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| Exécution de Franco di Celini | |
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Francesco di Castigliani
Humain
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| Sujet: Exécution de Franco di Celini Lun 8 Avr 2019 - 15:23 | |
| - HRP:
Aux péninsulaires : Il vous est possible de poster votre présence. A savoir que vous serez sur la grande place de Diantra et que celle-ci sera bien remplie de grouillos, de bourgeois et de nobles sur les estrades installées. Je développerai dans mon prochain post, pour ceux qui préféreront attendre.
Barkios de l'an XV, XIe cycle -Pourquoi avez-vous fait ça ?
Question restée sans réponse. L’homme était assis au fond de sa cellule, le visage enfoui dans l’ombre. Il n’avait, en guise de lit, qu’une paillasse que l’on devinait être habité par toute la faune diverse et variée des geôles de Diantra. Non loin, un petit pot était posé, d’où une forte odeur de merde se répandait et embaumait les lieux, au point qu’il lui était difficile de se retenir de vomir. Et enfin, à la lumière d’une chandelle, on apercevait des pieds dépourvus de souliers et recouverts de crasse. Plus haut, des jambes amaigries par des mois de sous-nutrition. La culotte, elle, était en loques. La faute aux rongeurs, qui en manque de bouffe, s’en étaient pris directement au locataire des lieux. À de très nombreux égards, l’endroit n’avait plus rien à voir avec les luxueux palais soltaris dans lesquels l’homme avait passé une grande partie de sa vie. Bientôt, les dramaturges se mettraient à travailler sur cette histoire pour en sortir des adaptations théâtrales. Pour sûr, on ne les rangerait point dans les comédies, même s'il fallait bien reconnaître que la vie de cet homme n'en avait pas manqué.
« MORT AU TRAITRE ! MORT AU TRAITRE ! »
La foule enragée scandait cela depuis les premières matines. Que l’on soit dans les cuisines, dans le palais ou dans les écuries, il était impossible de ne pas les entendre beugler comme des animaux assoiffés. Depuis trop longtemps la populace attendait qu’on lui offre un spectacle. L’identité de la victime importait peu, à vrai dire. Car il faut bien le reconnaître, les diantrais n’étaient guère les plus exigeants. Mais on leur avait promis du sang, alors le spectacle se devrait de tenir toutes ses promesses.
-Un jour, votre fille cherchera à savoir qui était son père. Elle se demandera pourquoi il aura… agi de la sorte, dit-il en cherchant à voir le visage du condamné.
Il n’y eut toujours rien, hormis les rugissements incessants de la foule. Il était évident qu’en cette heure, si grave soit elle, il n’aurait plus rien venant de cet homme. Icelui se savait voué à la mort la plus atroce et imaginable qui soit, alors il partirait avec ses secrets. Il éprouva, en cet instant, un sentiment de pitié envers celui qui était tombé de si haut. Car en ce jour, ce n’était pas n’importe qui qu’on allait exécuter sur la grande place de Diantra. Cet homme avait un nom et avait autrefois été le duc de Soltariel. Il s’appelait Franco di Celini, et ferait bientôt partie du passé.
Dernière édition par Francesco di Castigliani le Mar 9 Avr 2019 - 17:26, édité 1 fois |
| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Mar 9 Avr 2019 - 16:13 | |
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Si le temps était frais, les esprits, eux, s’échauffaient. Tibéria se fraya un chemin vers les estrades, talonné comme toujours par Hernando. Trois ennéades à peine étaient passées depuis la naissance de leur fils et aux yeux du fier papa, la maman ne devrait pas s’agiter autant et surtout pas assister à une exécution qui s’annonçait sanglante.
« Je ne sais pas si c’est vraiment une bonne idée de… »
Tibéria s’arrêta brusquement pour se tourner vers lui.
« Pour la dixième fois depuis que nous avons quitté la maison, tout va bien ! Même si je me sentais misérable, je serais quand même ici, car rien au monde ne me fera manquer ce moment. Rien ! Pas même un homme qui est en fait une mère oie surprotectrice. »
« Je ne suis pas une mère oie surprotectrice. Je veille simplement à ta santé. » L’indignation était visible sur le visage de l’ancien garde.
« Honnêtement, Hernando, il ne te manque plus que les plumes! » Elle reprit sa route, un vague sourire sur les lèvres signe qu’elle était amusée. « En plus, l’hiver approche et j’ai du poids à perdre. Autant sortir avant que la neige ne m’en empêche. »
« Je ne voulais pas te le dire, mais c’est vrai que tu as un derrière énorme maintenant. »
La jeune femme se retourna, cette fois des éclairs dans les yeux.
« C’est pour m’avoir comparé à une oie. En vrai, je n’ai absolument rien contre ces nouvelles courbes. »
Bien malgré lui, son regard dévia sur la poitrine de Tibéria, compressée sous ses épais vêtements d’automne. Elle avait définitivement gagné en volume.
« Attention, Hernando, tu louches. Certes, ces courbes ne me déplaisent pas toutes, mais je n’ai aucun contrôle sur ce qui va rester ou non. » Elle écrasa ses mains sur ses seins. « On va en profiter tant qu’ils sont là. » Le geste ainsi que les paroles choquèrent les quelques personnes témoin de la scène. Ils dévisagèrent Tibéria comme s’ils avaient devant eux un fantôme. Bien que toujours noble, elle ne s’était guère mélangée à leur cercle depuis le procès. Certains la voyaient pour la première fois depuis des années et n’en croyaient pas leurs yeux. C’est qu’elle a changé et son poids n’y était pour rien. Elle avait troqué ses robes du sud pour le pantalon et la tunique agrémentée d’une veste pour se protéger du temps frais automnal. Sur ses épaules, une cape au col de fourrure sombre. Le tout était de grandes qualités, signe qu’elle avait de l’argent. À ses côtés, Hernando n’était pas en reste. « Qu’est-ce que vous avez me dévisager comme ça ? Oui, c’est bien moi, Tibéria. Ravie de vous revoir! » Elle fit une courbette, une parodie de révérence, avant de reprendre son chemin. « Un rien suffit à choquer de nos jours. Allons-nous installer là-bas. »
D’un pas leste, elle grimpa les estrades et s’installa sur une banquette, Hernando venant rapidement la rejoindre. « Ce fut long quand même avant qu’ils se décident à passer à l’action. »
« Les dernières années ont été assez mouvementées pour la Péninsule, mais je crois surtout qu’il y a une part de symbolique aussi derrière tout ça. Franco a toujours été fier de sa personne. Ces quelques années dans la cellule la plus crasseuse de Diantra lui auront fait perdre sa prestance. Il devra se montrer devant cette foule en homme diminué. Je le connais suffisamment pour savoir que ça, c’est probablement pire à ses yeux comme punition que la mort qui l’attend. Bon sang, cette foule est déchaînée ! »
- HRP:
Comme la date n'est pas spécifié, j'ai décidé de situer l'événement en Barkiòs de l'an 15. J'en ai parlé à Francesco et c'est ok.
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| | | Francesco di Castigliani
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Mar 9 Avr 2019 - 18:26 | |
| Francesco était à la dextre du régent Brochant, qui lui même l'était à celle du Roi Bohémond. Icelui avait bien grandi depuis la dernière grande guerre qu'avait connu le Royaume. Il arborait une couronne d'or à sa taille et une robe de velours arborant fièrement le lys sur son torse. À ses côtés se tenaient le chancelier, le voyer, les intendants et le reste de la cour royale venue en grande pompe pour assister au spectacle. Du haut de leur estrade, la vue sur l'échafaud était particulièrement bonne. On y voyait déjà les bourreaux encapuchonnés s'affairant à aiguiser leurs lames sous les acclamations de la foule. De là où il se trouvait, Francesco voyait également les autres grands nobles que comptait le royaume. Certains étaient là pour se montrer auprès du roi, tandis que d'autres étaient présents pour de véritables motifs. Adonc voyait-on sur les estrades attenantes quelques seigneurs berthildois ou eraçons ayant connus les champs de Valdrant. Bien évidemment, on y trouvait aussi des suderons venus en grand nombre, dont le représentant était son neveu Adriano. Puis, en continuant de contempler l'assemblée, ses yeux s'arrêtèrent sur une jeune femme qui lui sembla bien vite familière. Malgré son accoutrement, il la reconnut bel et bien, et fut saisi d'e curiosité en comprenant qu'il s'agissait de Tibéria Soltarii-Berontii, l'épouse de celui qu'on s'apprêtait à exécuter.
–Ce sont ses hommes qui ont permis la capture de Franco di Celini, lui chuchota l'un des notables de la cour.
Francesco se renfrogna à l'idée que son voisin ait pu si facilement comprendre qu'il regardait l'ancienne duchesse.
–Il paraît, oui. Cela fait quelques années que je ne l'avais pas vu, dit-il en plissant les yeux pour mieux apercevoir la jeune femme. Qu'a-t-elle reçue en récompense pour la livraison de son ex époux ?
L'absence de réponse de son voisin fut significative. Ses affaires, loin de la cour, l'avaient rendu ignorant des dernières actualités, même si ces dernières dataient de quelques années. Tôt où tard, quelqu'un se devrait d'aller à la rencontre de cette dame pour la gratifier de son présent et de sa promesse tenue plusieurs années auparavant. Mais la fanfare retentit, et l'Amiral sut que la rencontre attendrait encore un peu. Le son des cuivres furent si puissants que la foule n'eut plus qu'à se taire pour voir apparaître la silhouette d'un homme entouré par une trentaine gardes royaux.
–Oyé, Oyé, gentes dames, nobles damoiseaux. Peuple de Diantra , s'époumona le héraut royal du haut de l'échafaud. Ce jour-ci aura lieu l'exécution du dénommé Franco di Celini. Icelui a été reconnu coupable, par la justice du roi, de haute trahison envers le Royaume. Pour cette raison, Franco di Celini a été déchu de tous ses titres et dépossédés de tous ses biens. Ce jour d'huis, Franco di Celini subira les châtiments ordonnés pour le crime de haute trahison. Pour cette raison, Franco di Celini sera traîné nu jusqu'à l'échafaud ; sera pendu par le cou, sans que la mort s'ensuive ; sera éventré, éviscéré et émasculé ; sera décapité et équarri, afin que ses membres soient délivrés dans toutes les terres du Royaume pour montrer ce qu'il en coûtera à toutes celles et ceux qui voudront trahir le Roi Bohémond Phiram.
