirant, elle finit par lui répondre.

Je ne sais pas l'expliquer.., la mélodie de La Lame Noire engloutissait la mienne… Les défenses mentales je n'étais pas habile avant mes classes martiales. Et elle n'a jamais su se mettre en sourdine… Mais bon, elle a fait un excellent travail, j'ai juste dû être forgée autrement que ce qu'on aurait pu attendre d'une lignée d'assassins.

Bon, elle en a assez dit, Krish n'a pas à savoir que sa mère et sa grand-mère ont été contaminées et rendues folles par la mélodie d'Elthiriel qui les a butées, que cette folie latente rôde aussi dans ses veines. Ni qu'elle travaille, maintenant qu'elle est assez forte mentalement, à rétablir ce qu'elle considère une injustice. Devenir assassin au service des dieux.    

La réponse de Krish la surprend un peu. 

Tu as des vêtements confortables ici ou tu dois repasser par ton temple ?

Non, j'ai tout ce qu'il faut ici, tu le sais que je n'aime pas ne pas être préparée, pourquoi? 

Krish n'attendit pas plus longtemps pour se redresser, et sa physionomie ne pouvait pas être mieux décrite que par un unique mot. Un mot que fort peu aurait imaginé associé au feu d'Uriz : guillerette. Un instant de plus et elle était debout, tendant la main à la prêtresse.

- Tu vas aller mettre quelque chose de confortable, avec des bonnes chaussures, et une cape douillette et on se retrouve aux écuries. "

Elle conduisait déjà la jeune femme vers la porte lorsqu'un détail lui traversa la tête.  

- Histoire d'être bien sûre. Tu préfères que ça reste entre nous ou je vais sortir Urgoll de son lit pour qu'il nous accompagne ? "

L'oeil vert s'écarquille légèrement. Des souliers elle n'en a que faire habituellement… Mais bon Lolri a sûrement prévu le coup… Des choses confortable, elle en a ce n'est pas un problème.

Le sourire de Viconia est comme un rayon de soleil directement au coeur du Puy. A la mention d'Urgoll, le sourire s'élargit d'un air mutin. Viconia hésite entre aller sauter sur son lit pour le tirer du sommeil et avoir le plaisir de l'entendre grogner,  où aller s'habiller. Il y a le fait que si elle le réveille, il y a des chance qu'elle soit… heu… inopinément retardée pour sa sortie... Et elle ne le désire pas du tout. 

Et le sourire de s'évanouir légèrement à la pensée qu'il va se foutre de sa gueule probablement… Elle n'est pas certaine qu'elle va tolérer qu'on rit de son ignorance à ce sujet. Bien embêtée la jeune femelle esquive la question.

Oh, comme tu veux, je n'ai pas de préférence.

Et, subitement, d'embrasser Krish sauvagement, faisant passer son surplus d'enthousiasme et de gratitude par ce baiser avant de disparaitre d'un pas rapide, dansant, vers ses quartier.


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Ca ne prend pas une demi heure, et c'est parce que Lolri a tenu absolument à lui faire un chignon pour éviter toutes ses cochonneries dans les cheveux et qu'elle a subie sa moue boudeuse face à son refus pour qu'elle les accompagne, qu'elle se dirige maintenant vers les écuries, des bottes plates montantes aux pieds, pantalon solides en lin et une tunique noire au motif de l'ouroboros ton sur ton. Une cape de bonne facture en épaisse laine noire complète le tableau

Viconia n'aime pas les bottes et les souliers. Ca glisse et on ne sent pas sur quoi on met le pied… Son coeur bat d'excitation dans sa poitrine.

Et bien, ça, c'était de l'enthousiasme ! Souriant à belles dents du baiser qu'elle venait de recevoir, Krish prit quelques secondes pour la regarder trottiner le long du couloir. C'était... si rafraichissant. Un rire de gorge ponctua la fermeture de la porte.

Alors...

Parmi les quelques vêtements qu'elle avait apporté, elle dénicha sa tenue de cuir de Repenti et de trois autres choses utilisables. Un pantalon de cuir noir, de robustes bottes de marche de même couleur, une brassière de cuir fin et une ample tunique à bretelles larges dont le rouge n'était pas trop criard. Elle passa de courtes griffes dorées et rassembla les restes de sa coiffure du jour en un chignon lâche, rabattu sur son oreille manquante. Elle attrapa sa cape de voyage fourrée et elle était fin prête.

Au moment d'atteindre la porte cependant, son regard se posa par hasard sur son corbin. Elle hésita un instant et ajouta un ceinturon d'arme à sa tenue. Un couteau de chasse, son corbin et une longue dague courbée. En passant dans le couloir, elle attrapa le garde en faction.

- Si Urgoll'Ven me cherche, dis lui que Viconia et moi seront de retour demain après-midi. Si ça ne peut pas attendre, il peut nous rejoindre à la surface, au camp de chasse à l'ouest de la porte du cratère. Fais passer le mot à ton capitaine.

Puis elle s'éloigna à grands pas dans les couloirs.

Les écuries de l'état major étaient bien garnies. D'un côté les morgals et félins de la garde d'ébène. De l'autre, les cavales des coursiers. Un épais mur de pierre, séparait les prédateurs bien nourris de leurs proies naturelles et ce fut vers les dites proies que Krish se dirigea, bientôt rejointe par la prêtresse. Les palefreniers furent réveillés manu militari et deux juments de belle prestance apprêtées rapidement. La première arborait une improbable robe souris pour sa carrure, l'autre était d'un alezan brulé des plus vifs. La grisonne s'appelait Kaliiz et l'autre Zhu'ku  toutes deux dressées à la perfection. Quand l'un des deux s'en venta, Krish leva un sourcil d'ennui, mais c'était inutile de faire un caprice de ce style.

- Parfait. Vous pouvez retourner vous coucher. " laissa-t-elle seulement tomber en se tournant vers les boxes côte à côte de leurs deux montures. Et pendant qu'ils repartaient avec moulte courbettes, elle lança a sa consœur " A toi l'honneur. Tu veux la quelle ? "

Les mélodies des deux chevaux sont simples, apaisante. Leur esprit dociles sont assez simples à déchiffrer et ils ne s'effraient pas facilement. C'est donc au hasard que Viconia choisi le gris. Avec une légère aide, elle s'installe donc sur  l'animal. Elle connait l'équitation même si ca doit faire un bon siècle et demi qu'elle n'a pas monté.


