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| Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] | |
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Auteur | Message |
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Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Lun 18 Nov 2019 - 15:45 | |
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La 17ème année du 11ème cycle, Sixième ennéade de Favrius - automne, Le premier jour...
« Dis, papy, qui c'est ? demanda le jeune Félias à son aïeul, alors que la cohorte de chevaliers remontait la grand-rue du bourg. - Le frè... l'oncle de notre duc, mon petit, répliqua le vieux Daudias en ébouriffant gentiment les cheveux du gamin - ce qui ne manquait jamais d'agacer ce dernier. Evrard, le second fils du vieux seigneur Gaston ! »Comme tous les vieux, Daudias aimait se perdre en radotages ; le seigneur Gaston de Brochant, le père du duc Aymeric, ça ne parlait pas au petit Félias. Ce n'était pas son temps à lui. Une autre époque, songeait Daudias avec sagesse. C'était là l'une des marques du temps qui passe : les vieilles générations tombaient en décrépitude, et du passé, la jeunesse ne gardait que ce qu'elle voulait bien retenir. Dans le bon fief des Brochant, les gamins oubliaient que leurs seigneurs n'avaient pas toujours été les maîtres de Serramire ; cela ne faisait que dix ans. Dix ans, c'était si peu pour Daudias, mais à l'échelle de son petit-fils, c'était toute une vie. Les visites des Brochant dans leur vieux fief familial, sans être rarissimes, n'étaient plus si fréquentes. Aymeric de Brochant, seigneur puis marquis puis duc, avait d'abord commencé à préférer la cour de Castel-Tobioc au vieux château de son père. Puis, proclamé Régent du Royaume, il s'en était allé à Diantra, où il venait de trépasser après sept ans de bons et loyaux services. Le jeune Arnaud, son héritier, montrait parfois le bout de son nez, mais on le disait lui aussi parti pour le sud depuis quelques ennéades. C'était à se demander si la couronne ne tramait pas un complot pour attirer tous les Brochant loin du nord. Restait Evrard. Ce jour-là, c'était lui qu'on se pressait à admirer lors qu'il franchissait le pont-levis du château de Brochant. Le sénéchal de Serramire ne portait qu'une simple brigandine, là où un homme de sa condition eut pu s'offrir une armure bien plus onéreuse ; cette simplicité se retrouvait dans la nonchalance de son maintien, alors qu'il chevauchait un énorme destrier, comme convaincu de sa force tranquille. L'homme, il est vrai, n'avait plus rien à prouver ; ses exploits parlaient pour lui. La rumeur lui prêtait un tumultueux passé d'aventurier dans le lointain Estrévent, où il avait appris l'art de la guerre avant d'être l'homme de toutes les batailles de son frère, en Oësgardie, dans le Médian, et en Ydril. Sur la pointe des pieds, le jeune Félias essayait d'apercevoir la célèbre épée à lame courbe que possédait le chevalier Evrard, et qu'il avait ramenée, disait-on, d'Estrévent. Las, il ne parvint pas à la voir, mais il garderait pour longtemps le souvenir du héros qu'il entrevit ce jour. Il serait l'inspiration de sa vie, un modèle de bravoure, d'adresse et de vertu. La noblesse dans son expression la plus pure. * * * « Je m'en vais leur flanquer la trempe de leurs beaux jours, à ces enculés, déclara Evrard devant la parterre de preux qui s'était réuni dans une salle du vieux château. Le comte d'Odélian a-t-il répondu à notre appel ? - Oui-da, messire, il s'en vient. - Parfait. Si ces ladres se terrent jusque dans les bois du Pélanchon, le comte sera un prompt renfort. »Difficile de ne pas déceler l'entrain qui transpirait dans la voix du sénéchal de Serramire. Depuis des mois, Evrard s'affairait à renforcer la surveillance dans le nord du duché en vue de prévenir les maraudes de Sigoles. Une tâche aussi fastidieuse qu'illusoire ; ces razzias étaient un cycle normal et sans fin depuis la nuit des temps. Tout au plus pouvait-il compliquer la tâche aux barbares. Or, Evrard, on l'a dit, était un homme d'action ; depuis sept ans qu'avait pris fin sa dernière véritable campagne militaire, le sénéchal craignait de s'être ramolli à la faveur de la stabilité du royaume. Elle était loin, l'exaltation des exploits de sa jeunesse ; il aurait donné n'importe quoi pour la revivre un peu. Puis la nouvelle de pillages perpétrés dans le sud du duché était survenue, aussi soudaine qu'inattendue. Bien loin des inquiétantes Wandres, c'étaient des villages tranquilles qui avaient essuyé les ravages de bandes d'écorcheurs. On parlait de gobelins aux abords de la forêt d'Hedda ; et dans le même temps, c'étaient des pillards wandrais qui sévissaient dans la région entre Brochant et Prademont, près de la frontière odéliane. Rarement, depuis la fin des tumultes de la terrible guerre civile, les barbares n'avaient osé s'aventurer aussi loin. Quel chemin ils avaient emprunté pour venir jusqu'ici, c'était pour l'heure un mystère ; un mystère qu'Evrard entendait résoudre à sa manière, en tranchant dans le vif.
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| | | Gaubert de Prademont
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Lun 18 Nov 2019 - 20:33 | |
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Gaubert était assis sur le trône, en ce doux matin automnal. Pas sur celui qui symbolisait son rang, sur l'autre, que d'aucun appelait latrines. La nuit avait été reposante, même si les séquelles de l'épique bataille contre le mal qui grouillait sous l'Hedda faisait encore grincer ses articulations lorsqu'il sortait du lit. Les deux pieds bien encrés dans le sol, une main sur le mur à sa droite, Gaubert bloquait sa respiration pour expulser un étron phénoménal qui lui extirpa un petit cri lorsqu'il tomba au fond du trou puant. Le bruit d'une course résonna dans le couloir, bientôt couvert par la voix de Paulin. Monseigneur ! Monseigneur ! Une missive de Serramire !Prademont jura. Ne pouvait-on plus chier tranquille dans son castel sans que quelqu'un ne vienne le déranger ? Le Corbeau s'était sûrement décidé à convoquer ses liges pour qu'ils prêtent leur serment. Il devait être revenu de son périple en terres diantraises. Paulin continuait sa course en hurlant et s'approchait de la porte du cabinet d'aisance, visiblement excité par la nouvelle. Foutez-moi la paix, Paulin ! Par les Cinq, posez la missive sur mon bureau et foutez-moi la paix !!Il entendit les pas pressés s'arrêter sur les dalles de pierre, puis repartir, plus hésitants sans un commentaire de plus de la part du clerc. Maudit soit cet abruti ! Quelques instants plus tard, son affaire achevée, Gaubert trouva le pli marqué du sceau ducal à l'endroit qu'il avait indiqué au clerc. Il se saisit d'un petit couteau à manche plat pour faire sauter le sceau sans abimer le vélin et le déplia avant de le parcourir. Foutre saloperie de coqueberts !La lettre était signée d'Evrard de Brochant, Sénéchal de Serramire, et le moins qu'on puisse dire, c'est que les nouvelles que rapportait la lettre étaient inquiétantes. Le sud-est du duché était en proie à des razzias et bien que l'image d'un nouveau péril à la peau verte frappa l'esprit du comte en premier, Evrard semblait penser à des wandres. Des wandres ! Que venez foutre ces barbares aussi loin de leur montagne et de leurs cahutes en bouse séchée ? Serramire appelait son vassal à l'aide pour lutter contre les hirsutes en pagne et le comte répondrait à l'appel. Il sortit en trombe pour aller chercher un messager qui préviendrait Evrard sur le champ. ******* Trois jours plus tard, la force odélianne passait la frontière du duché, au nord des terres natales du comte, sous une pluie fine. À l'avant de la colonne, Gaubert avait réuni une cinquantaine de chevaliers des fiefs du nord, qui trottaient sur leurs larges destriers odélians. Derrière eux, les gardes du comte, équipés plus légèrement mais qui n'en était pas moins de redoutables bretteurs, avec à leur tête, le fidèle Roland, qui était de toutes les aventures de son seigneur. Venait ensuite une unité de cent vingt hallebardiers, en brigandine et cervelière, puis quatre-vingts archers. Le comte avait pioché généreusement dans les forces qui vivaient et s'entraînaient dans le Fort du Bélier et il voyait dans cette requête du territoire de son seigneur-lige, l'occasion de montrer un peu les muscles, après que les Berdevin aient gâchés autant de vies dans des conflits sans fin pour échouer dans la soumission d'Etherna. La petite armée avançait en bon ordre sous la bannière au Cygne Blanc et son des fifres qui accompagnaient le cliquetis cadencés des pièces d'armures qui s'entrechoquaient. Bientôt, le bourg de Brochant, fief d'origine des duc de Serramire était en vue. Se souvenant la façon dont procédait le seul Berdevin qui avait valu le coup, il fit donner trois coups de cornes de guerre pour annoncer l'arrivée des odélians lorsqu'ils dépassèrent une petite colline qui dominait les faubourgs. Les gouttes célestes faisaient tintés les bassinets des chevaliers odélians qui pressèrent leurs montures pour entrer les premier dans les rues pavées de Brochant. Laissant Gaubert prendre la tête, flanqué de son porte-étendard, ils avancèrent au trot jusqu'au château. Les fantassins suivirent au pas de course sous le compte des sergents. Le temps n'était pas à la parade et le comte avait insisté pour que l'armée se déplace promptement. Le comte fit donner deux nouveaux coups de cornes lorsqu'il franchit avec ses hommes la poterne du château. Les sabots claquèrent dans la cour tandis que le comte héla les gardes aux portes. Holà soldats ! Faites prévenir votre seigneur qu'Odélian a répondu à l'appel du seigneur Evrard !Il descendit de selle avant de s'engouffrer sous les murailles grises du château de Brochant.
Dernière édition par Gaubert de Prademont le Jeu 19 Déc 2019 - 21:40, édité 2 fois |
| | | Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Ven 22 Nov 2019 - 19:27 | |
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Le comte d'Odélian pénétra dans la salle sous les regards des chevaliers serramirois. Evrard le dévisagea un très bref instant - c'était suffisant pour qu'il se fasse une opinion sur la plupart des gens. Quoique d'un âge respectable, Gaubert de Prademont semblait encore plein de vigueur ; il avait le visage dur des hommes d'action, et dégageait un charisme naturel. Pas étonnant qu'après la disparition des Berdevins, les seigneurs de l'Odélian se soient tournés vers lui.
« Comte Gaubert, vous êtes un preux ! » s'exclama Evrard tandis qu'il s'avançait, en toute simplicité, pour donner à l'Odélian une virile accolade. « Venez là, que je vous embrasse ! » Le corps du quinquagénaire contre le sien était moite ; il avait enduré la pluie pour venir, malgré son âge ! Evrard ne l'estimait que plus encore. « Un vrai temps de chien, pas vrai ? Ce n'est rien comparé au déluge qui attend les barbares ; aucun abri ne saurait leur épargner la giclée qu'Othar leur réserve en pleine face ! »
Dans l'assemblée, on riait de voir le sénéchal de si bonne humeur. A l'idée de traquer et de châtier une bande de maraudeurs, il semblait aussi détendu qu'on l'eut été pour une cueillette de champignons - c'était bien mal le connaître, du reste, car il les digérait mal. Chacun savait qu'il y avait trop longtemps qu'Evrard rongeait son frein.
