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 Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran

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Andran Straggen
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MessageSujet: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeMer 30 Oct 2019 - 15:07

Arkuisa de la Troisième Ennéade,
23 Favrius de l'An XVII du Onzième Cycle,
Au soir, à Diantra, Capitale du Royaume,
avec Clémence HADJAOUI.

La tête légèrement levée vers le plafond, Andran ferma les yeux alors que le barbier donnait du volume à ses cheveux grâce à un onguent pâteux. Sur le sol jonchait déjà une masse de cheveux, entremêlant ses mèches grises et les mèches châtains qui résistaient encore à la vieillesse. Cela faisait un bon moment qu'il n'avait pas fait appel à un barbier pour rafraîchir sa nuque et tailler sa barbe. Andran détestait les cheveux longs, car il était plus difficile de bien les nettoyer, et, de dos, on ressemblait à une femme la plupart du temps. Il avait toujours eu les cheveux plus ou moins courts, préférant tout de même garder une certaine longueur à ses mèches du haut de la tête pour avoir quelque chose de simple à coiffer. À l'aide d'une brosse, le barbier coiffa la tête du noble vers l'arrière, en prenant soin de ne pas les aplatir.

« Vous désirez une longueur particulière pour votre barbe, Sire ? » demanda le barbier, dénommé Guillaume, une fois qu'il eut terminé de coiffer le chevalier.
« Évitons les barbes de trois jours. J'apprécie quand le poil conserve une certaine longueur. » répondit le chevalier, un poil hésitant, sans mauvais jeu de mot, du fait de ces informations floues.
« Pour la coupe, elle vous convient ? » reprit Guillaume en montrant l'arrière de la tête du chevalier grâce à un autre miroir.
« Parfaitement. Merci beaucoup. »
« Je vais commencer par tailler votre barbe à l'aide d'un ciseau. Nous allons procéder progressivement pour éviter les bourdes. »

Andran acquiesça d'un léger signe de tête avant de laisser le professionnel faire ce qu'il avait à faire. Celui-ci avait une étrange manie de lever son sourcil droit très haut lorsqu'il travaillait, alors que l'autre ne bougeait pas, comme s'il était paralysé. Ce tic physique avait une affreuse tendance à attirer le regard du chevalier, qui se retenait de lui enjoindre de baisser ce sourcil. D'un autre côté, ce barbier ne posait pas trop de questions, et la plupart n'avait rien de gênantes ou d'impromptues, et il était fort sympathique, quoi qu'un peu mielleux. Et, visiblement, il avait un joli arsenal de produits et outils pour bien faire son travail. Guillaume sortit sa lame de rasoir pour raser complètement les poils qu'avait le chevalier au niveau du cou, car tout nordien qu'il était, Andran avait une barbe très développée. Selon Guillaume, procéder ainsi donnait un air "moins négligé et moins vieillard, car cela rajoutait une couche de poil qui n'était pas du tout esthétique". Et, force est d'admettre qu'il n'avait pas tort : le chevalier paraissait plus propre ainsi.

« Merci beaucoup, Guillaume. C'est du travail d'orfèvre ! » le remercia le chevalier en se levant et en époussetant ses vêtements des cheveux et poils qui y étaient restés accrochés.
« Ce fut un plaisir, Sire Andran. Pensez à vous raser le cou quand vous sentez qu'il redevient trop long. La barbe complète que vous avez sur le visage vous suffit amplement. Et vous n'avez pas besoin d'un barbier pour vous raser totalement. »
« Vous avez raison, c'est un très bon conseil que vous m'avez donné. Combien je vous dois ? »
« Trente pour la coiffure et l'onguent. »
« Les voici. »
« Merci, Sire Andran. Ce fut un plaisir de travailler avec un nordien. Moi qui pensait que vous étiez tous des rustres avec vos cheveux tombant jusqu'au dos… Vous me prouvez que ce n'est pas toujours le cas. »

Guillaume lâcha son plus beau sourire, comme s'il essayait de faire passer ses préjugés pour une blague, et laissa Andran seul dans sa salle de bain qui ne souhaita répondre au commentaire du barbier. Pourtant, si la sympathie du monsieur l'avait détendu, la nervosité revint vite au galop alors qu'il repensait à demain. Cela fera un mois, jour pour jour, que Clémence avait commencé ses leçons de religion sous la tutelle du Père Othéron. À Diantra, elle avait continué de le faire sous la tutelle d'un autre clerc que le chevalier ne connaissait pas. Peu importe, il espérait surtout que cette histoire s'achève rapidement, pour que Markus ne vienne plus l'embêter sur quoi que ce soit avec Clémence. Même s'il serait capable de trouver n'importe quel prétexte pour cela, il sera plus aisé à contrer que l'hérésie, ou plus réellement l'infidélité religieuse de Clémence. Et puis, même du point de vue du reste des nobles et de la population, il valait mieux que la jeune femme soit pentienne. Cela ne résoudra pas tous les problèmes, mais, désormais, il est sûr que Clémence ne sera pas brûlée vive sur un bûcher.

Dans tous les cas, il était prêt pour la cérémonie de demain. Il avait préparé la tenue pour la cérémonie sur un mannequin, et il venait d'achever cette autre étape qu'était celle du coiffeur-barbier. Il avait passé sa journée à choisir sa tenue, et il avait parcouru les rues marchandes pour savoir s'il ne pouvait pas trouver quelques accessoires qui seraient "moins nordiens" pour compléter sa tenue. Mais la tenue qu'il avait prévue était parfaite. Demain, l'homme le plus beau du Royaume assistera à l'intronisation officielle de Clémence à la religion pentienne !
En repartant vers sa chambre, il constata que le soleil allait rapidement se coucher. Ce n'était plus qu'une question de minutes. Il sortit sur son balcon et passa le regard sur la ville et sur les champs encerclant la capitale du Royaume couvert par les derniers rayons rouges qu'offraient le soleil. Cela lui permit de se détendre, bien qu'il ne pouvait pas s'empêcher de penser à cette cérémonie. De nombreuses personnes seront présentes, et les plus importantes en entendront forcément parler. Et ici, à Diantra, les ressentiments sont toujours décuplés, mais l'honneur que représente la possibilité d'y devenir un pentien l'est tout autant.

Vérifiant sa tunique blanche et le reste de sa tenue, Andran sortit de sa chambre après s'être vêtu d'un gilet noir fin sans manche et à motif, et d'une cape à bandes blanches et noires en diagonale. Il avait eu une idée qui pouvait l'aider à se détendre au moins jusqu'à demain. Peut-être que ce serait un échec. Il ignorait si Clémence était aussi stressée que lui, et encore plus si elle était disposée à le recevoir dans sa chambre, mais il ne résistait pas à l'envie de passer un moment avec elle avant demain. Tout ce qui concernait Clémence ne le laissait jamais indifférent, même les choses qui, en soi, n'engageaient pas sa sécurité. Il était dévoué envers cette femme, et cela ne changera pas de sitôt.

Une fois devant la porte de la chambre de Clémence, il toqua doucement par trois coups secs et rapides. Il préféra laisser Clémence venir ouvrir sa porte, au cas où elle serait dévêtue ou occupée. Non pas que cela le gênerait de la voire nue, et encore, il ne pouvait pas la voir ainsi alors qu'elle n'était pas prête pour. Il profita de cette courte attente pour inspirer un bon coup afin d'évacuer ce nœud dans le ventre, et ravala difficilement sa salive. Sa compagne finit par lui ouvrir et il ne put pas s'empêcher de sourire timidement. Il la regarda dans les yeux sans rien dire, soudainement bloqué par sa mal-aisance. Il n'osa même pas s'approcher pour la prendre dans ses bras ou l'embrasser.

« Bonsoir Clémence. Je… Je me sentais seul et… anxieux… par rapport à… demain. Je voulais savoir si… si…tout allait bien de votre côté ? » bafouilla-t-il en rougissant. Cela faisait un bon moment qu'il ne s'était jamais senti aussi ridicule. On aurait dit un adolescent qui faisait une proposition à cette jolie fille qu'il rencontre pour la première fois. S'il y avait un trou pour se cacher, Andran n'aurait sûrement pas hésité à ce jeter dedans. « Je n'ai pas arrêté de gamberger cet après-midi, et… j'avais une folle envie de… vous voir avant demain. Acceptez-vous de passer… hum… la soirée avec moi ? Enfin… ! Je veux dire… une partie de… la soirée du moins… simplement pour… passer un bon moment… tous les deux… »
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Sauveur Hadjaoui
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeMer 30 Oct 2019 - 16:23

La luminosité de la pièce déclinait dangereusement mais Clémence n'eut pourtant pas le réflexe de se lever pour allumer quelques bougies. Elle se trouvait assise à la table qui trônait dans un recoin de sa chambre, entourée par quatre chaises. Dans ses mains se trouvait un livre dont elle parcourrait les mêmes lignes depuis de longues minutes déjà, détachant régulièrement les yeux pour répéter ce qu'elle avait lu comme si elle cherchait à retenir les mots qu'il contenait. Sur un cintre accroché au paravent de l'espace de toilette, une robe attendait patiemment que vienne le lendemain. Il s'agissait d'un vêtement assez simple composé de tissu blanc et surplombé de sa jumelle en voile transparent, ouverte sur le devant et brodé d'argent. Les couleurs de la DameDieu. L'or aurait mieux convenu à son teint mais ce métal était plutôt réservé aux mariages donc la couturière le lui avait déconseillé. Et elle avait suivi ses conseils.
L'artisane était venue lui livrer la robe et procéder au dernier essayage. Elle avait quitté sa chambre depuis une trentaine de minutes environ. Depuis, la jeune métisse n'avait pas bougé de cette chaise et ne voyait plus le temps passer. Lorsque l'on frappa à sa porte, elle releva subitement la tête, surprise. Observant la pièce, elle réalisa alors que le soleil s'était couché et qu'elle serait bientôt dans le noir, seulement éclairé par ce qu'il restait du feu qu'un employé de l'auberge avait allumé plus tôt dans la journée.

Clémence reposa le livre sur la table, le laissant ouvert à la page qu'elle lisait depuis des jours. Puis elle se leva et se dirigea vers l'entrée. Elle ouvrit précautionneusement la porte pour découvrir son compagnon sur le seuil. Elle répondit à son bonsoir plutôt timidement. Elle n'avait pourtant pas de raisons de se montrer aussi réservée avec lui mais l'attitude du chevalier la poussait à ce comportement. Tandis qu'il parlait, elle réalisa la tenue dans laquelle elle se trouvait et l'associa aussitôt aux balbutiements d'Andran. Elle était en sous-robe recouverte par la robe de chambre qu'il lui avait achetée quelques jours auparavant. Rien de honteux pourtant mais il ne l'avait encore jamais vu vêtue de la sorte... Peut-être était-ce cela qui le perturbait ?
Elle s'en trouvait soudainement gênée en tout cas et fit mine de refermer un peu plus l'habit au niveau de son décolleté pourtant chaste et resserra la ceinture qui le maintenait fermé. Malgré son mal aise, elle entendit la proposition de son chevalier qui lui offrait de passer la soirée avec lui. Un sourire se peignit sur son visage, à la fois timide et tendre.

-Oui... Répondit-elle d'une petite voix avant de reprendre avec un peu plus d'assurance. Oui, avec plaisir. Puis une idée sembla lui passer par la tête, comme une pensée qui lui revenait soudain. Il... se pourrait d'ailleurs que j'ai besoin de votre aide.

Il y avait un point qu'elle n'était pas parvenue à régler pour le lendemain et, n'ayant que peu fréquenté les péninsulaires avant sa rencontre avec l'Inquisiteur, elle avait un peu de mal à trancher la question. Elle commença à ouvrir sa porte un peu plus grand pour le laisser entrer puis s'arrêta dans son élan.

-Je... devrais peut-être me rhabiller. Pensa-t-elle tout haut avant de relever le regard vers Andran, attendant sa réaction et s'excusant silencieusement par avance de devoir bientôt refermer la porte devant lui et le faire attendre. Elle n'avait pas conscience que sa tenue était suffisamment décente pour un homme avec lequel on partageait de tendres sentiments et que, de toute façon, il pourrait bien rentrer pendant qu'elle se changeait puisqu'un paravent la dissimulerait à son regard. Sans compter qu'elle ne se mettrait pas nue... Cependant elle ignorait tout cela et ne pensait qu'à la prudence et à la pudeur que lui imposait son histoire. C'était plus fort qu'elle. Mais le chevalier était là pour l'accompagner dans ces moments-là et lui apprendre ce qui se faisait ou non.
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Andran Straggen
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeMer 30 Oct 2019 - 20:22

Andran fut soulagé lorsque Clémence accepta sa proposition. Il ne pouvait pas rester seul ce soir, et, à Diantra, il ne connaissait pas grand monde qui pourraient le détendre. Sauf Clémence, bien évidemment, mais tout était différent lorsqu'il était avec elle, même les choses les plus simples de la vie quotidienne. Alors quoi de mieux qu'un petit repas en tête-à-tête pour passer un bon moment ?  La dernière fois, une telle soirée s'était conclue sur leur premier baiser. Le contexte est certes différent aujourd'hui, néanmoins cela ne leur empêche en rien de passer une bonne soirée.

Le chevalier se pencha devant la porte de la chambre de Clémence qui n'était pas totalement ouverte et qui ne laissait entrevoir que le visage de sa tendre chérie. Il fronça les sourcils en s'interrogeant sur le pourquoi du comment. Il ne comprit l'affaire que par la réflexion qu'elle ne voulût avoir qu'à l'égard d'elle-même. Sur son visage se dessina le doute et la crainte d'entrer et de trouver sa compagne dans une situation gênante.

« Clémence ? » l'appela-t-il d'une voix interrogative. Il fit un pas devant lui, voulant pousser légèrement la porte. « Je peux entrer ? Vous aurez sûrement une réponse à votre question. » Un petit sourire timide se dessina sur ses lèvres, alors qu'il entendit Clémence accepter difficilement sa proposition.

