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 La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'

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Naukhel
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MessageSujet: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeJeu 5 Sep 2019 - 21:21


3e jour de la première ennéade de Favrius
Principauté des Sept-Monts, sur le chemin de Naelis, au bord de la mer

Chaque pas est semblable au précédent. Chaque jour au suivant, et à celui qui l'a précédé. Le grand corps, massif et efflanqué avance, frissonnant. De froid, de chaud... Il ne sait pas. N'y songe pas. Il n'y a que ce vers quoi il tend. Qu'il perçoit, sans le sentir. Puis le sommeil, parfois, qui le capture. Ou la faim qui le tenaille. Pour le premier, il ploie. Pour le second, il brûle. Qui, quoi...? Il ne sait, n'y pense, se nourrit, se relève et avance.

Avancer... Quand bien même sa carcasse ne demande qu'à s'effondrer.

______________________

Le village de pêcheur est paisible. Des bicoques, installées non loin de la mer. Les hommes sont partis à la pèche le matin, les prises de la veille sont tendues, salées. Sous le ciel clair, les humains s'activent, là racle le bois, ici reprise, là tresse. Jeunes visages souriant aux anciens, mères sermonnant les enfants tumultueux. Ceux-ci rassemblent leurs paniers d'herbes tressés et se courent les uns les autres, se dirigeant vers la mer. La mer, qui vient mourir sur le sable doux de la plage. La mer, qui se fracasse contre la falaise, tout près, là où les petits pas bondissent sur les rochers, cherchent sous les grands quelque chose à gratter, lancent les petits dans l'eau. L'un trouve un crabe et s'exclame, un autre joue du couteau pour déloger des coquillages, petit à petit, les paniers se remplissent un petit peu. De quoi agrémenter les assiettes, occuper les doigts et les ventres sur de petites portions visqueuses au goût salé de la mer.

Puis l'un des enfants montre du doigt, et les autres le suivent, certains craintifs, d'autres enthousiastes. C'est qu'entre les rochers, il y a creux obscur. Un recoin que n'atteignent jamais les flots. Les histoires disent que c'était le cas autrefois. Les histoires racontent beaucoup de choses.

Il y a la bête, de la grotte aux bernacles
Elle gratte gratte, la roche de ses crocs
Fuit la bête, de la grotte aux bernacles
Qui sinon t'emporte, et te noie dans les eaux

Tant d'histoires, que les anciens racontent en mangeant leur pitance, raclant leur gamelle de leurs dents défaites. Les enfants frémissent, en rient puis s'en jouent. Car il y a cette grotte, où ils vont souvent. Elle n'a pas de bernacles, et l'eau ne l'atteint plus. Il y a bien un écho, un peu sombre, qui leur fait frémir les boyaux... Mais sinon point de bête, et les rires effraient les ombres, et la chasse au coquillage reprend.

Mais pas cette fois.

Les frimousses tressaillent, en voyant la chose grise, dans la petite grotte. Prostrée, immobile... Morte, peut-être. En s'approchant, craintif, ils voient les cicatrices, les plaies, purulentes pour certaines. A l'odeur de la marée et des algues, se joint celle de la chair malade. Un garçon recule, suivit d'une fillette. Mais un autre n'a pas peur, non. Ça a l'air mort. Ça ne bouge pas. Entre les rochers polies par l'eau, il trouve un bâton blanchi. Quelques amis sur les talons, il s'approche, appelle... Mais rien. La chose ne bouge pas, membres grands et ballant, tête tombante, cachée derrière un rideau de mèches crasses et emmêlées. Cela semble bien mort... Des grimaces inquiètes, des appels à la raison... Mais l’excitation est là : serait-ce la bête, finalement crevée ?

L'un lance un caillou, puis un autre. Touché ! Mais l'être ne réagit pas. Les petits pieds crasseux avancent encore. Roulent, les galets sous leur pas. Les respirations s'emballent, les minimes sont fébriles... Le bâton touche.

Et un battoir se referme dessus.

Hoquet de stupeur. Regard sanglant. Cri. Fuite. Lâchant les paniers, les enfants partent à toute vitesse, laissant la bête horrible, la vision de son visage émacié, de ses crocs saillants. Le cœur dans la gorge, livides, leurs petites jambes volent au dessus des rochers, les ramènent précipitamment au village, piaillant, paniqués. Les femmes et les vieux accourent, demandent. Les petits tremblent, expliquent... Mais l'un pleure plus que les autres, car il a vu.

Où est le plus audacieux ?

Les gorges se serrent. Les mains se saisissent de piques et de bâtons. Incertains, un groupe de villageois descend sur la plage, piétine roches et coquillages, approchant, atteignant bientôt... Une paroi qui ne devrait pas être. Livides, ils découvrent que la falaise s'est refermée. Là où se trouvait la grotte, il n'y a plus qu'un mure de roche brute, irrégulière et granuleuse. Les esprits s'interrogent, confus... Ils savent que la grotte devrait être là. Ils frappent le mur, inspectent les environs. Livide, l'enfant est questionné : il ne comprend pas. Inquiète, la mère a l'enfant disparut le saisit par les épaules : est-il sûr ? Son ami n'est-il pas tombé ailleurs ? Une autre grotte peut-être ? Il y en a quelques-unes dans les alentours...

Nulle réponse satisfaisante ne vient. Les villageois cherchent, inspectent. Le soir tombe, les pêcheurs reviennent... Et apprennent la nouvelle. Nerveux, ils se rendent sur les lieux, dans une semi-obscurité : la roche demeure, le petit n'a pas reparu. Par contre... Un homme croit entendre la pierre gémir. Tous bientôt entendent... Et reculent. Le père se précipite sur le mur, frappe de ses poings, sans réussir davantage qu'à s'y blesser les mains. Il est tiré en arrière. Le bruissement de la marée les bernent, sans doute... Et les villageois s'en retournent, sans vouloir le dire, sans vouloir en parler. La nuit ne leur sera pas douce. Au jour nouveau, certains pêcheurs resteront là tandis que les autres repartiront. Ils fouilleront les grottes, les plages alentours, appelleront...

Mais là où la pierre gémit, ils n'oseront plus approcher. Ils ne pourront voir le mur, lentement, s'effriter.
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Dante Corvac
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeLun 9 Sep 2019 - 13:12

<< Les lunes s'unissent vient l'éclipse
Une rencontre impromptue >>

La fin de Karfias a été longue pour Dante… Il a accumulé les petits contrats pour subvenir aux besoins des deux femelles… Si ça lui fait plaisir pour Cécilie, son petit chaton cause des frais imprévus. La bonne nouvelle c'est qu'au moins il n'a pas été obligé de fournir un cheval.  Ses petites escapades lui ont permis de ventiler et de faire diminuer la pression. Il avait failli déménager tout ce beau monde quand il a su que El avait débarqué. Cécilie l'en avait dissuadé. Malgré tout, comme à chaque fois qu'il se sent confiné en un lieu précis, il commençait à devenir de plus en plus nerveux et taciturne au fur et à mesure que Shyn'Tae se remettait.

Mine de rien, il est satisfait du rétablissement de la Daedhelle…  Il ne la lâche pas cependant. Pire qu'un cerbère… Après tout, il n'a rien d'autre à foutre… Aussi quand l'ennéade suivante annonce le jour du départ, il est prêt. Il sort Ténèbres qu'il a fait ramener de Frontière avant de quitter la ville. L'homme et le cheval se retrouvent avec un plaisir certain. Pour Shyn'Tae, il scelle Le Pommelé, la monture héritée d'Elia. Zayase lui, est aussi fougueux qu'à l'ordinaire… Il doit amener les deux étalons séparément, Ténèbres n'ayant pas aimé la façon dont l'autre a bousculé Dante sans le vouloir.

Au moins l'ongre va servir à quelque chose. C'est donc trois cavaliers, lui ayant repris son identité d'Halewyn, le bandeau sur son œil vert… Qu'ils quittent Thaar, avec un soulagement certain pour l'homme… S'ils sont chassés, ca sera plus facile s'en apercevoir sur la route.

Même s'il n'a pas grand espoir de retrouver la piste qui est glaciale. Pragmatique, le trio s'arrête au Crin d'écume où Eänwen les acceuille chaleureusement. Autour d'un bon plat de poissons frais, l'aubergiste les met au parfum de son étrange rencontre avec l'individu qu'ils cherchent. Parfois les dieux sont cléments. Dante ne crachera pas sur une piste si bien balisée… Il n'en reste pas moins vigilants. Ils ne sont probablement pas les seuls à courir après le triumvir déchu.

Encore Geresh? Allons à Geresh donc. Et nos compères de se diriger de nouveau vers la cité. Et en elle, ils se séparent, trainent un peu partout. Ils entendent les bruits, les rumeurs… Chacune étant une piste à explorer, mais aucune qui ne satisfasse l'assassin. La tension monte dans le groupe au fil des journées… Parce que Dante refuse de bouger, il y a quelque chose qui le dérange… Il écoute son instinct, les rumeurs sont trop vagues, il sait qu'il manque quelque chose...  

C'est alors la rumeur d'un village incendié, les bêtes carbonisées, qui fait bouger l'homme… La traque reprend, les demi nuits de sommeil aussi. Il ne s'accorde de repos que quand Cécilie veille. Mine de rien l'assassin ne fait toujours pas confiance à Shyn'Tae… Mais il tolère sa présence mieux maintenant qu'il peut agir à sa guise. Pendant de longs moments, les deux compagnes de voyage chevauchent avec un Ténèbres qui suit sans cavalier, Dante étant parti crapahuter on en sait trop où.

Les journées passaient… Jusqu'à ce matin où, sur le chemin qui mène à Naelis, ils arrivent dans un village côtier. Dante plisse les yeux, ralentissant sa monture pour passer derriere les femmes, se faisant discret. Les beaux yeux bleus d'Irulan ouvrent plus de porte que les siens. Il préfère être vigilant.
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeMar 17 Sep 2019 - 0:20

<< Les lunes s'unissent vient l'éclipse
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La fin de Karfias a été longue pour Cécilie… Comme lorsque Dante l'encourage à manger de la viande, elle fait semblant d'ignorer l'insistance qu'il a à rappeler que Shyn'tae leur coûte cher. Il lui cherche des défauts et s'en défi. Il en a bien le droit. Du moment qu'il la laisse en paix l'humaine ne tente pas de le faire changer d'idée. D'ailleurs, il en prend son parti puisqu'il l'accueille même parfois dans ses traques et lui laisse porter une arme sans objection. Il semblait également s'être mis en tête qu'il était de sa responsabilité de mâle de subvenir aux besoins de leur groupe. Grand bien lui fasse...

Du jour où Cécilie s'en rendit compte, elle ne vécut plus que sur ses propres deniers. Elle commença à refuser qu'il paie leur chambre et s'entêtait parfois à manger moins qu'elle ne l'aurait dû, simplement pour ne pas piocher dans les réserves qu'il achetait avec les rentes de ses contrats. S'il avait de l'argent en trop il pouvait l'économiser pour s'occuper du chaton qui leur coûtait tant, comme il le disait si bien. Comme ça il n'avait plus à craindre qu'ils se retrouvent sur la paille.

Si son Indomptable portait bien son surnom, Cécilie n'avait rien à lui envier en terme de caractère. Aussi buttés l'un que l'autre, aucun n'avait céder dans cette guerre pour le moins inutile. Pourtant, malgré l'agacement que cela produisait de temps à autre, cette opposition ne rompait en rien leur complicité. Bien au contraire. Il y avait quelque chose d’évident dans la façon qu'ils avaient de s'affirmer chacun dans leurs idées, puissent-elles être contraires, tout en marchant dans une même direction. Il en allait de même dans leur façon de voyager.

Dante courrait toujours les dieux savaient où, apparaissant et disparaissant à cheval ou à pied, tandis que Cécilie poursuivait son chemin à son rythme dans la direction de son choix. Elle s'arrêtait lorsqu'elle était lasse, partait lorsqu'elle se réveillait. Elle approchait les autres voyageurs ou les évitaient soigneusement sur un coup de tête. Il lui arrivait même de quitter sa monture pour s'assoir à l'arrière d'un convoie pendant quelques lieux, discutant, contant, chantant. Elle en profitait pour prendre des nouvelles des Principautés et des eldéens, ou simplement pour lier connaissance. Bien sûre, elle dormait tant que possible dans des auberges, tant qu'elles étaient correctes.

La voyageuse ne s'inquiétait jamais des allées et venues de son compagnon, lui laissant à peine un message à l'auberge qu'elle quittait pour lui donner la direction lorsqu'ils ne la quittaient pas en même temps. Il reparaissait toujours au moment ou le commun des mortels s'y serait le moins attendu, comme s'il avait toujours garder un œil sur elle, aussi loin qu'il soit allé. Parfois, il passait simplement en coup de vent pour réorienter leur périple en ayant repérer des zones brulées dans les espaces sauvages. Parfois Cécilie le détrompait grâce à des informations glanées sur les routes.

Il y avait cependant quelque chose auquel elle n'était plus habituée : la compagnie. Sous le nom d'Aliénor, la jeune femme aux courts cheveux noirs, jupe de lin colorée et tunique blanche, n'avait pas l'habitude de tempérer ses envies en prenant en compte celles de quelqu'un d'autre. Si elle discutait et fléchissait sans peine quand sa compagne de route lui proposait explicitement quelque chose, elle se montrait dirigiste sans y prêter attention et ne pensait pas à devancer les besoins de la drow. Lorsqu'elle lui demandait d'elle même ce qu'elle préférait, c'était toujours dans un choix restreint qui lui convenait à elle. Pour le meilleur comme pour le pire, elle assumait ses envies et estimait que si Shyn'tae voulait quelque chose, elle le lui dirait, comme elle le faisait depuis bien longtemps au cours de leurs anciennes soirées. Le voir au quotidien donnait simplement une nouvelle patine à son caractère.

Au delà de ça, elle se murait parfois dans le silence pendant plusieurs heures. Parfois pour regarder alentours avec une admiration paisible. Parfois les yeux dans le vague. Elle ne répondait alors que par quelques borborygmes et de vagues hochements de tête. Puis, elle se déversait, volubile, et lançait ou participait à toutes sortes de conversations sur tous les sujets, avec un enthousiasme non dissimulé. Un enthousiasme tout en retenu mais bien présent pour qui savait voir son œil briller ou son sourire s'allonger malgré elle. Le principal était évidemment la magie.

Après quelques jours, les deux femmes avaient commencé à se lancer des défis pratiques aussi bénéfiques à l'une qu'à l'autre. Shyn'tae travaillait ses perceptions et sa concentration ainsi que l'approche de son nouveau focaliseur. Cécilie sa concentration, la précision de sa volonté et son endurance pour réussir à jouer sur toute la gamme de manipulations que lui permettaient les Lamentations. Leurs jeux magiques s'accompagnaient parfois d'un pari sans importance ou d'une anecdote. Avec le temps, Cécilie avait fini par ne plus s'inquiéter de laisser la drow voir ses marques. De toute façon si elle voulait en savoir plus, elle avait déjà de quoi chercher, à commencer par Mehmet. Et puis au final, tant que ses points faibles restaient secrets le reste n'avait pas grande importance. Cécilie avait donc fini par expliquer que ses marques étaient dues à une ancienne magie qu'elle invoquait et qu'elle devait manipuler comme s'il s'agissait d'un sort lancé par quelqu'un d'autre. La base de la vérité. Juste assez pour être parfaitement crédible et pouvoir travailler sans que l'eldéenne ne s'étonne de certaines réactions. Pour la nature et la complexité du sort en question par contre, elle était resté muette.

Lorsque les rumeurs du passage de leur proie se rapprochèrent de la côte, Cécilie redoubla d'impatience. Elle avait envie de mettre la main sur le géant gris et avait souvent repassé quelques propositions de stratégie pour le mettre hors d'état de nuire sans le tuer.

Sur le chemin de terre sous le ciel bleu, les odeurs de sève chaude se mêlaient aux embruns. En remontant vers Naelis, le climat était devenu plus acceptable. Ici, dans l'ancien Duché des Sept-Monts revenu Principauté bien avant que Cécilie n'émigre de sa Péninsule natale, on ressentait pourtant les influences du nord et du médian, ne serait-ce que sur les peaux plus claires et les façades des bâtiments. L'avantage, c'était que l'humaine passait un peu plus dans le décor. Le problème c'était que de toutes les Principautés, les Septs Monts était la plus raciste envers les daedhels. Huit ans n'avaient pas suffis pour faire oublier la haine séculaire que Kodratos avait ravivée au point d'interdire sa cité aux noirauds. Dans la dite Cité, le Conseil avait veillé à ce que le contact soit rapidement rétablie et le quotidien avait fait le reste, mais dans la campagne profonde c'était parfois une autre histoire.