« Nous n'attendons plus que mon neveu Nestor, qui s'en vient avec ses prud'hommes de Versmilia », dit-il au comte. « Son arrivée m'a été annoncée d'ici la fin du jour ; nous serons fin prêts à partir demain. J'ai pris des dispositions pour que les habitants du bourg puissent loger vos hommes ; Nestor devra certainement faire camper les siens, mais, ma foi, ce rodomont n'avait qu'à arriver avant vous. D'ici-là, Votre Grandeur, soyez mon invité. »
Sans se départir de son sourire, Evrard entreprit de présenter le comte Gaubert aux preux qui composaient sa coterie. Ce faisant, il gardait sur son invité un œil discret : tout fort en gueule qu'il était, le sénéchal de Serramire n'oubliait pas à qui il avait affaire. Gaubert de Prademont était une énigme, successeur d'une famille maudite et décimée par la colère des dieux, sire d'un pays qui, durant près de dix ans, avait renié son hommage à Serramire avant d'y être de nouveau contraint. Evrard les avait connus, les trois comtes qui avaient précédé le Prademont. Gaucelm le Gras, cet arriviste magouilleur ; Grégoire, ce manœuvrier qui avait joué son ascension politique en léchant les bottes de l'Ivrey ; et l'ineffable Gaston, à qui Aymeric s'était trop longtemps - et en vain - efforcé d'être agréable. Quel genre d'homme était Gaubert, les Brochant l'ignoraient ; Arnaud, pris dans la tourmente des événements de Diantra, n'avait pas eu le temps de le rencontrer. Une erreur, avait jugé Evrard, qui s'était mis en tête d'y remédier. Leur petite expédition n'était là qu'un prétexte commode.
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| | | Gaubert de Prademont
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Ven 22 Nov 2019 - 21:01 | |
| Le visage fermé et trempé par la pluie qui symbolisait tant le Nord, Gaubert franchit la porte d'une grande salle où s'entassaient de nombreux hommes dont plusieurs avaient déjà revêtus l'armure. Les têtes se tournèrent vers lui lorsqu'il entra et un homme que le comte devina être l'oncle d'Arnaud, le Sieur Evrard, s'avança vers lui.
Comte Gaubert, vous êtes un preux ! Venez là, que je vous embrasse !
L'accolade fut virile quand le serramirois le prit dans ses bras, un grand sourire barrant son visage.
Un vrai temps de chien, pas vrai ? Ce n'est rien comparé au déluge qui attend les barbares ; aucun abri ne saurait leur épargner la giclée qu'Othar leur réserve en pleine face !
Le sénéchal était plus jeune qu'il ne l'imaginait. Le gaillard avait à peine quarante ans, ses tempes n'ayant pas encore trahies le passage des années. L'odélian lui rendit un petit sourire légèrement crispé, n'étant pas un grand expansif, surtout avec une personne qui l'était autant. Il avait appris à se méfier des personnages tout en jovialité depuis qu'il avait assisté aux courbettes amusantes du Gras en son temps, qui n'étaient qu'un masque qui cachait ses véritables intentions et machinations.
Oui-da, Monseigneur. Nous pourfendrons ces bâtards !
Le ton et le regard affichait la même détermination à balayer la menace wandraise que la lettre reçut quelques jours plus tôt laissait entendre. Le Brochant poursuivit sur le même ton enjoué et confiant.
Nous n'attendons plus que mon neveu Nestor, qui s'en vient avec ses prud'hommes de Versmilia. Son arrivée m'a été annoncée d'ici la fin du jour ; nous serons fin prêts à partir demain. J'ai pris des dispositions pour que les habitants du bourg puissent loger vos hommes ; Nestor devra certainement faire camper les siens, mais, ma foi, ce rodomont n'avait qu'à arriver avant vous. D'ici-là, Votre Grandeur, soyez mon invité.
Gaubert écouta calmement avant d'incliner légèrement la tête vers Evrard.
C'est un honneur, Monsieur. Je vous remercie de votre accueil si chaleureux et je suis sûr que mes hommes sauront goûter le plaisir d'avoir un toit au-dessus de leur tête avec reconnaissance.
Evrard devança le comte d'Odélian, lui présentant moults preux du duché, avec qui il échangea quelques salutations polies, en accord avec les usages. Il ne retiendrait pas les trois quarts des noms des chevaliers qui lui faisaient des révérences élégantes et à qui il répondait par un hochement de tête solennel, mais qu'importe, lorsqu'il introduirait ses propres chevaliers auprès d'Evrard, nul doute qu'il en irait de même pour lui. Il n'y avait là aucun mépris, mais le comte retenait le visage d'un guerrier qui prouvait sa valeur au combat, non pas sous les lustres d'une salle à manger. Les serramirois, du moins ceux de Lourmel, lui avaient prouvés qu'il y avait des combattants de valeur chez les vassaux du Corbeau, à peine deux ennéades plus tôt. Lorsque les présentations s'achevèrent, après plusieurs minutes à goutter sur le plancher, Gaubert se tourna vers son hôte, le front ridé et les sourcils froncés.
Votre lettre faisait mention de sigols en maraude dans le sud de vos terres, Monseigneur. Et donc au nord des miennes. Est-ce avéré ? Il y a peu j'ai eu affaire au même genre de razzias au sud de l'Hedda et c'est sur une cave remplie de vertepeaux que je suis tombé. J'ai guerroyé contre cette sombre engeance auprès du Sieur Ruthger Ierhold qui m'a dit que le nord de l'Hedda avait était ravagé également. Se pourrait-il que cette malgaigne soit aussi à l'origine des attaques aux alentours ? Ou peut-être avez-vous des témoins ?
Gaubert était soucieux. Même si le pli d'Evrard semblait formel quand à l'identité des agresseurs, il ne pouvait s'empêcher de faire le lien avec les nombreuses créatures tordues qui s'étaient enfouis dans les entrailles de pierre et qui avaient fui la juste colère de la côterie nordienne. Et si ces grotesques fils de ribaude s'étaient de nouveaux réunis autour d'un autre sorcier. Il se passa la main dans la barbe, réfléchissant.
Si des wandres sont arrivés jusqu'ici par où se cacheraient-ils ? Les Monts d'Or me semblent bien lointain !
Dernière édition par Gaubert de Prademont le Jeu 5 Déc 2019 - 17:30, édité 2 fois |
| | | Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Jeu 28 Nov 2019 - 0:34 | |
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« Que des Wandres se soient enfoncés si loin au sud, ça me sidère également, reconnut Evrard. J'ai aussi pensé à la racaille verte, mais nous avons des témoins survivants, et ils sont formels : leurs agresseurs sont des humains, enfin si l'on peut dire. Des barbares pleins de poux, le visage plein de suie et de crasse. »
Le sénéchal de Serramire esquissa une grimace de dégoût. C'était souvent le cas lorsqu'il était question de cette sale engeance ; le peuple des Wandres était honni depuis toujours. On les mentionnait dans les histoires destinées à épouvanter les gosses ; on promettait aux enfants mal élevés que les vilains guerriers hirsutes des Sigoles viendraient les chercher s'ils ne se montraient pas plus sages ; on rappelait à la jeune pucelle qui rechignait à épouser un vieil homme riche que c'était toujours mieux que d'ouvrir ses cuisses aux barbares du peuple impie. C'était une rengaine vieille comme le monde.
« Ils ont incendié deux villages au sud-est d'ici, poursuivit Evrard. Ils tuent les hommes et emmènent les femmes et les enfants. Pour se traîner un tel butin si loin de leurs pénates, ils doivent disposer d'un repaire dans le coin. Ils n'ont pu aller très loin. » Il pinça le nez en reniflant, comme s'il respirait déjà la puanteur des païens. « Où qu'ils se terrent, nous les trouverons. Et alors, nous prendrons leur camp d'assaut avant qu'ils n'aient le temps de décamper, et nous taillerons ces chiens en pièces, et nous leur pèlerons le jonc comme au comte de Velteroc. »
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| | | Gaubert de Prademont
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Jeu 28 Nov 2019 - 18:45 | |
| Que des Wandres se soient enfoncés si loin au sud, ça me sidère également, reconnut Evrard. J'ai aussi pensé à la racaille verte, mais nous avons des témoins survivants, et ils sont formels : leurs agresseurs sont des humains, enfin si l'on peut dire. Des barbares pleins de poux, le visage plein de suie et de crasse.
Point de gobelins cette fois, les maraudeurs étaient donc wandrais. Cette tumeur qui gangrènaient les montagnes au nord avait réussi à étendre ses méfaits aussi loin dans les terres civilisées. Gaubert se retint de cracher pour évacuer le goût de plomb qui inondait sa langue. Evrard poursuivait.
Ils ont incendié deux villages au sud-est d'ici. Ils tuent les hommes et emmènent les femmes et les enfants. Pour se traîner un tel butin si loin de leurs pénates, ils doivent disposer d'un repaire dans le coin. Ils n'ont pu aller très loin. Où qu'ils se terrent, nous les trouverons. Et alors, nous prendrons leur camp d'assaut avant qu'ils n'aient le temps de décamper, et nous taillerons ces chiens en pièces, et nous leur pèlerons le jonc comme au comte de Velteroc.
Le trait d'esprit était cocasse et l'air de la ritournelle retentissait loin dans le cerveau du comte. Pourtant, avoir la confirmation que l'engeance pouilleuse du Sigolsheim se terrait non loin, lui retira bien vite l'envie de sourire.
Avec la force que j'ai levé, en plus de vos preux guerriers, nul doute que nous les écraserons en un clin d'oeil, Seigneur Evrard.
Trois cents odélians entraînés et prêt à marcher contre l'ennemi jusqu'à ce que le dernier rende gorge, il y avait effectivement de quoi faire trembler ces manants en peaux de bêtes. Il se lissa la barbe en réfléchissant aux propos du sénéchal de Serramire. Il s'exclama, les sourcils froncés.
Auriez-vous une carte à portée de main ?
Il ne fallut guère de temps pour qu'on déploie devant lui un vélin couvert du dessin de la région. Gaubert nota que le travail était minutieux et enluminuré avec précision, l'artiste avait fait un travail remarquable. Il parcourut la carte, faisant glisser son index ganté sur le parchemin.
Si ces chiens ont attaqués dans ses environs ... Je suppose qu'ils ont emmenés le butin de leur pillage ... Ils doivent avoir un camp important, mais qui aurait été remarqué de loin ... À moins que ...
Gaubert réfléchissait à haute voix, comme si il était seul, mesurant entre son pouce et son index les distances entre les différentes directions et les villages qu'avait évoqué Evrard. Il posa son index en redressant la tête vers le serramirois.
Le Pélanchon ! Si ils ont gagné l'est du bois, vers les collines, ils auraient tout le bois nécessaire pour y monter un camp en restant hors de vue des patrouilles et suffisament dans les hauteurs pour garder un oeil sur celle-ci et les anticiper.
Prademont avait du mal à croire les mots qui sortaient de sa bouche. L'extrême nord-est d'Odélian était encore sauvage, mal défraichi et propice à l'implantation de camp de bandits et d'autres truandaille en maraude. C'est dans les sous-bois du Pélanchon qu'il avait du mener les troupes qui luttèrent contre les envahisseurs lors de la dernière rébellion ethernienne et il connaissait bien ses ravins traîtres et ses clairières propices à l'érection de camp invisible depuis l'orée.
