Cassiopée Meldyrin Sang-mêlé
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| Sujet: Mailler le territoire Sam 15 Fév 2020 - 18:26 | |
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Barkios,
17e année du XIe Cycle
Alentours d’Ys
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Toutes les routes mènent à Ys … du moins, c’était l’intention première.
Le territoire d’Ys était l’un des plus verdoyants de l’Ithri’Vaan. Profitant de la fertilité des deux bras de l’Olya, les terres d’Ys étaient principalement constituées de plaines agricoles parsemées de petits villages bien construits et alimentant les villes alentours en blé et autres victuailles. Entre deux collines, on pouvait apercevoir l’Olya serpenter et les navires lentement remonter ou descendre le fleuve. Entre deux séries de champs, de menues forêts créaient des barrages de verdures assurant la fraicheur pendant les étés et une excellente réserve de chasse au petit gibier. Ces forêts étaient peu exploitées, les Yssois construisant en briques de terre crue conçues sur les bords de l'Olya et utilisant la houille pour se chauffer. Le bois n’était utilisé que pour les charpentes et les installations le nécessitant vraiment comme les moulins à eau.
Ces terres étaient réputées pour leur calme et leur sérénité retrouvée après les sombres évènements de l’an 8/XI. Avant l’avènement des Treize, les précédents propriétaires des lieux avaient veillé à ce que les habitants puissent vivre paisiblement sans avoir à subir les attaques incessantes des bandits et autres Zurthans s’aventurant loin de la Zurthanie natale. Le fait de disposer de l’Olya comme barrière naturelle avait aidé à maintenir la tranquillité d’Ys et de ses plaines pendant des années. Il fallait ajouter à ça la présence de cavaliers, nommés les Patrouilleurs, qui assuraient dans le territoire la paix et la stabilité. Les Patrouilleurs étaient des archers à cheval et des cavaliers à lance dont la principale mission était d’accompagner les prévôts afin de s’assurer que les lois soient correctement respectées dans les alentours. De temps à autre, ils étaient déployés pour gérer une attaque de bandits ou régler un différend entre deux propriétaires terriens. Incorporés en sept unités d’une dizaine d’individus, les Patrouilleurs vivaient principalement dans un haras protégé en bordure d'Ys où les chevaux pouvaient être entretenus et les armes réparées. Chaque unité disposait de son propre prévôt, d’un capitaine et d’un échevin responsable du suivi au quotidien des actions des diverses patrouilles et avait toute latitude pour faire respecter la loi.
Cela faisait déjà plusieurs années que les Patrouilleurs faisaient remonter à Ys la même information : il devenait urgent de revoir le réseau routier entre les localités. L’augmentation des troubles dans le reste de l’Ithri’Vaan, mais aussi le manque de soin que les précédents dirigeants d’Ys avaient apporté à ce qu’il se passait en dehors de la ville rendait nécessaire la création d’un réseau routier digne de ce nom. De plus, l’acheminement des matières premières était de plus en plus freiné par la boue et l’hiver venant n’allait rien arranger à l’affaire. Il fallait absolument que la ville se dote d’une infrastructure routière capable de supporter un potentiel essor de l’économie yssoise.
Sur demande des Treize, une délégation d’élus de la Chambre des Citoyens avait été chargée de travailler sur le sujet et de tracer les principaux itinéraires vers les mines d'Ys, mais aussi vers les petits bourgs assurant l'approvisionnement de la cité en argile et en nourriture. L’idée acquit aussitôt un fort soutien populaire, étant donné qu’elle pouvait améliorer le quotidien de tous. La question du financement des travaux restait cependant une question cruciale. Pour cela, l’augmentation provisoire des taxes fut votée. Après tout, tout le monde devait mettre la main à la pâte pour ce projet et les marchands d’Ys ne lésinèrent pas sur les fonds et les investissements, sentant le potentiel de la chose. Les plans furent dessinés avec l’aide des Patrouilleurs, dont la fine connaissance du terrain permettait d’éviter bien des désidératas. Le réseau routier prévu s’articulait autour de l'idée d'un axe principal reliant Qiryah à Ys avec un réseau secondaire pouvant desservir le reste du territoire. Dans le concret, ces routes devaient être assez larges pour pouvoir laisser passer deux charrettes dans la largeur et pavées avec de la bonne pierre. Etant donnée la rareté de la pierre à Ys, il fut bien entendu décrété que le moindre vol serait puni d’un sort pire que la mise à mort : le ramonage à perpétuité des hauts-fourneaux de la cité sans chiffon de protection sur le visage. Cette sentence montrait à quel point les Treize ne plaisantaient pas avec ce projet.