D'un coup, l'ambiance fut bien moins festive. Ledit Franco di Celini entama sa longue et lente procession allongé sur une claie en bois, totalement nu, et traîné par un âne. Il ne tarda pas à pleuvoir des épluchures de légumes, des merdes de bambins et d'autres fruits pourris sur celui qui était à présent devenu une cible. Il ne fut pas bien difficile de percevoir le début de la souffrance de l'ancien duc de Soltariel, même si celui-ci fermait les yeux comme pour s'empêcher d'affronter la plèbe déchaînée. Mais le plus étonnant restait son silence. Pour l'avoir connu à travers quelques échanges et des bribes de récits faits sur sa personne, Francesco comprit que le bétissien n'offrirait point à ses bourreaux la joie de l'entendre implorer que son supplice cesse. Ce serait là un exemple de fierté suderonne à n'en pas douter.
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Mer 10 Avr 2019 - 10:37 | |
| C’est Hernando qui vit en premier Francesco et qui signala sa présence à Tibéria.
« C’est normal qu’il soit là, c’est lui qui a lancé le bal. Il se doit d’être présent à la clôture. »
Elle s’attendait qu’en le voyant cela fasse remonter des sentiments désagréables, mais en vrai, ce ne fut pas le cas. Sa vue la laissait parfaitement indifférente.
« Fâchée? »
« Non… Pas du tout en fait. Au départ, oui, mais si j’étais fâché maintenant, ça voudrait dire que ma situation actuelle me déplaît et c’est tout le contraire. »
« Je suis heureux de te l’entendre dire... »
Un concert de trompette interrompit toutes les conversations. L’accusation de haute-trahison était sans doute la pire de toute. Il ne fallait pas s’étonner qu’elle soit assortie au pire châtiment qui soit. Non seulement Franco sera exécuté, mais sa mort sera précédée par une souffrance extrême et sa dépouille privée du respect le plus élémentaire. Tibéria n’avait jamais assisté à une telle mise à mort et à l’évocation de tout ce qui attendait Franco, elle blêmit sensiblement.
« J’ai pitié de lui. » Dit-elle après un moment de silence. Elle le suivait du regard alors qu’il était bombardé par tout ce qui tombait sous la main des spectateurs. « Je suis incapable d’éprouver la moindre satisfaction à le voir souffrir de cette façon. Cela dit, j’aurais aimé comprendre les raisons derrière ses agissements. Pourquoi a-t-il fait ça? Comment suis-je censé expliquer cela à Sofia plus tard? »
« Il était peut-être fou, comme ces gens que l’on croise parfois dans les quartiers les plus miséreux et qui n’ont clairement plus toute leur tête. J’ai déjà vu des hommes bien portants perdre la tête complètement suite à une campagne militaire. Les horreurs qu’ils ont vues les ont brisés. Un jour, un soldat bon père de famille a soudainement massacré toute sa famille au fil de son épée avant de se tuer. Pourquoi? Personne ne le sait. Je suppose qu’il y a des blessures dans la tête bien plus complexes à saisir qu’un simple bras cassé. Après, est-ce que ça le rend moins coupable de ses actes? »
Tibéria regarda Franco. Savait-il qu’elle était là parmi les spectateurs.
« Non. Il est coupable. Cela dit, je crois que vous avez raison et que si l’on pouvait comprendre ce genre de phénomène, peut-être que l’on éviterait que ça se reproduise. En même temps, il est peut-être juste très imbu de sa personne, malhonnête et qu’on se pose encore beaucoup trop de questions. Bref, je crois que ce soir je vais me saouler. »
Hernando posa la main sur le genou de Tibéria.
« Pareillement »
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| | | Francesco di Castigliani
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Mer 10 Avr 2019 - 20:29 | |
| La procession du misérable fut longue et pénible à regarder. Elle fut si longue, qu'en dehors de la plèbe enragée, l'on entendit prononcer des insultes dans la noble assemblée, demandant au condamné d'accélérer la cadence pour ne point les endormir. Les cons... se dit-il. Ils voulaient qu'il les amuse... Il manqua de bondir de sa chaise pour leur demander de fermer leurs gueules, sous peine de les emmener se faire cuire, eux aussi, sur l'échafaud. C'est sans doute pour cette raison que la main du régent l'en empêcha en le retenant tout doucement, « Laissez les cracher leur bile, mon ami. Ils n'en ont pas souvent l'occasion ». Le sourire pincé du régent fut ô combien révélateur de ses véritables pensées, et de la politique muselée qu'il avait mené depuis ses dernières années.
–Voilà un fidèle suderon mes seigneurs ! lança un notable nordien à quelques pas de lui. Toujours aussi lent dès qu'il s'agit d'accomplir son devoir, Ah. Regardez-le ! Nous le verrons bientôt s'arrêter pour se reposer...
Lui, comme d'autres seigneurs du sud se sentirent suffisamment moqués pour que l'un d'entre eux se mette à gueuler « ENCULEUR DE CHEVRES », durant un moment d'accalmie. L'insulte recouvrit le bruit de la foule, et la joute se poursuivit sans que ni les uns, ni les autres, n'assistent vraiment à la montée du condamné sur l'échafaud où l'attendaient ses tortionnaires. Un homme allait mourir, et les spectateurs préféraient désormais s'étriper par de doux mots, plutôt que de lui offrir un minimum d'attention. Cela n'empêcha bien évidemment au supplice de poursuivre. Un bourreau fit passer une corde autour du cou de Franco. Celle-ci était reliée à une potence suffisamment haute pour l'utilité qu'on lui en donnerait. Car dès lors que l'homme fut prêt, les bourreaux se mirent à quatre pour tirer de toute leur force afin de faire monter le Celini dans les airs. On le vit frétiller comme un poisson que l'on aurait tout juste hameçonné et sorti de l'eau. Par instinct de survie, ses mains attachées derrière son dos, tentèrent de se débattre pour s'extirper. Son visage devint alors violet, et ce fut le moment choisi par les bourreaux pour le redescendre sur terre et lui faire récupérer son souffle. Mais le répit ne fut que d'une très courte durée, puisqu'à peine remit, on le releva, et ainsi de suite pendant plusieurs interminables minutes.
Francesco se garda bien de critiquer ces méthodes barbares, qui commençaient à le répugner. Cela ne faisait que quelques instants seulement que l'exécution avait commencé, et il aurait souhaité qu'on abrège les souffrances de ce misérable une bonne fois pour toute. « N'oubliez pas ce qu'a fait cet homme, Amiral », souffla de nouveau le régent à son oreille.
L'oublier ? Comment le pourrait-il... La culpabilité de cet ancien duc ne faisait plus aucun doute. Il avait trahi sa femme, trahi tous ses proches, trahi ses vassaux, et son roi. Dire qu'il n'avait jamais souhaité toute cette cérémonie n'aurait point été vraie. Au contraire, il avait espéré sa mort en de maintes reprises. Ses yeux quittèrent le supplicié quelques instants, le temps de les porter vers la duchesse déchue. Que pensait-elle de ce spectacle ? Était-elle venue pour se délecter comme tous ces autres soiffards avides de sang ?
–COUPEZ-LUI LES COUILLES ! gueula l'un des berthildois assit dans l'estrade. QU'IL LES BOUFFE !!
Navrant... véritablement navrant.
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Jeu 11 Avr 2019 - 0:35 | |
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Et ils prenaient leur temps, mais vraiment tout leur temps. La marche jusqu’à l’échafaud s’éternisa au point d’énerver quelques nobles dans les estrades. Quel manque de classe, mais ça n’étonnait pas Tibéria. L’empathie ne faisait pas partie des qualités premières de la noblesse, pas plus que le savoir-vivre, apparemment. Ne devraient-ils pas montrer l’exemple devant la plèbe enragée? Outrageux, voilà le mot. Les exécutions ont toujours été une affaire publique, un spectacle même, mais la mort de Franco, pour plusieurs raisons, était plus importante encore. Au-delà de la punition, la couronne profitait de l’instant pour affirmer sa puissance et dire au monde qu’elle ne tolérait jamais ce genre d’incartade. En soi, c’était merveilleux. Après des années d’incertitude et de déchirement, le royaume connaissait enfin la paix avec un jeune roi prometteur secondé par un régent respecté. L’exécution de Franco était le point final de cette période trouble. On pouvait donc se réjouir avec raison, mais il ne fallait pas non plus oublier qu’un homme allait mourir. Sa culpabilité ne faisait aucun doute, mais la mort devrait toujours être prise au sérieux, mais pas aujourd’hui, apparemment.
« Ils sont pires que des enfants. »
Suderons et Nordiens se lançaient des bêtises alors que Franco montait enfin l’échafaud. Tibéria devait saluer sa prestance. Couvert de détritus des pieds à la tête, il n’en restait pas moins aussi droit que possible.
« Les préjugés ont la vie dure. »
« Ils pourraient au moins faire ça ailleurs! Je peux comprendre ça venant de la plèbe, des gens peu éduqués, mais ce sont des nobles. Ils mériteraient tous une bonne claque. »
Hernando ne cacha pas son sourire.
« Quelque chose me dit que Francesco est peut-être du même avis. »
Hernando, même de loin, voyait que l’amiral n’était pas particulièrement ravi de cette joute verbale improvisée. Il faut dire que c’était décevant, mais non surprenant, de voir les seigneurs du sud embarquer aussi facilement dans le jeu des hommes du nord.
« C’est quand même la base du savoir-vivre... »
La procession terminée, venait maintenant la pendaison. Le sang n’avait même pas coulé qu’elle était déjà dégoûtée. En le voyant se débattre pour sa vie, Tibéria détourna les yeux. Elle ne pouvait pas s’empêcher d’imaginer la sensation d’être étranglé à son tour, de se battre pour respirer. Tibéria porta une main à sa gorge.
« Bon sang, qu’ils le tuent! Ce n’est pas par la torture qu’ils vont ramener les morts qu’il a causées. C’est de la barbarie, rien de moins. »
« Une barbarie dictée par la loi et les choses n'iront pas en s'améliorant. Rien ne t’oblige à rester. Nous pouvons rentrer, personne ne dira rien. »
Tibéria secoua la tête avant de regarder Franco qu’on soulevait une nouvelle fois dans les airs.