Donc c'est légèrement crispée qu'elle franchit les profondeurs, mais le temps les de traverser, Viconia a repris une certaine aisance. Il n'y a rien qu'un peu de pratique ne peut remettre en place. Les deux femelles croisent des gens et plusieurs saluent expressément Viconia qui leur répond d'un air affable, ralentissant sa monture un instant pour les faire se sentir uniques, importants. Dans le labyrinthe, Viconia connait beaucoup de gens, pas mal plus que dans les profondeurs. Elle y est connue comme la descendante de La Lame Noire, certe, mais aussi comme Viconia X'Ianxin, habitante du Labyrinthe devenue triumvir. Et l'Enchanteresse porte bien attention à son image, y monte régulièrement depuis qu'elle a quitté pour le temple de Valas voilà plus d'un siècle et demi pour prendre le pouls de cette section de la cité, y respirer. Les odeurs, les sons, le brouhaha… Elle y est confortable. L'oeil vert pétille de contentement.

La jeune prêtresse est pleine de ressources, mais le nez dans sa situation actuelle, elle ne les voit pas vraiment. Elle a eu, par contre, assez de bon sens pour ne pas se vêtir richement dans cette partie de la cité d'Elda.

cependant, la prêtresse s'assombrit notablement à l'approche de la porte du cratère. En réponse à la nervosité de sa cavalière, la monture renâcle, secouant sa crinière. Une caresse sur l'animal le calme, mais Viconia sent des choses nouvelles… Le vent nocturne lui caresse le visage, ses narines s'évasent devant les odeurs exotiques, ses pupilles se font impénétrables dans leur émeraude rougeoyant pendant que Viconia hérisse une véritable forteresse mentale autour d'elle.

Le moins qu'on pouvait dire, c'est que Zhu'ku était plus facile à diriger que Tril. Cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas vu le puissant étalon qui s'ébattait dans ses jardins à Thaar. A côté de lui, même Kiba était facile à conduire alors une simple jument docile, s'était un peu comme se retrouver dans un fauteuil. La capuche rabattue sur le visage et l’œil bat, Krish marchait au pas derrière Viconia, passant sans problème pour une servante ou une garde du corps alors que la seule chose à dépasser de son par-dessus était le manche de son corbin. Elle continua ainsi au travers des Profondeurs, du Labyrinthe, de la Sanguette, à travers les ambiances et les odeurs du Puy, regardant discrètement ceux qui saluaient Viconia. La fierté dans le regard des uns. La défiance dans le regard des autres. Mais avant tout, elle cachait ses yeux trop aisément reconnaissables.

Une fois dans les Cheminées, l'odeur de fumée, de sang, de fumée et de fausse d'aisance se mêlait en un douloureux parfum autour des ateliers. C'est ici que sa mère l'avait amené pour lui faire comprendre dans quelle déchéance elle sombrerait si elle décidait d'abandonner son cursus militaire pour evenir une forgeronne. Elle serait exactement comme ces deux homme au coin de la rue, travaillant pour une poignée de pièce dans la fureur des sons et les odeurs nauséabonde. Personne ne la reconnaitrait. Personne de se souviendrait d'elle. La fierté et l'honneur disparaitrait de sa vie... Elle aimait bien ce quartier.

Et puis au plus haut de s ses longues avenues en lacet pour maintenir une pente douce que pouvaient emprunté facilement les cargaisons de charognes venant de l'extérieur jusqu'à la Sanguette, les immenses portes du Cratères culminaient. On les voyait bien avant de constater ce qui se trouvait derrière. Leur hauteur et leur épaisseur était telle qu'il fallait une douzaine de drow de belle stature pour fermer ses battants de bois noir et de métal. Le bois choisi était si dense qu'il coulait dans l'eau et traité d'une façon telle qu'en 6 Cycles, elle n'avait été refaite qu'une fois. La gravure y étaient d'une beauté à coupée le souffle. Si les portes de la faille étaient chacune dévolue à un dieu. Ici, c'était l'histoire de la fondation d'Elda et la guerre de l'épreuve contre les Cretok qui étaient narrées.

Les gardes de la porte, attentifs, les regardèrent approcher avec suspicion jusqu'à reconnaitre Viconia. De toute façon, elles n'auraient pas été arrêtées. Elle n'avait visiblement pas - ou peu - de marchandise et d'arme. Par contre, les préposés à la porte se seraient fait un plaisir de les fouiller intégralement si elle étaient revenues avant le matin.

De l'autre côté, la pierre aplanit continuait pour former une esplanade à l'air libre, légèrement inclinée dans le sens du volcan. Le sol était gravé de sillon dans lequel ruisselait l'eau et le sang vers le bas de la pente. Après cela, la forêt junglesque qui pullulait de gibier agressif gagnait vite du terrain. Après tout, là était la principale utilité de la surface : une défense naturelle et une ressource infinie de nourriture. Les sabots de la jument alezane claquèrent sur l'esplanade, s'immobilisant suffisamment loin des portes pour ne pas être entendue.

La brise glaciale des nuits automnales à cette altitude vint caresser leurs visages et quelques insectes crissaient dans les buissons proches. Et au-dessus de leurs tête s'étalaient le ciel nocturne. Noir et profond comme les ombres de Teiweon. Il était encore mangé par les pics du Puy, les hauteurs du cratère, mais l'espace que cela offrait était déjà impressionnant pour qui ne l'avait jamais vu. Krish supposait même qu'il pouvait suffire à déclencher le mal de l'extérieur pour certaines personnes.

Krish lâcha purement et simplement les rennes, s'appuyant des deux mains sur la croupe de la bête pour lever la tête.Un lambeau de nuage gris envoyée par Faëlia paressait ici et là sans briser véritablement le spectacle admirable qu'offraient les étoiles. Des petites, des grandes, des pâles des vives, des légèrement colorées. Groupées en une myriade de dessins complexes dont seul Tesso et peut-être Teiwon connaissaient l'utilité. La lune, encore en début de route, n'était pas visible. La demeure des dieux par contre, haute et immobile dans le ciel, présentait ses doux reflets d'or et d'argent.