J'ai encore du mal à imaginer comment des sigols auraient pu arriver jusqu'ici sans être vu par les postes frontières sgardiens et alonnais, mais ces rats peuvent se montrer discrets. On raconte qu'à la bataille de Fort Norkan, ils ont su user de la brume pour surprendre le velterocien. Ces singes peuvent se montrer rusés.
Le comte saisit une coupe de vin qu'un serviteur venait de déposer à côté de lui et en avala une bonne moitié d'une traite. Le sénéchal était probablement arrivé au même conclusion que lui et c'est pour cela qu'il avait fait appel à lui. Qui mieux qu'un odélian pour purger le bois sombre d'Odélian ?
Dernière édition par Gaubert de Prademont le Jeu 5 Déc 2019 - 17:31, édité 1 fois |
| | | Arnaud de Brochant
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Mar 3 Déc 2019 - 10:34 | |
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« Le Pélanchon », murmura Evrard pour lui-même, se grattant le menton d'un air soucieux. « Mais oui, le Pélanchon... » il se redressa d'un coup. « JEAN-LUC ! » Un page arriva en courant. « Ramène plus de vin », dit le sénéchal de Serramire.
Tandis que résonnaient les pas de Jean-Luc dans les couloirs du château, Evrard réfléchissait à leur future équipée. Une battue dans le bois du Pélanchon, voilà qui s'annonçait bien ; ce serait un peu comme une chasse au sanglier. Ou aux blaireaux. L'opération serait toutefois dangereuse : il était malaisé de manœuvrer dans de tels espaces, où le couvert des arbres favorisait tant les embuscades.
Nestor de Versmilia se présenta au château en fin d'après-midi. Son oncle lui fit fête, tout en le chambrant pour être ainsi arrivé le dernier, puis il le présenta au comte Gaubert. Le jour déclina peu à peu, et le soir venu, les braves preux profitaient ensemble d'un moment de calme et de convivialité avant le départ. Il flottait là une bonne odeur de viande cuite, les rires retentissaient de part et d'autre de la tablée. Les vétérans, ces grands gaillards dont la forfanterie valait bien celle d'Evrard, s'égayaient en rodomontades, narrant leurs prouesses sur les champs de bataille. Pendant ce temps, un barde serinait une contine gentillette :
Si ma grand-mère Avait un zizi Je l'appellerais papy
Evrard, les yeux pétillants, s'était lancé dans le récit de l'assaut de la Roseraie, lors de la dernière rébellion d'Ydril. Toutefois, il fut dérangé par le brouhaha d'une dispute à l'autre bout de la table : quelques chevaliers s'étaient mis à hausser le ton. L'un d'entre eux, Sieur Robard, un grand gaillard, avait tué un fameux chevalier velterien lors de la Guerre du Médian ; las, alors qu'il avait entrepris de raconter cette passe d'armes épique, deux autres l'avaient coupé dans son récit, arguant que ce n'était pas lui mais Sieur Audoin qui avait porté le coup fatal. « Sieur Audoin n'était même pas présent ce jour-là », protesta Sieur Robard, mais les deux autres persistaient, tout en accablant Sieur Robard de reproches, pointant du doigt sa criante mauvaise foi. Autour d'eux, d'autres chevaliers un brin éméchés, qui n'avaient pas suivi le début de la conversation et n'en savaient pas plus que les autres, se mirent à prendre eux aussi le parti de Sieur Audoin, et le pauvre Robard se retrouva bien vite acculé. « Bon, ce n'est pas grave, changeons de sujet », proposa Robard, mais sa tentative d'arrondir les angles passa pour un aveu, et on le vilipenda de plus belle. Ils sont un peu cons, des fois, pensa Evrard. Il se désintéressa d'eux, et avisa le comte Gaubert.
« Et vous, sire Gaubert ? Un homme de votre expérience a dû voir passer plus d'un champ de bataille. A quel âge avez-vous tué votre premier homme ? »
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| | | Gaubert de Prademont
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Mer 4 Déc 2019 - 14:49 | |
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Gaubert échangea avec Evrard tout au long de l'après-midi autour de la carte. Les deux hommes rivalisaient de terme technique et militaire pour déterminer un plan d'approche efficace. Le comte d'Odélian se rendit compte de l'expertise d'Evrard dans ce domaine. Pour sûr, il n'avait pas usurper son titre de sénéchal du duché. Il était agréable et réconfortant de parler la même langue que celui qui se battrait à vos côtés le lendemain, tous deux auraient la vie de leurs hommes au creux de leur main et leur approximation du jour coûterait la vie de leurs soldats lors de la chasse aux sigols.
Nestor arriva à la tête de sa côterie quelques heures après la délégation odélianne. Evrard l'introduit auprès de Gaubert après quelques moqueries gentillettes. L'homme était un gaillard d'une bonne trentaine d'année, au regard volontaire et aux traits marqués, pas très sympathique de prime abord sans être antipathique pour autant. La venue du versimilois marqua le début des préparatifs pour le dîner où les différents nobles étaient conviés. Gaubert en profita pour présenter les chevaliers odélians qui l'avaient suivi en Serramire pour bouter du barbares, avant de les laisser s'attabler auprès de leurs camarades serramirois.
La salle avait fière allure, remplie de nobles nordiens qui devisaient autour de pièce de viande grillée, fanfaronnant en comptant leurs exploits. Tantôt on parlait de joutes épiques, tantôt de batailles sanglantes ou de chasses exceptionnelles. Comme souvent dans ce genre de banquet, les egos s'affrontaient et le ton monta entre quelques serramirois qui se confrontaient sur l'identité de celui qui avait occis un chevalier dans le Médian. Une querelle bien sotte mais qui rappela à Gaubert quelques disputes de sa jeunesse. Le vieux comte sourit en observant les échanges fougueux qui virèrent au débat quand certains prirent le parti de l'un et de l'autre, avant que le dénommé Robard mit un terme à l'agitation en changeant de sujet.
Evrard se tourna vers Gaubert, qui venait de mordre à pleines dents dans une tartine garnie d'une terrine goûtue.
Et vous, sire Gaubert ? Un homme de votre expérience a dû voir passer plus d'un champ de bataille. A quel âge avez-vous tué votre premier homme ?
Le comte accéléra sa mastication et avala sa bouchée avant de siffler la moitité de sa coupe pour ne pas s'étouffer. Il reposa sa coupe en faisant claquer ses lèvres pour signifier sa délectation du nectar carmin.
J'ai eu la chance de grandir pendant une période de paix qui pourrait paraître incroyable pour nos jeunes camarades ici présent. À l'époque, la Péninsule était bien plus unie qu'aujourd'hui. Vous aurez peut-être du mal à le croire, mais j'ai tué pour la première fois à l'âge de trente-quatre ans.
Il mordit une nouvelle fois dans sa tartine, laissant le temps aux visages incrédules des plus jeunes chevaliers autour de lui se tourner vers lui. Eux qui avaient connu une Péninsule qui explosait au premier pet de travers, tantôt au Nord, puis au Sud puis dans le Médian, voilà une nouvelle qui avait fait écarquiller quelques yeux. Gaubert avala sa bouchée et poursuivit.
C'était à Alonna, lors de l'attaque des sombres et de leurs alliés chaotiques en 997 du Cycle précédent. C'était un drow maniant une hallebarde qui faisait ma taille. Par Othar, ces salopards étaient nombreux. Sur ma vie, le Puy avait été vidé tant leur armée couvrait l'horizon.
Il vida son verre avant de le tendre à un serviteur qui portait un pichet argenté qui le remplit tandis que le comte continuait.
Et depuis cette fantastique bataille, j'ai l'impression d'avoir combattu chaque année, chaque mois, chaque jour. Comme si ces pisse-froid avait rappelé au monde le goût du sang. Et si vous voulez tout savoir, c'est l'année suivante que j'ai tué mon premier humain, lors du siège d'Etherna-la -rebelle, pendant la trahison des barons. Grâce au comte Gaucelm le Gras, nous avons pu empêcher leurs forces de venir gonfler les séditieux d'Oësgard, d'Olysséa et d'Ancenis sous les murs de Diantra.
Le comte avait occulté volontairement les quelques brigands qui avaient écumés les terres familailes et qu'il avait passé au fil de l'épée, car outre le fait que cela ne paraissait pas héroïque, ce n'était probablement pas ce qui intéressait beaucoup les jeunes oreilles des auditeurs qui s'étaient penchés pour l'entendre narrer ses aventures.
Et vous Evrard, j'imagine que vous guerroyez depuis que vous fûtes accolé !
Il mordit à nouveau dans sa tartine, levant un sourcil en attendant la réponse de son interlocuteur. Le barde entamait un nouvel air guilleret, propre aux bambochades auquels se livraient les différents invités.
