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| L'Alchimiste au Firmament [Nakor] | |
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Cassiopée Meldyrin Sang-mêlé
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| Sujet: L'Alchimiste au Firmament [Nakor] Mar 3 Mar 2020 - 0:38 | |
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Milieu de la quatrième ennéade de Barkios Cénacle du Firmament – Citadelle de l’Aurore
____________________________________ « Voici donc mon énigme. Votre médecin vous diagnostique une maladie incurable et mortelle. Il vous connaît depuis longtemps et sait qu’au vu de votre état psychique, vous ne supporteriez pas d’apprendre que vous en êtes atteint. Le devoir de votre médecin est de vous informer … mais son amitié envers vous lui impose de ne pas détruire votre espoir de guérison. Ma question est la suivante : doit-il vous dire la vérité ou vous cacher votre condition ? »
Cassiopée laissa ces jeunes gens devant ce dilemme moral. C’était une aporie bien connue mais qu’il était bon de poser à de jeunes Souffles de temps à autre pour voir comment ils réagissaient. Cela leur permettait d’exercer leur esprit logique et de mieux cerner leurs propres systèmes de valeurs en les mettant devant un dilemme indépassable.
Le devoir du médecin est d’informer son patient. Le devoir d’un ami est d’être bienveillant envers vous. Vous annoncer votre mal vous détruira. Ne pas le faire rongera votre médecin et de cette contradiction entre deux devoirs – le respect de sa fonction et le respect de l’amitié – émergent des questionnements sensés débloquer les jeunes esprits dans leur recherche du juste.
La Protectrice d’Ys laissa son petit auditoire méditer sur cette question. A peine avait-elle franchi le seuil de la citadelle de l’Aurore qu’un petit attroupement de jeunes étudiants en magie s’était formé. Un droit de passage d’une outrecuidance rare avait été formulé à l’encontre de la sang-clair : une énigme ou un sort ! Vils chenapans ! Prise au piège devant les petits polissons qui ne devaient pas avoir dépassés les douze printemps et ne souhaitant pas être victime d’une malédiction juste avant son entretien, l’alchimiste avait consenti à verser l’octroi sous la forme d’un dilemme moral.
Son auditoire était visiblement ravi d’avoir du grain à moudre et de la matière à réfléchir et s’était tout de suite éclipsé après avoir acquis cette précieuse énigme. L’alchimiste soupira d’aise, bien heureuse de ne pas être ensorcelée juste avant sa rencontre avec les dirigeants du Firmament. Elle épousseta les pans de sa robe blanche et réajusta la broche d’argent de sa cape gris anthracite avant de faire les cent pas dans l’antichambre dans laquelle elle devait patienter.
Fredonnant une vieille comptine sur une coque de noix percée au milieu des océans, la demoiselle d’Ys fit courir ses mains le long des ouvrages détenus dans cette antichambre. Des ouvrages historiques … d’autres plus ésotériques … il y avait de quoi se perdre pendant des jours … Et ce cabinet de curiosités qui trônait dans la salle était une véritable merveille ! Si la plupart des objets semblaient provenir des terres elfiques, Cassiopée crut reconnaître dans l’assemblage imparfait mais curieux des curiosités quelques objets qui lui étaient familiers.
« Tient … les gravures sur cette jatte ressemblent curieusement aux gravures retrouvées dans les ruines de la Calcinée. »
Il était vrai que certains objets portaient les marques de la culture nisétienne. Cependant, en l’absence d’étiquetage – un oubli de la part des mages du Firmament – impossible de dater la poterie, ni de certifier de sa provenance exacte. Néanmoins, au milieu des objets elfiques, cette jatte attirait le regard de Cassiopée.
Satisfaite par le cabinet de curiosité, elle plongea sa main dans l’un des rayonnages de la bibliothèque et en sortit un ouvrage : « Histoire des artisans péninsulaires du Xe Cycle ». L’ouvrage semblait récent à en juger par la qualité de la couverture et celle du papier. S’asseyant sur un des fauteuils, elle commença sa lecture d’un air distrait.
A vrai dire, Cassiopée n’était pas là pour animer un club de lecture.
La Protectrice d’Ys était venue à la citadelle de l’Aurore via son navire – l’Idéal – pour plusieurs raisons. Premièrement, pour une raison tout à fait personnelle : elle avait besoin d’aide pour traduire du nisétien et il s’avérait que le Firmament était le seul endroit où d’après ses informateurs, on pouvait trouver des gens compétents dans ce domaine. Les fouilles à Ys avaient révélé des artefacts parfaitement conservés et elle souhaitait ardemment déchiffrer les tablettes et les écritures qui avaient été trouvées, malgré leur état dégradé.
La deuxième raison était géopolitique. Depuis sa rencontre avec Ascanio Vossula, la jeune femme avait été mandatée par la cité d’Ys pour créer une série d’alliances visant à se préparer à une potentielle attaque des Eldéens sur l’Ithri’Vaan ou sur Naélis. La récente prise de Sol’Dorn inquiétait tous les citoyens d’Ys et les circonvolutions d’Ascanio avait trahi sa propre inquiétude quant aux projets du Puy sur la région vaanie. Que les Drows attaquent Thaar ou Naélis, Ys ne pouvait rester sans réagir : des alliances devaient être conclues pour protéger les cités libres et éviter que la région ne sombre dans un bain de sang. Ce que construisait Ys était trop important pour voir ses efforts réduits à néant par des barbares. Cassiopée espérait que les mages du Firmament partageraient ses craintes et consentiraient à une alliance défensive au cas où les choses tourneraient mal.
La troisième raison était éducative. Le Conseil des Citoyens avait défini une nouvelle politique en matière d’éducation à Ys. Depuis l’établissement de la République Marchande, un embryon d'école sponsorisée par le Conseil des Citoyens avait été mise en place pour permettre aux enfants d’apprendre à lire et à écrire, condition indispensable pour acquérir le titre de citoyen. Si ce petit test commençait à porter ses fruits, le Conseil des Citoyens avait eu une idée qui avait retenu l’attention de Cassiopée et qui pouvait être décisive pour les prochaines décennies.
Pourquoi ne pas profiter du fait que les enfants étudient la lecture et l’écriture pour voir si certains d’entre eux ont des prédispositions aux études magiques ? L’idée était simple : découvrir au sein de la population yssoise ceux qui disposaient de facilités pour la manipulation de la magie et les faire former par des mages compétents avant qu’ils ne deviennent des dangers pour eux-mêmes et pour les autres. L’enjeu était alors double : trouver des talents parmi la population et progressivement faire accepter au sein de la population la présence de la magie comme étant une constituante de la vie quotidienne … et non un objet de suspicion comme c’était le cas en Péninsule.