De toutes les façons, ils aviseraient si le problème se posait. Pour l'heure, l'humaine était déjà heureuse de retrouver ce goût d'iode et humidité dans l'air. Sur le dos d'un étalon des plus caractériels qu'elle n'avait toujours pas tout à fait rallié à sa cause, elle tendait l'oreille dans l'espoir d'entendre le ressac, mais ils étaient encore trop loin. Avant la côte, il y avait un village pittoresque. Un village de pêcheur où chacun travaillait, les espaces entre les maisons grouillantes d'allées et venues... Mais quelques chose d'étrange titillait la musicienne sans qu'elle n'arrive à mettre le doigt dessus. Elle tordit le nez, cherchant aussi profondément que possible, mais rien à faire, l'impression ne passait pas et elle n'en trouvait pas la cause. Alors elle garda cette idée pour elle, s'avançant au devant des premières maisons. avec un peu de chance, ils auraient d'autres rumeurs et ils n'auraient pas à s'arrêter une heure avant de repartir sur la bonne voie.

- Il me reste quelques pièces de la partie de carte d'avant hier. Un déjeuner en ville, ça vous tente ?


Dernière édition par Cécilie de Missède le Lun 23 Sep 2019 - 1:33, édité 1 fois
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeSam 21 Sep 2019 - 1:09




La nuée d'insectes suivait les chevaux des voyageurs. Sous la chaleur étouffante et humide de l'automne Vaani, les trois voyageurs avaient hâte de parvenir à leur destination. Pas une brise, pas un souffle de vent ne faisait bruisser les feuilles du labyrinthe sylvestre et rocailleux qui les entouraient. La piste rendue boueuse par les précipitations, si courantes en cette période de l'année, devait les conduire jusqu'à un village perdu des côtes Vaani, prochaine étape de leur quête.

Les jours s'étaient transformés en ennéades pour la daedhelle. Sur certains points, rien n'avait changé. Dante se plaignait régulièrement sans l'admettre des sommes vertigineuses que le petit chaton coûtait au couple, et étant donné que Shyn'tae avait pris le parti d'en rire, les râleries de l'assassin avaient fini par devenir un élément pittoresque de leur étrange équipée. Ils s'éloignaient de Thaar. Kalanree, puisque c'était ainsi qu'elle se faisait appelait lorsqu'elle incarnait cet adolescent doeb devenu mercenaire l'enthousiasme au ventre, les aidait à suivre la piste. Pour être honnête, elle n'était pas difficile à retrouver. Si leur cible était Urgoll'Ven, il ne faisait pas preuve d'une grande discrétion. Et quelle que soit leur cible, elle était mal en point. Malgré le temps qu'ils perdaient à interroger, enquêter, ils la rattrapaient, peu à peu, dans sa remontée inéluctable vers le nord.

Il n'avait plus beaucoup d'avance.

Shyn'tae était parfois submergée par ce sentiment de solitude dont elle se souvenait si bien. Elle riait des paroles de Dante, ils la blessaient néanmoins. De petites éraflures, peu de chose comparé au reste. Elles étaient un rappel constant de la barrière en apparence infranchissable qui séparait la daedhelle de ses deux camarades. La jeune magicienne s'était à plusieurs reprise interrogée: Cette sensation douloureuse, qui écrasait son cœur, était-ce de la jalousie de la relation privilégiée que l'assassin entretenait avec sa ténébreuse? Non, avait-elle décidé. Juste la solitude. La daedhelle ne voulait pour rien au monde gâcher ce qui était malgré tout déjà parmi les meilleurs moments de sa vie.

Il ne fallait pas espérer un si grand plaisir sans un peu de douleur.

Elle s'entrainait avec Dante, lequel, malgré ses boutades désagréables, l'emmenait parfois dans ses excursions. Elle avait repris la danse. Elle avait repris les exercices enseignés par le C'nros,  et les partageait sans gêne avec sa compagne. Ensembles, elles travaillaient leur magie respective à chaque fois qu'elles en avait l'occasion. Peu à peu, la drow était parvenue à comprendre des brides de l'étrange nature de la magie que maniait l'humaine. Elles avaient échangé d'intenses discussions, fait des expériences parfois étranges, parfois fructueuses, parfois inutiles. Dans ces moments de complicité là, d'exploration des arcanes, le temps passait vite, très vite.

Et elle riait.

C'était étrange. Être à la fois professeur, chercheuse, et ignorante. Être sa propre apprentie même, alors qu'elle apprenait progressivement à canaliser les flots arcaniques par son nouveau focalisateur. Avait-elle trahie sa vieille amie? Elle appartenait à une ancienne vie, et cet abandon là l'encourageait plus que tout autre chose à se jeter toute entière dans cette nouvelle vie.

Recommencer. Encore et toujours, aller plus loin, c'était grisant.

Shyn'tae savait  pourquoi Cécilie se faisait parfois appeler son altesse par Dante lorsqu'il désirait la blesser. L'humaine aimait diriger.  Elle aimait choisir, suivre ses désirs. Cela amusait la daedhelle, laquelle ne s'était jamais sentie obligée de s'opposer à quoi que ce soit par fierté. Alors elle suivait en général le flot des choses avec grand plaisir.  Lorsque ce n'était pas le cas, ils avaient su qu'elle avait repris pleinement pied lorsqu'elle avait négocié pour obtenir ce qu'elle désirait.

Le Puy, Sol'dorn, les Eldéens. Tout cela était loin. Et proche à la fois, car les rêves ne cessaient pas, charriant leur lot de souvenir et cette douleur. La drow les ignorait.

Leur cible était proche.

Sous le ciel gris, l'atmosphère était rendue étouffante par la chaleur humide de l'automne Vaani. Pas une brise, pas un souffle de vent ne chassait la chaleur ni les insectes qui rodaient autour des trois voyageurs. L'odeur de la marée avait annoncé le village au petit groupe bien avant que les premières cabanes n'apparaissent dans leur champs de vision.

Un petit groupe d'enfants boueux avaient les premiers à les voir arriver. Leurs grands yeux s'étaient posés un long instant sur le groupe qui chevauchait au pas. Ils s'étaient alors enfuis sans demander leur reste. La route faisait un virage.

Le village dévoila toute sa splendeur.

- Il me reste quelques pièces de la partie de carte d'avant hier. Un déjeuner en ville, ça vous tente ?

Une cinquantaine de maisons, cabanes, construites avec plus ou moins de bonheur, s'agrippaient d'un coté de la route à des escarpement rocheux, pour certaines troglodytes. De l'autre coté, des cabanes et des lieux de stockage séparaient le village d'une plage sur laquelle des barques étaient alignées. Accroché à la falaise sur plusieurs niveaux, une construction plus massive que les autres, dotée d'écuries et au rez de chaussé en pierres, devait faire office de relai de poste. En cette fin de journée, sa cheminée laissait échapper une fumée opaque.

- Le mot ville est peut-être un peu hyperbolique, mais avec plaisir. Ils ont peut-être du bon poisson. Espérons que notre drow leur dit quelque chose.

La daedhelle n'était pas mécontente d'arriver. Peut-être pourrait-elle danser sur la plage, ou qui sait, se baigner dans l'océan avant que la nuit ne tombe.

Quelques gouttes tombèrent sur eux. Devant eux, les femmes faisaient rentrer leurs enfants, les portes se claquaient pesamment, le son comme étouffé par l'atmosphère étouffante.

Les villageois les suivaient des yeux avec méfiance.

-Accueillant, murmura Shyn'tae.

Sans crier gare, les cieux s'ouvrirent pour déverser leurs trombes d'eau sur les voyageurs.

Heureusement, le petit chaton aimait l'eau.

Sur la route soudainement déserte et transformée en ruisseau, sous la pluie ruisselante, les trois voyageurs se dépêchèrent de rejoindre la masse sombre du relai de poste.


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Naukhel
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeDim 22 Sep 2019 - 0:29


"Êtol !" s'écria une voix d'homme.

C'est ainsi que furent accueillis les coups sur le lourd battant. Celui-ci fut ouvert prestement, et une figure écharpée découvrit avec de grands yeux écarquillés les visiteurs. L'espoir y mourut aussitôt, l'homme, vêtue de vêtements grossiers et rudes, se reculant avec un regard désemparé, jusqu'à ce qu'une main maigre ne le tire fermement à l'intérieur, loin de la pluie battante sous laquelle il avait manqué se jeter.

"Recule, Orel." dit sèchement une voix cassée, un femme menue et ridée prenant la place de l'homme sur le pas de la porte.

Aux voyageurs, la femme âgée opposa un œil d'orage, et un autre de neige maladive. Une chevelure tressée, blanchâtre, lui disparaissait derrière les épaules, douce en comparaison des traits rudes qui se devinaient à contre-jour, à peine éclairés par le jeune feu dans l'âtre.

"J'ai cru qu'c'était lui M'ma... souffla l'homme, se laissant tomber sur une vieille chaise.
- Je sais."

Mais la vieille ne dit davantage de mots, jugeant seulement les gueules trempées qui se devinaient, sous l'eau tombant des cieux soudain bien sombres, nullement intimidée d'être plus petite que deux d'entre elles. Derrière les étrangers, les cahutes se refermaient sur les habitants. L'humidité rampait à présent dans la maison... Mais la femme attendait encore. Fronçant les sourcils face au regard dichotomique, soutenant celui de glace... Puis grimaçant franchement face à celui de sang.

"Il rentre pas, le sombre-sang. lâcha-t-elle. Qu'il mène vos ch'vaux qu'j'entend 'vec l'nôtre, dehors.
- M'ma, on a pas à-
- Tcht, l'hospitalité, fils. siffla la vieille, tournant à peine la tête vers l'intérieur, la voix aussi douce que les vents marins. On fâche pas les Dieux. Pas maintenant. Le regard à moitié aveugle revint fustiger les voyageurs. Le pain et le sel. dit-elle sentencieusement, avant de réaffirmer, désignant du menton les deux humains. Vous deux oui, mais pas l'autre."

L'air peu amène, la vieille ne s'en recula pas moins, offrant enfin un peu d'espace pour pénétrer dans la baraque. De l'entrée, on voyait la marmite sur le feu, le gus maigrelet sur sa chaise, l'intérieur d'une pièce austère, avec une lourde table, où attendaient des gamelles, près du banc, un début de panier en herbes sèches... Et plus loin, dans une ouverture sombre, de jeunes têtes se devinaient, regardant.
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Dante Corvac
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeLun 23 Sep 2019 - 14:30

Sous sa capuche dégoulinante, Dante ne bouge pas, indécis pour qui le connait, imperturbable pour les autres. Laisser Cécilie entrer seule dans un lieu inconnu, laisser Shyn dehors où n'importe quel gus pourra lui foutre n'importe quelle connerie sur le dos.  La drow déguisée en adolescent n'a l'air ni surprise, ni particulièrement gênée par les exigences de la vieille femme. Elle ne se départ en rien de son sourire qui ne l'a jamais quittée malgré l'eau qui ruisselle de sa capuche, et hoche la tête. Intérieurement, Shyn'tae se demande s'ils auraient fait preuve d'autant de "courage" si elle avait porté l'équipement de l'armée Eldéenne. Ce sont toujours les faibles qui trinquent. C'est amusant, l'Eldéenne est certaine que Cécilie et Dante sont de bien plus dangereux invités qu'elle.

- Vous en faites pas, je garde les bêtes! S'exclame-t-elle comme s'il s'agissait de la chose la plus formidable qu'elle ait jamais fait. Halewyn se tourne vers Shyn'Tae, la regarde sous sa capuche dégoulinante. Elle peut voir qu'il n'aime pas ça au pli discret de la grande bouche. Le pourquoi ca ne lui plaît pas, par contre, reste un mystère.  

- Je vais l'aider. Je reviens. " dit simplement Cécilie en forçant sur sa voix à travers les trombes d'eau. La tête à l'abri sous la capuche de sa cape gris sombre au revers bleu, elle laissa peser sa main sur l'épaule de Dante avant d'empoigner la bride de Ténèbre en plus de celle de Zayase.

-Trouve toi un coin au sec et pieute surtout pas dans de la paille…

Lance t'il, neutre, vers la Sombre. Il lui rajouterait bien de se placer entre les deux étalons, comme ca personne viendrait lui chercher noise, mais il ferme sa grande gueule. Il a le temps de distinguer son acolyte lever un doigt en signe d'accord et se détourner avant que lui ne se tourne vers la vieille… Enlevant sa capuche élimée, il dévoile son œil marron, le vert couvert par son bandeau. Son visage marqué, sa chevelure proprement tressée.

-Le pain et le sel m'dame et un petit coin sec, ca nous suffira amplement. On se fera pas trop grands, j'vous jure. Je m'appelle Halewyn... Je vais laisser ma compagne se présenter elle-même.

Se glissant dans l'étroit espace, l'assassin entre dans la pièce et détaille le nombre d'occupants et leur état d'un œil rapide tout en enlevant sa cape dégoulinante pour la poser proprement sur le porte manteau. En homme bien élevé et ce, même si le plancher est rude, il enlève ses bottes et les laisse sur le côté de la porte.

Un hochement de tête de la vieille, qui laisse faire, regarde les deux silhouettes sous la pluie battante, puis repoussant le battant sans fermer la porte, se tourne vers l'intérieur, et l'étranger qui s'est présenté.

"Mayeva, qu'on m'nomme. qu'elle annonce. Z'avez entendu l'nom d'mon fils, Orel. Les p'tits..."

La bonne femme s'avança au sein de la pièce, d'une démarche claudicante, regardant les bouilles dans l'encadrement d'une porte, qui observaient le nouveau venu, curieuses.

"Maius, Lerra et Cily. V'nez, l'heure d'vous remplir l'ventre. fit la vieille d'une voix rude.
- M'man vient manger ?" demanda Cily, la plus petite, brunette.

Sans un mot, le père se leva de sa chaise et passa près des petits pour disparaître au cœur de la baraque. Un bruit de porte, des murmures, tandis que Mayeva faisait signe aux enfants et à Halewyn de prendre place. Déposant son paquetage et son arc proprement à côté des bottes, Dante se tourne ensuite vers la table et le banc, gardant sa ceinture d'armes et ses dagues. C'est sur que pour les gamins qui s'asseyent en groupe, regardant par en dessous l'étranger qu'il est, il doit avoir l'air dangereux… Aussi finit il, en acte de bonne foi, par se séparer des jumelles, ne gardant que les deux autres, pas mal moins impressionnantes avant de prendre place sur le banc. Des sanglots se firent faiblement entendre, là où avait disparu Orel, faisant dresser l'oreille à Dante et tourner l’œil, puis une porte se ferma doucement, et le gaillard revient.

"Vot' mère se repose. Mangez, elle viendra peut-être plus tard." qu'il lâche, prenant place à côté de l'étranger, non sans un regard rapide vers ce dernier qui continue à être attentif et silencieux.

Avec un hochement de tête, la vieille acquiesça, et commença à servir les gamelles qui se tendaient vers la grande marmite, répandant son fumet de poisson. Bientôt, chacun eut sa part, et deux gamelles furent laissées de côté. La famille de pêcheurs, cependant, prit le temps de remercier Néera. Orel et les enfants attaquèrent leur pitance, tandis que Mayeva prenait l'un des bols, invitait Halewyn à manger, puis sortit de son pas claudicant, la fraîcheur de la pluie s'insinuant de nouveau, pendant un bref instant, à l'intérieur.

Laissant le silence s'installer un court moment, Halewyn regarde tout ce beau monde de son œil borgne. Le silence, tendu, il le laisserait en place, mais un voyageur bien intentionné poserait quand même la question. Et faire du bien délie les langues. La voix grave s'élève dans l'atmosphère lourde de la pièce.

C'est super bon… Merci de votre hospitalité... Je suis un mercenaire, mais aussi un herboriste. Si je peux faire quelque chose pour vous rendre votre gentillesse, il ne ferait plaisir.
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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeMar 24 Sep 2019 - 23:49



Sous la pluie battante, les deux femmes conduisent les chevaux vers l'écurie attenante au vieux bâtiment. Le lieu avait autrefois été autre chose qu'une habitation. Peut-être un relai, ou une auberge qu'on avait cru bon installer un jour dans ce coin de paradis pour moisissures. Le propriétaire initial avait-il espéré attirer foule, ou au contraire, avait-il saisi l'opportunité d'une activité alors florissante ?