Dernière édition par Gaubert de Prademont le Ven 6 Déc 2019 - 16:10, édité 1 fois |
| | | Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Ven 6 Déc 2019 - 14:36 | |
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C'était chose étrange, pour un homme de la génération d'Evrard, que d'imaginer qu'un seigneur de l'envergure du Prademont ait pu vivre trente-quatre années sans connaître le goût du sang. La chose, néanmoins, avait du sens ; Prademont avait connu le temps béni où le bon sang royal n'était pas encore empoisonné par la bâtardise. Evrard devait avoir quinze ans lorsque Sa Cécité, le Roy au Vélin, s'était emparée du trône. La péninsule, dès lors, n'avait cessé de connaître le tumulte, entrecoupé de trop brèves périodes d'accalmie. Pourtant, à bien y réfléchir, ce n'étaient pas les crises du royaume qui avaient développé chez Evrard ce goût immodéré pour l'action. Il avait eu cela en lui bien avant, et l'avait assouvi ailleurs, de l'autre côté de la mer... Il leva sa coupe en hommage au comte, félicitant son commensal : « un drow pour premier sang, c'est là un bel exploit, Comte. Qu'importe qu'il soit survenu si tard, c'était là l’œuvre d'un guerrier chevronné. » Il arrosa ces paroles d'une bonne rasade de vin, tandis que Gaubert l'interrogeait sur ses propres exploits. « j'ai été armé chevalier à l'âge de dix-sept ans, peu avant la révolte des quatre barons. Las, il se trouve que je m'ennuyais ; j'étais jeune, orgueilleux et impulsif, et je savais qu'en tant que cadet, je ne serais jamais seigneur. Il me fallait de l'action, et les tournois ne me suffisaient guère. Alors je me suis embarqué pour l'Estrévent. Si j'avais su, à l'époque ! J'étais à peine arrivé que la guerre civile éclatait dans le royaume. J'ai suivi ces événements de loin, pendant que je guerroyais pour des causes qui n'étaient pas les miennes, aux côtés de frères d'armes peu recommandables. Une histoire peu classique, j'en conviens, mais elle m'a réussi en définitive. Le premier homme que j'ai tué était un Zurthan. Il maniait un cimeterre, une épée à lame courbe qu'ils appellent, eux, Shamshir. Une arme trop lourde pour lui, en vérité, ce qui me conféra facilement l'avantage. Comme il peinait à manœuvrer, je lui traçais un joli trait à la dague sur toute la longueur de l'abdomen. Je lui ai presque gerbé dessus pendant qu'il agonisait. Ainsi me suis-je emparé de son Shamshir, et, loué soit Othar, cette arme me porta plus de chance qu'à son premier propriétaire. J'ai appris à la manier, et elle en a vu depuis, des reîtres, des félons et des sombrelfes ! Je l'ai encore aujourd'hui. »Il n'aborda pas certaines choses qu'il avait commises ces années-là et dont il lui serait difficile de tirer de la fierté. Ni la dépendance à la feuille de Khat qu'il avait contractée là-bas, et qui l'avait plongé dans une torpeur entrecoupée de délires psychotiques, le tenant loin de son pays alors même qu'éclataient de nouveaux troubles en Serramire. Grâce à Néera, il avait fini par se défaire de ce fléau. Il avait repris le chemin de la péninsule pour libérer son frère Aymeric de la prison où l'avaient jeté ses adversaires politiques. Depuis, il avait été de tous les combats de son aîné : de la conquête du marquisat, de la rébellion d'Oësgard, de la campagne du Médian, et de l'Ydril. Nul ne se risquait désormais à lui dénier ses qualités chevaleresques, quand bien même il avait appris l'art de la guerre d'une bien curieuse manière. * * * La nuit avait été courte. La cour du château de Brochant était encore imprégnée de cette pénombre bleu pâle qui précède l'aube ; Evrard, revêtu de sa brigandine, sauta en selle. Un écuyer lui remit son écu ainsi que son fameux Shamshir. Dans le bourg comme dans les campements provisoires dressés alentours, chacun des osts qui composait la coterie se mettait en branle. L'heure était venue d'aller flanquer une trempe maison à ces maudits barbares. « Une bien belle journée qui s'annonce », lança Evrard au comte Gaubert alors qu'ils chevauchaient côte à côte sur un chemin de terre. Pourtant, du jour, on ne voyait pas grand-chose, à tel point qu'une dizaine de torches projetaient leur lumière mordorée sur la route, dans l'attente que le soleil daigne se lever. L'air nonchalant, Evrard ajouta tranquillement, sur le ton de la conversation : « Est-ce vrai, ce qu'on raconte ? Vous étiez dans le puits de Livénie quand tout a pété ? Ç’a dû être affreux. »
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| | | Gaubert de Prademont
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Ven 6 Déc 2019 - 17:55 | |
| La soirée fut riche en anecdotes et en enseignements. Evrard avait donc combattu en Estrevent. Gaubert ne se faisait guère d'illusions. Il connaissait les histoires sur les guerres qui opposaient des hordes de mercenaires assoiffés d'or dans les sables brûlants de l'est lointain. Lorsqu'on était pas l'aîné, on était bien plus libre de ses choixs et aller faire ses armes en Estrevent valait bien le goût immodéré de Raoul pour la joute. Et puis, Gaubert avait entendu le nom d'Evrard rejaillir de moults récits héroïques pendant la guerre du Médian ou la rébellion d'Oësgard, prouvant qu'il avait été à bon école. Gaubert apprit également la provenance de l'arme exotique qu'on attribuait au sénéchal dans les chansons que donnaient les troubadours lors de leurs passages à Prademont. Le chevalier au cimeterre avait gagné sa renommée dans une chanson de geste réputée, même si le titre lui échappait à ce moment précis. Le vin fut bu, la nourriture engloutit, les rires résonnèrent et les coupes s'entrechoquèrent jusque tard dans la nuit ******* Le lendemain, à l'aube, à l'heure où blanchissaient la campagne, ils partirent. Gaubert était juché sur Targon, revêtu de son armure complète, la visière de son bassinet relevé sur le haut du crâne. En tête de la colonne qui avançait vers la lisière du sombre Pélanchon, les nobles trottaient côte à côte. Une bien belle journée qui s'annonce !Oui-da Monseigneur ! Une journée bénie par Othar je l'espère !Est-ce vrai, ce qu'on raconte ? Vous étiez dans le puits de Livénie quand tout a pété ? Ç’a dû être affreux.La catastrophe minière avait fait grand bruit dans le Nord. Il avait même entendu qu'on l'avait nommé le crépuscule des Berdevin. L'héritier de Grégoire, son ancien camarade, et le gros Phillinte avaient brulés comme dans saucisses et fini enseveli, de quoi alimenter les discussions pendant quelques soirées chez les nobles de la région. Gaubert soupira avant de parler, comme pour se donner du courage avant de raconter le tragique incident. Terrible, Sieur Evrard ! Terrible accident que celui-ci. Le comte Christian se faisait une telle joie de visiter les galeries du second puits. Pauvre gamin ... Je l'ai vu être soufflé comme un fêtu de paille ...Le comte secoua la tête avant de détourner le visage, faisant montre d'un talent d'acteur surprenant. Il fallait dire qu'il l'avait répété cette scène. Je n'ai dû mon salut qu'à ma position dans le groupe et à la bienveillance de la Damedieu. Je fermais la marche quand j'ai vu les torches vaciller. J'ai à peine eu le temps de crier au coup de grisou que les torches s'embrasaient et qu'une boule de feu m'expulsait du boyau comme une poupée de chiffon. Les Cinq veillaient sur moi ce jour-là, j'en suis sûr !La troupe s'approchait des sous-bois lorsque Gaubert tira sur les rênes de sa monture pour faire face à la silhouette sombre du Pélanchon, le soleil perçait tout juste au-dessus de la cîme des arbres.
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| | | Arnaud de Brochant
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Dim 8 Déc 2019 - 23:50 | |
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« Quelle tragédie » murmura Evrard en hochant la tête avec gravité, tout en guidant son destrier à la lueur des torches. Il était indélicat de sa part d'avoir obligé le comte Gaubert à revivre cette pénible journée qui l'avait vu frôler la mort dans les mines. Terrible journée que celle-ci, en effet, où périt le comte Christian Berdevin en même temps que son oncle et dernier parent Phillinte - laissant par un insidieux hasard le comté d'Odélian sans maître. Pauvre Gaubert ! Ç'avait dû être un crève-cœur pour lui que de s'asseoir à la place de son regretté suzerain, lui qui avait servi toute la famille. Evrard n'en ajouta pas davantage, afin de ménager le chagrin de son compagnon d'armes, tant il devinait en lui le traumatisme toujours présent.
De longs rayons de soleil traversaient la futaie tandis que les chevaliers pénétraient le Pélanchon. On avait éteint les torches - outre qu'elles étaient inutiles désormais, ce serait con de donner l'alerte, pis encore de déclencher un feu de forêt - et on cheminait prudemment entre les hauts chênes. La végétation était suffisamment espacée pour permettre de progresser en selle. Cela étant, une partie des Serramirois avaient mis pied à terre, et gardaient la main preste bien près du fourreau ; c'est qu'il pourrait être malaisé de manœuvrer à cheval dans ce sous-bois en cas d'embuscade.
Ce fut Nestor de Versmilia, le premier, qui attira l'attention de la troupe. « Là », lança-t-il fièrement avant de désigner un buisson de fougères piétiné, derrière-lequel s'étirait un petit sentier de terre, où le humus semblait avoir été largement retourné sous de nombreuses traces de pas. Satisfait de sa trouvaille, Nestor affichait un sourire faraud ; c'est qu'il avait espéré laver l'affront de son retard au castel la veille, et voilà que la chance lui en donnait l'occasion.
Pourtant, du haut de son cheval, Evrard considérait la piste avec circonspection. Pour lui, quelque chose ne collait pas.
« Du travail de sagouin, dit-il. Le sentier est à peine assez large pour deux ou trois personnes, et même un troupeau d'Arétans ivres morts ne ferait pas autant de traces. Autant nous indiquer le chemin avec un panneau. - Ce sont les hommes des Wandres, mon oncle, objecta Nestor. Ces gens-là ne savent pas faire dans la finesse. - Ils ont pourtant été très discrets pour arriver jusqu'ici. Quoi, ils auraient berné la vigilance des postes-frontières d'Alonna et d'Oësgard, et les nôtres en prime, pour finalement se remettre à faire n'importe quoi ? Ça n'a aucun sens. » Evrard se tourna vers le comte Gaubert. « Qu'en dites-vous ? »
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| | | Gaubert de Prademont
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Mar 10 Déc 2019 - 10:23 | |
| Le chevalier au cimeterre et Gaubert avançait au pas, toujours juché sur leurs destriers. Une grande partie de la côterie avait mis pied et à terre et étouffé les torches alors que les rayons du jour perçaient les branches hautes. Prudemment la petite armée avançait, déployé sur une ligne peu étendue.
Au centre, les hommes d'Evrard avançaient, rutilant dans leur plate. Les homme de Versmilia tenaient la gauche du dispositif et les odélians la droite. Gaubert avait placé les hommes d'armes devant les archers et laisser les nobles en arrière garde, tandis que lui et sa garde demeurait plus au centre, aux côtés d'Evrard. Face à l'épaisseur des futaies, la noblesse odélianne avait laissé leurs montures à la lisière du bois sous la garde des écuyers. Nestor attira l'attention des deux seigneurs après quelques minutes de progression.
Là !
Les traces étaient nombreuses et une chemin à peine masqué par quelques fougères jaunies par l'automne en marquaient l'entrée. Les serramirois débattaient.
Du travail de sagouin. Le sentier est à peine assez large pour deux ou trois personnes, et même un troupeau d'Arétans ivres morts ne ferait pas autant de traces. Autant nous indiquer le chemin avec un panneau. Ce sont les hommes des Wandres, mon oncle. Ces gens-là ne savent pas faire dans la finesse. Ils ont pourtant été très discrets pour arriver jusqu'ici. Quoi, ils auraient berné la vigilance des postes-frontières d'Alonna et d'Oësgard, et les nôtres en prime, pour finalement se remettre à faire n'importe quoi ? Ça n'a aucun sens. Qu'en dites-vous ?
Le vieux comte opina du chef, partageant l'avis mitigé du sénéchal.
On dirait une souille, Messire. Et encore, même les sangliers dissimulent leurs traces avec plus d'application. Comme l'a dit le seigneur Evrard, tout ceci me semble bien surprenant pour des sigols qui ont pu traverser les terres du duché sans attirer l'attention.
Gaubert laissa son regard suivre le chemin de boue qui s'enfonçait sous la canopée. Il semblait partir vers le sud-ouest, en ligne droite vers Escault. Le comte fit pivoter Targon pour avancer de quelques mètres dans la boue piétiné. Un caquètement résonna entre les troncs tordus et se perdit dans la fraîcheur matinal.
Dans cette direction, ce sont les terrains de chasse des escaultois et de leurs vavasseurs.
Il revint sur ses pas, à hauteur d'Evrard, la mine renfrognée.
Aubin !
Le chevalier rejoignit son suzerain au pas de course. Aubin Omerian, seigneur d'Escault, avait la barbe fournie et le cheveu brun. Il confirma à son suzerain son assertion.
Nous avons chassés le cerf pas plus tard que l'ennéade dernière, Monseigneur. Aucun trace d'une bande en maraude sur nos terres. Je vous en aurai fait part immédiatement. Vos consignes après les évènements sur les terres librecourtaines étaient très claires.
Effectivement, dès son retour dans la capitale, Gaubert avait demandé à ses vassaux de se montrer très vigilant si de nouvelles traces de brigandages ou de rassemblements étranges étaient constatés. Il était hors de question de laisser pulluler de nouveau une horde gobeline sur ses terres. Un nouveau caquètement étrange amplit les feuilles rougeoyantes du Pélanchon. Il congédia l'escaultois qui réintégra son rang d'un hochement de tête. Prademont s'humecta les lèvres, soucieux.
Selon moi, ils auraient tout intérêt à se terrer au nord-est du bois. La végétation y est plus sauvage et fournie ...
Une nouvelle fois, les branches répercutèrent un caquètement inhabituel à l'oreille de l'odélian. Il se pencha vers Evrard, chuchotant.
