[Etat-Major] Quand un nom ancien se dépoussière | Triumvir

Barkios 12:XI
Etat-Major

Tel un cœur de pierre, l'Etat-Major drow pulse au rythme de son activité, du pas des gardes sur le qui-vive aux esclaves empressés, en passant par le grattement régulier de la plume de l'un de ses triumvirs. Curieuse vision, dans les profondeurs du lieu où avait péri, quelques années auparavant, Malag', dans un le déversement de ses fluides, que celle d'un grand drow, davantage habitué à l'activité "en plein air" du Temple de Zhak'Bar, plutôt qu'aux tâches administratives. Seulement vêtus d'une armure de cuir, il n'en était pas moins bel et bien-la, penché sur un papier, parmi la multitude qui attendait l'attention et l'approbation du moindre triumvir. Un esclave humain, rendu muet faute de langue, s'occupait de gérer les piles de feuilles, par de discrets mouvements fébriles.

Face à l'ampleur de cette tâche éternelle, l'enthousiasme coutumier du Gobelin avait laissé la place à un faciès fermé, concentré. Ses mires sanguines parcoururent un compte-rendu sur les progressions des nouvelles forces drows... Avant que des coups à la porte ne se fasse entendre. Une injonction plus tard, et un sombre maniéré se présenta, s'inclinant profondément, afin d'annoncer une venue. Les voilà... D'un grondement il le renvoya, de même que l'esclave muet. De la compagnie. Et pas n'importe laquelle... Cependant, les spécificités de la missive qui lui avait été envoyée, annonçant cette visite, le rendaient méfiant. Ainsi, il accueilli son invité débout.

"Mes hommages, Triumvir Urgoll'Ven... fit-une voix profonde. Les Deäl'Honn vous saluent, et vous remercie d'avoir accepté notre demande d'entrevue."

En un autre lieu, en une autre compagnie, le Gris eut pu apprécier le frisson que fit naître sur ses épaules larges ce timbre de velours, on ne peut plus femelle, tandis que sa détentrice, retirant sa cape, dévoilait le charme de son physique. Cependant, ils se trouvaient au sein de l'Etat-Major et son invitée était une Prima Sanguis. Sous les mires de l'ancien drow, une sombre voluptueuse détaillait le bureau du triumvir d'un air intéressé, son visage en forme de cœur aux mires d'un rouge carmin, encadré par une crinière blanche et chatoyante, se faisant amusé alors que son regard revenait vers lui. L'ombre d'un rictus à la bouche, le triumvir se plia aux convenances... A sa façon.

"Salutations Solenre Deäl’Honn... souffla-t-il d'une voix sombre. Votre missive se voulait urgente et promettait des informations d'une grande importance pour le Puy... Qu'en est-il ?"

Devant cette absence de subtilité, le regard de la Prima se fit acéré... Avant qu'elle ne semble se raviser, soupirant délicatement tout en avançant tranquillement vers le sombre. Ses mains s'avancèrent vers le bureau encombré, auquel un bras, massif, lui barra bientôt l'accès.

"Vous n'êtes pas chez vous, Deäl’Honn... gronda-t-il, comme avertissement.
- Les petites formules de mes aînés n'auront de cesse de me lasser. Dit-elle après un temps, comme se rappelant qu'il lui avait posé une question. Il est bien plus simple d'aller au cœur du sujet, plutôt que de faire moult détours...
- En ce cas, parlez."

Face au regard que Solenre lui lança, les mires sanguines du Gobelin s'étrécirent. Pour les Prima Sanguis, il n'avait guère de haute estime : d'antiques lignées aux faits d'armes passées, qui réclamaient la puissance comme un dû du à leur sang, pour un rejeton de élevé par les prêtresses de Natha, cela n'avait guère d'attrait que d'être ridicule. Sans oublier ses antécédents au sein du C'nros, et les conséquences de la mort "tragique" d'un Prima dont l'avis, sur leur efficacité, lui avait déplu... Urgoll'Ven ne les gardait pas près de sa Flamme, et qu'une lignée lui envoie l'une de ses belles pousses à coup de missive mensongère n'était pas pour lui plaire. C'en était ridicule. L'un de ses crocs apparut sous l'effet de l'agacement, alors qu'il baissait la tête vers la sombre... Son effluve trouvant son chemin dans sa respiration. Elle joue de tout.

"Vitale, la nouvelle ne l'est peut-être pas, mais... J'ai la une proposition à vous faire, que vous ne pourrez refuser. Ses lèvres pleines s'étirèrent. A vrai dire, je ne vois pas comment vous pourriez refuser.
- Vous me faites perdre mon temps.
- Au contraire, je le rattrape."

Une main élégante se porta vers son visage. Aussitôt, son battoir se referma sur le poignet fin. La daedhel ne frémit pas, lui rendant son regard sans faillir, son sourire se faisant même plus franc. La sentant lui résister, le Gobelin se surprit à sourire à son tour. Malgré leur armure légère respective, ils étaient bien trop proches l'un de l'autre pour qu'il ne perçoivent pas les formes d'une musculature marqué sur son bras, jusqu'à son épaule nue, ni le multitude de fines citatrices qui lui parcouraient l'épiderme. Lame. Guerrière.

Brusquement, la drow contracta son bras et se suspendit à la poigne du géant, tout en nouant ses jambes autour de son bassin. Soudainement en déséquilibre, le Gobelin contracta son dos... Tandis qu'une main venait se glisser presque tendrement dans sa nuque. Leur air enjoué respectif se répondait l'un l'autre, alors que Solenre riait.

"Bonne musculature mon cher ! lui susurra-t-elle. Je crois que je ne me contenterai pas du rôle de messagère." Disant cela, elle lui décerna un magistrale coup de tête.

◘ ◘ ◘ ◘ ◘

Si les portes massives du bureau offrait une certaine tranquillité au triumvir s'y trouvant, elles finirent par ne plus pouvoir retenir un concert de fracas et de grondement. Qu'un garde tente d'entrer et, non seulement une dague se planta dans le battant, mais la voix d'Urgoll'Ven lui tonna de sortir immédiatement, ce que le sombre discipliné fit... Tandis que les éclats de voix - et un rire ! - allaient crescendo. Puis ce fut à nouveau un fracas de meubles renversés.

Quand, par une autorité suprême, les portes furent finalement ouverte, ce fut pour révéler un spectacle magistrale : les feuilles avaient volé, les chaises renversées, et sur le bureau, la Prima, au torse à moitié dénudé, se cambrait tout contre le Géant avec un soupir, alors qu'il l'étreignait avec violence.

"Ah... Tu vois... L'idée ne te semble pas si déplaisante...
- Maudite..."