Aujourd'hui, la bâtisse n'était plus que l'ombre d'elle-même, tout juste bonne à confondre des voyageurs fourbus incapables de voir la réalité derrière un rideau de pluie battante. Shyn'tae soupçonnait que la plus grande partie n'était plus habitable, à moins que d'autres familles n'y aient élu domicile.

L'écurie avait elle aussi connu des jours meilleurs. Elle avait du être spacieuse. Elle ne l'était plus aujourd'hui. Seul un des grands auvents ne s'était pas effondré, et celui-là avait été étayé par le tronc d'un palmier prélevé des environs. Les poutres, attaquées par le sel et l'humidité, semblaient presque sur le point de rompre pour s'effondrer sur le dos de la carne qui les regardait approcher du même air patibulaire que ses propriétaires.

- J'ai horreur de ce genre de village de plouc. " grommela l'humaine d'un air hautain, en avançant derrière Shyn'tae.

Elle était prête à pousser doucement le vieux cheval mangé aux mites pour que Ténèbre et Zayase profitent d'un petit coin de toit mais n'eut pas franchement à insister. Par rapport au hongre et aux deux étalons de combat, la carne avait l'air encore plus misérable. Elle n'insista pas plus d'une seconde et se poussa jusqu'à l'extrême bord de l'abri lorsque Ténèbres fit étalage de toute sa mauvaise humeur habituelle.

Une fois la clôture refermée derrière elle, Cécilie vint enfin se mettre à l'abri, contournant Zayase qui semblait refuser catégoriquement d'avancer sous le auvent, agitant les oreilles en tout sens sous le rideau de pluie mais ne prend même pas le temps d'enlever sa capuche. Avec la tête de mule qu'elle dont elle devrait enlever le harnachement sous la pluie, elle allait encore subir le courroux du ciel.

L'eau ruisselait à torrent du toit de feuilles de palmiers, des trous dans le chaume en laissait couler une petite partie à l'abri. S'y retrouver n'en fut pas moins un soulagement. Shyn'tae rabattit sa capuche et poussa un soupir de soulagement en s'étirant la tête sous le regard bleu de sa camarade, assombri par le bord de sa capuche trempée. Quelques gouttes de pluie qui s'étaient glissées sous celle de la drow tombèrent de ses oreilles fines, elle secoua la tête. Cécilie se contenta de poser le sac de cuir qui renfermait ses livres dans le coin le plus sec et le plus en hauteur qu'elle pu trouver.

- A peu près au sec, et avec vue sur la mer. Le déjeuner en ville sera pour la prochaine fois, je crois."
- La prochaine fois que j'ai une idée pareille, bâillonne moi. Dès que l'averse s'arrête on repart de ce lieu immonde.
- C'était la bonne idée, mais pas au bon endroit. Mais si tu y tiens.

L'humaine était ressorti sous la pluie battante pour s'occuper de la selle et de la bride de Zayase et Shyn'tae s'était attelée à desseller les deux autres chevaux pour les installer dans les coins les plus secs de l'étable. Le temps n'était pas plus clément pour eux que pour leurs maitres. Ténèbres renâcla, impatient.  Rapidement, les trois selles furent alignées de guingois sur le haut du râtelier à foin et les brises accrochées pêle-mêle à un clou sur lequel reposait déjà une sorte de licou rouillé aux courroies usées par le sel. Et enfin, Cécilie put repousser sa capuche de laine bouillie avec un soupire d'aise et frotter ses cheveux humides pour arrêter cette désagréable impression collante sur le haut de son crâne.

- J'espère qu'ils auront au moins entendu parler de quelque chose. Il ne doit plus être très loin, à moins qu'il n'ait bifurqué à l'intérieur des terres."  C'était assez peu probable, étant donné sa trajectoire jusqu'à présent. Mais le comportement de leur cible étant loin d'être rationnel, Shyn'tae s'attendait à des surprises.
- Il a suivi la côte jusque là. S'il voulait aller ailleurs, il aurait pu bifurquer plus tôt. Puis si nous n'apprenons rien ici, nous le retrouverons à la prochaine clairière calcinée." Une poignée de paille à la main, après avoir chasser le plus gros de l'eau en utilisant son bras dénudé, elle s'était mis à étriller les trois bêtes avec un entrain similaire à celui qu'on pouvait sentir dans la voix de l'eldéenne. Avec le temps, l'humaine avait cessé de s'en faire pour leur proie. Si elle ne semblait pas particulièrement logique, elle s'était montré d'une régularité incroyable dans les domaines de la destruction de bâtiments et des feux de forêt.
- On est d'accord. Il nous aura fait voir du pays. Pour quelqu'un comme moi, c'est nouveau tout ca. Elle s'interrompit pour chercher le bon mot, sans cesser de brosser le cheval, et provoqua sans mal le rire cristallin de Cécilie. Très pittoresque."
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeMer 25 Sep 2019 - 20:40


Les enfants mangeaient avec un certains entrain, se chamaillant un peu. En entendant l'étranger, ils le regardèrent avec d'autant plus de curiosité. Orel suspendit son geste, et jeta un coup d'oeil vers le couloir, avant de faire non de la tête.

"C't'aimable mais... commença-t-il.
- Moi j'ai un bobo au g'noux. souffla Cily. Tu as qu'que chose pour les bobos au g'noux ?"

Dante tourne son œil vers la gamine. Un léger sourire engageant sur sa grande bouche.

"Cily, l'dérange pas. fit le pécheur. Y r'partira vite.
- Ca prend longtemps, d'soigner un bobo... ?
-Ca dépend… Commence Halewyn.
- Cily. fit Orel, plus durement.
- T'façon tu glisses tout l'temps. marmonna le garçon de la fratrie, Maius, aux cheveux ras et à la tête basse. Tu t'rebless'ras vite...
- C'est pas vrai ! glapit la fillette. J'ai glissé parce que j'courrais parce que…

Les gamins, source intarissable et pas mal plus fiable d'information que les adultes… Du moins, quand on les laisse parler. Dans l'exagération de leur récit se trouve toujours la part de la vérité. Et on le dit souvent, pour gagner la confiance de quelqu'un, faut passer par les gamins… Quand on veut enrager quelqu'un, même principe….  Mais pour le moment, notre homme veut seulement des informations. Halewyn plaque une expression intéressée dans son œil brun.

- CILY."

Avec un sursaut, la fillette regarda avec surprise son père, puis baissa le nez vers sa tambouille.

"S'cusez-les. fit le père, semblant soudain aussi fatigué qu'il s'était emporté. Les enfants...
-Y'a pas d'excuse à avoir m'sieur… J'aime bien les gamins et ce qu'ils causent… Ca me repose...

Un maigre sourire d'Orel, qui disparut bien vite, alors qu'il reprenait une bouchée, les trois enfants se taisant, piteux. Dante engloutit sa dernière bouchée avant de s'essuyer le coin de la bouche. La voix grave, égale, calme, s'élève à nouveau

-V'permettez que je regarde son genou? Il se trouve que j'ai quelque chose dans ma besace, mais je dois voir avant."

Orel hésita, reposant son couvert, tandis que la petite fille relevait la tête, regardant l'étranger puis son père.

"J'f'rai attention P'pa. Dit-elle timidement.
- Pourquoi pas..." concéda, non sans un soupir, le jeune homme aux traits tirés.

Avec l'ombre d'une victoire dans sa frimousse, la petite descendit de table, laissant gamelle et couvert, pour en faire le tour et s'approcher de l'étranger, le regardant avec de grands yeux curieux.

"J'ai couru et j'ai glissé sur des cailloux..." qu'elle expliqua d'une petite voix.

Orel se poussa un peu, permettant à la fillette de s'asseoir à côté de lui. Halewyn pour sa part se leva et commenca a fouiller dans sa sacoche de taille pour en sortir son pot d’onguent et un linge propre. Avisant une cruche d’eau sur la table, il emplit son verredans lequel il trempa un bout de son tissus. Ensuite il avisa la gamine. Vêtue comme toute la famille de vêtements grossier, d'une chemise rapiécée et d'un pantalon du même acabit, l'enfant retroussa l'une des jambes de celui-ci. Sur le genou, il y avait une grosse éraflure, récente, avec de plus petites en bas de la jambe. En réalité, les petites mains s'agitant portaient aussi les traces d'une chute.

"J'ai pas pleuré." dit-elle simplement.

Maius fit mine de lever la tête pour commenter encore... Mais il fut stoppé net par le regard de son père. Son autre sœur se bornait à manger tranquillement, observant tout un chacun par en dessous.

Le mercenaire eut un léger sourire en coin.

-J’en doute pas. Je devrai gratter la croûte avant pour que mon produit fasse effet.  

Les gens dans la pièce sont tendus. La peur est latente. Mais il fait comme si elle n’existait pas.  Et de sa voix calme il explique ce qu’il fait.

-D’abord j’gratte la croûte. Tu peux ouvrir et sentir le pot, il va être à toi. J’en ai un autre... il faudra t'en mettre deux fois par jour et garder ton bobo propre... A quel jeu tu jouais pour t’esquinter comme ça m’dmoiselle Cily? Parce que tu es une dure non?  

Sous le regard vigilant de son père, la petite inspecta le pot, le reniflant avec une curiosité franche. Une bonne odeur de miel, de pin et de lavande emplit soudainement l'air. Sa guibolle libre s'agitait, tandis que l'autre restait docilement entre les mains du mercenaire herboriste. Elle grimaça alors qu'il s'exécutait, l'air inquiète, tiquant parfois.
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Shyn'tae Vaen're
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeMer 25 Sep 2019 - 21:58




Pendant ce temps, à l'extérieur

Au milieu des trombes d'eau, une petite silhouette s'approchait d'un pas claudiquant, jusqu'à atteindre l'écurie de peu de chose pendant que les deux femmes finissaient leur besogne.

- Tien... regarde qui voilà. La Mère le Bonheur... " souffla Cécilie à son amie, parfaitement méprisante en pointant la silhouette du menton. Shyn'tae haussa un sourcil et roula des yeux, un sourire narquois et séduisant épanoui sur son visage. Lorsqu'elle se tourna vers l'arrivante, il était remplacé par le sourire charmeur et le regard pétillant et plein d'enthousiasme qu'elle arborait le plus souvent lorsqu'elle était Kalanree.

L'air toujours aussi peu amène, la vieille femme se présenta, sortant de sous son gilet miteux une écuelle encore chaude de soupe de poisson, qu'elle tendit au drow maigrelet. Lui, posa la brosse à coté des selles, puis s'empressa de faire quelques pas légers vers elle pour l'attraper, le bras tendu, sans empiéter sur son espace vital, et peut-être aussi pour s'épargner une éventuelle odeur.

"Voilà pour toi. dit-elle sans chaleur, avant de se tourner vers l'humaine. La tienne est à l'intérieur."
- Merci m'dame! La passion du jeune était à la hauteur de la froideur de la vieille.
- Merci bien. " acquiesça également l'humaine en rejetant la paille sur le côté. La vieille faisait déjà mine de partir lorsqu'elle la retint d'un air pensif, son vocabulaire toujours aussi chatié. " Mais j'y pense... Nous sommes à la recherche d'un grand drow gris. Un grand homme bardé de cicatrices qui manipule le feu et la terre. Vous n'avez rien vu dans les environs ? "

La vieille s'arrêta pour écouter la question, sans se retourner, à un pas du rideau de pluie dont les protégeait à peu près le toit de l'écurie. La tête vaguement de côté, elle fronça les sourcils, ses mains se crispant quelque peu. Mais, finalement, la vieille femme fit non de la tête. Shyn'tae fronça les sourcil. Avait-elle vraiment hésité ou était-ce ses espoirs qui lui faisaient voir des choses qui n'existaient pas?

"Rien d'pareil ici. Rien vu qu'y y r'ssemble. On veut pas d'problèmes. Lâcha-t-elle, lourdement. Après une pause, elle ajouta. Tardez pas trop si vous voulez manger chaud.
- C'est une bonne chose si vous l'avez pas croisé, m'dame. Il est dangereux, on essaye de l'arrêter." Shyn'tae huma l'écuelle, et se tourna vers Cécilie un instant en levant le récipient qui ne gagna la faveur que d'un regard froid. " Ca a l'air bon." Une inspiration soudaine traversa l'esprit de la daedhelle. Les gens d'ici avaient l'air d'avoir leur pesant de difficultés. Alors peut-être n'étaient-elles pas liées, mais savait-on jamais. "Quand on est arrivé vous avez dit…Quelqu'un d'proche s'est perdu quelqu'part ?" demanda-t-elle d'un ton qui n'avait rien de moqueur.

Les lèvres rudes se crispèrent en un pli douloureux, et la figure de la vieille se renfrogna davantage. L’œil d'orage et son semblable blanchâtre se rivèrent avec hostilité sur le sombresang maigrelet. La pluie frappait le toit mince, en une irritante cacophonie glacée. La bête hirsute des pécheurs renâcla, grattant du sabot, sans oser affronter du regard les étalons entiers.

"Un p'tit, qu'les Dieux ont r'pris. dit la vieille femme, sa voix révélant des trésors de froideur, agressive dans sa retenue. Mais cause pas d'c'qui t'regarde pas, noirsang."

Sans autre politesse, ignorant tout autre question qui pourrait lui être posée, la pêcheuse perça le rideau de pluie de sa petite stature claudicante et raide, s'en retourna d'un pas énergique vers la bâtisse qui se devinait à travers les trombes d'eau, sous le ciel assombris. L'écuelle à la main, la tête inclinée sur le côté , Shyn'tae la regarda disparaitre au coin du bâtiment.
- Bien joué. " laissa tomber Cécilie avec une intonation particulièrement appréciatrice tout en restant tournée vers le même spectacle.
- Est-ce moi qui suis folle, ou cache-elle quelque chose? conclut-t-elle, faussement interrogative.
- Laisse moi deviner. C'est le On veut pas d'problèmes qui t'as mis sur la voie ? " Un trait d'humour dans son timbre pince sans rire, l'humaine se tourna vers son amie.

S'il n'y avait que ca… Tu as vu comme elle s'est tendue à ta description? Je crois qu'il est un peu tard pour ne pas avoir de problème.
" Prochaine étape, Orel. Si c'est pas le père, c'est un oncle ou un frère du petit disparu. Il faudra lui parler quand la vieille n'est pas dans le coin. Il a encore l'espoir de retrouver l'enfant. Il sera prêt à tout dire et nous saurons vite si nous devons nous attarder plus que le temps de piquer une tête dans la mer. " Elle se fit plus pensive, laissant un instant couler avant d'ajouter. " De ce que tu sais à son sujet, il aurait tué un enfant de sang froid ou les villageois nous cachent autre chose pour lequel Ils ne veulent pas de problèmes ? "

Shyn'tae haussa doucement les épaules. La réponse à cette question était si évidente qu'elle n'avait même pas pensé se la poser. Elle ne manquait pourtant pas d'intérêt. "Est-ce que ca te poserait problème de tuer un raton? C'était un drow entièrement dédié au dieux, même s'il n'est pas dans son état "normal", un enfant humain ne devrait avoir aucune espèce d'importance pour lui, donc il faudrait que le gamin l'agace. Ceci étant dit, Orel pense l'enfant manquant, il le cherche encore. Il y a peut-être moyen d'utiliser ca pour le convaincre de nous en dire plus."

La daedhelle s'adossa un instant à un pilier qui lui sembla aussitôt fléchir. Elle se redressa alors aussitôt, la posture prudente, la tête dressée vers le toit. Rien ne bougeait. Tant mieux, cet endroit tenait par la volonté des dieux plus que par celle des hommes. Lorsqu'elle porta son regard sur Cécilie, son sourire plein de malice réapparut.

- Vas-y, tirez leur les vers du nez. Son amie lui rendit son sourire avant de s'élancer sous la pluie.

Shyn'tae ne doutait pas une seconde que ces deux là y parviendraient. Quels que soient les moyens necessaires. Elle était toujours étonnée que des gens puissent croire que la meilleure manière de ne pas avoir de problème était de garder leurs secrets d'une manière qui montrait à tout individu intéressé qu'ils en avaient.
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Dante Corvac
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeMer 25 Sep 2019 - 22:21

"Ça fait mal !... Mais c'est c'qu'il faut pour soigner ? Et le pot va être à moi...
- C'est c'qu'il a dit, Cily.fit Orel, observant les gestes de l'inconnu non sans nervosité dans le regard.
-Oui, à toi… Tu en aura bien trop et tu pourra l'utiliser si tu te reblesses.. confirma tranquillement Halewyn
- Ça sent bizaaarre... Mais ça sent bon !dit la petite, avant d'ajouter, plus timidement. Je jouais pas. On cherchait des bernacles. Tu sais, tu les trouves sur les cailloux, tu les grattes, et puis c'est bon à manger !
-D'où je viens, continue le borgne dans l'intention d'attirer la confidence, on allait souvent sur les plages en ramasser. Mais je suis certain que vos bernacles sont bien meilleures que les nôtres…Parce que les nôtres, bien... elles goûtent la boue.