Vous entendez ce bruit ? C'est la première fois que je l'entends et pourtant j'ai arpenté ce bois depuis ma naissance. Ils nous observent.
Targon piaffa et hennit. Lui, d'ordinaire si placide, sentait aussi que quelque chose ne tournait pas rond. Gaubert tint fermement les rênes de son fidèle destrier, le rassurant en lui caressant entre les oreilles. Une brume étrange apparut sur le sol, avançant vers eux comme un monstre rampant dans la boue. D'autres montures renaclèrent dans la côterie et le cheval de Nestor piétina nerveusement, la bave suintant autour de son mord.
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| | | Arnaud de Brochant
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Mer 11 Déc 2019 - 10:58 | |
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L'avertissement du comte Gaubert fit froid dans le dos d'Evrard. Il en fallait pour impressionner le chevalier au cimeterre, mais enfin, celui-ci aimait pouvoir contempler son ennemi de face ; or, la menace semblait tapie, latente, invisible et partout à la fois. C'était comme si la sylve elle-même s'éveillait, chuchotant de sourdes menaces depuis ses profondeurs insondables. L'appréhension avait gagné les Serramirois et même leurs chevaux. Ces derniers avaient-ils ressenti le trouble de leurs maîtres, ou devinaient-ils eux aussi que ces bois abritaient quelque chose de malsain ?
Mais la crainte chez Evrard ne dura qu'un instant ; il ne la laisserait pas le dominer. Le cri retentit de nouveau entre les arbres, strident, aigû. Pas plus que Gaubert, il n'eut su dire quel animal pouvait bien faire ce bruit. Cela lui évoquait tout au plus une poule gravement malade. On l'achèvera au passage, se promit Evrard. Mais la brume ? D'où venait la brume ?
« Continuons, dit-il d'une voix où ne transpirait aucune hésitation. Nous ne trouverons rien en restant plantés là. Allons au nord-est. »
La coterie se remit en branle, laissant l'étrange brume derrière elle. Les hommes marchaient en silence, l'air soucieux, jetant constamment de furtifs regards alentours. Nestor remarqua une grosse souche fendue avec deux trous symétriques, qu'il prit d'abord pour une tête avec deux yeux ; il faillit attirer l'attention de la bande mais comprit à temps son erreur. C'est dire la tension qui peu à peu gagnait les chevaliers alors qu'on s'enfonçait plus avant dans cette sylve, et que le bois se faisait peu à peu plus touffu, plus dense. Ceux qui se trouvaient encore en selle furent forcés de mettre eux aussi pied à terre, et les écuyers guidèrent les bêtes par la bride tandis que les chevaliers avançaient, l'épée au poing.
« On commence à y voir aussi clair que dans les narines d'un noirelfe », murmura Evrard, agacé, tout en poussant une branche basse sur son chemin - la branche, après son passage, se rabattit sur la figure d'un malchanceux chevalier qui le suivait. Ah, la belle cachette qu'ils s'étaient trouvée, ces pendards de Wandres ! Ceux-là ne perdent rien pour attendre.
L'étrange caquètement de tout à l'heure retentit alors de nouveau, plus fort, plus strident, et plus proche que jamais. Un frisson parcourut l'échine des hommes.
« Là ! » s'écria Nestor, qui décidément n'avait que ce mot à la bouche - et il pointa du doigt les hauteurs. Tout le monde leva la tête, et ce que les chevaliers découvrirent les laissa bouche bée.
Tout en haut d'un arbre, debout sur une branche robuste se tenait un homme, droit sur ses deux pieds. A moitié nu, seulement couvert d'une espèce de slibard en fougères qui ne cachait à peu près rien, il arborait une belle et longue chevelure brune et un torse musclé à en faire mouiller une pucelle. Et alors que chacun l'observait, l'étrange sauvage se mit à frapper son propre torse à grands coups de poings, poussa un cri - le fameux caquètement strident qui hantait le Pélanchon. Puis, d'une voix étrangement rauque, il se mit à vociférer dans un langage incompréhensible : « M'oat' arzh'an ! Ou'è d'jeyn ! Ou'è d'jeyn ! »
Evrard coula un regard déconcerté au comte Gaubert.
« Qu'est-ce que c'est que cet olibrius ? »
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| | | Gaubert de Prademont
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Jeu 12 Déc 2019 - 10:59 | |
| Les montures et les hommes s'enfoncèrent plus avant dans la pénombre du bois, ne cédant pas à l'appréhension qui leur secouaient les entrailles. Bientôt, les derniers cavaliers durent mettre pied à terre pour pouvoir avancer sans être entraver par de basses branches qui s'emmêlaient en voilant la lumière du jour. La brume, qui était apparu en volûtes evanescentes quelques instants plus tôt, montait jusqu'aux genoux de la troupe qui progressait prudemment sous les caquètements étranges qui avaient attirés l'attention du comte et de ses alliés. On commence à y voir aussi clair que dans les narines d'un noirelfe.Evrard ne croyait pas si bien dire. Entre la canopée qui ne laissait plus passer le jour et la brume qui rampait sur le sol, la côterie avançait quasiment à tâtons entre les racines noueuses et les herbes folles. Nestor remarqua de nouveau quelque chose. Là !Si ce crétin indiquait encore une bauge en affirmant avoir trouvé la piste des wandrais, Gaubert lui mettait une paire de claques. Pourtant c'était cette fois-ci vers les hauteurs que pointait son doigt. Suivant la direction vers laquelle l'index était tendu, Prademont eut une vision qu'il n'avait jamais cru possible. Campés sur ses jambes, semblables à deux troncs, portant pour unique vêtement une espèce de couche en feuilles tressées, un homme musclé et chevelu les toisait avec sévérité. Impossible ! M'oat' arzh'an ! Ou'è d'jeyn ! Ou'è d'jeyn !Les yeux se braquaient sur l'énergumène qui émit de nouveau le caquètement en se tambourinant le torse avec les poings. Il beuglait ses borgborygmes, en montrant les guerriers du Nord qui s'interrogeaient sur le sens de ses mots. Qu'est-ce que c'est que cet olibrius ?La bouche semi-ouverte de surprise, Gaubert mit un temps à se rendre à l'évidence. À coup sûr, ce n'était pas un wandrais, la langue et la tenue ne correspondait en rien à ce qu'on savait des sigols. Il n'y avait qu'une seule possibilité, aussi incongru qu'elle était. Par le con de la Damedieu ... Je ... Je crois que c'est ...Il n'osait se résoudre à prononcer les mots qui allaient franchir la barrière de ses lèvres. Ce n'était qu'une légende qu'on racontait aux enfants du comté pour les obliger à manger leur gruau. Le ... Le Grand Pied ... George des Bois ... Le druide du Pélanchon ...Même prononcé, la phrase lui paraissait insensé. Il entendait la voix de sa défunte nourrice lui rappelait que la Grand Pied viendrait le chercher si il ne finissait pas les navets qu'ils délaissés dans sa petit écuelle. Les ménestrels odélians en avaient même fait une contine. "George George George du Pélanchon Il est notre ami ! George George du Pélanchon Prends garde au bois maudit !"
Tandis que les paroles trottaient sous les cheveux gris du comte, George poussa son cri. OOOOOOYIAAAAYIAAAAA YIAAAAAAYIAAAA !Le bruit d'une volée de corbeau retentit en réponse à son appel et fit bruisser les branches tout autour de la coalition nordienne. Puis, au côté du nudiste, apparut le compagnon légendaire du Grand Pied, un nain velu des pieds à la tête, se promenant le cul à l'air et se curant le nez sans pudeur. George vociféra à nouveau. Tch'ita ! Tch'ita ! Roa dla jin gl'Le petit être poilu pointa une direction, vers l'est en hochant de la tête et en étirant ses lèvres pour dévoiler des dents pointues. Je ... Je crois qu'il nous indique le chemin, Seigneur Evrard ...Si les légendes étaient vraies, il était le gardien du Pélanchon et il avait du repérer les intrus sigols depuis longtemps, mais s'il n'était pas intervenu lui-même pour les châtier c'était qu'ils devaient être très nombreux. George sauta et atterit sur une branche plus basse, exposant au passage son anatomie. Son compagnon hurla d'une voix aigüe avant de le rejoindre et montra de nouveau l'est. Gré stok !Il indiqua la même direction que la petite créature poilue qui se contentait de pousser des cris bizarres. Gaubert échangea un regard incrédule avec Evrard. Les Cinq en étaient témoins, le Grand Pied existait et les aidait. Le comte reprit contenance et hocha la tête, avant de s'adresser au duo légendaire. Merci à toi, Grand Pied !Gaubert se tourna vers ses hommes, cherchant à ne pas paraître déboussoler. Eux aussi n'en revenaient pas de voir ce personnage de chanson populaire se tenir devant eux. George et son compère, qu'on avait surnommé Petit Pied dans la légende les observèrent passer avant de repartir dans les frondaisons. A l'est !Le druide ne leur avait pas menti, quelques minutes plus tard, alors que la végétation se clairsemait quelque peu en débouchant sur une petite colline, la silhouette bossue d'un camp de tentes en peaux et aux palissades de bois en train de s'ériger apparut aux yeux des Nordiens.
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| | | Arnaud de Brochant
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Mar 17 Déc 2019 - 23:33 | |
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Alors que les Serramirois et leurs alliés Odélians prenaient discrètement pied aux abords du campement wandrais, chacun restait subjugué par l'étrangeté de ce qu'ils avaient vu et entendu dans les profondeurs de la forêt. Evrard n'était pas en reste ; le chevalier au cimeterre pouvait se vanter d'avoir vu bien des choses mystiques au cours de sa jeunesse en Estrévent, mais jamais il n'eut imaginé un instant faire pareille rencontre dans le bois du Pélanchon. Nul ne nous croira jamais, songea-t-il, et cela était fort triste, car l'histoire était belle. Trop belle pour être réelle, sans doute ; lui-même n'était pas bien certain de croire ce qu'avaient pourtant vu ses propres yeux. George des Bois, le grand druide du Pélanchon, était-il le fruit d'une hallucination collective ou la manifestation d'une entité surnaturelle ?
Quel que soit le fond de l'affaire, cela avait bien servi leur cause : ils avaient finalement débusqué leur gibier, et il semblait bel et bien que ce dernier n'ait pas remarqué la présence de ses prédateurs. Evrard esquissa un sourire carnassier. « Nous les tenons », murmura-t-il au comte Gaubert.
Evrard parcourut des yeux l'ébauche de palissade que l'ennemi avait commencé à dresser. C'était une chance que celle-ci ne soit pas achevée ; déloger les barbares aurait été une autre paire de manches si ceux-ci avaient eu le temps de se ceinturer d'une rangée de pieux. Elle demeurait toutefois suffisamment avancée pour ralentir la progression des assaillants, qui devraient s'engouffrer par les interstices de la muraille de bois.
« Regardez-moi ces petites salopes », commenta-t-il en désignant l'amas de tentes que l'on apercevait par-delà la palissade. « Une ceinture de chasteté rouillée serait plus dure à forcer que leur clôture mal fagotée. Voilà une garce qui veut nous résister, mais elle cédera comme toutes les autres, comte Gaubert ; c'est dans sa nature. »
Puisque ses alliés étaient venus en nombre, Evrard entendait bien en tirer parti : ils allaient prendre en étau ces ladres, en leur coupant tout espoir de retraite. Il n'était pas question qu'un seul de ces zouaves en réchappe.