La question était de savoir qui serait à même de repérer parmi les jeunes yssois ces futurs mages. Cassiopée ne pouvait demander une telle chose aux mages d’Ys : ces derniers étaient bien trop occupés et ne pouvaient donner de leur temps à ce projet, même avec une coquette somme. Les mages venaient à peine de se constituer en une guilde officielle et restaient très pauvres en effectifs. De plus, leur statut était purement administratif pour pouvoir être représentés au Conseil des Guildes, les mages d’Ys étant d’un tempérament plutôt solitaire et n’opérant rarement en groupes. Un soutien des mages d’Ys dans ce projet éducatif était à exclure : ils étaient trop dispersés.
En revanche, le Firmament disposait des ressources et des compétences nécessaires pour accomplir cette mission. L’idée de Cassiopée, approuvée par le Conseil des Citoyens, était alors de convaincre les autorités de la guilde du Firmament d’apporter leur soutien à ce projet, en échange, bien entendu, d’une contrepartie financière. Cela allait de soi ! De plus, cette démarche participait au projet de Cassiopée de développer des relations amicales avec les différentes factions de l’Ithri’Vaan. Dans cette optique, elle ne pouvait pas passer outre le Firmament sur la question de la magie !
La Protectrice d’Ys n’était pas mage elle-même. Elle n’avait jamais eu l’occasion de s’essayer à cette pratique et elle n’était pas sûre d’en être capable. Son domaine était l’alchimie ! Cependant, elle était consciente du fait que disposer de mages talentueux pour sa cité était une opportunité immense pour le développement d’Ys.
Cassiopée referma le livre qu’elle tenait et s’étira tel un chat. Elle espérait ne pas avoir à attendre plus longtemps. Son prochain rendez-vous était avec la reine de Naélis et au vu du mal qu’elle avait eu à obtenir cette entrevue, elle ne pouvait pas se permettre d’être en retard. Les mages n’étaient pas réputés pour leur ponctualité mais pour leur facétie !
Et puis … elle n’était pas venue les mains vides !
Dernière édition par Cassiopée Meldyrin le Mar 7 Avr 2020 - 10:31, édité 2 fois |
| | | Nakor
Humain
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| Sujet: Re: L'Alchimiste au Firmament [Nakor] Dim 8 Mar 2020 - 12:42 | |
| Nakor, qui se trouvait par chance à la guilde, se trouvait dans son bureau. On frappa à la porte alors qu'il observait, debout, la carte sur son mur Ouest. Sans même tourner la tête, continuant à réfléchir, il lâcha un peu vertement
"Oui! - Magistère suprême, maître céleste du .... - Ho assez! C'est vous Henry. Entrez et arrêtez avec ces superlatifs épuisants. Que voulez-vous? - Euuu ... oui bien ... la Protectrice d'Ys est ici et demande à vous voir."
Le vieux barbu arqua son sourcil droit et pivota lentement la tête vers son secrétaire. Une fois son regard planté dans celui du jeune magicien soigneur, il continua
"La Protectrice d'Ys? Que fait la représentante des trois Conseils ici? Elle n'est pas mage me semble-t-il? - Comme toujours votre toute puissante et glorieuse personne ne se trompe pas."
Accablé par tous ces abusifs qualificatifs, Nakor souffla longuement en balayant devant lui, l'air de sa main gauche. Comme pour essayer de dissiper ces fadaises.
"Merci, je descends. Retournez à vos obligations ... en silence."
Henri s'inclina et se retira en reculant pour rester bien en face du maître de la guilde. Nakor revint à sa carte quelques secondes. Alors qu'il regardait du côté d'Alëandir, il plongea son regard vers Ys et se remémora de nombreuses choses. Il tendit alors la main vers son bureau, son vieux bâton s'envola jusqu'à lui et il quitta son bureau. Descendant les marches du grand escalier, il marmonnait dans sa barbe au point que même lui finalement, ne comprenait pas ce qu'il disait. Il se rendit directement et sans détour aucun (pour une fois) vers l'antichambre. Entrant en silence, son bâton ne frappant pas le sol, il lança dans le dos de la jeune femme
"Vous vous intéressez à l'artisanat péninsulaire ancien Protectrice?"
Puis gloussant un peu comme un gentil vieillard, il fit quelques pas, contourna la table basse, et se présenta en s'inclinant légèrement
"Je vous salue Ma Dame. Je suis Nakor, maître de la guilde du Firmament. Sentez-vous ici chez vous."
Puis il invita d'un geste à s'asseoir ce qui semblait être une demi-drow si on en croyait la couleur de ses cheveux et son teint. Une demi-drow certes mais avec sans doute un peu plus de sang humain que drow. Intéressant. Il ne se souvenait pas du nom de cette femme qui remplaçait l'infâme Kahina d'Ys. Le vieillard souriait légèrement et fit claquer son bâton sur le sol deux fois. Tout le monde s'en alla et les portes furent refermées
"Vous excuserez mes vieilles manières, mais je préfère recevoir seul à seul les hôtes de marques. Vous avez demandé à me voir. Que puis-je donc faire pour vous?"
Tout en parlant, Nakor posa son bâton sur son côté et plongea sa main droite dans sa barbe. Il en ressortit un verre qu'il récupéra dans sa main gauche et de nouveau, farfouilla dans la proéminente blancheur à son menton. Une théière fumante en ressorti et il se versa un thé comme si tout cela était absolument naturel et n'avait rien de remarquablement surprenant.
"Une tasse de thé peut-être?"
Et il resta là, attendant quelques réponses avec un air tout à fait innocent, ne voyant là rien d'inhabituel ou de farfelu. |
| | | Cassiopée Meldyrin Sang-mêlé
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| Sujet: Re: L'Alchimiste au Firmament [Nakor] Sam 21 Mar 2020 - 23:30 | |
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Le cœur de l’alchimiste manqua une pulsation. Elle ne l’avait absolument pas senti venir. Elle qui se flattait de disposer d’une bonne ouïe, elle venait d’être prise en défaut à un moment bien peu opportun. D’un geste, elle referma l’épais ouvrage et se leva pour saluer dans une révérence polie le grand maître du Firmament.