- On a de la chance, il fait plutôt beau cette nuit. " sourit-elle à Viconia en examinant d'un œil attentif ses premières réactions.

Viconia ne dit rien, tandis que les paroies protectrices de l'Atna s'amincissent autour d'elle. Impassibles les yeux émeraudes contemplent la riche gravure de la porte l'enchante et la transporte. Son coeur fait un bond dans sa poitrine.

Les dieux l'ont laissée vivre assez longtemps pour pouvoir contempler ce que nous appelons les étoiles, pâles astres qui baignent la jungle dans leurs ombre fantomatiques. Des odeurs riches de terres et d'humus assaillent ses narines. Tandis que la cacophonie nocturne des créatures assaillent ses oreilles. Pour ses yeux habitués à la pénombre et à la lueur des champignons il fait extrêmement clair. Les riches teintes indigos du ciel et le velours de la jungle sont comme des couleurs criardes pour elle, rehaussées par les milliers de diamants piquetés par les étoiles.

Sans les rochers rassurants de sa demeure au dessus de sa tête, Viconia se sent devenir minuscule face à l'immensité qui s'ouvre devant elle.

Sa bouche s'ouvre et murmure une prière muette aux douze dieux avant de se refermer. Elle est sans voix, ses jolis yeux lui mangent littéralement le visage, mélange de crainte et d'émerveillement à la fois. Ses sens sursaturent, aussi rehausse t'elle ses défenses mentales pour ne pas perdre pied. Mais du haut de ses défenses psychiques, Viconia ressent l'appel du monde de Miradelphia. Ces étendues sauvages qui n'attendent qu'à être conquises par son peuple.

Pour son peuple.

Un sourire franc, sincère, soulagé s'épanouit sur les lèvres pleines. Ce qu'elle craignait ne s'est pas produit, il n'y a pas eu de folie destructrice. La Flamme du Feu d'Uriz l'accompagne en cet étape décisive, autrement plus rassurante et stable que celle de celle de La Lame Noire de Teiweon.

Si son attitude n'avait que peu changé depuis qu'elle s'était ouvertes à la toute puissante volonté de leur Père à tous, Krish s'amusait parfois à mesurer la différence de sa posture intérieure. Auparavant aussi vide qu'Isten et cachant un doute constant, l'aplomb qu'elle ressentait aujourd'hui était sans commune mesure avec ses paris passés. Si Viconia l'avait rencontrée une décennie auparavant, elle n'aurait sûrement pas été apaisée par un esprit jouant les équilibristes sur un fil de soie. Aujourd'hui, si Krish se savait toujours aussi faillible que n'importe quelle éternelle, le monde avait un sens des plus clairs et une finalité dans laquelle elle connaissait son rôle. Sa raison d'être. Qui pouvait en dire autant sur cette terre ? Sans doute était-ce là ce que la prêtresse captait sans en avoir tout à fait conscience alors qu'elle se trouvait à côté d'une femme réputée pour être des plus lunatiques.

- Tu vois celle là ? La violette entourée du cercle de sept points ? " La mains pointé vers le haut, elle tenta de guider le regard de la prêtresse vers l'étoile précise qu'elle désignait. " Juste là, là. C'est elle qu'on appelle l’œil d'Elda. Elle pointe toujours vers l'est. Il suffit de la suivre pour se rapprocher de chez nous depuis presque n'importe quel endroit de Miradelphia. "

Après quelques minutes de silence, Krish remit sa monture en route d'une incitation du bassin.

- Allez, vient. On en a pour encore une bonne heure de route. " lança-t-elle comme si il allait de soit qu'elles ne s'arrêteraient pas là. Elles s'orientèrent plutôt vers une pente douce montant en lacet le long du cratère. La végétation laissant peu à peu place aux hauteurs désolées du versant menant au plus haut sommet du Puy. Elles avaient à peine la place de passer à deux de front et Krish avait choisit le côté le plus dangereux. Cela leur permettait de voyager véritablement ensemble... Et puis l'attention de Krish ne gardait pas toujours ses réflexions pour elle... " Tu as l'air vraiment soulagé. Voir le ciel t'angoissait à ce point ? "

Tu vois celle là ? La violette entourée du cercle de sept points ? " Oui , Viconia la voit, et encore plus parce que c'est la première fois. Si un jours elle se retrouveloin et perdue, elle saura retrouver la Maison. Le sourire s'élargit, l'oeil pétille, aussi fasciné que celui d'une gamine. D'ailleurs, dans sa liste de chose à faire, Viconia se promet d'étudier les étoiles.

Juste là, là. C'est elle qu'on appelle l’œil d'Elda. Elle pointe toujours vers l'est. Il suffit de la suivre pour se rapprocher de chez nous depuis presque n'importe quel endroit de Miradelphia.

Le souffle coupé, la yathrin regarde de tout ses yeux. Sachant pertinemment que si le monde s'ouvre à elle, vaste, son coeur est resté quelque part dans le Vatna… Chez elle… Dans la sombre matrice du volcan qui l'a vue naître.  

- Allez, vient. On en a pour encore une bonne heure de route. "


Sans rechigner, la jeune drow imprime un léger mouvement à sa jument. Intriguée, elle se demande où Krish La mène. Avec un esprit scientifique, Viconia regarde la végétation se raréfier autour d'elle, notant les différences d'avec la jungle sous elles. L'air est plus vif et piquant et la prêtresse se surprend ;a resserrer les plis de son manteau autour d'elle. L'arcaniste ceuille et examine attentivement une fleur inconnue qu'elle tient quand la Forgeronne reprend la parole.

Tu as l'air vraiment soulagé. Voir le ciel t'angoissait à ce point ?

Ce n'est pas le ciel le problème… C'est moi. Je crois que je te dois des explications… Seulement si tu jure le secret avant.

Au loin, le ciel semble s'éclaircir imperceptiblement. Mais peut-être est ce seulement son imagination.
Patiente, l'arcaniste attend que sa compagne de route jure.

