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| L'Harmalaica | L'épreuve du pélerin ; L'outrage du Lëandrin | |
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| Sujet: L'Harmalaica | L'épreuve du pélerin ; L'outrage du Lëandrin Sam 6 Avr 2019 - 22:44 | |
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- Qu’est-ce que… ?Premier jour du troisième mois. Jour dédié à la Prime Déesse. Le petit matin voit Alëandir lentement se tirer de son sommeil. De si bonne heure, ils sont encore peu nombreux les elfes à battre le pavé de la Cité Blanche. L’automne se lève en même temps que le soleil, et les rayons du soleil d’automne commencent à se faire tardifs. - Est-ce que c’est… ?Les fours des boulangers, pâtissiers, restaurateurs et aubergistes chauffent depuis quelques temps déjà. Une poignée de courageux profitent de la douceur du petit matin pour une course rafraîchissante avant d’entamer le travail de la journée. D’autres, beaucoup d’autres cependant, en ce premier jour de la semaine, en ce premier jour du mois, ont quitté leurs maisons bien tôt pour se rendre grâce à La Mère, aujourd’hui à l’honneur. D’autres, beaucoup d’autres se sont donc dirigés vers l’Harmalaica, pour se recueillir autour de l’Estel, et apprécier sa présence. Seulement aujourd’hui l’Harmalaica semblait bien moins paisible qu’à son habitude. Pourtant malgré l’automne, et comme à leur habitude, les sempervirentes encerclant l’Arbre-Maître étaient vertes et foisonnantes. Pourtant les vents du matin soufflaient leurs mélodies entre rocs et monolithes. Pourtant les oiseaux matinaux sifflaient leurs mélodies habituelles, défiées par le cortège fourmillant des quelques insectes chanteurs. Rien n’avait changé. Et pourtant l’atmosphère de l’Estel était étrangement agitée. Rien n’avait changé, sauf… - Quelqu’un a planté ça ici !- Non ? Tu es vraiment sûr ?- Tu as déjà vu des bâtons gravés en langue mortelle pousser du jour au lendemain ?- En langue mortelle ? Tu es sérieux ? Mais qui ferait ça ?Qui ? Pourquoi ? La question a vite fait de traverser les Jardins, de s’étendre par-delà les rues, de prendre d’assaut oreilles et lèvres des habitants des quartiers proches, de rameuter les tant érudits que simple curieux au cœur de l’Harmalaica pour élucider le mystère du jour. Qui sait lire ? fut la seconde grande question du jour. Non pas que les quelques caractères dans leur propre langue maternelle n’échappent aux Sylvains, mais ils étaient peu capables de reconnaître à laquelle des langues mortelles ils avaient affaire, et moins encore capables de la déchiffrer. On chercha parmi la foule qui était professeur de lettres étrangères, ou qui était diplomate chargé de l’extérieur, et ceux que l’on trouva on les poussa à se mettre en cercle autour du bâton pour en faire la meilleure traduction possible pour ceux qui étaient là. Un récit de vie. D’une vie difficile. Des bribes s’enchaînant dans un sens aussi incongru que les langues qui les composaient étaient diverses. Une histoire comme les elfes les aiment tant. Seulement celle-ci n’avait pas sa place ici. Pour tout le respect qu’avait le peuple Sylvain pour La Voilée, ici n’était pas son Sanctuaire. Ici ne se faisait pas son office. Ici n’était pas la place pour un objet contant une histoire qui soit la sienne. L’Harmalaica était un Sanctuaire en l’honneur à la Vie.
L’Estel était un Symbole de Renaissance.
Il n’y avait pas de place à ses pieds pour une quelconque allégorie du Grand Sommeil. Personne pourtant n’osa lever la main contre l’objet. Personne même n’osa le toucher. Pas même les Guides du culte de Kÿria les plus attristés de la découverte, pas même les elfes les plus outragés, pas même les enfants à la curiosité excitée. Avant d’entreprendre quoi que ce soit, tous veulent savoir : Qui ? Pourquoi ? - Enyalis. une voix se lève au milieu du brouhaha, légèrement étouffé par le Voile couvrant sa bouche Le Vaisseau d’I Hall.