Si sa gêne commençait à s'estomper depuis qu'il avait entendu sa voix, cette situation ne l'aida pas à reprendre ses aises plus rapidement. Andran entra dans la chambre de sa compagne, découvrant enfin l'objet des hésitations de Clémence. Sa figure vit ses sourcils se lever d'étonnement mais également un nouveau sourire, celui-ci étant beaucoup plus doux que le précédent. C'était la première fois qu'il voyait Clémence moins habillée qu'à l'accoutumée, ou du moins depuis qu'elle était sa compagne. Pourtant, une certaine excitation s'empara de son esprit. Pour sûr, Clémence était une femme débordante de douceur et de bienveillance, mais elle était aussi cette muse combinant beauté et exotisme. Et la voir dans cette tenue lui rappela à quel point cette femme était belle et qu'il adorait l'admirer. Il n'y avait rien de malsain à cela. Ce n'est pas comme si Andran passait sa vie à porter le regard sur sa poitrine et son minois. Un bon chevalier est un chevalier courtois.

« Votre tenue n'a rien d'indécent, surtout pour moi, qui suis votre compagnon. Il n'y a pas de mal à être moins habillé devant son compagne ou sa compagne. » finit-il par dire alors qu'il rougissait toujours plus devant la gêne de Clémence. « Et puis… nous ne sommes que tous les deux. Dans l'intimité, nous pouvons nous autoriser certaines largesses pour peu que celle-ci en soit une. Quel mal y a-t-il à se dévoiler un peu plus à la personne que l'on aime ? »

Le sire finit par lui sourire en s'approchant d'elle, comme s'il voulait examiner sa tenue de plus près. Il n'en fit rien, car il ne se prit que sa main. Il la leva en l'air et la convia à faire un tour sur elle-même, agitant gracieusement sa robe qui claquait dans l'air en suivant le mouvement. Andran élargit son sourire et lui baisa la main. Comme quoi, passer quelques minutes avec sa bien-aimée suffit amplement à le calmer ses esprits et à le soulager de son anxiété. Il en devint même inspiré.

« Et, pour être tout à fait honnête, vous êtes très belle dans cette tenue. Je dirais même que vous êtes d'ordinaire très belle et que cette tenue vous sublime encore plus. Vous rendrez folle de jalousie la plus belle des déesses. »

Il la regarda de haut en bas avant de planter ses iris dans les siens, gardant son large sourire malicieux. Il finit par retrouver tout son allant et osa enfin s'approcher d'elle pour l'embrasser. Tout honorable et prude était-il, il n'en était pas moins ravi d'avoir une très belle femme à ses côtés. Il n'avait d'ailleurs aucun mal à le lui répéter de tous les mots possibles. “Déesse”, “muse”, “princesse”…  ils décrivaient tous la magnificence de Clémence, et pourtant ils ne suffisaient même pas. Quel homme ne rêverait pas de vivre aux côtés d'une si belle femme ? Autant ils étaient nombreux à ne pas chercher l'intelligence d'une épouse, autant ils étaient rares à ne pas préférer les belles femmes. Andran, lui, compliquait les choses en voulant les deux. Et il avait Clémence. Inutile d'en dire plus, tout est dans le prénom.

« Vous avez peut-être faim ? Je pourrais commander à manger maintenant ? Nous en serions tranquilles jusqu'à la fin de la soirée. »

Andran n'avait pas une faim de loup, mais ce n'était peut-être pas le cas de sa chérie. Elle accepta sa proposition, et il s'en alla rapidement chercher l'aubergiste pour prendre un plateau complet, composé de deux bols de soupes, deux assiettes de viande et de légumes chauds et d'une carafe d'eau. Cela suffira amplement pour ce soir, si ce n'est trop. Le nordien posa le plateau sur la table et tira galamment la chaise de Clémence pour l'aider à s'asseoir. Il alimenta le feu de cheminée d'une buche, et partit s'asseoir ensuite en face de Clémence, et ils commencèrent à manger leur plat en silence.

« Vous m'avez dit tout à l'heure que je pouvais vous aider, mais vous ne m'avez pas dit pourquoi. Quel est le problème qui vous tracasse ? »
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Sauveur Hadjaoui
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeVen 1 Nov 2019 - 21:11


Andran insista gentiment pour entrer et elle le lui accorda, non sans une certaine hésitation. Elle savait qu'elle avait confiance en lui mais, dans cette situation, elle devait se contraindre à se le rappeler... Il ne lui ferait rien, il l'avait juré et c'était contre les préceptes de son Ordre auxquels il était si attaché. Cependant, lorsqu'il évoqua le fait qu'au sein d'un couple ils pouvaient faire montre de plus de largesses, elle ne put s'empêcher de détourner les yeux.
Si le chevalier pensait la rassurer en parlant en ces termes et en la complimentant pour sa beauté dans cette tenue, il se trompait. Il ne faisait que la gêner de plus en plus. Se dévoiler spirituellement ne lui posait aucun problème mais, physiquement, c'était une autre affaire. Cela ne faisait que lui rappeler qu'il faudrait bien un jour qu'elle se laisse totalement aller avec lui... Seulement elle s'en sentait si incapable... Rien que cette pensée l'effrayait.

Si elle avait pas vraiment faim, lorsque son compagnon lui offrit d'aller chercher à manger, elle accepta bien volontiers afin de gagner quelques instants seule avec elle-même. Elle lui rouvrit pour lui permettre de sortir puis referma derrière lui. Elle s'adossa alors à la porte et prit une grande bouffée d'air, comme si elle avait cessé de respirer depuis qu'il était entré. Son cœur battait à ton rompre, ses yeux étaient humides et sa respiration était chaotique. Elle s'efforça de se calmer, se concentrant sur le rythme auquel ses poumons s'ouvraient et se fermaient. Elle se répéta qu'il ne pensait pas à mal à disant cela. Il était innocent sur la question, il ne réalisait pas l'angoisse perpétuelle qu'était pour elle la vision d'un lit associée à la pensée de s'y trouver avec un homme. Et si elle n'avait pas voulu le lui rappeler, c'était parce qu'il s'agissait de son démon. Elle lui avait demandé de se montrer aussi naturel que possible afin de pouvoir les combattre, ne lui faisant signe que lorsqu'il allait trop loin ou trop vite pour elle. Cela avait fonctionné jusqu'alors puisqu'il n'y avait eu qu'un seul débordement et qu'elle avait bravé sa peur dans un deuxième tentative. S'il ne lui avait pas donné l'occasion d'évacuer l'angoisse qui était subitement née dans son ventre, elle lui en aurait peut-être parlé pour l'évacuer mais sans doute parce qu'il aurait fini par se rendre compte de quelque chose... Cela n'aurait sans doute pas été une mauvaise chose cela dit mais elle était tellement habituée à gérer ses difficultés seule qu'elle peinait à penser autrement.

Lorsqu'Andran revint, Clémence s'était calmée et l'accueillit avec un sourire timide. La situation était toujours gênante à ses yeux mais elle continuait de se répéter qu'elle n'avait rien d'anormale. Elle avait allumé des bougies à la va-vite pour le laisser croire qu'elle avait comblé ce temps vacant de manière utile. Tandis qu'il ravivait le feu, elle mit la table avec l'aide de ce qu'il se trouvait sur le plateau. Puis ils commencèrent leur dîner dans un silence seulement entrecoupé par les crépitements du feu. La jeune femme avait du mal à soutenir le regard de son compagnon, se sentant particulièrement dévêtue dans cette tenue. Mais ce sentiment ne l'envahissait que lorsqu'elle sentait ses yeux se poser sur elle. Pourtant, elle n'était pas moins couverte que d'ordinaire, ou si peu. Les manches de la robe de chambre s'arrêtaient au trois quart de ses bras mais celles de la sous-robe se prolongeaient presque jusqu'aux poignets. Le décolleté ne permettait pas de voir quoi que ce soit d'outrageant en l'état car il s'arrêtait à la moitié de son sternum. Quand à ses jambes, si sa sous-robe n'atteignait pas le genou, la robe de chambre touchait presque terre et elle prenait garde de la maintenir toujours correctement fermée.
En résumé, A l'exception d'une vue un soupçon pour large du haut de son buste, cette sensation de nudité n'était aucunement justifiée...

Finalement, le chevalier rompit le silence en lui rappelant l'aide dont elle avait besoin et qu'elle avait évoqué à son arrivée. Le visage de Clémence sembla s'éclairer soudain devant se rappel. Comment avait-elle pu oublier alors qu'elle y réfléchissait depuis des jours ?!

-Oui, c'est vrai... Elle posa ses couverts sur le bord de son assiette puis unit ses mains sur ses genoux en relevant les yeux vers Andran. Voilà... La cérémonie de demain s'appelle la "Nomination" que l'on pratique normalement sur les bébés afin de les baptiser. La forme sera un peu différente pour moi puisqu'il s'agit d'un acte de foi mais... je suis également censé adopter un nom qui corresponde à mon choix de vie sous le regard de la DameDieu. Je pensais conserver Clémence puisqu'ici c'est un prénom. Mais, pour mon nom de famille, je ne peux pas garder Hadjaoui... Et j'éprouve des difficultés à en trouver un qui me convienne et qui corresponde à la Péninsule.
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeSam 2 Nov 2019 - 13:52

Redressé sur sa chaise, c'est figé que le chevalier demeura pendant de longues secondes, incapable d'opérer le moindre geste ou d'esquisser un traitre mot. Le choc que lui avait suscité les paroles de Clémence se transforma en une désagréable mélancolie. Ce nom de famille, Hadjaoui, faisait partie de cette personne qu'il aimait tant. Elle en était si fier, de ce nom, et tout ce qui concernait sa famille la rendait si heureuse… c'était regrettable de devoir le balayer d'un revers de main. Il ne réussissait pas à l'imaginer avec un autre nom, quel qu'il soit. Comment pouvait-il l'aider à en trouver un autre ?!
Un rictus nerveux se figura sur ses lèvres, disparaissant aussitôt pour laisser place à une bouille tourmentée. Le bougre ne pouvait pas se contenter d'un "je ne sais pas vraiment" en guise de réponse. L'enjeu était trop important, tout comme le temps, pour s'empêtrer dans le doute et le regret. Tel était le prix à payer pour garder l'amour de sa vie à ses côtés, dans une terre rongée par la haine et la rancœur. Il avait été bien naïf de croire qu'elle aurait pu conserver son nom.

« Je comprends… vous séparer de votre nom doit être difficile… » avoua-t-il enfin, après avoir chassé les dernières incertitudes qui hantaient son esprit depuis de trop longues secondes.

Andran se mit à réfléchir sur ce que pouvait être ce nom. Rien lui conviendrait à lui, certes, mais la belle en avait besoin. Cela ne changera rien au fait qu'elle sera toujours Clémence Hadjaoui à ses yeux, après tout. Pourtant, il ne pouvait pas se contenter de lui donner un nom trop commun, trop simple. Il désirait un nom mélodieux s'associant parfaitement à la douceur et à la beauté de cette femme qui partageait sa vie. Tous les patois nordiens étaient trop rugueux pour cela, mais nul doute que la langue commune, voire les patois du Sud saurait satisfaire les deux tourtereaux.

« Nous pourrions le remplacer par un nom qui rappelle le Sud du Royaume. Votre accent et votre apparence s'y associent très bien. Tant qu'à faire, autant laisser croire que vous venez de Sybrondil ou de Soltariel plutôt que d'Estrevent. »

Le chevalier ne connaissait pas grand chose aux langues du Sud, se suffisant des moyens basiques utiles pour les reconnaître, pour peu que cela serve à quelque chose. Clémence roulait ses "r" et avait cet accent chantant qui représentait parfaitement le raffinement de ces régions méridionales. Andran connaissait également quelques mots des patois du Sud, mais rien de bien extraordinaire. Sa mémoire tournait si rapidement dans sa tête que cela en devenait douloureux. Il avait forcément vu, imaginé, lu, ou même entendu un nom qui saurait faire l'affaire et qui conviendrait, voire plairait à sa chérie.

« J'essaie de me souvenir du nom de cette femme dans un livre que j'ai lu dans ma jeunesse, si ce n'est mon adolescence. Il se déroulait dans un endroit qui ressemblait plus à un paysage du Sud du Royaume et cette femme avait un très joli nom, c'était… Elanora ! Oui c'est ça ! »

Andran ne saurait même pas dire si ce nom avait une quelconque signification. Mais ce nom et la beauté décrite de cette femme dans ce roman l'avaient mystifié. Aujourd'hui, ce n'était qu'un souvenir comme un autre, quoi qu'un peu ridicule. Suffisamment ridicule pour le faire rougir, pour sûr, mais également pour lui arracher un sourire. À cette époque, tout jeune et innocent qu'il était, il adorait lire ce genre d'histoires à l'eau-de-rose, s'imaginant toujours dans une armure luisante sauvant sa princesse captive dans la tour maléfique d'un puissant sorcier ou d'un féroce dragon. Et c'est dans une armure similaire qu'il avait sauvé Clémence d'une vie infernale, pour finalement tomber amoureux d'elle.

« Prononcé avec un semblant d'accent comme le vôtre, je l'ai toujours trouvé mélodieux, voire poétique. C'est l'avantage des langues plus exotiques par rapport aux langues du Nord. Mais cela ne reste qu'une idée comme une autre. C'est votre nom, c'est à vous qu'il doit convenir avant tout. »
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeSam 9 Nov 2019 - 13:25


L'estrevine baissa légèrement la tête. Oui, cela lui était difficile. Bien plus que la résolution de se laisser appeler Clémence et plutôt que Merhamet. Elle était très attachée à son nom car il représentait son dernier lien avec sa famille. La décision n'avait pas été facile à prendre mais elle n'avait pas vraiment le choix. C'était un passage obligé afin de montrer sa volonté de s'intégrer dans ce pays qui ne voulait pas d'elle. Même si cela était moins vrai à Diantra que dans le Nord de la Péninsule. Sa vie serait sans doute plus douce ici mais elle ne pouvait demander à Andran de s'éloigner à sa patrie de la même manière qu'elle avait été arrachée à la sienne.