Une fois les questions du financement et des itinéraires résolues en interne entre la Chambre des Citoyens et les Patrouilleurs, l’organisation des travaux constitua une nouvelle étape cruciale. L’hiver venant, il ne serait pas possible de continuer à terrasser à la même vitesse. Il faudrait alors transférer la main d’œuvre sur le chantier de l’Agora, couvert et mieux protégé des froidures de l’hiver et mettre les bouchées doubles pour que le chantier aboutisse. Les travaux des routes fonctionneraient au ralenti pendant l’hiver, laissant à Ys le temps d’organiser convenablement l’approvisionnement en pierre pour le retour du printemps et surtout de négocier avec la Voix du Conseil de Qiryah pour le faire participer à ce projet enthousiasmant. Quand le printemps reviendrait, les quelques sections terrassées effectuées durant l’hiver pourraient être pavées tandis que les autres équipes se lanceraient à l’assaut des nombreuses sections restantes.
Le principal souci était de savoir où trouver la pierre nécessaire et la main d'œuvre qualifiée. L’avantage, c’était que l’Ithri’Vaan ne manquait pas de pierres. Afin de prolonger les bonnes relations avec les nains des Mille-Caves, des négociations furent établies avec les carrières de l'Adad pour faire en sorte qu’une partie des tailleurs de pierre soient employés sur le chantier yssois et que les carrières fournissent la pierre nécessaire à cette entreprise. Les pierres seraient stockées dans les entrepôts fluviaux de la Compagnie Olyane durant l’hiver et retaillées sur place dans les bâtiments avant d’être envoyées au début du printemps sur les différents tronçons.
Concernant la main d’œuvre, outre les artisans d’Ys, la cité tenta de faire d’une pierre deux coups en achetant à bas prix de nombreux esclaves sur les différents marchés de l’Ithri’Vaan. L’opération était assez osée : faire travailler les esclaves sur le chantier des routes (et sur l’Agora pendant l’hiver) puis les affranchir en leur confiant à chacun un petit lopin de terre pour s’installer sur le territoire d’Ys. Ainsi, non seulement Ys pouvait se fournir avec une main d’œuvre pas chère dont cette dernière savait qu’elle serait bien traitée au vu des lois d’Ys concernant l’esclavage, mais aussi, Ys pouvait combler petit à petit les pertes démographiques qu’elle avait accusé durant les troubles de la vacance du pouvoir il y a quelques années. Au final, Ys prévoyait non seulement d’utiliser les esclaves pour ses chantiers, mais aussi de les fidéliser suffisamment à la cité en les affranchissant et en leur offrant des lopins de terre pour peupler son territoire et assurer l’essor de l’économie à la fin des travaux. Et qui sait … peut être que leurs descendants auraient l’occasion de jouer à la Fête des Perles et de gagner.
Avant le début de l’hiver, les Patrouilleurs, accompagnés des futurs chefs d’équipe, avaient profité du temps restant pour baliser le terrain et pour commencer à terrasser les premiers tronçons autour de la cité. Les terrassements se feraient lentement durant l’hiver, avec de petites équipes yssoises bien payées, pour ne pas gâcher inutilement la main d’œuvre esclave, qui elle, travaillerait essentiellement au chaud dans l’Agora.
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