Avec un grognement de rage rauque, le Gris relâcha son étreinte pour mieux la repousser brutalement. Riante, la garce fit une roulade arrière et se réceptionna sans mal, pour se se relever avec fluidité, son épaule nue arborant une morsure nette et rouge, tandis qu'un sein exposé, à la grande auréole sombre et humide, pointait avec arrogance. De son côté, Urgoll'Ven se redressait, le cuir le couvrant lacéré en plusieurs endroit sur son torse, d'où coulait de minces rigoles de sang, le visage métamorphosé en un masque de rage et de frustration.

Viconia marche dans le corridor de L'Etat Major, ou plutôt elle danse. Quelques petits pas guillerets qu'elle se permet d'exprimer. Des bleus, des bosses et des plaies, telles sont les résultats de son cours privé avec Kahvekah la veille. Avec ses séances d'entrainement quasi quotidiennes contre Lolri et divers précepteurs, Viconia sent ses capacités s'affiner, une confiance en soi nouvelle qui n'a rien à voir avec un quelconque changement de foi. Tant de défis simultanés sont difficiles, mais elle y arrivera. Elle le doit.

Pour arriver dans son bureau, Viconia doit d'abord passer devant celui d'Urgoll. Aussi quand elle s'approche l'arcaniste voit deux gardes bien désemparés ainsi qu'une belle cacophonie.

Par La Flamme et La Chimère! Que se passe t'il ici?

Une brève explication et Viconia s'inquiète. Il est bien capable de se faire assassiner en cet instant précis ce lourdaud et il trouverait encore le moyen d'en rire. Le fracas de meubles renversés se fait entendre, décidant la triumvir à intervenir.

Ouvrant la porte, Viconia les trouve t'elle en… Heu… Elle ne savait pas qu'on pouvait amener du plaisir à l'Etat Major. La désinvolture du Haut-Prêtre la saisit. Tandis qu'une pointe de jalousie lui étreint le coeur. Empoignant la dague fichée dans le cadre de porte, Viconia fait un pas à l'intérieur, refermant derrière elle. Le capharnaüm de la pièce ne lui plait pas. De fausses informations ont pu être facilement glissées, des informations vitales peuvent être facilement volées dans cette situation. Ils ne l'ont pas encore vue manifestement.

Ah... Tu vois... L'idée ne te semble pas si déplaisante...
- Maudite…

Viconia penche la tête de côté, attentive à la mélodie d'Urgoll. A vrai dire elle est un peu décue, mais bon, il reste une bête après tout. Elle laisse les deux se séparer. L'oeil d'émeraude rougeoyant se pose sur la poitrine du colosse d'où suinte des rigoles de sang. Et la mirette pâlit sensiblement. 

Les deux futurs ou amants, parce que l'histoire est floue un peu, Viconia ne sait pas trop si il l'a sautée ou non. peuvent voir la grande Drow en robe diaphane des prêtres de Valas couvrir son corp sculptural. Des bracelets finement ouvragés courent le long de ses bras, faisant protection, rendant presque invisible les traces de L'enseignement de Kahvekah. Sur sa cuisse nue, le fourreau où repose sagement Meurtrière. La crinière de neige cours librement dans son dos aujourd'hui, sans artifices. Une jugulaire marque la fine griffure d'une lame, mais savamment cachée. Non pas que Viconia a honte de ses cicatrices, mais elle ne veut pas que les rumeurs concernant son apprentissage s'envolent. Que ses adversaires la pense sans défense. Nulle trace d'agressivité dans cette physionomie. Urgoll'Ven par contre, depuis qu'il la connait, peut se douter qu'elle est de fort mauvaise humeur. Mais, à son habitude, l'enchanteresse ne laisse rien paraitre de ce qui peut ramper en ce moment dans la bourbe de sa psychée. 

Un sourire tout ce qu'il y a de plus franc s'épanouit sur le visage de la jeune triumvir tandis qu'elle détaille sa rivale en une fraction de seconde, le menton haut et fier. 

Le sein à l'air. L'épaule mordue. Ce sont des détails. Une guerrière, une prima sanguis… Une dégénérée de Deäl’Honn… C'est facilement visible. Ce n'est pas pour rien que les X'Ianxin se sont dissociés des Hune 'Baenre…

Pensée:

Le pied nu s'avance doucement vers la femelle que Viconia regarde dans les yeux. Dans sa main gauche, la dague ramassée dans la porte, la droite se porte en salut Eldéen.


Solere Deäl’Honn! Quel plaisir de voir votre noble lignée entre ces murs. Désolée de vous interrompre, vraiment dans cette si mouvementée réunion… Je me demandais simplement qui profitait des délicatesses du triumvir Urgoll… D'ailleurs...

Viconia lui tourne intentionnellement le dos et va voir son mâle, auquel elle tend sa dague. Les yeux verts pommes de la femelle sont inédits. Si il aime les salopes en armure, libre à lui. On s'amuse comme on veut. Par contre, elle n'aime pas ces marques. Et si elle l'a empoisonné? Ce con est bien capable de s'en faire un plaisir quand même. Et s,ils e fait empoisonner, bien qu'il crève dedans! 

Avec une science étudiée, elle s'approche du gobelin à qui elle tend la dague.

Puis se tourne de moitié cers leur invitée… Non, elle ne laissera pas Urgoll seul avec cette vipère. Et sauvage… Mais tant qu'à y être, pourquoi ne pas pousser le bouchon. Viconia, d'un geste familier, se juche sur le bureau, dévoilant une jambe parfaite. Un sourire en coin, charmeur, tandis que les yeux aux couleurs pâles se plongent directement dans le carmin de la guerrière, Viconia s'accordant sur la mélodie de la femelle, l'analysant sans vergogne, sensible aux moindre variations de ton ou de temps d'un regard de velours vert suggestif. 

Qu'y a t'il à fêter qui vaille la peine de tant de débordement? Je veux bien participer moi aussi. Il faut bien traiter nos invités non?

L'Enchanteresse est un genre très différent de la  Deäl’Honn. C'est la première fois qu'elle doit concurrencer une femelle si différente. Personne ne la pense dangereuse l'Arcaniste. Pourtant, si ils savaient. Marquant une confiance apparente au Haut-Prêtre de Zhak'Bar qu'elle sait factice, l'enchanteresse agit comme tel. L'odeur exotique de Viconia qu'Urgoll a flairé aux bains se pare aujourd'hui d'un ajout… plus piquant, indéfinissable. Elle ne met pas de parfum, c'est son odeur corporelle qu'il sent. L'arcaniste ne change pas pour le grand Gobelin, mais s'adapte à son environnement, à sa charge... Elle est maintenant l'arme autant du Feu d'Uriz que de Valas. Le coeur battant régulièrement, en pleine possession de ses moyen. Si Urgoll veut se taper la pétasse en armure, il devra soit ajouter sa comparse tirumvir aux festivités, soit reporter sa démonstration de virilité à plus tard.