Tu le sais, toutes les familles de Primas Sanguis ont une tare… Elles sont toujours bien cachées par contre. Mais la cosanguinité n'aide pas. Ma lignée aussi. Si j'accorde tant d'importance au sang qui coule dans mes veines c'est dans l'espoir qu'un jour, l'apport de sang nouveau efface cette malédiction…

Elle prend le temps de bien choisir ses mots, au fur et à mesure de la remontée.

Notre force est notre faiblesse… La façon dont nous percevons la magie peut être imparable comme nous submerger. Elthiriel n'a jamais su dresser de remparts mentaux, Sa mélodie était sombre et violente et elle jouait allegro, effacant la mélodie des autres pour la remplacer par la sienne. Surtout quand survenait l'appel de la Chasse. Sa mélodie est tout le contraire de la tienne, régulière et ardente. Elle a rendu folle Eskevah et In'Xun, ma grand-mère et ma mère avant qu'elle ne comprenne que c'était elle le problème.

Les changements de temps, de tonalité et de notes nous en disent beaucoup sur celui ou celle qui nous parle mais peuvent nous heurter. Par contre, j'ai eu la chance de pouvoir apprendre à maitriser Mon Art tôt. Mais régulièrement ma magie exige son tribut à Kiel. Maitre Kahvekah rirait bien, lui qui pense que je n'ai jamais souffert parce que mes cicatrices ne sont pas visibles. Il n'aimerait pas être dans mon esprit par contre.  Je n'ai jamais de repos et rarement je perd le contrôle, comme aux bains… Je crois que tu t'en est aperçue même si Urgoll lui-même ne s'en est pas rendu compte je crois… Mais mes barrières mentales se sont écroulées et je crois que j'ai altéré sa mélodie…    

Etendant la main, l'Enchanteresse caresse tendrement la paroie du volcan qui s'offre à ses doigts.

S'il avait eu des intentions hostiles ce soir là, j'aurais été bien en peine de ne pas lui sauter à la gorge. J'ai perdu le contrôle… Et depuis j'ai… changé… Je crois que l'air de la montagne me tourne la tête… Je n'ai jamais voulu que ca se sache… Vos émotions et vos pulsions ce soir là sont devenues les miennes… Ca aurait pu, très mal tourner pour moi comme pour vous. Le Père des Batailles et Valas ont veillés au grain.  

Il y a un long moment de silence. La jeune drow expose ses doutes. Qu'elle en les ait pas exposés avant est en soit plus étonnant que ce qui sort de sa bouche en cet instant précis.  

Je suis une arme inutile… Mal affûtée, avec une fissure en son coeur. Tu me traite différemment des autres pourtant. Pour la majorité je suis une arriviste, qu'un bel emballage Myr'Hennis me traite comme un joli bibelot, Valsrik'Hrae… comme une gamine, Maitre Kakvekah est trop embrouillé pour que je me fasse une idée précise.  Urgoll'Ven comme une rencontre occasionnelle plus ou moins discrète. Je ne dis pas que ca ne me plait pas. C'est simple et reposant en un sens, je ne me casse pas la tête, il est entier et intègre. Il faut juste apprendre les subtiles différences nuances de grondements.  

Elle a un léger rire de gorge puis Viconia fixe soudainement intensément Krish de ses grands yeux verts ou se lit le défi de lui mentir.

Mais toi, tu me traite différemment des autres.  Que suis je pour toi? Tu as joué aux bains, je le sais … Ce n'est pas un jeu que tu joue en ce moment…  

- Si ça te rassure. Je jure de n'en parler à Flamme qui vive. " sourit-elle sans cacher son amusement face à cette demande si franche de confidence.

Elle gardait un œil sur le chemin mais sa monture avait le pas sûr, aussi n'avait elle qu'à se laisser porter sur ce point et à tendre l'oreille pour éviter l'attaque d'une bête malpolie ou d'un malfrat farouche. Le reste de son attention était entièrement dévolue à la prêtresse. Chaque mot qu'elle prononçait. Et cette fleure qu'elle détaillait.

A chaque famille de prima sa tare... Comment le nier après un si grand gâchait ? Le souvenir de Velkyn lui revint en travers de la gorge, mais elle ne prononça pas un mot, laissant la jeune femme chercher les siens. Elle tiqua bien à la mansion de Kahveka et se promis de mettre en garde la jeune femme contre les procédures fumeuses du Maître des ombres, mais ce n'était pas le sujet pour l'heure. Elle en avait encore beaucoup a dire malgré le poids de ce qu'elle venait déjà d'avouer... Une sorte d'empathie capable de la briser. Le Prime Feu doutait sérieusement qu'elle ait altérer la mélodie d'Urgoll... agir comme il l'avait fait ressemblait bien à l'homme brutal et bestial qu'il était, mais elle entendait les craintes et la confidence concernant la réaction qu'avait eu la prêtresse hautaine qui refusait de mêler travail et plaisir lorsqu'elle l'avait rencontré pour la première fois. La prêtresse qui avait agit au lieu de regardé. Qui avait fait ce qu'elle pensait le plus efficace au lieu d'obéir. Qui avait combattu là ou d'autres s'étaient contenté d'observer.

- Crois en ma longue expérience en tant que Forgelâme. Tu n'es pas une arme inutile ou mal affutée. Tu n'as jamais été affutée du tout. " Un sourire félin se dessina sur les lippes de l'elfe noire mais elle ne tenta pas un instant de détourner le regard. " Une essence n'est jamais brisée par nature. Les mises à l'épreuve de la vie la dégagent peu à peu d'une gangue grossière. Elles la raffinent et la purifient. Elle la chauffent et la torde. Parfois l'objet qui s'en dégage casse, parfois non. Mais les chef d’œuvre n'ont pas besoin d'être les plus robustes ou les plus affutés. Chaque essence, comme chaque filon arraché des entrailles de la terre, à une forme qui lui conviendra parfaitement. Une forme qu'il lui faudra suffisamment de sagesse pour reconnaître et suffisamment de courage pour atteindre. " Cette pensée était si intimement liée à sa perception des gens qu'elle l'avait débitée d'une traite. C'était si simple. Le talent la fascinait. La capacité d'une création à dépasser les bordes imposées par son Créateur. A avancer. A s'extirper de la masse selon sa propre voie pour venir gratter le ventre des nuages. Pour tenter d'expliciter la chose, elle ajouta avec un haussement d'épaule. " On ne fait pas de lames avec de l'or, pourtant, les statues d'Uriz en sont couvertes et quelques pièces déclenchent des guerres interminable. "