La suggestion du chevalier de choisir un nom provenant du Sud de la Péninsule étira un doux sourire sur le visage de la jeune femme. Elle avait eu raison de lui demander de l'aide car il avait eu une excellente idée. Il était en effet plus aisé faire croire qu'elle était des leurs de cette manière plutôt qu'en lui donnant un nom aux sonorités gutturales comme Grüner ou qui ne serait qu'une association de deux mots comme Ventbois. Quelque chose de plus chantant lui conviendrait bien mieux...
Elle écouta la proposition et resta pensive un instant.

-C'est très joli. Mais on dirait un prénom, vous ne trouvez pas ?

Clémence leva les yeux vers une étagère qui se trouvait non loin d'eux. Elle se mit debout et franchit les deux pas qui l'en éloignaient. Elle se saisit d'un des quelques livres qui s'y trouvaient et retourna à sa place. Cet ouvrage, on le lui avait prêté parce qu'il était facile à lire et qu'il permettrait à l'estrevine de développer sa connaissance de sa nouvelle terre. Il s'agissait d'un recueil d'histoires et anecdotes sur la Péninsule. Plusieurs d'entre elles parlaient du Sud ou comportaient un personnage qui en était originaire. Elle trouvait que ce serait une bonne soirée d'inspiration.
En se rasseyant, elle ne prit pas la peine d'expliquer à Andran quel était ce livre. Ils en avaient lu quelques nouvelles ensemble après qu'elle l'ait interrogé sur un mot qu'elle ne parvenait pas à déchiffrer. Elle repoussa un peu son assiette et posa l'ouvrage devant elle pour l'ouvrir et commencer à en parcourir les pages. Puisqu'elle en connaissait désormais à la moitié, elle passa parfois des histoires entières sans même les regarder car elle savait qu'elle n'y trouvait pas ce qu'elle cherchait. A plusieurs reprises, elle s'arrêta pour lire un nom qui semblait correspondre afin de le soumettre à l'appréciation de son compagnon...

-Conti... Lombardi ? Costa, Ricci... Russo... Giacomo... Mancini ?

Tandis qu'elle continuait, Clémence en oubliait tout le reste. Elle oubliait le repas qu'Andran avait apporté alors qu'elle n'avait pas très faim. Elle oubliait cette tenue dans laquelle elle ne se sentait pas à l'aise en présence du chevalier. Elle oubliait d'en maintenir le col complètement fermé alors qu'il ne donnait que sur sa sous-robe. Le moment qu'ils partageaient lui plaisait et elle ne se concentrait que sur la conversation et plus du tout sur ce qui l'entourait. Abandonnant leurs assiettes, ils s'installèrent finalement sur le canapé situé juste en face du feu. Côte à côte, ils consultèrent ensemble l'ouvrage durant un long moment. Peu à peu, leur recherche dévia un peu et il s'arrêtèrent aussi sur des noms qui ne correspondaient pas du tout mais qui les amusaient naturellement ou en association avec le prénom de la jeune femme. Il y eut quelques rires, l'instant était si léger... Clémence observa un instant le visage d'Andran. Il ne lui semblait pas aussi paisible et heureux dans les premières ennéades de leur rencontre... Se sentant au centre de ce changement, elle détourna le regard et se blottit un peu plus dans ses bras, tournant une nouvelle page de son livre.
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Andran Straggen
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeSam 9 Nov 2019 - 21:24


La proposition d'Andran n'eut aucun effet, opposé par un argument raisonnable de Clémence. En soi, il ne s'attendait pas non plus à ce qu'elle saute de joie en criant qu'elle était parfaite et que le problème était donc réglé. Ce n'était qu'un souvenir de jeunesse qui se prêtait à la situation. Aussi ridicules étaient-ils, Andran ne ressentait pas de mal à évoquer ce genre d'anecdotes avec Clémence. Son amante était aussi cette femme avec qui il partageait ses souvenirs les plus lointains. En soi, ses frères d'armes ne s'en moqueraient pas non plus, mais l'effet n'était pas le même.

Le berthildois regarda d'un air interrogatif sa compagne se lever pour prendre un ouvrage d'une certaine taille sur une étagère à proximité de la table. N'y comprenant pas grand chose, il n'eut pourtant pas le cœur à l'interrompre pour en savoir plus, préférant la laisser feuilleter son livre. Le désarroi se perdit vite pour de l'amusement quand Andran se complut à voir Clémence se débrouiller seule avec son livre. Elle était désormais une lettrée grâce à lui, tout de même.

Finalement, il comprit rapidement ce que ce livre contenait. Des noms et prénoms ayant les langues du Sud du Royaume pour origine. Andran ne s'était jamais attardé sur ce genre de livres, même pour ceux concernant le Nord. Pourquoi faire, puisqu'il n'attendait pas d'enfant ? En outre, les noms qu'ils contenaient manquaient cruellement d'originalité à son goût. Le Sud n'échappait probablement pas à la règle, mais le couple n'avait plus le temps, ni la connaissance linguistique pour en créer un de toutes pièces. Tant que ce nouveau nom occultait les origines estreventines de Clémence d'une belle poésie, les deux amants pourraient s'en contenter.

Andran laissa la jeune femme prononcer quelques noms qu'elle lisait sur les pages de vélin qu'elle feuilletait. Il gardait ses iris azurs rivés sur son doux visage, écoutant la mélodie de son accent chantant sur chacun des mots qu'elle articulait. Tous les doutes étaient levés sur le choix de la langue : elle convenait parfaitement. Qui plus est, il remarqua que la femme ne se préoccupait plus de sa tenue, en essayant de ré-arranger ce qui ne nécessitait pas de l'être. Non pas qu'il ressentait l'envie de loucher sur sa poitrine, mais la voir constamment refaire sa tenue le troublait.

Ils quittèrent la table sans finir leur assiette pour prendre place sur un canapé devant la cheminée, profitant de l'agréable lumière du feu et de sa douce chaleur. Le noble prit sa compagne dans ses bras alors qu'elle continuait à lire quelques noms, accompagnée par les crépitements des flammes. Plusieurs noms les firent rire aux éclats, d'autres n'avaient que peu d'intérêt et ne lui iraient pas, et les derniers pouvaient lui convenir.
L'humeur se détendit enfin ; le chevalier ne pensait plus à la cérémonie qui approchait à grand pas, nouant son ventre au point d'entraver sa respiration ; la jeune femme ne pensait plus qu'à son livre qu'elle prenait plaisir à lire et à ce moment de partage avec son compagnon. Lorsque leurs regards se croisèrent, il ne put s'empêcher de lui offrir son plus beau sourire. Un sourire qu'elle seule parvenait à obtenir : large, sincère, et heureux. Une telle explicitation ne nécessitait même plus qu'on y agrège un mot.

« Barazza ; Alba ; Zeffiro ; Maestà… » prononça-t-il en pointant du doigt le nom qu'il lisait à chaque fois, après que Clémence eut tourné la page de son livre. « Dans ceux que vous avez cité, Ricci est assez intéressant, je trouve. D'ailleurs, peut-être pourrons-nous utiliser une forme sudiste de votre prénom ? Cela donnerait… Clemencia… ou Clemenza ? »

Quitte à changer de nom, pourquoi pas ne pas jouer le jeu jusqu'au bout et adapter son prénom, pensait-il. Après tout, elle l'avait déjà fait en choisissant d'abandonner son prénom natal, Merhamet, pour garder Clémence. Il se souvenait que les Hadjaoui avaient pour tradition d'utiliser des mots comme prénoms ; des mots qui étaient des qualités personnelles, et qui pouvaient donc se traduire. Clémence, Patience, Courtois, Sauveur… Coup du destin ou volonté de la DameDieu, ils portaient des noms qui s'associaient parfaitement à la personnalité du chevalier.

« Je dois bien admettre que de nombreux noms vous iraient plutôt bien. Dans tous ceux que nous avons lu, vous en trouvez un qui vous intéresse ? »
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Sauveur Hadjaoui
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeLun 11 Nov 2019 - 22:13


Le moment était si beau... Après que leurs regards tendres se soient croisés, Andran l'avait serrée dans ses bras comme s'il avait compris qu'elle en avait besoin. Il lui avait toujours apporté ce sentiment... Celui qu'elle était plus en sécurité à ses côtés. Cette sensation se renforçait toujours un peu plus à mesure que les jours et les ennéades passaient. Cela ne faisait qu'augmenter la confiance qu'elle avait en lui. S'il n'y avait pas toutes ces peurs... Leur histoire serait sans doute très différente. Mais il avait la patience de l'attendre, d'attendre qu'elle soit prête, d'avancer à son rythme à elle. Leur relation progressait, certes lentement, mais elle évoluait néanmoins et cela suffisant visiblement à combler son compagnon qui en était récompensé par l'amour grandissant de l'estrevine.

Clémence grimaça devant "Maestra" qui lui rappelait trop le mot "maître", sans pour autant que cela n'entache sa bonne humeur. Puis Andran suggéra de modifier aussi son prénom. Son sourire laissa alors place à l'hésitation. L'idée aurait pu être intéressante cependant son esprit la rejetait d'un bloc. Elle n'était pas sûre de savoir comment présenter la chose au chevalier pour ne pas le froisser.

-C'est-à-dire... Je... tiens à ce que mon prénom reste une qualité... de façon marquée. Mon père a tenu à me nommer selon la tradition de notre famille... Si je ne peux plus porter son nom, je veux au moins pouvoir conserver cette part de mon héritage.

Elle lui adressa un sourire contrit alors qu'elle achevait de refuser sa proposition. Cependant, l'Inquisiteur ne sembla pas s'en formaliser et comprit ses arguments. Son expression devint alors plus sincère et tendre. Elle avait l'impression de pouvoir tout partager avec lui... Et une idée lui vint même à l'esprit... Mais avant qu'elle ait pu la formuler, Andran lui demanda si un nom avait retenu son attention. Elle se tourna alors vers le livre et réfléchit.

-J'aimais bien Mancini mais, après Célemence... Clémence Mancini... Accentua-t-elle pour souligner la répétition de sonorité. Elle prit encore quelques secondes avant d'en proposer un nouveau. Pourquoi pas Clémence Acciari ? Cela ressemble un peu à Hadjaoui à l'oreille. Vous pensez que c'est dérangeant ?

Cette proximité entre les deux patronymes était volontaire mais elle ne voulait pas que cela soit perçu comme un déguisement de son nom de naissance et un attachement à son ancienne culture et donc à une autre religion. Cela pourrait être mal traduit par une communauté qui avait justement du mal à lui ouvrir les bras. Elle pensait bien évidemment au Nord du pays mais aussi à Markus qui n'attendait qu'une occasion, un faux pas supplémentaire pour la jeter dehors. Finalement, avant même d'avoir obtenu la réponse de son compagnon, elle ferma le livre et le repoussa pour se tourner un peu plus vers lui, s'extirpant de ses bras.

-En fait... Peu importe le nom que je prendrais demain. Il y a... quelque chose que je voudrais vous demander... Mais je ne sais pas si c'est correct vis à vis de la cérémonie de demain...

Maintenant qu'elle était sur le point de lui faire part de son idée, elle n'était plus sûre qu'elle soit très judicieuse... C'était peut-être même une forme d'hypocrisie ? C'était si difficile à dire. Elle avait reçu tout l'enseignement entourant la religion des Cinq mais ce n'était pas pour autant qu'elle maîtrisait encore parfaitement le sujet. Il lui faudrait probablement quelques années pour en faire le tour. Et, le seul auprès de qui elle pouvait s'en assurer, c'était bien lui. Il saurait lui dire de quoi il en retournait.
Devant son hésitation, Andran l'encouragea à poursuivre et elle prit une inspiration pour s'en donner le courage.

-Eh bien... Je me demandais si... pour vous... je pouvais rester... Merhamet Hadjaoui. Pour... que ce nom ne soit pas oublié.
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Andran Straggen
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeMer 13 Nov 2019 - 15:13


Andran se doutait bien que Clémence aurait du mal à changer son prénom. Elle faisait déjà beaucoup d’efforts pour abandonner son nom de famille qui avait beaucoup d’importance pour elle. Il ne pouvait que comprendre son doute face cela. Qu’aurait-il rétorqué si on lui avait enjoint de changer son prénom et son nom pour espérer s’intégrer dans une société qui le méprisait ? Certes, le chevalier n’attache pas d’importance particulière à sa famille, mais il en avait porté le nom toute sa vie, et il faisait partie de lui, quoi qu’il pense de ses parents et de son aîné. Clémence ressentait sûrement la même chose, même si elle n’était pas en froid avec sa famille.

La différence entre Clémence et Clemencia était somme toute assez maigre pour qu’il s’attarde sur ce détail. Et, en vérité, il n’était même pas sûr que cela suffise à lui épargner les injures et les crachats. Mais, maintenant qu’elle côtoyait un chevalier et qu’elle n’était plus associée à Arcam, cela pourrait s’atténuer avec le temps. Les moins radicaux sauront s’en contenter, même s’il y aura toujours une bande de rustres ignares pour lui chercher les poux dans la tête, surtout quand Andran aura le dos tourné, et encore. Il était sûr de pouvoir compter sur certains de ses frères d'armes si besoin. A leur égard, elle n'était plus n'importe qui.

« Dérangeant ? Quel genre d’homme ne comprendrait pas l’attachement d’une personne à sa famille ? »

Bornés, racistes, combattifs étaient les nordiens, ça il le savait, et c'était connu. Dans un sens, Andran était pareil, bien qu’il savait réprimer sa colère ou sa rancœur et qu’il essayait toujours de se montrer juste et bienveillant. De là à ignorer, pour ne pas dire bafouer, des choses aussi importantes que la famille, il avait du mal à le concevoir. Assurément, tout le monde n’appréciait pas nécessairement sa famille, et elle n’était souvent qu’un socle d’alliances politiques ou économiques pour beaucoup d’individus, y compris les petites gens. Ceci dit, ces derniers avaient un sens relativement plus développé de l’amour familial.