Viconia n'a pas confiance en la Primas. Garde tes amis près et tes ennemis encore plus près. Ca ne l'empêchera pas de prendre son plaisir remarque. S'il est offert.

Ses lipes crispées sur ses crocs en un rictus animal, le Gobelin dédaigne la dague que lui tend la X'Ianxin, de même qu'il évite de la regarder, ou du moins, ailleurs que son visage. Et elle maintenant... Frémissant, le sombre se relève malgré les moults tiraillements de sa chair entaillée. De son côté, Solenre le couvait avec un regard amusé, avant de détailler la nouvelle venue avec dédain. Cependant, cela ne l'empêcha pas d'arborer une mine aussi sympathique qu'un serpent alors qu'elle lui répondait.

"Mes salutations, Triumvir Viconia... X'Ianxin sussura-t-elle. Vous me voyez charmée de vous voir ainsi disposée à mon égard. Car oui, il est une nouvelle qu'il serait bon de fêter comme il se doit."

Elle adressa un sourire chafouin à Urgoll'Ven, qui se leva, tâchant de se focaliser sur le visage arrogant de la sombre, et en aucun cas sur sa chair exposée, et encore moins sur celle de la X'Ianxin, qui se laissait admirer sur son bureau. Maudites femelles. Son regard obscuri de fureur, son faciès défiguré par un rictus, la raideur de sa posture... Le Gris n'était visiblement pas dans un bon jour. Les poings contractés, il s'avança au devant de la Prima, sans que celle-ci ne bouge ni ne frémisse... A l'exception de son sourire qui se fit plus grand et agicheur.

"Messagère Deäl’Honn. Votre devoir a été rempli, vous devriez partir. dit-il d'une voix basse et vibrante.
- Comment pourrait-il l'être... Alors que vous refusez visiblement d'entendre cette vérité ?
- Elle serait bien trop arrangeante pour les vôtres."

Un claquement se fit entendre, et Urgoll'Ven cligna des yeux de surprise. La sombre, d'une tête moins grande, venait de le gifler, ses mires de grenat chatoyants de contrariété... Avant de s'éclaircir brusquement d'amusement. Ses lèvres pleines chuchotèrent quelques mots, qui firent rugir le Géant, dont le battoir empoigna la crinière blanche avec violence, lui tordant le cou. Se cambrant avec un hoquet, elle lui planta dans le biceps la dague qui lui restait , avec laquelle elle l'avait lacéré tantôt - en plus de celle récupérée par Viconia -. Qui l'a fouillée !? Une question qui fut bien vite mise de côté, à la faveur de la lame de douleur qui le transperça. Serrant les dents, il la relâcha et fit un pas en arrière... Et la garce en profita pour le repouser encore d'un coup de pied. Le Gobelin ne voyait que ses yeux, grenat, qui riaient. Elle joue.

"Voyez-vous, cher Triumvir, ce que votre confrère refuse d'entendre...
- Cela ne la regarde EN RIEN. Tonna-t-il en saisissant une chaise renversée de son bras valide, furieux, pour la lui jeter. Elle fit un pas en arrière et grogna sous le choc, mais continua avec davantage de malice, alors qu'il s'avançait à nouveau...
-... Il ne veut vraiment pas, alors que c'est si simple...
- Allez-vous vous TAIRE ?
-... Son sang et celui des Deäl’Honn. Il est un enfant Prima."

Un peu de sang gicla alors qu'il arrachait la fine lame à sa chair, pour mieux la jeter dans le décors. L'envie de faire ravaler à la Deäl’Honn son air satisfait lui tordait les entrailles. Manipulateurs.

Quittant la salle du conseil où ils s'étaient mis d'accord pour travailler de concert, Krish s'étira. Bien. Les Hune'Baenre et les Zauhrel étaient définitivement en froid. Le IIe Ost était rentré dans le rang et les missions dans les seigneuries morcelées se déroulaient comme sur des roulettes. Des journées qui se passaient aussi bien que celle là, elle en voulait plus souvent !

S'étirant avec sa souplesse féline habituelle, elle salua leurs quelques conseillers et laissa ses pieds nus trottiner le long des couloirs vers l'aile où les Triumvirs s'étaient vu attribuer des appartement. Elle allait seulement chercher quelques affaires avant de rentrer pour une soirée bien mérité aux Lanternes Bleues. La routine l'ennuyait vite, mais pour l'instant elle était nécessaire à leurs projets et la Purge l'avait pour ainsi dire détendue sur bien des point. Bientôt, elle trouverait un nouveau Wyk auquel elle pourrait refourguer tout le salle boulot, mais en attendant, elle vivait chaque jour comme l'occasion de déplacer ses pions sur un immense plan de bataille. L'odeur du Puy était plus satisfaisante que jamais. Les prières et les chants de guerre se mêlaient, rythmant les heures de leur journée souterraine au gré de chaque divinité. Ce n'était plus un simple espoir. Peu à peu, les eldéens redevenaient grands.

Tien. Elle se paierait peut-être même le luxe de prévenir Viconia à propos des Hune'Baenre... et de proposer à Urgoll une chasse à la surface pour fêter la mise en place de la Génération d'Affranchi.

Elle passait au croisement du couloir menant aux appartements des différents Triumvirs quand un fracas se fit entendre... Une combat ? Un garde posté là eut un temps d'arrêt. Ils échangèrent un bref regard et partirent en courant vers l'origine du bruit.

Dans son sarouel rouge et sa brassière de cuir, Krish arriva devant l’attroupement de gardes circonspects devant la porte entrouverte. Des exclamations. Des voix grinçantes. A leurs têtes, il était facile de comprendre qu'aucun d'eux ne savait vraiment ce qui se passait... Et donc qu'ils avaient du être ramarrés sans que cela n’apaisent les craintes liées à leur devoir.

- Retournez à vos postes. " gronda-t-elle a l'intention des soldats.
Elle avança sans crainte vers la porte entrebâillée où n'apparaissait que la jambe de Viconia et l'ouvrit d'un geste ample.

Un éclat pâle. Une tâche rouge.

Elle bougea instinctivement à une vitesse quasi-surnaturelle, et se retrouva avec la main serrées sur la lame d'une dague à un souffle de son visage. Le fil aiguisé lui entamait la paume, mais ce n'était pas son sang qui en empoissait la pointe... Sans desserrer la main, elle descendit légèrement l'arme et constata les dégât de la pièce et eux des vêtements de... Un air incrédule passa rapidement sur son visage. " Eshka... " Elle réprima un léger rire tout en détaillant avec la plus grande finesse le visage et la silhouette de cette apparition. " C'est fou comme tu peux ressembler à une vieille connaissance. " C'était stupide. ça ne pouvait pas être elle. Elle aurait été beaucoup moins... vivante pour commencé.