« Non, j’ai dit que j’y serais, alors je reste... »
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| | | Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Sam 13 Avr 2019 - 21:55 | |
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« Allons Louis, pressons-nous ! ». Inutile, il ne l’entendit point. Le brouhaha assommant qui régnait sur la grand place Diantraise avait masqué les intonations courroucées de sa diatribe. Les pieds battaient le pavé à allure soutenue alors que l’époux la talonnait de près. Ils avaient eu bien du mal à combler leur retard mais les jeunes parents n’avaient eu d’autres choix face à l’incompétence maladive des nourrices. Irritée, la flamboyante marquise aurait pu châtier quiconque croisait sa route ou s’appesantissait un peu trop. Et la fête populaire à laquelle ils se rendaient au pas de course était tout à fait dans le ton de ses humeurs féminines ; au moins là, elle n’aurait qu’à apprécier le spectacle. La garde écartait avec difficulté les badauds et les bourgeois, laissant à la dame et au Cerf le soin de se frayer un chemin jusqu’à la tribune d’honneur. Là s’élevait les mêmes exclamations barbares qu’à l’angle de la rue. Ce jourd’hui il ne semblait plus y avoir dans la capitale ni roture ni noblesse. Tous crachaient le même venin vulgaire et rabaissant que l’entrée fracassante du couple fit taire dans l’estrade Berthildoise.
Ah là ! Voyant les Saint-Aimé s’installer aux meilleures places, les plus bavards des vassaux tinrent bien fermement leurs langues dans leur claque-merde. Et, bien que quelques murmures égosillés parvenaient encore aux oreilles chastes de leur suzeraine, cela était de meilleur goût que ce qu’elle avait pu entendre jusque-là. Louis se tenait droit, campé sur ses deux quilles, alors que l’allure ne l’avait pas même essoufflé. Ses yeux azurs s’étaient jetés sur le corps décharné de ce qui fût un jour l’homme le plus haït du Royaume. D’ailleurs, la Belle s’éprit un peu de pitié devant le monticule décharné. Il n’avait plus rien d’humain et l’exhibition publique finissait de lui ôter la moindre parcelle de Franco di Celini. Il était là, empêtré dans des cordes suppliciées, attendant son onction avec dévotion, son visage déjà mort. Et malgré tout, elle se tint elle aussi debout, sévère.
Une œillade moqueuse du Corbac – maudit soit-il ! – finit d’user sa patience. Telle l’épée dans le foie, elle lui rappela amèrement les déconvenues récentes de son mariage. La naissance des jumeaux les avait emplis de joie, mais les différentes fausses-couches avait jeté de l’huile sur le feu ; voilà que son pauvre époux se pensait punit par les Cinq. S’ils partageaient encore la même couche, les éclats de voix étaient de plus en plus fréquents si bien que l’on commençait déjà à piailler dans les chaumes. Et pour sûr, le gredin de Régent avait dû être mis au courant par quelques vipères. Si bien que sa simple vision lui donnait envie de lui tordre le cou céans. Toutefois il n’était pas de bonne convenance d’assassiner publiquement quelqu’un, alors, gardant toute fierté pour soi, elle toisa la foule, froide et magnifique.
Et il fallut bien reconnaître cela au traitre le plus célèbre de son temps : jamais il ne poussa un cri. Il subissait, résigné. Et peut-être – oui sûrement que ce chien était bien plus humain finalement que tous ces malfrats venus se repaître de son sang, admirer un spectacle barbare et pas plus juste qu’aucune tuerie. Peut-être qu’en ses derniers instants, l’ancien Duc du Soltaar s’était montré plus digne que tout le reste de sa misérable vie. Et ce fût cette pensée qui réchauffa le cœur de la Broissieux, alors qu’une petite bourrasque automnale fit virevolter ses cheveux lâchés, à peine tenus par les ailes d’argent qui ceignaient son crâne.
« Qu’aucun ne sous-estime à partir de ce jour l’entêtement d’une femme blessée. Aucun mâle ne sera assez puissant pour s’en protéger ». Les mots avaient franchit ses lèvres avec dureté, et même si elle n’apprécia en rien Tibéria, elle pouvait au moins lui concéder cela. « Mais là. Combien de temps faudra-t-il encore pour qu’il l’achève ? Qu’on en finisse ». Son époux tourna légèrement la tête vers elle. Ses prunelles de glace se posèrent sur son visage, mais il resta silencieux. Interdit.
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| | | Francesco di Castigliani
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Dim 14 Avr 2019 - 8:47 | |
| Franco di Celini s’étala de tout son long dès que la séance d’étranglement fut enfin terminée. Recroquevillé en position de nouveau-né, il sembla puiser dans ses derniers retranchements pour reprendre un peu de souffle avant qu’on ne l’oblige à se relever pour la suite des festivités. Ses bourreaux, quant à eux, n'éprouvèrent aucune once de pitié en l’attachant sur la table de torture installée à la verticale. On le sangla aux pieds, aux jambes et au cou pour éviter qu’il ne tombe. On le vit alors bouger frénétiquement comme pour se défaire une fois de plus de ses liens. L’ancien duc, en ce moment même, savait éperdument ce qui allait suivre. N’importe qui, dans une telle circonstance, se serait mis à supplier qu’on le gracie ou que les dieux lui viennent en aide. Mais pas Celini. Il préférait continuer de se débattre, plutôt que de ployer. Un bourreau arriva près de lui, un couteau de boucher dans les mains. L’émasculation commença.
On le vit s’évertuer de la plus fâcheuse des manières pour sectionner les derniers signes de virilité du bétissien. Un véritable jet de sang ne tarda pas à couler sur les cuisses du supplicié, pour finir par former une flaque à ses pieds. Francesco hoqueta, avant de détourner le regard en direction du jeune-homme portant la couronne. Il vit un garçonnet impassible, semblant n’éprouver aucune forme d’émotion. Ni de dégoût, ni de joie. L’Amiral se demanda dès lors, qui du Roi ou du traître l’effrayait le plus.
Là retentit enfin les premiers hurlements du Celini. Ils furent si forts et si puissants qu’ils recouvrirent les cris des badauds venus assister au spectacle. Alors le silence gagna la plèbe et tous se mirent à le regarder mourir à petit feu. Des mères cachèrent progressivement les yeux de leurs jeunes bambins lorsque le bourreau se mit à enfoncer son couteau dans le ventre de sa victime. Les hurlements redoublèrent. Francesco frissonna. De mémoire, il n’avait jamais entendu pareille plainte dans la bouche d’un homme. Ça l'avait pétrifié.
Le bourreau plongea sa main dans l’entaille béante de son ventre et en sortit ce qui s’apparentait, de loin, aux entrailles du Celini. Le spectacle tourna à l’horreur. L’on vit le traître avoir encore assez de vie pour assister au retrait de ses boyaux. On le vit plonger dans la peur la plus intense qui soit. Il cracha son sang à la figure de ses tortionnaires sans que l’on sache si son geste était une énième provocation ou seulement la preuve de sa lente agonie. Toujours est-il que l’on entendit s’élever des cris d’effroi dans l’assemblée, se transformant bientôt en suppliques pour que l’on finisse d’abréger les souffrances du pauvre homme.
D’un coup sec, le bourreau tira tout ce qu’il put, libérant sur le sol une mare de sang. Les autres ramassèrent tout ce qu’ils trouvèrent pour les jeter dans le petit feu installé à l’occasion. Une odeur de sang et de viande grillée commença à se répandre, finissant ainsi de le répugner au point de lui donner l’envie de recracher ses fruits du matin. Puis au moment de voir si le Celini était encore en vie, Francesco comprit que l’homme venait de libérer son dernier souffle.
Le traître avait été puni. Franco di Celini n'était plus.
Le spectacle, lui, n’était pourtant pas encore fini.
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Dim 14 Avr 2019 - 13:33 | |
| Tibéria savait ou plutôt pensait savoir dans quoi elle s’embarquait lorsqu’elle insista pour être de l’exécution de Franco, mais comme bien des choses dans sa vie, elle avait tord. En fait, rien ne pouvait préparer à ça. Même pour un soldat aguerri comme Hernando, être témoin d’une mort aussi violente était difficile. Pourtant, il en avait vu des plaies dégueulasses : des os brisés perçant la chair aux entrailles à découvert jusqu’aux crânes fendus laissant entrevoir la cervelle du malheureux. Il en avait achevé certains, par compassion, car personne ne mérite de mourir dans la souffrance. Enfin, presque personne.
À côté de lui, la jeune femme observait la scène, à la fois hypnotisée et dégoutée par ce qu’elle voyait. C’est comme si quelque chose l’empêchait de détourner les yeux, mais lorsqu’on l’éventra, elle n’en pouvait plus. Elle se retourna brusquement vers le bord de l’estrade et rendit le peu que contenait son estomac. Hernando lui avait fortement suggéré de ne pas trop manger et elle se remerciait de l’avoir écouté pour une fois, mais les contractions de son estomac n’en étaient pas moins douloureuses. L’ancien garde délaissa aussitôt le spectacle pour lui venir en aide.
« C’est presque terminé. » Lui assura-t-il, sa main faisant des cercles sur son dos pour l’apaiser, mais il fallut encore attendre ce qui sembla être une éternité pour que les cris s’étranglèrent enfin et se turent à tout jamais. « Voilà, c’est fait. Il est mort. Franco di Celini est mort. Maintenant, on rentre! »
« J’ai besoin de quelques minutes... » Elle se redressa lentement en faisant bien attention à ne pas regarder vers l’estrade même si l’odeur de chair brûlée était difficile à ignorer. Elle était très pâle, aussi pâle que le jour de la naissance de Sofia alors qu’elle a frôlé la mort. « Très bien, mais on ne traîne pas, compris? »
Elle plissa les yeux, ne cachant pas son agacement, mais elle ne dit rien. Tibéria risqua un regard vers l’échafaud. Ce n’était pas beau à voir, mais elle trouvait moins choquant le corps sans vie que les hurlements de douleurs et la souffrance infligée précédemment. « Ce n’est pas terminé. Je ne veux pas être celle qui fuit avant la fin. Après tout, c’est grâce à nous qu’il a été ramené devant la couronne... » Tibéria lui jeta un regard qui lui intima de ne pas insister avant de rapporter son attention sur la dépouille sans vie de Franco.