Il finit d'enlever la dernière croûte et il se pencha pour examiner la plaie plus avant, minutieusement. Il n'était ni brusque ni doux, mais s’efforçait que son toucher pour soigner ne soit pas douloureux. La deuxième fillette, plus menue, mangeait tranquillement, en chantonnant tout bas, mais le garçon, lui, s'était raidi, la main crispée sur sa cuillère, fixant son bouillon tout juste entamé.

"Je sais pas, si j'ai pas goutté les tiennes... Mais du coup, sur la plage, j'ai gratté, gratté, et j'en ai trouvé plein !L'enthousiasme était revenu dans la voix fluette. Mais on est allé jusqu'à…"

Mais… Le mais, précédant une tournure dramatique… Petit drame d'enfant sûrement. Mais il ne faut jamais décider avant de l'entendre si on a perdu notre temps ou non. Chaque information pouvait être vitale.

"T'en as pas trouvé plein, ton panier était vide. maugréa Maius.
- C'est parce que j'suis tombée ! se plaignit la petite, avant de se tourner de nouveau vers l'herboriste. J'en avais plein, mais j'ai eu peur, alors j'ai couru et je suis tombée ! Elle baissa piteusement la tête. J'ai couru jusqu'au village... Mais j'ai laissé les bernacles sur les cailloux..."

Les yeux de Cily s'était petit à petit empli de crainte, et à présent des larmes y perlaient. Son père attira la petite tête brune dans ses bras. Interrogatif, Halewyn se redressa en échangeant un regard avec le père. Puis, posément, prit le pot d'onguent des petites mains tremblantes.

"Lala Cily, ce n'est pas grave."souffla Orel, la voix un peu prise.

Le mercenaire se re-pencha sur la blessure.

-Tu sais, Cily… Pour qu'une jeune fille aussi dure que toi tremble à cette idée, pour que ton frère ne mange pas, que ta maman soit alitée et que pour ton papa ait à te protéger ainsi, ça ne devait sûrement pas être rien… Fais attention, ne bouge pas, je vais appliquer le médicament.  

Il marque une pause, la douleur s'évanouit sous l'absence de contact d'air. Il est en chasse… Patience et constance… On attire pas les mouches avec du vinaigre. Aux propos de l'étranger, Orel s'était raidi, Cily avait ouvert de grands yeux... Avant que de lourdes larmes ne se mettent à dévaler ses joues. La chansonnette de Lerra se faisait plus entêtante, plus forte.

- J'ai fini ton genou, ta main maintenant, je vais faire exactem-
- TAIS-TOI ! explosa Maius vers sa soeur, qui poussa un cri aigu. Arrête de la chanter ! Arrête, arrête, ARRÊTE !  
- J'veux Êtol... J'veux mon frère...!" se mit à sangloter Cily en enfouissant son visage dans la chemise de son père.

Celui-ci mit un temps à réagir, le temps pour Lerra de s'enfuir en pleurant à son tour, disparaissant dans la bâtisse.  Clignant plusieurs fois des yeux, Orel finit par se relever, soulevant Cily sans laisser à l'étranger le temps de finir D'ailleurs, posément, le borgne ferme le pot d'onguent et repli son linge, attentif au drame majeur en quatre temps qui se déroule dans la maison.

"Maius, va dormir. Emmène ta sœur.
- Elle a pas l'droit d'la chanter ! Elle est mauvaise, j'veux pas l'ent-"

Comment une chanson peut t'elle être mauvaise? L'homme fronce les sourcils, essayant de se remémorer la comptine enfantine pendant que, contournant la table, Orel était venu brusquement saisir le garçon par le bras. Aussi maigre qu'était l'homme sous ses vêtements grossiers, l'enfant n'était qu'un garçonnet et fut arraché sans difficulté au banc. Le pêcheur se pencha vers son fils, la petite toujours accrochée à lui. Agitation et chaos… Ca lui plaisait même s'il n'en laissait rien paraitre… Ce qui lui déplaisait par contre, c'était l'explosion du gamin. Ca aurait mérité une rouste de tout les diables. Ils ne savent pas se tenir? Ca aurait été pas mal plus agréable, pour eux… Il y en a trop de dit et trop de non dit pour laisser cela comme ça.

"Va 'vec ta mère."  dit-il durement, des intonations de sa mère se retrouvant soudainement dans sa voix, jusqu'alors bien plus tendre.

Le garçon regardait furieusement par terre, grimaçant, les yeux embués de larme qu'il retenait en reniflant fortement. Pourtant, quand son père lui poussa sa sœur dans les bras, il attrapa la main de la petite et ne la lâcha pas, courant à la suite de Lerra, dans l'ouverture où Orel était allé s'enquérir de leur mère plus tôt. Laissé seul, soudainement comme voûté, arborant les marques du travail de la mer comme l'air égaré d'un homme trop jeune face à l'ampleur de son malheur, Orel se tourna vers l'étranger qui le regarde d'un air attentif, concerné.  Mais la porte s'ouvrit avant qu'il n'ait pu parler.

Trempée et ombrageuse, Mayeva rentra dans la maison, balayant la pièce du regard.

"Où sont les p'tits ?  demanda-t-elle.
- 'Vec leur mère.  souffla Orel, tout en indiquant Halewyn de la tête. Y pose beaucoup d'questions… [/color]
- Aux p'tiots ?" la vieille dévisagea l'étranger avec une hostilité nouvelle.

La voix calme et posée d'Halewyn prend son inflexion naturelle, plus dure, moins policée un poil dominatrice tandis qu'il regarde la vieille droit dans les yeux, toujours assis.

-Oui, m'dame, aux p'tiots. Parce que voir des enfants dans cet état, une mère qui est en train de crever de chagrin, une matriarche soucieuse, des enfants morts de trouille et un padre dépassé quand on a partagé le pain et le sel, ben, par chez nous, m'dame, on fait pas ça, on est pas des sauvages…"  Bon, s'ils savaient, ils prendraient cette phrase à un tout autre niveau.…" I'ya quelque chose qui vous fait peur… Et j'veux savoir quoi… Vous savez, je chasse… M'arrêter pour régler un problème et repartir ben c'est ma vie. Et peu importe que vous essayiez de me foutre dehors, je vous suggère fortement, sinon pour vous, au moins pour les gamins, de me dire ce qui s'passe…" Oui, très fortement suggéré " Parce que je bougerai pas d'un poil avant… Imposer ça à des gamins, c'est inhumain…"

On peut l'interpréter comme on veut hein… Pendant sa diatribe, Halewyn s'est levé calmement du banc pour se tenir devant la vieille momie rébarbative qu'il contemple sans crainte ni agressivité, un mur serait plus expressif. Il veut savoir et il saura… Reste à eux de déterminer la méthode qui sera employée...  Et il a la Dalle en plus.

Face à l'étranger qui s'avançait, la vieille ne broncha pas, bien au contraire. Levant les yeux vers la figure qui s'avançait, la vieille vibrait au contraire de fureur face à l'outrage.

"Mais d'où tu viens, on menace ceux qu't'ont donné l'pain et l'sel ? lâcha Mayeva d'entre ses mâchoires crispée, avant de cracher à ses pieds. L'gars qu'vous cherchez, l'a pas vu par ici. Les Dieux qui r'prennent c'qu'ils ont donné, c'est notre affaire."

A ces mots, déjà tendu, Orel regarda tour à tour sa mère et l'étranger. Imperturbable Dante ignora le crachat.

-Je ne vous menace pas, je pense aux gosses.... Et vous grand-mère?

Silencieux ensuite il soutint le regard de la vieille et toutes les malédictions qui pouvaient suivre sans ciller.

"J'leur verse pas du sel sur leur plaie. J'les occupe, et j'leur cause de d'main, pour qu'y avancent et s'retournent pas sur c'qu'y peuvent plus changer. répondit froidement la vieille. Ou tu veux d'la pitance, ou vous r'partez, toi et les deux autres."

Fermant sa grande gueule, Dante ne fait que la toiser, avec dans l'oeil, la lueur du jugement… Elle condamne des gosses à être orphelins… Ou a voir les gosses se faire bouffer…



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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeMer 25 Sep 2019 - 22:29



La porte s'ouvrit alors avec un grincement aussi sépulcral que tout le reste des bruissements de ce village maudit.

- Oh. Elle est aussi acariâtre avec toi qu'avec moi ? " s'étonna faussement le visage régalien de Cécilie en pénétrant sous le toit plus solide que celui de l'écurie. Elle repoussa sa cape aux tons bleutées, découvrant une nouvelle fois la courte chevelure noire, aplatie par l'humidité. Sa peau de lait tranchait avec le hale buriné de la pêcheuse, autant par la douceur que par la jeunesse. Ses yeux bleus clairs étaient posés directement dans ceux de la vieille et pourtant elle ne semblait pas tout à fait la regarder. Il y avait quelque chose de décalé... de dérangeant.

- Je n'ai pas eu le temps de tout lui dire dehors, mais puisque son fils est là c'est parfait. " Elle se tourna ostensiblement vers l'homme qui leur avait ouvert. " Nous sommes des chasseurs de primes et nous sommes à la recherche d'un tueur de masse. On dit qu'il appartient à la cabale de Cécilie de Missède, l'Enchanteresse au Karkal. Un grand drow gris, bardé de cicatrices et pouvant contrôler la terre et le feu. Il a détruit plusieurs villages et enlevé plus d'enfants que nous pouvons en compter. S'il est dans les environs, votre fils ne sera pas le dernier a disparaître. " Elle se tourna vers la vieille une fois de plus. " Et s'il n'est pas dans les environs, dites nous la vérité, que nous puissions passer notre chemin sans avoir à chercher plus avant. "

Halewyn joue à l'épais dans le plus mince... Là où les mires de la vieilles n'étaient plus que des fentes, dévisageant la fille hautaine avec une défiance criante, celles d'Orel s'écarquillèrent, et ses mains se mirent à trembler en l'écoutant parler.

-Ah? Tu pense qu'il est ici? Je pensais à une bête sauvage, immense, avec des yeux tout de sang et des crocs de requins, se baladant peut-être avec des pierres tranchant sur la cuirasse épaisse et grises de sa peau, tu sais, comme le monstre qu'on a croisé et tué sur la plage voilà quelques ennéades... Une crinière d'un gris sale et qui boufferait n'importe quoi à sa portée…  
- Arrêtez... L'dite pas aux gosses. Le leur dite pas... souffla fébrilement Orel.
- Orel, tais-toi. dit durement la vieille.
- Non. J'vais les emmener. Y r'partiront pas sans... P'tète qu'y peuvent faire que'que chose.
- Non ! Les Dieux vont-
- Y ont d'jà pris Êtol. P'tète qu'eux peuvent l'ramener. Le regard du jeune pêcheur se fit douloureux, avant qu'il ne secoue la tête. J'sais pas. Mais j'veux pas qu'y reste près des p'tits 'vec leurs questions."

Placide, l’assassin suit l’échange. Non sans un regard pour l'ouverture où avaient disparu les enfants, ayant au moins le soulagement de ne pas y voir leurs têtes curieuses, le frêle pêcheur se tourna vers l'étrangère, s'avançant vers elle et la porte, presque craintif.

"On sort et j'vous dis tout, et j'vous montre, et vous laissez les p'tits tranquilles. D'accord ? demande-t-il à la jeune femme aux yeux glacés, y plongeant les siens, couleur de cendres, fatigués.
- Orel ! Cette fois, la dureté avait déserté la voix de la vieille, laissant se faire entendre une profonde inquiétude. Sans un mot, les deux étrangers échangent un regard et la jeune femme hoche la tête.
- Tes enfants n'aurons rien à craindre de notre curiosité.

Dante va dans son bardas, tire quatre flèches et ses bottes puis va se rasseoir pépère.

"J'reviens M'ma. Surveille les p'tits et leur mère." répondit seulement le pêcheur.

Jusque-là comme voûté d'inquiétude, le jeune homme semblait se redresser un peu. Pendant que l’étranger enduit ses pointes  du concentré de somnifère concocté par Claude. Vicieuse et Mensonge ont le même traitement. Ses Jumelles seront enduites d'huiles de piments forts, et sa dague de botte trempera un peu dans son paralysant favori, même s'il doute que, pour ce coup là, sur cet individu là, ca soit indiqué…. On n'est jamais trop préparé.

- Laissez-moi me préparer, un monstre pareil ca s’affronte pas sans préparation. Faut prévenir Kalanree
- J'y vais.
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Naukhel
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeVen 27 Sep 2019 - 12:01


La daedhelle avait trouvé un coin sec dans un coin de l'écurie, où elle et les chevaux s'étaient réfugiés contre les éléments. Assise en tailleur sur une de leurs toiles cirées pour se protéger de l'humidité, elle trempait régulièrement sa cuillère en bois dans son écuelle de soupe, son regard concentré sur les pages d'un ouvrage qu'elle avait ouvert devant elle. Elle reposait l'ustensile pour changer de page pour la première fois lorsque Cécilie fit irruption.

- Déjà? Efficace. Elle avait haussé un sourcil et une oreille, manifestement amusée. L'instant d'après, elle s'était relevée, avait posé l'écuelle encore pleine sur une poutre vermoulue et enfilait la cape qui n'avait pas eu le temps de sécher.

_______________________________

Indifférent à la pluie qui lui collait son vêtement rêche à la peau, Orel guida bientôt le trio d'étrangers, les éloignant de la bâtisse où demeura Mayeva, regardant son fils partir avec des inconnus en qui elle n'avait aucune confiance. Le jeune pêcheur, lui, semblait trouver un peu d'énergie dans chaque pas sur la terre rude qui s'abreuvait, avançant avec assurance quand bien même le rideau de pluie brouillait leur vue. Il leur fit contourner le village de cahutes aux portes closes, leur faisant bientôt descendre la pente jusqu'à rejoindre la place. Pour mieux se faire entendre, le jeune homme demeurait au niveau des étrangers, observant nerveusement alentours tout en avançant résolument.

"Les p'tits étaient seuls quand c'est arrivé. Y cherchaient des bernacles, pas très loin du village. Y partent 'vec un panier chacun et un couteau, pour gratter. L'habitude, rien qui change. Mais hier... Orel déglutit, laissant le ressac de la mer se faire entendre, avec le murmure rageur de la pluie. Y sont r'vnus la peur au ventre, les mains vides, en piaillant. Y arrêtaient pas d'causer d'la bête d'la grotte. Mais y a jamais eu d'bête dans c'te grotte, même du temps d'la grand-mère d'ma mère. Mais c'te fois... Y ont causé d'peau grise, d'yeux d'sang, d'dents et d'chair à vif. Êtol... Êtol était l'seul à manquer. On est r'tourné à la grotte... Sous le ciel sombre à la lumière blafarde, le jeune homme semblait d'autant plus pâle. Sous son inutile capuche, Cécilie regardait principalement ses pieds sur le sol traître pour ne pas s’étaler de tout son long. Y avait pu d'grotte. On a cherché, on a d'mandé aux mômes, mais y répétaient qu'c'était là, qu'c'était la bête d'la grotte... Les anciens veulent pas qu'on s'approche. On a pas r'trouvé Êtol. Il ajouta, dans un dernier murmure forcé. Maius a dit qu'il avait vu la bête l'prendre.

Dante leva la tête, observa le ciel. Sa tête, sans capuche, était offerte à l'intempérie pour ne pas brider sa vision. Même si c'était limité, il détailla chaque millimètre du paysage, de la texture du sable mouillé sous sa botte, l'emplacement des rochers, le niveau de la marée et si elle monte ou descend… Sa posture était souple, coulante. Ses flèches étaient au sec sous son aisselle.

De l'autre coté de leur guide, Kalanree ne s'était pas non plus embarrassé de capuche. L'eau dégoulinait sur son visage concentré, sa cape était déjà trempée. Le sol saturé d'eau ne la retenait plus, et elle ruisselait entre ses bottes, sans pour autant gêner sa démarche féline. C'est qu'il aimait la pluie. Une différence de plus avec son père. La drow écoutait le villageois raconter l'histoire des enfants. Ainsi, ils auraient surpris Urgoll'Ven caché dans une grotte. Ce dernier leur aurait fait peur, l'un d'eux ne serait pas sorti. En géomancien de talent, il aurait refermé l'entrée. Aucune raison qu'il ait fait les efforts nécessaires à rendre la chose définitive. Pourquoi voudrait-il s'emmurer vivant. Par contre, il aurait certainement pu tuer tous ces villageois. Il ne l'avait pas fait. L'ex triumvir avait préféré se cacher. Il devait être en sale état, pensa-t-elle. Était-ce de la compassion qu'elle venait de ressentir?