Puis sa main lui rappela qu'elle avait quelque chose de douloureux entre les doigts... et qu'elle avait failli y passer. Elle leva donc un sourcil un peu moins amusé à l'intention de ses deux collègues.

- Moi aussi je peux détruire le mobilier ? "

[justify]Mes salutations, Triumvir Viconia... X'Ianxin sussura-t-elle. Vous me voyez charmée de vous voir ainsi disposée à mon égard. Car oui, il est une nouvelle qu'il serait bon de fêter comme il se doit."

La seule façon que je suis disposée à ton égard est de voir tes tripes éparpillées dans ce bureau. Pense l'arcaniste

Viconia lui retourne le même regard venimeux. Ni l'une ni l'autre ne sont dupes. Cette bande de dégénérés. Elle ne peut pas regarder Urgoll qui se redresse, raide, Viconia ne peut pas voir le rictus de son faciès. Mais la mélodie du grand Gobelin couvre presque celle de la Primas, l'illusionniste doit faire un effort pour ne pas la perdre. Elle laisse Urgoll s'avancer au delà de la Dégénérée… De toute façon, elle ne se mettrait pas en travers de sa route quand il est en mode pré démolition. Par contre, Viconia descend du bureau, la dague de la guerrière en main toujours. L'attention toujours posée sur Solere qui ne bouge ni ne frémit.

"Messagère Deäl’Honn. Votre devoir a été rempli, vous devriez partir. dit-il d'une voix basse et vibrante.
- Comment pourrait-il l'être... Alors que vous refusez visiblement d'entendre cette vérité ?
- Elle serait bien trop arrangeante pour les vôtres."

Dans l'ombre d'Urgoll, Viconia triture sa mèche innocemment… Se prépare, elle sent venir le sang. Pour s'immobiliser et se raidir quand la gifle claque. De vert pomme, ses mires se parent des teintes des brumes irlandaises. Sa crinière se hérisse tandis qu'elle passe complètement dans l'ombre du colosse. Les deux l'ont oubliée manifestement. Mais cette garce… Avec satisfaction voit elle Urgoll lui tirer la crinière, dévoiler la jugulaire… Allez mon grand, on l'égorge et on n'en parle plus ensuite..

C'est la dague qui est de trop. Vraiment de trop. Elle ose… Faisant un autre pas de côté, la danseuse voit le grand colosse reculer, ce qui est déjà inédit en elle en tant que tel. Urgoll reculer? ? Les yeux pâles se plissent

"Voyez-vous, cher Triumvir, ce que votre confrère refuse d'entendre...
- Cela ne la regarde EN RIEN.

Et Urgoll de continuer à faire diversion en balançant une chaise et de remonter à l'attaque. C'est comme si elle n'était plus dans la pièce. Viconia se sert de cet avantage pour se placer convenablement. Qui la suspecterait, elle, frêle petite danseuse sans défense?

-... Il ne veut vraiment pas, alors que c'est si simple...
- Allez-vous vous TAIRE ?
-... Son sang et celui des Deäl’Honn. Il est un enfant Prima."


Parfois, il y a des grâces rendues par les dieux. Solenre est sauvée aujourd'hui par le Feu d'Uriz.  Tandis qu'elle cause…

Eshka… C'est fou comme tu peux ressembler à une vieille connaissance. " 

Solenre n'a pas le temps de rajouter quoi que ce soit, avec hargne, Viconia fout le bordel dans sa partition, arrachant des notes avec vigueur, déplaçant son centre de gravité et lui foutant un de ces tournis. La dague de la Deäl’Honn que Viconia a en sa possession s'abat, visant la jugulaire d'un geste précis, pour tuer. Personne n'avait sûrement anticipé cette attaque mortelle.

Elle a osé blesser Urgoll. S'il ne la tue pas, Viconia le fera.

La voix du Feu d'Uriz ne l'atteint pas, car son esprit se focalise sur une chose. Magie. En un bref instant, les mires sanguilles vrillent et voient la lame de la X'Ianxin, alors que la Deäl’Honn vacille sous l'assaut de l'énergie arcanique. Le Gris ne sait ce que l'illusionniste a fait précisément, ce qu'il sait, c'est qu'elle s'en est mêlée. Avec de la magie. Imbécile. L'odeur de son sang, celle de la guerrière, celle de l'illusionniste... Sans le savoir, Viconia vient de lui donner les clés pour retrouver un peu de son contrôle, car sa rage se tourne alors vers elle.

Se précipitant, il la retient à bras le corps, l'empêchant de se jeter sur la Prima qui vacille. Aussitôt qu'il a stoppé son attaque, il recule de deux pas, la tenant avec violence tout contre lui, l'un de ses bras massifs lui enserrant la cage thoracique et l'autre se plaquant contre sa gorge. Le bras armé qui a manqué égorgé Solenre demeure libre, et le sombre ne cherche pas à changer ce fait, concentré sur la pression à appliquer pour géner sa respiration sans lui écraser définitivement la trachée.

"Sombre imbécile... grogne-t-il, la voix rauque de pulsions contenues. On ne répond pas... A une épreuve de force... Par de la magie."

L'ancien mage du C'nros le sait bien, pour avoir cotoyé les militaires. Cela est d'autant plus vrai qu'il est l'un des triumvir dont l'expérience est mise à partie pour traiter avec les militaires. Les asservir par sa puissance arcanique ne sert qu'à les monter contre lui, là où accepter de recevoir des coups et d'en donner lui permet d'acquérir un peu de leur respect. Nier l'expérience accumulée sur le champ de bataille par un tour de poignet est une erreur stratégique grossière.

Tandis que le Gris maintient l'illusionniste, il supporte la caresse de sa crinière aux innombrables boucles, subit la pression sur son bras de ses charmes, tandis que ses courbes se tordent dans son étreinte. Son odorat sensible est saturé d'un parfum capiteux. Ses yeux se plissent alors que ses lippes frémissent. Maudite... Femelle. Une présence. Sans bouger, relevant seulement les yeux, il constate la présence de Krish.

"Feu d'Uriz." gronde-t-il d'une voix blanche.

Quelques pas devant lui, libérée de l'emprise arcanique, la Deäl’Honn se relève avec une moue contrariée, ses mires assassines fixant un instant la X'Ianxin... Avant de se tourner vers Krish, qu'elle accueille d'un rire éclatant.

"Eh bien ! Si j'avais su que j'aurais l'honneur de cotoyer le triumvirat au complet... Je me serai préparée comme il se doit."

Disant cela, elle lança un regard suggestif au Gobelin... Qui n'en avait présentement plus rien à faire.