Soulagés de savoir qui pour certains. Terrifiés de savoir une précieuse possession d’un Souffle ainsi lié à Tari si près de l’Estel pour d’autres. Plus désireux que jamais de savoir – Pourquoi – pour tous.
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| | | Artiön Laergûl
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| Sujet: Re: L'Harmalaica | L'épreuve du pélerin ; L'outrage du Lëandrin Jeu 11 Avr 2019 - 14:06 | |
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À travers les immenses fenêtres du Palais du Trône Blanc, les rayons du soleil se diffusent en des vagues lumineuses portant encore avec elle la morsure de l’astre estival. Premier jour de l’automne. En théorie. Pour autant que ta race soit peu sensible aux caprices du ciel, tu n’en trouves pas moins la canicule de l’été Lëandrin désagréable. Surtout que la canicule était à Alëandir de ces symptômes de l’été qui se déclarent tôt avant la fin du printemps, pour ne mourir que tard au cours de l’automne. Il te faudrait plus que quelques minutes d’ombre en plus matin et soir pour accepter que vous entriez dans la saison des châtaignes.
- Il faudrait que l’on ait terminé de s’arranger avec les autres Protectorats d’ici deux ennéades, tu déclares à une assemblée constituée, en dehors de tes conseillers, de deux prêtres d’Arcamenel et quelques artistes de scène que l’on puisse correctement aligner le programme des Automnades cette année.
Préparer les elfes à se rassembler passait aussi par-là. Cette année était l’occasion parfaite de tirer les Cités de leur zone de confort, et de leur faire connaître à toutes un théâtre, une musique, un ballet qui porte la marque d’autres horizons que leurs propres murs. Et si tout l’Anaëh pouvait partager le même spectacle aux influences hétéroclites… ce serait encore mieux.
- Heru Aran ! Heru Aran !
Vos visages à tous se retournes vers la petite voix ayant tonné depuis l’autre côté de la pièce. Vous souriez de concert à la vue de l’enfant visiblement épuisé par une course folle, et les sourires de tes compatriotes s’élargissent de plus belle en voyant comme le visage paniqué du petit elfe peine à reconnaître qui est qui ?
- S’il vous plaît, il est où l’Aran ? C’est très important !
Tu te lèves, salue l’enfant d’un hochement de tête, te distinguant par la même occasion en tant que celui qu’il cherchait. Il faut bien dire que ces jours-ci en effet, tu faisais étalage de moins d’excentricité qu’à ton habitude. Faute à la chaleur de cette fin de saison, à l’intérieur du palais, malgré la brise qui s’engouffrait par les fenêtres… pour profiter de la brise qui s’engouffrait par les fenêtres, les manteaux et les riches drapés dont tu aimais te vêtir… tu avais vite fait de les abandonner. Alors que la simplicité d’une courte veste de lin, plongeant dans des pantalons du même tissu, aux yeux du grand public, elle ne t’était pas habituelle. À des yeux plus avertis cependant, la coupe cintrée des vêtements, les motifs floraux, de vert pâle, de blanc et d’or et le fait qu’en place de manches, ta veste présente des trous béants au point de te dévoiler les côtes étaient autant de signes distinctifs de ton style des jours d’été.
- Qu’y a-t-il donc ?
- Et bien… l’enfant bafouille un instant, pris de court par la vérité d’une stature qu’il n’avait jamais vu que de loin On était allé voir l’Estel avec les copains et notre Guide, et puis il y avait plein de monde, et puis les gens étaient pas contents, et c’est parce que quelqu’un a planté un bâton devant l’Estel, et les Voilés ont dit que c’était une heri Enyalis, mais les gens ça les a pas calmés, alors avec les copains on s’est dit que peut-être qu’il faudrait que le Roi fasse quelque chose.
Tu lèves les sourcils, autant surpris par la manière – extrêmement pondérée pour son âge – dont ton jeune interlocuteur avait géré la situation que consterné à l’idée que qui que ce soit ait pu durablement marquer le Sanctuaire de l’Harmalaica de quelconque façon.
- Vous avez bien fait. tu lui offres un sourire fier Maintenant, tu devrais retourner auprès de tes amis et de ton Guide. Préviens-les que l’Aran arrive.