  -La pluie peut servir comme nuire… Elle est où la grotte?
 
- était. Mais elle est sans doute réapparue maintenant. La pluie n'est pas vraiment une bonne chose pour nous. Les mots qu'avaient choisi le drow cachaient mal son excitation. Il y avait encore la possibilité qu'il soit déjà parti. Il serait difficile dans ce cas de suivre ses traces que la pluie aurait effacé, mais, blessé, affaibli, il n'aurait pas pu aller très loin: Une telle disparition ne serait rien de plus qu'une menue contrariété. Un sourire carnassier s'étalait sur le visage de Shyn'tae. Il était difficile de deviner ce qu'ils allaient découvrir. C'était ça qui rendait la chose excitante.

Bouger avait vivifié le pêcheur. Depuis la côte, le petit groupe - a l’exception de celle qui regardait ses chaussures - pouvait apercevoir un attelage approcher au pas sur la route venant du nord. Le bruit des roues et des sabots était totalement effacés par la pluie, mais un hennissement mécontent avait transpercé la cacophonie de ce ciel lourd. Cependant, loin de s'en préoccuper, ce n'était plus la fatigue qui semblait peser sur les épaules d'Orel, mais la crainte. La manière qu'avait les étrangers d'en parler ne le rassurait en rien, de même que le fait de s'en approcher.

"Proche..." souffla-t-il seulement, regroupant ses mains l'une contre l'autre... Ou était-ce une manière de se rassurer ?

L'oeil vert se pose sans aménité sur le pêcheur, avant de refaire un tour d'horizon, pour se poser momentanément sur l'attelage, évaluant le degré de menace potentielle…  

La pluie tombait sans discontinuer, assombrissant la plage, où se mêlait sable et galets blancs, martelant la mer au ressac abrupte, dont l'écho venait mourir à leurs oreilles, mêlées au froissement des grains sous leur pas patauds. Derrière-eux, le village disparut derrière les rochers. Devant eux, il y avait une longue étendue pâle, balafrée d'algues et d’arêtes rocheuses, prises entre la rocaille et les flots nerveux.

Dante grogne intérieurement… Les algues c'est glissant et les roches, bien, ca risque de leur revenir en pleine gueule, s'il se rappelle bien de leur dernière rencontre. La pluie va diminuer l'efficacité de ses flèches. Les boules de feu seront moins efficaces…. Toutes ces réflexions et ses évaluations continuent à défiler sans son cerveau tandis qu'il cherche un point idéal, en surplomb… Pour pouvoir voir…


Dernière édition par Le Brûlé le Sam 28 Sep 2019 - 23:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeVen 27 Sep 2019 - 20:35



Après de longues minutes de marches, Orel ralentit, sa tête se relevant vers les hautes pierres.

"La grotte d'vait être là..." souffla-t-il. Dante se détache du groupe… Attentif… Il semble se recroqueviller sur lui-même avant de disparaître en utilisant la topographie du terrain pour trouver le point idéal, maitriser le terrain avant toute chose…  

Là, faces aux mires inquiètes d'Orel, la roche jusque-la d'un gris ancien et usée par les intempéries, était marquée d'une large irrégularité pâle, plus haute que trois hommes, large d'autant. Le pêcheur n'osa s'approcher, frissonnant sous les lourdes gouttes tombant inlassablement. Pour qui viendrait toucher du doigt, les sillons de cette pierre plus pâle allaient à la verticale, à l'inverse du reste de la paroi, où elles étaient horizontales. De plus, la 'pierre' se révélait poreuse... Comme mêlée au sable, et d'autant plus friable.

Ses cheveux d'un blond crasseux plaqués sur tête, Orel clignait fébrilement des paupières, inspectant. C'était comme la veille, un mur là où il y aurait dû avoir l'entrée de la cavité, béante. La pluie avait effacé les traces de pas, et Êtol n'avait pas reparu... Une main sur son épaule le fit sursauter. Près de lui l'humaine aux yeux du même bleu qu'un ciel d'été le regardait du fond de sa capuche. Elle acquiesça en silence, son port de tête orgueilleux donnant un aspect cérémoniel à un geste pourtant si simple.

- On fera notre possible. " Sa main quitta l'épaule de l'homme. " Mais j'ai encore besoin de quelques informations. Vous devez connaitre les grottes alentours. Est-ce qu'il pourrait y avoir une autre sortie à celle-ci ? Ou est-ce que certaines autres passent très près ? Une paroi particulièrement fine, un interstice ou passe la marée ou un puits de lumière ? "

Kalanree s'était approché sans hésiter en sautant gracieusement de rocher en rocher. Son bras gauche, qu'Orel n'avait vu que pendant le long de son corps, semblait au moins capable de l'équilibrer. Parvenu devant la paroi, il l'avait caressée du bout des doigts en silence. Les motifs sans fin dansaient au gré du ressac, il vibrait avec la pluie battante qui frappait les corps ruisselant. Mais la magicienne n'y vit nulle trace d'usage de l'art.
Perdu... Il n'a pas créé de la matière, il a pris le temps de la déplacer. Il était évident que la pierre qu'elle avait face à elle n'avait rien à faire là. La drow gratta la paroi pour en prélever un peu de sable. Elle y laissa sa marque.
-Du sable. A peine solidifié. Le jeune drow fit la grimace.

Ce n'était pas la premiere fois que Shyn'tae regrettait d'avoir perdu l'accès à son art. Il lui faudrait tant de temps et de travail pour regagner le droit de sentir le frisson du torrent de puissance traversant son focalisateur. En même temps, il fallait être mage pour voir dans les arcanes la solution à tous les problèmes. Là dessus, Dante aurait été d'accord… D'ailleurs, il y eut un sifflement bref en haut du surplomb. Qui signalait la présence de l'homme… Il n'était visible nul part cependant… Il explorait, à portée d'oreilles, le terrain pour voir s'il n'y avait pas quelque chose d'exploitable.

Surpris par le contact de l'inconnue, le jeune pêcheur la regarda avec fébrilité, se demandant soudain à qui il avait affaire. Qui était cette femme au port de dame, qui parlait de se glisser sous terre ? Repoussant son incompréhension, le jeune homme hocha la tête avec raideur, jetant un dernier regard vers la surface blanche, aveugle.

"Oui... Il réalisa que l'espoir donné par la femme lui serrait la gorge. La voix rauque, il ajouta. J'vais vous montrer..."

Et son pas se fit plus vif à mesure qu'il les éloignait du site, longeant de nouveau les rochers. Il n'eurent pas à aller loin : la paroi était ici faite de deux énormes rocs, entre lesquels se trouvait un mince passage de terre et de rochers, tapissé d'herbes sèches. Les chaussures molles d'Orel s'adaptaient sans mal, trouvaient des prises, alors qu'il se faufilait entre les parois humide de pluie. Petit à petit, la voie montait, et le pêcheur en fit d'autant, jusqu'à atteindre un promontoire. Sans hésitation, grimpant sans peine, le pêcheur se hissa, tirant sur les bras, trouvant des creux dans la roche des pieds. Parvenu en haut, il se retourna pour tendre la main à la première venue.

La drow avait d'abord suivi le pécheur des yeux lorsqu'il avait commencé à escalader le passage rocailleux. Le terrain n'était déjà pas facile à apprivoiser, mais cela n'était pas prêt de s'arranger, bien au contraire, avait-elle constaté en parcourant du regard le passage étroit dont certains passages  auraient presque pu passer pour d'adorables cascade. Elle avait posé son regard carmin dans celui bleuté de sa consœur, laquelle ne lui paraissait pas une grande amatrice d'escalade, non pas que ce ne soit la spécialité de Shyn'tae non plus. Encore un problème qu'elle aurait résolu sans efforts par la magie. On ne se rend vraiment compte de ce qu'on a que lorsqu'on le perd.

- J'ai l'impression qu'il va falloir le mériter notre Urgoll'Ven. C'est bon pour toi? Je vais fermer la marche, demanda-t-elle, d'un ton qui laissait entendre qu'elle doutait de ses propres capacités.
- Bien sûr que c'est bon puisque je ne vais pas monter. " déclara l'humaine avec aplomb tout en chassant l'eau qu'elle avait reçu dans les yeux en voulant lever le menton pour voir le haut du mur. Elle avait poser la question pour avoir des informations, pas pour se retrouver à crapahuter dans le noir dans une caverne moite. Le bref étonnement qu'elle perçut dans le regard de sa consœur se mua en amusement.

- Vous me direz si c'est utilisable. Je redescend pour écouter. " lança-t-elle un peu plus fort à l'intention de son compagnon déjà monté, avant de prendre le chemin de la plage, ses bottes assouplies par les mois d'usage lui évitant de chuter autant que la précaution avec laquelle elle avançait. La drow hésita, jeta un oeil vers le haut de l'escarpement et les deux hommes qui s'y trouvaient. Ecouter. Pourquoi n'y avait-elle pas songer avant? Peut-être était-ce à force de n'avoir vu leur cible que comme une proie. C'était idiot. Peut-être aussi parce que les chances que cela marche étaient faibles. Ceci étant dit, qu'était-ce de se glisser dans des boyaux étroits pour atteindre la tanière d'un Maitre géomancien ne désirant pas être dérangé?

Réponse: Jouer aux dés avec sa vie. La chance finissait toujours par tourner.

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Dante Corvac
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeVen 27 Sep 2019 - 22:35

D'ailleurs, une tête d'homme apparut non loin. Silencieux, pour regarder la jeune femme redescendre... S'il n'était pas en chasse rapprochée, il se serait permis un petit rire, mais seul un léger sourire étira sa grande bouche. Fugace, une expression concentrée traversa alors ses traits, leur donnant une expression aussi proche d'un roc que possible. Il avait hâte qu'Orel finisse de leur montrer et qu'il débarrasse ensuite le plancher, qu'il puisse découvrir son oeil vert et remonter sa cagoule..  

D'ailleurs, il l'attendait en haut de la montée... Il faisait des efforts pour ne pas le faire fuir de terreur...

- Alors?

- Chef, je veux essayer quelque chose, gardez-nous à l'oeil avant de continuer! Sur ces mots, sans attendre de réponse, Shyn'tae s'était élancée, légère, sur les rochers aux arêtes tranchantes pour rejoindre sa camarade toujours encapuchonnée.  
- Fais attention, bientôt même l'escalade ne t'arrêtera plus. Tu m'as donnée une idée. Tu crois qu'il peut nous entendre au travers de son mur? Ca vaut le coup d'essayer de se faire ouvrir avant de s'inviter dans son antre.
- Laissez-moi moi finir mon tour avant. 5minutes. Pas de conneries... fit la voix de Dante.
- On va essayer ! lança Cécilie tout fort avec un geste du bras au cas où sa voix n'ait pas porté assez loin. En haut, Dante se tournait déjà vers Orel.

- Montre, ca urge. Ils sont pas patients . dit le chasseur au pêcheur.

Regardant avec perplexité les deux étrangers battre en retraite face à la montée, Orel se releva en se tournant vers le troisième, lui faisant signe de le suivre, délaissant la vue sur la mer pour s'approcher des arbres, penchés par les vents marins. Se repérant grâce à ceux-ci, le pêcheur trouva rapidement le groupe de buissons l'intéressant, quelques mètres derrière deux arbres ayant poussé en s'enroulant l'un autour de l'autre. Se protégeant les mains avec le tissu rêche dont il était vêtu, Orel s'approcha précautionneusement, repoussant les branchages secs, jusqu'à dévoiler une crevasse. Des racines s'y accrochaient. Un homme pouvait s'y faufiler, bien que l'expérience s'annoncerait peu agréable. Le pêcheur regarda l'entrée avec nervosité. Un hennissement indistinct lui fit lever la tête, avant qu'il ne se tourne vers le chasseur.

"Si y a encore la grotte là d'sous... Vous pouvez l'atteindre par la." fit-il.

Halewyn regarda le trou… Etroit, inconfortable, mais il y avait matière à retraiter sans trop de mal. Ca n'était pas une chausse-trappe en règle.  

- Occupe toi des gus qui arrivent. On ne les veux pas dans nos pattes. Et toi non plus... on sait où te joindre,. Va...

Non sans un regard inquiet vers l’anfractuosité, Orel acquiesça et s'en fut dans la végétation, tendant l'oreille pour entendre à nouveau le cheval. Dante réfléchissait. Il passait, là n’est pas le soucis mais c'était une question de timing. Il pourrait l’enfumer mais ça trahirait sa présence. Il allait falloir faire confiance aux femmes. Détachant sa cape, il l’accrocha à un arbre pour marquer le lieu avant de rebrousser chemin.

En contre bas, en passant entre les deux épais rochers, Cécilie avait repris à l'intention de son amie mage.
- Pour moi l'important n'est pas qu'il nous entende, mais que je l'entende. La dernière fois je me suis montré trop gourmande, je m'étais frayé un chemin jusqu'à lui mais je n'ai pas lancer le moindre sort par peur qu'il ne se brise. Mais avec un peu plus de doigté, je peux substituer ma volonté à la sienne. Il sortira et se tiendra tranquille le temps qu'on le drogue. "

-  Comme convenu, j'essaye de lui parler, et tu te tiens prête si ça dégénère." Cécilie soupira. Elles en avaient déjà parlé. Malgré tout, la perspective de contrôler mentalement puis de droguer un haut prêtre du prime dragon, même déserteur et à la retraite, répugnait à la drow. Non, en réalité, ce qui l'inquiétait, c'est qu'après un coup comme ça, il ne soit pas disposé à se montrer coopératif. Shyn'tae préférait quand les gens étaient coopératifs, c'était beaucoup moins fatiguant.
- Tu sais le risque que ça représente, non ?
- Je suis consciente que les chances que ça dégénère sont excessivement élevées. Mais il doit danser pour incanter. Tant qu'il me parle, vous avez du temps. Prépare toit à l'empêcher de finir s'il entreprend d'accumuler de la puissance. Je ferai de même.
- D'accord. Laisse moi juste un peu de temps pour prendre mes marques. "

L'humaine s'approcha de l'entrée de la grotte à petits pas. Sa jupe lui collait aux jambes. Avec la pente et le passage entre les deux gros rochers, sa cape ne lui servait plus à grand chose d'autre qu'à protéger une ou deux bricoles à sa ceinture. Doucement, elle se glissa jusqu'à la paroi de pierre et y posa les mains. La chaleur. La granularité. Elle poussa un peu pour en avoir la dureté, avant de les laisser librement filer  au gré des sillons. Son oreille vint se coller contre le sable compacté. Les yeux clos. Quelques grattements indiquaient que des insectes avaient été pris dans le processus. Mais au delà de ça... Elle inspira et se concentra sur les sons et les sensations de son corps. Si elle entendait les Rythmes en permanence, les écouter était bien différents.

Lointains, des rythmes indistincts. Comme toujours. Proche, la sensation de chaud-froid et le tambour de guerre de son Indomptable. Dans son dos, la vibration constante au diapason étrangement dissonant de Shyn'tae. Entre les rocs, la chaleur d'un Rythme lent et en clair. Sûrement celui d'Orel. Et là. Juste là. Dans sa gangue de pierre. Si elle faisait abstraction des autres, des bruits, des Rythmes et des Lamentations... Un Rythme. Une vibration, comme une démangeaison sur ses paumes, le long de sa joue, de ses bras. Un Rythme lent. Puissant. Un tambour crevé. Quelques chaines déjà brisées. Un Souffle désaxé.

Un seul.

Cécilie resta plusieurs secondes ainsi, avant de reculer, laissant le bout de ses doigts contre la paroi.