HRP:

Krish avait tenté d'assouplir son agacement par l'humour, mais elle était tout simplement atterrée par ce qu'elle voyait. Et comme si cela ne suffisait pas, en plus d'avoir manqué son visage de peu, ils ne faisaient pas le moindre cas de sa présence. Rien qu'un modeste salut distrait de la part du colosse qui venait d'éviter la mort de cette visiteuse dont elle savait la nature à défaut d'en savoir le nom.

D'un rire jaune, le visage de l'Al'Serat se changea en un masque de fureur contenu lorsque cette dernière se permis de les considérer ouvertement avec dérision. Son regard se posa sur la Prima Sanguis et avec lui pesa tout le poids que la triumvir portait sur ses épaules au même titre que les deux marioles qui faisaient leur démonstration de babouin débiles : la puissance de l'Elda tout entier. Ce pouvoir qui avait engendré la mort d'un Karliik Glenn de légende, provoqué une Purge et exigé de tous les propriétaires qu'ils relâchent leurs jeunes esclaves sans qu'une seule main ne tente de s'y opposer officiellement... Ou de façon si fugace.

- A genoux. " laissa-t-elle tomber d'une voix sombre. La Prima frémis, mais son genou ne plia pas immédiatement. Elle plissa légèrement les yeux pour jauger celle qui lui parlait,  son cœur balançant surement entre soumission et rebuffade. Les Primas étaient connus pour aduler Teiweon encore plus qu'ils n’adoraient Uriz. Cela n'enlevait rien à leur ferveur, mais leur égo était parfois hypertrophié. Celle-ci l'apprit à ses dépend. Son hésitation n'avait durée qu'un instant. Juste le temps de ciller. Ces jolies iris qui se permettaient de regarder en face une femme qui lui était supérieure par l'âge et le titre autant que par les faits n'eurent pas l'occasion de revenir détailler leur cible.

La dague que Krish tenait fermement dans la main trouva son chemin directement vers la prima qui poussa un bref cri et tomba à genou avant de pouvoir contenir la douleur. D'un seul mouvement puissant, le couteau avait transpercé sa botte, sa chair, ses tendons, écarté ses os, déchirer sa semelle, et s'était profondément fiché dans le débris de bois sur lequel elle marchait avec suffisance.

- Si les Deäl’Honn ne savent plus ce qu'est le respect. Je saurai le leur rappeler. " Elle avança au milieu de la salle, la main couverte de son sang mêlé à celui du Haut Prêtre. Durant les précédent moi, bien des rumeurs avaient courues sur chacun des membres du Triumvirat. L'une de celle qui était le plus tenace à propos du Maître des Repentis, c'est qu'elle ne prenait jamais la peine de prévenir deux fois. " Relève toi. Debout. " Elle attendit que la femme s'exécute pour finir. " Tu diras aux tiens qu'ils seront convoqués pour parler de toute cette histoire. En attendant vous n'aurez plus le droit de passage dans la Chambre Magmatique, et je me fous que certains d'entre-vous servent au Haut-Temple. Bien sûr, tu n'enlèveras cette lame qu'une fois que tu auras quitté notre État Major. Sors d'ici. " Elle laissa la femme sortir en clopinant, le sang commençant déjà à suinter sur le bois qu'elle trainait à chaque pas, et lui rappela au besoin qu'il était de bon ton de saluer un supérieur avant de partir pour exécuter un ordre. Elle n'avait pas levé la voix. Pas un instant. Et mis à part son attaque fulgurante, chaque geste avait été d'une sérénité effroyable.

Si les deux autres s'avisaient de l'interrompre avant que la Prima ne soit partie et la porte doucement refermée, elle lèverait la main en un geste non équivoque et si cela ne suffisait pas, sa voix se ferait le plus dur des avertissement. Ils parleraient une fois seuls.

Et seuls ils l'étaient à présent.

Lâchant doucement la poignée de la porte du bureau, laissant le visage circonspect du dernier garde en faction derrière le battant, elle se tourna vers les deux autres triumvirs. L'un était en armure de cuir débraillée, tailladé au milieux des débris. L'autre pomponnée comme au jour ou elle s'était faite tronchée pour la première fois. Elle posa son regard sur eux...

... Et ne prononça pas le moindre mot.

Elle 
va
la 
tuer!

L'insulte du Haut-Prêtre lui passe comme on dirait au dessus de la tête. Elle pourrait apprécier ce contact qui la heurte et l'enserre, mais l'arcaniste n'en a cure en cet instant précis. Elle veut la peau de cette garce qui a osé toucher l'un des triumvirs.

Feu d'Uriz.

D'une voix blanche. Ca a le mérite, par contre, de la calmer instantanément. Oh putain… Elle n'aurait pas pu plus mal, ou mieux tomber. Pourquoi c'est toujours dans des situations de ce genre qu'elle apparait? La dague de Solenre tombe au sol. une main fine se lève jusqu'à son cou. Tiens, Viconia ne s'était pas aperçue de la force qu'il a mis pour la maitriser. Elle ne peut pas parler, aussi se contente t'elle de donner quelques tapes légères pour lui signifier que tout est correct, il n'y a plus de danger. Immobile assiste t'elle à la démonstration de force de sa Reine. 

En d'autres circonstances, la jeune femelle aurait adoré ce contact. Mais pas aujourd'hui, pas dans ces conditions. Aussi attend t'elle impatiemment qu'il la libère. C'est gênant, très gênant. Ce bordel monstre, Urgoll blessé, des feuilles partout, du sang. 

Aussitôt que La Prima quitte et que le grand mâle la libère de l'emprise de son corp chaud, Viconia pose genou en terre, en envoyant la lame glisser très loin d'elle. Meurtrière sort de son fourreau et suit le même chemin. La X'Ianxin est une loyale et dévouée suivante du Feu D'Uriz et de La Chimère. Aussi se laisse t'elle complètement sans défense face à Krish. La jolie tête s'incline vers le sol, les rideaux blancs de ses cheveux s'éparpillant au sol comme autant de rivières de neige.

Et elle ne pipe mot, ne cherche à se défendre. Quelle ferme sa grande gueule est digne de mention en soi.

La "démonstration" d'autorité du Feu d'Uriz rappela à l'ordre le Gobelin. La disparition misérable de la Prima avait réduit drastiquement la tension du sombre, qui relâcha la X'Ianxin. Son souffle s'apaisant, il se tourna vers Krish et mit un genoux à terre, aussi naturellement qu'il lui était de respirer. Car il est son Foudre de Guerre, et je suis son serviteur. Lui vint en bouche un goût de cendres, à l'idée qu'il n'avait guère été digne de son titre. Face à cette Prima. La tête penchée, ses lippes se crispèrent, alors que la violence tentait de prendre à nouveau racine dans ses entrailles. Pourquoi ? Les manipulations des Deäl’Honn l'avaient fait sorti de ses gongs bien trop aisément, portées par une sombre... Ses mâchoires se crispèrent derechef. Suffit.