« Et puis, pour peu que votre nom de famille soit connu, cela ne posera pas de réel problème. »

S'il n’était plus un secret que l’Ordre des Marcheurs Austères abritait une femme à la peau basanée pour des raisons inconnues, peu ne connaissait son visage, et ils étaient encore moins à connaître son nom. D'autres préféraient ne même pas en savoir plus, et choisissaient le dédain. Mais, à l'heure actuelle, tout le monde sait que Clémence a pour protecteur le chevalier Straggen, et qu'il était plus qu'un simple protecteur. Beaucoup le pensaient amoureux avant même qu'il n'en soit pleinement conscient, et ils le pensaient sans aucune forme de raillerie, contrairement aux autres chevaliers de l'Ordre.

Pour autant, la question de Clémence suscita la crainte de son compagnon. Un voile obscur traversa son faciès, le Souffle s’imaginant déjà le pire alors qu’elle n’avait rien dit. L’hésitation dont elle faisait preuve combiné au sérieux de son visage exacerba l’inquiétude qui s’attaquait à la gorge du nordien. Il l’invita d’un geste à lui parler de ce qu’elle avait sur le cœur, préférant ne pas l'assaillir de question qui n'aurait fait que la gêner.
Son visage livide d’inquiétude s’évanouit rapidement pour faire place nette au soulagement et à l’étonnement. Soulagé parce qu’il s’attendait à pire, mais étonné car il ne comprenait pas pourquoi elle lui posait une telle question. Avait-elle peur que tous ses souvenirs soient effacés du fait de la cérémonie ? Ou peut-être croyait-elle qu'il souhaitât qu'elle tire un trait définitif sur son passé ?

« Je ne vous ai jamais appelé par votre prénom d’origine, et cela ne m’a pas empêché de le retenir. » répondit-il en étirant un très léger sourire innocent et sincère. « Vous serez toujours Clémence, ou Merhamet Hadjaoui à mes yeux… et je ne tiens pas à ce que quoi que ce soit change après cette cérémonie. » Il lui caressa voluptueusement la joue du creux des doigts en élargissant son sourire. « Je n’ai pas l’habitude de vous appeler Merhamet, et je ne sais pas si je l’aurai un jour, mais je peux vous promettre que je n’ai jamais oublié et je n'oublierai jamais chacun des souvenirs que vous m’avez confié. Ils sont tous là. » Il tapote fièrement sa tempe du bout de l'index pour désigner l'esprit. « Et là » Il pose doucement sa main sur son cœur. Et peu importe son nom, je ne cesserai d'aimer Merhamet Hadjaoui, cette femme qui embellit ma vie de jour en jour.
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeMer 13 Nov 2019 - 21:33

Alors qu'Andran lui répondait, les lèvres de Clémence ne cessaient de se parer de multiples sourires à la fois heureux et émus. Et, s'ils disparaissaient à chaque fois qu'il commençait une nouvelle phrase, ce n'était que pour mieux revenir par la suite. Ses paroles étaient si belles... Et la caresse sur sa joue ne lui en parut que plus douce. Devant elle se tenait un noble et un homme d'armes, deux choses que ne l'avaient jamais attirée. Pire, qui l'effrayaient. Mais, en cet instant, la raison pour laquelle son cœur l'avait mené à lui était si évidente... C'était un homme bienveillant, bon, sincère et doux... Tout ce dont elle avait besoin pour croire en lui. Et pour l'aimer.

-Redites le ?... Mon vrai prénom...

Elle avait fait cette demande avec timidité alors qu'un sourire incontrôlé étirait ses lèvres et des étincelles de bonheur illuminaient son regard. Avant ce soir, il n'avait encore jamais prononcé son nom vaani et elle découvrait à quel point elle aimait l'entendre de sa bouche... Il n'hésita pas à lui faire ce plaisir et ses lèvres s'étirèrent de plus belle. Elle le corrigea gentiment sur sa prononciation, celle du r notamment... Il répéta après elle. Son sourire s'élargit tant que ses dents apparurent et que ses yeux se plissèrent. Heureuse, elle se pencha vers lui, posant une main sur son torse. Elle retrouva la chaleur de ses bras et l'embrassa.
Ce baiser lui sembla différent. Il était plus appuyé, comme si l'émotion l'avait emporté sur son geste et que sa peur de la proximité intime avec un homme était oubliée durant quelques instants. Cette étreinte dura bien plus longtemps que d'ordinaire. Ce n'était pas la première fois mais la situation survenait rarement malgré tout... Suffisamment pour qu'une seule fois reste un évènement notable. Cependant, la nouveauté ne devrait pas s'arrêter là.

Tandis que leurs lèvres se goûtaient mutuellement avec un peu moins de timidité, elles s'entrouvrirent, comme cela était déjà arrivé en quelques occasions... et leurs langues se frôlèrent.

Devant ce contact nouveau, Clémence interrompit aussitôt leur baiser. Puisque leur position le lui permettait, elle opta cette fois pour un léger mouvement de recul plutôt que de repousser son compagnon. Mais elle n'était pas allé bien loin... En vérité, elle se trouvait si près de lui qu'elle ressentait toujours sa chaleur contre son visage, que son souffle effleurait sa peau, que son corps demeurait blotti contre le sien. Les yeux fermés, elle avait simplement pris appui de sa main sur son torse afin de s'éloigner juste assez pour que leurs lèvres de séparent, et rien de plus. Le tout dans un geste qui n'avait cette fois rien de brutal. Elle marquait simplement une pause pour évaluer ce qu'il venait de se passer...

Le temps s'était suspendu alors que les visages des deux amants n'étaient qu'à un effleurement de peau l'un de l'autre. Clémence avait eu peur, bien sûr. Ce genre de baiser, on l'y avait déjà contrainte et elle avait détesté cela. Comme tout le reste d'ailleurs. Mais il s'agissait d'Andran... Rien que d'Andran... L'homme qui venait de lui offrir des paroles qui resteraient à jamais gravées dans son cœur. Alors, durant de longues secondes, elle se concentra sur les battements puissants qui secouaient sa poitrine afin de les adoucir. Elle s'attacha à réguler sa respiration difficile pour qu'elle redevienne plus fluide. Elle chercha à dissiper cette peur qui avait subitement noué son ventre.

Elle n'avait rien à craindre...
Ce n'était qu'un baiser.
Et c'était Andran.

Finalement, la jeune femme combla la faible distance qui la séparait de son chevalier et l'embrassa une nouvelle fois. D'abord simplement, puis leurs lèvres s'entrouvrirent de nouveau... Clémence se plia à la répétition de cette expérience inédite entre eux. Timidement et avec réserve mais à quelques reprises malgré tout. Et, comme cette fois dans les près entourant Erac, elle fut récompensée par la dissipation de cette peur qui, il n'y avait pas si longtemps, lui aurait fait perdre toute raison.
C'était fort peu comme progrès en plusieurs ennéades, certes. Mais cela demeurait une grande victoire pour elle.

Après plusieurs tentatives réussies, leur baiser s'interrompit et la jeune métisse demeura à proximité de son compagnon. Un sourire orna bien vite son visage. Un sourire de bonheur.

Cette soirée était parfaite...

-Seni seviyorum... Laissa-t-elle échapper.

Réalisant qu'elle n'avait pas parlé en péninsulaire, elle baissa la tête, à la fois confuse, gênée et amusée. S'il aimait vraiment "Merhamet", Andran ne lui en voudrait pas pour cette petite maladresse.

-Pardonnez-moi... Dit-elle avant de recroiser son regard. Cela veut dire... "je vous aime".
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeJeu 14 Nov 2019 - 19:43


Depuis qu'elle était sa protégée, Andran n'avait jamais vu Clémence ainsi. La plupart du temps, ses sourires n'avaient été que des signes de bien-être ou de soulagement. La cueillette dans les bois, les leçons de lecture et d'écriture, leur pique-nique en campagne… l'émotion n'avait jamais été aussi forte qu'en ce moment même. Son visage s'éclaircissait de mille sourires, tant radieux les uns que les autres qu'ils dessinaient une magnifique allégorie du bonheur. Le nordien émerveillé les voyait se succéder, admirant la merveille de sa vie se réjouir des mots doux qu’il eut pour elle.

« Merhamet » répéta-il d'une voix suave, accédant à sa douce demande.

Son rugueux accent nordien écorchait ce nom qu'il avait retenu sans penser qu'il représentait tant pour elle. Elle le lui avait dit le premier jour de leur rencontre, dans cette cabane où elle l'avait guéri. Que de chemin parcouru, depuis tout ce temps, pour ne pas dire qu’ils avaient franchi une très haute montagne. Andran s'osa même à imaginer la tête de la prêtresse de Châteauvieux si elle apprenait ce qu'était devenue cette jeune femme détruite par son passé et ce chevalier qui se pensait incapable de l'aider.

Et pourtant…

Ce n'était plus une romance, et encore moins un mince espoir de connaître un amour éphémère, mais un véritable conte de fée. Un conte dont il dévorait chaque ligne et savourait chaque passage tant ils étaient tous si délicieux. Sauf que ce conte n'était pas une histoire écrite dans un livre pour faire rêver le lecteur, Andran le vivait réellement sous le regard bienveillant de la Déesse qu'il ne remerciera jamais assez pour cette si belle offrande qu'était Clémence.

Ce moment de bonheur ne pouvait pas se satisfaire de belles paroles. Ces instants étaient si intenses qu'ils nécessitaient les plus beaux baisers qu'un homme et une femme pouvaient s'échanger. La jeune femme se pencha sur lui, sa main sur son torse le fit frissonner alors qu'elle lui prit les lèvres pour un tendre baiser. Andran ferma les yeux pour mieux ressentir le plaisir de ce geste, et posa doucement ses deux mains sur les hanches de sa partenaire, profitant pleinement de ce superbe moment d'amour.

Et puis, elle y ajouta… la langue ?! S'il y a bien quelque chose qui a toujours effrayé le berthildois, c'était bien cela. L'euphorie était-elle montée à la tête de Clémence comme un verre d'eau-de-vie bu trop rapidement ? Ou cette initiative était-elle consciente, et donc désirée ? Peut-être un peu des deux ? Andran ne sut le dire. Pourtant, cela ne l'avait pas dérangé, bien au contraire. Lui qui s'attendait à quelque chose de dégoutant et de répulsif, à force de descriptions mal habiles notamment, la sensation que procurait un langoureux baiser était plutôt agréable. L’initiative était d’autant plus appréciable qu’il ne pouvait pas la repousser.

Le baiser s'interrompit assez rapidement lorsque la jeune femme s'éloigna doucement de lui. Leurs nez s'effleuraient toujours, et le corps de la jeune femme était toujours blotti contre le sien. Son cœur reprenant un rythme normal, cette pause lui permit de concevoir ce qu'ils venaient d'accomplir ensemble. Elle portait une robe plus dévêtue que d'ordinaire, avait serré son corps contre le sien et ils avaient échangé un baiser avec la langue… tout cela en une seule soirée. Ce n’était probablement pas grand-chose pour un couple usuel. Mais Andran et Clémence étaient différents, et c’est ce qui donnait toute sa beauté et toute sa puissance à leur relation. Il n'y avait pas de petite victoire.

Le long silence qui dominait l’atmosphère n'avait rien d'oppressant. Le temps s'était figé autour de leur bulle rose emplie d'amour et de tendresse, quoiqu'un peu refroidie par l'hésitation de Clémence. Le chevalier ne chercha pas à forcer les choses, préférant lui laisser le temps de d’apaiser son esprit en proie au doute. Chaque geste était difficile pour elle, car l’ombre de son passé la hantait toujours. Et lui-même était pétrifié par la peur de mal agir, et de réveiller en elle ses pires affres.

Mais, comme il s’y attendait et l’espérait profondément, la jeune femme éradiqua ses dernières craintes et joignit à nouveau ses lèvres à celles de son compagnon. Les langoureux baisers s’enchaînèrent comme s’ils n’eurent jamais été un problème ou un nouveau défi à relever. Andran en découvrait toujours plus aux côtés de celle qu’il aimait, et cela valait tous les joyaux du monde. Il ne regrettait pas d’avoir attendu si longtemps pour vivre de tels instants de bonheur.

Après cette succession d’intenses baisers, la belle éloigna légèrement son visage, laissant à son amant la possibilité d’admirer son regard et son sourire. Il se délecta une nouvelle fois de la beauté de celle qui partageait sa vie et du bonheur qu’il vivait avec elle. Le temps filait, et Clémence comblait cette partie morne et maussade de son cœur. Cette partie de son cœur que ni son devoir, ni ses frères d’armes n’arrivaient à combler. Cette partie de son cœur qui lui sera dévoué à tout jamais.

« Je vous aime aussi, Merhamet. » répondit-il d’une voix douce et amusée, en faisant un effort sur la prononciation.

Autant qu’il essaye de s’habituer dès maintenant à l’appeler ainsi. Nul doute que son prénom dans le langage commun reviendra très souvent, néanmoins il tenait à ce qu’elle sache qu’il répondrait au mieux à ses désirs. Ce n’était pas grand-chose de le lui accorder alors qu’elle ne l’entendra que lorsqu’ils seront seuls. Peut-être que certains de ses frères d’armes ne s’en offusqueront pas s’ils l’entendent, mais cela ne pourra guère aller au-delà de l’Ordre.

Les mots doux finirent par être remplacés par le silence. Un agréable silence incessamment accompagné par les crépitements du feu de la cheminée, mais cela ne gênait pas les deux amoureux qui étaient restés blottis l’un contre l’autre, savourant cette soirée merveilleuse. Il avait hâte de pouvoir la raconter à ses plus proches amis, convaincu qu’ils seront heureux pour celui qui n’avait jamais fréquenté de femme jusqu’à maintenant. Il imaginait déjà Kolgrim le charrier gentiment et Elise en faire des caisses et des caisses. Reold fera certainement preuve de plus da retenue que les autres, mais il n’en penserait pas moins.