Un sourire radieux au visage, l’enfant s’en va au pas de course, comme il était arrivé. Toi par contre, tu te trouves forcé de demander pardon à tes collègues du jour, tiré loin d’une obligation par une autre.
Mettre le pied dans les rues d’Alëandir, constater par toi-même l’omniprésence des rumeurs, entendre par la même occasion, au gré du trajet, les diverses réflexions que se faisaient tes frères et tes sœurs par rapport au constat du matin t’aura rappelé à quel point le Palais du Trône pouvait être un monde à part. C’était une épée à double tranchant que cette situation. Autant la séparation vous permettait de ne pas perdre trop de temps dans des problématiques que les Lëandrins eux-mêmes ne considéraient pas assez importantes pour être discutées aux hautes instances, autant elle vous rendait longs à la détente dans des cas comme celui-ci.
- Frères ! Sœurs ! S’il vous plaît ! ta voix claire coupe à travers le brouhaha ambiant après que tu te sois taillé un chemin jusqu’au centre de l’Harmalaica Je sais que la situation en inquiète certains et en indigne d’autres. Mais s’il vous plaît, je vous appelle tous au calme et à la patience. Ne vous en formalisez pas pour l’instant, laissez le temps aux cultes et au Trône Blanc de tirer cette affaire au clair. S’il s’agit là d’une déclaration de la Dame-Ecume à travers son vaisseau ou d’une simple maladresse d’Enyalis, nous ne le savons pas ; et tant que nous ne le savons pas, nous ne pouvons que placer notre foi en La Mère, nous accrocher à notre patience, s’assurer que les bonnes personnes posent les bonnes questions à qui-de-droit, et en attendre les réponses. tu te penches légèrement vers un Voilé proche, et lui murmure quelques mots Ce à quoi dès l’instant, nous vous assurons nous appliquer.
Hors d’Holimion, ce n’était jamais une scène particulièrement commune que celle de Voilés accompagnant le Protecteur local en public. En conséquence, bien que cela fusse la dernière de vos envies, la scène de votre départ avait pris une dimension pour le moins… dramatique. Au moins pourriez-vous vous consoler que des suites de ton intervention, la clameur populaire se soit transformée en une question plutôt qu’en une affirmation négative. Au moins une question, vous pourriez y répondre, et en apportant une réponse, vous pourriez chasser les tensions.
Vous pourriez y répondre à condition que le Vaisseau de Tari elle-même en soit capable.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: L'Harmalaica | L'épreuve du pélerin ; L'outrage du Lëandrin Mar 23 Avr 2019 - 18:57 | |
| Il régnait, parmi les servants de la Voilée, une activité tout à fait particulière depuis que la veille, lorsque l’éphémère qu’ils appelaient Enyalis leur avait faussé compagnie ; qu’elle fût réapparue au petit matin n’avait en rien apaisé leurs craintes, d’autant qu’elle n’avait plus prononcé le moindre mot. Elbereth ne comprenait pas ce qui l’avait poussée à se retrancher ainsi derrière un mutisme qui ne lui inspirait rien de bon. La novice, dont la formation touchait à sa fin et à qui d’aucuns promettaient un brillant avenir dans les hautes sphères de clergé, se découvrait désemparée. « Enyalis, l’appela-t-elle avec douceur, de quoi te souviens-tu aujourd’hui ? » L’éphémère l’entendit ; Elbereth n’avait aucun doute sur ce fait, car elle savait lire désormais dans les discrets mouvements de tête qui lui échappaient chaque fois qu’elle se laissait surprendre par une sollicitation qu’elle n’avait pas anticipé. L’anëdhelle demeura parfaitement immobile, les sens aux aguets, qu’Enyalis daignât lui répondre ; quand il fut clair qu’elle n’obtiendrait que du silence, elle soupira avec lassitude avant de se relever en esquissant une grimace à cause de la raideur de ses jambes endolories. « Je reviendrai dans une heure, Enyalis, lui promit-elle. J’espère que tu te souviendras de quelque chose d’ici là. » Elle allait pour joindre le geste à la parole, mais fut interrompue par l’arrivée d’un prêtre ; il ne faisait pas partie de la délégation qui, depuis Holimion, avait traversé l’Anaëh de part en part pour se lancer