Elle avait consacré une grande partie de sa vie à magnifier les pépites brutes, fasciné qu'elle était par les personnes qui sortaient du lot. Wydrin. Eshk'Oroth. Velkyn. Valère. Jiph'kah. Wik. Tant d'autres au fil des siècles. Des paris. Des essences de tous les horizons dans lesquelles elle décelait une étincelle. Une volonté robuste. Un instinct de protecteur. Une soif de liberté. Une fascination pour le beau. Une soif de vivre. N'importe quoi qui lui permettait d’entre-apercevoir une forme. Elle la plongeait dans le feu. Elle la martelait pour en faire tomber les roches les plus dures. Selon son humeur, selon sa patience, elle s'amusait ou les abandonnait, gardant toujours leur existence dans un coin de sa mémoire pour les regarder évoluer. Ceux qui se brisaient étaient quantité négligeable. Ceux qui trouvaient leur propre voie au contraire, devenaient des raretés intrigantes méritant de respect. Et elle méritait leur reconnaissance, leur loyauté, leur respect en retour. Ce n'était qu'en acceptant sa propre place qu'elle avait compris à quel point ce jeu d'observations et d'épreuves l'avait modelé pour servir le Père, autant que ses combats, sa survie et ses Vengeances.

- Je te traite comme n'importe qui d'autre dans la même position que toi. A l'origine, tu n'es pour moi ni plus ni moins qu'un pari. " Ce n'était pas une insulte. Seulement un fait et il n'y avait pas temps de personnes en vie qui aurait pu s'en venter. " Je n'avais pas la moindre idée de ton passé. Je ne sais pas ce que tu vas devenir. Je ne sais pas si tu parviendras à surmonté l'épreuve dans laquelle je t'ai plongée en te nommant Triumvir. Je ne sais pas si tes premiers choix sont bons sur le long terme. Et ce n'est pas mon problème. C'est à toi de tracer ta route et à Uriz de faire les comptes avant que la main glacée de Teiweon ne les fige pour l'éternité. Honnêtement, je ne serais jamais allé te trouver dans ton temple si tu n'avais pas été là le bon jour au bon endroit. Mais justement, tu y étais, et tes actions ce jour là m'ont donné suffisamment confiance pour te donner cette chance malgré ton inexpérience. J'étais sûre que tu ferais une montagne d'erreur. Mais tu étais là parce que tu avais su faire les bons choix au bon moment. Depuis, notre triumvir tient et notre influence grandit. Nous sommes même assez stable pour que la guerre puisse reprendre. Alors ça me va. Mes priorités sont claires et je ne vous les ai jamais cachées : La politique que nous mettons en place n'est qu'un moyen de propager les louanges du Père des Batailles et j'utiliserai au mieux toutes les cartes à ma disposition pour ça. " Elle parlait d'un ton tranquille. En tant que Prime Feu, comment aurait-elle pu faire autrement que servir celui pour qui sa Flamme brûlait. Elle n'en parlait par contre pas souvent. Elle même ne savait pas jusqu'où elle pourrait aller pour son devoir... " Mais tout ceci est un point de vu professionnel, politique ou même un simple sujet d'étude. De façon plus simple : Je n'aime pas les gens dociles et bien rangés. A force de devoir me coltiner ta présence tout les jours j'ai du me rendre à l'évidence : je t'aime bien. " Le sourire nonchalant de Krish était revenu au galop. Elle s'était montrée parfaitement sincère dans toute sa réponse, mais les mots restaient de délicieuses frivolités. On les pensait, on les disait avec le cœur, et ils tournaient au gré du vent. Rare étaient ceux à lui avoir poser aussi frontalement une telle question et rien que pour ça, Viconia lui était on ne pouvait plus sympathique. Son passé ne lui enlevait rien, bien au contraire. Elle était tellement moins ennuyeuse que les gens qui entraient docilement dans leur case.

Viconia rit de nouveau, son rire se répercute sur la parois du Vatna et est propulsé dans l'air cristallin de la nuit.

Ce n'est pas l'épreuve du Triumvirat que je crains… Ce n'est pas la mort non plus. Valas m'a mise sur ton chemin pour une raison. Je crains seulement de faillir à mon peuple. L'Echec n'est pas un concept dans lequel j'ai grandit et pourtant je ressens la…. le non sens de cela. J'ai parfaitement conscience que, si je survis du moins aux, soyons optimistes 5 prochaines années, le prochain siècle sera du gâteau. En étant réaliste, ca prendra un bon 50 ans pour me faire une place autre que celle d'usurpatrice. Beaucoup d'anciens le croient… Mais Elthiriel disait toujours que le voyage importe plus que la finalité. Je prends l'Epreuve qu'il m'a été imposé comme un immense voyage d'apprentissage à accomplir. Là où les gens ne voient qu'ambition, je ne vois que test, quand j'aurai passé au travers, il y en aura un autre qui me sera amené.  

Elle a un sourire légèrement amer. Il y a tant de choses qu'elle aimerait dire. Ses prunelles embrassent le panorama encore une fois, son souffle se coupe et s'éteint. Il se passe encore de longues minutes avant que l'enchanteresse ne reprenne la parole. Pendant ce temps, mine de rien, elle réfléchit posément aux sages paroles de son aînée totu en contemplant le magnifique paysage. Valas l'a mise aux pieds du Feu d'Uriz, comme il lui a demandé de protéger son fils. Mais il y a une phrase de la Forgeronne qui lui trotte dans la tête. C'est à toi de tracer ta route… Elle la rumine longuement. Ca donne vraiment de quoi réfléchir. Un jour, elle aura probablement une autre conversation à ce sujet avec Krish. Si les dieux le veulent… 

L'arcaniste fronce les sourcils, songeuse.