«Vous connaissez d'autres mots en oliyan ? » demanda-t-il, rompant ce long et doux silence. « Tiens, comment se traduisent le nom de vos frères et sœurs ? Aimé, Patience, Serein, Courtois, Sauveur, vous, Digne, et Modeste, c'est le bon ordre ? »
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Sauveur Hadjaoui
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeJeu 14 Nov 2019 - 22:05

Clémence ne s'attendait pas à ce qu'il l'appelle ainsi à d'autres moments qu'en privé. Après tout, elle devait s'intégrer dans une société qui supportait assez mal la différence. Même si elle adoptait les mœurs et la religion de ce pays, il valait mieux garder secret le fait qu'elle demeure attachée à ses origines. Il en allait de sa sécurité et de ses conditions de vie en Péninsule.

Une fois encore, elle ne put s'empêcher de sourire de bonheur en entendant Andran prononcer son prénom vaani. Associé aux mots "je vous aime", c'était encore plus agréable à son oreille. Elle comprenait qu'il ait un peu de mal à l'identifier à travers ce prénom, à prendre vraiment conscience que c'était à elle qu'il s'adressait, mais cela ne rendait son geste que d'autant plus touchant. De même que la requête qui suivit.
La jeune femme ne cacha pas son étonnement. C'était la première fois qu'il lui demandait de parler dans sa langue... Peut-être même de lui apprendre quelques mots. Elle était heureuse de le voir ainsi s'intéresser à cette partie d'elle-même. Surtout à la veille de devoir officiellement y renoncer. Alors qu'elle allait lui répondre, il lui suggéra de lui donner les vrais noms de ses frères et sœurs. A sa grande surprise, il se souvenait de chacun d'eux, et dans le bon ordre. Ils n'en avaient pourtant plus parlé depuis plusieurs ennéades ! Clémence vit cela comme une preuve de plus de l'intérêt qu'il lui portait...

-C'est bien ça... Répondit-elle, touchée. En réalité, ils s'appellent Sevilen, Sabir, Sakin, Saygili, Kurtarici, Layik et Mütevazi.

L'estrevine marqua une pause, se perdant un instant dans ses pensées. Un doux sourire s'esquissa sur son visage. Cela faisait du bien de prononcer ces noms. Cela ne faisait que les rendre plus réels. Plus vivants. Depuis tout ce temps, les premières années de sa vie en Ithri'Vaan n'étaient plus désormais qu'un lointain souvenir. Si lointain qu'il était proche du rêve. Mais elle ne pouvait pas avoir inventé tout cela, n'est-ce pas ? Et, si elle ignorait ce qu'il était advenu d'eux, elle voulait continuer à croire qu'ils étaient encore tous de ce monde.
Et puis, retrouvant le regard aimant de son compagnon, une idée lui vint. En réalité, c'était plutôt un autre de ses souvenirs. Elle hésita l'espace d'un instant, sa mâchoire entamant quelques mouvements comme si elle allait parler... Jusqu'à ce qu'elle fasse de nouveau entendre sa voix. Dans cette langue étrangère et chantante, Clémence prononça plus d'une parole. Elle ne les énonçait pas d'ailleurs, elle les récitait. Car il s'agissait d'un poème qu'elle avait appris peu de temps avant le drame qui l'avait éloignée de chez elle. Un poème un peu niais mais qu'il ne pouvait de toute manière pas comprendre. Lorsqu'elle eut fini après quelques minutes, elle marqua une pause avant de lui expliquer.

-C'est une poésie pour enfant. Elle parle d'un grain de sable dans le désert, emporté par le vent des tempêtes, écrasé par les pas des chameaux, coincé dans le tapis d'un nomade... Mais qui se croit toujours au même endroit car il n'y a pas de repère dans les déserts.
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Andran Straggen
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeVen 15 Nov 2019 - 14:47


Rien n'aurait pu expliquer la raison pour laquelle Andran n'avait jamais insisté sur la famille de Clémence. Il savait pertinemment que son cas était loin d'être une généralité, et que la jeune femme était son exacte opposée en la matière. Puis, même sans aller jusqu'à parler de sa famille, elle avait sûrement d'autres souvenirs de sa terre natale. Dans un sens, il se sentait bête de ne pas avoir cherché à en savoir plus. Mais, mieux vaut tard que jamais, comme certains le disent si bien.

« Hé bien… autant retenir le votre ne sera pas un soucis, mais je dois vous avouer que j'aurais du mal à retenir le prénom de chacun de vos frères. » dit-il avec un sourire malicieux.

Cette langue était si différente de tous ses patois nordiens qu'il maitrisait plus ou moins, et même de la langue commune du Royaume. Le chevalier trouvait l'oliyan à mi-chemin entre la rugosité du parler nordien et de la douce mélodie des accents du sud. Aussi inhabituel fût-ce-t-elle pour ses oreilles, la langue estreventine n'en était pas moins désagréable. Cela lui rappelait qu'il y avait d'autres gens, au-delà de ce qu'il connaissait, et que la différence ne justifiait pas le dédain.

Il entendit Clémence prononcer des mots dans sa langue natale. Cela attisa sa curiosité, lui qui croyait qu'elle avait perdu tout son vocabulaire à force d'être éloignée de ses terres. Était-ce une chanson ? Une comptine ? Peut-être même une devise familiale, ou l'extrait d'un livre ? Andran ne comprenait rien, et préférait se concentrer sur la douceur exotique de l'accent de sa chérie. Il ne l'avait jamais entendu parler dans son dialecte de si près, elle qui l'utilisait le plus souvent pour Sessiz, son cheval. Elle était… elle-même ; et il ne voulait pas rejeter cette femme-là. Il l'aimait, et la choyait comme une rune ou un objet si exotique et pourtant si attachant.

« C'est un joli poème… Qui vous l'a appris ? » demanda-t-il, troublé par les explications de sa compagne sur la signification de ce texte.

Clémence ne l'avait certainement pas retenu de manière anodine. Ce poème résumait parfaitement sa vie avant leur rencontre. Il rechignait simplement l'exprimer de manière aussi crue, de peur de l'attrister en repensant à ces souffrances. Il ne voulait pas que cette belle soirée ne devienne un cauchemar, car il savait que, malgré tous les progrès qu'ils ont accompli ensemble, son passé demeurait très douloureux pour elle.

« Je trouve que… qu'il a du sens par rapport à nous et notre relation… pas vous ? Vous étiez seule dans ce vaste royaume, sans personne sur qui compter et… sans repères, finalement, n'est-ce pas ? » dit-il en balbutiant légèrement. Andran doutait de ces formulations différentes. « Vous connaissez la suite de ce poème ? Peut-être connait-il un dénouement similaire comme… une fin heureuse grâce à… une bonne rencontre… comme pour nous ? »
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Sauveur Hadjaoui
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeSam 16 Nov 2019 - 13:59


Clémence étira un doux sourire. Elle était heureuse de pouvoir partager sa culture avec lui et qu'il l'apprécie à ce point. Il y aurait au moins une personne sur ces terres avec qui elle pourrait en parler et garder ses souvenirs bien vivants. Car si elle s'y raccrochait lorsqu'elle était esclave, elle n'en avait plus autant besoin aujourd'hui et craignait de perdre cette partie d'elle-même. Mais puisque c'était l'estrevine qu'Andran aimait, elle réalisait qu'il l'aiderait à faire en sorte de ne pas laisser tout cela dépérir puis mourir.

-C'est ma mère. C'était une comptine de son peuple qu'elle a traduit dans notre langue. Elle voulait que je sache d'où elle venait.

La jeune femme baissa les yeux, ses traits s'assombrissant légèrement. Il y avait tant de choses qu'elle ne lui avait pas dit sur sa mère... Elle ne semblait le réaliser que maintenant. Ils avaient eu tant d'autres choses à aborder afin de lui construire un présent plus serein qu'ils n'avaient fait qu'effleurer le passé. Le chevalier attira son attention sur le sens de ce poème et la façon dont il pouvait s'appliquer à sa propre vie. Elle releva le regard pour l'écouter puis ses paroles lui donnèrent à réfléchir.

-Oui, vous avez raison. La troupe m'entraînait avec elle mais je ne savais jamais où j'étais. Je savais seulement dans quel pays je me trouvais. J'étais le grain de sable et la Péninsule était mon désert. La conclusion du poème est que le grain de sable ne trouve jamais de point de repère car le désert change chaque jour de visage. C'était le cas pour moi... Jusqu'à vous. J'ai trouvé mon point de repère le jour où vous êtes venu me sauver. Conclue-t-elle en posant une main sur la joue d'Andran et en lui souriant.

Son histoire et celle de la comptine étaient similaires, à ceci près que sa fin était bien plus joyeuse. Certes, la formulation du poème était faite de sorte à ce que cela ne sonne pas comme un drame mais plutôt comme un récit humoristique. C'était pour les enfants après tout. Pour leur apprendre que le désert était dangereux et qu'ils ne devaient pas s'y aventurer seuls où ils deviendraient comme le grain de sable : perdus pour toujours. Clémence s'était longtemps sentie comme le grain de sable : perdue, à tous points de vue. Le chevalier n'était même pas un rêve dans son esprit, et encore moins une possibilité. On lui avait tellement répété que le mieux qu'elle pouvait espérer ici, c'était que les gens se contentent de lui cracher à la figure...
De nouveau blottie dans les bras d'Andran, Clémence avait envie de lui parler encore de sa famille. Elle avait le sentiment qu'il n'en savait rien encore. Ou si peu...

-Le plus étrange, c'est que ma mère ne sait pas à quoi ressemble un grain de sable. Elle est née aveugle. Les zurthans sont un peuple très fier et seuls les meilleurs y trouvent leur place. Autrement dit, ma mère n'y avait pas la sienne. Elle a eu de la chance qu'ils se contentent de la vendre comme esclave. Son maître la traitait bien. Il commerçait avec mon père. Elle et lui ont donc fini par se rencontrer. Il en est très vite tombé amoureux. Il l'a rachetée et lui a rendu sa liberté. Elle a refusé longtemps de se marier, maintenant qu'elle était libre... Et puis, mon père était un homme si doux... Elle a fini par lui dire oui et elle a rejoint la famille.
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeSam 16 Nov 2019 - 16:21

Heureusement, Clémence ne fut pas attristée par les paroles d'Andran. Il était ravi qu'elle puisse enfin penser et parler de toute cette histoire sans être interrompue par les pleurs ou par la douleur. Une fois encore, elle prouvait qu'elle était forte, brave et combattive, et qu'elle était sur la bonne voie vers la guérison et la sérénité. Il était fier d'avoir été présent pour l'épauler, lui qui appréciait aider autrui. Ce faire par d'autres moyens qu'une épée était d'autant plus agréable.

Le chevalier se laissa caresser la joue par la douce main de sa compagne. Il ne savait même pas si elle s'était rendue compte qu'il s'était fait taillé la barbe et coupé les cheveux. Il le faisait aussi pour paraître plus beau à ses yeux, car l'âge s'en prenait de plus en plus à lui. Clémence n'en semblait pas dérangé, bien qu'Andran demeurait un bel homme, et qu'aucun de ses signes de vieillesse ne l'enlaidissait réellement. Cela lui donnait un air plus sage, mais aussi plus charismatique. D'un autre côté, il avait toujours soigné son apparence ; il était seulement plus pointilleux pour sa compagne.

Suivant ce poème qu'elle avait récité, et qui connaissait une fin moins heureuse que leur relation, Clémence raconta l'histoire de sa mère naturelle, Bahiya. Elle l'avait déjà décrite, le jour de la cueillette dans les bois, qui était leur premier instant à deux, il y a plus d'un mois. Elle était une zurthan, ce peuple du désert à la peau très foncée, et c'était pour cela que sa fille et Serein étaient métisses, donc plus foncés que leurs frères et sœurs.
Andran écouta attentivement son amante, et trouva à nouveau des points communs entre son récit et leur relation. Les deux femmes étaient d'anciennes esclaves, libérées par un homme bienveillant, et elles avaient longtemps refoulé leurs sentiments avant de tomber amoureuse de leur bienfaiteur qui prenait soin d'elles. Le patriarche des Hadjaoui, Honoré, avait l'air d'être un homme respectable. Le chevalier regrettait de ne pas avoir eu un père aussi bienveillant, et la seule personne de sa famille qui l'était autant était décédée. Peut-être que son aîné l'est aussi ? Si seulement il prenait la peine d'essayer de renouer le contact ? Cette simple idée le paralysait… cela faisait si longtemps…

Qu'était-il advenu de la famille de la jeune femme, d'ailleurs ? Étaient-ils tous décédés ? Certains avaient-ils pu s'extirper d'une rude vie d'esclave ? Le noble finit par s'en interroger. Les Dieux seraient si cruels au point de ne pas leur accorder une faveur, comme Néera l'avait fait pour Clémence et Andran ? Ils étaient jeunes, et surtout, ils n'avaient rien fait pour mériter un tel sort. C'était si injuste. Le nordien souhaitait profondément qu'ils soient en vie, car la jeune femme méritait de les revoir, un jour ou l'autre. Et cela la rendrait si heureuse.

« Faire partie de votre famille ne me semble pas être un mal. Votre père avait l'air d'être un homme honorable. » avoua-t-il enfin, après avoir chassé les dernières incertitudes qui hantaient son esprit depuis de trop longues secondes. « Bahiya devait une très belle femme pour que votre père s'en s'éprenne aussi rapidement… même si je pense qu'elle ne saura égaler votre beauté. »

Andran étira un sourire et bisa la joue de sa compagne à deux reprises, le second étant plus long que le premier. Il ne pouvait pas concevoir une femme ne serait-ce qu'aussi jolie que Clémence. Elle était… parfaite. Tout bonnement parfaite. Il en avait pourtant rencontré, des belles femmes, qu'elles soient roturières ou nobles, ne serait-ce que sa Marquise elle-même. Mais son cœur les avaient toutes écartées pour n'y conserver que Clémence.