Ses lacérations et la plaie de son bras le lançaient, sans qu'il ne lâche un son. Sa respiration à nouveau profonde et ample, sa nuque offerte comme l'oméga d'une meute, le Gobelin attend.

Alors là était le véritable problème... N'y avait-il eu qu'elle pour en être dupe ?

Krish croisa doucement les bras, les doigts raidis sur ses avant-bras, la respiration aussi lente et mesurée que possible dans un espoir désespérer de ne pas laisser sortir la colère qui la dévorait littéralement. Sa colère amplifiée par la Sienne lui faisait physiquement mal. Une douleur pulsant jusqu'à ses extrémités à chaque battement de cœur.

Ils n'avaient jamais été sur un pied d'égalité.

Par ce fait même, ils ne formaient pas un Triumvirat.

Et ne pouvant former un Triumvirat, ces deux là ne se comportaient pas en Triumvirs.

Elle n'avait vu que leur potentiel et leurs qualités. Force. Volonté. Ruse. Expérience. Mais elle avait occulter la gangue de terreau moisi qui enrobait le filon d'or pur. Elle n'avait pas pris la mesure d'une simple petite chose : elle n'avait pas le temps de forger ces deux caractères à la chaleur d'Uriz et de s'occuper du Puy en même temps. La Forgelâme qu'elle était aurait aimé pouvoir prendre le temps de les briser. De les consumer. De les forger physiquement et mentalement pour qu'ils déploient enfin leur véritable potentiel, mais c'était un désir égoïste.

Un désir qui n'était peut-être mu que par son désir lâche de ne pas être seule en haut de cette gargantuesque pyramide... Elle comprenait mieux à présent pourquoi Tebirahc avait fuis après avoir tué Brylyan...

Elle voulait les faire enfermer chacun dans un cachot et s'occuper d'eux. Jour après jour. Heure après heure. Épreuve après Épreuve. Un mois aurait suffit pour Viconia. Deux au plus pour Urgoll. Jusqu'au baume final de leur libération totale. Alors elle aurait pu regarder et prendre les paris, comme elle l'avait fait pendant ces quatre derniers siècles, tel Uriz dispersant des héros trempés au sang des batailles.

Mais elle ne le ferait pas.

- Urgoll. Tu enrages contre les mages de l'immatériel, contre les Primas, contre les infidèles, contre chaque petite chose qui ne va pas dans ton sens. Tu grognes et tu tentes de t'imposer en gueulant comme si les gens pouvaient te prendre plus au sérieux parce que tu fais plus de bruit qu'eux. Tu es trop occupé à faire tes preuves comme si tu n'étais qu'un pourceau centenaire pour libérer l'immense hargne que tu as au ventre et déployer toute la majesté sauvage qui pourrait être la tienne. D'ours braillard excité par la moindre mouche tu deviendrais un Dragon commandant aux aux bêtes et aux drows. " Elle avait réussit à parler d'une voix égale, quoi que d'une froideur qui prouvait à quel point elle puisait dans ses réserves pour ne pas exploser. " Viconia. Je ne pensais pas qu'un changement, aussi brusque soit-il, puisse changer une prodige rusée en chienne en chaleur. Tu réfrènes ta fougue et tes émotions en les cloisonnant dans des principes arbitraires mais un petit béguin suffit à te faire exploser comme une enfant jalouse. Ce manège avec Urgoll a assez duré. Si c'est un problème de sexe, va au temple d'Isten ou demande lui de te prendre une bonne fois pour toutes. Si ce sont des sentiments, débrouille toi pour qu'il ne te fassent plus passé pour une pucelle énamourée. Cette passion devrait être ta force. Celle que tu met dans chaque sort, dans chaque acte. Un moteur pour les plans les plus vicieux et les œuvres les plus grandes que ton esprit brillant pourrait imaginer. Une force qui te donnerait une assurance que personne ne pourrait remettre en question. Plutôt qu'une putain qui se trémousse en prétendant ne pas vouloir écarter les cuisses, une créature chimérique capable de gagner le respect d'un mot et d'éblouir par sa simple présence. "

Qu'ils prennent ce qu'ils pouvaient et qu'ils en fassent ce qu'ils voulaient.

Elle aurait aussi pu choisir de les relever, leur dire qu'elle venait d'agir comme un triumvir, non comme un Feu intouchable, et qu'ils pouvaient agir d'eux mêmes. Mais à quoi bon leur répéter qu'elle n'était pas différente d'eux ? A quoi bon maintenir ce délire stupide qui le poussaient à rester des versions médiocres d'eux-mêmes. Il faisait parti d'elle. Rien ne changerait cela. Et elle ne se répétait plus depuis qu'Il faisait parti d'elle.

Elle expira doucement, son propre souffle lui brulant l'intérieur du nez et de la bouche. Ses ongles étaient profondément plantés dans sa peau.

Il fallait qu'elle sorte d'ici avant de faire quelque chose qu'elle regretterait.

Viconia ne comprend pas toute la remontrance. C'est injustifié d'une part comme de l'autre. Si Urgoll semble prendre la blâme sans ciller, sa fierté personnelle est mise à mal. Une X'Ianxin est impitoyable mais juste.

Et ce qui se produit, en cet instant même est injuste. Autant ce qui se passe avec le grand Gobelin qu'avec elle. Elle tremble d'indignation. D'agenouillée elle se redresse. La voix de l'arcaniste est posée, glaciale.

Vu ton opinion sur ma personne, je demande respectueusement à être défroquée de Valas pour aller servir comme vulgaire ssins d'aerth. Puisque , selon ton avis, je suis une chatte en chaleur qui ne peux réfléchir parce que je tente de réparer l'insulte et l'outrage fait à mon égal triumvir dans le sang, ce qui est mon droit, je crois que je ne suis pas apte à ce poste de Triumvir alors soit.

Viconia se redresse droite et fière, altière. Ses yeux de brumes irlandaises se posent sans fards dans ceux de Krish. Le Feu d'Uriz se plante et royalement. C'est son rôle de lui dire et si elle décide de disposer de Sa Flamme ensuite, de l'envoyer à Kiel grand bien lui fasse… Viconia acceptera la sanction sans broncher.

Alors, Krish, Père, je m'offre à ta hargne… Mais je ne tolérerai pas une injustice pareille… Si tu ne veux pas entendre ma voix, soit. Eteint ma Flamme… Mais sache que je ne me soumet pas à ce jugement arbitraire. Je suis X'Ianxin, ma fonction est de servir. Je suis arrivée, Urgoll'Ven était blessé, elle s'est foutu de sa gueule après l'avoir réclamé de son sang de dégénéré puis Elle l'a attaqué… Je l'ai défendu. Il n'y a rien de plus à ajouter. Maintenant si vous ne me tuez pas, veuillez bien m'excuser, je vais préparer mes affaires pour aller racoler au coin des rues, parce qu'il me semble que c'est ce qui me guide non?