« L'un de nous devrait contourner discrètement le campement avec ses hommes, afin de les prendre par l'autre versant. Nous attaquerons des deux côtés. A vous de choisir si vous préférez le con ou le cul, Gaubert. »
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| | | Gaubert de Prademont
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Mer 18 Déc 2019 - 10:59 | |
| Nous les tenons
La voix d'Evrard s'était faite plus basse mainteant que leur proie était en vue. Le comte hocha la tête, observant le campement des wandrais. Les sigols étaient en pleine érection de leur palissade et la Damedieu avait béni les nordiens en les faisant arriver avant que cette dernière ne fusse totalement érigée.
Regardez-moi ces petites salopes. Une ceinture de chasteté rouillée serait plus dure à forcer que leur clôture mal fagotée. Voilà une garce qui veut nous résister, mais elle cédera comme toutes les autres, comte Gaubert ; c'est dans sa nature.
Le verbe était fleuri et l'image était idoine. Les futaies offraient une couverture bienvenue à la côterie qui restait tapi dans l'ombre. Bientôt ils fondraient sur les barbares qui pensaient que le Pélanchon était leur domaine. Evrard poursuivit, filant sa métaphore jusqu'au bout.
L'un de nous devrait contourner discrètement le campement avec ses hommes, afin de les prendre par l'autre versant. Nous attaquerons des deux côtés. A vous de choisir si vous préférez le con ou le cul, Gaubert.
Prademont était un homme de fesse, chacun le savait, il répondit donc tout naturellement.
J'ai parmi ma troupe des ortaisiens qui connaissent bien les lieux. Laissez-nous les contourner par le sud et écrasons ces marauds. Nous attendrons votre signal pour lancer l'assaut. Donnez-nous quelques minutes pour les envelopper.
Il hocha la tête en guise de salut et rejoignit ses troupes en passant ses ordres. La troupe odélianne bifurqua au sud et fit le tour de la colline qui dominait les cîmes. L'infanterie passa devant, suivi des archers ortaisiens et des nobles en armure qui avaient bien du mal à ne pas émettre de bruit dans leurs armures étincelantes. Heureusement pour eux, le campement des barbares retentissaient du bruit des maillets et des cris des hommes qui montaient la palissade. Si les Cinq le voulaient, ils pourraient prendre place sans être remarqué et l'attaque conjointe les réduirait en charpie avant qu'ils ne l'eussent réalisé.
Seulement comme le dit le vieil adage, aucun plan ne résiste au contact de l'ennemi. Etait-ce à cause d'un rayon de soleil qui filtra à travers les branches hautes pour se refléter sur une épaulière ou le fracas des armures pendant un instant de silence ou encore les sens aiguisé d'une de leurs sorcières, pourtant alors qu'ils progressaient rapidement, grâce à l'expertise des hommes d'Ortais, une corne wandraise retentit, bientôt suivi d'une seconde. Gaubert observa la palissade à demi-levée pour constater que les hommes quittaient leur poste pour regagner l'intérieur de leur camp. Par Othar, ces pouilleux étaient attentifs. Les odélians se trouvaient au sud-est du camp et avaient encore besoin de quelques minutes pour pouvoir prendre la position parfaite pour encercler leur proie et la massacrer sans qu'aucun n'en réchappe.
Au pas de course !
L'effet de surprise était perdu pour ses troupes, autant faire du bruit et attirer l'attention. Avec un peu de chance, ce seraient les serramirois qui prendraient la ribaude par derrière et lui qui feraient face. Après tout, dans ce genre de pratique, les gaillards s'occupaient de l'avant comme de l'arrière à tour de rôle, le résultat restait une garce hurlant sa douleur autant que son plaisir. Quitte à ce qu'il contemple les wandrais dans les yeux, il allait leur donner un spectacle qu'ils n'oublieraient pas.
Formez la ligne ! Archers en couverture ! Sonnez les cornes, par Othar ! Sonnez les cornes ! Que ces fils de chiennes n'aient d'yeux que pour nous ! Chevaliers, avec moi !
Et les cornes odéliannes barrirent, de leur son grave si reconnaissable. Les premières notes de la symphonie de violence, qui les attendait, venaient de retentir. Les troupes se mirent en rang, prêtes à sortir des sous-bois avec discipline et à fondre sur les maudits comme un seul homme. Le plan avait volé en éclat, alors il ne restait plus qu'à improviser. Il espérait qu'Evrad de son côté aurait saisi la manoeuvre odélianne et ferait donner la charge conjointement.
Archers, tenez-vous prêts ! EN AVANT !
Les hallebardiers apparurent aux yeux des sigols, offrant un mur de brigandines et de mailles. La première salve des ortaisiens jaillit des arbres pour s'abattre sur la position ennemie. Sur le centre gauche du dispositif, Gaubert était entouré de sa garde. À sa gauche, tenant l'aile, les chevaliers avançaient avec entrain, avide de faire tâter de leur fer aux barbares crasseux. La troupe odélianne commençait l'ascencion de la position surélevée des sigols.
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| | | Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Jeu 19 Déc 2019 - 13:21 | |
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« Par le con édenté de Tyra », gronda Evrard alors que résonnaient les cornes de guerre des Sigoles. « Ils sont repérés ; il faut y aller sans perdre une seconde ! »
La coterie serramiroise se mit aussitôt en branle, et alors qu'on surgissait des fourrés, les cors odélians retentirent à leur tour, signe que Gaubert avait définitivement renoncé à tout effet de surprise. Baste ! Ces ladres ne nous ont pas encore vu, songea Evrard, se faisant fort d'enfoncer son ennemi par derrière : puisque les barbares présentaient leur con soyeux à l'Odélian, Serramire héritait du cul ; Evrard ne ferait pas la fine bouche.
« Sus à ces mange-merde ! » s'écria le sénéchal de Serramire, dégainant le cimeterre qui faisait sa renommée. « Montrons-leur ce qu'il en coûte, que de s'aventurer sur les chemins de Serramire ! »
La lugubre marche martiale des chemins de Serramire retentit alors que la coterie serramiroise grimpait le versant nord de la colline, ouvrant les prémices d'un second front. Quelques barbares qui ne s'étaient pas rués à l'encontre du mur de hallebardes ortaisiennes découvrirent ce nouveau péril ; une corne sonna de nouveau, plus proche cette fois, et l'ennemi sut qu'il était cerné.
« Chargez ! Chargez ! » s'égosilla Evrard, et les Serramirois s'élancèrent au contact de l'ennemi, trop faible en nombre pour défendre la palissade inachevée ; les barbares n'en opposèrent pas moins une résistance farouche, sachant bien qu'ils n'avaient nulle pitié à attendre des chevaliers pentiens. Ils se battraient jusqu'à la mort, et Evrard entendait bien la leur offrir. « Bottez-leur le cul, au nom de Néera ! » Nombre d'interjections retentirent parmi les hommes de Serramire, invoquant tour à tour Othar, Néera, Tyra, le jeune duc Arnaud ou son défunt père ; il y en eut même un pour crier avec ferveur le nom de Georges du Pélanchon, le mystérieux esprit de la forêt qui les avait guidés jusque là.
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| | | Gaubert de Prademont
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Ven 20 Déc 2019 - 7:57 | |
| La ligne odélianne avançait en trottinant sur le versant qui leur était échu. Les officiers donnaient de la voix pour que les hommes gardent une cohérence en montant à l'assaut, proposant un front uni à leurs adversaires qui s'assemblaient en beuglant derrière leur mur de boucliers ronds. Les wandrais cognaient leurs armes rouillées les unes contres les autres, dans le but misérable, d'impressionner les odélians qui se dirigeaient vers eux. L'archerie couvrait l'avancée des fantassins en lâchant des volées qui noircissaient le ciel avant de s'abattre sur les barbares hirsutes qui se rassemblaient derrière les trous dans la palissade.
Des cris enragés par les combats à venir surgit depuis le versant nord. Serramire passait à l'attaque. Gaubert parcourut sa ligne d'un regard déterminé avant de lever Larmanon au-dessus de sa tête.
PAR LE CYGNE ! NOUS VAINCRONS !
Le comte abaissa la visière de son bassinet alors que les odélians reprenaient en choeur le cri de guerre de leur seigneur. Le trot se mua en course effrénée vers les combattants wandrais et bientôt les hallebardiers percutèrent la ligne barbare. Suivi de Roland et de ses gardes, Gaubert suivait la charge de ses troupes de prêt et arriva au pied de la palissade en envoyant un grand coup de pied dans un tronc mal dégrossi qui avait commencé à être érigé, le couchant contre le sol.
HARDIS ! HARDIS ! PAS DE QUARTIER BRAVES ODELIANS !
Un sigol à la barbe blonde s'avança, faisant tournoyer sa hache au-dessus de sa tête. Il frappa du bas vers le haut, cherchant à fracasser la tête de Gaubert qui fit un pas de côté en inclinant son épée pour esquiver, avant de donner un coup sec vers l'avant. La lame épaisse de Larmanon pénétra la chair à nu du wandrais sous son aisselle et arracha un cri aigü à l'assaillant. Beuglant à son tour, le vieux comte poussa sur ses jambes pour enfoncer sa lame jusqu'à la garde et cogner son plastron contre le torse musculeux de son adversaire puant le bouc et le crottin. Sur sa gauche, les chevaliers à pied distribuaient les coups avec générosité et plus à droite, les hallebardiers tenaient en respect la ligne wandraise qui s'effritait petit à petit. Le sigol que Gaubert venait d'empaler s'écroula dans un râle rauque, lui laissant un bref instant pour voir à travers la fente de son casque, les éclats des armures serramiroises luirent de l'autre côté du camp. Les mâchoires du prédateur nordien se refermaient sur leurs proies en peux de bêtes. Le massacre serait total, presque trop facile.
Une nouvelle corne retentit au nord. Le son du cor de guerre était trop aigü pour être celui de ses troupes ou celui de leurs alliés serramirois. Un son identique retentit au coeur du campement. Ces chiens avaient-ils réussi là où les nordiens avaient échoués ? En ragé par la perspective d'avoir été à leur tour encerclé, les ordres du comte résonnèrent à nouveau.
ECRASEZ SES COQUEBERTS ! EN AVANT ! EN AVANT ! JOIGNONS LES LIGNES D'EVRARD !
Et les odélians de répondre aux suppliques de leur seigneur en redoublant d'ardeur et en abattant leurs lames vengeresses sur les carcasses poilues des sigols. Ces immondes clochards paieraient pour l'outrecuidance d'avoir choisi le Pélanchon comme domicile. Ce bois était odélian et nul parasite ne saurait être toléré sans être passer par le feu. Mieux équipés et entraînés, ce sont les chevaliers qui firent céder la réistance qui leur faisait face en premier. La gauche odélianne fut emmené par l'élan des nobles et le comte et sa garde pénétrèrent à leur tour dans l'enceinte, découvrant des tentes miteuses et des totems impies. Le comte se tourna vers un de ses gardes et releva sa visière.
Demande aux archers de nous rejoindre, nous devons prendre les hauteurs. Il y a encore des ennemis au nord !
Le jeune homme cogna son poing contre son coeur et dévala la pente pour rejoindre l'archerie et transmettre l'ordre. La bataille se poursuivait.