« Maître Nakor. C’est un plaisir de vous rencontrer, bien que ma visite soit pour le moins imprévue. Je suis Cassiopée Meldyrin, Protectrice de la cité d’Ys. »
Ce dernier était exactement comme elle se l’était imaginé : un vieillard barbu avec un grand bâton et une barbe blanche. Décidément, les stéréotypes pouvaient être d’une étrange véracité parfois ! Le détaillant de la tête aux pieds, elle s’amusa à cocher mentalement toutes les cases qu’il remplissait quant à son stéréotype. C’était un carton plein assurément ! Et pourtant, Cassiopée ne faisait preuve d’aucune malice : c’était juste un sujet d’étonnement comme un autre.
C’est alors que de politesses en politesses, le mage éternel proposa une douceur – du thé - qui aurait pu paraitre anodine, s’il n’avait accompagné cette proposition de l’apparition surprise d’une théière déjà chaude issue de sa longue barbe blanche ! De plus en plus étonnant ! Même avec la plus solide des connaissances alchimiques à sa disposition, Cassiopée était incapable de plier l’espace à sa guise et de faire apparaître des objets de n’importe où prêts à l’emploi. C’était donc ça la puissance d’un archimage ?!
« Une tasse de thé ne serait pas de refus cher mage. »
Une fois servie, elle sirota à petites gorgées le breuvage ambré. Délicieux : c’était le mot ! En cet hiver qui restait doux, le thé avait l’avantage de réchauffer les corps et d’apaiser les tensions entre bonnes gens. Mais les affaires n’attendaient pas et le temps d’un archimage était précieux.
« Maître Nakor, encore une fois, je suis navrée de débarquer en votre demeure à l’improviste. Je vais tâcher d'aller droit au but afin de ne pas consommer votre temps outre mesure. Comme vous le savez sans doute, Ys est désormais contrôlée par des conseils formés par des citoyens que j’ai l’honneur de représenter. L’ancienne princesse d’Ys appartient désormais au passé et nos gens ont soif d’échanger avec le plus possible avec l’ensemble des peuples qui ont à cœur de partager leurs connaissances et d’apporter à la prospérité commune. Néanmoins, cet avenir en commun que nous cherchons à tisser ne se fera pas sans une nouvelle génération capable de développer ses pleins potentiels au travers d’une éducation solide. Il y a quelques ennéades, les conseils d’Ys m’ont chargé de vous faire parvenir un vœu que seul le Firmament peut exaucer. Ces dernières années, Ys a financé un petit projet d'école sur son territoire afin que les personnes ne disposant pas d’un précepteur puissent apprendre à lire et à écrire et ainsi participer pleinement à la prospérité de notre cité. Nous avons ouvert nos portes aux alchimistes et permis aux rares mages de bénéficier de notre protection.
Toutefois, nous pensons que nous pouvons aller plus loin. Nous aimerions pouvoir sonder, au sein de la jeunesse d’Ys, les personnes ayant le potentiel suffisant pour apprendre les arcanes de la magie. C’est pourquoi nous souhaiterions faire appel au Firmament. Nous souhaiterions vous offrir la possibilité de rechercher au sein de notre population les personnes ayant des prédispositions pour l’étude de la magie afin que vous puissiez les former. »
Sa tirade était fort longue, mais son propos lui semblait parfaitement claire. La cité d’Ys avait besoin d’investir dans sa jeunesse. Si elle voulait prospérer, il lui fallait former des gens compétents dans divers domaines, aussi bien dans les sciences que dans les arts occultes. Pour ce faire, l’assentiment du Firmament était indispensable.
Dernière édition par Cassiopée Meldyrin le Jeu 2 Avr 2020 - 19:30, édité 1 fois |
| | | Nakor
Humain
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| Sujet: Re: L'Alchimiste au Firmament [Nakor] Ven 27 Mar 2020 - 19:37 | |
| Nakor faisait comme si de rien n'était mais il observait évidemment les réactions et les manières de sa visiteuse. Elle commença par se présenter et par accepter du thé. Deux points très positifs. Derrière un sourire appréciateur et une légère inclinaison de la tête, il plongea de nouveau sa main dans sa barbe et en ressorti une tasse de thé limpide. Il y fit couler le chaud breuvage tout en écoutant les raisons de sa venue. Il fut question de vieux souvenirs alors que Kahina d'Ys, l'ancienne princesse était évoquée. La sale petite garce d'Ys, maudite soit-elle sur les quinze générations à venir! Nakor reposa sa tasse devant lui et se cala bien dans le fond de son fauteuil. Les deux mains reliées et posées devant lui, chaque pointe de coude sur les accoudoirs, il écoutait. Quand Cassiopée termina sa longue tirade, le vieillard resta silencieux. Il la regardait avec intensité mais ne dit rien. Peut-être n'avait-il pas entendu, vieux fou devenu sénile et sourd par la même occasion. Lorsque le temps d'attente commença à devenir trop long, il prit une inspiration et s'avança légèrement
"Ys possède en effet une longue histoire, aussi tortueuse qu'impressionnante. Son ouverture n'est plus à démontrer et nous sommes de proches voisins. Il semble naturel alors que votre conseil se tourne vers le Firmament. Ma guilde, depuis plus d'une décennie, accueille dans ses rangs des mages et uniquement des mages. Cependant ces mages viennent de toutes les régions de notre monde. Nous avons des humains, des elfes et des drows. Nous avons même eu la grande chance d'avoir quelques temps, des nains de passage. Ma guilde a pour but de former les gens qui veulent apprendre ou se perfectionner dans la manipulation des arcanes. Il y a alors deux conditions à cela. En tout premier lieu, faire preuve de suffisamment d'humilité pour accepter de vivre dans ce cadre : être au contact d'humains, d'elfes et de drows n'a rien de simple. Que l'on soit âgé ou non, fort ou faible, débutant ou confirmé, nous sommes tous logés à la même enseigne ici. La deuxième condition est évidemment le but final de l'apprentissage de la magie."
Et, alors que tout cela avait été dit avec un petit sourire jovial, le vieillard devint étonnement sérieux
"J'ai tout le personnel nécessaire pour venir en Ys et sonder, au sein de votre jeunesse, les enfants ayant le potentiel le plus intéressant. Je me permet tout de même de vous indiquer une chose s'il advenait que vous n'en saviez rien ... il existe naturellement des êtres plus sensibles que d'autre à la magie et, si posséder une telle sensibilité de perception aide grandement un apprenti à appréhender les bases, elle n'est pas nécessaire pour autant! A force de persévérance et de travail auprès d'un mage confirmé, presque n'importe qui peut s'ouvrir à la magie. Avoir un fort potentiel à la base ne veut pas dire qu'ils deviendront de grands sorciers. L'étude des arcanes demande une envie forte et beaucoup d'application. Parfois, les plus laborieux deviennent les plus experts dans leur art, tout vient en réalité de la motivation. Ainsi, amener ici une sélection initiale n'est pas le gage d'une promesse future."