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| | | Francesco di Castigliani
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Ven 19 Avr 2019 - 9:27 | |
| C'est lorsqu'on crut le supplice enfin terminé que le véritable cauchemar débuta. Le damné Celini avait pourtant bel et bien déjà quitté le Royaume des vivants malgré les tiques nerveux que faisaient encore son corps vidé. Mais là, enfin, les bourreaux s'attelèrent à leur partie préférée lorsqu'ils sortirent de leur maudite besace des lames ciselées. De toutes les phases de cette monstrueuse exécution, elle était probablement celle qui plairait le plus au pouvoir royal. Non pas à cause de l'acte en lui-même qui s'apprêtait à hanter les mémoires. Mais bien pour le symbole qu'il représenterait pour les années à venir. Une sorte d'avertissement, en soit.
On commença à entendre le son que firent les scies sur la chair déjà meurtrie du Celini. L'on eut dit, sans mauvaise pensée, qu'il s'agissait d'un boucher équarrissant son porc ou son veau. Pris d'un malaise, Francesco se fustigea lui-même d'avoir pu faire le rapprochement entre ces deux sons. Comme sur un marché, les bourreaux posèrent les morceaux découpés sur un étal à la vue de tous. Encore une fois, les chants des badauds vinrent agrémenter le spectacle horrifique proposé par le pouvoir royal. Pauvres et riches eurent, à ce moment-là, le même enseignement. Pour finir, la tête dévissée de l'ancien duc vint orner le centre de l'étal tel un trophée.
–Santa madre... lâcha-t-il sans retenue.
Le duc de Celini, posé de la sorte en kit, était devenu méconnaissable. Tandis que la tête, elle, fut mise sur une pique bien à la vue de tous. L'Amiral se pencha nerveusement sur son siège afin de mieux l'apercevoir. De nouveau saisi d'effroi, il découvrit l'expression du visage qui le laissa sans voix. Car l'on eut dit que le mort leur souriait. Bon vent l'affreux !
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Jeu 2 Mai 2019 - 0:47 | |
| Tibéria ne jeta rien de plus que quelques regards sur le corps de Franco dépecé sur la place publique. Ce n’était rien de plus que de la chaire, mais l’image marquera certainement les esprits pendant longtemps et la couronne le savait. C’était exactement l’effet recherché pour décourager ceux qui seraient tentés de faire pareil. Lorsque la tête fut posée sur une pique, clôturant ce macabre spectacle, il était temps de rentrer. Hernando se leva et offrit son bras à Tibéria pour l’aider à descendre l’estrade. Le geste fut grandement apprécié, car elle avait encore les jambes molles.
« Allons-nous directement à la maison ou à l’auberge? »
« Auberge. J’ai toujours l’intention d’en vider la réserve. »
Ils avaient à peine posé les pieds sur les pavés qu’un officiel se planta devant le duo.
« Tibéria Soltari-Beronti, vous êtes attendu au palais dans les plus brefs délais. »
La jeune femme s’arrêta, stupéfaite.
« Quoi, maintenant? »
« Ce sont les instructions que j’ai reçues. »
Comme un peu tout le monde ici, l’officiel avait le teint verdâtre que son air sérieux n’arrivait pas à faire oublier et l’emblème du roi brillait sur sa poitrine. Pas de toute, il représentait la couronne et si la couronne voulait la voir maintenant, elle devait y aller maintenant. Voilà des années qu’on la laissait en paix. Tibéria croyait qu’on l’ignorait et, sincèrement, ça l’arrangeait. Depuis le procès, elle n’avait adressé qu’une seule lettre au roi, celle qui annonçait la capture de Franco. Depuis elle menait sa vie dans la plus grande quiétude, loin des remous et des scandales de la cour. Elle ne tenait pas particulièrement à ce que ça change.
« Je viens avec toi. » Hernando, toujours prêt à servir. Il devait déjà s’imaginer Tibéria prisonnière à jamais du château si elle y mettait les pieds.
« Ça ne sera pas nécessaire. Rentre, ça ne devrait pas être bien long. »
Elle lâcha le bras de l’ancien garde qui n’était pas du tout convaincu. Pourtant, s’ils avaient voulu lui faire du mal, ils n’auraient pas attendu aussi longtemps pour le faire. Tibéria avait un peu voyagé dans les dernières années, mais elle était surtout resté à Diantra. Elle n’avait pas non plus vécu cachée. On la voyait régulièrement marcher en ville et les gens savaient qu’elle possédait maintenant une auberge. En fait, on devait s’être soudainement souvenu de son existence avec l’exécution de Franco et cette convocation n’était rien de plus qu’une petite discussion pour savoir ce qu’elle faisait maintenant. Ça n’inquiétait pas Tibéria tout particulièrement, car elle n’avait rien à cacher, mais ça l’ennuyait que ça se passe maintenant. Elle n’était pas habillée pour se rendre au palais!
« Ne t’inquiète pas, ça ira. »
Un sourire encourageant se dessina sur ses lèvres juste avant de suivre son escorte beaucoup moins affable à travers la foule. En quelques instants, Tibéria avait laissé la cohue de la place pour l’étonnante quiétude du palais où elle attendit.
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| | | Francesco di Castigliani
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Jeu 2 Mai 2019 - 19:29 | |
| Les salutations et autres hommages firent suite à l'exécution de l’innommable supplicié. On vit les beaux nobliaux faire la queue pour renouveler leur amour à la personne royale, en lui laissant tantôt un baiser baveux sur sa main, puis des sourires mielleux comme seuls les godelureaux savent si bien faire. C'était cela Diantra et sa noblesse. Francesco avait dû s'y habituer, lui qui était plus habitué au calme et à la sérénité des océans. « S'y habituer » était un bien grand mot d'ailleurs. Disons plutôt, qu'il avait appris à les supporter. Suite à cette comique cérémonie, l'amiral fut enfin libéré pour retourner à ses occupations. Et l'une d'elle était toute trouvée, puisqu'il avait mandé à l'un de ses hommes de quérir la dame Tibéria afin de l'inviter à venir le rencontrer dans ses appartements. La chose aurait bien pu paraître grotesque quelques années en arrière. Son frère même, se serait sans doute fendu d'une pointe d'ironie en l'apprenant, mais le duc n'était point là. Et lui n'était pas là pour rire.
Point pour rire donc, mais pour réparer une erreur qui lui était devenue difficile de supporter dès lors qu'il avait été mis au fait plusieurs heures auparavant. Pour cette raison, l'amiral Castigliani retrouva la dame invitée à patienter dans l'antichambre menant à ses appartements. Ces derniers avaient une bonne place, et se trouvaient non loin de ceux du régent et du Roi en personne. C'était là l'honneur que l'on réservait aux proches de l'enfant. Honneur ou malheur, selon les points de vues ; car il était vrai que de la sorte, l'amiral était à disposition pleine et entière de la cour royale. Plutôt un malheur du coup.
-Ma dame, dit-il d'une voix basse pour ne pas faire sursauter la sotarii-berontii qui patientait dans la pièce.
Ignorant si elle l'attendait depuis longtemps ou non, Francesco se rassura en la voyant contempler les tapisseries recouvrants les murs. Icelles présentaient des scènes historiques du royaume, et plutôt récentes. L'on y trouvait ainsi une tapisserie, plus grande que toutes les autres, représentant le Roi Bohémond retournant en sa cité après que tous ses ennemis aient été défaits. Une autre présentait la prise sanglante de Merval où l'on y voyait de longues flammes se propageant presque jusqu'au plafond. La Soltarii s'était retournée pour lui faire face lorsqu'il s'inclina respectueusement et lui pris la main comme le voulait l'usage.
-Je n'ignore guère être la dernière personne de cette cité que vous ayez sûrement souhaité voir. Surtout en une telle circonstance, ajouta-t-il consciemment. Pour cela ma dame, je ne puis que vous demander de bien vouloir mettre de côté nos différents et de me laisser vous inviter à me suivre pour que nous puissions avoir une conversation.
Il la convia ainsi à l'accompagner dans ses appartements une fois qu'il eut ouvert les premières portes. La pièce de vie était un petit havre de paix pour tout suderon venant séjourner à Diantra. Il y avait, ici et là, des plantes vertes que l'on voyait dans les luxueux patios des palais soltaris. C'était un moyen pour lui de se rappeler ses origines et d'égayer ses grandes salles austères. Surtout que le reste de sa famille était restée à Castigliani... Dès que l'on regardait les murs avec attention, on apercevait de longues tentures représentants des cartes nautiques, dont notamment les côtes péninsulaires. Une petite chaise, non loin, était d'ailleurs attribuée au jeune Roi Bohémond qui venait le visiter afin de parfaire ses connaissances quant à l'histoire et la géographie maritime. Tel un précepteur, Francesco lui faisait la leçon, loin des turpitudes de la cour. Ces échanges privilégiés lui avait fait apprécier le petit Roi, bien qu'icelui ait eu plus d'aptitudes et d'affinités avec les choses des armes que des études. C'était là le propre de tous les enfants après tout. Quand bien même Bohémond ne pouvait se permettre d'être un « simple » enfant.
-Je crois qu'il est grand temps que le silence qui fut votre seule réponse suite à la livraison de votre ancien époux soit corrigée, reprit-il en lui proposant de prendre place sur l'un des fauteuils jouxtant le petit salon. Je ne puis tolérer le fait que l'on ne vous ait point adressé de remerciement quant à la promesse que vous fîtes au Roi lors de votre procès, et qui fut incontestablement tenue. C'est là avec bien des regrets que je souhaite alors vous faire part, beaucoup trop tard, de la plus grande gratitude de notre Roi et du royaume tout entier vis à vis du service qui lui fut rendu. Franco di Celini n'est plus, et c'est bien là tout ce que le roi souhaitait, n'est-il pas ?
Il était fort probable que ses excuses ne suffisent pas. Elles seraient pourtant les seules qu'on lui ferait, puisqu'elle venait de sa propre initiative. Francesco s'était permis de la regarder en s'installant sur le fauteuil en face du sien pour tenter de déceler sa réaction. Il ne put que constater avec étonnement à quel point icelle avait pu changer depuis ses années à la tête du duché de Soltariel. Dans cet accoutrement, l'on eut dit tout bonnement une femme de la populace, frêle et sûrement encore émue d'avoir vu l'exécution de son ex-époux. Quid maintenant de son tempérament de feu ? Avait-il changé en même temps que son apparence ? Son regard, droit et fier, traduisit à lui seul son désir d'en savoir un peu plus sur cette jeune dame ayant eu un jour à subir toute la fronde de ses gens.