Dos tourné, main sur la poignée, elle n'avait pas eu le temps de sortir à grands pas pour aller noyer sa fureur dans le sang et les larmes. Oh Non. La simple voix de Viconia lui vrillait les tympans. Elle commence par se plaindre. Une geignarde.

- Vu ton opinion sur ma personne, je demande respectueusement à être défroquée de Valas pour aller servir comme vulgaire ssins d'aerth. Puisque , selon ton avis, je suis une...
- Ne me tente pas... " gronde-t-elle, les dents serrées.
- ...chatte en chaleur qui ne peux réfléchir parce que je tente de réparer l'insulte et l'outrage fait à mon égal triumvir dans le sang, ce qui est mon droit, je crois que je ne suis pas apte à ce po...
- Tais toi ! " rugit-elle cette fois en se retournant, mordant l'intérieur de ses joues pour ne pas se ruer sur la jeune femme et lui briser la nuque. Elle n'aurait aucune difficulté à le faire. Personne au Puy n'aurait plus l'arrêter. Elle le sentait au plus profond de ses tripes. Et c'était pour cela qu'elle ne pouvait plus se laisser aller à pareille fureur.

Et elle se redressait encore, fière comme un paon. Elle prend une seconde goulée d'air, ouvre la bouche. Un son. Rien qu'un son et Krish traversait la pièce en sens inverse sous le regard pensif d'un Urgoll qui part ce simple acte prouvait la véracité des mots qui lui avaient été adressés. Sa main gauche saisit la haute silhouette a la gorge tandis que la droite parait au besoin - et avec plus de difficulté que prévue - les quelques réflexes martiaux de l'illusionniste faussement démunie. Sa paume devenue brûlante étouffa les dernières piques acerbes. Sous les billes enflammées de Krish, les émeraudes de Viconia crépitaient une colère aussi immense que l'injustice dont elle pensait avoir été victime. Durant un instant infini, le Feu d'Uriz attendit qu'elle détourne les yeux.

Il s'insinua en elle, la perçant à jour à en mettre à nu sa Flamme.

Krish attendit encore... Encore et encore... Et malgré cet instant de frayeur et de doute qu'elle sent passer dans ses iris d'un vert mousse, la jeune femme ne lâche pas prise. Elle s'agrippe. A sa colère, à son indignation.

Soudain, elle tire la mage en avant pour la plier en deux d'un coup de genou, chassant du même geste l'air de ses poumons et tordant douloureusement son cou. Puis elle la balança au sol et sa main redevenue libre s'écrasa dans le bois encore net du large bureau avec un grondement de fureur. Le bois massif craqua de façon sinistre, lui accordant une seconde pour se remettre, la respiration haletante.

-  Tu trouves mes paroles injustes. Soit. J'en prends note. Tu penses avoir agis correctement. Très bien. " Le feu brûlait chaque organe, chaque muscle, chaque os. Elle se retourna arrivant à l'extrême limite de ce qu'elle pouvait endurer. " Pourquoi t'agenouilles-tu comme une esclave au lieu de me le dire en face ? "

Oui elle se défend, la poigne d'Urgoll, la poigne de Krish sur sa gorge délicate la met à mal… Mais il ne faut pas faiblir, il ne faut pas tomber. Si elle tombe, Viconia, combien d'autres tomberont avec elle? Combien de Flammes sont tributaires de la sienne? 

Il peut voir la façon louche que Elthiriel l'a éduquée. Un mépris de sa vie en tant que tel, un mépris souverain pour son intégrité physique, son enveloppe personnelle. L'illusionniste est bien plus qu'un bel emballage. Elle n'a pas été éduquée pour être une drow, mais pour être au service des dieux. Qu'elle ne craint pas la mort… C'est l'échec qu'elle craint le plus. Elle n'a pas été élevée en tant qu'individu faillible, mais comme une machine poussée à l'excellence en tout par la pression de la lignée familiale.

Le coup de genou lui coupe l'air, les délicates cervicales sont malmenées par la poigne de la forgeronne tandis qu'elle se retrouve au sol, suffocante. .    

Tu trouves mes paroles injustes. Soit. J'en prends note. Tu penses avoir agis correctement. Très bien. Pourquoi t'agenouilles-tu comme une esclave au lieu de me le dire en face ?

Tres bien… Coasse Viconia de sa gorge malmenée… Ramassant son courage, elle se redresse et fait face, tremblant intérieurement face au dieu en colère. Digne, elle s'époussette un peu. L'arcaniste tremble de peur contenue, mais elle fait face. Si elle meurt, soit. 

Je te sers en drow libre, ce choix je l'ai fait par foi envers le Père des Batailles et envers Valas, ma vie t'appartient et je te le dis... Tu te plante sur toute la ligne. Et je ne m'agenouillerai plus jamais devant toi.

Comme le jour de la mort de Malag, Viconia est certaine de bien agir. Et rien ne la fera démordre de sa position.

Le silence du Gobelin s'éternisait, son souffle se faisant toujours plus lent sous l'effet de son introspection. Peu m'importe leurs existences... Qu'ils servent l'Eda Vengeur, ou brûlent. La rage reflua, se muant en une chaleur presque douce, baignant son bas-ventre. Attendant. Ne relâche le feu que quand il est nécessaire. Cela lui convenait. Telle une bête apaisée par une caresse, nullement offensé par les paroles du Feu d'Uriz, il se releva alors que la X'Ianxin se tenait, droite et arrogante, après une énième tirade, devant le Feu d'Uriz. S'approchant d'une démarche incroyablement tranquille, il lui asséna une tape à l'arrière du crâne. Ne visant nullement à étourdir ni à tuer, pour une fois.

"Vois plus loin, X'Ianxin. dit-il d'une voix basse, posée, aux intonations légèrement amusées. Ce qui est advenu découle de plus de choses que les actions d'une Prima arrogante. Ses mires sanguines se rivèrent dans celles, pailletées d'or, de Krish. La Deäl'Honn portait un message des siens, comme quoi je serais de leur sang. Un pur Prima. Je trouvais la nouvelle trop tardive, et la messagère, beaucoup trop dissipée. Un léger rire se fraya un passage entre ses crocs, méprisant. J'accueillerai les Deäl'Honn comme il se doit."

Tout en parlant, le sombre avait observé l'avatar d'Uriz, les braises dans son regard comme la tension de son corps. De même, il jeta un coup d'oeil du côté de Viconia... Et sentit sa bête gronder. Chaque chose en son temps. Avec un sourire en coin, le Géant roula des épaules, grimaçant légèrement aux tiraillements de son torse et de son bras.