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| | | Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Lun 30 Déc 2019 - 1:25 | |
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Comme d'un puissant coup de boutoir, la coterie serramiroise avait enfoncé la défense du campement, déversant en celui-ci sa rage et sa fureur. Tout ébaudi par le succès de leur charge, Evrard se réjouissait d'avance ; les barbares étaient faits comme des rats. L'ennemi reculait, vociférant tantôt des insultes, tantôt des suppliques aux leurs, quémandant des renforts - mais ceux qui n'affrontaient pas les Serramirois au nord affrontaient les Odélians au sud. Comme les siens gagnaient rapidement du terrain, Evrard s'accorda un bref instant pour reprendre son souffle, abaissant la lame courbe de son Shamshir - laquelle dégorgeait, toute poisseuse, un sang impur abreuvant les sillons du Pélanchon. Leur attaque-éclair avait été rondement menée, et la victoire semblait imminente.
Las, la sonnerie d'un cor païen sur leurs arrières lui fit l'effet d'un seau d'eau glacée qu'on eut versé sur ses parties génitales. Pute borgne, songea froidement le chevalier au cimeterre.
« Nestor ! » rugit-il, sa voix de stentor s'élevant par-delà le fracas des armes. « Renforce nos arrières ! Nous devons prendre les hauteurs avant que ces bousiers n'arrivent ! »
L'héritier de Versmilia s'exécuta aussitôt, renforçant avec ses hommes les arrières de la troupe du sénéchal, guettant l'arrivée de nouveaux ennemis. Pendant ce temps, Evrard et ses hommes pilonnaient la ligne wandraise à bras raccourcis. Le Shamshir fendait l'air, rapide comme l'éclair, surprenant toutes les défenses, emportant dans une giclée carmine la gorge d'un rouquin albinos aux yeux vairons. La défense ennemie perdit bientôt toute cohésion, alors que les Serramirois gagnaient le cœur du campement.
C'est là, alors qu'il ferraillait parmi l'amas de tentes, qu'il vit, au détour de l'une d'elles, la plus belle femme qu'il ait jamais contemplé de son existence. Recroquevillée au sol, le visage figé par la peur dans son expression la plus brute, elle était lisse de peau et ronde de sein, le teint pâle et les lèvres incarnates. Et alors que la lutte faisait rage autour d'eux, qu'on massacrait à tour de bras et que la rumeur de nouveaux assaillants se faisait plus précise, Evrard en tomba instantanément amoureux.
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| | | Gaubert de Prademont
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Lun 30 Déc 2019 - 12:59 | |
| Larmanon tranperça la tête d'un wandrais à travers sa gueule béante et Gaubert retira sa lame d'un coup sec. La ligne pouilleuse des barbares s'amenuisaient lorsque le cor des archers ortaisiens retentit sur ses arrières, signifiant leur avancée pour répondre aux ordres de leur général. À quelques mètres face à lui, l'odélian distingua ses alliés, menés par le chevalier au cimeterre qui tranchait dans le vif.
HARDI ! NOUS Y SOMMES PRESQUE MES BRAVES ! PAR LE CYGNE !
Le cri du guerre du comte redonna du coeur à l'ouvrage des soldats du comté, qui poussèrent en avant, bousculant la résistance grotesque des sigols. L'infanterie poursuivait son implacable marche et serait bientôt rejoint par l'archerie qui gravissait les flancs de la colline ruisselant de sang. Les hommes de Versmilia pivotèrent sur les ordres de Nestor et se tournèrent vers les nouveaux wandrais en approche. Gaubert tendit son épée vers les soldats alliés.
Aidons-les ! Formez la ligne !!
Les chevaliers odélians ne se firent pas prier en avançant au pas de courses pour aller soutenir les versmilois sur leur gauche. Les hallebardiers achevaient les derniers barbares qui leur faisaient face et avançèrent à leur tour, laissant le champ libre aux archers. C'est à cet instant que Gaubert vit Evrard avancer vers le centre du campement, son bras d'épée pendant mollement contre son flanc. Il marchait d'un pas saccadé et mécanique, comme attiré par le chant d'une sirène perdue au milieu des combats. Gaubert fit quelques pas, tentant d'apercevoir vers où, ou qui, se dirigeait le sénéchal serramirois. Dans le tumulte d'acier, de bois et de boue qui l'entourait, il ne distingua qu'une silhouette voûtée et noire.
Il fit quelques pas de plus et enfin il vit ce vers quoi le Brochant se dirigeait. S'appuyant sur un grand bâton, une vieille femme psalmodiait des incantations impies et l'observant dans les yeux. Dans l'autre main de la mégère, une dague recourbée attendait que la proie de la nécromancienne arrive à portée.
Ser Evrard ! Evrard !!
La sorcière l'avait totalement emberlificoté dans ses fils magiques et tel une araignée elle tissait son cocon autour de sa proie. Le comte se mit à courir, suivi de sa garde, continuant d'appeler le nom du seigneur serramirois en vain. Il poursuivait sa marche en ligne droite vers la vieille carne édentée qui hurlait de plus en plus fort ses paroles malveillantes. Le comte n'avait pas le choix, il sauta sur le dos du chevalier au cimeterre et le plaqua au sol, avant de lui secouer les épaules.
Par la Damedieu, Evrard ! Elle vous a ensorcelé ! Réveillez-vous, par Othar ! Réveillez-vous !
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| | | Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Ven 3 Jan 2020 - 1:32 | |
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Les renforts sigoles avaient surgi plein d'entrain et de fougue, certains de l'avantage qu'ils auraient à frapper l'ennemi à revers. La surprise se lut dans leur mine déconfite alors que, parvenant en haut de la pente, ils découvraient un ennemi prêt à faire face. Les Serramirois s'étaient réunis autour de Nestor, soutenus par les Odélians tandis que les dernières poches de résistance étaient passées au fil de l'épée dans le campement. Les meneurs de la nouvelle bande échangeaient des regards entre eux, l'agacement étirant les traits de leurs vilaines trognes. Nestor de Versmilia scrutait ses adversaires, préférant leur laisser l'initiative de l'attaque puisque les siens avaient l'avantage. Mais attaqueraient-ils ? Il devinait le dilemme qui torturait les méninges de ces barbares : tenter une charge hasardeuse serait suicidaire. D'un autre côté, s'ils se débandaient maintenant, les chevaliers pentiens les harcèleraient tout le long de leur retraite, et jamais ils ne parviendraient à regagner leurs contrées septentrionales dans de telles circonstances ; ils ne tromperaient plus la vigilance des guetteurs frontaliers. Dans tous les cas, la mort était au bout du chemin ; eût-il été à leur place, Nestor aurait opté pour une ultime charge héroïque, tentant sa chance au culot, s'épargnant les souffrances et la honte d'une fuite désespérée. Oui, ils allaient forcément attaquer. Aussi Nestor se trouva fort marri de les voir faire volte-face, contredisant tout son raisonnement. Ces maudits barbares ne savent pas réfléchir, songea-t-il, et il se tourna vers les chevaliers serramirois et odélians. « À leurs trousses ! » lança-t-il avec fougue, « qu'aucun de ces pleutres ne respire encore quand tombera la nuit ! »* Ser Evrard ! Evrard ! L'appel résonnait en un écho étrangement lointain, comme la réminiscence d'un monde oublié. Le sénéchal entendait ces murmures, mais il n'en avait cure ; il avançait, empli d'un sentiment de plénitude extrême qui occultait totalement le tumulte de la bataille. Jusqu'à ce qu'un énorme poids se jette sur son dos et l'écrase au sol. Face contre terre, c'est l'incompréhension la plus complète qui s'emparait d'Evrard, alors que se dissipait le charme. Il sentit qu'on lui secouait les épaules, et il tourna son regard colérique vers Gaubert, s'étonnant de le trouver là ; à quoi jouait cet idiot ? « Mais enfin, qu'est-ce que vous... » les mots moururent dans sa bouche alors qu'il tournait les yeux vers la sorcière, et qu'il la découvrait sous sa vraie forme, hideuse à vomir. L'infâme rombière, voyant fondre dans leur direction les gardes odélians, avait renoncé au sortilège ; levant sa dague, elle franchit en deux enjambées la distance qui la séparait des deux hommes encore à terre. « F'euk'hy'û ! », cracha-t-elle, invoquant sans doute une sombre et démoniaque entité vénérée par son peuple barbare, avant de plonger son arme meurtrière vers ses victimes... et de s'écrouler, trébuchant sur la jambe de Gaubert, envoyant valser la dague un peu plus loin. Quelques instants plus tard, les gardes odélians étaient sur elle, la cernant de leurs épées, prêts à la tailler en pièce. « Non, intima Evrard, qu'on lui laisse la vie ! Cette femme occupe certainement un rang élevé chez ces sauvages. Traitons-la selon nos usages, mes bons seigneurs, ne soyons pas comme ces barbares ; nous dresserons un bûcher à la nuit tombée, et nous brûlerons cette sorcière. »
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| | | Gaubert de Prademont
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Dim 5 Jan 2020 - 12:17 | |
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Les archers odélians entrèrent dans les vestiges du camp, prenant enfin position sur les hauteurs qui leur permettraient de faire pleuvoir la mort sur les renforts wandrais. Enhardis par la bataille et le sang, les chevaliers odélians vinrent se placer tout près de Nestor de Versmilia, qui organisait sa ligne de défense impénétrable sur le flanc nord. Ces maudits barbares et leurs armes rudimentaires n'avaient aucune chance face au mur d'acier qui se dressait devant eux. Aussi, après quelques vociférations tenant plus de la bête que de l'humain, les sigols se débandèrent et reculèrent sous les frondaisons. Même stupide et sauvage, le wandrais savait se montrer pleutre et fuir le combat perdu d'avance. Les chevaliers escaultois et ortaisiens conspuèrent les sigols et les insultèrent, cherchant à provoquer leur charge, aussi héroïque qu'inutile mais rien n'y fit, et c'est Nestor qui beugla finalement. À leurs trousses ! Qu'aucun de ces pleutres ne respire encore quand tombera la nuit !Les cris guerriers des nobles soldats odélians répondirent à l'appel et ils foncèrent à la suite des barbares en déroute, joignant les serramirois qui descendaient le flanc de la petit colline en hurlant. Le massacre serait total, l'allalie, le charnier, le Pélanchon serait leur nécropole. Déjà les marteaux et les haches fauchaient les sigols qui s'étaient trop attardés sur les arrières. Le sang abreuvait le sol du bois qui se muait lentement en un limon gluant qui collait aux bottes. Quand, tout à coup, un cri retentit. OOOOOOOOOYIAYIAAAAAAA YIAAAAAYIAAAAA Les arbres eux-même semblèrent répondre à l'appel. Il y eut comme une danse des branches les plus hautes et des troncs. Des racines sortirent de terres pour se tortiller, tel des serpents menaçants. Un souffle tiède fila entre les arbres et vint frapper le visage des braves guerriers de Gaubert, tellement puissant qu'ils faillirent en tomber à la renverse. Le sol sembla trembler comme sous les pas d'un géant, faisant trembler l'eau qui stagnaient dans les empreintes de pas des wandrais. Une seconde de silence survint alors. Un silence total, comme si le temps lui-même avait suspendu sa course, même le piaillement incessant des étourneaux avait disparu. Puis un concert de cris stridents retentit, de hurlements horrifiés et qui s'étouffaient dans des gargouillis rebutants. Le Pélanchon lui-même punissait les intrus et venait en aide à la brave alliance nordienne. ******* Evrard avait finalement retrouvé ses esprits et la sorcière avait fini par fondre sur les deux hommes, dague en avant, des malédictions pleins ses lèvres crevassées. Le comte eut à peine le temps de trésaillir, que la vieillarde s'emmêla dans ses robes, tapa son pied dans sa botte, perdit l'équilibre et s'effondra sur le sol, comme une sombre bouse quittant le cul d'une vache. Erreur fatale, la garde comtale, Roland en tête, se rua sur la vieille foldingue, levant leurs épées, prêts à transpercer son corps chétif et fripé, avant qu'Evrard ne s'écria. Non, qu'on lui laisse la vie ! Cette femme occupe certainement un rang élevé chez ces sauvages. Traitons-la selon nos usages, mes bons seigneurs, ne soyons pas comme ces barbares ; nous dresserons un bûcher à la nuit tombée, et nous brûlerons cette sorcière.Bien dit, Messer !La confirmation du comte fit que les gardes préférèrent cogner la tête de la vieille pour l'assomer, ajoutant un ou deux coups de pied au passage et quelques crachats indignés. On la saucissona de cordes, avant de la jeter sans ménagement au sol avant d'être entouré de gardes qui la toisèrent d'un regard sévère, l'arme au clair. Si elle tentait quelque chose, il en ferait des rondelles. Alors qu'on achevait les blessés barbares et qu'on soignait les nordiens, un bûcher fut assemblé avec les vestiges de la barricade à demi-érigée et alors que le soleil avait commencé lentement à décliner vers l'ouest, l'échafaud était prêt, les wandrais étaient vaincus, le Nord triomphait.