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Ven 3 Mai 2019 - 1:19 | |
| Qui pouvait bien être son mystérieux rendez-vous? Son escorte refusa de répondre et la laissa plutôt derrière en lui disant de ne pas bouger. Tibéria se retrouva donc seule avec ses questions. C’était sûrement quelqu’un d’important, car si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, les appartements du roi ne se trouvaient pas très loin de là. Le régent donc? Possible… Dans tous les cas, le palais avait bien changé ces dernières années. Aux murs se trouvaient de magnifiques tapisseries relatant les récents exploits du royaume. Ils n’avaient pas perdu de temps pour les immortaliser, mais ce qui charmait Tibéria n’était pas les histoires qu’elles racontaient, mais plutôt la qualité de l’œuvre. Elle s’ennuyait de ça, de la proximité des artistes et des ouvrages qui prenaient forme sous leurs mains habiles. Tibéria savait dessiner, mais elle n’avait pas un réel talent pour ça. Elle avait donc beaucoup d’admiration pour ceux capables de matérialiser les merveilles issues de leur imagination fertile.
C’est la voix basse d’un homme qui la tira de sa contemplation et en se retournant, elle ne put que constater que ce n’était pas le régent qui se tenait devant elle, mais Francesco di Castigliani. La surprise était de taille et pour plusieurs raisons. Lorsqu’il s’inclina, elle fit de même, presque mécaniquement. Elle ne dit rien, car elle ne savait pas quoi dire en fait. Il n’y a pas très longtemps, Tibéria l’aurait probablement laissé en plan non sans préalablement lui lancer à la tête une longue liste d’insultes bien colorées, mais cette époque était chose du passé. Aujourd’hui, elle ne pouvait pas nier être curieuse de savoir pourquoi il avait demandé à la rencontrer sans pouvoir s’empêcher d’être inquiète en même temps. Cet homme l’avait dépossédé et si elle comprenait et acceptait aujourd’hui les raisons qui l’ont amené à faire ça, l’esprit oublie difficilement la douleur qu’il a subie.
En pénétrant dans les appartements, Tibéria jeta de petits regards discrets tout autour, s’attardant sur les détails ici et là. Les plantes rappelaient définitivement l’exotisme du sud et ça la fit sourire malgré elle, mais son attention retourna rapidement sur Francesco qui l’invitait à prendre place sur un fauteuil. En fait, la raison derrière cette invitation était toute simple, il souhaitait la remercier d’avoir livré Franco. Le jour où ils l’ont ramassé, c’est à peine si on avait remarqué la présence de Tibéria. Elle ne s’était pas trop attardée non plus, mais c’est vrai qu’elle aurait aimé qu’on lui dise au moins merci. Après toutes ses années, ça n’avait plus le même poids, mais venant de Francesco, cela avait une tout autre importance aux yeux de Tibéria.
« Pour être parfaitement honnête, je n’attendais pas vraiment de remerciement en retour. Si j’ai ramené Franco, c’était pour le principe. Évidemment, j’ai peut-être cru au départ que ça changerait quelque chose à ma situation, mais je trouvais plus important encore le fait de tenir parole. C’était tout ce qui me restait, après tout. Vous n’étiez donc pas obligé de me remercier, mais j’apprécie le geste. Et si je puis me permettre, vous n’êtes pas la dernière personne que je souhaite voir en ville. Je ne vous cacherai pas qu’à un moment, ce fut le cas, mais Franco fut l’unique artisan de ses malheurs. Il méritait son sort et vous avez fait ce qui devait être fait. » Elle marqua une petite pause, cherchant la meilleure façon de formuler les mots à venir. « Après toutes ses années, je ne sais pas si cela aura la moindre importance à vos yeux, mais je tiens également à m’excuser. Je sais que ça n’effacera pas ce qui a été fait, mais je trouve important de reconnaître mes torts. Je n’ai pas été à la hauteur, c’est évident. Je regrette beaucoup de choses et je vous demande pardon pour tout le mal que j’ai pu causer directement ou indirectement. » En prononçant ses mots, elle inclina la tête en signe de respect. Tibéria parlait calmement avec un aplomb indéniable. Il fallait une sacré force de caractère pour être capable de s’exprimer avec autant de sincérité et d’humilité à l’homme qui lui avait pratiquement tout enlevé. Elle s'étonnait elle-même, mais l'eau a coulé sous les ponts et tout ce que Tibéria désirait aujourd'hui, c'était la paix.
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| | | Francesco di Castigliani
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Ven 3 Mai 2019 - 9:38 | |
| C’est en entendant les premiers mots sortir de la bouche de la Soltarii-Berontii que Francesco réalisa à quel point il était dérouté. Il ne sut néanmoins se l’expliquer, et continua de faire montre de respect et d’attention à l’encontre de la jeune femme qui n’hésitait aucunement à lui faire part de ses erreurs et de ses torts. Il en fut quelque peu surpris tout en restant circonspect quant aux prochains mots qu’il choisirait. Sa position dans le fauteuil n’avait pas changée. Ses jambes étaient croisées et son coude, posé sur l’accoudoir, retenait sa tête remplie d’anciens souvenirs. Il s’apprêta à répondre à la dame lorsque Gislaine, sa servante affiliée déboula en trombe dans la pièce. Elle fut visiblement fort étonnée de les trouver tous les deux assis l’un en face de l’autre. Elle hoqueta en comprenant qu’elle venait d’arriver bien après la bataille et finit par se morfondre en excuses pour tenter de rattraper son retard.
-Cessez donc, Gislaine, demanda-t-il en vain.
-Mais mon seigneur aurait dû m’dire qu’il reviendrait avec une invitée. Si j’avais su, j’aurai…
-Reprenez-vous, ce n’est pas la mort… reprit l’amiral en amenant ses mains vers la carafe d’eau laissée sur la table. Je m’en occupe, Gislaine.
-Ah non ! Certainement pas m’sieur Francesco. Reposez vos fesses sur votre fauteuil maintenant !
Sachant éperdument qu’il serait bien trop téméraire d’aller à l’encontre de sa servante, Francesco se contenta de se rasseoir comme un enfant ayant reçu un ordre. C’est que la mère Gislaine pouvait être sacrément têtue quand elle le voulait. Lui qui pensait l’être aussi s’était bien ravisé depuis qu’elle était arrivée à son service. Depuis, il s’en était fait une amie. Peut-être la seule dans cette fichue ville d’ailleurs. Icelle leur servit un verre rempli d’eau à chacun. Il eut préféré du vin, mais elle l’en empêchait, prétextant que la piquette trouvée dans le palais n’était point bon pour sa santé. Là aussi, il n’avait pu qu’acquiescer.
-Hum… vous pouvez disposer, Gislaine hum…hum… Merci.
Elle le regarda d’une drôle de manière, avant d’ajouter « J’serai pas bien loin, m’sieur Francesco, si b’soin ». Visiblement gêné, Francesco replongea son regard dans celui de la dame Tibéria qui venait d’assister malencontreusement à leur scène de ménage. Où en étaient-ils donc déjà ? Ah oui, aux excuses des uns et des autres ! Francesco but une gorgée d’eau avant de se lancer.
-Vos excuses ma dame, je veux bien les accepter, et vous remercie pour votre honnêteté et tout le courage dont vous me faites part. Cela montre à quel point vous pouvez encore m’impressionner en ce jour, avoua-t-il. Oui, vous m’avez bien entendu, dame Tibéria. Vous m’impressionnez, car j’ai longtemps vu en vous une enfant obtuse ne cherchant que le prestige et la puissance, faisant tout son possible pour se maintenir. Hors, vous m’avez trompé. Je le vois ce jour d’huis, car vous vous tenez là, devant moi, devant celui qui a participé à votre chute et vous me demandez pardon. Quelle femme êtes-vous ma dame pour me demander cela ? Qui suis-je pour l’accepter ? Vous intriguerez et fascinerez sans-doute celles et ceux qui travailleront dans les décennies à venir sur l’histoire de notre Royaume. Ils s’apercevront, sans aucun mal, de toute la force qui vous anime et vous a permis de regarder votre second époux mourir ce jour d’huis. Ils comprendront, dame Tibéria, que tous les hommes qui n’auront vu en vous qu’une simple fillette manipulable, se seront follement trompés sur votre compte et auront tous faillis dans leurs quêtes ingrates. Et vous, malgré tout ce qui vous est arrivé, leur avez survécu sans avoir pourtant été épargné par leur chute.
Il but une nouvelle gorgée d’eau pour se remettre de sa conclusion.
-De toute ma vie, ma dame, je n’ai connu de personne telle que vous.
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Ven 3 Mai 2019 - 14:34 | |
| Tibéria cacha avec peine son amusement devant les chamailleries dignes d’un vieux couple entre Francesco et sa servante. Elle voyait un peu de Cassio chez cette femme et les deux s’entendraient certainement à merveille. Elle comprenait que trop bien l’embarra de Francesco et pour ne pas en ajouter à son inconfort, elle préféra se taire. Pour faire oublier cet épisode embarrassant, Francesco retomba rapidement dans le vif du sujet et sa réaction surprit énormément Tibéria. L’idée d’entendre un tel compliment de la bouche de cet homme ne lui aurait jamais effleuré l’esprit. Pourtant, ça venait bel et bien d’arriver. Oui, peut-être qu’il avait raison d’être admiratif, mais aux yeux de Tibéria, elle n’avait fait ce qu’elle devait faire. Vers la fin, on l’avait vue angoissée, agressive et désespérée. Elle faisait tout pour ne pas sombrer, ce qui l’empêchait de réfléchir correctement. Cet arrêt brutal et forcé a remis beaucoup de choses en perspective, mais il lui a surtout donné du temps pour penser et retrouver celle qu’elle est vraiment.