"Combattre me détendrait. Sans chercher à tuer... Des intéressées ?" Et son rictus n'était qu'amusement.

" Enfin... " ne put-elle se retenir de murmurer.

Lorsque Viconia se releva une fois de plus, se campant sur ses deux pieds, tête droite, surplombant Krish de toute sa superbe hauteur, la rage retomba d'un seul coup. Elle le disait enfin, haut et fort. Plongée dans les iris de la jeune femme, scrutant chaque recoin qu'elle pouvait percevoir à travers elle, l'intérêt, la fierté... et même un brin de soulagement, luisait dans l’œil de l'elfe à la peau d'obsidienne. Ses épaules se détendirent. Ses poings se relâchèrent.

Elle était déjà à moins d'un pas, et pourtant, cette distance, elle la franchit d'un geste fluide pour venir poser un baiser fougueux sur les lèvres de la future Prime Sorcière. Juste un instant avant de reculer, sentant le colosse de Zhak'Bar se relever. Prêt à hurler une fois de plus ? A frapper une fois de plus ?

Non... Il vint simplement vers elle, les fixant sans crainte pour ébouriffer les mèches blanches de leur dévouée consœur d'une tape ô combien mesurée. Un rappel à l'ordre proportionné dont la prestance naturelle n'avait pas besoin de mots. Pas de jérémiade. Pas d'excuse ou de hurlement. Il vrilla son regard dans celui du Feu qu'il avait juré de servir sans tenter d'en faire trop ou de se brimer. Il était... inhabituellement posé. Comme s'il avait brisé une lourde chaine. Il était lui et les deux femmes qu'il avait sous les yeux n'avaient qu'à faire avec. Lorsqu'il expliqua en phrases concises ce qui s'était passé avant qu'elle n'arrive il était franc, allait droit au but. Et plus encore lorsqu'il déclara qu'il s'occuperait lui même Deäl'Honn, son rire laissant présager de toute la férocité dont il ferait preuve envers ceux qu'il ne considérait que comme vestiges d'un autre temps.

Urgoll et Viconia se regardèrent un instant.

Enfin.

- Depuis le temps que j'ai l'impression de devoir vous pousser, vous vous sortez les doigts du cul juste pour me prouver que j'ai tord... "

Elle s'était trompée ! Une joie sauvage illumina ses traits. Si elle avait du parié, elle aurait dit que le Dragon aurait tenté de la mettre en charpie avant de réfléchir et que l'Enchanteresse aurait remâché ses propos avant de rendre son verdict. Aujourd'hui, elle s'était trompée ! Cela ne lui était pas arrivé depuis si longtemps ! Debout, ils la regardaient droit dans les yeux, ils l'écoutaient et si elle avait tort ils le lui disaient. Ils étaient capable de s'opposer réellement. Il y aurait sûrement encore des accrochages, des disputes, des désaccords et peut-être même des remontages de bretelles, mais elle n'aurait plus besoin de se retenir et de les manier comme des pions. S'ils étaient capable de penser et de s'affirmer, elle avait de nouveau le droit d'être elle-même. D'être faillible... Même si cette dernière partie ne serait jamais assumée à haute voix.

Elle rit de bon cœur face au rictus d'Urgoll. L'adrénaline courait encore dans ses veines et elle aurait bien volontiers trouvé un défouloir.

- Avec grand plaisir... " ronronna-t-elle à la bête qui grondait son envie d'en découdre. " Mais avant, on devrait appeler le guérisseur de garde. Ce serait un drame si Viconia se faisait un coup du lapin après avoir résister à certaines grosses pattes avec tant de dignité. " siffla-t-elle d'un ton goguenard. Pourtant, le regard provocateur qu'elle destina à la magicienne était empreint d'un respect nouveau.

Mais Viconia a d'autre soucis en tête. Comme ces lèvre sur les siennes… Embrasser l'Avatar du Père des batailles c'est indescriptible. Krish peut sentir l'incompréhension la plus totale de l'illusionniste. Les lèvres pleines de la jeune drow s'entrouvrent sous l'Attaque en règle de la langue de Krish.  

L'enchanteresse, pour une fois, est totalement déstabilisée… Sa gorge lui fait mal, le contact fugace du feu d'Uriz embaume encore sa bouche quand la tape d'Urgoll l'ébouriffe. La stupeur et l,incompréhension se le dispute dans les prunelles avec l'irritation la plus profonde. Le regard vert se tourne vers Urgoll'Ven, le message des prunelles est on ne peut plus clair. 

Ne me touche pas… La voix de Viconia est rauque alors qu'elle répond à des propos qu'elle a à moitié compris, qu'elle n'analyse pas. 

Je suis capable de m'arranger seule, merci… Et toi, Urgoll'Ven. 

Se retournant vers le mâle, sur lequel elle transpose une irritation féroce pour dissimuler son désarroi et son incompréhension de la situation. 

Contente toi de me haïr comme tu le fais si bien. C'est plus simple pour tout le monde. Veuillez m'excuser, je n'ai aucun goût pour ces

conneries

défoulements. 

Et cachant à merveille la tempête que cette situation cause en elle, Viconia quitte la salle et disparait de l'autre côté. Et transpose sa fureur sur l'attroupement encore de l'autre côté

Vous n'en avez pas assez vous de squatter les corridors? Le prochain que je vois ailleurs qu'à son poste tâtera du fouet! 

La porte se referme sur l'éclat de voix de la jeune triumvir. Meurtrière luit doucement à la lueur de la lampe, abandonnée sur le plancher. Avoir eu sa raison, Viconia ne l'aurait jamais oubliée. Il est facile d'oublier son jeune âge.

Le départ de la drow, outrée, fut suivi d'une explosion hilare, dont chaque éclat s'accompagnait de pointes de douleur pour le drow lacéré, qui n'en avait cure. Les gardes s'entre-regardèrent, encore perplexes après le passage de la jeune triumvir, alors que les échos rocailleux se répercutaient gaiement dans l'édifice. Laissé en compagnie de Krish, dans les restes renversés et fracassés de son bureau, le Gris tarda à retrouver la capacité de parole, se tenant encore la panse d'amusement face aux émois de la jeune drow. Non sans un rictus railleur, il grogna :

"Elle s'en remettra. Les gardes moins... Si je ne vais pas détruire quelque chose sous peu."

Sous son calme apparent, couvait encore l'envie d'en découdre, insatisfaite, rampant comme mille insectes le harcelant de leur piqure, pour qu'il enrage et frappe, enfin. De nuque Prima craquant en ses mains, point. Du corps de la se brisant dans son étreinte, non plus... Le Haut-Prêtre du Prime Dragon se trouvait bien trop sage. Avisant son bureau, fendu en son centre par un coup du feu d'Uriz, il ricana. Les coups pleuvraient... En un lieu adéquat.

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