« Parlez-moi de votre relation avec votre mère. Vous m'avez déjà parlé de ces moments où vous l'aidez à concocter des gâteaux, mais… au delà de cela, je ne sais pas grand chose. » dit-il en étirant un sourire enfantin tout en se remémorant du jour où Clémence lui avait raconté ce souvenir. « Était-elle une femme douce et aimante ? Ou bien rigide et irascible ? Peut-être même qu'elle vous a raconté d'autres histoires sur son peuple, ou sur quoi que ce soit d'autres ? Je suis sûr que vous avez partagez d'autres moments qui méritent que vous me les racontiez. »
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeLun 18 Nov 2019 - 20:01


Clémence baissa légèrement le regard. On lui avait déjà dit qu’elle était belle mais jamais en ces termes et certainement pas avec des intentions aussi tendres que celles du chevalier. Alors qu’il louait tant sa beauté que celle de sa mère, elle croyait revoir son visage, la teinte de sa peau, ses yeux perdus dans le néant, son discret sourire attendri alors qu’elle ne pouvait que deviner les scènes qui se jouaient devant elle…

-Elle était belle, douce... et forte. Pour moi, elle était tel un cocon dans lequel je pouvais venir me blottir pour trouver du réconfort pour panser mes chagrins. Mais si la moindre menace pesait sur moi ou n’importe lequel de mes frères et sœur, elle se faisait lionne et personne n’aurait osé la défier alors qu’elle ne pouvait pas voir la personne qui lui faisait face. Près d’elle, je me suis toujours sentie... paisible... et en sécurité.

Tandis qu’elle racontait tout cela, Clémence redécouvrit toutes les sensations liées à sa mère en quelques instants. Pourtant, elle n’y avait plus pensé depuis des années… Mais c’était comme si elle les avait ressenti hier. Elle retrouvait le contact de ses bras autour d’elle, le toucher rugueux de ses cheveux zurthans, son odeur épicée, la caresse de ses mains sur ses joues...

-Elle n’a toujours connu mon visage qu’en le touchant et j’avais pris l’habitude d’être très tactile quand j’étais enfant… Elle marqua une pause, son regard s’aventurant aux alentours quelques instants. Je l’ai perdue avec le temps. Acheva-t-elle dans un triste sourire.

La référence était aisée à comprendre. Avant Andran, elle ne supportait plus qu’on l’approche et encore moins qu’on la touche. Même maintenant, cela lui était difficile avec d’autres qu’Elise et lui. Il était certainement difficile de l’imaginer venir au contact des personnes auxquelles elle s’adressait, leur prenant la main, touchant leur bras, les étreignant, quelque soit son rapport avec eux. Le plus étrange, c’était qu’elle était la seule à avoir pris cette habitude dans toute sa fratrie.

-Serein est très différent. Il a prit cette douceur qui cache une grande force. Je suis sûre qu’elle aurait eu le même regard que lui si elle avait pu voir.

C’était ainsi qu’elle le voyait. Tel un immense rocher inébranlable mais couvert de tant de mousse qu’on ne voyait même plus que c’était un rocher jusqu’à que l’on en retire un peu.
L’estrevine se fit subitement hésitante, de nouveau. Elle ne savait pas comment présenter sa dernière requête. Car quelque chose dans le discours d’Andran la gênait...

-Est-ce que… Vous pourriez parler d’eux au présent… S’il vous plaît ? Ça peut paraître absurde ou laisser croire que je me mets des œillères… J’ignore si je les reverrais un jour… Je veux croire qu’ils ont eu plus de chance que moi et qu’ils vivent libres et heureux… quelque part.
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeMar 19 Nov 2019 - 13:00

Clémence semblait apprécier pouvoir ainsi parler de sa mère, elle qui n'avait jamais pu le faire. Andran se présentait comme une oreille attentive, et cela lui faisait plaisir d'en savoir plus sur les Hadjaoui. S'il y avait bien une chose que toutes les ethnies avaient en commun, c'était l'importance d'une mère pour ses enfants, et inversement. Partager tous ces souvenirs étaient le meilleur moyen de ne pas oublier sa famille, et ces heureux moments qu'elle a pu vivre, aussi courte fût cette vie.

Le chevalier essaya d'imaginer une vie sans vue, ce sens qui lui permettait pourtant de contempler les fleurs, d'admirer sa chérie ou même de se perdre dans un ciel étoilé. Cela lui paraissait si étrange et si complexe… Comment Bahiya pouvait savoir si le père de Clémence était un charmant homme ? Et, aujourd'hui, comment ferait-elle pour savoir que sa fille est devenue une très jolie jeune femme ? La vie doit être si différente…

Clémence dériva même sur le sujet de son frère, Serein. Elle n'en dit pas beaucoup, même si Andran put s'imaginer qu'il avait le même caractère de sa mère. Il avait du mal à tous les imaginer vivre ensemble, entre les trois épouses et tous ces enfants. Le nordien s'étonna d'entendre la requête de Clémence. Mais, d'une certaine manière, il aurait pu la comprendre. Ce n'était pas une honte d'espérer une telle chose, bien au contraire. Tant qu'il n'y avait pas de preuves qu'ils étaient tous décédés, l'espoir était de mise.
Néanmoins, sa remarque le courrouçait au point qu'il s'éloigna brusquement d'elle avant de se lever. Il bouillonnait de rancœur, arquant un regard froid sur sa compagne. Avait-il bien entendu ce qu’elle avait dit ? Avait-elle réellement proféré de telles paroles ?

« Plus de chance que vous ? » répéta-t-il, ahuri par ce qu'il venait d'entendre. Son ton glacial était chargé de reproche. « Libres et heureux ? » continuait-il de répéter, même si cette phrase fut étouffée par un semblant de tristesse. « Je… Qu'est-ce que cela signifie ? »

Cette soirée si parfaite se transformait en un infernal cauchemar d'une seule phrase. Le cœur du chevalier battait à la chamade, ressentant tout à la fois colère, rancœur, tristesse, et incompréhension. Toutes les bonnes émotions qu'il avait ressenties jusqu'à maintenant prenaient la forme d’une colère qu'il peinait à contrôler. Andran se sentait bafoué aussi bien en tant qu'homme qu'en tant que chevalier. La patience et la bienveillance de Néera se laissaient dominer par la fureur d'Othar.

« Ne suis-je qu'un nouveau ravisseur à vos yeux ? Est-ce là tout le crédit que vous accordez à ce que nous avons vécus et accomplis ensemble ? À toute l'attention et à l'amour que je vous porte et que je vous ai toujours porté ?! Et toutes mes paroles, toutes mes promesses n'étaient-elles que du vent, pour vous ?! Ou peut-être n'étaient-elles qu'un vaste cirque constitué dans le seul but de vous asservir une fois de plus ?! » fulmina le nordien, qui ne parvenait plus à gérer ses émotions. La colère était si intense qu'elle en avait éclipsé la tristesse que ressentait son cœur blessé. Il ne pouvait plus mesurer aucun mot. « Qu'aurait-il fallu que je fasse pour que vous viviez “libre et heureuse” ? Peut-être n'en ai-je pas fait assez ? Ou peut-être n'ai-je été qu'un idiot crédule, bien bête de croire que les sentiments qu'il avait à l'égard d'une femme n'étaient point partagés ? »

C'en était bien trop pour Andran, qui quitta la pièce d’un pas décidé. Il trouva le chemin de sa chambre, là où il avait tantôt espéré passer une bonne soirée avec Clémence. Il s’appuya sur la porte qu’il avait refermée derrière lui, laissant la colère se dissiper peu à peu. Les larmes qu'elle avait tant retenu purent alors ruisseler de ses joues rouges. Son regard morose ne quittait plus le sol, les paroles de Clémence tournoyant sans cesse dans son esprit.
Il ne comprenait pas... Il avait pourtant été si doux et si bienveillant à son égard, non ? Il essayait de lui faire plaisir, de prendre soin d'elle ? Comment pouvait-elle avoir de tels mots ? Andran n'arrivait toujours pas à réaliser ce qu'il venait de se passer. Il n'avait jamais fait preuve d'une telle colère à l'égard d'une personne, et encore moins à l'égard de Clémence. Tout cette relation n'était-elle qu'une illusion ? Aurait-elle seulement osé lui mentir durant toutes ces ennéades passées ensemble ?


Un nouveau torrent de larmes se déchaina sur ses joues...
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeLun 25 Nov 2019 - 19:32

Les premières lueurs du jour étaient bien tardives et n'éclairaient que faiblement la pièce. Les nuages recouvraient le ciel et la pluie tombait plus que largement au dehors. Le feu était éteint depuis longtemps, et les bougies bien plus encore. Allongée sur son lit, c'était à peine si Clémence avait fermé les yeux cette nuit-là. Les paroles d'Andran tonnaient toujours dans son esprit comme s'il s'était encore trouvé là à les proférer. La porte claquée avait eu le mérite de la tirer de sa torpeur dans un sursaut. Elle s'était alors jetée sur son lit pour y déverser toutes les larmes de son corps. Puis, lorsqu'elle n'en eut plus une seule, elle avait saisi un oreiller pour se recroqueviller autour de lui... et n'avait plus bougé depuis.

Seulement vêtue de sa robe de chambre et sans couverture, l'estrevine était gelée. Immobile depuis des heures, tout son être était ankylosé. Pourtant, elle ne semblait se soucier d'aucun de ses deux états. Elle n'en souffrait pas non plus et restait là, le regard perdu dans le vague, à se repasser la fin de la soirée de la veille.
Elle avait pris toute cette histoire en pleine figure telle une branche écartée que l'on avait oublié de maintenir le temps que la dernière personne soit passée. Et sans comprendre ce qui les avait conduit à cela. En voyant Andran se lever brusquement et répéter des pans de ses phrases, sa seule réaction avait été : "Qu'ai-je dit ?". Et la réponse l'avait laissée si pantoise qu'elle avait été incapable de dire quoi que ce soit en retour... Ou rien de suffisamment audible pour le chevalier qui avait continuer jusqu'à claquer la porte derrière lui.

Pourquoi s'imaginait-il qu'elle ne le voyait que comme un maître de plus ? Ne l'avait-elle pas assez remercié pour tout ce qu'il avait fait pour elle ? Les efforts qu'elle fournissait pour que ses peurs ne soient pas un obstacle à la bonne marche de leur relation n'étaient-ils pas la preuve de la sincérité de ses sentiments ? Elle ne comprenait pas... Il avait dû mal interpréter ses paroles, il n'y avait pas d'autres possibilités... Là où elle parlait du présent, il avait certainement entendu le passé. Et ce qu'elle mettait au passé, il l'avait pris au présent...
En tous cas, elle espérait que ce ne soit rien de plus que cela.

Elle s'en assurerait... Mais, pour l'heure, elle était incapable de faire quoi que ce soit. Elle était trop fatiguée, ébranlée et terrifiée pour bouger ne serait-ce qu'un doigt. La colère dont il avait fait preuve à son égard était plus qu'inédite et elle craignait de se retrouver à nouveau face à lui... Sans compter que, puisse que c'était lui qui c'était éloigné d'elle, mieux valait attendre qu'il se montre prêt à revenir vers elle...
Pourtant, lorsque quelques coups sonnèrent sur sa porte un peu plus tard, elle n'eut aucune réaction... Les larmes revinrent humidifier ses yeux dans l'instant, nouant sa voix, de même que sa volonté.
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeMar 26 Nov 2019 - 15:58

Andran se réveilla amer d'une nuit cauchemardesque entremêlant tristesse, rancune, colère et douleur. À peine fermait-il les yeux que son sommeil fut tourmentée par les souvenirs de la soirée de la veille, qui semblait pourtant si parfaite. Le chevalier demeura immobile sous sa couverture, le regard perdu au dehors sur le ciel gris qu'il pouvait apercevoir depuis sa fenêtre. Cette météo n'avait rien d'engageant, bien qu'un ciel bleu ne suffirait pas à donner de la volonté au chevalier terrassé par la tristesse.
Une infime lueur traversa ses yeux fatigués et son visage morose, paraissant lui donner un semblant d'énergie. Le temps avait certes eu l'impression de se figer autour de leur bulle amoureuse, puis sur cette violente dispute, mais l'heure tournait bel et bien, et ce soleil levant était l'aube d'un jour important. C'est ce jour que Clémence devait devenir une pentienne en procédant à la cérémonie de la Nomination. Le simple fait de penser à elle suffit à soulever le cœur du chevalier, qui soupira longuement pour évacuer tous ses doutes.

« Moed, Andran… Moed. » se répéta-t-il en se frottant le visage.

D'un coup sec et déterminé, il dégagea sa couverture loin de lui et se leva rapidement pour aller se laver et se coiffer. Malgré les évènements de la veille, son cœur n'était pas meurtri au point de commettre l'irréparable. Andran avait déjà fui une fois, et il n'était pas prêt à recommencer, même s'il avait bien fait de partir. Il était tellement submergé par la colère qu'il aurait pu avoir des mots encore plus rudes, et même des mots auxquels il n'avait jamais songé. Aujourd'hui, la colère était passée, mais cela ne rendait pas les retrouvailles plus faciles. Ce jour importait autant pour la sécurité de Clémence que pour leur couple, si jamais cette dispute n'y a pas encore mis un terme. Quoi qu'il en soit, il est hors de question d'arriver en retard pour la cérémonie.

Le chevalier s'arrêta quelques instants devant la tenue qu'il avait préparé pour ce jour. Il ne se laissa pas envahir par le doute et l'enfila prestement. Andran quitta sa chambre la mine basse et l'air triste ne parvenant guère à masquer les apparences, mais cela ne changeait pas grand chose. Il n'abandonnerait pas celle qui sera toujours sa protégée, qu'elle soit également son amante ou non. Un chevalier triste demeure un chevalier. Il aura le temps, plus tard, pour savoir si c'est de l'amour, de la bêtise, de la naïveté, un honneur inébranlable, ou un étrange métissage de ceux-ci.