« Je suis une femme qui veut la paix et qui ne souhaite pas nourrir inutilement la colère. Je crois que tout le monde s’attendait à ce que je prenne le premier bateau en partance pour Thaar avec ma fierté brisée et mes quelques possessions pour aller me terrer là-bas en ruminant sur mon sort. J’aurais alors nourri Sofia de cette haine et elle aurait grandi en apprenant à vous haïr et à haïr le roi aussi. Quel genre de femme serait-elle devenue ? La fuite est l’option des lâches. Arichis a fui, Franco a fui tout comme d’autres avant eux. Je ne voulais pas être comme eux, mais plus important encore, je voulais être fidèle à ce que j’ai toujours prôné. Soltariel a une réputation peu enviable au-delà de ses frontières. Les vendettas entre les familles s’éternisent parfois sur plusieurs générations et sont souvent sanglantes. Les gens ici croient que l’on passe la plupart du temps à se poignarder dans le dos mutuellement. Je voulais changer ça. Lorsque j’étais à Soltariel, c’était l’une de mes intentions premières. Ça n’a pas fonctionné, mais j’y crois encore à ce jour. Je devais donc être conséquente dans mes gestes et devenir un exemple. Il me fallait pouvoir me regarder dans un miroir et me dire : tu t’es royalement trompé et tu n’as pas à blâmer le monde pour ça. Avez-vous la moindre idée à quel point c’est difficile ? »
Elle sourit. Blâmer les autres, c’est facile. Admettre ses erreurs, c’est une tout autre histoire et c’est parce qu’elle a réussi à le faire qu’elle pouvait se tenir devant Francesco sans avoir envie de lui arracher les tripes. Elle prit le verre pour se rendre compte qu’il contenait en fait que de l’eau. Elle en prit une gorgée. C’était rafraichissant, mais elle aurait aimé tremper ses lèvres dans un délicieux vin soltarii.
« Je ne veux pas vous vexer, mais un soltarii qui bois de l’eau… » Elle haussa un sourcil interrogateur. « Soit vous essayez d’être raisonnable, ce qui est affreusement triste, soit le vin que l’on trouve au palais est imbuvable. »
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| | | Francesco di Castigliani
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Mar 7 Mai 2019 - 15:49 | |
| Francesco devait bien se rendre à l'évidence, les propos qui allaient prochainement suivre n'iraient pas sans l’embarrasser. Un sourire pincé et un regard fuyant furent ses premières armes pour tenter de désamorcer son inéluctable gêne, saupoudrée d'une fierté disparue. « Et bien, ma dame, si le vin se bonifie avec l'âge, il n'en est pas de même pour moi... hum. Ma servante prétexte la mauvaise qualité du vin, mais je dois moi-même admettre que les alcools me donnent aujourd'hui des aigreurs d'estomac. Alors oui, je le reconnais, cela est bien triste... hum ».
-GISLAINE !
La servante arriva la seconde d'après, montrant bien qu'elle attendait derrière la porte qu'on l'appelle à n'importe quel moment, « Veuillez servir du vin de Soltariel à notre invitée, je vous prie ».
La vieille mégère le regarda de haut comme pour lui indiquer que son plus doux regard n'y changerait rien. Elle s'empara d'une bouteille cachée dans un recoin dans une malle dont elle seule possédait la clé, et servit un verre à la dame Tibéria.
-Ca ne sert à rien d'espérer m'sieur Francesco, déclara-t-elle en bouchonnant la bouteille. Vous n'aurez pas une goutte !
-Allez vous en oiseau de malheur ! maugréa l'Amiral. Baste ! Baste ! Du vent !
-Je reviendrai pour votre infusion m'sieur Francesco.
-Gardez votre eau rouillée pour les plantes !
Puisqu'il n'avait que ça, il se resservit de l'eau et en but une bonne gorgée. La suite, quant à elle, s’annonçait bien trop sérieuse pour qu'il ne prenne pas toutes les mesures nécessaires concernant l'humidité de son gosier. Car en cet instant, s'il avait fait preuve de sincérité envers la dame, force était de constater qu'icelle en avait fait de même le concernant. De manière assez surprenante, Tibéria lui avait fait part de son désir de ne poursuivre aucune vendetta ; prônant même un désir de paix et de continuité. C'eut été là simplement une preuve de maturité pouvant faire rougir les derniers appartenant au mouvement des vrais-soltaris de toute évidence. Tous ces mots ne pouvaient forcer qu'à l'admiration venant d'une femme ayant connue une histoire comme la sienne.
-Je ne sais que trop bien à quel point il peut être difficile de reconnaître ses erreurs ma dame, et je vois à travers vos mots ô combien vous avez pu changer depuis toutes ces dernières années. Il est une qualité indéniable, pour tout seigneur qui se respecte, qu'il reconnaissebses torts sans en jeter la cause sur ses sujets. C'est la marque des Grands, et ces qualités sont excessivement rares aujourd'hui. Il lui sourit poliment. Voyez-vous, malgré mes batailles et mes trophées, j'ai perdu Nelen. Et par « perdu » j'entends dire que nous n'avons plus de nouvelles de l'archipel depuis des années maintenant. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants sont laissés à leurs tristes sorts depuis, devant compter sur leurs propres ressources et énergies pour survivre. Qu'ai-je fait pour les secourir ? Rien, ma dame. Je dois me résigner chaque jour à ne pas céder à la précipitation, car j'ai fait l'erreur d'y recourir en envoyant des hommes à la mort en partant se battre contre un ennemi que nous ne connaissions pas, et que nous ne pouvions abattre avec nos moyens. Ceci fut mon erreur, et je la paye quotidiennement dès que mes yeux s'ouvrent à l'aube.
Francesco espéra avoir été suffisamment clair pour qu'elle comprenne là où il souhaitait en venir.
-Vais-je abandonner pour autant ? Ô grand jamais je ne céderais devant ces odieux lézards volants, ma dame. Je poursuivrais la lutte jusqu'à ce que mon travail soit fini, en n'omettant point de ne pas reproduire mes erreurs passées. Serait-ce une raison pour les oublier une fois Nelen retrouvée ? Que nenni, puisque tout comme vous, mes erreurs continueront de me rendre plus fort.
Il lui laissa un regard approbateur, et observa la réaction de la jeune femme.
-Je vous trouve aujourd'hui bien plus forte que vous ne l'étiez, Tibéria. N'aimeriez-vous point rencontrer le Roi pour le lui montrer ?
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Mer 8 Mai 2019 - 1:41 | |
| « Le passage du temps est bien l’une des rares choses qui soient certaines en ce monde. Et nous, pauvres mortels que nous sommes, en subissons les conséquences. Je souhaite me rendre aussi loin, mais les hivers diantrais sont rudes avec moi et je n’ai pas l’impression que ça ira en s’améliorant. » Tibéria a toujours été sensible au froid. Avant d’être plus ou moins obligée de vivre à Diantra, elle n’avait jamais connu la neige. Le premier hiver a été particulièrement difficile pour elle, la clouant au lit pendant quelques ennéades. Depuis, dès que la température se refroidissait un peu, la jeune femme se couvrait de la tête aux pieds et prenait toutes les précautions possibles pour ne pas tomber malade, sans succès. Chaque hiver, c’était la même chose au point qu’elle envisageait s’exiler à Thaar pour fuir la saison froide et ses désagréments. Comme ils étaient à la fin de l’automne, Tibéria se préparait déjà à ce qui l’attendait dans les mois à venir.
Un appel suffit à faire revenir la servante revêche que toute la détermination de Francesco ne suffisait pas à venir à bout. Pourtant, il en avait! Tibéria se délecta de la coupe de vin apparu devant elle. Une gorgée et la jeune femme était de retour à Béronia. Il ne manquait que le son de la mer et les grands appartements baignés de lumière. Sachant qu’elle n’en aurait pas d’autre avant très longtemps, elle décida de le boire très lentement, savourant chaque lapé comme autant de petits plaisirs de la vie. Elle aurait pu sourire bêtement, mais la conversation actuelle ne s’y prêtait guère.
« J’ai effectivement entendu parler des événements de Nélen. J’essaie de me tenir loin de ce genre de conversation, mais forcément les gens parlent et je ne suis pas sourde. Cela dit, je ne pensais pas que c’était aussi grave. Aucune nouvelle du tout? Hum... » Elle réfléchit un instant. « Je suis bien placé pour savoir ce qu’il en coûte d’agir dans la précipitation… Ydril. » Elle n’eut pas besoin d’en dire plus. Lui, mieux que quiconque savait très bien à quoi elle faisait référence. « Vous ne devriez pas être aussi dure avec vous-même. Nelen a connu de nombreux problèmes dans les dernières années, mais ils ont toujours été le fait d’hommes. Cette fois, il s’agit d’un dragon… Vous ne pouviez pas savoir en envoyant vos hommes là-bas, personne ne le pouvait. » Elle comprenait sa douleur. Tibéria n’avait pas oublié les hommes morts dans le port d’Ydril parce qu’elle avait agi trop vite en essayant de rattraper les bêtises de Franco, mais Francesco était un homme d’honneur. S’il y avait quelqu’un dans ce royaume qui viendrait à bout de cette créature, c’était bien lui. Tibéria poussa sa coupe qui contenait encore du vin en direction de son hôte. « De nous deux dans cette pièce, vous êtes sans doute celui qui méritez le plus d’en boire. Prenez en une gorgée, ça ne vous fera pas de mal. Faites vite avant qu’elle ne revienne! » Ajouta-t-elle à mi-voix avec un sourire comploteur.
Quelle journée étrange quand même. Après avoir assisté à la mort violente de son époux, voilà qu’elle entretenait une conversation à cœur ouvert avec Francesco où les compliments pleuvaient autant pour l’un que pour l’autre. Parfois, il y a des choses qui ne se prévoient tout simplement pas. Maintenant, l’amiral proposait d’en ajouter un peu plus à l’improbabilité de cette journée en l’invitant à rencontrer le roi. Tibéria se tortilla un peu sur son fauteuil, soudainement inconfortable « Oh… C’est un véritable honneur que je ne peux décemment pas refuser, amiral. Je suis touchée par vos propos, mais je ne sais pas si je suis digne de me présenter à Sa Majesté de cette façon. » C’était une façon détournée de dire qu’elle n’était pas du tout habillée pour se présenter au roi et à son entourage, car il ne sera certainement pas seul et Tibéria ne voulait pas avoir l’air d’une pauvrette devant ces gens.
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| | | Francesco di Castigliani
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Mer 8 Mai 2019 - 17:26 | |
| Francesco ne sut réellement dire ce qui lui paraissait le plus étrange dans cette conversation. Était-ce le fait de faire part de ses faiblesses aussi ouvertement à celle qu'il avait aidé à défaire de ses titres après ses erreurs ? Où était-ce alors le fait d'entendre, de la bouche de cette même personne, qu'il n'était finalement pas fautif et que seul le hasard avait mal fait les choses ? Ce moment d'hésitation qu'il eut ne manqua pas de renforcer un peu plus toute l'ironie de la situation. Ce qui n'empêcha même pas la dame Tibéria de lui proposer une gorgée de vin de son propre verre. Bien que surpris, Francesco s'amusa grassement de la chose et s'empara sans hésiter du calice pour le porter à sa bouche et y verser le délicieux nectar fruité et âpre à la fois. Il laissa l'alcool glisser délicatement d'un bout à l'autre de son palais, pour y ressentir toutes les senteurs et goûts, avant de tout avaler d'une seule traite pour effacer les preuves de son crime. L'Amiral eut un sourire espiègle en direction de la jeune femme et de la porte donnant aux appartements de sa servante.