à la recherche de Son Instrument et effectuait désormais le voyage du retour avec l’objet de leur quête. Il était un résident d’Alëandir qui, s’il avait eu son mot à dire sur cette expédition, aurait exprimé tout le mal qu’il en pensait. « Nous savons où elle s’est rendue, lui apprit-il et sa voix laissa présager le pire à la novice. — Vous avez pu trouver un témoin ? lui demanda-t-elle en se plaçant instinctivement devant l’éphémère. Je n’ai pas encore réussi à… — Nous n’avons rien fait, la coupa-t-il avec hauteur. Elle a… semé ses indices. Son bâton a été retrouvé dans l’Harmalaica. » Il pencha la tête sur le côté et posur sur la principale concernée un regard peu amène. « Elle l’a fiché dans la terre, face à l’Estel. » La nouvelle laissa coite Elbereth, qui ne put s’empêcher de se retourner pour darder des prunelles surprises sur sa « protégée ». « Pourquoi ? souffla-t-elle sans espérer vraiment une réaction. — C’est ce que l’Aran aimerait découvrir, asséna le prêtre Lëandrin. Il sera là sous peu et, puisqu’apparemment la Voilée a voulu que tu la mènes jusqu’ici, je ne vois personne de plus qualifié que toi pour l’aider à obtenir des réponses à ses questions. »
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| | | Artiön Laergûl
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| Sujet: Re: L'Harmalaica | L'épreuve du pélerin ; L'outrage du Lëandrin Sam 27 Avr 2019 - 22:10 | |
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Marquant un lent compte à rebours vers une inévitable confrontation, les échos des claquement de tes talons contre le sol prennent possession du temple de la Voilée. Ton pas est lent. Mesuré. Assuré. Poser le regard sur l’exceptionnel, côtoyer les puissants, voilà que tu commençais à t’y habituer. Quelques années avaient suffi, pour que le pouvoir divin ne te paraisse d’autant plus réel qu’il était finalement… trivial. Les Cinq avaient toujours eu le regard posé sur leur monde, mais il semblerait que depuis le Voile, depuis qu’ils se sont établis en leur nouvelle demeure céleste, ils y ont aussi les mains. Peut-être était-ce là la raison ayant motivé le geste de la Gardienne. Seulement… - Salutations. tu te penches en avant, main dans le dos poing sur le cœur, et offres une révérence en bonne et due forme aux deux femmes partageant la salle avec toi. Veuillez me pardonner le caractère impromptu de cette visite tu te tournes vers l’elfe mais il faut que je m’entretienne avec Enyalis.Seulement fusse un geste libre ou orchestré par la main des dieux, son silence est douloureux. - Les Lëandrins s’inquiètent heri. ton regard s’accroche à l’humaine Tari et Kÿria ne se donnent jamais la main que lorsque la mort approche. L’Harmalaica est bouleversé, son habituelle imperturbable quiétude a été brisée. Brisée probablement en même temps que L’Instrument de la Dame-Ecume. Une pulsation lente, beaucoup trop lente et pourtant à la régularité implacable. Sa vie ne semble pas vouloir la quitter. Elle ne semble pas l’avoir abandonné, mais elle en est comme… détachée. Tu t’avances vers elle, pose un genou à terre, autorisant vos deux visages à se rapprocher. Tes yeux accrochent les siens. De force. Tes mains viennent cherche la sienne, son unique, et entre tes paumes tu la tiens protégée, en témoignage de tes intentions quant à la conversation à venir. Veuille-t-elle bien te l’accorder. - Qu’est-ce qui s’est passé ?Pas un mot de plus, pas un mot de moins. Pas la moindre accusation. Juste le partage de ton inquiétude.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: L'Harmalaica | L'épreuve du pélerin ; L'outrage du Lëandrin Jeu 2 Mai 2019 - 19:59 | |