Une fois devant la chambre de Clémence, l'anxiété noua la gorge du nordien, rendant sa respiration difficile. Il lutta également contre les larmes et contre la lâcheté. Il serra le poing pour frapper à la porte, mais les souvenirs de la veille le submergèrent une fois de plus. Il recula d'un pas, prêt à détaler rapidement loin d'ici. L'amour n'était pas une bataille comme les autres.

« Néera, Othar, Kÿria, Tyra… divins, donnez-moi le courage… » pria-t-il en joignant désespérément les mains.

Comme si les Dieux l'avaient écouté, il sentit un regain soudain de force d'esprit, lui permettant de rassembler tout son courage pour frapper doucement à la porte. Aucune réponse ne vint, ou alors il ne l'entendit point. Dans le doute, il préféra toquer à nouveau, plus fortement cette fois-ci, mais en vain. Clémence n'avait pas… ? Cette idée ne fit qu'aggraver son chagrin, même s'il réussissait toujours à contenir ses larmes.
Fol d'inquiétude, le chevalier ouvrit doucement la porte, et vit la jeune femme allongée sur son lit, recroquevillée sur un oreiller, portant la même robe que la veille. Sans aucune couverture, elle grelottait de froid, et elle avait les larmes aux yeux. Il détacha sa cape en se dirigeant vers la jeune femme immobile sur son lit.

« Je ne suis pas encore assez lâche pour vous laisser affronter vos épreuves toute seule, Clémence. » déclara Andran en aidant la belle à se redresser pour la recouvrir avec sa cape. « J'ai beau vous en vouloir encore et encore, vos pires paroles ne sauront jamais me détourner des promesses que je vous ai faîtes. »

Andran sentit les larmes lui monter aux yeux alors qu'il termina de couvrir Clémence. Visiblement, la nuit de la jeune femme n'avait pas été aussi agréable que la sienne, à tel point qu'elle n'avait pas eu le bon sens de se couvrir alors que les températures se voulaient plus froides. Mais, il avait toujours du mal à digérer les mots qu'elle eût à son égard. Au moins, il était rassuré de savoir qu'elle n'avait pas brusquement quitté l'auberge pour se perdre dans la ville.

« Je ne comprends pas pourquoi vous avez prononcé de tels mots, mais ils m'ont beaucoup chagriné. » continua-t-il d'un ton calme mais chargé de reproche. « Ce n'est pas pour autant que je vais vous abandonner, et encore moins souhaiter votre mort. Votre Nomination approche, et je vous y trainerai de force si nécessaire. »
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeMer 27 Nov 2019 - 10:21

Alors qu'elle n'avait pas trouvé le courage d'autoriser l'entrée de sa chambre à Andran, celui-ci ouvrit malgré tout sa porte et découvrit Clémence étendue et grelottante sur le lit. Elle commença par le fuir du regard puis, lorsqu'il entra dans la pièce, elle se sentit obligée de relever les yeux. Tandis qu'il approchait d'elle, il ne disait pas un mot et sa colère de la veille terrifiait encore la jeune femme. Cependant, elle ne vit aucune trace de ressentiment sur les traits du chevalier. Sa fureur était apparemment passée, laissant place à d'autres émotions plus paisibles et pourtant bien sombres.
L'estrevine mit un moment à réaliser que l'Inquisiteur tenait sa cape dans ses mains avec pour intention de l'en couvrir. Cette marque d'attention la surprit et la rassura quelque peu. Toujours craintive, elle se laissa faire, se mettant à genoux sur sa couche et se laissant habiller de cette épaisseur supplémentaire qui était bienvenue alors qu'elle n'était même pas désirée. Elle n'osa ouvrir la bouche alors qu'il lui assurait qu'il resterait à ses côtés quoi qu'il arrive. Cependant, lorsqu'il revint sur les évènements de la veille, elle fronça des sourcils d'incompréhension.

-Mais qu'ai-je dit d'aussi condamnable ? Demanda-t-elle avec un sanglot dans la voix, une larme venant déjà perler sur sa joue.

Elle sentait son ventre se nouer. Elle avait peur de le perdre autant que de le voir s'emporter de nouveau mais il était peut-être tant qu'ils s'expliquent. A ses yeux, elle n'avait rien dit qui méritait une telle réaction de la part du chevalier. Il fallait qu'elle reformule sa pensée.

-Vous avez pris mes paroles pour vous mais elles ne parlaient pas de vous... Ou... vous n'étiez pas dans les mots auxquels vous pensez.

Elle marqua une pause, luttant contre sa peur afin de trouver la force de continuer... Puis, après plusieurs secondes durant lesquelles une larme vint orner son autre joue, elle prit une grande inspiration avec quelques difficultés.

-Quand j'ai dit... que j'espérais que ma famille ait eu plus de chance que moi... je ne parlais pas de ma vie d'aujourd'hui. Je ne dors plus dans une cage, on ne m'insulte plus, on ne me... Elle hésita sur le mot avant de poursuivre. ...malmène plus. Je porte des vêtements décents, je sais lire, j'ai le droit de dire non et d'être entendue, je suis reconnue comme une être humain et plus comme un objet... Et c'est à vous que je le dois. Comment pouvez-vous croire que je vous vois comme un tortionnaire ?

Rien que d'utiliser ce mot noua subitement la gorge de Clémence qui sentit un sanglot monter en elle. Elle porta la main sur sa bouche et ferma les yeux tandis que de nouvelles larmes venaient rejoindre les premières. Comprendrait-il ce qu'elle essayait de dire ? Comprendrait-il qu'aucun reproche ne lui était fait ? Qu'aucun des mots qu'il avait utilisé la veille pour décrire ce qu'il croyait avoir comprit de ses pensées et de ses sentiments à son égard n'était juste ? C'était tout l'opposé, au contraire...

-Je souhaitais simplement... qu'ils aient eu de meilleurs maîtres que les miens... et qu'ils soient libres comme moi... Rien de plus. Quel mal y a-t-il à ça ? Interrogea-t-elle, pleurant toujours.
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeMer 27 Nov 2019 - 21:50

Andran remarqua que Clémence était encore plus dévastée que lui. Elle ne l’avait jamais vu dans un tel état de rage, et pour cause, c’était d’une rareté remarquable. Fort heureusement, le chevalier réussit à la canaliser pour quitter la chambre de la jeune femme, afin d’éviter de franchir les limites qu’il avait déjà franchi. Sa colère évaporée et sa lucidité recouvrée, il s’était souvenu qu’il avait mis en doute les sentiments de Clémence à son égard. Etait-ce une réponse convenable et mesurée face à une femme qui sous-entendait ressentir des chaînes entraver sa liberté ? Andran aurait-il pu faire preuve d’encore plus de turpitude et de cruauté ?

La jeune femme trouva la force de s’expliquer malgré les larmes qui s’emparèrent de son doux visage. D’une voix étranglée par la tristesse et la peur, Clémence cherchait à lui expliquer qu’il s’était fourvoyé et qu’aucun reproche ne lui était adressé. Pourtant, Andran se souvenait des mots qu’elle avait utilisé. Il se souvenait de la douleur qu'il avait ressenti en entendant sa chérie les prononcer.

« Je… » tenta-t-il de répondre après que Clémence termina ses explications en sanglotant.

Andran baissa la tête, luttant lui-même pour ne pas pleurer à son tour. Après la colère fut venue la tristesse, cette dernière ayant désormais totalement disparu pour ne laisser place qu'au regret et à la honte. Clémence n'avait-elle pas raison ? Comment pourrait-elle le voir comme un esclavagiste, après tout ce qu'il avait fait pour elle ? Et comment avait-il pu croire un seul instant qu'elle se montrerait ingrate en retour ? Pourquoi avait-il refusé de n'y voir que de la maladresse comme ils en faisaient si souvent preuve ?

« Je… » répéta-t-il, toujours pétrifié par l'hésitation. « Je suis… Vous vous êtes sans doute… mal exprimée et… j'ai mal compris ce que vous vouliez dire… » balbutia le chevalier, les joues rouges de gêne. Il releva ses yeux sur ceux de la jeune femme. « J'ai eu tort. Je suis désolé. »

Le nordien déglutit difficilement sa salive, n'osant même pas s'approcher de Clémence. Il était partiellement rassuré de savoir que les choses pouvaient peut-être rentrer dans l'ordre. Mais l'impertinence dont il avait fait preuve le tourmentait. La jeune femme pourra-t-elle réellement lui pardonner cette erreur ? N'avait-il pas fait sonné le glas de leur relation amoureuse ? Cette seule idée le terrifiait. Il ne cesserait de s'en vouloir si jamais cette relation devait cesser à cause de lui.

« Je n'aurais pas dû… me courroucer comme je l'ai fait… ni… douter de vous et de vos sentiments. » ajouta Andran qui s'accroupit devant la belle. « Je regrette sincèrement. Je me suis comporté comme… un homme de basse vertu et… je n'avais pas le droit de proférer de tels mots à votre encontre. »

Une larme finit par ruisseler sur les joues du chevalier. Lui qui s'évertuait à contrôler ses pleurs, il comprit alors que ses sentiments étaient beaucoup trop puissants pour rester impassible. Il avait blessé sa compagne en déferlant sa colère sur elle pour un simple malentendu comme ils en avaient beaucoup connu. Paraître insensible était beaucoup trop difficile. Andran prit les mains de sa compagne alors que d'autres larmes perlèrent de ses yeux.

« Sachez que… quoi que j'ai pu dire pendant ma colère, je… rien n'a changé à mon égard. Je ne cesserai guère de vous protéger, ni de vous aimer. Je ne vous abandonnerai pas, quelques soient les épreuves que nous aurons à affronter. Je… demande humblement votre pardon, Merhamet. »
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeDim 1 Déc 2019 - 12:04

Alors c'était bien cela... Il avait mal interprété ses paroles. Peut-être avait-elle fait preuve de maladresse aussi comme il le disait. Elle n'avait pas connu de véritables relations sociales depuis si longtemps que, peut-être, elle s'était mal exprimée. Dans tous les cas, la réaction du chevalier a ses paroles l'avait beaucoup affectée et, malgré les excuses qu'il exprimait avec sincérité, elle ne pouvait s'empêcher de pleurer. La soirée et la nuit avaient été si éprouvantes... Sans doute la fatigue n'était-elle pas étrangère à ses larmes qui coulaient en flot continu.
Néanmoins, Clémence entendit chaque mot prononcé par Andran. Certains augmentaient ses sanglots et d'autres les apaisaient au contraire. Si ses premiers mots rejetaient la faute sur elle, il n'en était plus de même par la suite. Il admettait qu'il avait commis plusieurs erreurs... En s'emportant, en doutant d'elle, en remettant en question ses sentiments à son égard... C'était sans doute plus qu'elle n'aurait pu l'espérer. Mais cela soulevait tant de questions finalement...

Le chevalier cessa de parler finalement et l'estrevine laissa ses pleurs se prolonger, incapable encore de parler. Elle avait eu si peur et si mal à la fois... Mais il ne s'était apparemment rien produit d'irréparable pour son compagnon et elle entrevoyait la possibilité que tout ceci puisse ne devenir qu'un mauvais souvenir. Elle pleurait donc à présent de soulagement, évacuant toutes ses émotions qui l'avaient hantée des heures durant.
Finalement, après plusieurs minutes, les sanglots diminuèrent sensiblement mais Clémence n'attendit pas pour reprendre la parole.

-Ce n'est pas la première fois... que nous ne nous comprenons pas. Constata-t-elle, toujours en larmes. La prochaine fois... assurez-vous de ce que j'ai voulu dire... s'il vous plaît...

Cette règle aurait dû être mise en place depuis longtemps entre eux. Combien de fois avaient-ils eu des quiproquos ? Combien de fois avaient-ils été en froid sur un non-dit ou une mauvaise compréhension de ce que pensait l'autre ? Sans leurs amis, sans doute ne se seraient-ils même pas encore déclarés d'un à l'autre... N'avaient-ils rien appris de tout ceci ?

Mais ce n'était pas le pire à ses yeux...

-Je ne vous ai jamais menti, Andran. Et je ne le ferais jamais. Comment... Comment vous avez pu faire ça ?... Croire que je vous mentais ? Que je me sentais encore esclave à vos côtés ?... Que je ne vous aimais pas ?... Que je jouais la comédie ?... Qu'ai-je fait pour qu'une simple maladresse de langage vous convainc à ce point... de ma perfidie ?
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeMar 3 Déc 2019 - 14:58

La réaction de Clémence ne fut pas celle qu’Andran désirait, mais il s’attendait bel et bien à ce que rien ne suffisse. Elle pleurait toujours à chaudes larmes, interrogeant le chevalier sur sa réaction excessive de la veille. Un rictus nerveux apparut sur ses lèvres pour signifier qu’il n’avait pas de réponse toute prête à ses questions et que, quand bien même, aucune d’entre elles ne conviendrait. Cette manière d’enfoncer le clou pour lui faire comprendre qu’il avait mal réagi, quels que furent les mots de la jeune femme, le déplaisait.

« N'avez-vous jamais émis aucun doute à mon égard ? N’avez-vous jamais pensé que j’aurais pu vous faire du mal à un moment ou un autre ? Nous étions les premiers à ne pas croire en cette relation… »

Andran se releva et fit deux pas pour s’éloigner de la jeune femme, constatant alors que le feu de cheminée de la veille était désormais consumé. Une bien fade allégorie de ce qu’ils étaient en train de vivre. Il ne cherchait pas à rejeter la faute sur Clémence, et encore moins lui faire avouer des choses qu’il ne voulait pas entendre et qu’elle ne pensait pas. Mais, avant que lui ne doute d’elle, elle avait probablement douté de lui. Cela ne l’avait pas repoussé pour autant, bien au contraire.

« Peu importe, désormais. Le mal est fait. soupira-t-il d’un air mélancolique en regardant les dernières fumées s’échapper de la cheminée.