-Il m'en coûtera sûrement, je jure, murmura-t-il doucement. Mais fichtre que ce délice est bon !
Il n'eut pas de surprise à voir que ses propos avaient fait sourire son invitée. Tout en lui redonnant son verre, prêté de bonne grâce, l'Amiral se surprit même à échanger un regard complice. Il repensa dès lors à la proposition qu'il lui avait faite juste avant, concernant la possibilité de rencontrer le Roi. Bien entendu, la Soltarii avait accepté, tout en évoquant qu'elle ne pourrait se rendre à lui dans un tel accoutrement. Il était vrai que les usages et mœurs étaient assez scrupuleux concernant l'apparence des hommes et femmes évoluant dans le cercle royal. Non pas qu'iceux étaient tous bien vêtus, bien au contraire. Mais ils ne venaient point saluer non plus le Roi habillés comme les gens des rues ou crottés de la tête aux pieds.
-Vous vous habillerez comme il vous siéra pour cette occasion, ma dame, déclara-t-il sans émettre le moindre jugement quant aux habits qu'elle portait présentement. Concernant l'occasion justement, je vous propose de rencontrer le Roi lorsqu'il viendra prendre sa leçon de géographie ici même. Vous y serez bien plus tranquille pour converser, n'est-il pas ?
Son regard se déporta vers les tableaux cartographiques présents sur tous les murs de la vaste pièce. Il s'attarda notamment vers le sud du Royaume.
-Que diriez-vous d'enseigner quelques spécificités de nos récifs et autres falaises ? dit-il en pointant son doigt vers le duché de Soltariel. Je n'en suis pas encore rendu là, et je gage très certainement que le Roi sera sans-doute bien plus attentif à vous prêter attention, plutôt que d'écouter un vieux marin comme moi, sourit-il. Disons dans deux jours, à la dixième heure des matines, qu'en dites vous ?
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Jeu 9 Mai 2019 - 16:26 | |
| Tibéria haussa un sourcil. « Les spécificités de nos récifs et autres falaises ? Bon sang, j’ai bien étudié les cartes à l’époque, mais voilà quelques années que je n’ai pas pensé à tout ça… Vous permettez ? » Elle laissa son fauteuil pour s’approcher d’un plan qui détaillait Soltariel et ses côtes. « Déjà, Béronia est là dans cette anse, plus précisément cette crique ici tout près d’un village de pêcheur qui est là. La crète rocheuse ici est appelée par les locaux la faiseuse de veuves ou encore les pleureuses. Il y a une histoire qui raconte que par temps de grands vents, on peut l’entendre siffler à travers les rochers et ça rappelle les cris stridents d’une femme. Les gens évitent le coin et on imagine assez bien pourquoi. Donc où en étais-je. Ah oui ! » Tibéria fit travailler sa mémoire et énuméra non sans se tromper les plages et les côtes tout en ponctuant ses propos d’histoires et de légendes. En fait, elle se souvenait plus de ces histoires que des places, mais finalement, elle se débrouillait pas trop mal pour quelqu’un qui ne s’était pas penché sur la chose depuis des années. « Avant la Magna Carta et dans l’optique d’une guerre imminente avec Ydril, je m’enfermais pendant des heures pour étudier ces cartes. J’ai passé tous les récits de combats, tous les rapports avec leurs vocabulaires techniques que j’ai pu dénicher dans le palais. Je voulais tout apprendre, tout retenir non seulement pour comprendre les discussions, mais également avoir une idée de ce qui pouvait arriver. J’étais parfaitement consciente de mes faiblesses, il me fallait les compenser… » Elle se retourna vers Francesco, un sourire aux lèvres. « Je devrais peut-être m’en tenir aux bonnes manières et comment se tenir avec les dames. Il est peut-être jeune, mais plus tôt il apprendra, mieux il sera préparé lorsque toutes les dames seront autour de lui pour obtenir ses faveurs. Je pourrais lui apprendre à danser, mais ça n’intéressera pas un garçon de huit ans. On verra bien. Il sera peut-être juste curieux d’en apprendre plus sur moi. On se dit à dans deux jours, dans ce cas. »
Deux jours plus tard, Tibéria se présentait au palais peu avant l’heure convenue, méconnaissable comparativement à sa visite précédente. Si la première fois on avait pu mettre en question son ascendance noble, cette fois il n’y aurait aucun doute possible. Robe de qualité à la mode diantraise, car il faisait trop froid pour une tenue soltarii, chevelure domptée remontée sur sa nuque, pendentif orné d’une pierre simple et boucles d’oreilles assorties tout ceci à mille lieues de ce qu’elle portait à Soltariel, mais qui marquait tout de même son statut. On voyait que Tibéria avait sa fierté et c’est pourquoi elle n’aurait jamais voulu rencontrer Sa Majesté dans la tenue qu’elle portait lors de sa dernière visite. D’ailleurs, ni Hernando ni Cassio ne l’avaient cru lorsqu’elle leur parla de sa conversation avec Francesco. D’abord, ils pensèrent qu’elle était tombée sur la tête, puis que c’était Francesco qui avait reçu un coup, mais tous les deux s’accordèrent sur la chance que ça représentait. Une rencontre personnelle avec le roi n’était pas à la portée de tous…
Elle fut accueillie par le même homme qui l’avait escorté la première fois et il ne souriait toujours pas. Lui aussi aurait besoin d’une leçon sur les bonnes manières. Tibéria s’employa donc à être la plus souriante et la plus charmante possible en sachant que ça l’agacerait probablement. Oui, Tibéria pouvait tomber dans le passif/agressif parfois, mais un sourire, ça ne faisait pas de mal à personne.
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| | | Francesco di Castigliani
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Ven 10 Mai 2019 - 21:05 | |
| Francesco peinait encore à croire à la conversation qu'il avait eu avec l'ancienne duchesse de Soltariel. Si quelques années auparavant leurs familles respectives s'étaient empoignées, il lui était aujourd'hui difficile de voir en la Soltarii-Berontii la même femme qu'il avait connu et dont il avait contribué à la déchéance. L'histoire était bien curieuse, à n'en point douter. L'Amiral n'en était clairement pas ressorti insensible. Deux jours plus tard, l'heure de leur nouvelle entrevue était enfin arrivée et Francesco se surprit lui-même à préparer méticuleusement les moindres détails de la prochaine visite en omettant pas de placer le livre d'étude du jeune Roi à la page du jour. Pour le reste du temps à attendre, il le passa à la poursuite de la rédaction de ses rapports concernant les réformes visant la marine royale, tout en se délectant d'un thé aux senteurs et goûts d'estrévent. Cela lui rappela, un bref moment, ses voyages à Thaar et dans les comptoirs installés le long des côtes d'Ithri'Vaan. C'est d'ailleurs lors de ce moment plaisant et nostalgique que sa servante Gislaine l'interrompit d'une main sur l'épaule.
-C'est votre invitée de l'autre fois m'sieur Francesco.
-Et bien ? S'enquit-il, songeur. Qu'attendez-vous donc pour la faire entrer ?
-Ah bien, j'y vais m'sieur !
Dans l'instant qui suivit, la dame Tibéria se présenta à lui, vêtue bien plus élégamment que lors de leur dernière rencontre. Il la reconnut bien mieux ainsi et s'inclina de nouveau avec politesse pour l'accueillir tout en la gratifiant d'un sourire courtois plutôt rare venant de lui. Sans savoir pourquoi, il lui était agréable et plaisant d'être en compagnie d'une native suderonne. Le mal du pays, sans doute.
-Comment allez-vous Tibéria ? demanda-t-il en jetant un œil à sa robe et sa coiffure. Vous êtes forte bien apprêtée, le Roi y sera très certainement sensible
Pour dire vrai, le jeune Bohémond ne semblait point s'émouvoir de grand chose. Encore moins lorsqu'il était question d'habits et de toilettes. Pour être honnête, Francesco éprouvait le plus grand mal du monde à entrevoir ce qui pouvait véritablement passionner le Roi.
-Quelques recommandations avant que sa Majesté ne vienne, ma dame, dit-il en l'invitant à le suivre dans le cabinet d'étude qu'il s'était confectionné dans un coin de la pièce de vie. Vous ne serez sans doute pas étonnée d'apprendre que sa Majesté Bohémond n'est pas un enfant comme les autres et qu'il n'est hélas point à considérer comme vous devez imaginer. Ne soyez donc guère étonnée si ce dernier ne vous regarde pas, ni ne vous donne l'impression de vous écouter. Ces derniers temps, sa Majesté semble plus enclin aux rêveries et au monde qu'il s'est crée, plutôt qu'à s'intéresser à ses semblables.
Les raisons étaient nombreuses pour expliquer un tel comportement. Bien qu'encore fort jeune, le passé du jeune Bohémond avait été bien trop mouvementé pour que son enfance ait pu être saine en ayant été trimballé de la sorte dans tout le Royaume, au profit de ses possesseurs. On le vit ainsi se renfermer sur lui-même dès son plus jeune âge, tout en étant privé de l'affection qu'aurait pu lui donner ses parents. Mais des parents... le jeune Bohémond n'en avait plus depuis ses premiers pas. Une triste histoire en somme.
On entendit soudainement frapper à la porte de l'antichambre laissant sous-entendre que l'arrivée du monarque était désormais imminente. L'air droit et fier, Francesco alla se placer aux côtés de la Soltarii-Berontii et se contenta de murmurer quelques dernières recommandations avant que Bohémond ne les rejoigne.
-Restez naturelle et tout se passera bien. Le roi n'a que trop peu l'occasion de rencontrer des personnes extérieures au palais. Il est hélas bien plus habitué aux godulereaux de sa cour.
L'instant d'après, un petit garçon sobrement habillé et muni d'une petite couronne pénétrait dans la pièce. Il était accompagné de deux hommes de la garde royale qui ne le quittaient pratiquement jamais. Francesco les connaissait et savait qu'aucun des deux ne s'offusqueraient de la présence d'une personne en plus. Bohémond s'approcha prudemment en découvrant Tibéria à ses côtés. Bien que son visage ne semblait exprimer la moindre émotion, Francesco l'avait suffisamment côtoyé pour savoir que le garçonnet s'interroger grandement sur l'identité de son invitée.