Effectivement, à la manière dont Cassiopée avait présenté les choses, elle semblait ignorer qu'au contraire de ce que beaucoup de monde croit et pense, tout le monde peut devenir un magicien. Comme un homme solidement bâti ne deviendra pas forcément un bon chevalier, un jeune sensible à la magie ne fera pas forcément un grand magicien plus tard. Le Magistère du Firmament se recula enfin au fond de sa confortable assise et lança pour finir :
"Mieux vaut que cela soit dit avant tout autre chose. J'ai maintenant une question pour vous : quel sera le but réel de cette formation?"
Nakor devait savoir! Il n'accepterait jamais de former, même pour d'importantes sommes d'argents, des jeunes mages pour servir ensuite d'armée en Ithri'Vaan. Il savait y faire avec les débutants, il pouvait aussi former leurs esprits, les modeler un peu mais si c'était pour qu'ils deviennent ensuite des armes de guerre, cela serait hors de question. La question avait donc était tout à fait directe, comme le vieux fou l'était bien souvent et bien plus souvent qu'on ne le pensait. |
| | | Cassiopée Meldyrin Sang-mêlé
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| Sujet: Re: L'Alchimiste au Firmament [Nakor] Sam 28 Mar 2020 - 13:33 | |
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L’alchimiste écouta attentivement les explications de l’archimage et se sentit flattée de savoir que celui-ci connaissait bien l’histoire récente et ancienne de ce petit morceau de territoire aux confins de l’Olya. Les objectifs de l’Aurore semblaient parfaitement en accord avec ce que Cassiopée et les Conseils cherchaient à faire. Ils n’avaient pas eu tort de faire appel à eux : c’étaient les hommes de la situation !
Les conditions de l’archimage semblaient frappées sur le coin du bon sens et il était particulièrement bienvenu d’apprendre que le Firmament serait à la hauteur de la tâche confiée. Cependant, les craintes de l’archimage concernant l’utilisation future de ces nouveaux mages étaient parfaitement justifiées. Après tout, former des mages pouvait comporter des risques énormes pour la stabilité de la région si jamais Ys décidait de les utiliser pour en faire des armes de guerre. Fort heureusement, ce n’était pas l’idée des Conseils de la cité.
« Laissez-moi donc revenir à la base de ce projet, à ses fondations philosophiques si vous voulez bien. Tout d’abord, je vous prie de bien vouloir accepter mes excuses pour mon ignorance crasse quant à la manipulation de la magie. Je ne suis pas mage moi-même et n’ait eu que très peu l’occasion de travailler avec vos confrères lors de mon existence. En revanche, mages et alchimistes ont eu à souffrir des mêmes préjugés au cours de l’histoire. Je ne compte plus le nombre de mes confrères lynchés par la foule ou jetés dans des geôles humides pour le simple fait d’exister. La méfiance, l’ignorance, voilà ce qui tue les alchimistes et les magiciens … Aujourd’hui, c’est nous. Demain, d’autres seront jetés sous les fourches caudines de la population pour le même motif : la recherche d’un bouc émissaire.
Or, au vu des bienfaits que peuvent apporter la magie et l’alchimie à la prospérité générale, il m’apparait important de travailler à rendre la magie et l’alchimie acceptables au sein de la population. La chose a été entendue avec l’alchimie : nos alchimistes travaillent de concert avec nos métallurgistes et nos médecins et nos herboristes pour montrer à la population que nous ne sommes pas des dévoreurs d’enfants. »
Elle marqua une pause. Elle ne comptait plus ces dernières années les alchimistes qui avaient disparu sous l’ire des populations locales. Il suffisait que l’un d’entre eux déplaise à un notable pour que tout de suite, il soit lynché. Cassiopée avait milité pour que l’alchimie soit reconnue à Ys comme une activité parmi d’autre, capable de participer à la prospérité de la cité. Les alchimistes qui avaient trouvé refuge dans la cité portuaire étaient certes encadrés dans leurs activités mais ils bénéficiaient d’une protection que les autres cités libres n’offraient que rarement. Et l’ouverture du partenariat avec Missède augurait d’excellentes choses pour le rapprochement avec les médecins péninsulaires.
« La cite d’Ys veut faire un pari sur l’avenir. C’est un peu fou je le conçois, mais nous espérons que d’ici quelques générations, avec le concours de l’Aurore, la magie soit devenue tellement « commune » en Ithri’Vaan qu’à l’instar de l’alchimie, plus personne ne puisse imaginer que ses praticiens soient des incarnations des pires vices de l’humanité. Pour cela, nous souhaitons donner à de jeunes gens la possibilité de s’émanciper de leurs conditions de naissance et de se lancer dans une aventure de plusieurs décennies. Plus les mages et les alchimistes seront communs en Ithri’Vaan et plus ils se mettront au service de la prospérité générale et moins nous aurons à souffrir de la méfiance générale. »
Il restait cependant une inconnue à lever … Cassiopée sentait dans le ton de son interlocuteur barbu que ses craintes ne concernaient pas la philosophie générale de sa démarche, mais bel et bien des choses plus sombres : l’utilisation de la magie à des fins militaires. Pour la Protectrice, il était hors de question d’utiliser les mages formés pour combattre. Non seulement cela irait à contresens de son projet, mais en plus, la guerre était un merveilleux moyen de gaspiller tous les efforts entrepris pour redorer le blason des mages.
« Mais je crois comprendre où vous voulez en venir maître Nakor … Vous vous inquiétez qu’Ys puisse faire usage de ces mages fraichement formés pour combattre. A vrai dire, je comprends cette inquiétude, néanmoins, les jeunes gens que je veux vous confier sont des hommes libres, pas des serfs. Ils ne sont liés à Ys que parce qu’ils y vivent et y ont un foyer : il ne m’appartient pas de leur dicter leurs choix de vie, seulement de leur offrir des opportunités à saisir. Ceci étant dit, les mages ne sont pas intégrés dans le corps d’armée d’Ys. Ceux qui vivent à Ys sont parfois employés pour aider nos ingénieurs et nos artisans sur des projets civils, à l’instar des alchimistes. Mais alchimistes comme mages ont des compétences trop précieuses pour être gaspillées sur un champ de bataille. Et il n’est pas dans les projets d’Ys de faire la guerre : nous souhaitons être un havre de prospérité pour tous, pas ceux qui tirerons le glaive en premier.