Je pensais accumuler le savoir avant les charges. Je suis placée dans la situation inverse, mes limites me desservent, mais pourtant je suis encore ici, je gagne l'Epreuve à chaque respiration que je prend.  Urgoll'Ven et toi chantez dans mon coeur désormais... Je suis en plein changement, et je ne sais pas ou ma mélodie actuelle me mènera. Ni vers Qui elle me portera. C'est flou et incertain et je ne prendrai aucune décision à la légère… Ma lignée a toujours été formée dans les flammes, le sang  et les larmes…

Viconia lèvre le bras, montrant leur destination.

Nous y sommes! Qui aurait cru qu'une première sortie prendrait des allures de pèlerinage mystique! Je ne regrette pas d'être sortie.

Elle aimait l'écouter. Elle aimait la force qui se dégageait de ses mots. Des mots vrais. Des mots profonds. Il lui semblaient y sentir une certaine chaleur, le son sourd d'un crépitement puissant. Une Flamme qui luisait directement au travers de sa voix. Dans le silence qui succède sa réponse, Krish ne peut s'empêcher d'ajouter sur le ton de la plaisanterie.  

- Des épreuves succédant à des tests. Si jeune et tu as déjà compris toute la beauté sauvage de la vie... "

Parfois, certains oubliaient l'écart d'âge qui existait entre elle et la plupart des gens de sa race. Cela ne la dérangeait pas, bien au contraire, car au quotidien, la différence était bien maigre. Elle oubliait elle même qu'elle n'avait plus la tête de l'emploi depuis des années. Et parfois, il apparaissait comme une évidence durant un bref instant. Par une pique, un acte, un regard. Malgré le ton affable, ses mots étaient à ses yeux d'une vérité rare et tout leur panthéon tentait de les préparer individuellement à cette réalité. Kiel en leur apprenant à ne pas redouter la souffrance, qu'elle soit physique ou mental. Les autres leur montrait la voie, leur offrait des armes. Pour que tous puisse résister au affrontements qui régissaient le monde créé par leur Père à tous. Des épreuve qui les magnifiaient.

- Une lignée n'est qu'un amoncellement d'individus. Tu peux les former de la même façon, ça ne veut pas dire qu'ils sont fait pour la même chose. " ricana encore l'eldéenne avant que la prêtresse ne remarque le plateau sur lequel était battit le camp de chasse le plus haut sur les flancs de la montagne. Et elle éclata franchement de rire en entendant parler de pelerinage. " Tu vas voir pour la première fois le Soleil se lever. L'Astre portant toute la puissance d'Uriz enflammer le monde entier. Évidement que c'est tout un programme ! J'ai même amené de quoi fêter ça ! " Elle tapota deux fois sa sacoche de ceinture en haussant les sourcils d'un air enthousiaste.

Quelques minutes plus tard, elles arrivaient aux abords du camp, sur le faux plat couvert d'herbe rase. Sans une hésitation, Krish mis pied à terre, retira la selle de sa monture, délogea son more et attacha les rênes à l'un des anneaux fixé à la barrière prévue à cet effet. Le gel crissait sous ses bottes. Puis elle vint aider Viconia au besoin, échangeant quelques mots et impressions bien moins profondes que précédemment.

Derrière l'abri, un discret sentier très mal balisé semblait gripper encore sur une bonne distance à travers les roches nues. En contre bas, le cratère se dévoilait comme le pic de l'autre versant qui était bien moins haut. Si la tête nue de la montagne semblait menaçante dans la nuit noire, la jungle dense et sauvage de cratère et des versants de montreraient toute leur beauté qu'à la lueur du jour.

Dans le ciel par contre, un élément important s'était révélé avec l'altitude et le temps. En plus de la petite sphère aux reflets dorés qui restait bien sagement à sa place au même endroit, un grand cercle d'un blanc nacré et lumineux  avait fait son apparition. La lune. Ce n'était pas seulement par simple excitation que Krish avait tenu à ce qu'elles sortent le soir même. L'hiver était froid sur les hauteurs du volcan et il n'était pas rare d'y voir de la neige. Elle n'aimait pas le froid. Mais la quatrième ennéade du mois touchait à sa fin, ce qui voulait dire que la lune serait pleine. Quitte à faire les choses biens, que Viconia se décide à parler de tout ça à un tel moment ne pouvait être qu'un signe favorable.

- Nous avons quelques heures avant de terminer la route. Le vent risque d'être un peu moins charitable en haut. Tu préfères rester dehors ou te reposer un peu ? "

Viconia a un sourire léger, soulagée que Krish comprenne ce dont elle veut parler. Sans se faire prier, elle met à terre et desselle la grise et l'entrave avec efficacité mais non sans mal. Ca fait un bon siècle et demi qu'elle n'a pas entravé d'équidé, et il faut puiser dans ses souvenirs pour se rappeler comment faire. Et ca la fait tiquer un peu. Mais Krish la guide et Viconia finit par y arriver. C'est alors que l'arcaniste regarde le sentier mal balisé qui orne la montée… Puis lève la tête vers les cieux, baignant sa peau noire dans la clartée lunaire, fermant les yeux avec délice sous l'air vivifiant des hauteurs. Lolri a bien choisi, sa cape en laine épaisse lui tient agréablement chaud tandis que la caresse glacée lui picote les joues. Pour ses yeux habitués à la pénombre des entrailles de la terre, la lune lui fait l'effet d'une pièce violemment éclairée. 

Transportée, Viconia soupire d'aise. 

Nous avons quelques heures avant de terminer la route. Le vent risque d'être un peu moins charitable en haut. Tu préfères rester dehors ou te reposer un peu ?

Oh…. 

L'enchanteresse ouvre les yeux, fixe la forgeronne d'un air dubitatif. Pèse les options. Oui il fait frais, c'est nouveau, mais l'option de grelotter pendant des heures en attendant le lever du soleil, ne la tente pas trop. Soyons raisonnable. 