| Alëandir était si vielle. Happée par ces passés qui la dépassaient, la gardienne avait trébuché et les souvenances se succédaient depuis sans relâche ; elles allaient et venaient à chacune de ses respirations et, privée de son ancre, le Vaisseau de la Voilée était désormais à la dérive. Elle était un prêtre qui avait voué son éternité à une Déité. Elle était un soldat qui avait donné son Souffle à une cité. Elle était un druide qui avait vécu en hamonie avec une Œuvre. Elle était une mère et elle était un frère et elle était seule et elle était aimé et elle était attendue et elle était oublié. Depuis le Voile, son esprit était comme un labyrinthe dans lequel il lui était par trop aisé de s’égarer et sa mémoire un maelström terrible dans lequel son passé avait toujours menaçé de se disperser. Alors elle s’y accrochait avec l’énergie du désespoir ; son attention était entièrement tournée sur Katalina Noblegriffon, parce qu’elle savait qu’à tout moment, le fil pouvait lui échapper. C’était une bataille qu’elle n’avait aucune chance de gagner et, dans le même temps, qu’elle ne pouvait se résoudre à perdre. Quand le Seigneur-Protecteur s’approcha, il charria son lot de visions ; elles le précédèrent, comme autant de rides courant sur la surface d’une eau trop sombre, puis vinrent lécher les rivages de sa conscience et chaque image qu’il lui inspirait était comme un poing qu’il lâchait contre ses défenses. Elle l’ignora, se réfugiant dans son passé, cherchant les échos de ses actes dans son Souffle fatigué. Il lui parla et il était si proche ; elle pouvait se souvenir de son visage, juste avant qu’il ne lui ordonnât de se sacrifier pour l’Anaëh, mais elle refoula fermement cette fulgurance. Face à son silence, Artiön Laergûl décida d’enfermer sa main dans les siennes. La gardienne prit une profonde inspiration, surprise par un geste qu’il avait sans doute voulu apaisant, mais qui revêtait pour elle une violence si grande et une agression si puissante que l’idée qu’elle conservait de Katalina Noblegriffon explosa en mille morceaux. « Non… » gémit-elle faiblement et elle chercha à retirer son bras comme si les doigts de l’anëdhel sur sa peau la brûlaient. Il était trop tard, désormais. Elle releva la tête vers le géant et son visage défait se tordit d’un rictus où la colère le disputait au désespoir ; puis, très vite, ses traits se détendirent et elle ferma les yeux, avant d’expirer lentement. Quand elle les rouvrit, ses prunelles d’ordinaire laiteuses brillaient presque d’un vert d’écume insondable. « Ma Sœur a réclamé Son dû et la dette de Mon Vaisseau est soldée », répondit-Elle enfin à la question du monarque et Sa voix ne tremblait pas. Derrière le Roi des Taledhels, les genoux d’Elbereth frappaient durement la pierre froide de Son temple.
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| | | Artiön Laergûl
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| Sujet: Re: L'Harmalaica | L'épreuve du pélerin ; L'outrage du Lëandrin Jeu 2 Mai 2019 - 21:52 | |
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Te serais-tu autorisé à obéir à tes plus viscérales pulsions que tu aurais fui. Aurais-tu été incapable de réfléchir que la vision de son visage distordu par l’angoisse et le rythme soudainement syncopé de sa pulsation auraient sans l’ombre d’un doute suffi à te chasser. Mais tu n’étais pas elfe à ainsi te laisser aller lorsque l’importance de ta tâche était si grande. Il te faudrait être résilient. Il te faudrait être patient. Il te faudrait essayer de comprendre l’incompréhensible. Il te faudrait t’accrocher à ce regard intense et à cette expression ouverte, parce que si elle t’avait prouvé que trop approcher était dangereux, tu restais certain que le premier pas que tu ferais en arrière serait prétexte pour elle à totalement se refermer.
Alors à aucun moment tu n’avais reculé. À aucun moment tu n’avais laissé ton cœur s’emballer. Pas même lorsque celle que tu étais venu voir avait disparu. Pas même quand son corps avait été pris de forces dépassant ton entendement. Ta respiration malgré tout ralentit, ton visage se referme quelques peu, ton esprit est pris de réflexions, et les lieux se retrouvent plongés dans le silence. La respiration haletante d’une prêtresse qui venait de chuter au sol. Les longues lampées d’air que soufflait le Roi. Le clapotis de l’eau omniprésente dans le temple. Durant quelques instants, l’espace n’est plus régi que par ces sons, jusqu’à ce que tu reprennes la parole, plus solennellement encore que tu ne l’imaginais.