Si toutefois vous désiriez plus de garanties, que puis-je vous offrir pour vous montrer ma bonne foi ? »
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| | | Nakor
Humain
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| Sujet: Re: L'Alchimiste au Firmament [Nakor] Dim 29 Mar 2020 - 12:18 | |
| Le sorcier laissa la parole à la jeune alchimiste. Quel âge pouvait-elle avoir d'ailleurs. Une semi drow sans doute qui cachait donc son âge derrière des traits juvéniles. En même temps, à côté de Nakor, n'importe qui en ce monde paraissait jeune. Seul deux ou trois êtres elfiques, plus âgés que lui, paraissaient aussi beaucoup plus vieux. Par exemple, son ami, l'ancien protecteur de l'Epine Doré, Timérion Adantar, était évidemment beaucoup plus âgé que lui, et malgré ses traits plus juvéniles que ceux de Nakor, il avait dans le regard quelque chose de très ancien, abîmé, usé par le temps. Alors qu'ici, dans le regard perçant, d'un bleu azur, le Magistère du Firmament recelait une source de vie et d'énergie incroyable. Il n'avait jamais perdu son entrain et sa folle, voire furieuse, envie de vivre. Ainsi, Cassiopée semblait partager un but semblable à celui du Firmament, par l'intermédiaire du Conseil. L'archimage observait avec attention, chaque mot, mais aussi chaque souffle, rictus, mouvement. C'était tout un ensemble d'observables qui étaient à sa disposition. Il avait d'abord vu juste, la Protectrice ne savait pas que la magie n'était pas innée mais que tout le monde pouvait l'apprendre. Ainsi, si quelques uns étaient plus sensibles aux manifestations de magie en étant jeune, rien ne présageait qu'un enfant dénué d'attrait pour les arcanes, ne puisse pas devenir un mage très puissant après tout l'apprentissage nécessaire. Elle aborda aussi d'autres points et termina son discours en demandant ce que le vieux fou pouvait bien demander pour garanties. C'est avec un sourire malicieux en coin qu'il prit la suite
"Absolument rien Protectrice Meldyrin."
Et il explosa de rire comme la pauvre vieille bourrique qu'il était. Cela arrivait très souvent. Il se mettait à rire de beaucoup de choses et très subitement. C'était un vieux bougon qui changeait très vite d'humeur et qui lui avait valu son titre de vieux timbré. Faisait-il exprès? En tout cas il enchaîna
"Je sais que je passe, sur Miradelphia pour un vieux fou. Cependant, j'ai vécu longtemps pour un être humain ... trop sans doute. En tout cas, plus de six siècles d'existence m'ont démontré que les promesses n'engagent toujours que ceux qui y croient. Imaginons que je prenne sous mon aile des jeunes gens d'Ys. Je les forme sous l'égide du Conseil et de votre partenariat avec moi. Votre promesse tient, les mages, une fois formés, reviennent en Ys et participe à la vie courante. Chantier naval, irrigation des terres agricoles, constructions, soin au peuple, conseil des sages ... puis la guerre arrive. Vous arrivez à maintenir les mages en dehors de cette bataille et de nouveau Ys bascule. Une princesse de l'acabit de Kahina d'Ys reprend le pouvoir et fait usage de ses mages autrement. Ainsi, si vous pouvez m'apporter toutes les garanties du monde, jurées sur un cœur sincère, je n'oublie pas que le monde est monde et qu'aucune garantie ne peut me promettre des jours constamment heureux devant nous. Même les plus puissants sorciers de ce monde ne peuvent prédire l'avenir. Il faut alors se mettre à faire des paris ... et un pari, cela se gagne autant que cela peut se perdre."
Nakor fit alors une longue moue avant de se renvoyer au fond de son fauteuil, réfléchissant, la tête tournée vers le sol. Son discours n'était pas contre Cassiopée et elle aurait l'intelligence de le comprendre. Il lui livrait simplement une perle de sagesse : les promesses ne résistent jamais aux affres du temps. Seul un fou s'y laisserait prendre. Avant qu'elle ne puisse répondre, il reprit la parole en prenant d'abord son souffle.
"Vous savez Cassiopée ... la magie est aussi incroyable et enivrante ..."
Il fit alors claquer ses doigts et des petites flammes apparurent. Il les fit tournoyer gentiment devant lui dans rapide spectacle pyrotechnique avant d'accélérer la vitesse de rotation des flammes et de transmuter l'élément feu en eau. Usant de son esprit, il modela l'eau pour dessiner devant lui, sur vingt centimètres de long, un oiseau battant des ailes. Un nouveau claquement de doigts et l'oiseau d'eau se dissipa dans un courant d'air qui balaya la salle avant de revenir devant Nakor et former un petit tourbillon de dix centimètres de haut. Nakor entoura alors le tourbillon de ses vielles mains et comprima l'air. L'élément vent fut transmuté en roche qui lévitait là, devant eux. Il devint alors glace puis, la boule de givre devint brume avant de disparaître!
"Que dangereuse!"
Et en reposant ses mains sur ses accoudoirs, huit formidables pic rocheux extrêmement pointus jaillirent du sol en formant un cercle autour du fauteuil sur lequel était assise Cassiopée. N'importe qui, se tenant au dessus de ce pic aurait été transpercé de part en part dans une mort atroce et immédiate. Un nouveau claquement de doigt et la roche retourna s'enfoncer dans le sol de la salle.
"Je peux enseigner la magie aux enfants d'Ys. Je peux former leur esprit, leur apprendre le respect de la vie, des choses, des gens. Le don de soi, le bien et le mal. Leur apprendre à décider, en leur âme et conscience. Il n'en restera pas moins qu'en faisant cela, vous aurez en Ys, une arme à double tranchant. Les deux facettes d'une même pièce. Ce qui caractérise une personne, ce ne sont ni ses qualités, ni ses défauts ... ce sont ses choix!"
Nakor se leva alors et invita la Protectrice à marcher un peu avec lui
"Veuillez me suivre je vous prie."