Que pouvait-il bien y faire ? La flagorner, ou tout simplement exprimer ce qu’elle voulait entendre ? Qu’il était un sombre idiot et qu’elle était la malheureuse victime d’un quiproquo, comme le nordien le fut lui-même par le passé ? Ou peut-être souhaitait-elle qu’il l’implore à genoux pour qu'elle le pardonne ? Cela aurait-il le moindre sens ? Andran se tourna vers la jeune femme, affrontant de nouveau son regard humide. Les réponses à ces questions seraient beaucoup plus simple si Clémence était d'un naturel superficiel. Mais son cœur avait choisi quelqu'un de différent… et de bien plus sincère.
Le mal est fait, avait-il dit. Et il savait bien une chose : le bien peut être ruiné en un rien de temps, mais il en faut bien plus pour réparer le mal. Andran avait d’ores et déjà compris qu’il n’avait plus le destin de son couple entre les mains, préparant déjà l’avenir pour obtenir le pardon de la jeune femme ou, dans le pire des cas, à un autre avenir. La seule question qui demeure s’assujettissait à savoir si elle aurait la patience, ou au moins l’envie qu’il prouve sa bonne foi. Même s’il demeurait impassible car il n’en avait aucune réponse claire et précise, Andran craignait le pire, bien que rien n’était prévisible avec Clémence.

« Je sais pertinemment que je n’aurais pas dû réagir comme cela… que j’aurais pu faire preuve de mon flegme et de ma patience habituels. Je sais également que vous n’avez rien d’une femme perfide et cruelle. Quels maux traversèrent mon Souffle cette fois-là, je ne peux vous l’expliquer. » dit-il d’une voix combinant tristesse, rancune et douceur. Le chevalier s’arrêta plus longtemps qu’il ne l’aurait prévu, reprenant difficilement souffle et esprit. Il enchaîna néanmoins. « Les choses sont ainsi… J’ai pensé que vous disiez de manière peu affirmative que vous vous sentiez encore une esclave à mes côtés… Cette maladresse m’était beaucoup plus douloureuse à entendre que ce jour pendant lequel vous m’avez brusquement repoussé lors d’un baiser à Erac, ou celui où vous avez décidé d’ériger des barrières entre vous et moi lorsque j’ai décidé de vous confier à Otheron pour ne pas nous mettre en porte-à-faux devant Markus. Cette maladresse a touché tout ce que je représente, tout ce qui fait ma fierté et tout ce qui décrit ma vie ! Bon sang, la chevalerie est l’une de mes seules raisons de vivre ! Pourquoi ne voulez-vous pas comprendre ?! » Il s’interrompit de nouveau lorsqu’il sentit son intonation augmenter plus que de raison. Ce sujet lui tenait à cœur, mais il ne voulait pas entrer dans une nouvelle colère. Les larmes revinrent assaillir ses yeux d’humidité mais il continua tout de même, recouvrant un ton calme. « Ma chevalerie m’est trop importante pour que je reste impassible devant tout ce qui me semble être une critique à son égard. Je suis fier de ce que j’ai accompli. De vous avoir libéré, vous comme tous ceux qui connaissaient des situations désastreuses. Je tiens à cette vie, à mes frères d’armes qui sont aussi mes amis, et encore plus à vous car vous êtes cette femme que j’ai toujours rêvé de rencontrer. Vous ne vouliez pas vous attaquer à cela, je le sais bien, maintenant que je suis lucide. J'œuvre sans cesse pour que vous vous sentiez libre et heureuse mais… je doute plus souvent de ma réussite que de vos sentiments. Je ferai attention, à l'avenir, je vous le promets. Vous faire du mal me pèse, et je ne veux pas vous perdre. »
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeMer 4 Déc 2019 - 21:44

Clémence écoutait le chevalier d'un air interdit... Pourquoi parlait-il de sa vocation ? Pourquoi lui reprochait-il de ne pas comprendre ? De ne pas l'accepter tel qu'il était ? De ne pas vouloir entendre que les choses étaient ainsi ? D'où sortait-il ces idées saugrenues et totalement opposées à tout ce qu'elle avait dit ou fait jusque là ? Chaque souvenir qu'il évoquait ne semblait pas résonner de la même manière en lui qu'en elle. Ces éléments avancés telles des preuves allaient dans le sens opposé à sa théorie selon elle. Ou bien avait-il déjà oublié comment elle avait justifié ses différentes réactions ? Après lui avoir reproché de s'être mal exprimée, il l'accusait de ne pas accepter la vie qu'il menait. Mais quand aurait-elle dit une telle chose ? Il tirait des conclusions sur des éléments faussés ou tronqués de toutes leurs raisons d'être...

Tandis qu'Andran parlait, les larmes de l'estrevine avaient cessé de couler. La tristesse avait laissé place à l'incompréhension. Elle se sentait telle une accusée face à un juge qui s'était déjà fait son opinion sur elle. Comment pouvait-il lui faire cela ? La regarder droit dans les yeux et proférer de telles paroles avec cette conviction. Elle n'en savait rien mais elle n'aurait pas la force de se battre indéfiniment quand ses actes et ses mots étaient déformés ou oubliés. Finalement, après un nouveau silence, la voix de la jeune femme s'éleva de nouveau, encore faible et rendue rocailleuse par sa peine.

-Il serait hypocrite de ma part de critiquer la chevalerie, non ? Demanda-t-elle dans une question qui n'attendait pas de réponse tant elle était implicite. Sans ce mode de pensée, où serait-elle aujourd'hui ? Encore prisonnière des bandits... Morte peut-être. Mais certainement pas saine, sauve et encore moins libre. Je ne vous ai jamais reproché d'être chevalier, bien au contraire... Sans quoi j'aurais refusé que nous interrompions notre promenade de l'autre jour pour vous mettre d'aller chasser l'ours tandis que je soignais ses victimes. Si je vous ai éloigné de moi un temps, c'est parce que Markus menaçait de vous priver de cette vie que vous aimez tant à cause de moi... J'ai voulu vous protéger, à mon tour.

Son regard trahissait son incompréhension. D'après ce dont elle se souvenait, elle avait toujours témoigné du respect pour cette vocation. Ne l'avait-elle pas assez remercié pour tout ce qu'il lui avait offert ? Ne lui avait-elle pas déjà fait savoir à quel point elle était (agréablement) surprise que quelqu'un puisse se soucier d'elle ? Une esclave doublée d'une étrangère qui attirait l'attention d'une personne capable de la sauver et de la protéger... Un noble qui lui donnait une nouvelle vie loin de tout ce qu'elle avait enduré, simplement par principe, et sans rien lui demander en retour. Quel genre de personne serait-elle pour cracher sur la main qu'on lui avait tendue et qu'elle avait prise si volontiers ?!

Rendue engourdie par le froid, Clémence se leva avec lenteur. Puis elle fit un pas vers Andran mais resta à bonne distance et retira sa cape pour la lui rendre. S'il ne la prenait pas, alors elle la poserait sur le lit avant de se diriger vers l'espace de toilette. Une fois devant le paravent, elle s'arrêta pour observer la robe qui avait été faite pour ce jour, comme si elle hésitait à la prendre. Toutes ces leçons, elle les avait prises pour elle, mais pas seulement... Au lieu d'attendre de véritablement avoir envie de s'engager dans cette religion, elle avait choisi de sauter le pas pour des raisons bien plus urgentes. Pour se protéger, certes, mais pour préserver la place de son protecteur dans son Ordre... Sa place de chevalier.
Au lieu de saisir la robe, elle se retourna vers Andran pour lui adresser quelques mots de plus.

-Et, pour vous répondre : Oui, j'ai déjà douté de vous. Quand je ne vous connaissais pas encore.

Une nouvelle larme perla sur sa joue. Par ces quelques mots, elle prouvait qu'elle ne le craignait plus et qu'Erac n'était qu'une simple erreur de parcours involontaire qui n'était qu'un couteau retourné dans la plaie dans son discours. Certes, certaines de ses peurs allaient au-delà de la raison et elle mettrait du temps à les vaincre mais, si elle était encore effrayée à l'idée qu'il puisse lui faire du mal, elle n'aurait pas persévéré dans la voie dans laquelle elle s'était engagée avec lui... Elle n'aurait pas tenté de l'embrassé de nouveau alors qu'elle venait à peine de le repousser sans même en avoir conscience.
En tout cas, si elle pensait le connaître suffisamment pour être convaincue qu'il ne la toucherait jamais contre son gré, lui ne semblait pas avoir compris qui elle était...

Une fois de plus, elle n'attendit aucune réaction de sa part. Elle se tourna de nouveau vers sa robe, la prit et se dirigea vers la face caché du paravent afin de se préparer à ce qui aurait dû marquer avec bonheur son entrée dans cette vie qui s'offrait à elle en tant que pentienne.
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MessageSujet: Re: Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran   Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran I_icon_minitimeJeu 5 Déc 2019 - 21:36

Lui qui pensait pouvoir assainir leur relation après son coup de colère hier, Andran fut fort mal à l’aise de constater qu’elle ne faisait que s’enliser. Les explications données par le chevalier ne rajoutaient qu’un flou dans un brouillard déjà épaissi par ses craintes. Et, cette fois-ci, ses explications ne suffisaient pas. Il avait beau regretter et se justifier qu’il n’appréciait pas que sa chevalerie soit attaquée, même maladroitement, mais Clémence ne s’en contentait pas, et ne semblait pas saisir ce que son protecteur avait en tête.

Andran gardait tout son calme devant la jeune femme. Il était hors de question de piquer une nouvelle crise, et de raser les derniers espoirs qu’il ose encore entretenir. Le bonheur qu’il ressentait dans la simple idée de raconter ce voyage à ses frères d’armes devint une aigreur et une profonde détresse. Si une telle rage ne s’était pas emparée de son Souffle, quel qu’en soit la raison, l’issue de ce voyage aurait sûrement été tout autre. S'il en avait l'occasion, il ferait n'importe quoi pour ne pas refaire cette erreur.

Son visage de marbre ne s’animait que d’une mine sombre, regardant péniblement et impuissamment le visage sanglotant de cette femme qu’il aimait de tout son cœur. Andran empoigna la cape que lui rétrocéda Clémence, sans avoir le courage de la regarder s’éloigner vers le paravent. Aurait-il pu trouver un pire moment pour s’en prendre à elle ? Un jour où elle s’apprêtait à prendre un engagement significatif pour elle, pour lui… pour eux. Bon sang, comment cela avait-il bien pu lui échapper ?

Clémence lui offrit quelques dernières paroles, qui n’eurent que peu d’effet dans l’esprit du nordien. Il connaissait la réponse à cette question, et il savait même pourquoi il l’avait posé. Même si elle n’attendit pas la moindre réponse, Andran étira un très léger sourire à entendre ces mots. Un sourire qui entremêlait soulagement, tristesse et orgueil, parce qu'il s'était efforcé de surmonter tous les obstacles qui s'étaient présentés à lui.

« Et cela ne m’a jamais empêché de prendre soin de vous… » bougonna-t-il, alors qu’elle était cachée derrière le paravent.

Andran marcha jusqu’à la fenêtre qui n'offrait que le triste spectacle d'une pluie battante sur la capitale du Royaume. Il ressassa sans cesse ces derniers jours qu’il avait passé dans la ville, durant lesquels il avait soigné le moindre de détail pour paraître parfait aux yeux de Clémence. Le coiffeur, la tenue, quelques séances d’entraînement physique, un cadeau… tout ceci ne semblait plus avoir une quelconque importance, désormais. Leur relation avait vacillé comme une barque au milieu de l'océan le jour d’une tempête, et le chevalier perdait espoir de reconquérir le cœur de celle qu’il aimait toujours.

Une fois que Clémence ressortit du paravent parée de sa belle robe, Andran n’osa pas interrompre le silence pesant qui dominait la pièce, et convia d’un geste sa protégée à franchir le pas de la porte en première. Le chemin jusqu’à la Cathédrale Sainte-Deina se déroula dans une ambiance glaciale, ni l’un ni l’autre n’osant rompre le silence sous cette pluie déprimante. Le chevalier avait l’esprit tourné vers la suite… et vers le retour prochain à Sainte-Berthilde. Retrouver ses amis n’était plus une envie, mais un besoin crucial si ce n’est pour sauver leur couple, au moins pour le rassurer. Il ne songeait pas une seule seconde à abandonner Clémence, mais comment pouvait-il faire pour sauver les meubles ? Reold pouvait l'aider à y parvenir, et Andran en était persuadé.
Plus ils approchaient de la Cathédrale, plus le ventre du noble se nouait. La soirée de la veille censé le détendre n'avait fait qu'exacerber son anxiété. Il se souvenait encore de la timidité dont il avait fait preuve en visitant Clémence dans sa chambre pour passer un peu de temps avec elle… le bonheur que procurait cette soirée fut de courte durée. Et pour peu que la jeune femme s’était maladroitement exprimée, c’était bien son coup de sang qui consumait leur relation et qui avait tout réduit à néant.

Sainte-Deina était belle et imposante, et de nombreux prêtres s’étaient déjà préparés pour la Nomination de Clémence. Andran se demandait comment allait se dérouler la cérémonie, tant Clémence était triste et dévastée par les derniers évènements. Allait-elle tout capoter ? Allait-elle réussir à faire abstraction de ce qui s'était passé le temps de la cérémonie ? Aurait-elle besoin de lui à un moment ou un autre ? Pourquoi craignait-il le pire ? Aurait-elle fait un tel déplacement pour tout saboter ? Bien sûr que non, bon sang. Il le savait pertinemment.
Le moment fatidique approchait à grand pas. Malgré leur longue conversation, ils n'étaient pas arrivés en retard pour la cérémonie. Andran guida Clémence jusque dans l'imposant édifice religieux dédiée à la Damedieu, et la laissa alors au soin des prêtres qui allaient diriger la Nomination. Il s'éloigna de sa compagne sans un mot, ni un sourire, ni aucun geste doux qu'il aurait eu à son égard lors d'un tel instant. Le chevalier profita de ces derniers préparatifs pour s'apaiser l'esprit. Mais son cœur empli de chagrin ne cessait de le tirailler de douleur. Rien n'avait changé, finalement : cette dispute n'avait pas eu raison de ses sentiments.
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