Dante repassa la tête par dessus le promontoire. D’un petit caillou dégringolant, il attira l’attention des deux femmes,avant d’enlever son bandeau et de remonter sa cagoule. Ses yeux luisaient de façon inhumaine sous la pluie. Défaisant une mince corde, il leur descendit son arc et son carquois. Il n’en aurait pas besoin. Il était mouillé mais ça sera du tout bénef, la terre collera dessus à la place de glisser. Il montra trois doigts, signifiant qu’il commencerait sa reptation dans 3 minutes. Cécilie réponit d'un signe pour l'informer qu'elle avait compris, avant de lui répondre par le même moyen. Il fallait qu'il  sache qu'il n'y avait qu'un seul et unique être vivant dans cette grotte. Une seule conscience assez évoluée pour être capable de pensées construites du moins. Dante accusa réception avant de disparaitre à nouveau en haut de la paroi de pierre.
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeSam 28 Sep 2019 - 22:59




Alors que Cécilie revenait vers elle, Shyn'tae saisit un de ses couteaux de lancer pour le garder discrètement dans la paume de la main. Elle avait saisi le message de sa consœur. Le drow était certainement à l'intérieur, c'était là le plus important. La daedhelle hésitait à se placer trop prés du mur pour appeler l'ex triumvir, il y avait toujours le risque qu'il choisisse de tenter de l'empaler plutôt que d'ouvrir sa tanière. Même s'il aurait certainement du mal à deviner sa position, cette perspective ne l'enchantait guère. Mais elle aurait le temps de le sentir incanter.

- L'enfant n'est plus. J'ai son Rythme dans l'oreille mais je ne le toucherai pas avant que ça ne dérape, pour éviter de l'énerver. " lui souffla l'humaine en déposant l'arc inutile à bonne distance du mur. La drow hocha la tête, le contraire l'aurait étonnée. Pourtant, le regard que Cécilie lui lança était intense. Elle lui faisait confiance pour cette histoire de parlementassions mais elle trouvait ça toujours aussi risqué. Elles en avaient déjà parler, tout comme du somnifère et ce qui suivrait après la récupération du drow. L'humaine ne pouvait pas se permettre d'être inquiète pour qui que ce soit si elle voulait être pleine opérationnelle, elle avait donc intérêt à bien gérer sa tentative.

Ainsi, les jambes fines de l'eldéenne la portèrent jusque contre la paroi friable. Aussitôt, sa voix cristalline résonna dans la langue des drows du Puy pour interpeller l'occupant de la cavité d'une voix forte qui couvrait la pluie.
- Urgoll'ven, ol zhah Shyn'tae vaen're, xun dos ajak uns'aa? Orn'la dos qualla ori'gato uns'aa wun?
Urgoll'ven, c'est Shyn'tae Vaen're, vous souvenez-vous de moi? Pourriez-vous me laisser entrer?

La daedhelle attendit un long instant en tendant l'oreille, à l’affût d'un quelconque signe que l'intéressé daigne lui donner une réponse, quelle que soit sa forme. Seule la pluie, continuant de tomber, se faisait entendre, de même que le ressac de la mer dans son dos. Cécilie fit plusieurs pas sur le côté pour ne pas se trouver pile devant l'ouverture au cas où quelque chose en sortirait de façon plus brutale que prévue. Perchée près de l'arc, entre les rochers, son pied botté surélevé, elle respirait lentement.

Dos zhaun lu'oh mzilt shcrten, F'sarn, ji ori'gato uns'aa wun.Udos ph'aluin ulu telanth thorn'kak xor gajak.
- Tu sais à quel point je suis têtue, alors laisse-moi entrer, je finirai par te parler d'une façon ou d'une autre.

L'humidité leur collait au corps, dégoulinait sur leur visage. Nulle fissure dans la paroi, nul éclat de voix, nulle agitation dans la trame. La pluie et la mer se mêlaient et couvraient bien des bruits, de même que la paroi de pierre sableuse. Pour qui aurait l'oreille particulièrement sensible, en étant bien proche... Peut-être serait entendu le raclement d'un corps lourd sur la pierre. A moins que ce ne soit un écho sans valeur, de l'eau qui goutte à l'intérieur ?

- Demande-lui s'il a trouvé la Fin qu'il cherchait, ça le fera peut-être réagir. " La drow avait ouvert la bouche lorsque Cécilie avait fait sa suggestion, Elle la referma pour se tourner vers son amie un bref instant. "Tu lis dans mon esprit…"
- Pas cette fois. " lui répondit-elle du tac au tac avec un sourire satisfait.
- Usstan'bal tlus lorith whol dos whol sishaa. Xunus dos ragar dosst maelthra?
Cela fait des mois que je te cherche. Tu as retrouvé ton dragon ?

De son côté Dante préparait son entrée par le puits dans le promontoire. A la minute près, il commençait lentement sa reptation le long de la roche humide. Mais soudainement, la magie fut attirée à l'intérieur... Et le phénomène s’accéléra, brutalement. Un frisson parcouru le dos de la daedhelle qui se trouvait contre le mur alors que devant elle, les prémisses d'un sort éclataient au grand jour. Aucun doute, Urgoll'Ven était bien à l'intérieur, et il préparait un sortilège.

Sur le flanc de l'eldéenne, une voix d’outre-tombe s'éleva pour concurrencer les rideaux de pluie. Des mots dépourvus de sens échappés de lèvres blêmes sur lesquelles apparaissaient déjà les couleurs chamarrées des Lamentations. La puissance chaotique de son aura magique n'avait plus rien à voir avec celle de la jeune humaine qu'elle aurai du être, mais pour le moment, elle ne semblait pas avoir pris de cible.
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Naukhel
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeSam 28 Sep 2019 - 23:02


La drow sauta sans hésiter sur le coté pour rejoindre les rochers sur lesquels Cécilie était elle même installée, sans regarder un instant derrière elle.
- Ca a marché!

Un bond, puis un autre… Il y aurait du y avoir un troisième, mais à l'endroit où le pied botté de Shyn'tae s'appuya, les algues avaient rendu glissante la surface du roc. Elle préférait toujours courir et danser pieds nus pour cette raison, pour mieux percevoir ce sur quoi elle mettait les pieds, sa texture, son adhérence. La semelle se déroba sous elle lorsqu'elle sa longue jambe la propulsa plus loin. La daedhelle tomba en avant.

Le contact gelé de l'eau qui s'était accumulée là entre les rochers et qui emplit ses vêtements. Le tintement du couteau qu'elle venait de lâcher, suivi de la brûlure de la roche râpeuse contre la main qu'elle avait, par réflexe, tendu devant elle. Elle avait tendu les deux bras, nota-t-elle dans un instant de clarté. L'autre se plia dés qu'il rencontra la roche, le choc contre sa tête la laissa un instant étourdie. Le goût de l'eau salée emplit sa bouche.

Brutalement, la paroi explosa vers l'extérieur. Des gerbes de rochers, d'éclats et de poussière se répandirent alentours…

La daedhelle parvint à poser la main sur le sol, et inspira une bouffée d'air. Pas un cri, pas un appel pour savoir comment elle allait ne lui parvint.

Une silhouette massive jaillit du nuage éphémère, droit vers l'eldéenne effondrée dans l'eau, entre deux rochers. Dans une charge furieuse, ployant vers l'avant, le sombre perdit pied là où elle l'avait fait, s'écrasant sur elle brutalement.  Le choc vida les poumons de la victime. Shyn'tae entendit un craquement, la douleur presque insupportable, sa tête plongée à nouveau dans l'eau. Pesant de tout son poids sur le dos de sa semblable, le sombre ne se redressa que pour jeter ses battoirs sur sa gorge, lui tordant aussitôt la tête vers l'arrière.

"Vel'uss...dkinoss...ZHAUN ?" cracha une voix rauque, poussée par un souffle difficile, près de l'oreille de la noirelfe.
Qui...d'autre...SAIT ?

Du coin de l'oeil, la sombre pouvait voir un rictus immonde, fait de crocs sanglants.

C'est adorable! Il aurait honte de son dragon à plume? Il a l'air si mignon pourtant !  le visage en sang, la poitrine en feu, son corps frêle comme sur le point de rompre, sa gorge serrée si fort par l'Eldéen qu'elle voyait son champ de vision rétrécir, était-ce donc vraiment la seule idée qui lui était venu?

L'être agrippé à la sombre, la recouvrant de son corps émacié et nu, n'avait plus grand chose d'eldéen. Sur sa charpente massive, une musculature noueuse subsistait encore, dénuée de la moindre graisse, sous un derme gris, blafard, parcouru de plaies diverses. Une large brûlure, bien plus récente que celle recouvrant son dos, occupait son flanc droit. Aux nombreuses cicatrices anciennes se mêlaient d'autres, faites de coupures, d'estafilades et de perforations, d'armes comme de morsures. Quelques rares étaient recousues, là où certaines étaient encore à vif, quand elles ne semblaient pas infectées. La crinière pâle et crasseuse se répandait, tel un étendard lacéré, sur les larges omoplates couverte de tissu cicatriciel. Les mains massives et osseuses étaient couvertes de vieux sang, de même que la gueule et le bas des jambes.

Il n'était que plaies et furie, serrant entre ses battoirs rugueux la frêle nuque de sa semblable, laquelle tenta vainement de sa main valide de desserrer l'étreinte sur sa gorge. Comme si elle manquait de force, la main se retira, tremblante. Shyn'tae espéra que Cécilie serait rapide. Brusquement, le couteau qu'elle venait de sortir de son fourreau se planta dans l'avant bras du colosse. Une première fois. Elle ne voulait pas mourir.
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeSam 28 Sep 2019 - 23:04


L'avantage avec cette attaque soudaine, c'était qu'elle avait plus que doublé le temps à la disposition de l'Enchanteresse. L'avantage de la fureur butée du sombre, c'est qu'il était entièrement tourné vers sa semblable, de corps et d'esprit. L'avantage de s'être déjà frotté à cet homme et d'avoir explorer furtivement ses défenses, c'est que la spirite savait très exactement où elle allait et à quelle vitesse il pouvait réagir. Même lorsque le mastodonte s'écrasa sur sa consœur, elle n'eut pas une seule pensée parasite pour Shyn'tae ou pour Dante. Le Rythme lancinant déjà abîmé et pourtant si énergique. Les vibrations chaudes qui lui caressaient la peau. L'épaisse forme à quelques mètres.

Les mots continuèrent à filer entre ses lèvres au sourire torve, ses pupilles dilatées ne laissant qu'un mince cercle de bleu autour de mires abyssale. Cette fois, l'Essence de sa cible ne pouvait ignorer sa présence. Forte de sa première expérience, de la libération des Lamentations et des connaissances que Shyn'tae lui avaient offert sur leur proie, Cécilie laissa sa magie couler dans les failles béantes des défenses adverses. Elle les suivait et les menait à la fois, charriées par elles, membre de la meute et bergère de ces loups d'ombre aux gueules suintantes et aux yeux innombrables.

Les chants en ancien Nisetiens rugissaient dans l'air, mêlés à la pluie et au ressac, tandis qu'elles se fracassaient sur les défenses les plus primitives de cet être à vif. Elles refermaient leurs griffes sur cet éclat plus qu'intime d'où elles sentaient partir ce lien inexplicable qui les intriguaient tant.

Usant de la voix pour mieux focaliser leur volonté face à celle de leur proie, l'Enchanteresse et ses Lamentations serrèrent plus étroitement leur prise, comme les spirites le font d'ordinaire sur des Flammes défuntes. Peu de non pratiquant le savaient, mais contraindre une Essence à l'obéissance par delà les langues et les mots était possible sur les vivants aussi finement que sur les morts, et Elles n'en étaient pas à leur coup d'essai.

- Lâche la. " tonnèrent les voix rassemblées en une. " Lâche la et recule. "

L’Ombre s’immobilisa, écouta, avança un peu... avant de répéter le processus dans une mécanique bien huilée. Seul un chuintement aurait pu le trahir. Un chuintement dominé par l'eau et les chants. Aussi arriva-t’il bien après tout le monde. Parce que même si la vibration de la sortie d’Urgoll'Ven résonna dans son boyau, il ne se hâta pas.

Il arriva dans la caverne où l’attendait une odeur de merde, de pourriture et de fauve. L’odeur du sang coagulé, témoignant du drame de la veille. Le pied botté de cuir souple passa par dessus la carcasse sans s’arrêter. Il s’immobilisa au moment où l’ordre de Cécilie claqua. Alors il s'accroupit, caché, la laissant gérer la proie comme il lui plaisait. Elle savait qu’il était là si elle avait besoin. C’était l’essentiel. Elle lui avait fait confiance sans comprendre lors de l'attaque de El, maintenant c'était à son tour de lui rendre la pareille. Avoir une confiance aveugle en la Maîtresse des Lamentations ne lui était pas plus difficile que de se raser sans se regarder. Parce qu'ils sont un.

La douleur nouvelle, au bras du sombre, qui se noie dans le reste. A peine un tressaillement, un frisson, alors que ses battoirs broient, capables, sans compassion ni raison... Malgré le couteau qui continue à s'abattre à chaque fois plus faiblement entre les mains de la daedhelle qui refuse d'abandonner. Jusqu'à ce que la sensation se glisse, emplisse et s'impose. Quoi... L'esprit tressaille, arraché à la furie, surpris. Puis il réalise. Une sensation glacée le prend au cœur, se répand fait trembler ses mains. Le souffle s'étrangle, hoquète, alors que le corps se crispe. Reconnaître et savoir, reconnaître et comprendre... Alors, il lui avait dit d'arrêter. Alors, elle avait reculé. Cette fois, il n'en était rien. Trop tard... La Flamme s'embrasa avec une violence bestiale et déchaînée.

Un hurlement.

Qui ne franchit pas ses lèvres. Lentement, la pression sur la gorge de la noire elfe se réduisit. De force, les doigts s'ouvrirent, lentement, luttant, alors que les billes écarlates fixaient le vide. Aussi soudainement que la rage l'avait pris, celle-ci le désertait, au profit de l'immonde. La volonté de ruer, sans pouvoir bouger un muscle. Sa gueule s'entrouvrait, figée dans un rictus d'horreur.

A l'ombre de la roche, Dante fit un mouvement, un léger mouvement, juste pour se placer, pour voir sans être vu… Toujours ramassé sur lui-même, il attendait le bon moment.

"...Vri...ne'wi...nith..." Le mot lutta pour sortir de la gueule du sombre.
...A...rrêt...e.

Mais c'était peine perdue. Les anciens sons dissonants scandaient en cadence les souffrances du passé. Chuintantes et dures à l'oreille, le flot des paroles rythmées de la chanteuse ne se tarissait pas. Fluide, malgré les ordres, le danger et les actions. Elle le tenait et lui ordonna de se tourner vers elle, bien qu'elle ne le regarde pas vraiment. Autour de la conscience de l'homme abîmé se déroulait un combat acharné, et s'il persistait à mettre ses forces dans des mots inutiles, il allait le perdre.
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeDim 29 Sep 2019 - 11:06




La daedhelle se retrouva libre… Une bouffée d'air emplit ses poumons torturés, extase et supplice en même temps. Et elle retomba dans la mare. Le couteau lui échappa et, appuyée sur son bras tremblant, la drow parvint à se retourner pour respirer, couchée sur le dos dans le mélange d'eau de mer, d'eau de pluie et de leurs sangs mêlés. Elle pu observer pour la première fois son agresseur… Et malgré la douleur, ce fut non de la haine, ni un désir de vengeance, mais de la compassion qu'elle ressentit. C'était effrayant, mais à cet instant, elle s'en fichait.

Le sombre avait reculé, sans se relever, replié sur lui-même. Tourner la tête lui prit bien trop de temps, alors qu'il la cherchait de ses yeux de sang. Le grand corps maladif frémissait, saisi de spasmes irréguliers. La pluie se répandait sur sa carcasse émaciée, glissant le long de ses plaies à nu, en un flot rosé sur son bras blessé à nouveau, le tout sous l’œil indifférent de l'humain. La Bête en lui, y va de son commentaire… Voilà pourquoi Zhak'Bar ne désire ni prêtre ni temple… D'un infime mouvement de la tête, l'homme, agacé lui intime le silence… Ils ont besoin de toute leur concentration.  

"...E...le..." Un suintement, entre les crocs du sombre.
...Pour...quoi...

- llaar... Ele... répond Shyn'tae.
- Sérieusement… Pourquoi...

La drow secoua la tête avec cynisme, sa respiration douloureuse, sa voix rauque et faible alors qu'elle se traînait vers lui en produisant la fiole qui était restée accrochée à sa ceinture. Le géant, lui, fixait la spirite, tremblant dans l'effort, les crocs grinçant de tension. Se rendre compte de l'erreur. Se rendre compte de ce qui s'annonce. Ruer. Se débattre. Vouloir hurler, sans qu'un son ne s'enfuit de sa gorge. Il ne doit pas... Pas maintenant. Pas alors qu'il le sent. Le regard qui dévie, vers le sous-bois, sans voir. Une main qui se plaque au sol...