Le vieil homme sous entendait qu'une fois formés, les magiciens d'Ys pourraient très bien prendre seuls et en leur conscience profonde, des décisions qui iraient à l'opposé de ce que chacune des parties actuelles attendaient. Nakor leur enseignerait à n'user de la magie que pour faire le bien. Le Conseil en demanderait de même. Et si jamais le jeune mage ne voulait pas retourner en Ys. Et si jamais il décidait de comploter contre le conseil? Autant d'inconnus qui laissaient à réfléchir au sens de la vie. Ils sortirent de la salle pour se retrouver rapidement dans la cours extérieure tout en devisant
"L'entretien de la guilde est une tâche complexe mais que j'ai su rendre équilibré. Notre quartier générale, ici même le château de l'Aurore est une forteresse ancienne mais réhabilitée. Nous avons la place d'accueillir encore du monde et les forces nécessaires pour les encadrer. Nous vivons grâces aux missions que nous effectuons à l'extérieur de nos murs. Nous aidons à construire des navires marchands, des châteaux et autres manoirs, à irriguer les champs et détourner les effluents. Si je dois venir en Ys tester de jeunes gens, voilà non pas les garanties que je vous demande mais les conditions du partenariat."
Il montra alors la grande cours de ses bras ouverts. Il y avait un professeur elfique qui enseignait aux plus jeunes, la magie de l'air.
"Nous pouvons commencer par accueillir vingt nouveaux jeunes élèves et voir comment leur apprentissage, loin de chez eux se produit. Sur ce contingent, j'exige qu'il y ait au moins six élèves qui ne soient pas issus de la noblesse fortunée d'Ys. Et que cela ne soit pas seulement des garçons, ou pas seulement des filles. La mixité est à tous les niveaux. Pour finir, je veux que le conseil d'Ys participe financièrement à l'éducation de ces enfants en contribuant sur deux plans. Un plan d'apport financier d'abord pour assurer la nourriture à ces jeunes gens et seulement à ces jeunes gens. Ma guilde survit très bien, nous n'avons pas besoin de plus que le nécessaire. Deuxième plan : que lorsqu'Ys a besoin de mages, le Conseil nous propose des missions d'intervention."
Nakor venait enfin de poser, non pas ses demandes de garanties, mais ses conditions. Il fournirait les professeurs et le logement. Par contre, il fallait que le Conseil puisse financer au moins la nourriture pour les élèves arrivant. Et ensuite, pour aider à contribuer au développement de l'acceptation de la magie, il demandait à ce que, au moins de temps en temps, le Conseil mandate le Firmament pour œuvrer auprès de la population. Il se tut enfin et observa ses jeunes étudiants, tenter de créer des mouvements d'air. Si l'essaie avec Cassiopée était concluant, peut-être qu'ils pourraient ensemble, développer plus encore leur partenariat mais pour le moment, il ne fallait pas avoir les yeux plus gros que le ventre. Un apport trop conséquent de jeunes débutants dans la guilde ne rendraient pas les choses efficaces. |
| | | Cassiopée Meldyrin Sang-mêlé
Nombre de messages : 230 Âge : 33 Date d'inscription : 27/10/2019
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| Sujet: Re: L'Alchimiste au Firmament [Nakor] Dim 29 Mar 2020 - 15:58 | |
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L’alchimiste se retint de paraître impressionnée par la démonstration de force de l’archimage. Il venait littéralement de défier les lois de la science de par sa simple volonté, ce qui n’était pas un mince exploit. Toutefois, l’alchimiste se devait de rester de marbre pour ne pas paraître prise au dépourvu. L’archimage avait néanmoins raison sur un point : les promesses n’engageaient que ceux qui y croyaient. Et si Cassiopée tenait toujours ses promesses – et ce même si à l’impossible nul n’était tenu – mais elle était forcée de concéder qu’on puisse ne pas lui donner un blanc sein. Il était tout à fait imaginable que son successeur ait beaucoup moins de scrupules qu’elle en la matière. Mais il serait toujours temps pour les mages de l’Aurore de se retirer de ce partenariat.
« Je comprends tout à fait votre position et je partage vos craintes. Néanmoins, c’est un pari que je suis prête à prendre et un choix que les Conseils d’Ys et moi-même sont prêts à assumer. »
L’archimage la fit marcher avec lui dans la grande cour de la forteresse. L’endroit était bien plus vivant que ce à quoi elle s’attendait à son arrivée. Les mages avaient fait un véritable travail de rénovation de cette ancienne place-forte. Ils devisèrent encore quelques instants avant que l’archimage à l’œil malicieux ne lui fasse par de ses conditions. Et ces dernières étaient plus que raisonnables au vu du contexte. Cassiopée s’attendait à des demandes irraisonnées. Comme quoi, les mages avaient le sens de la mesure et savait pondérer leurs besoins.
« Je conçois parfaitement que vous ne vouliez pas vous engager sur un plus grand nombre. Une vingtaine me semble être un nombre parfait pour commencer. Bien entendu, leurs dépenses en nourriture seront couvertes pour l’ensemble de leur formation et leurs familles rémunérées pour la perte que le départ de leur enfant constitue. Concernant les milieux sociaux de vos futurs protégés, n’ayez aucune crainte à ce sujet : les jeunes yssois qui participent à notre projet d'école sont ceux dont les parents ne peuvent se payer les services d’un précepteur privé. La plupart sont fils de paysans, de potiers ou de métallurgistes, pour ce que j’en sais. »
La seconde demande de l’archimage, elle ne l’avait pas tout à fait anticipée. Pourtant, cette condition était parfaitement raisonnable. Elle ne pouvait pas émettre un avis défavorable dessus. Il faudrait juste demander l’assentiment des Conseils d’Ys. Le mieux était de proposer une autre approche.
« Concernant votre seconde demande, je dois en parler avec les Conseils, mais l’idée me convient parfaitement. Ce que je peux vous proposer, c’est de vous accueillir à la séance conjointe des deux Conseils au mois prochain. Nous pourrons ainsi faire passer cette résolution durant la séance et vous pourrez rencontrer les représentants de la cité. J’aurai aussi quelques projets à vous confier si vous êtes intéressé. »
Là-dessus, l’alchimiste ouvrit sa besace et sortit de celle-ci un paquet enveloppé dans un linge blanc, qu’elle ouvrit avec délicatesse. Elle en dévoila lentement le contenu : un petit vase en bronze gravé, issu des fouilles menées dans les sous-sols du temple de l’Unique retrouvé à Ys. Les fouilles continuaient bon train dans les ruines yssoises et de nouvelles pièces des sous-sols du temple attendaient d’être réouvertes, mais les premières excavations avaient donné d’excellents résultats. Une série d’objets anciens avait été retrouvée et notamment ce vase en bronze gravé. Néanmoins, à Ys, personne n’avait les compétences pour lire le Nisétien et encore moins expertiser ces objets. Ils étaient pour l’instant rangés dans les salles fortifiées du palais d’Ys en attendant que l’on en fasse quelque chose. Si ça se trouve, c'était du vieil-Olyan ... mais très peu de gens savaient le déchiffrer.
