Récolter la mort.

Du calimehtarus au panahos de la huitième ennéade de bàrkios 17 : XI
A bord du Katrian, dans les docks de Thaar.

Le chaos n’est jamais une chose désbirable, du moins pas pour la prêtresse qui fut réveillé, comme nombre d’autres thaaris, par le carnage qui avait lieu un peu partout dans la ville. Réveillée en sursaut, elle se leva rapidement de son lit, regarda dans tous les sens à la recherche de son épais manteau de fourré et remercia l’Unique d’avoir hérité d’un peu de la vision nocturne de son parent drow. Elle se jeta hors de son lit, attrapa le manteau en question et le serra contre elle en poussant un long soupir en sentant que son trésor était toujours là. Elle sortit alors timidement la tête de sa cabine, passant son manteau sur ses épaules alors qu’elle se dirigeait vers la porte, écoutant les quelques bribes de conversation qui lui parvenaient aux oreilles à travers les planches.

La porte grinça et quelques matelots sursautèrent et prirent la première chose qui se trouvaient à leur portée pour s’en servir d’arme improvisée avant de se tourner vers la source du bruit. Puis ils se détendirent un peu en voyant que c’était Lilyanna, il fallait dire que cette dernière perdait d’ailleurs un peu de son charisme en robe de chambre.

« Qu’est-ce qu’il se passe? » Demanda-t-elle en avançant de deux pas sur le pont, laissant la porte entrouverte.
« Aucune idée. » Répondit Azzelio qui descendait les marches pour passer du château arrière au pont principal. « Mais ils s’amusent bien. »
« Nous aussi on peut aller s’amuser ? » La question venait d’un jeune homme accoudé au bastingage, elle fit sourire le capitaine qui posa finalement le pied sur le pont avant de lancer un regard à Lilyanna.
« Tout le monde est à bord? »
Azzelio secoua lentement la tête.
« Non, la majorité a profité d’être à quai, pour une fois, pour aller flamber dans les bordels et les bouges. » La prêtresse se rongea l’ongle du pouce et serra le manteau sur ses épaules.
« Ils auraient pu choisir un autre jour. » L’agacement pointait dans sa voix. « Tu penses qu’ils vont rentrer tous seuls ? »
« A ta place j’y compterais pas trop. » Elle hocha la tête, c’était bien ce qu’elle s’était dit mais dans le doute, poser la question ne faisait pas de mal.
« Et bien allons-y… laissez-moi un instant pour m’habiller. »

En effet sortit ainsi fut compliqué pour se lancer à la recherche de personnes présumée en danger. Ce fut donc une prêtresse qui préférerait rester sur le Katrian qui se lança, avec les quelques marins qui étaient restés à bord, à la recherche du reste de l’équipage dans le chaos ambiant bien que les docks semblassent être moins touchés que le reste de la ville. Azzelio était aussi grognon, l’idée de laisser son navire derrière ne lui plaisait guère mais vu que la violence était omniprésente, il fut décidé qu’ils ne s’en éloigneraient pas beaucoup et surtout pas longtemps. Lorsque les premiers marins furent finalement retrouvés, Lilyanna fut renvoyé sur le vaisseau pour le protéger, libérant les goules qui attendaient impatiemment dans les cales, tirant sur leurs chaînes comme elles ne le faisaient que rarement. Assise sur la balustrade, le dos contre le gouvernail, les jambes dans le vide, la nécromancienne s’efforçaient de garder ses créatures sur le pont inférieur afin d’éviter d’être visibles mais en les gardant prête à défendre le Katrian au besoin. Besoin qui se fit vite sentir alors qu’une poignée de pillards s’aventura à bord du navire pour voir ce qu’il y avait à prendre. Lilyanna ne s’amusa pas à poser des questions, elle laissa les goules surgir des escaliers menant au pont principal et se jeter sur les pillards. Ces derniers, se trouvant rapidement en infériorité numérique et contre un ennemi qui ne semblait pas du tout intimidé par leur air menaçant, ne combattirent pas bien longtemps et le premier qui tourna le dos aux monstres fut rapidement écharpé par lesdits monstres. Cependant vu qu’ils n’avaient pas eu le temps d’avancer sur le navire ils furent sauvés par la nécromancienne qui empêcha ses goules de les poursuivre. Du moins elle essaya, l’une des créatures tomba à l’eau et l’autre échappa tout simplement à son contrôle et disparut dans les ruelles du port de Thaar.

Elle se demanda si qui que ce soit allait se rendre compte qu’il s’agissait d’un mort-vivant ou si la goule se fondrait dans la masse des pilleurs et autres assassins frénétiques. Elle imaginait que non. Un peu moins d’une heure plus tard le reste de l’équipage revint, du moins pas au complet, entre ceux qui étaient morts, dont on avait retrouvé les cadavres, et ceux qui avaient tout bonnement disparus, Azzelio allait devoir se lancer dans une petite campagne de recrutement dont lui seul avait le secret. Pour le moment cependant, ils restèrent bien sur le navire, gardant leur petit havre de paix flottant contre quiconque voudrait s’en emparer. Ce qui ne manquait pas d’ailleurs et après une nouvelle attaque, cette fois par des assaillants plus nombreux et déterminés, repoussée de justesse, le capitaine ordonna de quitter le port et de revenir une fois que la situation se serait calmée.