- Saph natha sanrr zhah ssrig'luin… Usstan zho'aminus vel'uss zhaun lueth vel'uss xuat zhaun… Ele ol's kleel ?…
Comme s'il y avait besoin d'une raison… J'ai oublié qui sait ou qui ne sait pas… mais quelle importance?…

Cécilie ne le retiendrait pas éternellement. A genoux, la drow saisit le bras du sombre et le maintint contre elle avec son coude pour pouvoir déboucher la fiole avec les dents. Un contact qui fit tressaillir le géant faiblissant, quand bien même tout son être restait tendu vers la spirite.

- Vel'bol whol... Elendar ulu malar qua'laen su'aco... Ulu... Ulu ussta elgg... Xuileb tluin keffal...
A quoi bon... persister à se battre contre des moulins... Se... s'autodétruire... dans l’indifférence...

Avec douceur, l'Eldéenne en versa progressivement le contenu dans les plaies qu'elle venait elle même d'ouvrir un peu plus tôt par désespoir. Le grand sombre résiste vainement, la drow persiste en silence… Alors que son semblable sent. La langueur qui se répand, s'ajoutant au reste, l'étreignant, aliénant sa volonté rétive. Faible... Alors qu'il le perçoit proche. Que ses muscles se tendent sans lui obéir. Que ses yeux ne peuvent que voir la figure pâle que dévorent des tracés étranges. Frapper, déchirer, broyer... Rien. Il demeure là où il est, ployant bientôt... Happé par les ombres, englouti par leur silence absolu.

L'Ombre, invisible ou presque, restait immobile, prêt. Lui, il savait pourquoi… Eux, savaient pourquoi… A elge d'ussta siltrin, xal. 'Elge doer... Que par la destruction de ma chair vienne la Destruction... Le don et la malédiction du Prime Dragon... Et le voilà, l'être qui fut un Haut-Prêtre combatait l'effet de la préparation avec une vigueur somme toute hors du commun. Il tombait sous l'oeil indifférent de son seigneur et Maitre, confortablement installé dans la tête de l'humain qui le regardait, ronronnant d'aise.

- Sshhhhh murmure la Sombre à l'oreille du Haut prêtre du prime dragon.
- Dos ssrig'luin fol v'dre"
Tu as besoin de repos.

Lentement, le corps efflanqué vacille alors que les paupières tombent sur le regard sanglant. La tête du géant noirelfe roula alors sur l'épaule de la magicienne. Tremblante, râpée, contusionnée, la poitrine brûlant d'une douleur lancinante à chaque respiration, Shyn'tae leva la tête au ciel, yeux clos, et sourit. La pluie battante lavait le sang autant que la tension. En définitive, ca s'était plutôt bien passé.

Son bras se leva, le pouce levé.

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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeDim 29 Sep 2019 - 14:34


Sur le seuil de la grotte aux bernacles, Dante se redressa et avança, le pied botté de cuir souple se mouvait avec aisance. Brun de boue de pied en cap, rehaussant l'étrangeté de son regard… La pluie qui le lavait tracait des sillons sur sa peau pâle, rincait ses vêtements.  

Cécilie respirait profondément, son regard toujours encré dans le vide qui la séparait de sa proie... Mais les marques ne disparaissaient pas. A la périphérie de son champ de vision, un geste flou doit signifier que tout se passe bien. La posture de l'Enchanteresse ne change pas. Droite. Le port noble. Le sourire malsain. L'ordre implanté dans l'être qu'elle avait choisi s'était effrité et il était tombé, mais elle ne bougeait pas. La magie claquait toujours avec la puissance d'une grand voile déployée dans la tempête entre le sombre et l'humaine au souffle de plus en plus forcé.

La sensation si étrangère, indicible, inconcevable de la magie de Cécilie n'avait pas cessé. Shyn'tae la sentait toujours, à la fois puissante et à la limite de sa perception, maintenir sa prise devenue inutile sur la flamme de leur cible. Pourquoi? Comme à chaque fois qu'elle plongeait son attention dans les sortilège de son amie, la drow eu l'impression malsaine, d'être scrutée en retour, d'être détaillée comme une proie par un prédateur.

Elle tourna la tête vers Cécilie. Mais que faisait-elle?

- Irul…an… Shyn'tae aurait voulu aller plus loin, lui crier qu'elle pouvait relâcher sa prise, mais sa voix brisée par les grosses mains ne laissa échapper que quelques tonalités faibles qui ne franchiraient pas le rideau de pluie. Alors, en grimaçant, elle repoussa Urgoll'Ven contre un rocher, et se redressa. Elle vit Cécilie, rayonnante de puissance magique, magnifique. Elle vit Dante s'approcher de sa compagne.

Dante n'était allé voir ni Urgoll'Ven ni Shyn'tae, il se dirigea instinctivement vers sa compagne, son unique, sa seule priorité. C'était sa chasse à elle tout compte fait. Il avait confiance dans son boulot avec Claude, ce n'était pas non plus comme s'ils n'avaient pas testé le produit avant.

Pourtant, Cécilie continuait sa magie, le frisson permanent sur sa nuque le lui prouvait, mais plus que cela, juste la regarder le lui confirmait. Elle pouvait arrêter son sortilège, mais sa Ténébreuse ne relâchait rien...  Elle s'éclatait et ça paraissait. Les Copines avaient la dalle et il pourrait laisser faire, elle avait Faim, Elles avaient  Faim, Elle et Elles… Mais pas ici, ni maintenant… Pas devant petit chat, sauf si elle voulait la bouffer aussi, auquel cas il en salivait d'avance… Et manifestement, Cécilie en avait conscience. C'était visible à l'infime contracture des mains, à la différence de sa respiration. A la dilatation des pupilles… Au sourire, ce sourire qu'il adorait tant, celui qui annonçait la curée. Ils pouvaient effectivement laisser couler et se repaître tous ensemble, elle le regretterait après coup.

Elle, elle n'entendait rien des pas lointains. Rien que sa Faim dévorante. Mille mots. Mille voix. Qui la mettent en garde, la provoquent, la pousse, la retiennent et l'aiguillonnent. Et cette Faim infinie. Elle ne pourra pas. Elle ne devrait pas. Attention. Elle peut. Plus de puissance à porter de la main. Pour une fois qu'elle ne se retient pas. Pour une fois qu'elle ne se cache pas. Plus de savoir à porter de la main. Vas-y. C'est dangereux. Il y a d'autres façons de savoir. Ces vermines ne méritent que cette fin. Que celle là. Ou pire encore. Il les ont blessé. Il leur ont fait du mal. Ces vermines, elles veulent se baigner dans leur sang. C'est si doux. C'est dangereux. Et cette Faim indicible qui lui retourne les entrailles.

Comme hypnotisée, Shyn'tae voyait les motifs se tordre sous l'effet de la magie insidieuse. A quel point Cécilie contrôlait-elle vraiment ces chose? Elle n'avait pas trouvé de meilleur mot pour décrire ce qui échappait à tout ce qu'elle avait déjà analysé. Même si elle en parlait à des mages du Puy, combien la croiraient folle? Peut-être l'était-elle d'ailleurs déjà… Elle se prit à redouter que l'humaine n'achève le drow.

Uss mumbaro, dos el. Dit-elle d'une voix rauque à l'ex triumvir, bien qu'elle doute qu'il l'entende.
Un geste, tu meurs.

D'ailleurs, étant donné qu'il n'aurait jamais obtempéré dans le cas contraire, cela valait probablement mieux pour lui. La sombre n'avait pas fait un pas dans la direction de ses camarades qu'elle fit demi tour pour se pencher sur Urgoll'Ven, un sourire mauvais aux lèvres.

Xal Usstan abbil'olplynir nindel? Ol anika'jrell dosst yshaa. G'rftte
- Au fait, puis-je t'emprunter ca? ca ne va pas avec ton style. Merci.

L'instant d'après, la drow abandonnait l'élémentaliste à sa sieste bien méritée.
Au cou, elle portait son joli collier.

Sans la toucher de prime abord, l'assassin se plaça d'autorité entre elle et sa proie, faisant face à la femme. S'avança doucement jusqu'à ce qu'elle puisse capter ses prunelles dépareillées, emprisonnant la glace en leur sein, prenant toute la place de son champ de vision. Il avait l'air glauque, pas rassurant du tout, la figure sale pleine de boue par dessus sa cagoule, Son plastron et son linge plein de terre, trempé jusqu'aux os...  La voix grave s'éleva un peu dans l'air, les paroles n'étant destinée qu'aux oreilles de sa partenaire.

Sans s'en rendre compte, elle passa sa langue sur ses lèvres. Les chants se taisaient, se faisant murmures. Chuchotements graves à l'écho dérangeant. Ses yeux aux pupilles dilatées à l'extrême n'accrochaient pas vraiment aux iris devant elle, mais elle frissonna quand la voix grave et posée s'insinua jusqu'à elle.

-Ta mission est un succès... Détend-toi...  
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeDim 29 Sep 2019 - 14:40


Les lacs glacés renvoyèrent enfin un éclat trouble. Pas maintenant, nous mangerons plus tard, disait Dante du regard, un grand doigt chassant une goutte impie qui osait couler sur la joue parfaite de la chasseresse... La petite main aux doigts fins attrapa le poignet de l'assassin, serrant avec une force qui lui était peu commune. Il ne fallait pas perdre le but de vue. L'autre grande main se posa alors sans douceur ni brusquerie sur le genou de la Belle...

Les Lamentations se rétractèrent, lâchant Urgoll'Ven pour s'élancer sur ce qui se mettaient entre elles et leur repas, crocs en avant. Elles rugissaient. Ses cordes vocales ne laissèrent pas échapper le moindre bruit, mais leur pupilles s'étrécirent. Les Lamentations déferlèrent sur les défenses de Dante pour ne s'arrêter qu'à un souffle de son être véritable, retenu par toute la raison qui restait à la mage, le cœur battant. Les iris bleues s'accrochent à grand peine leurs miroirs dépareillés. L'adoration la plus pure se le disputait à l’avidité et à l'inhumanité du regard de l'homme... Ce qu'elle était belle Sa Ténébreuse quand elle était à nu !  Dangereuse, sombre… La Bête va à la rencontre des Lamentations, mais n'esquisse aucun geste pour protéger la vie de son hôte. Du haut de sa forteresse mentale protégeant la Ligne de Vie, La Raison monte la Herse, les laissant libres si elles le souhaitent.

Que par la Destruction de ma chair vienne La Destruction prend un tout nouveau sens.

Ils ne bougent pas, la sentant en eux, les sentant en eux, les Lamentations… Etant simplement là, lui faisant confiance. Il se doute qu'un jour elles ne s'arrêteront pas… Et ils en apprécient d'autant plus le moment, Dante par confiance, La Bête à un tout autre niveau. Ils n'ont pas peur de mourir ni de souffrir… Tant qu'à crever, être bouffé par Cécilie serait un honneur… Ils feraient un à un autre niveau… Pour le moment, il ne faut pas manger le nouveau jouet trop vite… Elle a à apprendre avant…

Il n'avance ni ne recule donc, faisant simplement face à la Maîtresse… Qu'elles choisisse une autre proie et ils mangeront avec. Que ses copines le bouffe et bien, il ne se plaindra pas et ira dans son Néant avec joie… Qu'elle les contrôle et elle pourra avoir la fierté de les avoir dominées. Il reconnait en leur combats, le même genre qui les opposent le Prime Dragon et lui parfois. Il ne fait que l'aimer que plus, pleine et entière.

Insensible à ce qui pourrait se dérouler en lui, Elles s'efforçaient de respirer. De faire la part des choses. Encore. Et encore. Et ce fou qui les laissaient entrer benoitement. Qui ne lui opposaient aucune résistance. La laissant seule maîtresse de leur choix. Les laissant... Elle ne voulait pas... Elles voulaient...

La silhouette détrempée de Shyn'tae émergea soudain de derrière l'assassin. Elle n'était pas des plus belles à voir, titubait un peu, mais un mélange d'admiration et de détermination habitait son visage sur lequel le sang coulait toujours. Sa voix cassée par l'épreuve qu'elle venait de subir s'éleva, irrégulière mais enthousiaste.

- Irulan… Retiens le…Retiens le sort...  On a Urgoll'Ven ! On a réussi! Imagine tout ce qu'on pourra apprendre ! Elles l'avaient fait tant de fois ensemble. Mais même lorsqu'Irulan avait failli déchaîner sa magie contre Mehmet, Shyn'tae n'avait jamais contemplé pareille puissance.

Elle pouvait pas fermer sa gueule pour ne pas gâcher le moment? S’il est irrité, l’assassin n’en laisse rien paraître, laisse sa compagne libre. Plus tard il éduquera petit chat... On n’ordonne jamais à la Maîtresse des Lamentations. Ohhh ce qu’il la retient Shyn’Tae.  Un sourire  léger, indéchiffrable, flotte sur la grande bouche, le goût du sang lui monte à la gueule...

La main fine de l'Enchanteresse serrait plus fort le poignet qu'elle tient. Aussi fort qu'elle le pouvait. Le bracelet de force préserve l'articulation de l'homme, qui ne se dérobait pas au contact.   L'aura se contractait. La Trame tremblait. Et soudain, ses lèvres s'immobilisèrent. Le murmure disparut, une chape de plomb s'évapora avec lui. Les voix s'estompaient. La magie disparaissait, se faisant à nouveau oublier.  Attentif, l'homme est à l'écoute des plus infimes variations physiologiques chez Cécilie…

Une longue inspiration brisa l'immobilité tendue de la jeune femme, comme une noyée crevant la surface. Devant, tout proche, le visage de Dante. Elle lâcha immédiatement son bras. Juste sur le côté, celui de Shyn'tae. Elle voulu reculer d'un pas et se prit le pied dans la courroie du carquois posé contre un rocher proche. Voir qu'il l'aurait laissée s'éloigner, voir qu'il l'aurait laissée tomber. Une main aux grands doigts la rattrapa tandis qu'il, qu'ils jetèrent un regard par dessus son épaule, captant les prunelles rubis de la drow qui s'était élancée au même moment.

Elle arrêta son mouvement.

Un sourire plein de malveillance pure déforma brièvement les traits de l'hommes tandis que brilla en écho dans ses yeux une lueur mauvaise, bestiale, affamée… La Bête avertissait silencieusement la drow de ne pas s'approcher de l'humaine en ce moment, par bref contact visuel. Puis ils se reportèrent ensuite sur leur compagne qu'ils retinrent pour la remettre sur pieds. Elle s'était agrippé par réflexe aux pans de sa cape. Silencieux comme la mort elle-même, ils se contentaient d'être là jusqu'à ce qu'elle l'éloigne résolument d'une distance de bras. il lui demanda du regard si elle allait bien, sans s'offusquer de cette demande d'espace vital. Mais non. Cécilie n'allait pas bien. C'était visible. Dante fronça les sourcils, concerné. Elle avait besoin d'air mais avait besoin aussi d'autre chose. Elle avait Faim, était déstabilisée aussi, c'était visible… Mais encore? Les prunelles dichotomiques se teintèrent d'une légère inquiétude teintée de compréhension. Il ne se porta pas au devant de ses besoins ni de ses désirs, elle n'avait pas à se sentir comme une frêle chose, elle si forte. Alors il resta à cette distance, attentif et concerné, ne se sentant pas le moins du monde rejeté.  
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeLun 30 Sep 2019 - 17:59



La drow resta un instant immobile, hésita en les regardant tous deux. Voir son amie ainsi était bien plus douloureux que les signaux que son corps meurtri lui envoyait. Ça elle en avait l'habitude.

- Je vais attacher Urgoll'Ven. Ce serait bête qu'on le perde. Elle aurait dû parler du Triumvir, ou du Haut prêtre, mais cela sentait moins la haute trahison de l'appeler par son nom à la place. Après tout n'était-il pas considéré mort?
- Quelque chose de cassé ? " lança la voix éteinte de l'humaine.
- Ca va… j'ai connu bien pire.
- C'est pas une raison. Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Shyn'tae porta la main à son visage , un mince filet de sang mélangé à la pluie coulait encore de son arcade. " Rien de très grave. Une côte fêlée, vais avoir de jolies empreintes de mains au cou, plus deux trois bricoles."
- Je regarderai tantôt." Rétorqua la voix grave de l'homme. Il regardait la jeune femme…
- Merci beaucoup… je crois qu'il m'aurait tuée sans toi." Les yeux de la drow étaient posés sur Irulan avec inquiétude. "Tu ressembles à un spectre… Tu as trop tiré sur ta magie?

La mâchoire de Dante se crispa imperceptiblement. Cécilie se détourna sur quelques mots de plus, avançant avec précaution sur le sable grêlé de pierres.

- Je vais chercher Zayase pour le transporter pendant que vous le ligotez. Il est temps que nous partions. "  
 - Irulan…

Dit simplement Dante, une reconnaissance, et milles questions sises en un seul mot dit d'un ton neutre pour qui ne le connait pas.