« Nous avons retrouvé ces objets dans les sous-sols de notre cité en ruine. Nous pensions confier à des personnes lettrées le soin de les expertiser, puis, de les exposer à la vue de tous dans un grand hall de notre cité pour que les citoyens puissent apprécier ces témoignages du passé. Néanmoins, nous ne savons pas à quoi servaient exactement ces objets … Connaîtriez-vous quelqu’un d’assez compétent pour en réaliser l’expertise, maître archimage ? »
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| | | Nakor
Humain
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| Sujet: Re: L'Alchimiste au Firmament [Nakor] Jeu 2 Avr 2020 - 20:09 | |
| Finalement, cette Cassiopée Meldyrin semblait raisonnable et honnête au moins avec elle-même. Elle était d’accord et savait que son engagement ne tiendrait que le temps que chacun voudrait bien lui accorder. Un jour, soumis aux pressions extérieures, même elle est les Conseils de la cité pourraient exiger des mages, autre chose que ce qui est prévu. En entendant sa réponse, Nakor commença à se dire qu’il faudrait peut-être exiger de voir les Conseils. Il ne formula pas sa demande pour une raison simple. Elle était l’émissaire, la représentante absolue du conseil, il ne voulait donc pas la reléguer au deuxième plan. Il fallait d’abord voir quelles seraient ses réactions face à ses demandes. En tout cas la discussion commençait plutôt bien. Elle aurait pu répondre avec emphase que sa promesse serait gravée dans la roche à jamais. Elle ne le fit pas et le vieux fou en fut satisfait. Dictant alors ses volontés, toutes raisonnables aussi, elle engagea la conversation à sa suite. La Protectrice trouva le nombre correct aussi et surtout, avait déjà prévu les conditions financières de ce possible transfert. Ys s’engageait pleinement dans l’avenir, elle n’avait pas menti. L’investissement payerait aussi les familles et l’essentiel des troupes viendrait du peuple. Cela plu tout particulièrement à la vieille barbe blanche. Les jeunes gens du peuple savaient parfois un peu mieux ce que représentait la notion de travail et d’effort à fournir. Et puis le Magistère n’avait jamais trop apprécié les manières pompeuses des grands de ce monde. Il en avait toujours été proche car c’était auprès des décideurs du monde qu’il fallait agir pour aider en masse. Cela ne signifiait pas pour autant apprécier ce monde. Tout n’était pas à jeter, et il y avait dans la noblesse, des gens véritablement noble, au sens premier du terme. On ne pouvait malheureusement pas porter ce chiffre à un pourcentage élevé chez l’humanité. Et pendant qu’elle fouillait dans sa besace, Nakor répondit
"Ho mais ça serait absolument parfait. J’espérais justement pouvoir rencontrer les Conseils aussi et si le recrutement est essentiellement dans la couche travailleuse du peuple, cela me convient pleinement. Je vois que vous ne mentiez pas en disant qu’Ys voulait investir dans l’avenir … "
Mais voilà qu’elle fit sortir de sa besace, un petit vase en ce qui semblait être du bronze. Nakor écouta la Protectrice, un léger sourire sur les lèvres.
"Une expertise sur un objet venu du passé? Je suis votre homme Cassiopée !"
Le vieillard tendit la main et fit voleter devant lui, l'objet ancien. Il quitta donc la main de la Protectrice sans qu'elle ne puisse rien y faire. Le petit vase s'approcha du visage de Nakor et il observa, le fit tourner tout en se passant une main sur sa barbe. Il était en train de réfléchir. Cela le força à replonger dans d’ancien souvenirs, enfouis et lointains, près de quatre cent ans en arrière. Il revivait en quelques brefs instants, l’histoire de la région qui l’avait vu naître dans une période bien sombre. Sans quitter des yeux l'objet issu des fouilles, il prit la parole :
"Protectrice, vous n'êtes pas sans savoir que j'ai six cent trente huit ans. J'ai grandi à Nisetis, l'ancienne cité centrale de l'Empire Dragon. J'ai connu la lente chute définitive de cette civilisation. Les drows se sont emparés de la région en l'espace de trois Cycles. Au 9eme Cycle, tout ce qui est actuellement la région zurthane, l'Ithri'vaan et Sol'Dorn étaient tombés. Nisetis en tant que cité principale résistait encore loin dans les terres stériles. Au dixième Cycle, en l'an 800 très exactement, les drows ont lancé la dernière attaque et ont rasé Nisetis jusqu'à la racine. Il ne restait plus rien. Des ruines … et l'Empire Dragon était mort. La cité d'Ys a connu le même sort un peu avant. Moins d’une centaine d’année avant je crois. Les drows n'ont rien laissé de ce qui était nisétien. Ils ont bannis les cultes draconiques et se sont assurés que plus personne n'honore ni l'Unique ni les dragons. Les yssois de l'époque ont été poussés à traverser le fleuve. Les drows ont refusé que quoi que ce soit ne puisse être reconstruit en lieu et place de la vieille cité. Vous vivez donc actuellement dans une ville qui a un peu plus de deux cent ans d'histoire. Les trésors nisétiens ont tous été réquisitionnés par les drows. Votre vase doit avoir entre deux cents et trois cents ans maximum. S'il était dans un temple de l'Unique sous la ville actuelle c'est qu'il a été construit avec la nouvelle cité d'Ys au temps du déplacement de population. Il devait servir dans des rites pour recevoir les offrandes à l'Unique. La confection d'objet en bronze demande de la maîtrise et démontrer d'une forme de richesse notable dans les terres stériles."
Il regarda enfin son interlocutrice, espérant ne pas avoir été trop péremptoire dans sa leçon d'histoire de la région. Il y avait grandi, il avait vécu cette période. Il savait de quoi il parlait. Il pointa du doigt deux inscriptions
"En dehors de Nisetis, la langue utilisée n'était pas le Nisétien. Les gens parlaient une forme évolutive de l’oliyan. Ces marques le démontrent. C'est un dérivé du nisétien qui a ensuite évolué dans son propre sens. Je suis un passionné de langues étrangères ! Ici, ce symbole veut dire Soleil et l'autre Nature. Des références importantes pour le culte de l'Unique, un culte assez réservé et peu couru dans l'ancien Empire Dragon."
Et dans un petit silence gêné, se rendant compte qu'il y été peut-être allé trop fort, il termina
"Ho mais ... ce n'est là que mon avis personnel Protectrice."