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| | | Arnaud de Brochant
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Mar 7 Jan 2020 - 0:15 | |
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Un léger vent soufflait sur la colline, soulevant des braises incandescentes qui retombaient lentement à mesure que montaient les flammes. Tout en haut de l'échafaud, ligotée, terrifiée, la vieille s'égosillait en imprécations muettes ; Evrard lui avait fait couper la langue un peu plus tôt dans la journée, ne supportant plus de l'entendre. Au-delà de ses cris assassins - « So'o nof'e bih't'sch ! D'ail maz'eurfakheur ! » - cet idiome barbare incompréhensible recelait certaines malédictions que le sénéchal préférait ignorer. Sans sa langue, la vieille ne pourrait plus déchaîner sur eux la colère de ses dieux. Aussi criait-elle en silence, la bouche encore ensanglantée, alors que montait vers elle la chaleur du brasier naissant. Le feu prenait, mais la fumée la ferait suffoquer bien avant que les flammes ne rongent ses vieux os.
Evrard assistait au spectacle aux côtés de Gaubert et de tous les seigneurs présents. Dire que j'étais à deux doigts de la baiser, songeait le chevalier au cimeterre tout en tartinant une miche de pain d'une bonne tranche de serramirou. Il réprima un rire teinté de dégoût et, tandis qu'une épaisse fumée enveloppait le bûcher, Evrard glissa une confidence à son voisin odélian :
« Que ne les met-on tous au pas, tous ces mange-merde, les pillards des Wandres comme les bandits d'Aduram ; nos bons voisins du sud se repaissent de la paix du roi, oubliant que c'est nous qui les protégeons de cette racaille. »
Il se renfrogna, ruminant l'ingratitude du royaume tandis que la sorcière disparaissait totalement derrière l'epais écran de fumée. C'est à la racine qu'il faudrait couper ces mauvaises herbes, pensait Evrard qui imaginait une expédition de grande ampleur, rasant un à un les villages païens, vidant le Landnostre de tous ces romanos. Plus facile à dire qu'à faire, las ! Et puis, il était dangereux de risquer autant de vies d'hommes dans une telle équipée quand vivait toujours, là-haut, le Dragon. Une sacrée épine dans le pied, ça aussi.
« Vous croyez que tous ces morpions fuyaient le Dragon des Wandres ? » glissa-t-il à Gaubert, alors que l'idée venait de faire son chemin dans son esprit.
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| | | Gaubert de Prademont
Humain
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Mer 8 Jan 2020 - 20:38 | |
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Les flammes grignotaient lentement le tronc de bois qui dominait le bûcher et sur lequel était ficelé la sorcière qui crachait ses insultes dans sa langue barbare. Les nobles nordiens étaient rassemblés autour du feu de joie et attendait que la mégère s'embrase pour sceller à jamais leur victoire sur les immondes envahisseurs sigols. La fumée, noire et épaisse, commençait à envelopper l'échafaud de fortune lorsque le chevalier au cimeterre se pencha vers le comte d'Odélian.
Que ne les met-on tous au pas, tous ces mange-merde, les pillards des Wandres comme les bandits d'Aduram ; nos bons voisins du sud se repaissent de la paix du roi, oubliant que c'est nous qui les protégeons de cette racaille.
Gaubert opina du chef, ses bras croisés sur sa poitrine et les yeux rivés sur les flammes qui dansaient le long du bois sec.
Comme nos pères et nos pères avant eux. C'est pour cela que les hommes du Nord seront toujours meilleurs que les suderons, Ser Evrard. Ils dansent, se parfument et tripotent leurs jeunes hommes alors que nous guerroyons et maintenons la paix du Roy.
La fumée enveloppa la sorcière qui disparut un temps aux yeux des nordiens qui entouraient le brasier. Evrard en profita pour questionner Gaubert, les sourcils froncés.
Vous croyez que tous ces morpions fuyaient le Dragon des Wandres ?
Les premiers cris commençèrent à retentir, signe que les flammes venaient lécher la plante des pieds ridés de la nécromancienne édentée. Un petit sourire étira les lèvres du comte qui se tourna vers Evrard, les reflets du bûcher colorant d'orange et de jaune sa barbe devenue grise.
Peut-être. Ils auraient tout de même fui bien loin. Je sais que les rats sont des experts de la survie, mais ceux-là auront nagés loin de leur égoût. Même si, avoir un souffle de Dragon Vert sur le cul doit vous faire cavaler à l'autre bout du monde. Foutu saloperie de lézard.
Oh, pas tous. Les dragons de Nelen étaient une bénédiction de la Damedieu pour Odélian, déviant la course de tous les marchands sur les rivages du comté et qui ouvraient des perspectives commerciales aussi juteuses qu'inattendues. Cependant, le Vert des montagnes sigols était une belle cochonnerie dont il fallait se méfier. Si la bête se décidait un jour a dévaler les pentes des montagnes pour cesser de grignoter du wandrais, ce serait un énorme problème pour le Nord, car il ne fallait pas compter sur les suderons pour venir aider à quoi que ce soit. Gaubert se lissait la barbe tandis que les hurlements de la sorcière se faisait de plus en plus aigüs. Le corps était enfin attaqué et l'odeur de cochon grillé commençait à embaumer l'air environnant.
Un peu plus loin, vers le sud, Gaubert décela une silhouette, juché en haut d'un arbre, observant la scène de loin. Enroulé autour d'une branche, la silhouette se balançait lentement en savourant le spectacle de la maudite qui se faisait calciné. L'homme à demi-nu leva une main, saluant la troupe nordienne qui observait le bûcher. Gaubert tendit un doigt dans la direction, souffla à Evrard.
Regardez, Monseigneur ! George aussi est venu ! Je ... Je crois qu'il nous remercie.
La silhouette disparut en même temps que les cris de la sorcière. La fumée était opaque et s'élever haut dans les ombres grandissantes de la nuit qui avançaient sur eux. Bientôt c'est un corps fait de cendres qu'il retrouverait au pied du bûcher. Gaubert se tourna une nouvelle fois vers le Brochant, satisfait.
Belle victoire, Messer. Maintenant que ces pendards sont vaincus, peut-être aurons-nous le temps, une fois rentré, de parler de votre neveu, le duc ? Je regrette de ne pas avoir pu le rencontrer avant son départ pour la capitale. J'ai plusieurs choses dont j'aimerai m'entretenir avec mon seigneur-lige.
Dernière édition par Gaubert de Prademont le Dim 12 Jan 2020 - 14:27, édité 1 fois |
| | | Arnaud de Brochant
Humain
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 23 ans Taille : 1m78 Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] Dim 12 Jan 2020 - 14:17 | |
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C'est non sans émotion qu'Evrard leva les yeux au loin, vers cet arbre où George du Pélanchon leur apparut une dernière fois. Fantasmagorie véritable ou hallucination collective ? Le coeur d'Evrard balançait encore, et pourtant, il en avait vu des choses dans sa vie. Son regard accrocha longtemps cet arbre lointain, même bien après que l'esprit de la forêt eut disparu ; et dans les yeux du sénéchal de Serramire brillait une profonde émotion, si bien qu'il dût réprimer quelques larmes.
Ce furent les paroles de Gaubert qui le tirèrent de sa torpeur. L'épaisse fumée du bûcher ne s'était pas encore dissipée, mais la chasse aux Wandres était belle et bien achevée ; Evrard, qui aimait l'action autant qu'il haïssait la politique, eut aimé prolonger la partie, mais le comte d'Odélian était plus raisonnable que lui. Gaubert pensait déjà à l'après.
« Bien sûr, Gaubert, nous le pourrons », assura Evrard. « Rentrons, voulez-vous ? Je troquerais volontiers l'odeur de la sorcière grillée contre un véritable fumet d'agneau. »
Oncques mais ! La traque s'était achevée, mais les réjouissances, elles, ne faisaient que commencer. Le soir vit rentrer Serramirois et Odélians victorieux, et le bon peuple de Brochant fit fête à ses héros. "Mort aux sauvages ! " scandait-on, "mort aux souilleurs de pagnes !" C'est bouffi d'orgueil qu'Evrard remonta la rue conduisant au castel, exhibant fièrement son Shamshir - et il lui vint à l'esprit que, sans l'intervention salutaire de Gaubert, il eut pu rentrer à Brochant tout honteux en ayant baisé une vieille. Je dois à cet homme une fière chandelle, songea le sénéchal, et il se promit de ne jamais oublier cette dette d'honneur.
Le soir venu, on fit bombance dans la grande salle, celle-là même où ils avaient banqueté la veille du départ. La retenue, toutefois, n'était plus de mise ; le péril était derrière eux, et qu'importe qu'ils abusent de bonne chaire et de vin cette nuit-là : ils n'auraient au lendemain pas de pire ennemi que la gueule de bois.
« Une seconde de plus, et je fourrais mon vît dans cette vieille chatte ! » beuglait un Evrard cramoisi au milieu de l'assistance hilare. Il donna une grande tape sur l'épaule de Gaubert. « Gaubert, vous êtes un frère ! Sans vous, je serais resté à jamais l'enfourailleur des rombières périmées. Santé ! » Il trinqua et vida sa coupe. Comme une servante s'empressait de le resservir, Evrard empoigna sa fesse d'une main gaillarde. « Je les préfère tendres comme ça, plutôt que fripées comme de vieilles poires », clama-t-il, sa voix rugissant par-delà les rires gras.
Guère réceptive à la délicatesse du sénéchal, la servante s'était dégagée sans un mot ; la pauvrette devait cependant subir des mains baladeuses de toutes parts tandis qu'elle accomplissait son office. La gouaille d'Evrard avait fait des émules. Oubliant momentanément cette paire de fesses, Evrard croisa le regard de Gaubert et se souvint de ce dont ils avaient discuté peu de temps avant de quitter le Pélanchon.
« Au fait, vous vouliez me parler, il me semble. De quoi déjà ? »
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| Sujet: Re: Qui pisse face au vent se rince les dents [Gaubert] | |
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