- Sa dette à elle est soldée. Mais qu’en est-il des enfants de La Mère ? tes poings se serrent Qu’en est-il des enfants de La Mère, ne l’ayant jamais vu tendre la main à sa Sœur que lorsque sont rendus les Souffles ? Qu’en est-il des enfants venus chercher la paix auprès du don de Myrhammen pour finalement n’y trouver que détresse et confusion ? ta respiration ralentit de plus belle Enyalis, en soldant sa dette, ne vient-elle pas d’en contracter une nouvelle auprès d’eux ? Est-il vraiment juste que pour l’absolution d’une seule, autant soient livrés à la souffrance, alors qu’il suffirait de si peu pour les en libérer ?
Ton cœur lourd, battant avec une dangereuse lenteur, battant avec une dangereuse force. Ton cœur par plusieurs fois, tu l’aurais juré, manque d’exploser au creux de ta poitrine. Venais-tu simplement de t’adresser au Vaisseau, ou au contraire ta colère et tes inquiétudes étaient-elles tombées droit sous le Voile de la Dame-Ecume ? Venais-tu de manquer de respect à celle qui vous a offert l’éternité, ou au contraire, venais-tu de lui rappeler l’importance de sa promesse envers sa propre Sœur. Venais-tu de découvrir vos dieux pour les êtres faillibles qu’ils étaient – quelle que fut leur puissance – ou au contraire tout cela n’était-il qu’une grande épreuve… à laquelle tu découvrirais tôt ou tard si tu as réussi ou échoué ?
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: L'Harmalaica | L'épreuve du pélerin ; L'outrage du Lëandrin Mer 8 Mai 2019 - 9:30 | |
| Elbereth l’avait senti avant de le comprendre et alors qu’Elle investissait Son Vaisseau, la première prière de l’anëdhelle avait été à l’Aînée. Elle darda ensuite un regard effrayé sur l’Aran, car elle était incapable de prédire sa réaction. Quand il s’était agenouillé face à Enyalis et lui avait saisi les mains, la novice avait hésité à intervenir ; il était trop tard désormais. Artiön Laergûl faisait face à la Voilée. Au début de l’entrevue, Elbereth s’était placée en retrait, s’autorisant seulement à faire quelques pas de côté pour pouvoir garder un œil sur Enyalis ; elle ne pouvait donc pas voir grand-chose des réactions de son Aran, qui n’avait pas esquissé le moindre mouvement quand son regard avait rencontré le Sien. Elle aurait voulu qu’il ployât, qu’il reçût Ses paroles et s’en satisfît, qu’il la louât avant de prendre congé, mais il ne fit rien de tout cela. « Aran… » avait-elle soufflé lorsqu’il avait serré les poings. Elle ne le pensait pas capable de lever la main sur Son Vaisseau, mais pressentait que ce geste furtif trahissait un état d’esprit dont elle ne pouvait assurer qu’il était adéquat pour s’adresser à Elle. Elle avait parlé si faiblement que le Seigneur-Protecteur d’Alëandir n’eût pas le loisir de l’entendre ; l’eût-il fait, elle doutait qu’il se fût arrêté. Le reste de sa diatribe ne souffrit aucune interruption, ni de Sa part ni de celle d’Elbereth. Peu avant qu’il eût terminé, Elbereth entreprit de se relever. Ses jambes lui faisaient mal, car dans sa chute elle n’avait rien fait pour les protéger. Elle fit ensuite quelques pas dans leur direction, sans vraiment savoir ce qu’elle espérait accomplir. Le corps d’Enyalis, lui, n’avait plus bougé depuis qu’Elle en avait pris possession, si bien qu’Elle demeurait agenouillée face à l’Aran ; la scène, en réalité, était de celle que l’on se devait d’immortaliser. « Mon Vaisseau s’est inclinée face aux volontés de ma Sœur, asséna-t-elle finalement en réponse aux nombreuses interrogations du Laergûl. Si elle en a été capable, assurément vous l’êtes tout autant. » Elle darda ensuite Ses prunelles d’un autre monde sur Elbereth et son visage se fit un peu plus doux. « Prends soin d’elle, Elbereth, aussi longtemps qu’il le faudra, car son fardeau est bien plus lourd que le vôtre. » La novice manqua chuter à nouveau, tandis qu’Elle s’adressait à elle directement. Elle porta le poing de sa dextre sur le cœur et opina plusieurs fois du chef, la gorge nouée par l’émotion.