En effet, la pauvre enfant avait peut-être pensé trouver un trésor antique incroyable. Malheureusement l'histoire de cette partie du monde empêchait que cela puisse être plus ancien que deux ou trois cent ans. C'était déjà une belle pièce mais pas aussi antique qu'espéré sans doute. Le vaste de l’Empire Dragon datait d’environ six mille ans en arrière. Des trésors de cet ordre, s’ils avaient survécu au pillage drows, étaient enfouis et oubliés, très profondément sous les ruines de Nisetis, tout au fond des terres stériles devenu un véritable lieu de mort. Pour essayer donc de reprendre un peu de contenance, il cessa de faire agir sa magie du vent sur l’objet, le tendit à la Protectrice et dit tout simplement
"Nous avons donc un accord préalable et un rendez-vous en Ys n’est-ce pas ?"
Nakor ne savait pas non plus si la jeune femme souhaitait se reposer de son voyage, repartir déjà, en tout cas il pouvait sans problème lui offrir le gîte et le couvert pour la soirée et la laisser se reposer avant de repartir. Il savait vivre ! |
| | | Cassiopée Meldyrin Sang-mêlé
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| Sujet: Re: L'Alchimiste au Firmament [Nakor] Lun 6 Avr 2020 - 10:20 | |
| Il était difficile de croire sérieusement un homme qui se prévalait d’avoir six cent trente huit ans, mais il semblait étrangement sincère. Fort bien ! Après tout, elle n’en était pas à sa première surprise : elle avait tout de même diné avec un dragonnier.
Les propos de l’archimage révélaient la méconnaissance de l’alchimiste en matière d’histoire. Elle avait beau avoir un siècle et demi, il lui restait beaucoup à apprendre sur ses prédécesseurs. Ainsi donc, les objets retrouvés dans les sous-sols de la Calcinée n’étaient pas gravés en Nisétien, mais en Moyen-Oliyan. Fort bien ! Cela tissait des fils intéressants entre les liens qu’entretenaient le mystérieux empire avec les cités du bassin oliyan. Il fallait absolument qu’elle en sache plus sur cette période pour pouvoir dessiner un portrait fidèle des spécificités des cités du bassin et de leurs liens avec les Nisétiens. Les propos de l’archimage ouvraient des pistes intéressantes qui certes, l’éloignait de son hypothèse initiale, mais n’en restaient pas moins d’une importance capitale : il existait bien un culte de l’Unique à Ys et les objets retrouvés devaient dater de l’époque de la chute de la cité. Mais surtout, aux dires de l’archimage, la présence d’objets de bronze semblait démontrer que la vieille cité d’Ys était une cité bien plus prospère que l’Ys contemporaine.
Que cela soit de simples hypothèses ou la réalité, Cassiopée ressortait de cette première expertise beaucoup plus curieuse qu’auparavant. Quel était le visage véritable d’Ys avant sa destruction ? Trouver des objets datant de la chute de la cité était une chose, mais cela l’encourageait désormais à s’intéresser désormais à l’histoire culturelle et urbaine d’Ys avant sa chute. Si les archéologues trouvaient dans les ruines d’autres caches, il deviendrait peut-être possible de reconstituer une image fidèle de ce qu’était la cité avant sa destruction et peut-être même de comprendre pourquoi elle était une cité importante du bassin, à des lieues de ce qu’était Ys aujourd’hui. Les Drows n’avaient pas fait subir les mêmes outrages aux autres cités du bassin oliyan : pourquoi ?
Toujours perdue dans ses pensées, elle finit par récupérer le vase et le replacer dans le tissu protecteur.
« Merci beaucoup pour ce morceau d’histoire. J’ai hâte d’en apprendre plus … Nous avons donc bel et bien un accord préalable et un rendez-vous. Que diriez-vous de fin Vérimios ? Cela me laissera le temps de préparer votre arrivée et de faire en sorte que tout le monde accorde des violons à Ys. »
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| | | Nakor
Humain
Nombre de messages : 1758 Âge : 38 Date d'inscription : 28/01/2008
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 638 ans Taille : Niveau Magique : Archimage.
| Sujet: Re: L'Alchimiste au Firmament [Nakor] Ven 17 Avr 2020 - 18:40 | |
| Nakor trouva à la suite de son discours, une Protectrice d'Ys pensive, plongée dans les méandres de ses pensées. Avait-elle mal pris le ton peut-être trop péremptoire du vieux fou? Ou essayait-elle de faire correspondre ses connaissances à celle de l'archimage pour tenter d'y trouver une véracité notable? Avait-elle des connaissances historiques sur la région dont elle était issue? Il faut dire que l'empire draconnique avait été tentaculaire et son histoire antique s'étalait sur plusieurs cycles. Personne en ce monde ne savait vraiment tout de la longue et évolutive histoire de Nisetis et surtout pas Nakor. Elle revint finalement sur terre, en indiquant tout l'intérêt qu'elle portait à ce qui venait d'être dit. Le vieillard s'inclina doucement puis répondit
"Oui, évidemment que nous avons un accord préalable. Pour le moment, entre vous et moi. J'espère que ma venu prochaine en Ys permettra de réaliser cette accord entre Ys et le Firmament."
Le Magistère se mit à glousser en bon papy gâteau content de lui ou content de ce qui venait de se passer. Il revint avec un petit hoquet de surprise
"Ho ... j'y pense ... je ne suis pas un grand amateur des protocoles interminable. Inutile de me recevoir avec des attentions éventuellement trop particulière n'est ce pas?"
En effet, même s'il avait été premier conseiller de l'ancien roi humain, feu Trystan, il n'avait jamais aimé ni faire des courbettes ni encore moins, qu'on lui en fasse. Il aimait les choses qui allaient trop au but. Ce qui intéressait Nakor ce n'était jamais le titre d'une personne mais ce qu'elle était, ce qu'elle pensait, ce qu'elle valait humainement parlant.
"Fin Verimios ... et bien ... cela me convient! Vous repartez déjà afin de faire route ailleurs? Dans le cas contraire, je peux vous offrir le gîte et le couvert. Nous avons des thermes fabuleux. L'eau magiquement chauffée relaxe les muscles les plus endoloris. Un petit repas et une bonne couche sont à vous si vous en avez besoin. J'ai des affaires à régler mais un mot et je donne les ordres nécessaires."
Nakor attendit de voir ce qu'allait répondre la Protectrice. Il la salua ensuite et retourna dans son bureau afin de continuer à remplir sa mission de maître de la guilde. |
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