Francesco s'inclina comme à son habitude, gratifiant le Roi d'un « Votre Majesté ». Il laissa ensuite à Tibéria le bon plaisir de faire de même en mettant un terme au questionnement.
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Lun 13 Mai 2019 - 1:24 | |
| Tibéria entra dans les appartements un sourire aux lèvres pour être accueillie par Francesco qui semblait d’excellente humeur. Il ne manqua pas de la complimenter sur sa tenue en laissant entendre que le roi n’en serait pas insensible également. Tibéria en doutait fortement. Les garçons de huit ans n’ont généralement aucun intérêt pour les robes des dames et leurs préférences vont plutôt vers les armures brillantes et les armes menaçantes à la ceinture des guerriers les plus aguerris du royaume. Peu importe, le compliment était touchant et Tibéria l’appréciait ce qu’elle ne manqua pas de souligner.
En suivant Francesco vers le cabinet d’étude qui rappela aussitôt à Tibéria ses jeunes années alors qu’elle était aussi sous la responsabilité d’un tuteur, l’amiral lui brossa un bref portrait de la situation. La description qu’il fit du jeune roi ne manqua pas de troubler Tibéria. Naturellement, les enfants ont des personnalités très variées. Certains sont timides alors que d’autres sont particulièrement extravertis et turbulents. Chez un enfant qui deviendra roi, on s’attend à ce qu’il ait de la personnalité sans être non plus un petit tyran en devenir et encore, ce trait restait acceptable comparativement à un enfant incapable de vous regarder pour s’enfermer dans son petit monde. Aux yeux de l’ancienne duchesse, c’était préoccupant, mais à ses yeux de mère, c’était alarmant. Tibéria avait encore des souvenirs de l’époque où le roi était à Soltariel. Avant que les choses ne tournent au drame avec Arichis, l’enfant était plus ou moins sous leur protection dans le palais de Soltariel. Guidée par son instinct maternel, elle avait alors pris l’habitude de lui chanter des chansons et de veiller sur lui un peu comme le ferait une mère. Enfin, autant qu’il lui fut possible de le faire, car il était toujours entouré d’une petite armée de nourrices et de gardiens qui veillaient à satisfaire tous ses besoins. Les gens voyaient en lui leur roi en devenir et ils le traitaient ainsi, mais dans les faits Bohémond n’était qu’un garçon. Les garçons ont besoin de l’affection de leur parent. Ils ont besoin de dépenser leur énergie, de rire et de s’amuser. Ce n’est pas par mauvaise volonté qu’ils ont enfermé Bohémond dans un cocon. Ils devaient assurer sa protection à une époque où plusieurs cherchaient à attenter à sa vie, mais cette époque est révolue maintenant. Malheureusement et selon la description qu’en faisait Francesco, ce début de vie chaotique a tout de même laissé ses marques sur le petit.
« Je n’en doute pas un seul instant. Dans ce cas, ma mission aujourd’hui sera de lui mettre un sourire aux lèvres. »
Si ce que Francesco disait était exact, Tibéria doutait d’y arriver, mais ça ne l’empêcherait pas d’essayer. Bohémond arriva peu après flanqué de deux gardes. Il avait bien grandi depuis la dernière fois. Le garçon était maintenant à un âge où les enfants changent rapidement. Là-dessus au moins, il n’était pas différent des autres. Cela dit, son visage n’exprimait aucune émotion particulière. Sofia posait des questions et s’intéressait à tout ce qu’elle voyait. Là, Tibéria aurait pu ne pas être dans cette pièce et ça n’aurait fait aucune différence. Refoulant ses inquiétudes, la jeune femme effectua une révérence. « Majesté. Je suis Tibéria Soltari-Beronti. L’amiral m’a gracieusement demandé de venir l’aider pour sa leçon du jour et j’ai accepté. Je suis heureuse de vous revoir enfin. » Son nom n’était probablement pas inconnu à Sa Majesté et Tibéria s’était préparée à toutes les réactions possibles de la part du garçon. Que lui avait-on dit à son sujet, mais surtout, qu’avait-il retenu de tout cela? Les enfants sont fortement influencés par le point de vue de leurs aînés. Bohémond pouvait très bien avoir peur de Tibéria sans avoir aucun mauvais souvenir directement rattaché à elle. Ça la peinerait beaucoup si ça s’avérait être le cas.
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| | | Francesco di Castigliani
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Jeu 16 Mai 2019 - 20:12 | |
| - HRP:
Autorisation du staff pour faire parler Bohémond
Francesco observa la réaction de l'enfant Roi lorsqu'icelui apprit l'identité de sa congénère soltaari. Il dut admettre qu'il en fut bien déçu à tel point Bohémond ne fit montre d'aucune émotion tangible. Au contraire, le garçonnet se contenta d'un simple hochement de tête en guise de salutation et d'un regard pour le moins... absent. Le malaise ne dura pourtant que quelques secondes. Sans s'y être attendu, Francesco vit le monarque s'approcher de plusieurs pas en direction de Tibéria, tout en donnant l'air de l'inspecter. L'on eut dit un enfant découvrant une créature mystérieuse et surtout bien curieuse. Le garçon couronné gratifia dès lors la dame d'un premier signe de vie en semblant se faire violence pour lui lâcher un bref sourire.
-Ma dame Soltarii-Berontii, c'est votre époux que j'ai fait écarteler il y a deux jours, dit-il sans ciller. Le seigneur de Celini était un traître qui avait mérité la mort.
Un peu gêné, Francesco se racla la gorge comme pour mettre un terme à la violence des propos du petit Bohémond. Car il était une chose qu'il avait omis d'aborder à la soltaari : le franc-parlé du roi. Comme le voulait son très jeune âge, Bohémond peinait encore à nuancer la teneur de ses dires, se voulant tantôt sans filtres, tantôt plus courtois. C'était là tout bonnement le difficile apprentissage d'un futur souverain en devenir.
-Majesté, hum... hum. C'est notamment grâce à dame Tibéria que son époux fut embastillé dans vos geôles pour être châtié comme nos lois l'imposent.
En disant cela, Francesco montrait qu'il n'était pas dupe quant aux peu d'informations qui véhiculaient jusqu'au roi. Pour certains sujets, il n'était en effet point rare que le régent de Brochant choisisse les données à transmettre. Et ce, toujours dans l'intérêt du monarque pour sûr. Adonc le visage du petit Bohémond changea brusquement dès lors qu'il eut fini d'expliquer la chose sans détour. Il lui parut bien juste que la vérité soit rétablie et que la dame Tibéria puisse être correctement entendue.
-Recevez mes remerciements pour ce que vous avez fait, répondit l'enfant en baissant calmement la tête. Votre voix m'est familière... je crois ?
L'Amiral vit le roi un peu déboussolé et visiblement perturbé par cette voix qu'il essayait de se remettre. C'est sans doute pour cette raison que Bohémond détourna son regard de la dame pour chercher de l'aide en sa personne. Il lui sourit en retour avant de venir à son secours.
-Vous l'avez bel et bien connu, Majesté; lorsque vous étiez petit enfant, notamment, et que vous viviez à la cour du duché de Soltariel. Dame Tibéria était alors duchesse.
Pour la suite de l'histoire, il ne valait mieux pas s'y attarder puisque l'ancien et éphémère duc d'Anoszia avait tenté de soustraire le roi au régent d'Angleroy via une action tuée dans l'oeuf. La fin du dragon d'Ydril avait été proclamée séance tenante. Sa famille l'avait suivi dans sa subite chute et Tibéria avait dû son unique salut à la répudiation des actes de son époux. Autant dire que la chose était, pour l'heure, bien trop complexe encore à expliquer à un enfant de huit ans.
-Dame Tibéria va m'aider à vous faire la présentation du littoral soltar, Majesté. N'est-il pas ma dame ?
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Exécution de Franco di Celini Lun 20 Mai 2019 - 18:11 | |
| La franchise du jeune roi était pour le moins étonnante. Tibéria s’attendait à un garçon timide qui n’osait pas parler, mais en vrai il en était tout à fait capable et ne il ne faisait pas dans la dentelle. Si d’un côté cela pouvait être admirable d’être capable de s’exprimer librement, c’était aussi le meilleur moyen de se faire des ennemies. Pour un roi, la subtilité était le nerf de la guerre. Il devait se montrer ferme et imposer le respect sans vexer son entourage. Bohémond apprendra bien assez vite qu’il est impossible de se faire aimer de tous, mais ça n’empêche pas d’avoir leur respect. Or, s’il commençait à parler de cette façon à tout le monde, certains seront moins enclins à le respecter ou même accepter les compromis plus tard. Francesco devait penser de la même façon, car il semblait même plutôt gêné par le franc parlé du garçon. Tibéria lui adressa un sourire rassurant. Si elle était un peu surprise, elle n’était pas choquée. D’autres avaient été encore moins courtois à son égard. Elle y était habituée.
« J’accepte vos remerciements, majesté, mais le vrai héros dans cette histoire est Hernando Bertolotti, ancien chef de la garde ducale de Soltariel qui a traqué Franco jusque dans la Principauté des Sept-Monts pour le retrouver. Je lui transmettrai vos remerciements dès mon retour. » Elle s’inclina respectueusement. « J’avais l’habitude à l’époque de vous chanter des chansons pour vous endormir. Je suis touché que vous vous en souveniez, mais l’amiral a raison, nous ferions mieux de commencer la leçon. Nous allons vous parler de l’une des plus belles terres du royaume, mais je crains que ni Francesco ni moi ne soyons très objectifs sur la question. » Béronia ou son petit coin de paradis comme elle l’appelait. Qui avait la chance maintenant d’y vivre et d’admirer la mer qui s’étendait à perte de vue? « Je vous laisse commencer, amiral? J’ai préparé quelques notes chez moi, mais vous avez sans doute déjà préparé un programme. Majesté, j’ai quelques légendes et histoires racontées par les marins et les pêcheurs de la région où je suis née si cela vous intéresse. » Tibéria assumait que les garçons peuvent parfois être plus intéressés par les histoires que les faits et les questions techniques. Tibéria pourrait peut-être maintenir l'attention du garçon tout en permettant à Francesco de donner sa leçon sans se heurter à un mur fermé.
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