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| | | Artiön Laergûl
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| Sujet: Re: L'Harmalaica | L'épreuve du pélerin ; L'outrage du Lëandrin Mer 8 Mai 2019 - 10:55 | |
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Tu aurais aimé qu’elle se lève, et qu’elle te laisse seul genou à terre. Tu aurais aimé qu’elle se réclame plus grande que toi, car la Dame-Ecume l’était sans conteste, mais rien n’en fut. Rien n’en fut, alors d’entre vous deux, ce sont tes yeux qui porteraient le plus haut, parce que tu ne descendrais pas plus bas. Quelque chose t’en empêchait. Fusse-là une quelconque vanité ou la profonde conviction que t’écraser te réduirait à jamais au silence devait celle qui se devait d’entendre les paroles de Souffle dont elle ne connaît que trop peu les instants précédent les derniers, tu n’avais pas ployé. Tu avais attendu, attendu qu’elle s’adresse à la Gardienne de sa Gardienne. Tu avais attendu que son attention te revienne. Et puis à nouveau, tu avais parlé.
- Nous ne demandons rien d’autre. et peut-être n’as-tu jamais prononcé de mots aussi sincères. Que demande le peuple elfe sinon de plaire à La Mère ? Seulement quand Enyalis s’est trouvée au cœur d’un pacte entre deux Sœurs, tu marques une pause nous n’en sommes que les témoins lointains. Nous tous pouvons sentir l’agitation qui meut l’Estel, mais trop peu en comprenne le langage, et moins encore sont capables de l’expliquer. Comment pourrions-nous nous incliner devant une volonté qui nous échappe ? Comment blâmer la crainte qu’ils nourrissent envers un inconnu que nos vieilles légendes, celles qui ont bercé leur enfance, et celle de leurs parents et de leurs grands-parents avant eux, décrivent comme de mauvais augure ?
Ta déférence pleine et entière va aux Dieux. Tu éprouves la plus profonde des gratitudes envers celle qui vous a offert de baigner dans la beauté de l’Œuvre aussi longtemps que le Souffle qui lui revient de droit le désirait. Face à toi se trouve l’alliée d’une divine génitrice. Face à toi se trouve une Déesse qui fut un jour assez compatissante pour vous offrir d’aspirer à l’éternité. Face à toi se trouve une Déesse qui fut un jour assez émue par vous pour d’une certaine manière, elle aussi vous adopter… et pourtant, qui te paraissait aujourd’hui si froide. Si… tu peines à même oser le penser… si… égoïste ? Tu ne comprends pas. À quoi bon prendre Vaisseau sur ces terres si c’était pour rester silencieuse ? À quoi bon s’emparer des lèvres d’une mortelle si ce n’était que pour délivrer des paroles mystiques, plus nébuleuses encore que ne le sont déjà les textes inspirés par Maurquimëlle ? Quel peut bien être le fardeau d’Enyalis pour qu’il vaille de semer le doute et l’anxiété dans son sillage ? Quel peut bien être le fardeau d’un Vaisseau n’ayant aucune responsabilité si ce n’était vis-à-vis d’elle-même ? Quel peut bien être le fardeau d’un Vaisseau ayant l’honneur d’être traversé par la Voix d’une des Créatrices de ce monde ? Que peut bien avoir à regretter celle qui n’a pas à craindre le doute, pas à craindre l’erreur, qui n’a pour devoir que de s’abandonner à une quête à travers laquelle elle est chaque seconde guidée ? Tu ne comprends pas. Tu ne peux que te contenter de te faire violence, de faire mourir tes questions à elles-mêmes, et d’avoir foi. Foi en la Déesse qui à travers sa Gardienne, te guidait toi. Toi seul. Sur des sentiers obscurs dont tu pourrais choir n’importe quand, emportant tout un peuple avec toi.