L'empressement me dit de monter en haut, mais la raison me dit d'attendre. Au moins ne gèlerons nous pas sur pied. Du moi du moins… 


Et les deux femelles de s'installer confortablement, allumant un feu pour leur tenir chaud… Bon, soyons réaliste, Krish allume un feu. Viconia la regardant attentivement faire. Quand les flammes réchauffent la sienne, la yathrin relève la tête et contemple ce qu'elle nomme en son fort intérieur l'Oeil glacé de Teiweon. Une prière traverse ses lèvres, les notes claires du chant religieux traversant la nuit claire comme le jour. Une fois son hommage fait, Viconia se recroqueville  un peu dans la chaleur de son manteau, sa main fine rabattant sa capuche, ne laissant paraitre que l'éclat d'émeraude rougeoyant de ses prunelles étranges. 

Mais Krish l'arrache à la contemplation des flammes cruelles. 

[size=15]D'ailleurs tu parlais de pèlerinage mystique tout à l'heure, mais je me demandais. Tu décris ta lignée comme une sorte de procession d'assassins. Alors pourquoi devenir prêtresse ?


Parce qu'avant d'affûter le corp, il faut affûter l'esprit. Elthiriel a appris de ses erreurs. Valsharess a toujours eu de la difficulté à gérer son chant, ce qui faisait sa terrible réputation de Lame Noire.  Elle a tué hiak' taniel Eskevah, une assassin nécromane… Parce qu'elle a sombré dans la folie, envahie par sa mélodie je présume, et qu'elle a essayée de la tuer. Puis c'est  ilhar In'Xun qu'elle a égorgée devant mes yeux parce que ma mère a essayé de me tuer pour la Froide Teiweon, simplement parce que la Mélodie de La Voilée me brisait… Elle me blesse toujours, mais j'acceuille ces blessures et l'offre à Kiel. ...Comme ca, sans émotion. Sa mélodie n'a même pas eue une variation quand le sang m'a aspergée, alors que j'allais être sacrifiée…  Ce jour là elle a comprise que ma dévotion devait aller ailleurs pour mon propre bien. 

Elle marque un pragmatisme étonnant face à cette tragédie. Ca l'a marquée, certe, mais pas traumatisée. C'est dans l'ordre des choses. Une vie qu'on donne est une vie qu'on peut reprendre si La Flamme n'est pas méritée.

J'ai été élevée dans la pauvreté pour m'endurcir. j'ai été brisée de corp milles fois et pourtant je n'en porte pas les traces visibles. Et, pourtant, elle a préparé le terrain au cas où j'en aurais de besoin. Non, je n'ai pas été entraînée  à tuer, parce que ma matriarche a apprise de ses erreurs. Au contraire, elle m'a aimé assez pour me laisser libre de mes choix, sans m'attacher au devoir que ma lignée avait envers Teiweon. Elle ne m'a pas dit de ne pas suivre cette voie, mais avant de m'entrainer le corp pour tuer pour les dieux, je dois m'endurcir l'esprit pour ne pas sombrer dans la folie familiale. D'où mon coup de coeur pour Valas Talberith, son dogme trouve écho en moi. Ces connaissances, ce savoir, entraîne mon mental. Maintenant que mes bases sont solides, je dois pousser plus loin, m'adapter. On verra de quelle façon La Chimère et le Père des Batailles voudront bien essayer de me forger et ce que ca va donner…

Sous la capuche, un sourire mutin se fait voir.

Le phoenix de notre lignée n'est pas là pour faire joli. C'est un rappel que notre vie d'Iliithyri est une successions de Morts et de Renouveaux successifs.    

L'abri de chasseur est spartiate, comme il se doit. L'âtre central est entouré d'un côté par une très longue table et de l'autre par plusieurs couchettes de bois et de métal robustes, superposées pour pouvoir en caser le plus possible dans la petite pièce aux murs de pierres. Assises sur le sol au plus près des flammes. Les deux femmes se blottirent dans leur manteau. Krish écouta respectueusement le chant religieux en buvant quelques gorgées à sa gourde, pensant à leur précédente discussion. Viconia avait beaucoup parlé ce soir... Et ce sujets qui ne se prêtaient pas facilement à la confidence. Son profile concentré sur la petite fenêtre était bien moins parfait et exotique éclairé par ce petit feu, mais elle avait également l'air moins tendu qu'au palais où dans son rapport avec l'Etude noire. Une idée l'effleura tout à coup et les réponses de la belle l'intriguèrent tout autant. Sacrifiée. Battue. Relevée. Elle n'avait suivit Valas que par... coup de cœur. Avec son sourire de chat, Krish pencha la tête sur le côté.

- Tu sais que c'est presque blasphématoire de parler de ta vocation comme ça. " ronronna-t-elle.

Elle pouvait mettre le doigt dessus. Étant donné la foi sincère que ses actes et ses mots véhiculaient de toute façon, ce serait s'offusquer pour bien peu de chose sur lesquelles elle n'avait aucunement le droit d'interférer.

- Attend juste que les gens se soient habitués à nous avant de change de dieu tutélaire. " sourit-elle encore à la mention du phénix. " Rares sont ceux qui tolèrent que d'autres tracent leur propre chemin au delà des convenances. La jalousie fait des ravages. Là encore, crois moi sur parole. Mon père était Bara à la fin du IXe Cycle et ma mère prêtresse d'Uriz dans l'entourage de l'Obok'Senger du Ve Ost. Tu imagines leur réaction quand j'ai abandonné la voie des armes pour travailler le métal ? " Une phrase posée sur le ton de la conversation. Pourtant, elle ne parlait jamais de ces choses là. La quasi totalité qui étaient assez vieux pour se souvenir qu'elle était la fille de quelqu'un n'en avaient rien à faire. Cela datait beaucoup trop pour impacter d'une quelconque façon et elle n'était pas réputé pour son esprit de famille. Dans son cercle actuel, seul Kahveka devait savoir et comprendre à quel point l'identité de son père avait influé sur sa vie.

Tu sais que c'est presque blasphématoire de parler de ta vocation comme ça. 

au ronronnement de Krish répond le rire de Viconia, détendue.

Ce qui est blasphématoire c'est de suivre une divinité par obligation et non par choix.  Et Valas Talberith aura toujours une place de choix dans mon coeur. Rien ne nous empêche d'aimer plusieurs  dieux. 