- Je reviens.

Cécilie n'allait pas bien, mais avait besoin d'air, il comprenait parfaitement et respectait ce souhait. Elle était mieux de ne pas trop tarder par contre. Un hochement de tête qu'elle ne put voir et il se tourna vers Shyn'Tae, laquelle ne cherchait même pas à cacher son inquiétude. La pluie finissait de le rincer de la terre qui s'était accrochée aux vêtements de Dante.  Pour le moment c'était confortable, mais si la température venait à fraîchir, il serait bien en peine… Et sa cape, accrochée là haut, ne lui fournirait aucune protection, elle devait être trempée des deux côtés. La daedhelle à ses cotés, n'était pas mieux lotie. Elle avait pour tout dire complètement cessé de se soucier de la pluie. Vu qu'elle avait vaillamment tenté de se noyer dans une vingtaine de centimètres d'eau de mer quelques minutes auparavant, le mot sec n'avait plus grande signification pour elle. Peut-être des poissons avaient-ils même élu domicile dans ses bottes.

-Au boulot… Il pionce et on a le temps... aussi bien faire du tout en un. J'ouvre, je nettoie avec la pluie… et je recoud en attendant Irulan après qu'on l'ait saucissonné. Ça te va comme plan?  
- Oui, ca m'a l'air bien. Allons-y.

Elle fut heureuse de retrouver Urgoll'ven là où elle l'avait laissé, à prendre son bain avec paix et sérénité. Il faut avouer qu'il en avait sacrément besoin. La drow s'assit sur la pierre sur laquelle crépitait toujours la pluie et se laissa glisser avec prudence jusqu'au vieux sombre, ses bottes déjà pleines d'eau plongèrent dans la petite mare dans laquelle elle avait déjà bien pataugé, et elle s'approcha de lui.

-Une jambe chacun?

Dante marqua un signe d'assentiment… Et les deux équipiers de royalement en chier pour mettre leur trophée hors de danger de noyade. L'assassin finit par attacher une jambe d'Urgoll'Ven a sa taille pour tirer comme un animal de bât, sans égard pour les rochers pouvant l'abîmer… De toute façon, un peu plus ou un peu moins, où il en était rendu… Sa comparse tirait avec lui sans ménager ses efforts et  sans grand égard pour la douleur que cela provoquait en elle. Lorsqu'il était nécessaire, elle abandonnait la jambe pour aider le corps à négocier les passages difficiles. A nouveau, elle regrettait sa magie, et se promit de travailler plus dur encore pour la regagner. La longue et sale tignasse blanche du daedhel laissait sa marque dans le sable mouillé.

- Il est aussi fatiguant endormi qu'éveillé… Les chevaux devraient pouvoir venir jusqu'ici... La drow venait de lâcher la jambe d'Urgoll'ven qui retomba dans le sable comme un poids mort, la Sombre fit quelques pas pour reprendre son souffle, haletante. Dante ne fit que grogner… Sinon il resta silencieux sous l'effort. Comment un mec pareil avait apprit à ne pas faire de bruit dans les moment où le commun des mortels en feraient est un sujet que nous n'aborderons pas ici…

- On se sert de la charpente de l'écurie pour le monter sur le cheval? Elle est complètement pourrie, mais je pense…. qu'elle tiendra.

L'homme la regarda comme si elle venait d'un coin obscur de quelque plan inconnu.

-On le traîne jusqu'à l'écurie? T'es malade?
- Non, on s'arrête ici, puis on le traîne avec le cheval que ramène Irulan. Tu veux monter ce machin sur le cheval à la force de tes bras? Vas-y, je te regarde. Sinon on l'accroche à une corde, la corde par dessus la poutre, un cheval à l'autre bout. Et on soulève en espérant que la poutre ne nous tombe pas dessus. Un meilleur plan?

D'un geste impatient, Dante repoussa une mèche noire trempée, échappée de sa tresse…

-Je veux quitter ce bled aussi vite que possible. Je pensais une litière accroché au Pommelé… Retourner dans cette pourriture me tente pas. Trainé au sol par un cheval sur cette distance, tu le penses en état d'y survivre?
- D'accord d'accord..." La drow avait levé un bras au ciel en signe de reddition, puis le rabaissa aussitôt en marmonnant ce qui devait être un juron Eldéen en vogue au sein l'étude noire. "Je vais chercher de quoi lui improviser un brancard , qu'on le traîne derrière nous."

Dante a un reniflement irrité avant de se torcher un peu d'eau qui lui chatouille le bout du nez. La sombre s'éloigna, le souffle laborieux, à la recherche des matériaux dont ils auraient besoin. Elle allait lui faire un attelage digne d'un Haut prêtre de Zakh'Bar. Sauvage et cataclysmique. De jolis adjectifs pour signifier "complétement pourri".

- Au boulot. Murmura-t-il pour lui-même. Il va avoir du travail pour le rafistoler.

Dégainant un petit karambit caché dans son plastron et défaisant le bracelet de force cachant son nécessaire de couture, il s'agenouilla à côté du saucisson vivant et commença à nettoyer ce qui lui semblait le plus urgent. Alors que la lame grattait les plaies infectées, les débarrassant des tissus nécrosés jusqu'à révéler des chairs saines, à vif, la figure creusée du sombre inconscient se crispait par moment, ses yeux roulant sous ses paupières.

Quand Cécilie reviendrait, ils seraient prêts.  
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeLun 30 Sep 2019 - 23:00


S'éloigner. S'éloigner et vite...

Quand l'humaine eut regagné les première barges de pêche près du village, elle s'arrêta un instant, se passant une main humide sur le visage comme pour interdire au sourire qui lui venait de s'installer durablement. Elle s'était laissé prendre... Elle s'attendait à un combat plus rude, une résistance plus violente. Elle avait puisé plus profondément dans les Lamentations qu'elle n'en avait l'habitude, sans retenue, sans doute, sans crainte, sans chercher à cacher ses marques. Ce pouvoir qui déferlait dans ses veine, sous et sur sa peau... Cette facilité avec laquelle elle les avait conduites. Cette précision dans ses perceptions qu'elle n'avait pas ressentit depuis le Rituel.  Être parmi elle, et partager leur volonté commune. A leur tête... Elle s'était senti si... bien...

Ce que cela impliquait était terrifiant... exaltant.

Mais elle avait si Faim... Elle avait faillit prendre la vie de Dante. Elle avait trouvé l'idée sincèrement alléchante... et cela la révulsait. Si ça n'avait été pour lui, aurait-elle été capable de s'arrêter ? Pour Shyn'tae ? Pour le savoir dans le crâne de ce montre à la peau grise ? Et si ce n'avait pas été lui, se serait-elle sérieusement laissé prendre par cette vulgaire envie après une chasse si longue ?

Il fallait qu'elle se calme et qu'elle se reprenne. Seul le temps lui permettrait de voir plus clair dans tout ça... Et elle comptait bien s’entraîner plus sérieusement sur des sujets contre lesquels elle pourrait ne pas y aller seulement pour de faux. Mais pas tout de suite. Il ne fallait pas qu'elle pense à tout ça. Cela ne ferait que lui donner des envies en contradiction avec leur objectif du jour. Elle avait l'occasion d'en apprendre plus sur les Dissociés, sur les drows, et il lui faudrait un coin tranquille pour étudier comment sa Flamme et le lien qui semblait être le sien se répondaient lors de manipulations diverses. Elle voulait aussi voir si le soigner pouvait être possible. Après tout c'était aussi pour ne pas avoir à garder la perspective de la mort de Dante au dessus de leur tête qu'elle voulait mettre la main sur ce drow.

Il y avait fort à faire. Et premièrement : retourner à l'écurie pour seller les chevaux et revenir avec les trois sur la plage. S'ils pouvaient éviter les explications et les jérémiades écœurantes des villageois ce serait aussi bien.
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeLun 30 Sep 2019 - 23:35



Orel avait obéit à l'étranger, repoussant ceux qui n'avaient rien à faire la, disant que c'était dangereux, qu'il valait mieux s'éloigner rapidement sur la route. L'homme lui avait dit 'd'aller', mais le pêcheur se résolut à autre chose. Peut-être ces étrangers feraient la différence. Peut-être y avait-il bien une bête. Peut-être Êtol se trouvait derrière la paroi blanche... Ou peut-être que non, et que son enfant s'était perdu, comme d'autres avant lui. Les pas du père le ramenèrent là où il avait laissé les étrangers, se frayant un chemin dans la végétation dégoulinante de pluie.

Sans oser aller directement au dessus de la grotte, il atteignit néanmoins le haut des rochers, au pied desquels débutait la plage. Malgré la pluie, il devina deux silhouettes, distance de la grotte, s'occupant d'un... Corps ? La gorge soudain nouée, Orel les appela, sans savoir s'ils l'entendraient, malgré la pluie et la mer. Ayant soudain froid, il descendit précipitamment entre les rocs. Qu'avaient-ils trouvé ? C'était bien trop gros pour être l'enfant. Avaient-ils... ?!

En courant sur le sable humide, le pêcheur passa devant la grotte... Et s'arrêta, regardant la gueule béante avec stupeur. De la roche blanchâtre et sableuse demeurait encore, gisait alentours. Mais la grotte se révélait de nouveau à ses yeux, accessible et obscure. Hésitant, Orel regarda du côté des étrangers, puis la grotte à nouveau, avantde s'avancer vers celle-ci, son regard fébrile fouillant l'obscurité à travers la pluie. Sa bouche s'ouvrit, le nom de l'enfant sur les lèvres. Cependant, sa voix s'étrangla, car ses yeux n'eurent pas à chercher loin. Un hoquet le priva d'air, suivi d'un autre. Un pas, alors qu'il ne comprenait pas ce qu'il voyait. Un autre.

Soudain, sa jambe se déroba sous lui, et le pêcheur tomba à genoux, la pluie et les larmes se mêlant sur son visage livide, alors que son regard voyait sans voir, l'inacceptable. Il reconnaissait les yeux, même écarquillés de terreur; il reconnaissait le visage, même horrifié; il reconnaissait la tignasse, même poisseuse de sang... Mais là où ses yeux auraient dû se poser sur de la peau rose, caleuse aux genoux, portant quelques égratignures d'une enfance turbulente, il ne lui sembla voir qu'un rouge sombre, où se noyaient des éclats blancs. Le nom du petit demeura bloqué dans la gorge du père, dont la main se tendit vers le petit corps.

La drow était satisfaite. Son oeuvre ressemblait juste assez à quelque chose pour remplir son objectif. Elle n'emmènerait pas Urgoll'ven jusqu'à Thaar ou Naelys, mais là n'était pas son but. D'un regard, elle vit que Dante n'avait toujours pas terminé. Alors, elle allait s'en retourner vers le lieu de sa chute pour retrouver ses deux couteaux lorsqu'elle vit Orel se glisser dans la grotte. La sombre fronça un sourcil, et s'empressa d'aller vers la bouche béante.

L'odeur donna la grimace à Shyn'tae. Une odeur de mort et de bête qui prenait aux narines. Devant elle, le père était agenouillé devant le cadavre de son fils. Urgoll'Ven n'était pas très doué pour s'occuper des enfants… Shyn'tae s'approcha doucement. Elle avait du mal à imaginer la douleur de ce père. C'était une sensation étrange, à la fois indifférence face à l’événement et une dérangeante compassion face à cette détresse. Mourir, n'était-ce pas ce que les gens faisaient? Cette terre était dure, qu'avait fait cet enfant? Avait-il été faible? Encore aurait-il fallu que cela ait un sens face à celui qui l'avait tué. Il avait payé le prix de la curiosité et de l'audace.

Cela n'avait aucun sens, pensa-t-elle au plus profond d'elle-même.

- Désolé. Vous n'auriez rien pu faire... Souvenez-vous de lui, mais vivez, pensez à ceux qui sont encore là. Nous n'allons pas vous importuner plus longtemps, vous et les vôtres. La voix basse et enrouée de la noirelfe résonnait avec calme dans l'obscurité de la grotte aux bernacles. Tout ce qu'elle disait, et tout ce qu'elle aurait pu dire sonnait vide.

Le pêcheur ne réagit pas à la présence nouvelle, le bras toujours tendu vers le petit corps. Il ne voyait que les blessures ignobles, l'enfant hier plein de vie, aujourd'hui... Un creux dans la poitrine, un poids sans commune mesure, une blessure béante, pleinement révélée, qui n'en peut plus de saigner. Tremblant, le jeune homme se rapprocha petit à petit de l'enfant.

"... Y étaient pas loin... murmura la voix défaite, légère d'une incompréhension hébétée. Y v'naient souvent... Y a... Y a jamais eu d'bête... Pourquoi... Pourquoi lui... Pourquoi un p'tit... Pourquoi comme... Ça... Fils..."

A genoux à même la pierre, parcourue de grains blancs et de traces sombres, indicibles, Orel se pencha, à geste prudents, fermant délicatement d'une main, rendue calleuse par les cordages, les yeux écarquillés de l'enfant. Puis l'homme prit la carcasse dans ses bras, calant la tête enfantine, contre lui. Car il était son fils, et rien d'autre.

La drow s'écarta pour le laisser passer, le regard ailleurs. Pourquoi? Il n'y avait pas besoin de raison, se répéta-elle. Ce n'était même pas un défi. Ce n'était même pas digne de perdre son temps. Au fond, survivre dans ces circonstances, qu'est ce que c'était? Juste un peu plus de chance que les autres…

Shyn'tae aurait du sentir la colère. Voyant la silhouette de l'homme se détacher sur le rideau de pluie, il y avait surtout du regret.

C'est la sensation de sa victoire. Murmura la douce voix cachée au fond de sa conscience.

Sans un mot, la daedhelle retourna chercher ses couteaux.
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MessageSujet: Re: La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn'   La bête de la grotte aux bernacles | Dante, Cécilie, Shyn' I_icon_minitimeLun 30 Sep 2019 - 23:46


Dante leva la tête, attiré par le mouvement à la périphérie de son champ de vision. Regardant Orel s’éloigner avec son précieux fardeau, il plissa des yeux

-Va falloir se grouiller le cul. Ils vont revenir…

Rebaissant la tête, il ponctionna une plaie et en fit écouler le pus. Un morceau de ce qui semble être du métal suit le même chemin. Murmurant une prière à la gloire de Kiel, Dante laissa la pluie laver le tout avant de commencer à nettoyer les chairs. Attentif à l’état de leur proie, il s’assurait qu’elle reste endormie et vérifia pour la énième fois les liens avant de reprendre le boulot. Tandis qu'une silhouette mouvante commençait à grandir au bout de la jetée, Shyn'tae réapparut près du mercenaire.

-La prochaine fois que tu te met entre nous j'te bute. T’es avertie, Kalanree. Tu lui fais du bien et ça va. Y’aura pas d’autres avertissements.

Parce que dire à quelqu'un qu'il l'aime bien, ce n'était pas dans ses cordes. Juste qu'il prenne la peine de l'avertir si directement était déjà un signe de considération en soi. Sans rien rajouter d'autre, l'homme retourna à son travail. Mais la drow posa un genoux à terre et se pencha vers le corps, ses oreilles frémissantes sous la douleur. Kiel était une bonne amie sur qui on pouvait toujours compter.

- Tu sais…" Shyn'tae prêta sa main à l'assassin, tout en pensant à ce qu'il venait de dire. Parlait-il des mots qu'elle avait prononcé, ou du geste qu'elle avait entamé? Lui demandait-il vraiment de se retenir d'aider sa compagne? C'était quelque chose dont elle n'était pas capable."... si elle t'aime, ce n'est pas parce que tu es là lorsqu'il le faut… Tu es pour elle quelque chose que je ne serai jamais." La sombre sourit doucement en travaillant. Ça faisait mal, mais ça faisait du bien en même temps. Qu'aurait-elle pu dire de plus? Que les voir en conflit à cause d'elle la faisait souffrir plus qu'il n'aurait dû ? Non seulement c'était difficile à admettre mais il ne l'aurait pas cru, et si cela avait été le cas, il en aurait profité. Dante ne marqua aucun arrêt, aucun signe qu’il avait compris de quoi elle causait . Et pourtant il avait très bien capté mais il laissait Cecilie gérer ses propres secrets. Que la Bête se soit énervée contre la drow lors de son approche est une autre histoire. Elle ne pouvait ni savoir ni le comprendre, la Shyn’Tae sauvage… et elle ne devait pas non plus.

- On l'installe sur sa couche? Une manière comme une autre de passer à la suite. Il était plus que temps de mettre ce village derrière eux. Un grognement, un hochement de tête.


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