Parce que si ton peuple t’a offert sa confiance, il est loin de t’avoir fait l’un de ses Dieux. Ta parole n’a pas le poids de la Sienne. Ne douterais-tu point que tu ne suffirais pas à les libérer. Oserais-tu faire mine de ne point douter qu’il s’agirait non seulement d’une trahison, mais d’une trahison infructueuse. Tu déglutis, tes yeux moites. Tu clignes des yeux, et sans que ton regard ne se résolve à abandonner sa glaciale flamboyance, les premières larmes te sont arrachées.
- Mes mots seuls ne suffiront pas à les soulager. tu déglutis encore Les mots de vos prêtres ne suffiront pas à les soulager. Ils essaieront de retourner à leurs vies, avec le souvenir d’un Estel ayant perdu sa quiétude à jamais gravé au Cœur. Ils essaieront de la faire taire, mais l’angoisse les rongera durant le reste de leur existence. tu marques une pause, t’obligeant à toi-même ingérer tes propres pensées C’est ainsi que les elfes meurent.
Pourquoi ? Pourquoi vous accorder la perspective de l’éternité pour ainsi condamner tant de Souffles à la Tourmente ? Alors qu’il suffirait de quelques mots. Quelques mots de La Mère, de La Voilée, de Myrhammen ou d’Enyalis.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: L'Harmalaica | L'épreuve du pélerin ; L'outrage du Lëandrin Sam 22 Juin 2019 - 12:34 | |
| L’anëdhelle ne savait plus comment réagir ; dans son esprit agité, Ses mots prononcés par la bouche d’Enyalis continuaient de résonner, encore et encore, de plus en plus fort. À aucun moment, elle ne chercha à les remettre en cause, mais il lui restait encore à en trouver le sens. Elle avait mille et une questions, mais personne à qui les poser. Aussi gardait-elle le silence, tandis qu’Artiön Laergûl plaidait sa cause et celle de son peuple à la Dame-Écume incarnée en Son Vaisseau. Le corps d’Enyalis ne trahissait par ailleurs que bien peu de ce qu’Elle pouvait penser de la diatribe du Seigneur-Protecteur. Elbereth aurait voulu qu’il en allât autrement ; qu’Elle leur permit de constater son empathie ou sa colère ou ses regrets ou son agacement. « Ainsi qu’ils le doivent, quand leur temps est venu, finit-elle cependant par asséner et la douceur de sa voix n’atténua pas tout à fait la dureté de ses paroles. De cela, ttu ne pourras jamais les sauver. » Bien malgré elle, la novice sentait poindre le danger ; des récits de la gardienne, Elbereth avait surtout retenu une chose : la Dame-Écume n’aimait rien de moins qu’entendre un mortel demander d’elle quoique ce fût. Ce fut la perspective de voir l’Aran s’attirer Ses foudres qui la poussèrent à s’arracher à son mutisme hébété. « Nous ferons le récit des fautes d’Enyalis et les prêtres de la Mère loueront Sa mansuétude, proposa-t-elle. Je ne doute pas que l’Estel retrouvera sa quiétude, car il a accompli Son œuvre ; quant au bâton d’Enyalis, il nous rappellera à tous que les erreurs de Leurs fidèles n’empêcheront jamais les deux Sœurs d’avancer d’un même pas. » Enyalis darda sur elle ses prunelles si particulières et ses lippes mortelles esquissèrent un sourire tout aussi étrange. Elle inclina légèrement le front vers Sa servante, puis reporta son attention sur le Laergûl. « Le temps fera son œuvre, mais si cela peut apaiser ton Souffle, Mon Vaisseau demeurera quelques temps ici en mon Temple, énonça-t-elle. Prends garde, cependant, car elle porte des vérités que tous les Souffles ne sont pas prêts à entendre. » Enyalis ferma ensuite les yeux quelques secondes et quand elle les rouvrit, ses prunelles étaient mortes à nouveau. |
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| Sujet: Re: L'Harmalaica | L'épreuve du pélerin ; L'outrage du Lëandrin | |
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