- Attend juste que les gens se soient habitués à nous avant de change de dieu tutélaire. Rares sont ceux qui tolèrent que d'autres tracent leur propre chemin au delà des convenances. La jalousie fait des ravages. Là encore, crois moi sur parole. Mon père était Bara à la fin du IXe Cycle et ma mère prêtresse d'Uriz dans l'entourage de l'Obok'Senger du Ve Ost. Tu imagines leur réaction quand j'ai abandonné la voie des armes pour travailler le métal ?

Viconia se l'imagine très bien. La grande silhouette recroquevillée dans son manteau se penche, dans les prunelles vertes se reflète la lueur des flammes, d'une lueur toute singulière.

Il faut croire que j'ai été chanceuse d'avoir la liberté de choisir ma Voie. N'ai crainte, je me cherche, certes, mais je ne me perd pas en chemin. Le Chœur est toujours là et le sera jusqu'à mon dernier souffle. Mais ne t'inquiète pas, les convenances et me conformer à l'image qu'on a de moi, je sais faire jusqu'à ce que ce ne soit plus nécessaire… Dirons nous, pour les deux siècles à venir?

Elle se tait, contemplant les flammes longuement. Un ange passe entre elles deux. Un silence reposant rythmé seulement par la mélodie de Krish. Sans y penser, Viconia bat du pied la cadence des battements de coeur de La Forgeronne, la base de sa Trame. Avec elle, l'arcaniste peut abaisser sa garde. 

Je n'ai jamais connu mon géniteur. Je sais qu'il était un membre du IVe Ost, celui perdu… Mais c'est tout. Je n'y ai jamais accordé d'importance remarque… Je ne vois pas pourquoi ça en aurait… Mais je parle de moi encore et encore… Tu en sais plus aujourd'hui que Lolri même

Viconia a un autre rire léger sous sa capuche. Avec les contrastes dû au feu, il est impossible de décrypter le visage.

…J'imagine très bien, pourtant il auraient dû être fiers. Il n'y a pas de grand guerrier sans grande arme. Comme il n'y a pas de victoire sans guerrier vivant...  J'entends que tes parents s'attendaient à l'excellence dans un tout autre domaine... Que diraient ils te voir aujourd'hui? Comment as tu vécu Tes Epreuves?

Il y a un moment ou Viconia brûle de demander si Krish a connu Elthiriel, jeune, mais elle se retient. Parfois, à trop savoir, on en a plus que ce qu'on demande. Elle préfère se remémorer son aïeule sur son piédestal que de la voir dégringoler.  

Un géniteur dans le IVe ost... Noms des dieux... Si c'était un des Trente-Sept encore vivant ce serait d'un cocasse ! Elle regarda plus attentivement encore le profil de la jeune femme. Vue la taille de la prêtresse, la première idée qui venait était forcément Gorhur. Il n'y avait pas plus grand que lui au IVe ost et sa fille -  morte pendant la chute de son Ost - n'avait pas grand chose à lui envié de ce côté. Du temps où le Sreea Jabuk avait encore un nez, elle l'imaginait assez bien avec une forme similaire à celui de Viconia et la forme de l’œil droit collait assez élégamment. Elle du pincer les lèvres pour ne pas éclater de rire et faillit s'étrangler lorsqu'elle imagina le colosse défiguré en papa poule. Il ne manquait plus que d'imaginer Eshk'Oroth en figure paternelle faisant semblant de ne pas être là ou Jallys fuyant Viconia à toute jambes pour ne pas avoir la reconnaitre...

Elle tentait tant bien que mal de suivre les paroles de la jeune femme et de cacher son sourire, mais s'en était trop. Même en se mordant la joue, la bouille crispée de Krish était criante de vérité.

- J'entends que tes parents s'attendaient à l'excellence dans un tout autre domaine... Que diraient ils te voir aujourd'hui? Comment as tu vécu Tes Epreuves?
- Hein ? Euh... J'y ai jamais pensé. Je m'en moque. " Elle tordit le nez pour éviter de sourire de toutes ses dents. " Je n'ai pas eu de réelle conversation avec eux depuis plus de sept siècles. Leur avis n'a pas plus d'importance que celui du tenancier de la lanterne noire ! Et pour mes épreuves... " Elle prit une nouvelle gorgée de sa gourde en plongeant les yeux dans les flammes, gloussant derechef. " Je m'en suis créé beaucoup. Depuis ma toute première visite aux forges de lave, je n'ai plus jamais supporter qu'on me dicte ma conduite. Et ça remonte à mon 90e anniversaire. Ma mère voulait me faire faire une lame à la mesure de l'avenir qui m'était destiné. "

Interdite, Viconia regarde Krish sourire, fronçant les sourcils, l'arcaniste sent que ce n'est pas bien méchant, mais ca la rend perplexe.

Je vais faire ca tiens… Ne plus laisser personne me dicter ma conduite. Bon conseil.

Le sang lui monte aux joues, un sourire mauvais, indescriptible traverse fugacement le fier visage caché sous le rebord de son manteau. Une lueur verte commence à poindre en fine ligne sur l'horizon. Ca fait tant de temps qu'elles parlent?

Mais je crois qu'il est l'heure. Nous devrions nous mettre en route.

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C'est donc relativement bien installées au sommet du Vatna que Viconia assiste à son premier lever de soleil.

Le vert se teinte d'émeraude, puis de jaune et d'orangé. Avant que l'écarlate n'envahisse les cieux, reflété par les nuages du matin. Puis, L'Astre d'Uriz apparait, avec ses rayons lumineux, apportant chaleur et douleur. L'iris de Viconia se contracte, la lumière traverse et heure sa rétine, lui causant milles douleurs, milles tourments. Mais la richesse des teintes qui se dévoilent à l'enchanteresse valent bien ce calvaire. Les larmes ruissellent le longs de ses joues d'ébène, les prunelles se réduisent à deux minces fentes d'émeraude incandescent. Pourtant elle ne baisse pas les yeux, tend plutôt le visage, repoussant sa capuche et dénouant ses longs cheveux pour offrir sa chair à la morsure du froid et à la caresse ténue du soleil un léger sourire d'émerveillement visible entre les rigoles de larmes lui coulant des joues, causées par la lumière du jour naissant.